Mois : août 2010

  • Melilla, le rêve européen au Maghreb

    Le territoire tristement célèbre par les rapports Nord/Sud qu’il représente est l’objet de convoitises. Poste avancé de l’Espagne qui en a fait une de ses deux forteresses africaines, le Maroc voudrait bien le récupérer pour des questions territoriales. Quant aux droits de l’homme la question ne se pose même pas…et de ce fait les manifestations de ces derniers jours font plus penser à une opération montée par le pouvoir qu’à une lutte émancipatrice
    Un mariage bat son plein au Café Del Real. Trois invités, Mina, Aziza et Karim, ont passé la moitié ou la totalité de leur vie à Melilla. Ils sont d’origine marocaine, mais leur attitude est espagnole. « Si le Maroc fait la loi ici, je pars en face », commente Karim, faisant allusion à l’Espagne continentale. Mais sur un point ils sont bien marocains : Mina, Aziza et Karim ne veulent pas que leur nom de famille figure dans le journal. Leurs propos sur Melilla ne sont pas dans la ligne de la position de l’Etat marocain et ils ne veulent pas causer des problèmes à leur famille qui y vit.
    Melilla, où 80 000 personnes habitent dans 12 km2 entourés de barbelés, est un sujet sensible au Maroc. Pour Rabat, c’est un territoire occupé, un point de vue confirmé récemment par son Premier ministre Abbas El Fassi. Celui-ci avait eu un entretien téléphonique avec le gouvernement espagnol sur « l’occupation » de Melilla et Ceuta, l’autre enclave espagnole du nord du Maroc. L’Espagne avait réagi immédiatement en affirmant que, la « souveraineté et l’identité espagnoles » de Ceuta et Melilla ne pouvaient être remises en cause.
    Pour le Maroc, Melilla est un vestige du colonialisme
    Mina, Aziza et Karim profitent de la démocratie espagnole, d’un enseignement de bonne qualité et d’un accès aux soins de santé abordable. En outre, les salaires sont plus élevés que de l’autre côté de la frontière. « Et beaucoup de produits sont plus chers au Maroc. Une brique de lait coûte 50 centimes d’euro à Melilla contre 80 centimes au Maroc », dit Aziza. Il n’y a donc pas de raison que les Marocains de Melilla souhaitent que leur belle vie prenne fin.
    La fête de mariage au Café Del Real est mixte : la mariée, Rabiaa, est marocaine, et le marié Juan Miguel, est espagnol. Selon Antonio Portillo Gómez, un habitué du café, »toute la population de Melilla est multiculturelle » : « Il y a eu de nombreuses civilisations ici, Melilla a une longue histoire, bien avant que les Marocains aient pris le pouvoir. Alors pourquoi le Maroc considère-t-il que Ceuta et Melilla sont marocains ? » En 1497 Melilla était déjà espagnole et Ceuta est venue s’y ajouter en 1578. Au siècle dernier, le royaume espagnol étendit son influence à l’ensemble du nord du Maroc, mais lorsque le pays devint indépendant, en 1956, l’Espagne a rendu ce territoire, à l’exception de Ceuta, Melilla, et de trois îles minuscules devant la côte africaine qui lui appartiennent depuis des siècles.
    Du point de vue espagnol, la situation actuelle est juste, compte tenu de l’histoire. Ce n’est pas l’opinion du Maroc. Lorsque Juan Carlos, le roi d’Espagne, a visité Ceuta et Melilla pour la première fois, en novembre 2007, cela a provoqué une crise diplomatique. Le Maroc avait rappelé son ambassadeur en Espagne et le Premier ministre El Fassi avait déclaré que le temps du colonialisme était « irrévocablement révolu ». C’est ainsi que le Maroc le ressent : un vestige de l’époque coloniale. C’est pourquoi il a fermement l’intention de récupérer les deux enclaves. Le port de Tanger Med s’est construit juste à côte de Ceuta et un complexe portuaire similaire est en cours de création juste à côté de Melilla. Le but est d’endiguer l’activité économique des enclaves de manière à les rendre, à terme, trop coûteuses à entretenir pour l’Espagne.
    12 000 Marocains entrent tous les jours à Melilla
    De toute manière, les deux petits territoires sont déjà très chers parce que l’Espagne y attire des Espagnols de la péninsule ibérique par des avantages fiscaux et des salaires plus élevés pour les employés de la fonction publique. Mais pour l’instant, la situation financière des enclaves est bonne, notamment grâce aux Marocains. Ceux qui habitent à proximité des enclaves y ont accès sans visa et de ce fait 12 000 d’entre eux entrent chaque jour à Melilla. Ils y achètent des objets bon marché, comme du lait, du shampoing et des couvertures, pour les revendre avec un petit bénéfice côté marocain. La chaîne de télévision française M6 avait diffusé en avril le documentaire « Les femmes-mulets », sur des femmes marocaines qui transportent sur leur dos 60 à 80 kilos de marchandises, mêmes enceintes ou très âgées. Parfois la police les rassemble comme du bétail à coups de matraque près de la frontière espagnole. Le journal marocain Akhbar Alyoum avait qualifié le film de « choquant ».
    Les Marocains font-ils l’objet de discrimination de la part des Espagnols de Melilla ? « Mais non, pas du tout », dit Karim. C’est ce que les habitants aiment croire : que Melilla est un état modèle multiculturel. Ils savent néanmoins que les Ibériques de la Péninsule les regardent un peu de haut parce qu’ils habitent en Afrique, et ils se remontent le moral en songeant à la mixité qu’il y règne. Ils aiment cultiver l’image d’une oasis de civilisation dans un désert de barbarie. « Au Maroc, les femmes n’ont aucun droit de parole, mais ici ce n’est pas le cas », se vante une résidente espagnole de Melilla.
    Par Greta Riemersma le 05/08/2010 source De Volkskrant Amsterdam
    Post Scriptum :
    Des Marocains bloquent la frontière de l’enclave espagnole de Melilla
    L’entretien téléphonique entre le roi d’Espagne Juan Carlos et le roi du Maroc Mohamed IV, mercredi 11 août, n’a pas apaisé la tension entre les deux pays, qui se focalise sur le poste-frontière de l’enclave espagnole de Melilla, dans le nord du Maroc. Les manifestants marocains rassemblés à la frontière ont empêché le 12 août l’approvisionnement de l’enclave en produits frais. Protestant contre le comportement de la police espagnole à la frontière, jugé raciste, ils entendent poursuivre leur action la semaine prochaine, selon le quotidien espagnol El País.
    A côté de pancartes dénonçant les violences policières, note le quotidien madrilène, on pouvait en voir d’autres revendiquant la souveraineté marocaine sur Melilla et Ceuta, l’autre enclave espagnole. Derrière les actions de protestation se trouve le Comité national pour la libération de Ceuta et Melilla. Pour la police espagnole, les membres de ce collectif sont une trentaine de « provocateurs » et d’ »agitateurs ». Eux se considèrent comme des « activistes » et des « militants » de causes humanitaires et nationalistes. Ils assurent constituer un groupe d’environ 70 personnes, émanant de nombreuses ONG du nord du Maroc. Mais, à en croire El País, ils sont parfois accusés d’être liés aux « services secrets locaux ».
    Source El Païs le 13/08/2010
    Rouge Midi, 16/8/2010
  • La frontière vraiment fermée? « On termine la bouteille de Ricard et on t’accompagnera en Algérie» REPORTAGE (suite)

