Mois : août 2010

  • Réfugiés sahraouis : Situation humanitaire au rouge

    C’est un été dur que vit la population des camps des réfugiés sahraouis qui est menacée par une catastrophe humanitaire.

    La situation pour beaucoup de familles s’est dégradée au point où le croissant rouge sahraoui n’a pas manqué d’appeler les pays donateurs et les organisations internationales compétentes pour accélérer l’acheminement d’aide alimentaire aux réfugiés sahraouis. Le président du CRS, Yahia Bouhoubeini, a indiqué dimanche à la radio algérienne, que les conditions humanitaires sont difficiles dans les camps de réfugiés notamment au cours du mois sacré du Ramadan, en plus des graves pénuries dans certaines matières de base, notamment le lait et les dattes. Plus de 30.000 familles sont en besoin urgent d’aide alimentaire, alors que des milliers d’enfants et de femmes souffrent d’anémie et de malnutrition en raison du manque d’aide alimentaire. (El Watan, 17/8/2010)
    Les réfugiés sahraouis se trouvent dans la région de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie. Ils ont fui, en 1975, l’invasion militaire orchestrée par le Maroc sous couvert de la Marche Verte.
  • Maroc : arguments au placement des bénéfices du Sahara sous tutelle UN

    Aussi longtemps que le gouvernement marocain nie le rôle central des ressources dans le conflit sur le Sahara Occidental, et suggère que la zone est vide de ressources naturelles, il ne devrait pas objecter au placement de ses ressources sous administration de l’ONU, écrit Western Sahara Resource Watch

    Dans un éditorial bien placé du New York Times du 30 juin 2010, Nicholas D. Kristof critique l’occupation des territoires palestiniens par Israël.
    Il ajoute : « Il est juste de reconnaître qu’il y a deux poids deux mesures dans le Moyen-Orient, avec une attention particulière sur les violations israéliennes. Après tout, le plus grand vol de terres arabes dans le Moyen-Orient n’a rien à voir avec les Palestiniens : c’est le vol par le Maroc du Sahara occidental et ses riches ressources au peuple qui vit là-bas. »
    Cela a entraîné les protestations de l’ambassadeur marocain auprès du journal et révélé les inventions de son gouvernement sur des histoires et des faits sur le terrain. Dans une réponse au journal, l’ambassadeur a affirmé que le territoire avait toujours été une partie du Maroc et avait été récupéré de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale, par l’accord de Madrid en 1975.
    L’ambassadeur a affirmé que « le Maroc a fait des investissements considérables dans la région, qui n’est pas «riches en ressources » et dont les habitants seraient sinon incapable de subvenir à leur besoin fondamentaux. Le gouvernement a investi plus de 4 milliards de dollars depuis 1976, alors que presque rien n’a été généré de l’utilisation des ressources de la région « .
    Mais tout cela est inexact. Le territoire du Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc, et ne l’a jamais fait. Le Sahara occidental est toujours considéré par l’ONU comme le dernier territoire colonial non résolu d’Afrique.
    Ce même avis juridique des Nations Unies réaffirme la nullité de l’Accord de Madrid en 1975, auquel l’ambassadeur du Maroc renvoie pour soutenir l’invasion par le Maroc. L’avis juridique a déclaré que le droit sur les terres et les ressources relève de la décision des Sahraouis – non au gouvernement marocain.
    Si le gouvernement marocain est persuadé que le Sahara occidental ne peut être considéré comme « Riche en ressources », tel que l’ambassadeur le prétend de façon intéressante, nous nous attendons à ce que le Maroc ne fasse aucune difficulté à accepter un tel mécanisme.

  • Pourquoi l’ONU ne résoudra pas le Sahara occidental (jusqu’à ce que cela devienne une crise) Par Anna Theofilopoulou, Jacob Mundy

    Par Anna Theofilopoulou, Jacob Mundy. jeudi 12 août 2010.

    Dans ce qui est probablement une première pour les médias grand public américains, le chroniqueur du New York Times Nicholas Kristof a récemment noté quelques-uns des parallèles entre l’occupation des terres palestiniennes par Israël et la tentative d’annexion du Sahara occidental par le Maroc :

    « Il est juste de reconnaître qu’il y a deux poids deux mesures dans le Moyen-Orient, avec une attention particulière aux violations israéliennes. Pourtant, le plus grand vol de terres arabes au Moyen-Orient n’a rien à voir avec les Palestiniens : c’est le vol par le Maroc du Sahara occidental et ses riches ressources, au peuple qui vit là-bas. »

