Mois : juillet 2010

  • BOUTEFLIKA-KISSINGER: Ce qu’ils se disaient en secret

    Que pouvaient bien se dire le tout-puissant secrétaire d’Etat américain «impérialiste» et le ministre algérien des Affaires étrangères dont la capitale, à l’époque, assumait sa qualité de «Mecque des révolutionnaires », à une époque où la guerre froide atteignait son paroxysme ? C’est ce que révèlent les documents déclassifiés par la CIA en 2006, faisant partie des 92 000 pièces mises en ligne la semaine passée par le site Wikileaks.
    Les 15 pages publiées et classées «Secret» par les services américains, restituent les minutes d’une rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères dans la capitale française. Les sujets abordés sont, dans l’ordre, la Conférence internationale sur l’ordre économique mondial (cheval de bataille de Houari Boumediène à l’époque), l’Angola encore sous occupation portugaise, le Moyen-Orient et, inévitablement, le Sahara occidental (Sahara espagnol, selon la terminologie américaine).
    La conversation a lieu dans la résidence de l’ambassadeur américain à Paris, un mercredi, le 17 décembre 1975, autour du petit-déjeuner. Côté algérien, Mohamed Bejaoui, alors ambassadeur en poste dans la capitale française, est présent en qualité d’assistant du ministre algérien des Affaires étrangères, M. Bouteflika. Côté américain, sont présents M. Sabbagh, interprète de Henry Kissinger, l’ambassadeur Jidda et Peter W. Rodman du «National Security Council des Etats-Unis (NSC). Abdelaziz Bouteflika, qui représentait l’Algérie dans une conférence sur la coopération économique, tenue à Paris en ce décembre de l’année 1975, une conférence qui serait le couronnement du fameux discours prononcé par feu Boumediène devant l’assemblée générale des Nations unies en 1974 et durant laquelle il a surtout plaidé pour un nouvel ordre économique mondial, plus juste soit-il, est reçu, en marge de cette conférence, par son homologue américain pour une entrevue qui a duré près d’une heure et demie (de 8h05 à 9h25).
    Les deux diplomates se croiseront plus tôt dans le couloir donnant sur la salle à manger de la résidence de l’ambassadeur américain à Paris, sise au 41, rue du Faubourg St. Honoré. «Enfant terrible !» lance, en français, le Dr Kissinger en direction du ministre algérien. Plus âgé que son interlocuteur de 14 ans, Kissinger, l’un des monstres sacrés de la diplomatie mondiale, sait qu’il peut se permettre ce genre d’«écart» au langage diplomatique. L’entrée des photographes, venus immortaliser cette conviviale rencontre, interrompt la conversation pendant un moment et le groupe se dirige ensuite vers la salle à manger, précise le rédacteur du document qui en arrive même à restituer l’ambiance régnant autour de la table.
    «Quelles sont les questions les plus pressantes que nous devons discuter ?», demande Kissinger. «Comme vous voulez», répondra Bouteflika. Kissinger se tourne alors vers son interprète pour évoquer leur interlocuteur du jour «Lorsque je l’ai rencontré, il était révolutionnaire. Maintenant, c’est un diplomate révolutionnaire». «Il est nécessaire parfois, durant une vie, de changer de parcours après la fin de l’étape précédente », réplique Bouteflika. Kissinger demande alors à discuter d’abord de la conférence de Paris, sans fermer la porte aux autres sujets sur lesquels il souhaite connaître l’analyse des Algériens, tout en signifiant d’emblée à son vis-à-vis que son gouvernement ne pourra pas faire grand-chose pour le règlement du conflit au Sahara occidental.
    Evoquant la conférence en cours à Paris, Kissinger souhaite savoir si Bouteflika n’a pas trouvé son discours «un peu agressif». «C’était agressif, mais pas trop», réplique en riant le ministre algérien qui note, cependant, une «évolution» dans la position américaine qui a, désormais, le mérite d’être plus «claire». Kissinger : «Parlons du Sahara ! Vous devriez savoir que nous ne ferons pas de pression sur l’Espagne pour une solution particulière. En fait, nous essayons de dissuader le Roi (Hassan II), de marcher dedans». Et de rigoler : «Avez-vous entendu ce que Moynihan* a dit ? Il a dit que si les Russes prennent la relève au Sahara, il y aura aussitôt pénurie de sable (rires). Franchement, nous voulons rester en dehors de ce problème. Ce n’est pas héroïque de s’y engager». Bouteflika : «Si nous voulons aborder correctement le problème, nous sommes obligés de parler franchement. Ce problème du Sahara est un précédent dans le monde et c’est un problème important, y compris pour le Moyen-Orient».
    «Pourquoi le Moyen- Orient ?», interroge Kissinger. Bouteflika : «S’il y a un accord entre l’Egypte, la Syrie, la Jordanie et Israël, pensez-vous, pour autant, que les autres arabes vont abandonner les Palestiniens ? C’est le même problème. Vous ne pouvez pas abandonner le peuple sahraoui comme vous ne pouvez pas le faire pour celui de la Namibie. Nous avons le Maroc et la Mauritanie réunis qui envisagent de le coloniser, alors qu’il y a décision de la Cour internationale de justice». «C’est ambigu !», tranche Kissinger. «Non, la Cour a examiné le problème dans ses détails et a tranché pour une solutions pacifique», assène Bouteflika.
    Kissinger : «Je ne sais ce que pourrait signifier l’autodétermination pour le Sahara. Je le comprends pour les Palestiniens, mais c’est un problème un peu différent ».
    «La population du Qatar n’est pas plus importante», cite, en exemple, Bouteflika. «Mais, ils ont un Cheikh, un Etat indépendant», ironise Kissinger. «Mais il peuvent être indépendants quand même. Etes vous déjà allé à Dubaï ?», demande Bouteflika.
    «Non, le service chargé de ma protection pense que mon accueil va être tellement enthousiaste qu’ils ne me relâcheront pas. (Rire)», rigole le secrétaire d’état.
    «Je pense que ni les uns ni les autres -ceux qui vous encouragent ou ceux vous découragent d’y aller- n’ont raison de le faire. Mais, je vous assure que ce sont des pays qui valent la peine d’être vus».
    Kissinger met fin à cette digression :
    «Qu’est-ce qui va se passer au Sahara ?».
    Bouteflika :
    «Je voudrais savoir si vous proposez une solution parce que c’est important».
    – «Quelle solution ?».
    Bouteflika :  «Il n’y en a qu’une de possible. C’est une question de principe. faut qu’il y ait référendum et l’Algérie en acceptera les résultats. Que les Sahraouis optent pour le Maroc, la Mauritanie, ou l’indépendance, il n’y aura aucun problème pour l’Algérie.»
    «Peut-on organiser le référendum pendant que les Marocains sont-là ?», lancera Kissinger. «Il faut seulement qu’il y ait des garanties. Il ne peut y avoir de référendum sous les baïonnettes et on ne peut l’organiser sous la coupe des Espagnols parce qu’ils sont partis», soulignera Bouteflika.