    2ème PARTE : LE RETOUR Oujda Il est 15 h 45. 37° à l’ombre. Le ciel est tellement bas qu’il rase la tête. Un vent d’enfer fouette les visages des rares personnes qui se sont aventurées à cette heure de la journée. Le boulevard Mohammed V d’Oujda est quasiment désert. Je me pointe au café de France, comme convenu avec mon guide Rachid. Je commande un 7 up. J’essaie de remémorer la journée d’avant, histoire de faire un petit bilan sur cette traversée. 
    «Positif» conclus-je avec égocentrisme. J’ai traversé la frontière algéro-marocaine en payant 2000 dinars. J’ai passé une journée à Oujda, assisté au concert de Cheba Zehouania et maintenant, il faut que je retourne chez moi en Algérie. Subitement, le doute m’habite. Et si mon guide me faisait compagnie? Et s’il était de mèche avec le Makhzen ? Le temps passe. Aucune ombre de Rachid ne pointe à l’horizon. Le rendez-vous était pour 16h. Deux heures sont déjà passées et le guide n’est toujours pas là. Je commande un thé à la menthe. La salle climatisée se remplit graduellement. Je fais un saut au souk de Bab Sidi Abdelwahab. Pour jauger un peu l’ambiance. Pour fondre dans la foule, dense depuis peu et juger, selon mon intuition, si j’étais suivi ou non. Tout le monde me regarde. Personne ne fait attention à moi. Un sentiment ambivalent me torture. Je retourne au café de France. Un rapide coup d’œil sur la terrasse puis dans la salle me rend à l’évidence : Rachid ne viendra pas.
    Je connais la bande frontalière pour l’avoir déflorée plus de quatorze fois
    Retourner à Ahfir, 40 km plus loin, pourrait être risqué pour moi. Les barrages de la police et de la gendarmerie royale sont «achalandés» d’Oujda jusqu’à Saïdia, la station balnéaire. Que faire? Il faut que je me décide rapidement. Je connais la bande frontalière pour l’avoir déflorée plus de quatorze fois. La différence, jusqu’ici, est que je n’ai pratiquement jamais traversé l’Oued Kiss en solo. Pourtant, à y voir de plus près, ce n’est pas sorcier de parcourir quelques mètres d’un sens à l’autre. J’ai mis de côté 200 dirhams, droit de passage pour les gardiens du temple de sa Majesté. Et si je suis arrêté, malgré tout, je connais la sentence : un mois d’emprisonnement, puis reconduite clandestine à la frontière au milieu de la broussaille. Je prends un taxi Mercedes jaune en direction du poste frontalier Zoudj Bghal. Je rappelle au chauffeur, qui ne doute pas de ma nationalité, de me déposer au relais, quelques kilomètres avant les barrières.
    « On termine la bouteille de Ricard et on t’accompagnera jusqu’à l’autre rive, en Algérie»
    19 h 15. Je descends de la voiture. Je m’attable sur la terrasse de la crèmerie. Des familles sirotent des boissons fraîches. Je scrute les visages discrètement. Au cas où une connaissance apparaît. En face, les fermes algériennes reluquent les vergers chérifiens. Je sais qu’il suffit de se faufiler derrière la façade de l’établissement hôtelier, dévaler la pente, se mouiller les pieds dans la rivière et atterrir sur le territoire algérien, au lieu dit Dalia (la Vigne). Je tente le coup. Mal m’en prit. Sur les berges de l’Oued, deux jeunes d’une trentaine d’années allongés à même le sol se relayent sur une bouteille de Ricard. «Salam Aalikoum!». Bienveillants, ils m’invitent à partager le reste de la bouteille. Il ne manque plus que ça. Je refuse gentiment en demandant avec peu de délicatesse si l’itinéraire peut m’emmener à bon port «Tu as tout le temps pour passer de l’autre côté, assieds-toi!» Je m’exécute. Quelque part, la voix d’un muezzin appelle à la prière du Maghreb. « On termine la bouteille de Ricard et on t’accompagnera jusqu’à l’autre rive, en Algérie», dit un de mes compagnons de hasard. Je la joue rejla. J’extirpe deux billets de 100 dirhams. «C’est pour une autre bouteille demain, c’est moi qui casque et je suis désolé si je ne peux partager la fiesta avec vous!», dis-je. Mes deux compagnons de fortune apprécient le geste. Ils m’invitent à les suivre. Mon ventre gargouille. Je me suis jeté dans la gueule du loup?
    «Besslama Sidi, continue tout droit, y aura personne sur ton chemin»
    On lève le camp. Je suis mes nouveaux guides. Après quelques minutes de marche, nous tombons nez à nez sur deux soldats marocains. Mes compagnons, très à l’aise,saluent les bidasses. Je fais pareil. «Ce monsieur est notre cousin, il rentre chez lui», explique celui qui dit s’appeler Yahia en prenant le soin de refiler un billet de 100 dirhams à l’un des garde frontières. Ce dernier parcourt avec moi une centaine de mètres, puis s’arrête : «Besslama Sidi, continue tout droit, y aura personne sur ton chemin», m’annonce-t-il d’un ton rassurant. Je marche tout droit en terrain conquis. Je suis de retour en Algérie. Un chien aboie. Un quinquagénaire répond machinalement à mon salut. Il doit avoir l’habitude de rencontrer des gens sur cet endroit. «Je peux trouver des taxis collectifs maintenant?» demande-je au cultivateur algérien. «Mets-toi sur le bord de la route, il y aura toujours quelqu’un qui te ramènera à Maghnia » Je me pointe à 50 mètres du village Akid Lotfi. Dix minutes plus tard, un hallab (trafiquant de carburant) s’arrête à mon niveau et m’invite à monter. L’habitacle sent l’essence. «Tu habites le village?», demande-t-il. «Non, je reviens d’un mariage!» Mon conducteur me dépose à proximité de l’hôtel El Izza, à la périphérie de la ville de Maghnia.
    Il est 20 h 45 en territoire algérien. Des véhicules de la douane sillonnent le boulevard menant à la frontière. J’aurais du rester un moment avec mes deux voisins de l’Oued pour partager le reste de la bouteille de Ricard.
    DNA-Algérie, 17/8/2010
  • REPORTAGE : La frontière algéro-marocaine vraiment fermée? Avec 2000 dinars, on peut la traverser.

