Mois : juillet 2010

  • Rédouane Masmoudi: «Je souhaite que l’Algérie soit le modèle d’une démocratie musulmane»

    Rédouane Masmoudi, politologue américain d’origine tunisienne : «Je souhaite que l’Algérie soit le modèle d’une démocratie musulmane»
    ntervenant, hier, au Centre des études stratégiques d’Ech-Chaâb à Alger, sur le thème « L’avenir des relations entre les Etats-Unis et le Monde musulman », le chercheur américain a émis le vœu de voir un jour l’Algérie devenir « le modèle d’une démocratie musulmane dans le Monde arabe », comme l’est à présent la Turquie pour les pays musulmans.
    Le politologue américain d’origine tunisienne, Rédouane Masmoudi, a estimé que les relations entre les Etats-Unis et le Monde arabo-musulman s’améliorent de plus en plus, bien qu’il reste un long chemin à parcourir pour bannir l’animosité réciproque née des événements du 11 septembre 2001. Intervenant, hier, au Centre des études stratégiques d’Ech-Chaâb à Alger, sur le thème « L’avenir des relations entre les Etats-Unis et le Monde musulman », le chercheur américain a émis le vœu de voir un jour l’Algérie devenir « le modèle d’une démocratie musulmane dans le Monde arabe », comme l’est à présent la Turquie pour les pays musulmans. Cependant, l’intervenant a suscité une vive polémique parmi les présents en louant les « avancées » accomplies par Barack Obama dans le rapprochement entre les Etats-Unis et le Monde musulman, après seulement une année et demie de règne. Rédouane Masmoudi a évoqué pour étayer ses propos « le discours historique » du Caire prononcé par le Président américain au lendemain de son intronisation, les promesses faites de fermer la prison de Guantanamo et de bannir toutes formes de torture, l’appel au dialogue, la désignation du libanais Georges Mitchell en tant qu’envoyé spécial au Moyen Orient et les pressions sur Israël pour cesser sa politique expansionniste en Palestine. Ce qui n’était pas pour plaire à la majorité de l’assistance, entre autres Abdelaziz Belkhadem, qui a noté que « le discours a changé certes, mais le fait politique n’a pas suivi ». Loin d’abdiquer, le conférencier a appelé à « représenter les vraies valeurs de l’Islam qui sont universelles, et inculquer la culture de liberté dans le culte ». Le chercheur américain voit en Obama une opportunité inouïe pour améliorer les relations entre les deux parties, en œuvrant sans relâche à la promotion de la démocratie, la vraie, sans se départir des principes fondateurs de la religion islamique. Une façon d’entretenir un dialogue permanent, car « le conflit des civilisations est injustifiable », selon lui, à même d’expliciter le vrai visage de l’Islam aux américains, qui s’y opposent foncièrement depuis les fameux événements de 2001.
    Pour l’illustration, Rédouane Masmoudi a rappelé les résultats d’un sondage effectués aux Etats-Unis en 2009 qui a démontré que 56% des Américains pensent que l’Islam incite à la violence, alors qu’ils n’étaient que de 14% en 2002. C’est dire toute l’évolution négative des relations entre les Etats-Unis et le Monde musulman, d’où l’urgence d’œuvrer à rééquilibrer les choses, a longuement plaidé le conférencier.