    Et comme on pouvait s’y attendre, l’ambassadeur du Maroc aux États-Unis, Aziz Mekouar, a publié une prompte réponse niant que le Sahara occidental ait été volé.
    Mais la logique de l’ambassadeur est floue. « Loin d’avoir volé le Sahara Occidental », fait valoir Mekouar, « le Maroc a proposé à la région une autonomie sous souveraineté marocainne ». Ce qui revient à dire que voler n’est pas voler si vous êtes disposé à revendre l’objet volé aux victimes pour un bon prix.
    Il y a onze ans, l’actuel roi du Maroc, Mohammed VI, a hérité d’un des plus vieux trônes du monde et de l’un des plus difficiles conflits d’Afrique, le conflit du Sahara occidental. Pour son père, le roi Hassan II, la prise du Sahara occidental à l’Espagne était devenue une bénédiction et un fléau. Cela a probablement été la plus grande réussite d’Hassan et le Sahara occidental était rapidement devenu le plus grand défi de la consolidation de l’Etat post-colonial marocain. Après plus d’une décennie de règne, Mohammed VI n’a toujours pas trouvé comment faire avec les conquête et héritage de son père dans le Sahara occidental contesté.
    L’histoire immédiate de cet héritage remonte à octobre 1975, lorsque l’Espagne, qui gouvernait le territoire depuis 1885 a conclu un marché avec le Maroc, plutôt que d’être confronté à une sale guerre coloniale avec son voisin du sud, déterminé à saisir le territoire. Avec un fort soutien de la France et l’administration Reagan, le Maroc a réussi à occuper environ les deux tiers du Sahara Occidental, mais n’a pas été en mesure d’écraser le Polisario, étant donné le dernier refuge du mouvement d’indépendance en sécurité en Algérie. En 1988, le Conseil de sécurité, poursuivant le travail de l’Organisation de l’Unité Africaine, a obtenu que Hassan II et le Polisario acceptent de tenir un référendum pour l’indépendance du Sahara occidental ou son intégration au Maroc. Une mission a été envoyée en 1991 pour surveiller un cessez-le et organiser le vote, mais il a fallu des années pour résoudre les dissensions sur le corps électoral. En Juillet 1999, l’assentiment apparent du Maroc à un référendum d’autodétermination est mort avec le roi Hassan II.
    Les positions actuelles des deux parties, et donc la logique de l’impasse, sont assez simples. Le Maroc voit le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire et exige donc une solution qui respecte sa revendication de souveraineté. Cette position exclut a priori la principale exigence des nationalistes du Sahara Occidental : un référendum sur l’indépendance. La position du Polisario, qui correspond à la légalité internationale, est que le Sahara occidental est un territoire Non Autonome sous occupation étrangère et en attente d’autodétermination.
    Ces positions mutuellement exclusives sont renforcées au niveau régional et international. Bien que plus proche allié du Maroc, la France, et des partisans comme les États-Unis et l’Espagne, ne reconnaissent pas officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, ils estiment néanmoins que le retrait forcé du Maroc des territoires déstabiliserait un pays clé du Moyen-Orient et ami africain.
    Le nationalisme Sahraoui est fortement soutenu par l’Etat le plus puissant d’Afrique du Nord, l’Algérie. La république en exil du Polisario est reconnue par l’Union Africaine comme le gouvernement légitime du Sahara occidental. Le Polisario reçoit le soutien important des principaux pays du G77 et de militants de la société civile internationale.
    Depuis 2000, l’Organisation des Nations Unies a tenté de trouver une solution un équilibre entre deux mots principaux du conflit : la souveraineté et l’autodétermination. Le problème principal du Conseil de sécurité a été l’absence de volonté plutôt qu’une pénurie de solutions inventives. Pendant sept ans, le conflit a testé l’imagination et la patience de James Baker, qui a servi d’envoyé personnel du Secrétaire général l’ONU pour le Sahara Occidental entre 1997 et 2004. Baker a perdu la confiance du Maroc en Janvier 2003 quand il a proposé une solution qui permettait un référendum avec le choix de l’intégration, l’autonomie ou l’indépendance. L’envoyé personnel suivant, le diplomate néerlandais Peter Van Walsum, ne dura que trois ans avant d’être congédié sans ménagement par le secrétaire général. Il avait perdu la confiance du Polisario en suggérant que l’option indépendance, certes soutenue par le droit international, devrait être retirée de la table, parce que le Conseil de sécurité ne forcerait pas le Maroc à la permettre ou l’accepter. L’actuel envoyé de l’ONU au Sahara Occidental, l’ancien diplomate américain Chris Ross, nommé en Janvier 2009 par M. Ban Ki-moon, tente d’éviter un semblable sort en naviguant dans l’interstice inexistant entre le Maroc et le Polisario. Après avoir tenu plusieurs réunions pour discuter de nouvelles propositions émises par les parties en 2007 il n’y a pas eu de progrès et la prochaine manœuvre de Ross n’est pas encore claire.
    Le mandat actuel du Conseil de sécurité est de trouver une solution politique mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination. Ce mandat a fait se gratter la tête de nombreux observateurs. Comment les parties peuvent-elles arriver à un compromis sur la question clé de l’autodétermination quand la pratique de la décolonisation de l’ONU a toujours offert un plébiscite à l’indépendance? Le Maroc rejette l’option de l’indépendance et veut que sa proposition d’autonomie soit acceptée comme base pour les négociations (ce qui exclut l’indépendance). Le Polisario s’est déclaré disposé à parler de partage du pouvoir, mais seulement dans le cadre de garanties post-référendum (où l’indépendance est toujours une option). Contrairement à la revendication générique de l’autodétermination souvent exprimée dans les conflits séparatistes, ethniques ou nationalistes, l’autodétermination a un sens très clair et précis dans le cas du Sahara occidental, vu son statut juridique international – reconnu par les Nations Unies – de dernier Territoire Non Autonome d’Afrique. Dans une certaine mesure, l’Organisation des Nations Unies a les mains liées au Sahara occidental, et donc soit le Maroc accepte l’option de l’indépendance, soit le Polisario renonce à l’une de ses meilleures cartes.