    Kissinger : «Les Mauritaniens aussi sont là. Vont-ils le partager (le Sahara, Ndlr) entre eux, tous les deux ?». Bouteflika : «Peut-être, mais le problème est plus compliqué que ça et a plusieurs aspects. Un aspect politique, un aspect économique et un aspect ayant trait à la souveraineté. Il est exclu que le Maroc suivra la CIJ ou l’ONU. L’un des juges m’a dit que c’est une question de survie pour la monarchie. Il me l’a dit à la Haye». La révélation de discussions entre Bouteflika et un juge de la Cour fait réagir le secrétaire d’Etat : «Citez-moi le nom d’une seule institution internationale que vous n’avez pas infiltrée ?». Bouteflika, du tac au tac, : «Il en est de même pour les Etats-Unis». Kissinger préfère revenir à son affirmation initiale :«Je le répète, nous n’avons aucun intérêt là-dedans ».
    Le ministre algérien revient à la charge : «Parlons ouvertement, êtes vous derrière ce problème ?» ce qui, visiblement, agace Kissinger : «C’est plutôt vous qui êtes derrière !» Bouteflika s’explique : «Nous estimons que votre position est des plus importantes. Votre presse : Newsweek, The New York Times…, a été très objective dans son traitement de la question et nous estimons que les Etats-Unis pouvaient stopper la Marche verte. Ils étaient en mesure de la stopper ou de la favoriser ».
    «Ce n’est pas vrai !», coupe Kissinger. Bouteflika persiste : « la France agit de manière grossière. Manque de délicatesse, de subtilité. Bourguiba, Senghor… qu’est-ce qui reste de son influence ? Bongo… aucune finesse, aucune imagination. Êtes-vous dans cette situation ? Mais il ya les sentiments, et nous sommes très affectés par ce que nous considérons que votre position est anti-algérienne. » Kissinger : «Nous n’avons pas de position contre l’Algérie. La seule question était de savoir ce que ça risquait de nous coûter. Pour empêcher la marche verte, devions-nous rompre complètement nos relations avec le Maroc, lui imposer un embargo ?». Bouteflika : «Vous pouviez le faire, vous pouviez lui couper l’aide économique et l’aide militaire. » Kissinger : «Mais, ça aurait pu ruiner nos relations avec le Maroc.» «Non, le roi du Maroc ne veut pas tomber dans les bras des Soviets», répond Bouteflika.
    – «Mais, nous n’avons pas d’intérêts au Sahara».
    – «Vous avez des intérêts en Espagne et au Maroc».
    – «Et en Algérie !». – «Et vous favorisez l’un d’entre ces pays».
    – «Je ne pense pas que nous favorisons un camp sur l’autre. Nous essayons juste de rester loin du conflit».
    – «Votre rôle ne peut être marginal ou dépourvu d’intérêts parce que vous coopérez militairement avec le Maroc. Donc, vous ne pouvez rester neutre entre le Maroc et l’Algérie. Je comprends plutôt que vous n’êtes pas neutre ou que, du moins, vous favorisez le Maroc». Kissinger prend alors son interprète à témoin : «Tu traduis comment ? le ministre se plaint de quoi ? En quoi nous n’avons pas favorisé l’Algérie ? pour pouvoir nous aligner sur sa position, il faudrait renier complètement la nôtre». «Peut-être qu’il serait plus simple de prendre le principe d’autodétermination comme point de départ.
    Maintenant, nous avons affaire à un voisin qui a des frontières mobiles… avec la Mauritanie, avec le Niger et avec l’Algérie. Des frontières mobiles. Après dix ans, nous venons d’accepter la Mauritanie dans la région. Si le Maroc occupe ce pays avec un minimum de légalité, cela constituera un précédent grave. Et si, dans la région, il y avait un tel précédent de violation des frontières, il y aura inévitablement risque de conflit. Il n’est pas trop tard pour que vous aidiez à trouver une solution. Il faut un maximum de garanties pour l’organisation du référendum des Nations unies et l’Algérie acceptera le résultat. Ni la CIJ, ni l’ONU ne reconnaissent des droits au Maroc ou à la Mauritanie». Kissinger se montre, enfin, un peu conciliant : «Laissez-moi réfléchir et je vous contacterai par le biais de notre ambassadeur… A propos, quand allez-vous nous désigner un ambassadeur à Washington ?».
    Bouteflika : «Effectivement, votre remarque est pertinente. Nous allons désigner quelqu’un au début de l’année. En fait, il est dans notre intérêt de choisir quelqu’un qui a le profil approprié. Et je vais régler le problème très rapidement». Kissinger rassure : «Je pourrais être plus utile s’il y a quelqu’un à Washington».
    – «Je vais trouver quelqu’un qui a l’envergure suffisante pour ce poste».
    – «Il sera bien reçu à Washington».
    – «C’est en bonne voie, nous y réfléchissons, Dr Kissinger.» L’algérien se montre encore plus conciliant : «Nous avons tissé de merveilleuses relations basées sur la coopération. Dans le domaine économique, elles sont formidables et nous ne l’oublierons jamais. Au plan politique, nous pourrions ne plus nous plaindre de la situation au Moyen-Orient».
    – «Non, vous êtes très coopératifs», réplique Kissinger. Bouteflika pousse alors l’offre algérienne un peu plus loin. «Si vous avez un problème avec Cuba, le Vietnam ou le Cambodge, nous vous aiderons avec plaisir. Discrètement…» Kissinger apprécie. «Nos hommes aux Nations unies ne comprennent souvent pas nos rapports, mais je reconnais que nous entretenons des relations très positives que j’apprécie beaucoup». Bouteflika insiste : «Nous sommes de vrais amis. Nous n’avons rien à cacher et nous ne manœuvrons pas. Rien que ce geste, de s’attabler avec vous, comme votre convive, l’indique bel et bien.» «Exactement, laissez moi examiner la question du référendum, surtout s’il ne requiert pas un retrait avant le scrutin», promet Kissinger. «Le retrait n’est pas une condition mais il faut aussi s’assurer qu’il y ait des garanties solides pour que le peuple sahraoui puisse décider librement. Vous savez qu’il pourrait y avoir des assassinats. Nous ne voulons laisser subsister aucun problème. Génocide…».
    -«Au Sahara ?», demande Kissinger.
    -«Affirmatif ! J’en suis certain. C’est un problème d’intérêts. Je ne comprends pas pourquoi les Mauritaniens veulent des frontières comme ça, tout comme je ne comprends pas pourquoi l’Algérie effraye autant.»
    – «Nous n’avons pas joué un rôle très actif parce que nous avons assez de problèmes pour nous aventurer sur un autre front. Mais, je vais l’examiner, je vais m’y pencher».
    – «J’ai l’impression que vous ne voulez pas d’un nouvel Etat dans la région».
    – «S’il se développe, nous l’accepterons, comme nous l’avons déjà fait pour la Guinée Bissau ou le Cap Vert», promet Kissinger.