    1ère PARTIE : L’ALLER. Il y a quelques années, je n’avais pas besoin de payer un passeur pour aller humer l’air chérifien. Les temps ayant changé, je ne dois plus jouer au héros. Il paraît que les frontières algéro-marocaines sont mieux surveillées en raison de la présence du monarque sur la plage de Saïdia à la fin du mois de juillet dernier. Un passeur se propose de me les faire traverser clandestinement pour 2000 dinars.

    Pour passer de l’autre côté de la frontière, je me suis déplacé à Boukanoun, le village algérien qui face à Ahfir, la bourgade marocaine. Mon ange gardien, qui dit s’appeler Omar, attablé sur la terrasse du café Es-Sabah, exige 2000 DA comme droit de passage. Payable à l’avance. Rendez-vous est pris pour le lendemain à 6 h du matin… Samedi, je suis au rendez-vous à l’heure convenue. Notre convoi s’ébranle cahincaha. Nous amorçons la traversée à pas feutrés. Mes appréhensions sont telles que je sens mes pieds collés avec de la glu sur le sol. Nous sommes six à faire la traversée, sept avec le passeur. Dociles, mes cinq compagnons dont deux subsahariens doivent se courber parce que leur taille pose problème. Leur grande taille peut-être repérée par les vigiles de part et d’autre de la frontière. Le nez collé à leur dos, je suis à la queue de la file. Ma position ne répond à aucune stratégie, si ce n’est de prendre la poudre d’escampette en cas de complication.
    «Alors camarades, vous allez en Espagne?»
    Notre passeur se permet une « chemma » ( tabac à chiquer) avant de nous accorder un moment de répit. En pareilles circonstances, on est habité par des sentiments ambivalents. Et moi, entre le bonheur de réussir le passage et la peur d’échouer, je me fie fatalement au destin. «Alors camarades, vous allez en Espagne?» demandes-je aux deux Subsahariens. Interloqués, les deux blêmissent. Passablement énervé, Omar intervient: «Laisse-les tranquilles…Je t’ai pourtant prévenu de ne pas poser trop de questions!» Notre ange gardien nous explique alors que nous devons attendre la relève des soldats. Mauvais calcul ou mauvais sort? Toujours est-il qu’à ce moment précis, une voix enrouée surgit des broussailles : «Halte!» Mes tripes se sont mises à gargouiller à la vue du tabor, le bidasse marocain. J’ai réalisé alors que nous sommes sous le ciel et sur les terres du «Commandeur des croyants». Déjà au Maroc !
    «Sidi, c’est le premier convoi»
    «Le tourisme va bien? Allez, vos papiers! Nous sommes le serviteur de Sa Majesté», ordonne le tabor en braquant sa vieille mitraillette sur nous. Un des passagers se met à trembloter. Nullement impressionné, en guise de documents de voyage, notre passeur refile au soldat des billets de banque pliés, en accompagnant son geste d’un chuchotement à l’oreille de celui qui nous nous menace toujours avec son arme. «Sidi, c’est le premier convoi», explique doctement Omar le passeur. « Y’en a pas assez», entonne le gardien du temple en tenue kaki. Je ne sais pas quelle mouche m’a piqué lorsqu’avec un sourire qui se veut rassurant, je réponds: «En effet, nous ne sommes que six, si j’exclus le passeur.»
    «Celui-là, je l’emmène au poste»
    «La ferme, toi ! Il ne parle pas du nombre, mais de l’oseille», coupe le passeur. ll sourit hypocritement et renchérit: «Ya Sidi, celui-là ne fait pas partie du lot. Il est, comme dirait l’autre, en surcharge.». Le guide vient de me désigner comme une charge de plus dans ce convoi des braves qui veut rallier le Maroc. «Celui-là, je l’emmène au poste», tranche le militaire, son armé encore braquée sur nous. Le passeur tente de sauver les meubles. «Sidi, excusez son innocence arrogante, il va seulement voir sa mère qu’il n’a pas revue depuis la fermeture des frontières», plaide-t-il. «Où habite-t-il, demande le tabor d’un air goguenard. Je ne l’ai jamais vu, je dois le fouiller!». Puis, en s’adressant à mon auguste personne, il m’ordonne d’enlever mes chaussures.
    «Il n’en a pas l’air…Tu es Algérien, toi?»