    Le Midi Libre, 28/7/2010

  • Sarkozy, le Sahel ou l’art de la diversion

    Par Hassane Zerrouky
    En difficulté sur le plan interne, Nicolas Sarkozy est prêt à s’accrocher à n’importe quelle branche pour peu que cela ralentisse sa chute dans les sondages.
    Fragilisé par certaines affaires comme l’affaire Bettencourt, un chômage en hausse, une dette publique abyssale, le président français essaie d’allumer plusieurs contre-feux pour parer aux menaces pouvant compromettre sa réélection en 2012. Au début du mois de juin dernier, avant que les scandales touchant certains de ses ministres ne le rattrapent, il a d’abord parié sur un succès de l’équipe de France lors du Mondial sud-africain. Mal lui en a pris vu la mauvaise image donnée par cette équipe en Afrique du Sud. Réagissant au quart de tour, il a dès lors essayé de récupérer le mécontentement populaire contre ce fiasco recevant Thierry Henry à l’Elysée, avant d’exiger que des mesures radicales soient prises. Ainsi, pendant quelque temps, la crise de l’équipe de France a meublé l’actualité. C’est devenu un évènement national. Mais peu importe, pour le pouvoir politique, l’essentiel étant de détourner quelque peu l’attention de l’opinion publique française des scandales éclaboussant le sommet de l’Etat français. Après le football est survenue la mort de ce jeune braqueur à Grenoble, tué par la police dans des circonstances non encore élucidées. Les émeutes qui s’en sont suivies ont fait la Une des médias. A quelques jours d’intervalle, surgissait une seconde affaire : la mort d’un jeune gitan tué par des gendarmes à Saint- Aignan dans le département du Loir-et-Cher. Mort qui a provoqué une réaction violente des gens du voyage (gitans). Deux affaires, puissamment relayées par des médias proches de la droite française, qui tombaient à point nommé pour un pouvoir politique en très grande difficulté, et qui vont faire l’actualité pendant plusieurs jour, faisant passer au second plan l’affaire Bettencourt et le scandale du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007. Il n’en fallait pas plus pour que le chef de l’Etat français décrète que ces deux faits sont autrement plus graves que l’affaire Bettencourt, allant jusqu’à consacrer un conseil des ministres essentiellement aux Roms originaires de l’Europe de l’Est transformés en nouveaux boucs émissaires ! Et ce n’est pas fini. Voilà que se profile à l’horizon l’affaire Michel Germaneau, l’otage français assassiné par ses ravisseurs islamistes. Or, cet homme était aux mains de l’ex- GSPC depuis déjà plusieurs mois sans que cela suscite un quelconque émoi. Il n’en reste pas moins qu’en évoquant son sort le 12 juillet dernier, le chef de l’Etat français cherchait sans doute à préparer l’opinion à un évènement majeur. Avec le feu vert de l’Elysée, une opération militaire est montée pour le libérer. Nicolas Sarkozy pariait fortement sur la libération de l’otage afin de redorer son blason. Or l’opération a tourné au fiasco. L’otage a été exécuté par ses ravisseurs. Mais au lieu d’assumer cette réalité, c’est tout juste si la France ne s’est pas défaussée sur l’allié mauritanien. Au lendemain de cette tragique affaire, cherchant à rattraper le coup, Nicolas Sarkozy affirme que ce crime ne restera pas impuni et que la lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique va se renforcer. Comment ? En intervenant directement au Sahel ? Une chose est sûre : pour enrayer la chute de sa popularité en vue de l’élection présidentielle de 2012, le président français semble prêt à tout. De ce fait, une opération coup-depoing au Mali avec l’aval des autorités maliennes n’est pas à exclure. Et si cela ne suffisait pas, rien n’exclut que la prochaine étape sera l’affaire des moines de Tibhirine. Le film sur la mort des moines qui sortira en septembre sera peut-être l’occasion de redéterrer cette affaire. Et pour le chef de l’Etat français d’en dire de nouveau quelques mots comme il l’avait déjà fait lorsqu’il avait pointé un doigt à peine accusateur en direction des militaires algériens ! 
    Le Soir d’Algérie, 29/7/2010
  • La majorité des pays n’a pas reconnu l’indépendance du Kosovo

    Par Kamel Boudjemil
    Philippe Moreau Defarges. Chercheur à l’Institut français de relations internationales : La majorité des pays n’a pas reconnu l’indépendance du KosovoLa Cour internationale de justice a estimé, hier, dans un avis consultatif rendu à la Haye, que la déclaration d’indépendance du Kosovo n’a pas violé le droit international. Juste avant cette déclaration, El Watan Week-end a contacté un expert.

    Cet avis était très attendu, particulièrement par les groupes minoritaires et organisations séparatistes qui vont y chercher un précédent légal pour asseoir leurs revendications. Qu’en pensez-vous ? Tout d’abord, il est important de dire que c’est un avis. Ce qui veut dire qu’il est juridiquement non contraignant. Il est fourni et constitue une analyse juridique du dossier, sur lequel le deux parties ont des avis totalement divergents. Ensuite, il est certain que, comme l’avis consultatif sur le Sahara occidental, cet avis sera prudent et balancé. Il prendra en compte les liens historiques entre la Serbie et Kosovo et le fait que le Kosovo fasse partie de la République serbe. Il prendra aussi en compte le droit du Kosovo à prendre en main son propre destin. Ce qui donnera du grain à moudre à tout le monde.