    – «Il recèle d’immenses richesses et dans 10 à 12 ans, il deviendra le Kuwait de la région», affirme l’Algérien.
    – «Mais, nous ne nous y opposons pas. Nous n’avons pas un intérêt particulier».
    – «Il est important que l’équilibre de la région soit maintenu. Je ne pense pas que vos intérêts s’accommodent du désordre».
    – «Je suis d’accord avec vous», certifie le secrétaire d’Etat.
    Le ministre algérien passe alors à autre chose et sonde son interlocuteur. «J’étais étonné de voir la France et la Tunisie travailler ensemble comme forces méditerranéennes. Avec les problèmes du Moyen-Orient, de Chypre, et ceux qui existent au Maghreb, parler de la Méditerranée relève plutôt de l’optimisme». Kissinger botte en touche : « En réalité, nous sommes inactifs dans cette région et nous évitons de prendre position pour un camp ou un autre. Nous ne vous avons pas aidés, nous ne l’avons pas fait pour le Maroc non plus. Laissez moi réfléchir à ce que nous pouvons faire. Je n’aime pas faire des promesses que je ne pourrais pas tenir». A l’initiative du secrétaire d’Etat américain, la discussion tourne alors autour de la guerre en Angola et du Moyen- Orient.
    Source: Le soir d’algerie
  • Alger renoue avec Bamako: L’après-raid franco-mauritanien au nord du Mali

    Par Salem Ferdi
    L’ambassadeur d’Algérie au Mali est de retour au moment où les médias français, visiblement orientés, insistent lourdement sur la faiblesse de la coopération entre les pays de la région du Sahel, comme pour justifier l’impératif d’une prise en charge externe de cette mission. Le raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier suscite toujours la polémique: des citoyens du nord du Mali accusent les armées française et mauritanienne d’avoir enlevé deux des leurs. L’Espagne continue de négocier la libération de deux Espagnols.
    Ayadi Noureddine, l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, a regagné son poste. Son rappel pour consultation, le 23 février dernier, était intervenu à la suite de la décision du gouvernement malien, après un simulacre de procès, de libérer quatre djihadistes – deux Algériens, un Burkinabé et un Mauritanien – en échange de la libération peu après par l’Aqmi de l’otage français Pierre Camatte, enlevé le 26 novembre 2009. La décision malienne, intervenue après de fortes pressions françaises, a suscité la colère d’Alger qui avait qualifié la mesure de «développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste agissant dans la région sous la bannière d’Al-Qaïda». Dans l’affaire du dernier raid, le Mali a été totalement tenu dans l’ignorance par le gouvernement français. Sa capacité à s’indigner publiquement de l’affront subi étant pratiquement nulle, le président malien Amadou Toumani Touré a dit son «souhait» au ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, d’une meilleure «coordination des opérations contre Aqmi». Le thème de l’absence de «coordination» est depuis servi comme une explication et justification du raid raté au nord du mali qui a fait 7 morts parmi les membres de l’Aqmi et qui a sans doute scellé le sort de l’otage français Michel Germaneau.
    «Coordination»
    Cette «absence de coordination» – qui avait reçu un coup avec la libération des terroristes par le Mali – est devenue un thème récurrent, une quasi-campagne en faveur d’une implication étrangère dans la région. Le retour de l’ambassadeur algérien à Bamako vise sans doute à tourner la page avec le Mali qui constate qu’il n’est pas forcément bien traité. Il s’agit aussi de renouer – si tant est qu’ils aient vraiment cessé – les liens avec un pays où se trouve le gros des troupes de l’Aqmi. Le but est sans doute de relancer une coopération régionale dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme dans la région du Sahel. Les termes de l’enjeu n’ont pas changé: une coopération entre les pays concernés dispose d’une légitimité claire alors qu’une intrusion externe, occidentale pour être précis, risque de servir d’argument d’attraction pour les djihadistes. En Mauritanie, où l’opposition a critiqué une guerre par «procuration» menée par le gouvernement de Nouakchott, le ministre de la Défense se défend en affirmant que son pays menait son propre combat et non celui des autres. Le raid sur le nord du Mali n’en finit cependant pas de faire des vagues. Une communauté arabe du nord du Mali a porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour «enlèvement de deux civils maliens».
    «Nous avons porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour enlèvement et séquestration de deux civils, tout juste après l’attaque d’un campement dans le nord-ouest du Mali», a déclaré à l’AFP Sidy Mohamed Ould Mohamed, un élu municipal de Tombouctou, membre de la communauté arabe de cette région. «Quand les militaires français et mauritaniens sont arrivés dans le campement, après avoir tué ceux qu’ils cherchaient, ils sont allés dans un petit campement pour arrêter, séquestrer et enlever deux civils qui sont Ckeikna Ould Bolla et Rabah Ould Bammoshi», a ajouté M. Ould Mohamed au nom de sa communauté. «Ce sont des civils innocents qui ont été enlevés. C’est arbitraire. On exige leur libération».
    L’Espagne mène des «négociations complexes»
    Le ministère français des Affaires étrangères a réagi à cette plainte en affirmant que personne n’a été détenu à l’issue de l’opération franco-mauritanienne menée le 22 juillet contre un camp d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Aucune personne n’a été détenue à l’issue de l’opération mauritanienne du 22 juillet contre Aqmi à laquelle la France a apporté un soutien logistique et opérationnel», a affirmé le porte-parole du ministère, Bernard Valero, au cours d’un point de presse. L’Espagne assure maintenir tous les contacts et les négociations pour tenter de libérer les deux otages catalans – qui seraient détenus par le groupe de Belaouar – et qui auraient été déplacés après le raid franco-mauritanien au nord du Mali. Des sources au gouvernement espagnol insistent sur la nécessaire «prudence» et à la «patience» dans des négociations «très complexes».
  • Sahara Occidental: Délire royal

    par Yazid Alilat
    Au lendemain des chaleureuses félicitations du Président Bouteflika, la célébration du 11e anniversaire de son accession au Trône a été, une fois de plus, une occasion propice pour le jeune monarque marocain de réaffirmer son attachement à bafouer les lois élémentaires autant du bon voisinage que celles du respect des peuples à disposer d’eux-mêmes. Hier vendredi, le Roi Mohamed VI a martelé que le Maroc est toujours décidé à s’approprier le territoire du Sahara Occidental. Mohamed VI revient ainsi sur la proposition marocaine relative à une large autonomie au Sahara Occidental, qu’il avait présentée comme sa solution pour régler le conflit avec le Front Polisario, aux négociations de Manhasset. «Il s’agit, en effet, d’une initiative audacieuse qui demeure une proposition réaliste, innovante et consensuelle, et qui vise à trouver une solution définitive à ce différend régional, dans le cadre de l’ONU», a-t-il affirmé dans son discours du trône, ajoutant que le Maroc est disposé «à continuer à soutenir les efforts de l’Organisation onusienne, de son Secrétaire général et son Envoyé personnel». Il précisera, en outre, qu’ «en tout état de cause, le Maroc continuera à défendre sa souveraineté, son unité nationale et son intégrité territoriale, avec la détermination de ne pas renoncer au moindre pouce de son Sahara». Le ton est clair, la volonté également d’occuper indéfiniment le Sahara Occidental, et d’en spolier son peuple de toute liberté.