    «Il n’a rien, Sidi, plaide Omar, il n’a jamais traversé la frontière ou peut-être une seule fois dans sa vie, c’est un pauvre ouvrier qui trime du matin au soir comme un forçat.» Méfiant, le soldat, sans doute le résultat d’une longue expérience acquise à surveiller cette frontière officiellement fermée mais ouverte de toutes parts «Il n’en a pas l’air…Tu es Algérien, toi?», me demande-t-il. Pour éviter plus de désagréments, il faut recourir au mensonge. «Moitié-moitié…Ma mère est marocaine, mon père algérien» A vrai dire, c’est un presque un demi-mensonge. Dans cette bande frontalière entre l’Algérie et le Maroc, des milliers de personnes sont issues de familles et de couples mixtes. Mon mensonge semble avoir davantage attisé la cupidité du bidasse. «Dans ce cas, il doit payer plus cher. Que vaut l’argent quand il s’agit de l’amour de sa mère?», dit-il d’un air cynique de celui qui est rompu à la pratique du racket et du rançonnement.
    « Mon boulot est de faire passer des gens et de les ramener à bon port, le reste ne me concerne pas»
    Mes compagnons se murent dans un silence sépulcral et tentent gauchement d’éviter de se croiser leurs regards. Ils sont trahis par leur attitude d’hommes traqués. Le tabor, qui semble éprouver un malsain plaisir à nous torturer, revient à la charge en me regardant avec mépris. Son collègue lui fait signe discrètement de nous relâcher. Il a consenti, enfin, à nous libérer le passage, mais à condition de lui ramener, à mon retour, un démodulateur pour paraboles. J’ai accepté sans prononcer un mot, sans comprendre pourquoi moi, je dois payer une surtaxe. Il est clair que les membres du convoi ne sont pas tous logés à la même enseigne. Devant mon air de chien battu, Omar me glisse à l’oreille : «Les autres doivent s’acquitter d’un droit de passage spécial, eux casquent en euros et quant à moi, mon boulot est de faire passer des gens et de les ramener à bon port, le reste ne me concerne pas», m’ explique notre guide. Nous reprenons le chemin comme si nous revenions d’un enterrement, mon nez toujours collé au dos d’un des Subsahariens. Nous croisons deux baudets dont les bâts sont lourdement chargés. Des animaux convoyeurs de marchandises de contrebandiers. La première partie de la traversée s’est achevée. Il reste encore à s’enfoncer dans les terres marocaines avant d’arriver au premier village.
    « Avant que je n’oublie, tu me dois une rallonge de 2000 dinars »
    Nous dévalons une pente qui aboutit à la rivière. Omar nous intime l’ordre de nous arrêter une seconde fois. Il n’est plus crispé. J’en profite pour demander l’autorisation de fumer une cigarette. J’en ai proposé aussi aux autres passagers. Ne sont-ils pas soulagés d’avoir parcouru une partie de l’itinéraire? Je commence à m’inquiéter et à perdre patience : «Décidément, il y a trop d’escales, Omar! Nous sommes arrivés en principe, qu’attendons-nous pour continuer?». «Tant que nous n’avons n’a pas traversé la rivière, nous sommes jamais arrivés, tranche-t-il avant d’ajouter d’un ton martial. Avant que je n’oublie, tu me dois une rallonge de 2000 dinars car je sais que tu ne ramèneras jamais ce foutu démodulateur au tabor et, dans ces conditions, c’est moi qui serais dans de mauvais draps. Alors, je préfère prendre mes précautions. Ce n’est pas pour un bout de métal que je vais bousiller mon business, tu dois comprendre ça aussi…» Le passeur est apparemment inquiet, mais il ne s’oppose plus à mes interventions. La censure est levée comme par enchantement.
    Au bout de la traversée, un concert de Cheba Zahouania à Oujda
    Quinze minutes se sont écoulées quand trois personnes arrivent à notre hauteur. Omar, devenu jovial comme par magie, les accueillie avec des embrassades. «On part», dit l’un d’eux. Omar, d’un ton exagérément solennel, s’arrête brusquement pour nous confier à nos nouveaux sbires. « Ma mission s’achève ici, dit-il. Désormais, vous appartenez à vos nouveaux anges gardiens, courage et que Dieu vous protège!.» Un de mes nouveaux anges gardiens m’accompagne jusqu’au centre de la ville d’Ahfir, précisément au café de La paix. Il m’explique que je devais me pointer au même endroit le lendemain à 16h. Une fois le thé à la menthe avalé, je prends normalement un taxi sur Oujda. Direction, café de France où un de mes amis marocains, Rachid, professeur de français, m’attend. « Tu as de la chance, ce soir, il y a Chaba Zehouania au festival du raï qui se déroule sur la place Ennour!», m’annonce-t-il. Je lui raconte que la traversée était trop protocolaire comparativement aux précédentes. Il m’explique alors que la venue de Mohamed VI dans le Maroc Oriental a obligé les responsables marocains à renforcer les mesures de sécurité. Visiblement, cela n’a pas empêché notre tabor de prélever sa dime. Il me reste à refaire le chemin inverse pour retourner en Algérie.
    DNA-Algérie, 22/8/2010