    Les parties ne sont toutefois pas le seul problème. Le Conseil de sécurité est aussi coupable de l’impasse actuelle que les parties. Les administrations de Clinton et George W. Bush ont toutes deux offert un soutien rhétorique et matériel inconditionnel au processus de paix de l’ONU – jusqu’à ce que les envoyés personnels aient réellement besoin que le Conseil fasse jouer ses muscles. Baker et Van Walsum ont été autant desavoués par le refus des parties de redéfinir la souveraineté et l’autodétermination que par le refus du Conseil de sécurité de faire pression aux moments cruciaux. En 2004, le Conseil de sécurité a refusé d’envoyer un signal fort au Maroc appuyant qu’une certaine forme de référendum d’autodétermination serait nécessaires à la paix, et a au contraire soutenu une vague solution politique mutuellement acceptable. En 2008, le Conseil de sécurité a refusé de soutenir Van Walsum quand il est arrivé à la conclusion que l’option de l’indépendance devait être suspendue. Le Conseil invite les envoyés personnels à faire des miracles, mais refuse de reconnaître qu’il détient la baguette magique de la louange et de la censure.
    Le Secrétariat de Ban Ki-moon ne semble pas reconnaître, ou est incapable d’admettre, les choix difficiles auxquels s’expose l’entreprise de l’ONU au Sahara occidental. Dès Décembre 1995, Boutros Ghali avait reconnu devant le Conseil que les différences entre les deux parties étaient irréconciliables et surpris tout le monde en admettant qu’il n’avait jamais cru que le référendum arriverait. Il avait compris qu’il y avait en réalité trois options sur la table: imposer une solution aux parties, renoncer ou maintenir la pression des négociations. Invariablement, le Conseil de sécurité a choisi le numéro trois. Pour l’administration Obama, ces choix restent fondamentalement les mêmes et aussi déprimants dans leurs perspectives.
    Aucun membre du Conseil n’est disposé à forcer le Maroc à l’autodétermination. La France pourrait opposer son veto une telle tentative, les États-Unis et le Royaume-Uni s’y opposer de façon plus subtile, et la Russie et la Chine résister pour leurs propres raisons internes. Un référendum sans accord sur le statut final de la négociation peut aussi devenir une catastrophe humanitaire, si certains refusent de reconnaître le résultat. L’Organisation des Nations Unies a appris cette leçon à la dure au Timor oriental où les forces Indonésiennes ont violemment refusé de reconnaître l’indépendance de ce dernier, incitant un Conseil de Sécurité fatigué d’intervenir à envoyer des Casques bleus. Si de semblables événements devaient accompagner la tentative d’indépendance du sud Soudan en 2011, les perspectives d’un référendum au Sahara occidental deviendrait d’autant plus faible. De plus, reste la question de savoir si 300.000 Sahraouis, dont près de la moitié a vécu comme réfugiés en Algérie depuis 1976, fortement tributaire des aides internationales, peut construire un état stable dans un territoire de la taille de la Grande-Bretagne. Le Polisario et ses partisans doit encore convaincre le P5 que l’indépendance apportera la paix plutôt que l’instabilité.
    La reconnaissance unilatérale par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, qui semblait une possibilité dans les dernières années de l’administration George W. Bush, se révélerait tout aussi infructueuse. Ce serait contre le droit international et ne changerait pas l’attitude de l’Algérie, de l’Union Africaine, ou des réseaux de solidarité internationale de soutien à l’autodétermination. Plus important encore, cela n’affecterait pas le mouvement nationaliste sahraoui, qui est devenu tout à fait à l’abri de l’hypocrisie du soutien de Washington à l’autodétermination, en s’appuyant sur le cas de sécession (Sud-Soudan et au Kosovo), en l’opposant au cas de la décolonisation (le Sahara Occidental et de l’Est Timor). En effet, reconnaître officiellement la revendication du Maroc pourrait seulement convaincre de nombreux Sahraouis que la seule voie pour garantir leurs droits nationaux est celle de la violence. Le Maroc et ses bailleurs de fonds ont encore à faire une argumentation cohérente quant à la façon dont une proposition d’autonomie appliquée unilatéralement peut apporter une paix durable.
    La seule personne à avoir apparemment pris l’option deux au sérieux a été John
    Bolton, au cours de son bref passage en tant que représentant des États-Unis à l’Organisation des Nations Unies. Le retrait du Conseil de Sécurité pourrait prendre deux formes : une suspension des efforts diplomatiques ou un retrait complet de la mission des Nations Unies pour le référendum et ses forces de maintien de la paix. Combinée à une pression dans les coulisses sur les deux parties pour un compromis, l’option la plus douce pourrait leur signaler qu’il est temps de cesser faire semblant devant la communauté internationale et temps de commencer à parler l’un avec l’autre. Un retrait complet de la mission de l’ONU semble peu probable, car il serait hautement controversé, il pourrait signifier l’indifférence internationale à la reprise des combats armés entre le Maroc et le Polisario.
    Ainsi, l’option trois gagne par défaut. Jusqu’à ce que le Sahara occidental devienne une crise, que ce soit par hasard ou par choix, la médiation sans fin semble sans danger car elle ne modifie fondamentalement pas l’équation. C’est là le vrai problème au Sahara Occidental. L’ONU continue à faire la même chose en espérant des résultats différents.