    Le discours du monarque marocain, en fait, ne surprend pas. Il reste fidèle à cette logique politiquement suicidaire au regard des défis qui attendent la région maghrébine. Car s’il s’obstine à refuser tout droit au peuple sahraoui de s’exprimer sur son avenir, il commet cependant cet impair diplomatique d’accuser cette fois l’Algérie d’être derrière le blocage des résolutions pertinentes des Nations unies pour trouver une issue démocratique au conflit. Selon lui, il faudrait que «l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’Histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain». Avant de suggérer «qu’elle (l’Algérie, ndlr) renonce à ses manoeuvres désespérées visant vainement à torpiller la dynamique enclenchée par (…) l’initiative d’autonomie pour nos provinces du sud». Pour le roi du Maroc, il ne fait ainsi aucun doute qu’Alger est derrière le blocage de l’intégration du Sahara Occidental à la carte géographique du Maroc. Il est clair que, devant l’impasse dans laquelle la politique d’occupation prônée par le palais royal a plongé le dossier de décolonisation au Sahara Occidental, depuis 1975, Rabat cherche à se justifier aux yeux de l’opinion internationale. Radicalisant son discours, Mohamed VI ajoutera que le palais royal va dorénavant, mettre le Sahara Occidental «en tête des bénéficiaires du processus de régionalisation avancée». Le même discours, élaboré pour doper le nationalisme de l’opinion publique marocaine, même en montrant un pays voisin comme une entité menaçante pour la sécurité du pays, le Maroc, selon Mohamed VI déploiera»des efforts accrus pour la levée du blocus imposé à nos citoyens dans les camps de Tindouf, et pour leur permettre d’exercer leur droit légitime au retour à la mère patrie pour y retrouver leurs familles et leurs proches, conformément aux conventions internationales pertinentes.» Ce que ne dit pas le souverain marocain, c’est cette propension du makhzen de considérer le Sahara Occidental et son peuple comme des sujets d’une monarchie en perte de vitesse dans ses fondements par rapport à un monde dorénavant débarrassé du concept éculé et dégradant du colonialisme.
    Mieux, ce discours, après celui sur l’anniversaire de la fameuse «Marche Verte» où des dizaines de milliers de Marocains ont été payés par le palais Royal pour occuper les villes du Sahara Occidental, alors évacué par l’Espagne, augure de difficiles négociations en perspective pour l’émissaire du SG de l’ONU pour ce dossier, le diplomate américain Christopher Ross. Comme il montre une fois encore, tout le ressentiment du makhzen et de la monarchie marocaine envers un pays voisin, qui n’est pas partie prenante au conflit, mais qui a juste montré, depuis longtemps, sa disponibilité à aider les parties impliquées dans ce dossier de décolonisation, à dépasser leurs divergences pour appliquer les résolutions pertinentes de l’ONU. Et de rester fidèle aux principes de sa glorieuse révolution. 
  • Aide almentaire aux réfugiés sahraouis : Le CRS déplore le déficit

    Par : Massinissa Benlakehal
    L’Algérie et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont signé, en juin dernier à Alger, une lettre d’entente régissant une assistance alimentaire de plus de 31 millions de dollars destinée aux réfugiés sahraouis.
    En dépit de la contribution de plusieurs pays donateurs au Programme alimentaire mondial (PAM), l’aide alimentaire acheminée vers les réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf reste insuffisante. A maintes reprises, les responsables sahraouis, notamment des membres d’associations d’aide ou du Croissant- Rouge, ont appelé les Nations unies à prendre au sérieux la question du déficit d’aide humanitaire destiné à la population de réfugiés sahraouis. Le fait est que l’aide internationale n’arrive plus en quantité suffisante, ce qui a conduit le Croissant-Rouge sahraoui à tirer la sonnette d’alarme à plusieurs reprises. Plusieurs pays solidaires avec le peuple sahraoui continuent de contribuer, un tant soit peu, à l’acheminement des produits alimentaires de première nécessité. Le dernier en liste est le Brésil, qui, la semaine dernière, a fait un don de 300 mille USD au profit des réfugiés, a fait savoir mercredi dernier le président du Croissant-Rouge sahraoui, Bouhbini Yahia. Cette contribution financière a été remise au PAM par le biais de l’ambassade brésilienne à Alger, a-t-il confirmé. « Cette contribution intervient suite à la visite effectuée aux camps de réfugiés sahraouis par l’ambassadeur du Brésil à Alger et à la tournée opérée par les représentants des pays donateurs en avril dernier », a-t-il indiqué à l’agence de presse sahraouie (SPS). Ces fonds alloués aux Sahraouis seront utilisés pour l’achat de produits de première nécessité, a indiqué, mardi passé, le ministère brésilien des Relations extérieures. Ces fonds, a-t-il souligné, permettront de «garantir la sécurité alimentaire des réfugiés sahraouis qui vivent dans les camps de Tindouf ». Pour rappel, l’Algérie et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont signé, en juin dernier à Alger, une lettre d’entente régissant une assistance alimentaire de plus de 31 millions de dollars destinée aux réfugiés sahraouis.
    La signature de cette lettre d’entente intervient dans le cadre de la poursuite de l’assistance alimentaire accordée par cette organisation onusienne aux réfugiés sahraouis et en application du ’’Programme d’intervention prolongée de secours et de redressement » adopté en mai dernier par la directrice exécutive du PAM.
    Le Midi Libre, 31/7/2010
  • Le Roi du Maroc accuse l’Algérie de torpiller le projet d’ « autonomie » qu’il propose pour la Sahara occidental

    Le Roi du Maroc, Mohamed VI, a vivement critiqué l’Algérie qu’il accuse de vouloir torpiller le projet d’autonomie que son pays propose pour le Sahara occidental. Dans un discours prononcé vendredi 30 juillet à l’occasion du 11èm anniversaire de son accession au trône, le souverain Maroc s’en pris violemment aux autorités algériennes. Depuis la fermeture des frontières entre les deux pays en 1994, le Maroc et l’Algérie entretiennent des relations tendues.