  • Mohammed VI fait la sourde oreille

    CHRISTOPHER ROSS LANCE UN SOS
    La question du Sahara occidental est dans une impasse, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon reconnaît son impuissance à imposer un référendum d’autodétermination comme le stipulent les résolutions de l’ONU.
    L’héritier du trône marocain considère pour sa part que le conflit du Sahara occidental qui dure depuis plus de trente- cinq ans n’est qu’un «différend artificiel». Le souverain alaouite ne compte pas céder d’un pouce à ce sujet. «Nous affirmons à cet égard, que les droits de la citoyenneté ne peuvent être conçus ou exercés que dans le cadre du respect du droit suprême de la patrie à la sauvegarde de son unité, de son intégrité territoriale et de sa souveraineté nationale», a-t-il réaffirmé, le 20 août, dans une allocution adressée à ses sujets à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du roi. Christopher Ross, qui ne semble pas déjà avoir un grand moral, baissera-t-il les bras? Il en a, en tout-cas, tout l’air si l’on se fie aux informations répercutées par El Pais. En effet, d’après le quotidien ibérique proche de la gauche espagnole, l’émissaire du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies est sur le point de jeter l’éponge. Dans une lettre adressée au mois de juin aux principaux pays (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France) qui suivent de près la question du Sahara occidental, Christopher Ross leur a fait remarquer que «le statu quo est inacceptable à long terme». Il y dénonce particulièrement l’intransigeance dont font preuve les autorités marocaines qui ne jurent plus que par leur proposition de large autonomie. Il ne pensait pas aussi bien dire puisque Rabat n’a pas tardé à répondre à son appel de détresse, confirmant par conséquent l’analyse de l’envoyé spécial de Ban Ki-moon. «Nous avons lancé des initiatives audacieuses, marquant un tournant décisif dans l’Histoire contemporaine de notre pays. En tête de ces initiatives figure notre proposition conférant une autonomie à nos provinces du Sud, et s’inscrivant dans le cadre du combat permanent que nous menons pour la préservation de la souveraineté du Royaume sur l’intégralité de son territoire national. Mais à mesure que s’accroît le soutien international en faveur de cette initiative courageuse, reconnue par l’ONU comme étant sérieuse et crédible, nos adversaires persistent dans leurs manoeuvres désespérées visant vainement à l’entraver et à torpiller la dynamique prometteuse qu’elle a enclenchée en vue du règlement définitif tant souhaité, aux niveaux international et régional, de ce différend artificiel», a déclaré Mohammed VI dans un discours prononcé vendredi à l’occasion du 57e anniversaire de la Révolution et du peuple. L’héritier du trône marocain, qui a, cette fois ci, «omis» de désigner nommément les ennemis de la nation marocaine, n’a finalement pas raté l’opportunité pour remettre sur le tapis son projet de large autonomie pour les «provinces du Sud». Une autre manière de mettre devant le fait accompli l’Organisation des Nations unies et de sceller définitivement le sort des territoires sahraouis occupés depuis 1975, en les annexant. Ce durcissement de la position marocaine a-t-il entamé la détermination des dirigeants sahraouis à poursuivre les négociations afin de parvenir à l’indépendance? «La lutte pacifique dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc va continuer jusqu’à l’obtention de l’indépendance», ont déclaré des militants sahraouis qui ont été reçus par le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, M.Mahrez Lamari, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale du moudjahid. Il est à souhaiter que Christopher Ross puisse renouer les fils du dialogue pour tenter de désamorcer ce conflit qui ne s’est jamais autant détérioré, depuis l’arrêt des hostilités, entre le Maroc et le Front Polisario, en 1991.
    Mohamed Touati, 22/8/2010
  • Sahara occidental Des civils violemment agressés

    Les forces d’occupation marocaines s’en sont prises violemment, hier lundi à l’aube, à de nombreux citoyens sahraouis dans la ville d’El Ayoun occupée.
    L’agression a fait des dizaine de blessés dont deux espagnols et des membres d’une délégation de militants des droits de l’homme, a indiqué un communiqué de l’ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
    « Des militants et citoyens sahraouis qui s’apprêtaient à accueillir la 7e délégation des militants des droits de l’homme et des observateurs espagnols ont été grièvement blessés ». précise le communiqué. La délégation des militants des droits de l’homme est arrivée, dimanche soir (20:30 heure locale), dans la ville d’El Ayoun qui subit un étau sécuritaire drastique, ajoute le communiqué qui rappelle que les autorités d’occupation ont procédé « a des fouilles individuelles provocantes ».
    Les militants sahraouis qui attendaient les membres de la délégation ont été empêchés manu militari d’accès à l’aéroport par les autorités marocaines. Suite à cette agression, le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz a appelé le secrétaire général des Nations-Unies, M. Ban Ki-moon à intervenir pour protéger les citoyens et militants sahraouis contre la répression des autorités de l’occupation marocaine. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, le président sahraoui a dénoncé ces violations perpétrées par le Maroc en l’absence d’un mécanisme de contrôle des droits de l’Homme au Sahara Occidental, a indiqué hier, lundi,l’agence de presse sahraouie (SPS). « La répression barbare et les violations des droits de l’Homme que les forces marocaines viennent de perpétrer contre des citoyens sans armes et des militants dans les territoires occupés du Sahara Occidental, est un acte grave, non seulement contraire à la légalité internationale mais aussi au fait que le Sahara Occidental soit un territoire relevant de la responsabilité directe des Nations-Unies en attendant l’organisation d’un référendum libre, équitable et juste pour l’autodétermination et la décolonisation de la dernière colonie en Afrique », lit-on dans la lettre du président Abdelaziz.
    Il a par ailleurs affirmé la condamnation du Front Polisario de « cette violente répression » imputant au gouvernement marocain la totale responsabilité des conséquences de ces graves dépassements. Le président sahraoui a appelé le SG des Nations-Unies à prendre toutes les mesures urgentes à même d’assurer la protection des droits de l’Homme au Sahara Occidental occupé à travers la mise en place d’un mécanisme onusien efficace à même de mener le gouvernement marocain à se plier à la légalité internationale et à cesser ces violations graves des droits de l’Homme.
    Algeria ISP, 21/8/2010
  • Melilla, le rêve européen au Maghreb