    Est-ce que cet avis consultatif, repris par les organes des Nations unies, pourra jouer en faveur de la reconnaissance totale de l’indépendance du Kosovo ?

    Tant que nous n’avons pas analysé le contenu de l’avis, on ne peut rien dire. Mais compte tenu du fonctionnement de la Cour internationale de justice, elle donnera un avis ouvert, en reprenant les deux points de vues. L’ONU ne donnera pas d’aspect contraignant à cet avis, ce n’est pas sa pratique. Les 192 membres sont très divisés sur la question. A ce jour, 69 pays ont reconnu l’indépendance du Kosovo, ce qui veut dire que la majorité ne l’a pas reconnue. La communauté des Etats membres est donc très divisée sur la question. Il sera très difficile que le Conseil de sécurité ou que l’Assemblée générale adopte un texte juridiquement contraignant.

    A l’image de l’avis consultatif rendu sur le Sahara occidental en 1975, celui-ci peut-il donner une base de revendication plus forte aux Kosovars ?

    Ce qui est sorti de l’avis de 1975, c’est qu’il fallait demander aux Sahraouis comment ils voulaient prendre en main leur destin. Veulent-ils être indépendants, rattachés au Maroc ou bien devenir autre chose ? Cela implique la mise en place d’un référendum qui n’a jamais eu lieu. Le cas du Kosovo est plus compliqué. Un référendum a déjà eu lieu, dont le résultat a été la volonté d’indépendance des Kosovars. La Serbie, rappelons-le, est composée à 90% d’Albanais et redemander un référendum, c’est déjà prendre partie, puisqu’on en connaît déjà la réponse positive. La demande d’un référendum ne peut que déplaire à la Serbie. Cet avis a été provoqué par cette dernière, à travers lequel elle veut voir reconnue l’appartenance historique du Kosovo à la Serbie. Ce qui n’a aucune chance d’aboutir. L’avis ne peut que confirmer la volonté des Kosovars à disposer d’eux-mêmes.
    El Watan, 23/7/2010

  • Afrikabidon au Sahara Occidental

    Le festival Afrikabidon se tient du 14 juillet au 15 août dans le sud de l’Ardèche et sa programmation réunit concerts, conférences et projections de films. Ces dernières sont organisées par Asil Productions qui s’interroge tout au long du festival sur les grandes thématiques de l’Afrique d’aujourd’hui.

    Le 27 juillet, la journée « No Mad » était consacrée au Sahara, à ses habitants et aux problématiques soulevées par ce territoire. APSO était l’invitée de la journée pour présenter son travail sur le Sahara Occidental au travers de la projection de plusieurs films courts. L’occasion pour certain de découvrir pour la première fois des images du Sahara et de participer à un débat sur la dernière colonie d’Afrique.
    Les thématiques qui ont été abordées sont celles de l’origine du conflit, des perspectives à venir, du pillage des ressources naturelles et, bien entendu, des violations des Droits de l’Homme dans les territoires sous occupation marocaine. APSO a insisté sur la situation très préoccupante que vivent les populations sahraouies : dans les campements de réfugiés où les conditions de vie sont de plus en plus difficiles et l’aide internationale de moins en moins généreuse ; dans les territoires occupés où la répression du régime marocain condamne les sahraouis à vivre dans la terreur.
    Le public s’est notamment étonné du manque d’informations relatives au Sahara Occidental dans la presse française et de l’engagement très prononcé de la France en faveur de son allié marocain, en complète contradiction avec le Droit International.
    APSO, le 29 juillet 2010.
    http://www.afrikabidon.com/

    Source : APSO, Amis du Peuple du Sahara Occidental, association française loi 1901

  • Clôture des troisièmes journées théatrales maghrébines : Le théâtre à la reconquête de son public

    Les troisièmes journées théâtrales maghrébines ont baissé rideau lundi avec un goût d’inachevé en raison d’une autre absence, celle, cette fois-ci, de la troupe libyenne du théâtre national de Benghazi, qui devait présenter « Images de mémoire » du réalisateur Aoudh El Fitouri.