    Le roi de Maroc, Mohamed VI,  a accusé l’Algérie de « manœuvrer » et de « torpiller » l’initiative de l’autonomie que prose le Maroc pour le règlement du conflit sahraoui. » Dans son discours prononcé, vendredi 30 juillet, à l’occasion du 11èm anniversaire de son accession au trône,  le souverain alaouite a déclaré : « Nous entendons poursuivre les efforts de concertation et de coordination nécessaires pour approfondir nos relations bilatérales avec les Etats maghrébins frères. Ceci, en attendant que l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’Histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain, et qu’elle renonce à ses manœuvres désespérées visant vainement à torpiller la dynamique enclenchée par notre initiative d’autonomie pour nos provinces du sud». Mohamed VI a ajouté que son pays «continuera à défendre sa souveraineté, son unité nationale et son intégrité territoriale, avec la détermination de ne pas renoncer au moindre pouce de son Sahara ». Paradoxalement, il a assuré que le Maroc « réitère sa disposition  à continuer à soutenir les efforts de l’Organisation onusienne, de son Secrétaire général et son envoyé personnel».
    Les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, se sont engagées dans un processus de négociation sans condition sous l’égide de l’ONU depuis 2007, processus devant aboutir au  règlement du conflit sahraoui. Mohamed VI s’est montré très menaçant à l’égard de l’Algérie lorsqu’il a évoqué les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. « Nous déploierons des efforts accrus pour la levée du blocus imposé à nos citoyens dans les camps de Tindouf, et pour leur permettre d’exercer leur droit légitime au retour à la mère patrie pour y retrouver leurs familles et leurs proches, conformément aux conventions internationales pertinentes», a-t-il averti. Le discours du Sultan alaouite n’est pas pour apaiser des relations tendues entre Alger et Rabat. Bien au contraire, il est de nature à envenimer des rapports déjà marqués par des années d’hostilités et du coup retarder la construction d’un Maghreb commun. Depuis la fermeture des frontières en 1994, mais les deux pays voisins n’ont pratiquement jamais connu une période d’entente.
    DNA Algérie, 31/7/2010
  • Quand le roi du Maroc entretient l’amalgame

    Par : Amine Salama
    S’exprimant dans un discours à la nation à l’occasion du 11e anniversaire de son accession au trône, le roi Mohamed VI a affirmé que « le Maroc reste attaché à sa souveraineté ». Le juste soutien qu’apporte l’Algérie aux revendications du Front Polisario ne peut altérer la volonté de Rabat … d’aller à l’encontre des résolutions de l’Organisation des Nations unies.
    Dans l’affaire du Sahara Occidental, qui a toujours déteint sur ses relations avec l’Algérie, le royaume du Maroc s’éternise à s’enfermer dans une position figée. Celle qui consiste à faire porter le chapeau à son voisin de l’est alors que le dossier du Sahara Occidental, est-il besoin de le rappeler, est une question de décolonisation. Pourtant ce pays voisin persiste signe. Une attitude qui sonne comme une fuite en avant. « Le Maroc ne cédera pas un pouce de son Sahara » a encore une fois martelé, hier, le roi Mohamed VI qui apparemment, manque d’arguments quand il s’agit d’évoquer la question du Sahara Occidental. S’exprimant dans un discours à la nation à l’occasion du 11e anniversaire de son accession au trône, il a affirmé que « le Maroc reste attaché à sa souveraineté ». Comme chaque année donc en pareille circonstance, le roi du Maroc profère la même litanie et, en écorchant à nouveau l’Algérie, il ne fait que respecter une règle bien établie. « L’Algérie va à l’encontre de la logique historique » déclame Mohamed VI à l’adresse de ses sujets, comme pour dire que le juste soutien qu’apporte l’Algérie aux revendications du Front Polisario ne peut altérer la volonté de Rabat … d’aller à l’encontre des résolutions de l’Organisation des Nations unies (ONU). Car, en vérité, le roi persiste sciemment à faire dans l’amalgame en feignant d’oublier qu’en se prononçant en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui, l’Algérie ne fait que souscrire aux résolutions du conseil de sécurité de l’ONU alors que le Maroc fait le forcing depuis deux décennies pour se dérober à ces résolutions. Comme il fait tout pour faire capoter les négociations avec le Front Polisario en ne daignant accepter de discuter que de sa proposition relative à l’octroi d’une large autonomie pour ce territoire dans le cadre de la « souveraineté du Maroc ». Exit donc le libre choix des Sahraouis qui, eux, soutiennent mordicus leur droit à l’autodétermination. Dans cette éternelle fuite en avant du Palais royal, qui n’a pour unique objectif que de se soustraire à la volonté de la communauté internationale, l’attaque en règle contre l’Algérie est cruciale, notamment au plan interne. D’où les multiples faux pas du gouvernement marocain qui n’ont fait qu’altérer les relations entre les deux pays même si Rabat veut faire porter à l’Algérie l’entière responsabilité de cette détérioration des rapports. Sa majesté fait même campagne pour cela en pointant du doigt le refus d’Alger d’ouvrir les frontières terrestres entre les deux pays fermées sur décision d’Alger depuis 1994 suite à une situation qu’il n’est plus besoin de rappeler. L’Algérie, qui n’a pas réussi à convaincre son voisin de découpler le dossier des relations bilatérales de celui de la question du Sahara Occidental, pose comme préalable à l’amélioration des relations bilatérales l’indispensable nécessité de mettre à plat tous les dossiers en suspens. Alger a toujours fait montre de sa bonne volonté de raffermir ses relations avec Rabat. Pas plus tard qu’avant-hier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a réitéré cette disponibilité. Dans un message adressé au roi du Maroc à l’occasion du 11e anniversaire de son accession au trône, le chef de l’Etat réaffirme sa détermination « à hisser les relations bilatérales et à raffermir les liens de fraternité et de bon voisinage qui unissent nos deux peuples frères».
    Le Midi Libre, 31/7/2010
  • BOUTEFLIKA-KISSINGER: Ce qu’ils se disaient en secret

    Que pouvaient bien se dire le tout-puissant secrétaire d’Etat américain «impérialiste» et le ministre algérien des Affaires étrangères dont la capitale, à l’époque, assumait sa qualité de «Mecque des révolutionnaires », à une époque où la guerre froide atteignait son paroxysme ? C’est ce que révèlent les documents déclassifiés par la CIA en 2006, faisant partie des 92 000 pièces mises en ligne la semaine passée par le site Wikileaks.
    Les 15 pages publiées et classées «Secret» par les services américains, restituent les minutes d’une rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères dans la capitale française. Les sujets abordés sont, dans l’ordre, la Conférence internationale sur l’ordre économique mondial (cheval de bataille de Houari Boumediène à l’époque), l’Angola encore sous occupation portugaise, le Moyen-Orient et, inévitablement, le Sahara occidental (Sahara espagnol, selon la terminologie américaine).
    La conversation a lieu dans la résidence de l’ambassadeur américain à Paris, un mercredi, le 17 décembre 1975, autour du petit-déjeuner. Côté algérien, Mohamed Bejaoui, alors ambassadeur en poste dans la capitale française, est présent en qualité d’assistant du ministre algérien des Affaires étrangères, M. Bouteflika. Côté américain, sont présents M. Sabbagh, interprète de Henry Kissinger, l’ambassadeur Jidda et Peter W. Rodman du «National Security Council des Etats-Unis (NSC). Abdelaziz Bouteflika, qui représentait l’Algérie dans une conférence sur la coopération économique, tenue à Paris en ce décembre de l’année 1975, une conférence qui serait le couronnement du fameux discours prononcé par feu Boumediène devant l’assemblée générale des Nations unies en 1974 et durant laquelle il a surtout plaidé pour un nouvel ordre économique mondial, plus juste soit-il, est reçu, en marge de cette conférence, par son homologue américain pour une entrevue qui a duré près d’une heure et demie (de 8h05 à 9h25).