    Anna Theofilopoulou est une ancienne fonctionnaire des Nations Unies qui a couvert le conflit du Sahara occidental de 1994 à 2006. Elle a été membre de l’équipe de négociation de James Baker. Jacob Mundy est en thèse à l’Université de l’Institut Exeter des études arabes et islamiques. Il est co-auteur du Sahara occidental : guerre, nationalisme et conflit indécis.

    Traduction APSO, 16 août 2010, publication autorisée par l’auteur.
    Original en anglais : Foreign Policy 

    Lire aussi la réaction de Western Sahara Resource Watch ici.

  • Vive la Françafrique ! (et III)

    Malgré que le Président Sarkozy semblait avoir l’intention de s’éloigner des pratiques obscures de la Françafrique, il n’a fait, pratiquement, que poursuivre la politique des ses prédécesseurs. Le lien entre Foccart et l’actualité a été assuré par des personnages tels que Robert Bourgi, son Conseiller pour l’Afrique, ou l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Aujourd’hui se clôt ce mini feuilleton sur les “indépendances” africaines.
    Le véritable héritier de l’esprit et de la pratique du foccartisme (Jacques Foccart est décédé en 1997), c’est Robert Bourgi, avocat français d’origine libanaise, né à Dakar, fils de Mahmoud Bourgi, homme d’affaires avec qui Foccart avait fait de bons négoces. Bourgi était grand ami du président du Gabon, Omar Bongo, et l’est actuellement des présidents du Sénégal, Abdoulaye Wade et de la République Démocratique du Congo, Dennis Sasso-Nguesso. Cet ambitieux avocat a très bien su jouer son rôle. Ayant grandi à l’ombre de Chirac, puis de Villepin, il s’unit, en septembre 2005, au clan Nicolas Sarkozy, pour qui il gère, actuellement, les Affaires africaines de la République Française.
    Et il le fait au meilleur style de Foccart. Il y a quelques années, il avait accompagné Karim Wade, fils du président sénégalais, au bureau de Sarkozy. De là, il a tiré un juteux contrat pour la construction d’une centrale nucléaire, au Sénégal, de la part d’Areva, Bouygues et EDF. En échange, le dauphin du Président Wade, qui postule déjà à la relève de son vieux père, et qui dirige le courant interne appelé Génération du concret du Parti démocrate sénégalais (PDS), réussissait une photo convoitée aux côtés du patron Sarkozy.
    Autre donnée de Robert Bourgi, c’est que son frère Albert est éditeur en chef de la fameuse revue française, Jeune Afrique, considérée un outil de plus de la politique extérieure française. En fait, ils sont bien voyants les dossiers très positifs sur le Maroc, grand allié français, que publie périodiquement Jeune Afrique, où l’on contourne, entre autres choses, la violation des Droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara et où l’on considère l’ex-colonie française partie du Royaume alaoui, chose de tout évidence illégale selon la législation internationale.
    C’est justement dans le contentieux du Sahara que se manifeste de quelle manière l’Élysée fait fi des droits des Africains. Cela fait trois ans que la France jour le rôle d’arbitre, mais aussi d’allié des deux grandes puissances qui se disputent la suprématie du Maghreb Occidental, en l’occurrence le Maroc et l’Algérie, dans lesquels Paris risque beaucoup sur le plan économique. Pour cela, Rabat sait qu’il compte sur le soutien inconditionnel des français.
    Ce fait a été bien mis au clair lors d’une réunion récente du Conseil de Sécurité de l’O.N.U, où la plupart des pays, y compris l’Espagne, prétendaient inclure la question des Droits de l’Homme parmi les compétences de la Mission des Nations Unies pour le Sahara Occidental (Minurso), seule mission internationale dans le monde qui n’y veille pas. Cependant, le veto français a empêché cette amplification des compétences, ce qui permet au Maroc d’être le maître absolu dans les territoires occupés, s’y acharnant sans merci contre la population civile, qui défend la célébration d’un référendum, tel que l’avait fixé l’O.N.U.
    Bourgi est l’un des maillons de la Françafrique qui atteignent Sarkozy, jusqu’à l’actualité. Mais il y en a d’autres qui, au pur style de Foccart, œuvrent dans l’ombre. C’est notamment le cas de l’homme d’affaires multimillionnaire Vincent Bolloré, amis intime de Sarkozy et mondialement connu pour lui avoir prêté son yacht de luxe afin d’y passer ses vacances post-victoire électorale. Le groupe Bolloré est implanté dans une quarantaine de pays africains, particulièrement en Côte d’Ivoire, République du Congo – où il est l’entreprise pétrolière principale –, le Gabon et le Cameroun. Dans ce dernier, il contrôle le port de Douala et le service ferroviaire, et participe aux plantations de palmiers à travers la société Socopalm. De même, il maintient la fondation de l’épouse du président camerounais Paul Biya, Chantale Biya, et gère une radio très proche du pouvoir.
    L’incursion de Bolloré et sa présence dans plusieurs médias sont fort connues en France. Il contrôle une bonne partie du groupe Havas, depuis lequel il a lancé la chaîne de télévision Direct 8 et les journaux gratuits Direct Soir et Matin Plus, tous très bienveillants à l’égard de Sarkozy. Par ailleurs, il participe à des entreprises de publicité, sondages télévisés et enquêtes, ce qui lui donne une grande capacité d’influence sur l’opinion publique française.
    L’un des sujets les plus épineux des indépendances africaines, c’est la vaste présence militaire française en Afrique, avec près de 10 000 soldats actuellement, envisagée, au départ, et dans nombreux pays, comme nécessaire pour la défense face à des ennemis extérieurs, mais qui, pratiquement, a servi, durant ces cinquante dernières années, à des opérations de “contre-insurrection” contre des civiles ou des rebelles (le Tchad et la République Centrafricaine en sont les exemples les plus récents) ou à servir, directement et sans ambages, les intérêts de la France. Au Sénégal, par exemple, la présence de bases françaises est un sujet qui indigne beaucoup de monde, et le président Wade en soi s’est vu obligé de promettre son démantèlement courant 2010 ; promesse, pour le moment, restée dans le vent.
    Dès son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy manifestait son intention de se séparer de ses prédécesseurs quant à l’Afrique. Il parlait d’une relation “transparente” et “loin des causes officieuses qui ont fait tant de mal” dans le passé. Et pourtant, lors de dans sa première visite en Afrique subsaharienne, l’été 2007, il montre les dents dans un discours humiliant pour les Africains, prononcé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Entre autres bijoux, il lance que “le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire”, contournant des millénaires de richissime histoire africaine, et il a réduit les Africains à un pauvre paysan qui se laisse aller au gré des lois de la nature. Le plus incroyable, c’est que personne n’ait abandonné la salle devant de telles insultes.
    Actuellement, de nouveaux et puissants acteurs économiques interviennent dans le continent. C’est le cas du Brésil, de la Russie ou de la Chine, pour n’en citer que quelques-uns des pays émergents connus ou BRIC. Et les vieilles puissances coloniales de craindre la perte de leurs relations privilégiées avec leurs ex-colonies, qui leur avaient rapporté tant de profits. Tous semblent prendre des décisions dans une guerre sourde pour le contrôle, dans laquelle le continent ne cesse d’être vu comme un terrain vague, une mine d’extraction de matières premières. Si Sarkozy pouvait nourrir quelque intention de renoncer à la Françafrique, cette compétence féroce contribuerait à lui ôter l’idée de la tête.
    Quant aux méandres de la politique extérieure française en Afrique, c’est idem ! Comme on l’a vu, aussi bien par ceux qui l’exécutent que par la manière dont ils le font, aussi bien par la politique que par l’économie, la France continue de bouger, sur plusieurs niveaux, dans le continent que jadis elle dominait. Comme le disait le politologue français Aziz Fall à GuinGuinBali, dans une entrevue récente : “D’une main elle fait une chose, et de l’autre le contraire.” Ainsi, le débat sur les indépendances africaines qui se célèbrent courant août est aussi bien de vigueur que vague, quant à la question si la plupart des pays africains – u moins ceux qui avaient eu la France comme puissance coloniale – sont, réellement, indépendants.
  • Réfugiés sahraouis : Situation humanitaire au rouge

    C’est un été dur que vit la population des camps des réfugiés sahraouis qui est menacée par une catastrophe humanitaire.