    Le territoire tristement célèbre par les rapports Nord/Sud qu’il représente est l’objet de convoitises. Poste avancé de l’Espagne qui en a fait une de ses deux forteresses africaines, le Maroc voudrait bien le récupérer pour des questions territoriales. Quant aux droits de l’homme la question ne se pose même pas…et de ce fait les manifestations de ces derniers jours font plus penser à une opération montée par le pouvoir qu’à une lutte émancipatrice
    Un mariage bat son plein au Café Del Real. Trois invités, Mina, Aziza et Karim, ont passé la moitié ou la totalité de leur vie à Melilla. Ils sont d’origine marocaine, mais leur attitude est espagnole. « Si le Maroc fait la loi ici, je pars en face », commente Karim, faisant allusion à l’Espagne continentale. Mais sur un point ils sont bien marocains : Mina, Aziza et Karim ne veulent pas que leur nom de famille figure dans le journal. Leurs propos sur Melilla ne sont pas dans la ligne de la position de l’Etat marocain et ils ne veulent pas causer des problèmes à leur famille qui y vit.
    Melilla, où 80 000 personnes habitent dans 12 km2 entourés de barbelés, est un sujet sensible au Maroc. Pour Rabat, c’est un territoire occupé, un point de vue confirmé récemment par son Premier ministre Abbas El Fassi. Celui-ci avait eu un entretien téléphonique avec le gouvernement espagnol sur « l’occupation » de Melilla et Ceuta, l’autre enclave espagnole du nord du Maroc. L’Espagne avait réagi immédiatement en affirmant que, la « souveraineté et l’identité espagnoles » de Ceuta et Melilla ne pouvaient être remises en cause.
    Pour le Maroc, Melilla est un vestige du colonialisme
    Mina, Aziza et Karim profitent de la démocratie espagnole, d’un enseignement de bonne qualité et d’un accès aux soins de santé abordable. En outre, les salaires sont plus élevés que de l’autre côté de la frontière. « Et beaucoup de produits sont plus chers au Maroc. Une brique de lait coûte 50 centimes d’euro à Melilla contre 80 centimes au Maroc », dit Aziza. Il n’y a donc pas de raison que les Marocains de Melilla souhaitent que leur belle vie prenne fin.
    La fête de mariage au Café Del Real est mixte : la mariée, Rabiaa, est marocaine, et le marié Juan Miguel, est espagnol. Selon Antonio Portillo Gómez, un habitué du café, »toute la population de Melilla est multiculturelle » : « Il y a eu de nombreuses civilisations ici, Melilla a une longue histoire, bien avant que les Marocains aient pris le pouvoir. Alors pourquoi le Maroc considère-t-il que Ceuta et Melilla sont marocains ? » En 1497 Melilla était déjà espagnole et Ceuta est venue s’y ajouter en 1578. Au siècle dernier, le royaume espagnol étendit son influence à l’ensemble du nord du Maroc, mais lorsque le pays devint indépendant, en 1956, l’Espagne a rendu ce territoire, à l’exception de Ceuta, Melilla, et de trois îles minuscules devant la côte africaine qui lui appartiennent depuis des siècles.
    Du point de vue espagnol, la situation actuelle est juste, compte tenu de l’histoire. Ce n’est pas l’opinion du Maroc. Lorsque Juan Carlos, le roi d’Espagne, a visité Ceuta et Melilla pour la première fois, en novembre 2007, cela a provoqué une crise diplomatique. Le Maroc avait rappelé son ambassadeur en Espagne et le Premier ministre El Fassi avait déclaré que le temps du colonialisme était « irrévocablement révolu ». C’est ainsi que le Maroc le ressent : un vestige de l’époque coloniale. C’est pourquoi il a fermement l’intention de récupérer les deux enclaves. Le port de Tanger Med s’est construit juste à côte de Ceuta et un complexe portuaire similaire est en cours de création juste à côté de Melilla. Le but est d’endiguer l’activité économique des enclaves de manière à les rendre, à terme, trop coûteuses à entretenir pour l’Espagne.
    12 000 Marocains entrent tous les jours à Melilla
    De toute manière, les deux petits territoires sont déjà très chers parce que l’Espagne y attire des Espagnols de la péninsule ibérique par des avantages fiscaux et des salaires plus élevés pour les employés de la fonction publique. Mais pour l’instant, la situation financière des enclaves est bonne, notamment grâce aux Marocains. Ceux qui habitent à proximité des enclaves y ont accès sans visa et de ce fait 12 000 d’entre eux entrent chaque jour à Melilla. Ils y achètent des objets bon marché, comme du lait, du shampoing et des couvertures, pour les revendre avec un petit bénéfice côté marocain. La chaîne de télévision française M6 avait diffusé en avril le documentaire « Les femmes-mulets », sur des femmes marocaines qui transportent sur leur dos 60 à 80 kilos de marchandises, mêmes enceintes ou très âgées. Parfois la police les rassemble comme du bétail à coups de matraque près de la frontière espagnole. Le journal marocain Akhbar Alyoum avait qualifié le film de « choquant ».
    Les Marocains font-ils l’objet de discrimination de la part des Espagnols de Melilla ? « Mais non, pas du tout », dit Karim. C’est ce que les habitants aiment croire : que Melilla est un état modèle multiculturel. Ils savent néanmoins que les Ibériques de la Péninsule les regardent un peu de haut parce qu’ils habitent en Afrique, et ils se remontent le moral en songeant à la mixité qu’il y règne. Ils aiment cultiver l’image d’une oasis de civilisation dans un désert de barbarie. « Au Maroc, les femmes n’ont aucun droit de parole, mais ici ce n’est pas le cas », se vante une résidente espagnole de Melilla.
    Par Greta Riemersma le 05/08/2010 source De Volkskrant Amsterdam
    Post Scriptum :
    Des Marocains bloquent la frontière de l’enclave espagnole de Melilla
    L’entretien téléphonique entre le roi d’Espagne Juan Carlos et le roi du Maroc Mohamed IV, mercredi 11 août, n’a pas apaisé la tension entre les deux pays, qui se focalise sur le poste-frontière de l’enclave espagnole de Melilla, dans le nord du Maroc. Les manifestants marocains rassemblés à la frontière ont empêché le 12 août l’approvisionnement de l’enclave en produits frais. Protestant contre le comportement de la police espagnole à la frontière, jugé raciste, ils entendent poursuivre leur action la semaine prochaine, selon le quotidien espagnol El País.
    A côté de pancartes dénonçant les violences policières, note le quotidien madrilène, on pouvait en voir d’autres revendiquant la souveraineté marocaine sur Melilla et Ceuta, l’autre enclave espagnole. Derrière les actions de protestation se trouve le Comité national pour la libération de Ceuta et Melilla. Pour la police espagnole, les membres de ce collectif sont une trentaine de « provocateurs » et d’ »agitateurs ». Eux se considèrent comme des « activistes » et des « militants » de causes humanitaires et nationalistes. Ils assurent constituer un groupe d’environ 70 personnes, émanant de nombreuses ONG du nord du Maroc. Mais, à en croire El País, ils sont parfois accusés d’être liés aux « services secrets locaux ».
    Source El Païs le 13/08/2010
    Rouge Midi, 16/8/2010
  • Mohammed VI fait la sourde oreille