    Les deux diplomates se croiseront plus tôt dans le couloir donnant sur la salle à manger de la résidence de l’ambassadeur américain à Paris, sise au 41, rue du Faubourg St. Honoré. «Enfant terrible !» lance, en français, le Dr Kissinger en direction du ministre algérien. Plus âgé que son interlocuteur de 14 ans, Kissinger, l’un des monstres sacrés de la diplomatie mondiale, sait qu’il peut se permettre ce genre d’«écart» au langage diplomatique. L’entrée des photographes, venus immortaliser cette conviviale rencontre, interrompt la conversation pendant un moment et le groupe se dirige ensuite vers la salle à manger, précise le rédacteur du document qui en arrive même à restituer l’ambiance régnant autour de la table.
    «Quelles sont les questions les plus pressantes que nous devons discuter ?», demande Kissinger. «Comme vous voulez», répondra Bouteflika. Kissinger se tourne alors vers son interprète pour évoquer leur interlocuteur du jour «Lorsque je l’ai rencontré, il était révolutionnaire. Maintenant, c’est un diplomate révolutionnaire». «Il est nécessaire parfois, durant une vie, de changer de parcours après la fin de l’étape précédente », réplique Bouteflika. Kissinger demande alors à discuter d’abord de la conférence de Paris, sans fermer la porte aux autres sujets sur lesquels il souhaite connaître l’analyse des Algériens, tout en signifiant d’emblée à son vis-à-vis que son gouvernement ne pourra pas faire grand-chose pour le règlement du conflit au Sahara occidental.
    Evoquant la conférence en cours à Paris, Kissinger souhaite savoir si Bouteflika n’a pas trouvé son discours «un peu agressif». «C’était agressif, mais pas trop», réplique en riant le ministre algérien qui note, cependant, une «évolution» dans la position américaine qui a, désormais, le mérite d’être plus «claire». Kissinger : «Parlons du Sahara ! Vous devriez savoir que nous ne ferons pas de pression sur l’Espagne pour une solution particulière. En fait, nous essayons de dissuader le Roi (Hassan II), de marcher dedans». Et de rigoler : «Avez-vous entendu ce que Moynihan* a dit ? Il a dit que si les Russes prennent la relève au Sahara, il y aura aussitôt pénurie de sable (rires). Franchement, nous voulons rester en dehors de ce problème. Ce n’est pas héroïque de s’y engager». Bouteflika : «Si nous voulons aborder correctement le problème, nous sommes obligés de parler franchement. Ce problème du Sahara est un précédent dans le monde et c’est un problème important, y compris pour le Moyen-Orient».
    «Pourquoi le Moyen- Orient ?», interroge Kissinger. Bouteflika : «S’il y a un accord entre l’Egypte, la Syrie, la Jordanie et Israël, pensez-vous, pour autant, que les autres arabes vont abandonner les Palestiniens ? C’est le même problème. Vous ne pouvez pas abandonner le peuple sahraoui comme vous ne pouvez pas le faire pour celui de la Namibie. Nous avons le Maroc et la Mauritanie réunis qui envisagent de le coloniser, alors qu’il y a décision de la Cour internationale de justice». «C’est ambigu !», tranche Kissinger. «Non, la Cour a examiné le problème dans ses détails et a tranché pour une solutions pacifique», assène Bouteflika.
    Kissinger : «Je ne sais ce que pourrait signifier l’autodétermination pour le Sahara. Je le comprends pour les Palestiniens, mais c’est un problème un peu différent ».
    «La population du Qatar n’est pas plus importante», cite, en exemple, Bouteflika. «Mais, ils ont un Cheikh, un Etat indépendant», ironise Kissinger. «Mais il peuvent être indépendants quand même. Etes vous déjà allé à Dubaï ?», demande Bouteflika.
    «Non, le service chargé de ma protection pense que mon accueil va être tellement enthousiaste qu’ils ne me relâcheront pas. (Rire)», rigole le secrétaire d’état.
    «Je pense que ni les uns ni les autres -ceux qui vous encouragent ou ceux vous découragent d’y aller- n’ont raison de le faire. Mais, je vous assure que ce sont des pays qui valent la peine d’être vus».
    Kissinger met fin à cette digression :
    «Qu’est-ce qui va se passer au Sahara ?».
    Bouteflika :
    «Je voudrais savoir si vous proposez une solution parce que c’est important».
    – «Quelle solution ?».
    Bouteflika :  «Il n’y en a qu’une de possible. C’est une question de principe. faut qu’il y ait référendum et l’Algérie en acceptera les résultats. Que les Sahraouis optent pour le Maroc, la Mauritanie, ou l’indépendance, il n’y aura aucun problème pour l’Algérie.»
    «Peut-on organiser le référendum pendant que les Marocains sont-là ?», lancera Kissinger. «Il faut seulement qu’il y ait des garanties. Il ne peut y avoir de référendum sous les baïonnettes et on ne peut l’organiser sous la coupe des Espagnols parce qu’ils sont partis», soulignera Bouteflika.
    Kissinger : «Les Mauritaniens aussi sont là. Vont-ils le partager (le Sahara, Ndlr) entre eux, tous les deux ?». Bouteflika : «Peut-être, mais le problème est plus compliqué que ça et a plusieurs aspects. Un aspect politique, un aspect économique et un aspect ayant trait à la souveraineté. Il est exclu que le Maroc suivra la CIJ ou l’ONU. L’un des juges m’a dit que c’est une question de survie pour la monarchie. Il me l’a dit à la Haye». La révélation de discussions entre Bouteflika et un juge de la Cour fait réagir le secrétaire d’Etat : «Citez-moi le nom d’une seule institution internationale que vous n’avez pas infiltrée ?». Bouteflika, du tac au tac, : «Il en est de même pour les Etats-Unis». Kissinger préfère revenir à son affirmation initiale :«Je le répète, nous n’avons aucun intérêt là-dedans ».
    Le ministre algérien revient à la charge : «Parlons ouvertement, êtes vous derrière ce problème ?» ce qui, visiblement, agace Kissinger : «C’est plutôt vous qui êtes derrière !» Bouteflika s’explique : «Nous estimons que votre position est des plus importantes. Votre presse : Newsweek, The New York Times…, a été très objective dans son traitement de la question et nous estimons que les Etats-Unis pouvaient stopper la Marche verte. Ils étaient en mesure de la stopper ou de la favoriser ».