    La situation pour beaucoup de familles s’est dégradée au point où le croissant rouge sahraoui n’a pas manqué d’appeler les pays donateurs et les organisations internationales compétentes pour accélérer l’acheminement d’aide alimentaire aux réfugiés sahraouis. Le président du CRS, Yahia Bouhoubeini, a indiqué dimanche à la radio algérienne, que les conditions humanitaires sont difficiles dans les camps de réfugiés notamment au cours du mois sacré du Ramadan, en plus des graves pénuries dans certaines matières de base, notamment le lait et les dattes. Plus de 30.000 familles sont en besoin urgent d’aide alimentaire, alors que des milliers d’enfants et de femmes souffrent d’anémie et de malnutrition en raison du manque d’aide alimentaire. (El Watan, 17/8/2010)
    Les réfugiés sahraouis se trouvent dans la région de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie. Ils ont fui, en 1975, l’invasion militaire orchestrée par le Maroc sous couvert de la Marche Verte.
  • Vive la Françafrique ! (et III)

    Malgré que le Président Sarkozy semblait avoir l’intention de s’éloigner des pratiques obscures de la Françafrique, il n’a fait, pratiquement, que poursuivre la politique des ses prédécesseurs. Le lien entre Foccart et l’actualité a été assuré par des personnages tels que Robert Bourgi, son Conseiller pour l’Afrique, ou l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Aujourd’hui se clôt ce mini feuilleton sur les “indépendances” africaines.
    Le véritable héritier de l’esprit et de la pratique du foccartisme (Jacques Foccart est décédé en 1997), c’est Robert Bourgi, avocat français d’origine libanaise, né à Dakar, fils de Mahmoud Bourgi, homme d’affaires avec qui Foccart avait fait de bons négoces. Bourgi était grand ami du président du Gabon, Omar Bongo, et l’est actuellement des présidents du Sénégal, Abdoulaye Wade et de la République Démocratique du Congo, Dennis Sasso-Nguesso. Cet ambitieux avocat a très bien su jouer son rôle. Ayant grandi à l’ombre de Chirac, puis de Villepin, il s’unit, en septembre 2005, au clan Nicolas Sarkozy, pour qui il gère, actuellement, les Affaires africaines de la République Française.
    Et il le fait au meilleur style de Foccart. Il y a quelques années, il avait accompagné Karim Wade, fils du président sénégalais, au bureau de Sarkozy. De là, il a tiré un juteux contrat pour la construction d’une centrale nucléaire, au Sénégal, de la part d’Areva, Bouygues et EDF. En échange, le dauphin du Président Wade, qui postule déjà à la relève de son vieux père, et qui dirige le courant interne appelé Génération du concret du Parti démocrate sénégalais (PDS), réussissait une photo convoitée aux côtés du patron Sarkozy.
    Autre donnée de Robert Bourgi, c’est que son frère Albert est éditeur en chef de la fameuse revue française, Jeune Afrique, considérée un outil de plus de la politique extérieure française. En fait, ils sont bien voyants les dossiers très positifs sur le Maroc, grand allié français, que publie périodiquement Jeune Afrique, où l’on contourne, entre autres choses, la violation des Droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara et où l’on considère l’ex-colonie française partie du Royaume alaoui, chose de tout évidence illégale selon la législation internationale.
    C’est justement dans le contentieux du Sahara que se manifeste de quelle manière l’Élysée fait fi des droits des Africains. Cela fait trois ans que la France jour le rôle d’arbitre, mais aussi d’allié des deux grandes puissances qui se disputent la suprématie du Maghreb Occidental, en l’occurrence le Maroc et l’Algérie, dans lesquels Paris risque beaucoup sur le plan économique. Pour cela, Rabat sait qu’il compte sur le soutien inconditionnel des français.
    Ce fait a été bien mis au clair lors d’une réunion récente du Conseil de Sécurité de l’O.N.U, où la plupart des pays, y compris l’Espagne, prétendaient inclure la question des Droits de l’Homme parmi les compétences de la Mission des Nations Unies pour le Sahara Occidental (Minurso), seule mission internationale dans le monde qui n’y veille pas. Cependant, le veto français a empêché cette amplification des compétences, ce qui permet au Maroc d’être le maître absolu dans les territoires occupés, s’y acharnant sans merci contre la population civile, qui défend la célébration d’un référendum, tel que l’avait fixé l’O.N.U.
    Bourgi est l’un des maillons de la Françafrique qui atteignent Sarkozy, jusqu’à l’actualité. Mais il y en a d’autres qui, au pur style de Foccart, œuvrent dans l’ombre. C’est notamment le cas de l’homme d’affaires multimillionnaire Vincent Bolloré, amis intime de Sarkozy et mondialement connu pour lui avoir prêté son yacht de luxe afin d’y passer ses vacances post-victoire électorale. Le groupe Bolloré est implanté dans une quarantaine de pays africains, particulièrement en Côte d’Ivoire, République du Congo – où il est l’entreprise pétrolière principale –, le Gabon et le Cameroun. Dans ce dernier, il contrôle le port de Douala et le service ferroviaire, et participe aux plantations de palmiers à travers la société Socopalm. De même, il maintient la fondation de l’épouse du président camerounais Paul Biya, Chantale Biya, et gère une radio très proche du pouvoir.
    L’incursion de Bolloré et sa présence dans plusieurs médias sont fort connues en France. Il contrôle une bonne partie du groupe Havas, depuis lequel il a lancé la chaîne de télévision Direct 8 et les journaux gratuits Direct Soir et Matin Plus, tous très bienveillants à l’égard de Sarkozy. Par ailleurs, il participe à des entreprises de publicité, sondages télévisés et enquêtes, ce qui lui donne une grande capacité d’influence sur l’opinion publique française.
    L’un des sujets les plus épineux des indépendances africaines, c’est la vaste présence militaire française en Afrique, avec près de 10 000 soldats actuellement, envisagée, au départ, et dans nombreux pays, comme nécessaire pour la défense face à des ennemis extérieurs, mais qui, pratiquement, a servi, durant ces cinquante dernières années, à des opérations de “contre-insurrection” contre des civiles ou des rebelles (le Tchad et la République Centrafricaine en sont les exemples les plus récents) ou à servir, directement et sans ambages, les intérêts de la France. Au Sénégal, par exemple, la présence de bases françaises est un sujet qui indigne beaucoup de monde, et le président Wade en soi s’est vu obligé de promettre son démantèlement courant 2010 ; promesse, pour le moment, restée dans le vent.
    Dès son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy manifestait son intention de se séparer de ses prédécesseurs quant à l’Afrique. Il parlait d’une relation “transparente” et “loin des causes officieuses qui ont fait tant de mal” dans le passé. Et pourtant, lors de dans sa première visite en Afrique subsaharienne, l’été 2007, il montre les dents dans un discours humiliant pour les Africains, prononcé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Entre autres bijoux, il lance que “le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire”, contournant des millénaires de richissime histoire africaine, et il a réduit les Africains à un pauvre paysan qui se laisse aller au gré des lois de la nature. Le plus incroyable, c’est que personne n’ait abandonné la salle devant de telles insultes.
    Actuellement, de nouveaux et puissants acteurs économiques interviennent dans le continent. C’est le cas du Brésil, de la Russie ou de la Chine, pour n’en citer que quelques-uns des pays émergents connus ou BRIC. Et les vieilles puissances coloniales de craindre la perte de leurs relations privilégiées avec leurs ex-colonies, qui leur avaient rapporté tant de profits. Tous semblent prendre des décisions dans une guerre sourde pour le contrôle, dans laquelle le continent ne cesse d’être vu comme un terrain vague, une mine d’extraction de matières premières. Si Sarkozy pouvait nourrir quelque intention de renoncer à la Françafrique, cette compétence féroce contribuerait à lui ôter l’idée de la tête.
    Quant aux méandres de la politique extérieure française en Afrique, c’est idem ! Comme on l’a vu, aussi bien par ceux qui l’exécutent que par la manière dont ils le font, aussi bien par la politique que par l’économie, la France continue de bouger, sur plusieurs niveaux, dans le continent que jadis elle dominait. Comme le disait le politologue français Aziz Fall à GuinGuinBali, dans une entrevue récente : “D’une main elle fait une chose, et de l’autre le contraire.” Ainsi, le débat sur les indépendances africaines qui se célèbrent courant août est aussi bien de vigueur que vague, quant à la question si la plupart des pays africains – u moins ceux qui avaient eu la France comme puissance coloniale – sont, réellement, indépendants.
  • Le transfèrement d’Oumar sahraoui, le prélude à la libération des otages espagnols