    La première défaillance, pour rappel, était celle de la deuxième pièce de Abdelmadjid Fennich « Kaoualisse Shehrazad ». Ces lacunes ont entaché les journées déjà entamées par une faible participation des pays du Maghreb. Le public n’aura, en fin de compte, profité que de trois représentations étrangères, deux tunisiennes et une marocaine, ce qui fera dire à Khaled Bouali, universitaire et auteur dramaturge, que « ces journées n’ont rien de maghrébin, car le Maghreb, précise-t-il, comprend également le Sahara occidental ». La grande conquête de cette manifestation aura été sans conteste le public. Le théâtre régional de Batna, durant les 14 journées, n’a pas seulement désempli, mais a enregistré, à chaque soirée, plusieurs personnes qui sont restées à l’extérieur faute de places, et c’est à juste titre qu’un spectateur a été choisi et gratifié pour son assiduité, geste qui a été longuement applaudi. L’organisation était presque parfaite, abstraction faite de quelques petits désagréments causés par une panne de la climatisation une soirée ou deux, d’autant plus que ces journées ont coïncidé avec une période de grande canicule, ce qui a fait un peu souffrir, faut-il le signaler, les comédiens. Autre ennui de ces journées, et pas des moindres, la scène, dont se sont plaint toutes les troupes. En effet, cette dernière, comme nous l’avions déjà signalé dans ces colonnes, ne répond pas aux normes du théâtre professionnel, ce qui a poussé presque l’ensemble des troupes à adapter leur décor en fonction de l’espace disponible.
    Moez Hamza, auteur et réalisateur de la pièce « Khouyout El Aâchka » (Les fils de l’amour, ndlr), une adaptation de l’œuvre d’Alejandro Casona, dira que les dimensions non conformes de la scène ainsi que les faibles moyens de l’éclairage ne lui ont pas permis d’exploiter la lumière telle qu’il le voulait, et de préciser : « L’éclairage nous a posé beaucoup de problèmes au point où nous étions obligés d’éliminer plusieurs découpes. » Ceci en ce qui concerne le côté organisation et moyens. Sur le plan des prestations artistiques tout s’est bien déroulé, mis à part le ratage de la nouvelle production du théâtre régional de Skikda, « Khayal E’dhal » (silhouette de l’ombre), écrite par Salim Souhali et mise en scène par Chawki Bouzid, en raison des conditions de préparation. « Le montage de la pièce a été fait en un mois et cinq jours », nous a confié Chawki Bouzid confirmant à son tour le problème de la promiscuité de la scène qui l’a contraint à modifier le décor. Ce qu’il y a lieu de retenir de ces troisièmes journées théâtrales maghrébines ce sont la rigueur et la discipline dans la mise en scène ainsi que le sérieux irréprochable des comédiens tunisiens tant dans le jeu que dans la diction remarqués lors de la représentation de « Khouyout El Aâchka » par le Centre national des arts dramatiques et scéniques du Kef.
    El Watan, 29/7/2010

  • Collaboration algéro-américaine en matière de lutte antiterroriste: Cheval de bataille de la Maison Blanche

    Par : Massinissa Benlakehal, 28 Juillet 2010
    Entre Alger et Washington, il est désormais question d’assistance et d’appui mutuels en matière de lutte antiterroriste uniquement. Aucune autre forme de collaboration n’est envisagée. C’est du moins ce qu’a confirmé, lundi, Daniel Benjamin, le coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat américain lors d’une conférence tenue au siège de l’ambassade US à Alger. Le volet assistance et appui, sur lequel s’appuie l’administration Obama, dans son combat contre le terrorisme international, notamment avec notre pays, semble être le cheval de bataille des Américains. Il est à s’interroger, toutefois, si cette méthode qui n’est qu’une forme de semence dont la récolte future, ouvrira les portes pour l’implantation de troupes militaires dans la région sous quelques prétextes soient-ils. La preuve en a été donnée à maintes reprises et les Américains n’en sont pas à leur première bavure en la matière. Les guerres engagées dans différentes places du monde, notamment en Afghanistan ou en Irak pour ne citer que celles-là, sont un bon exemple pour illustrer cela. Pour l’instant, selon notre conférencier, « aucun pays n’a émis la requête d’entreprendre une quelconque opération commune dans la région », a-t-il fait entendre. « Nous sommes ici pour créer des partenariats et pour fournir notre assistance et appui aux pays de la région en vue de les aider dans leur lutte engagée contre le terrorisme», a-t-il affirmé. Mais qu’en sera-t-il si ces pays en font la requête ?