    «Ce n’est pas vrai !», coupe Kissinger. Bouteflika persiste : « la France agit de manière grossière. Manque de délicatesse, de subtilité. Bourguiba, Senghor… qu’est-ce qui reste de son influence ? Bongo… aucune finesse, aucune imagination. Êtes-vous dans cette situation ? Mais il ya les sentiments, et nous sommes très affectés par ce que nous considérons que votre position est anti-algérienne. » Kissinger : «Nous n’avons pas de position contre l’Algérie. La seule question était de savoir ce que ça risquait de nous coûter. Pour empêcher la marche verte, devions-nous rompre complètement nos relations avec le Maroc, lui imposer un embargo ?». Bouteflika : «Vous pouviez le faire, vous pouviez lui couper l’aide économique et l’aide militaire. » Kissinger : «Mais, ça aurait pu ruiner nos relations avec le Maroc.» «Non, le roi du Maroc ne veut pas tomber dans les bras des Soviets», répond Bouteflika.
    – «Mais, nous n’avons pas d’intérêts au Sahara».
    – «Vous avez des intérêts en Espagne et au Maroc».
    – «Et en Algérie !». – «Et vous favorisez l’un d’entre ces pays».
    – «Je ne pense pas que nous favorisons un camp sur l’autre. Nous essayons juste de rester loin du conflit».
    – «Votre rôle ne peut être marginal ou dépourvu d’intérêts parce que vous coopérez militairement avec le Maroc. Donc, vous ne pouvez rester neutre entre le Maroc et l’Algérie. Je comprends plutôt que vous n’êtes pas neutre ou que, du moins, vous favorisez le Maroc». Kissinger prend alors son interprète à témoin : «Tu traduis comment ? le ministre se plaint de quoi ? En quoi nous n’avons pas favorisé l’Algérie ? pour pouvoir nous aligner sur sa position, il faudrait renier complètement la nôtre». «Peut-être qu’il serait plus simple de prendre le principe d’autodétermination comme point de départ.
    Maintenant, nous avons affaire à un voisin qui a des frontières mobiles… avec la Mauritanie, avec le Niger et avec l’Algérie. Des frontières mobiles. Après dix ans, nous venons d’accepter la Mauritanie dans la région. Si le Maroc occupe ce pays avec un minimum de légalité, cela constituera un précédent grave. Et si, dans la région, il y avait un tel précédent de violation des frontières, il y aura inévitablement risque de conflit. Il n’est pas trop tard pour que vous aidiez à trouver une solution. Il faut un maximum de garanties pour l’organisation du référendum des Nations unies et l’Algérie acceptera le résultat. Ni la CIJ, ni l’ONU ne reconnaissent des droits au Maroc ou à la Mauritanie». Kissinger se montre, enfin, un peu conciliant : «Laissez-moi réfléchir et je vous contacterai par le biais de notre ambassadeur… A propos, quand allez-vous nous désigner un ambassadeur à Washington ?».
    Bouteflika : «Effectivement, votre remarque est pertinente. Nous allons désigner quelqu’un au début de l’année. En fait, il est dans notre intérêt de choisir quelqu’un qui a le profil approprié. Et je vais régler le problème très rapidement». Kissinger rassure : «Je pourrais être plus utile s’il y a quelqu’un à Washington».
    – «Je vais trouver quelqu’un qui a l’envergure suffisante pour ce poste».
    – «Il sera bien reçu à Washington».
    – «C’est en bonne voie, nous y réfléchissons, Dr Kissinger.» L’algérien se montre encore plus conciliant : «Nous avons tissé de merveilleuses relations basées sur la coopération. Dans le domaine économique, elles sont formidables et nous ne l’oublierons jamais. Au plan politique, nous pourrions ne plus nous plaindre de la situation au Moyen-Orient».
    – «Non, vous êtes très coopératifs», réplique Kissinger. Bouteflika pousse alors l’offre algérienne un peu plus loin. «Si vous avez un problème avec Cuba, le Vietnam ou le Cambodge, nous vous aiderons avec plaisir. Discrètement…» Kissinger apprécie. «Nos hommes aux Nations unies ne comprennent souvent pas nos rapports, mais je reconnais que nous entretenons des relations très positives que j’apprécie beaucoup». Bouteflika insiste : «Nous sommes de vrais amis. Nous n’avons rien à cacher et nous ne manœuvrons pas. Rien que ce geste, de s’attabler avec vous, comme votre convive, l’indique bel et bien.» «Exactement, laissez moi examiner la question du référendum, surtout s’il ne requiert pas un retrait avant le scrutin», promet Kissinger. «Le retrait n’est pas une condition mais il faut aussi s’assurer qu’il y ait des garanties solides pour que le peuple sahraoui puisse décider librement. Vous savez qu’il pourrait y avoir des assassinats. Nous ne voulons laisser subsister aucun problème. Génocide…».
    -«Au Sahara ?», demande Kissinger.
    -«Affirmatif ! J’en suis certain. C’est un problème d’intérêts. Je ne comprends pas pourquoi les Mauritaniens veulent des frontières comme ça, tout comme je ne comprends pas pourquoi l’Algérie effraye autant.»
    – «Nous n’avons pas joué un rôle très actif parce que nous avons assez de problèmes pour nous aventurer sur un autre front. Mais, je vais l’examiner, je vais m’y pencher».
    – «J’ai l’impression que vous ne voulez pas d’un nouvel Etat dans la région».
    – «S’il se développe, nous l’accepterons, comme nous l’avons déjà fait pour la Guinée Bissau ou le Cap Vert», promet Kissinger.
    – «Il recèle d’immenses richesses et dans 10 à 12 ans, il deviendra le Kuwait de la région», affirme l’Algérien.
    – «Mais, nous ne nous y opposons pas. Nous n’avons pas un intérêt particulier».
    – «Il est important que l’équilibre de la région soit maintenu. Je ne pense pas que vos intérêts s’accommodent du désordre».
    – «Je suis d’accord avec vous», certifie le secrétaire d’Etat.
    Le ministre algérien passe alors à autre chose et sonde son interlocuteur. «J’étais étonné de voir la France et la Tunisie travailler ensemble comme forces méditerranéennes. Avec les problèmes du Moyen-Orient, de Chypre, et ceux qui existent au Maghreb, parler de la Méditerranée relève plutôt de l’optimisme». Kissinger botte en touche : « En réalité, nous sommes inactifs dans cette région et nous évitons de prendre position pour un camp ou un autre. Nous ne vous avons pas aidés, nous ne l’avons pas fait pour le Maroc non plus. Laissez moi réfléchir à ce que nous pouvons faire. Je n’aime pas faire des promesses que je ne pourrais pas tenir». A l’initiative du secrétaire d’Etat américain, la discussion tourne alors autour de la guerre en Angola et du Moyen- Orient.