    CHRISTOPHER ROSS LANCE UN SOS
    La question du Sahara occidental est dans une impasse, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon reconnaît son impuissance à imposer un référendum d’autodétermination comme le stipulent les résolutions de l’ONU.
    L’héritier du trône marocain considère pour sa part que le conflit du Sahara occidental qui dure depuis plus de trente- cinq ans n’est qu’un «différend artificiel». Le souverain alaouite ne compte pas céder d’un pouce à ce sujet. «Nous affirmons à cet égard, que les droits de la citoyenneté ne peuvent être conçus ou exercés que dans le cadre du respect du droit suprême de la patrie à la sauvegarde de son unité, de son intégrité territoriale et de sa souveraineté nationale», a-t-il réaffirmé, le 20 août, dans une allocution adressée à ses sujets à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du roi. Christopher Ross, qui ne semble pas déjà avoir un grand moral, baissera-t-il les bras? Il en a, en tout-cas, tout l’air si l’on se fie aux informations répercutées par El Pais. En effet, d’après le quotidien ibérique proche de la gauche espagnole, l’émissaire du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies est sur le point de jeter l’éponge. Dans une lettre adressée au mois de juin aux principaux pays (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France) qui suivent de près la question du Sahara occidental, Christopher Ross leur a fait remarquer que «le statu quo est inacceptable à long terme». Il y dénonce particulièrement l’intransigeance dont font preuve les autorités marocaines qui ne jurent plus que par leur proposition de large autonomie. Il ne pensait pas aussi bien dire puisque Rabat n’a pas tardé à répondre à son appel de détresse, confirmant par conséquent l’analyse de l’envoyé spécial de Ban Ki-moon. «Nous avons lancé des initiatives audacieuses, marquant un tournant décisif dans l’Histoire contemporaine de notre pays. En tête de ces initiatives figure notre proposition conférant une autonomie à nos provinces du Sud, et s’inscrivant dans le cadre du combat permanent que nous menons pour la préservation de la souveraineté du Royaume sur l’intégralité de son territoire national. Mais à mesure que s’accroît le soutien international en faveur de cette initiative courageuse, reconnue par l’ONU comme étant sérieuse et crédible, nos adversaires persistent dans leurs manoeuvres désespérées visant vainement à l’entraver et à torpiller la dynamique prometteuse qu’elle a enclenchée en vue du règlement définitif tant souhaité, aux niveaux international et régional, de ce différend artificiel», a déclaré Mohammed VI dans un discours prononcé vendredi à l’occasion du 57e anniversaire de la Révolution et du peuple. L’héritier du trône marocain, qui a, cette fois ci, «omis» de désigner nommément les ennemis de la nation marocaine, n’a finalement pas raté l’opportunité pour remettre sur le tapis son projet de large autonomie pour les «provinces du Sud». Une autre manière de mettre devant le fait accompli l’Organisation des Nations unies et de sceller définitivement le sort des territoires sahraouis occupés depuis 1975, en les annexant. Ce durcissement de la position marocaine a-t-il entamé la détermination des dirigeants sahraouis à poursuivre les négociations afin de parvenir à l’indépendance? «La lutte pacifique dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc va continuer jusqu’à l’obtention de l’indépendance», ont déclaré des militants sahraouis qui ont été reçus par le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui, M.Mahrez Lamari, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale du moudjahid. Il est à souhaiter que Christopher Ross puisse renouer les fils du dialogue pour tenter de désamorcer ce conflit qui ne s’est jamais autant détérioré, depuis l’arrêt des hostilités, entre le Maroc et le Front Polisario, en 1991.
    Mohamed Touati, 22/8/2010
  • Le Gouvernement sahraoui condamne le discours « provocateur » du roi du Maroc