    MOUSSA SAMBA SY
    Nouakchott | 17/08/2010
    Condamné pour l’enlèvement des trois humanitaires espagnols par la justice mauritanienne à 12 ans de travaux, Oumar Ould Sid’Ahmed Ould Hamma, alias Oumar le Sahraoui, a été remis Samedi aux autorités maliennes. Le transfèrement d’Oumar qui purgeait sa peine à la prison centrale de Nouakchott intervient à un moment où l’on parle de plus en plus d’une vaste manœuvre diplomatico-sécuritaire devant aboutir à la libération des deux ressortissants espagnols encore détenus par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi).
    Bien que ne faisant pas partie des éléments d’Aqmi, Oumar Sahraoui est accusé par le mauritaniens d’être la cheville ouvrière du rapt des espagnols quia eu lieu en Novembre dernier sur la route Nouadhibou Nouakchott agissant ainsi comme sous traitant d’aqmi.
    L’on sait à présent que les deux espagnols sont détenus par une branche dénommée Katibat Al Moulathamine et dont l’émir n’est autre Moktar Bel Moktar alias Belaouar alias Khaled Abu Al Abass. Celui-ci est connu pour être plus versé dans le « business » que le Jihad pur et dur. Grâce à l’entremise de gens comme Oumar Sahraoui cette branche d’aqmi a pu étendre son contrôle les trafics très lucratifs qui se font dans cette zone du septentrion malien. Trafic de cigarette américaines, trafic de drogue, trafic de migrants illégaux et rapt de ressortissants de pays riches tout est bon pour remplir les caisses de l’organisation.
    Oumar sahraoui qui n’est pas un membre d’Aqmi mais qui entretiendrait des relations étroites avec cet émir pourrait être l’habillage officiel de l’échange en préparation et dans lequel tous les pays concernés sont gagnants. Premier gagnant le gouvernement Zapatero qui recevrait la libération de ses deux compatriotes comme une vraie bouffée d’oxygène au milieu de la crise économique aigue que traverse l’Espagne, deuxième gagnant le Mali dont la libération il y a quelques mois de quatre combattants d’Aqmi avait été violemment critiquée par ses voisins dont la Mauritanie et qui voient ce pays en particulier se plier finalement à sa stratégie, troisième gagnant la Mauritanie sans se dédire c’est-à-dire sans négocier directement avec les terroristes elle conserve de bonnes relations avec l’Espagne à laquelle elle est liée par de nombreux accords et enfin le groupe de Mokhtar bel moktar reçoit un pactole financier conséquent qui lui permet de mieux asseoir son emprise sur la région et surtout de marquer un point face à son rival et ennemi irréductible Abou Zeid chef de la branche rivale d’Aqmi.
    On sait qu’Oumar Sahraoui est surtout un négociant associé à la tribu Lemhar au sein de laquelle il vit dans l’Azawad malien et qui est l’un des principaux fournisseurs d’Aqmi. C’est d’ailleurs dans un campement de cette tribu qu’il se fera enlever il y a quelques mois par un commando des forces spéciales mauritaniennes. Donc si le gouvernement espagnol va verser une rançon cela ne pourrait se faire qu’entouré du plus grand secret et Oumar serait un excellent habillage officiel.
    On sait que les pays de la région et notamment l’Algérie s’opposent farouchement à tout paiement de rançon qui est assimilé selon eux à un financement indirect des actes de terrorisme. De son coté le gouvernement mauritanien est dans une position inconfortable. D’un coté il ne veut pas tomber dans le travers pour lequel il a critiqué le gouvernement malien et d’autres parts il veut tout faire pour obtenir la libération des ressortissant d’un pays ami et qui plus est ont été enlevés sur son territoire.
    Le montage trouvé est que la Mauritanie remette Oumar sahraoui au pays dont il est ressortissant c’est-à-dire le Mali qui entre en jeu avec Madrid afin d’obtenir la libération des otages officiellement contre lui mais en fait contre paiement d’une rançon significative. Ainsi avec ce scénario à l’emporte pièce, la face serait sauvée aussi bien pour les espagnols que pour les mauritaniens. Il faut rappeler qu’Oumar Sahraoui âgé de 52 ans a vu sa peine de douze ans de réclusion criminelle confirmée en appel, le 11 août dernier par la Cour d’appel de Nouakchott.
    Il faut aussi rappeler que cette extradition intervient quelques jours, après qu’une délégation mauritanienne conduite par le ministre de la Justice, Abidine Ould El Kheir, ait effectué une visite à Bamako, visite au cours de laquelle la délégation a été reçue par le président malien, Amadou Toumani Touré. On imagine aisément que les discussions ont tourné autour des détails de l’opération en cours.
    Guinguinbali, 17/8/2010