    Pour le diplomate américain, l’Algérie est un pays leader et partenaire incontournable des Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme transfrontalier, en particulier dans la région du Sahel. « L’Algérie demeure un partenaire essentiel engagé pleinement dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité sous toutes ses formes», a-t-il estimé. Elle est à la pointe de la lutte contre la criminalité transnationale. Il a également fait l’éloge des relations entre les deux pays, reconnaissant de ce fait, l’intérêt américain à tirer profit de l’expérience algérienne dans ce domaine. Se trouvant à Alger depuis dimanche pour une visite de trois jours, le diplomate américain s’est donc contenté de se restreindre à confirmer « l’engagement entier de son pays à apporter assistance et appui », principalement en matière de formation, à l’Algérie mais aussi à l’ensemble des pays du Sahel. L’engagement US, en la matière, se résume, selon lui, à un apport d’assistance, sans qu’aucun appui militaire ne soit envisagé.
    Le Midi Libre

  • Rédouane Masmoudi: «Je souhaite que l’Algérie soit le modèle d’une démocratie musulmane»

    Rédouane Masmoudi, politologue américain d’origine tunisienne : «Je souhaite que l’Algérie soit le modèle d’une démocratie musulmane»
    ntervenant, hier, au Centre des études stratégiques d’Ech-Chaâb à Alger, sur le thème « L’avenir des relations entre les Etats-Unis et le Monde musulman », le chercheur américain a émis le vœu de voir un jour l’Algérie devenir « le modèle d’une démocratie musulmane dans le Monde arabe », comme l’est à présent la Turquie pour les pays musulmans.
    Le politologue américain d’origine tunisienne, Rédouane Masmoudi, a estimé que les relations entre les Etats-Unis et le Monde arabo-musulman s’améliorent de plus en plus, bien qu’il reste un long chemin à parcourir pour bannir l’animosité réciproque née des événements du 11 septembre 2001. Intervenant, hier, au Centre des études stratégiques d’Ech-Chaâb à Alger, sur le thème « L’avenir des relations entre les Etats-Unis et le Monde musulman », le chercheur américain a émis le vœu de voir un jour l’Algérie devenir « le modèle d’une démocratie musulmane dans le Monde arabe », comme l’est à présent la Turquie pour les pays musulmans. Cependant, l’intervenant a suscité une vive polémique parmi les présents en louant les « avancées » accomplies par Barack Obama dans le rapprochement entre les Etats-Unis et le Monde musulman, après seulement une année et demie de règne. Rédouane Masmoudi a évoqué pour étayer ses propos « le discours historique » du Caire prononcé par le Président américain au lendemain de son intronisation, les promesses faites de fermer la prison de Guantanamo et de bannir toutes formes de torture, l’appel au dialogue, la désignation du libanais Georges Mitchell en tant qu’envoyé spécial au Moyen Orient et les pressions sur Israël pour cesser sa politique expansionniste en Palestine. Ce qui n’était pas pour plaire à la majorité de l’assistance, entre autres Abdelaziz Belkhadem, qui a noté que « le discours a changé certes, mais le fait politique n’a pas suivi ». Loin d’abdiquer, le conférencier a appelé à « représenter les vraies valeurs de l’Islam qui sont universelles, et inculquer la culture de liberté dans le culte ». Le chercheur américain voit en Obama une opportunité inouïe pour améliorer les relations entre les deux parties, en œuvrant sans relâche à la promotion de la démocratie, la vraie, sans se départir des principes fondateurs de la religion islamique. Une façon d’entretenir un dialogue permanent, car « le conflit des civilisations est injustifiable », selon lui, à même d’expliciter le vrai visage de l’Islam aux américains, qui s’y opposent foncièrement depuis les fameux événements de 2001.
    Pour l’illustration, Rédouane Masmoudi a rappelé les résultats d’un sondage effectués aux Etats-Unis en 2009 qui a démontré que 56% des Américains pensent que l’Islam incite à la violence, alors qu’ils n’étaient que de 14% en 2002. C’est dire toute l’évolution négative des relations entre les Etats-Unis et le Monde musulman, d’où l’urgence d’œuvrer à rééquilibrer les choses, a longuement plaidé le conférencier.