    Bir Lehlu (territoires libérés), 21/08/2010 (SPS) Le Gouvernement sahraoui a vivement condamné le discours « provocateur » du roi du Maroc, prononcé venderdi à Rabat, estimant qu’il entame « la crédibilté » de l’ONU et qu’il « nuit » aux intérêts des peuples sahraouis et marocains.

    « Le Gouvernement sahraoui condamne les propos du roi du Maroc et les considére comme une provocation portant atteinte aux intérêts des peuples sahraouis et marocaine, tout comme il met en danger la sécurité et la stabilité dans la région à risque et sape la crédibilité de l’Organisation des Nations Unies », a indiqué un communiqué du ministère de l’information publié samedi.

    Le texte, parvenu à SPS, a en outre rappelé « les obstructions dressées par le Maroc devant les négociations tendant à organiser un référendum libre, équitable et impartial sous les auspices des Nations Unies, par lequel le peuple sahraoui pourra décider librement de son propre destin ».

    Le Gouvernement sahraoui a également condamné « les violations flagrantes des droits de l’homme et le pillage illégal des ressources naturelles du Sahara occidental, qui se trouve sous la tutelle de l’Organisation des Nations Unies ».

    Il a enfi appelé les Nations Unies, son Secrétaire général et le Conseil de sécurité à « assumer pleinement leur responsabilité et à faire pression sur le Gouvernement marocain pour respecter la légitimité internationale et permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit légitime à l’autodétermination, l’indépendance, ainsi que le respect des droits de l’homme et la fin au pillage des ressources naturelles dans les territoires occupés du Sahara occidental ». (SPS) 

  • Sahara Occidental : La diversion du roi du Maroc Mohamed VI

    Le Roi du Maroc n’a, semble-t-il, aucune intention de se soumettre à la légitimité internationale en vue de parvenir à une solution pacifique du conflit Sahraoui. Alors que toutes les résolutions onusiennes consacrent le droit du peuple Sahraoui à l’autodétermination, le Royaume Chérifien veut imposer sa propre solution : l’autonomie du Sahara Occidental qui lui permet de garder sous son autorité ce vaste territoire riche en matière première annexé par la force en 1975.
    Dans un discours prononcé, vendredi 20 Août, à l’occasion du 57ème anniversaire de la « Révolution du Roi et du Peuple », le Roi Mohamed VI tente de faire croire encore à ses sujets que « la proposition marocaine est acceptée par la communauté internationale ». « La proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental suscite plus de soutien international face à des manoeuvres désespérées de nos adversaires », estime le souverain alaouite. «A mesure que s’accroît le soutien international en faveur de cette initiative courageuse, reconnue par l’ONU comme étant sérieuse et crédible, nos adversaires persistent dans leurs manœuvres désespérées visant vainement à l’entraver », déclare-t-il. Le Roi Mohamed VI désigne ainsi, sans le nommer, l’ennemi: l’Algérie.
    Ce n’est pas nouveau. Le souverain marocain dont la position sur le Sahara Occidental est rejetée par le membre du conseil de sécurité, fait souvent dans la diversion. « L’obstination des ennemis de notre intégrité territoriale ne fera que conforter le Maroc dans sa marche vers la démocratie et le développement », soutient-il. Mohamed VI fait semblant d’omettre, que en plus des résolutions onusiennes, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Saha Occidental, Christopher Ross, a insisté sur le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. C’est la position défendue par l’Algérie.
    DNA-Algérie, 21/8/2010
  • Le Gouvernement sahraoui condamne le discours « provocateur » du roi du Maroc

    Bir Lehlu (territoires libérés), 21/08/2010 (SPS) Le Gouvernement sahraoui a vivement condamné le discours « provocateur » du roi du Maroc, prononcé venderdi à Rabat, estimant qu’il entame « la crédibilté » de l’ONU et qu’il « nuit » aux intérêts des peuples sahraouis et marocains.

    « Le Gouvernement sahraoui condamne les propos du roi du Maroc et les considére comme une provocation portant atteinte aux intérêts des peuples sahraouis et marocaine, tout comme il met en danger la sécurité et la stabilité dans la région à risque et sape la crédibilité de l’Organisation des Nations Unies », a indiqué un communiqué du ministère de l’information publié samedi.

    Le texte, parvenu à SPS, a en outre rappelé « les obstructions dressées par le Maroc devant les négociations tendant à organiser un référendum libre, équitable et impartial sous les auspices des Nations Unies, par lequel le peuple sahraoui pourra décider librement de son propre destin ».

    Le Gouvernement sahraoui a également condamné « les violations flagrantes des droits de l’homme et le pillage illégal des ressources naturelles du Sahara occidental, qui se trouve sous la tutelle de l’Organisation des Nations Unies ».

    Il a enfi appelé les Nations Unies, son Secrétaire général et le Conseil de sécurité à « assumer pleinement leur responsabilité et à faire pression sur le Gouvernement marocain pour respecter la légitimité internationale et permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit légitime à l’autodétermination, l’indépendance, ainsi que le respect des droits de l’homme et la fin au pillage des ressources naturelles dans les territoires occupés du Sahara occidental ». (SPS)