  • Un marocain vendeur de drogue se livre aux services de securité

    Par : Samih. B / V. F. Hakim Benyahia

    La commune de Ouled Mimoune, sise à de 35 km à l’est de la wilaya de Tlemcen, a vécu le week-end dernier un incident bizzar. En effet, un jeune Marocain s’est rendu aux services de la gendarmerie nationale, sachant qu’il était dans un état lamentable, portant des vêtements sales, une barbe mal taillée et des cheveux touffus.
    Tout le monde le prenait pour un terroriste qui voulait se livrer, surtout qu’il s’est directement dirigé vers la brigade de la gendarmerie nationale du centre ville. Les investigations menées par la gendarmerie nationale de la daïra de « Ouled Mimoune » ont révélé que le jeune était de nationalité Marocaine, venu en Algérie de manière clandestine. Ce jeune homme avait en sa possession 10 gr de kif traité de très bonne qualité. Les aveux du jeune homme arrêté, dont le nom n’a pas été révélé, ont été très surprenants. En effet, ce jeune homme a affirmé qu’il travaillait dans un champ pour la culture de la drogue au Maroc, mais il a été menacé de mort par le baron qui l’employait, après avoir découvert qu’il lui volait de petites quantités de la drogue et les revendait aux consommateurs. Se voyant hanté par une peur terrible, ce jeune n’a rien trouvé de mieux que de fuir vers l’Algérie pour rester en vie, surtout que la mort l’accueillerait au Maroc si jamais il venait à y retourner. Le jeune homme était blessé, affirmant que les barrons de la drogue mettent des « Signes » sur les corps de leurs employés afin de les avoir dans leur coté pour toute la vie. Les agriculteurs refusent d’être recrutés par peur de la réaction des barrons de la drogue, qui monopolisent de grandes régions au nord du royaume marocain où « aucune voix ne s’élève que les siennes »
    Le jeune marocain sera présenté devant le tribunal d’Ouled Mimoun, accusé d’immigration clandestine et de possession de drogue.

  • Le transfèrement d’Oumar sahraoui, le prélude à la libération des otages espagnols