    Le Midi Libre, 28/7/2010

  • Sarkozy, le Sahel ou l’art de la diversion

    Par Hassane Zerrouky
    En difficulté sur le plan interne, Nicolas Sarkozy est prêt à s’accrocher à n’importe quelle branche pour peu que cela ralentisse sa chute dans les sondages.
    Fragilisé par certaines affaires comme l’affaire Bettencourt, un chômage en hausse, une dette publique abyssale, le président français essaie d’allumer plusieurs contre-feux pour parer aux menaces pouvant compromettre sa réélection en 2012. Au début du mois de juin dernier, avant que les scandales touchant certains de ses ministres ne le rattrapent, il a d’abord parié sur un succès de l’équipe de France lors du Mondial sud-africain. Mal lui en a pris vu la mauvaise image donnée par cette équipe en Afrique du Sud. Réagissant au quart de tour, il a dès lors essayé de récupérer le mécontentement populaire contre ce fiasco recevant Thierry Henry à l’Elysée, avant d’exiger que des mesures radicales soient prises. Ainsi, pendant quelque temps, la crise de l’équipe de France a meublé l’actualité. C’est devenu un évènement national. Mais peu importe, pour le pouvoir politique, l’essentiel étant de détourner quelque peu l’attention de l’opinion publique française des scandales éclaboussant le sommet de l’Etat français. Après le football est survenue la mort de ce jeune braqueur à Grenoble, tué par la police dans des circonstances non encore élucidées. Les émeutes qui s’en sont suivies ont fait la Une des médias. A quelques jours d’intervalle, surgissait une seconde affaire : la mort d’un jeune gitan tué par des gendarmes à Saint- Aignan dans le département du Loir-et-Cher. Mort qui a provoqué une réaction violente des gens du voyage (gitans). Deux affaires, puissamment relayées par des médias proches de la droite française, qui tombaient à point nommé pour un pouvoir politique en très grande difficulté, et qui vont faire l’actualité pendant plusieurs jour, faisant passer au second plan l’affaire Bettencourt et le scandale du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007. Il n’en fallait pas plus pour que le chef de l’Etat français décrète que ces deux faits sont autrement plus graves que l’affaire Bettencourt, allant jusqu’à consacrer un conseil des ministres essentiellement aux Roms originaires de l’Europe de l’Est transformés en nouveaux boucs émissaires ! Et ce n’est pas fini. Voilà que se profile à l’horizon l’affaire Michel Germaneau, l’otage français assassiné par ses ravisseurs islamistes. Or, cet homme était aux mains de l’ex- GSPC depuis déjà plusieurs mois sans que cela suscite un quelconque émoi. Il n’en reste pas moins qu’en évoquant son sort le 12 juillet dernier, le chef de l’Etat français cherchait sans doute à préparer l’opinion à un évènement majeur. Avec le feu vert de l’Elysée, une opération militaire est montée pour le libérer. Nicolas Sarkozy pariait fortement sur la libération de l’otage afin de redorer son blason. Or l’opération a tourné au fiasco. L’otage a été exécuté par ses ravisseurs. Mais au lieu d’assumer cette réalité, c’est tout juste si la France ne s’est pas défaussée sur l’allié mauritanien. Au lendemain de cette tragique affaire, cherchant à rattraper le coup, Nicolas Sarkozy affirme que ce crime ne restera pas impuni et que la lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique va se renforcer. Comment ? En intervenant directement au Sahel ? Une chose est sûre : pour enrayer la chute de sa popularité en vue de l’élection présidentielle de 2012, le président français semble prêt à tout. De ce fait, une opération coup-depoing au Mali avec l’aval des autorités maliennes n’est pas à exclure. Et si cela ne suffisait pas, rien n’exclut que la prochaine étape sera l’affaire des moines de Tibhirine. Le film sur la mort des moines qui sortira en septembre sera peut-être l’occasion de redéterrer cette affaire. Et pour le chef de l’Etat français d’en dire de nouveau quelques mots comme il l’avait déjà fait lorsqu’il avait pointé un doigt à peine accusateur en direction des militaires algériens ! 
    Le Soir d’Algérie, 29/7/2010
  • La majorité des pays n’a pas reconnu l’indépendance du Kosovo

    Par Kamel Boudjemil
    Philippe Moreau Defarges. Chercheur à l’Institut français de relations internationales : La majorité des pays n’a pas reconnu l’indépendance du KosovoLa Cour internationale de justice a estimé, hier, dans un avis consultatif rendu à la Haye, que la déclaration d’indépendance du Kosovo n’a pas violé le droit international. Juste avant cette déclaration, El Watan Week-end a contacté un expert.