    MOUSSA SAMBA SY
    Nouakchott | 17/08/2010
    Condamné pour l’enlèvement des trois humanitaires espagnols par la justice mauritanienne à 12 ans de travaux, Oumar Ould Sid’Ahmed Ould Hamma, alias Oumar le Sahraoui, a été remis Samedi aux autorités maliennes. Le transfèrement d’Oumar qui purgeait sa peine à la prison centrale de Nouakchott intervient à un moment où l’on parle de plus en plus d’une vaste manœuvre diplomatico-sécuritaire devant aboutir à la libération des deux ressortissants espagnols encore détenus par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi).
    Bien que ne faisant pas partie des éléments d’Aqmi, Oumar Sahraoui est accusé par le mauritaniens d’être la cheville ouvrière du rapt des espagnols quia eu lieu en Novembre dernier sur la route Nouadhibou Nouakchott agissant ainsi comme sous traitant d’aqmi.
    L’on sait à présent que les deux espagnols sont détenus par une branche dénommée Katibat Al Moulathamine et dont l’émir n’est autre Moktar Bel Moktar alias Belaouar alias Khaled Abu Al Abass. Celui-ci est connu pour être plus versé dans le « business » que le Jihad pur et dur. Grâce à l’entremise de gens comme Oumar Sahraoui cette branche d’aqmi a pu étendre son contrôle les trafics très lucratifs qui se font dans cette zone du septentrion malien. Trafic de cigarette américaines, trafic de drogue, trafic de migrants illégaux et rapt de ressortissants de pays riches tout est bon pour remplir les caisses de l’organisation.
    Oumar sahraoui qui n’est pas un membre d’Aqmi mais qui entretiendrait des relations étroites avec cet émir pourrait être l’habillage officiel de l’échange en préparation et dans lequel tous les pays concernés sont gagnants. Premier gagnant le gouvernement Zapatero qui recevrait la libération de ses deux compatriotes comme une vraie bouffée d’oxygène au milieu de la crise économique aigue que traverse l’Espagne, deuxième gagnant le Mali dont la libération il y a quelques mois de quatre combattants d’Aqmi avait été violemment critiquée par ses voisins dont la Mauritanie et qui voient ce pays en particulier se plier finalement à sa stratégie, troisième gagnant la Mauritanie sans se dédire c’est-à-dire sans négocier directement avec les terroristes elle conserve de bonnes relations avec l’Espagne à laquelle elle est liée par de nombreux accords et enfin le groupe de Mokhtar bel moktar reçoit un pactole financier conséquent qui lui permet de mieux asseoir son emprise sur la région et surtout de marquer un point face à son rival et ennemi irréductible Abou Zeid chef de la branche rivale d’Aqmi.
    On sait qu’Oumar Sahraoui est surtout un négociant associé à la tribu Lemhar au sein de laquelle il vit dans l’Azawad malien et qui est l’un des principaux fournisseurs d’Aqmi. C’est d’ailleurs dans un campement de cette tribu qu’il se fera enlever il y a quelques mois par un commando des forces spéciales mauritaniennes. Donc si le gouvernement espagnol va verser une rançon cela ne pourrait se faire qu’entouré du plus grand secret et Oumar serait un excellent habillage officiel.
    On sait que les pays de la région et notamment l’Algérie s’opposent farouchement à tout paiement de rançon qui est assimilé selon eux à un financement indirect des actes de terrorisme. De son coté le gouvernement mauritanien est dans une position inconfortable. D’un coté il ne veut pas tomber dans le travers pour lequel il a critiqué le gouvernement malien et d’autres parts il veut tout faire pour obtenir la libération des ressortissant d’un pays ami et qui plus est ont été enlevés sur son territoire.
    Le montage trouvé est que la Mauritanie remette Oumar sahraoui au pays dont il est ressortissant c’est-à-dire le Mali qui entre en jeu avec Madrid afin d’obtenir la libération des otages officiellement contre lui mais en fait contre paiement d’une rançon significative. Ainsi avec ce scénario à l’emporte pièce, la face serait sauvée aussi bien pour les espagnols que pour les mauritaniens. Il faut rappeler qu’Oumar Sahraoui âgé de 52 ans a vu sa peine de douze ans de réclusion criminelle confirmée en appel, le 11 août dernier par la Cour d’appel de Nouakchott.
    Il faut aussi rappeler que cette extradition intervient quelques jours, après qu’une délégation mauritanienne conduite par le ministre de la Justice, Abidine Ould El Kheir, ait effectué une visite à Bamako, visite au cours de laquelle la délégation a été reçue par le président malien, Amadou Toumani Touré. On imagine aisément que les discussions ont tourné autour des détails de l’opération en cours.
    Guinguinbali, 17/8/2010


  • Sahara : Rabat passe à la vitesse supérieure

    Même si c’est un scénario périodique auquel les autorités marocaines nous ont habitués, les évènements des derniers jours ont un signe clair d’escalade. Les espagnols sont unanimes : Derrière les agissements marocains il y a un objectif précis qui n’a rien à voir avec les plaintes officielles du gouvernement marocain et cet objectif est lié à la question du Sahara Occidental. Pour l’opinion publique espagnole, le voyage du ministre de l’intérieur espagnol à Rabat vise à calmer les responsables marocains qui n’occultent pas leur malaise quant à l’évolution du conflit du Sahara. 
    L’Espagne, en tant que dernière puissance colonisatrice a toujours défendu que la solution du conflit passe par le référendum, une position qui a changé avec l’arrivée de Zapatero au pouvoir, même si la diplomatie espagnole n’a pas encore donné le pas définitif voulu par le Maroc. 
    Mohamed VI, à l’instar de son père, manipule les conflits pour mettre de l’ordre à l’intérieur de son pays. Même s’il sait que Ceuta et Melilla n’ont jamais été espagnoles, dans le cas du Sahara, il l’occupe par la force et considère que le temps joue en sa faveur et n’a pas l’intention de céder tant qu’il croit au chantage et à la provocation. 
    Avec l’expulsion d’Aminatou Haidar, les relations hispano-marocaines ont changé. Malgré le communiqué franco-espagnol dans lequel Madrid et Paris reconnaissent que la loi marocaine gère le territoire sahraoui, une déclaration de la Secrétaire d’Organisation du PSOE affirmant que le parti socialiste espagnol n’a pas changé d’opinion sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ne pouvait pas passer inaperçu à Rabat qui fait du dossier sahraoui la cause de son existence. « Le communiqué approuvé avec d’autres pays, ne signifie pas la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental », avait précisé Pajin. Le Maroc a dû encaisser ces déclarations en plus du retour d’Aminatou à sa ville natale. 
    Une fois passée la tempête Haidar, Mohamed VI n’a pas attendu pour sa vengeance. Déjà, au mois de mai dernier, Abbas El Fassi avait demandé devant le parlement un dialogue sur les enclaves espagnoles. Madrid n’a pas réagi. Rabat passe alors à la vitesse supérieure en faisant recours à des méthodes qui relèvent quasiment du terrorisme : blocage de la frontière avec Melilla, provocation verbale et physique, insultes aux femmes policières, etc. Des provocations que le Maroc n’aurait jamais osé faire avec la France, le pays qui défend depuis le début l’annexion sauvage du Sahara Occidental par le Maroc et le génocide du peuple sahraoui. 
    L’opinion publique espagnole est unanime : Les agissements du gouvernement marocain visent à serrer l’étau sur l’Espagne pour voir ce qu’il peut obtenir. Une vieille stratégie qui a permis à Hassan II d’avancer dans la direction qui lui convenait le plus. Des fois, c’est la question des eaux territoriales et les accords de pêche, des fois l’immigration ou les relations avec l’Europe, mais à chaque fois il y avait un objectif fondamental pour la monarchie : la stabilité interne pour inculquer du patriotisme dans la population marocaine. Il n’y a rien de plus que rincer un ennemi extérieur et soulever des revendications inatteignables pour faire que les marocaines oublient la corruption du régime, les violations des droits de l’homme, le manque de liberté publiques, la liberté de presse… et ainsi ignorer les tentations des intégristes. Personne n’ignore que tout ce qui touche aux poins sensibles dans les relations hispano-marocaines vient du palais. Chaque geste marocain est un message envoyé.