    Cet avis était très attendu, particulièrement par les groupes minoritaires et organisations séparatistes qui vont y chercher un précédent légal pour asseoir leurs revendications. Qu’en pensez-vous ? Tout d’abord, il est important de dire que c’est un avis. Ce qui veut dire qu’il est juridiquement non contraignant. Il est fourni et constitue une analyse juridique du dossier, sur lequel le deux parties ont des avis totalement divergents. Ensuite, il est certain que, comme l’avis consultatif sur le Sahara occidental, cet avis sera prudent et balancé. Il prendra en compte les liens historiques entre la Serbie et Kosovo et le fait que le Kosovo fasse partie de la République serbe. Il prendra aussi en compte le droit du Kosovo à prendre en main son propre destin. Ce qui donnera du grain à moudre à tout le monde.

    Est-ce que cet avis consultatif, repris par les organes des Nations unies, pourra jouer en faveur de la reconnaissance totale de l’indépendance du Kosovo ?

    Tant que nous n’avons pas analysé le contenu de l’avis, on ne peut rien dire. Mais compte tenu du fonctionnement de la Cour internationale de justice, elle donnera un avis ouvert, en reprenant les deux points de vues. L’ONU ne donnera pas d’aspect contraignant à cet avis, ce n’est pas sa pratique. Les 192 membres sont très divisés sur la question. A ce jour, 69 pays ont reconnu l’indépendance du Kosovo, ce qui veut dire que la majorité ne l’a pas reconnue. La communauté des Etats membres est donc très divisée sur la question. Il sera très difficile que le Conseil de sécurité ou que l’Assemblée générale adopte un texte juridiquement contraignant.

    A l’image de l’avis consultatif rendu sur le Sahara occidental en 1975, celui-ci peut-il donner une base de revendication plus forte aux Kosovars ?

    Ce qui est sorti de l’avis de 1975, c’est qu’il fallait demander aux Sahraouis comment ils voulaient prendre en main leur destin. Veulent-ils être indépendants, rattachés au Maroc ou bien devenir autre chose ? Cela implique la mise en place d’un référendum qui n’a jamais eu lieu. Le cas du Kosovo est plus compliqué. Un référendum a déjà eu lieu, dont le résultat a été la volonté d’indépendance des Kosovars. La Serbie, rappelons-le, est composée à 90% d’Albanais et redemander un référendum, c’est déjà prendre partie, puisqu’on en connaît déjà la réponse positive. La demande d’un référendum ne peut que déplaire à la Serbie. Cet avis a été provoqué par cette dernière, à travers lequel elle veut voir reconnue l’appartenance historique du Kosovo à la Serbie. Ce qui n’a aucune chance d’aboutir. L’avis ne peut que confirmer la volonté des Kosovars à disposer d’eux-mêmes.
    El Watan, 23/7/2010

  • Le prêche dans le vide de Tabbou

    Il faut être vraiment à court d’idées et d’arguments pour utiliser la question de l’ouverture des frontières algéro-marocaines comme prétexte pour tirer de nouveau sur le pouvoir et tenter par-là même de séduire par un discours populiste dépassé. Malheureusement, Karim Tabbou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a ni réussi à séduire ni à convaincre. Le numéro deux du FFS a donc prêché dans le vide. Pourtant, Tabbou qui s’est taillé une réputation d’un homme franc qui n’a pas froid aux yeux, aurait bien fait d’aborder la question sahraouie
    et les humiliations que subissent les militants et les militantes du Front Polisario, chaque jour que Dieu fait, d’autant que le sujet est toujours d’actualité. Il a préféré tirer de nouveau sur l’Algérie en l’accusant d’être responsable de cette fermeture des frontières. Difficile d’être d’accord avec lui comme il est difficile d’accepter les faux arguments qu’il présente. L’affaire des frontières, puisque aux yeux de Tabbou, c’est bel et bien
    une affaire, n’est que la partie apparente de l’iceberg. Il existe trop de divergences aujourd’hui entre l’Algérie et le Maroc, la plus connue, la plus banale et la plus importante reste évidemment la question du Sahara occidental et le principe d’autodétermination du peuple sahraoui que le Maroc refuse catégoriquement. S’il existe bien un pays qui empêche la construction du Maghreb, il est évident que c’est le Maroc. Il faut être
    vraiment de mauvaise foi pour le nier. Et bien c’est ce qu’arrive à faire, avec une grande prouesse, Karim Tabbou, lui qui, visiblement, préfère sortir carrément du lot avec sa vision et sa vérité toute personnelle.