    Source: Le soir d’algerie
  • Sarkozy veut durcir la loi contre les Français d’origine étrangère

    En visite à Grenoble à l’occasion de l’installation du nouveau préfet de l’Isère, le chef de l’État a proposé de retirer la nationalité française à toute personne d’origine étrangère portant volontairement atteinte à la vie d’un policier. Le président Nicolas Sarkozy a menacé, hier, de déchoir de la nationalité française toute personne d’origine étrangère qui porterait volontairement atteinte à la vie d’un policier ou d’un gendarme. Lors d’un discours à la préfecture de police de l’Isère à l’occasion de l’installation du nouveau préfet, l’ex-policier Eric Le Douaron, il a mis en cause les défaillances du modèle français d’intégration des immigrés. «Nous subissons les conséquences de 50 années d’immigration insuffisamment régulée», a déclaré le chef de l’Etat, qui y voit les causes de ces défaillances. Il a annoncé que le gouvernement allait réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. «La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l’autorité publique», a-t-il ajouté. «La nationalité française se mérite et il faut pouvoir s’en montrer digne.» Des policiers grenoblois ont été menacés de mort après une fusillade le 16 juillet dans laquelle un malfaiteur a été abattu après s’être attaqué à un casino de la région. Pendant trois nuits de suite, des jeunes habitants du quartier de La Villeneuve, d’où était originaire le braqueur, avaient incendié des voitures et tiré à balles réelles sur des policiers après cet épisode, ce qui a entraîné le limogeage du préfet Albert Dupuy. Le chef de l’Etat a également souhaité que l’acquisition de la nationalité française pour un mineur délinquant ne soit plus automatique au moment de sa majorité. Il a par ailleurs annoncé que les peines plancher, jusqu’ici réservées aux multirécidivistes, seraient étendues à partir du 7 septembre à toutes les formes de violences aggravées, notamment contre les personnes dépositaires de l’autorité publique. Il a souhaité le développement du champ d’application du bracelet électronique pour mieux contrôler et surveiller les délinquants quand ils ne sont pas en prison. Nicolas Sarkozy a rappelé qu’il avait demandé à la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie de préparer «sans tabou» une «réforme profonde» du droit pénal applicable aux mineurs. Le gouvernement prépare déjà un texte qui permettra de mettre la responsabilité des parents en cause. «Les parents manifestement négligents pourront voir leur responsabilité engagée sur le plan pénal», a précisé le président de la République. Il, également, émis le souhait que les droits et les prestations auxquelles ont accès les étrangers en situation irrégulière en France soient réévalués. «Une situation irrégulière ne peut conférer plus de droits qu’une situation régulière et légale», a-t-il dit. Nicolas Sarkozy s’en est pris sans le nommer au député maire socialiste de Grenoble, Michel Destot, qui réclame un «Grenelle de la sécurité» pour réfléchir au niveau national aux nouvelles formes de délinquance et aux réponses à leur apporter. «Il ne peut pas y avoir de naïveté et d’angélisme en la matière», a-t-il déclaré. Le député-maire socialiste de Grenoble, Michel Destot, avait estimé auparavant que les pouvoirs publics n’avaient pas à «faire la guerre à qui que ce soit» mais à «faire la paix » sociale pour donner la preuve de leur efficacité. Lors du conseil des ministres du 21 juillet, Nicolas Sarkozy avait redit que le gouvernement entendait mener «une lutte implacable contre la criminalité». «C’est une véritable guerre que nous allons livrer aux trafiquants et aux délinquants», avait-il dit.Nicolas Sarkozy était arrivé vendredi en fin de matinée à Grenoble où il a d’abord passé près d’une heure et demie à l’hôtel de Police avec les policiers et leurs représentants syndicaux. D. K.
  • Alger renoue avec Bamako: L’après-raid franco-mauritanien au nord du Mali

    Par Salem Ferdi
    L’ambassadeur d’Algérie au Mali est de retour au moment où les médias français, visiblement orientés, insistent lourdement sur la faiblesse de la coopération entre les pays de la région du Sahel, comme pour justifier l’impératif d’une prise en charge externe de cette mission. Le raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier suscite toujours la polémique: des citoyens du nord du Mali accusent les armées française et mauritanienne d’avoir enlevé deux des leurs. L’Espagne continue de négocier la libération de deux Espagnols.
    Ayadi Noureddine, l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, a regagné son poste. Son rappel pour consultation, le 23 février dernier, était intervenu à la suite de la décision du gouvernement malien, après un simulacre de procès, de libérer quatre djihadistes – deux Algériens, un Burkinabé et un Mauritanien – en échange de la libération peu après par l’Aqmi de l’otage français Pierre Camatte, enlevé le 26 novembre 2009. La décision malienne, intervenue après de fortes pressions françaises, a suscité la colère d’Alger qui avait qualifié la mesure de «développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste agissant dans la région sous la bannière d’Al-Qaïda». Dans l’affaire du dernier raid, le Mali a été totalement tenu dans l’ignorance par le gouvernement français. Sa capacité à s’indigner publiquement de l’affront subi étant pratiquement nulle, le président malien Amadou Toumani Touré a dit son «souhait» au ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, d’une meilleure «coordination des opérations contre Aqmi». Le thème de l’absence de «coordination» est depuis servi comme une explication et justification du raid raté au nord du mali qui a fait 7 morts parmi les membres de l’Aqmi et qui a sans doute scellé le sort de l’otage français Michel Germaneau.
    «Coordination»
    Cette «absence de coordination» – qui avait reçu un coup avec la libération des terroristes par le Mali – est devenue un thème récurrent, une quasi-campagne en faveur d’une implication étrangère dans la région. Le retour de l’ambassadeur algérien à Bamako vise sans doute à tourner la page avec le Mali qui constate qu’il n’est pas forcément bien traité. Il s’agit aussi de renouer – si tant est qu’ils aient vraiment cessé – les liens avec un pays où se trouve le gros des troupes de l’Aqmi. Le but est sans doute de relancer une coopération régionale dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme dans la région du Sahel. Les termes de l’enjeu n’ont pas changé: une coopération entre les pays concernés dispose d’une légitimité claire alors qu’une intrusion externe, occidentale pour être précis, risque de servir d’argument d’attraction pour les djihadistes. En Mauritanie, où l’opposition a critiqué une guerre par «procuration» menée par le gouvernement de Nouakchott, le ministre de la Défense se défend en affirmant que son pays menait son propre combat et non celui des autres. Le raid sur le nord du Mali n’en finit cependant pas de faire des vagues. Une communauté arabe du nord du Mali a porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour «enlèvement de deux civils maliens».
    «Nous avons porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour enlèvement et séquestration de deux civils, tout juste après l’attaque d’un campement dans le nord-ouest du Mali», a déclaré à l’AFP Sidy Mohamed Ould Mohamed, un élu municipal de Tombouctou, membre de la communauté arabe de cette région. «Quand les militaires français et mauritaniens sont arrivés dans le campement, après avoir tué ceux qu’ils cherchaient, ils sont allés dans un petit campement pour arrêter, séquestrer et enlever deux civils qui sont Ckeikna Ould Bolla et Rabah Ould Bammoshi», a ajouté M. Ould Mohamed au nom de sa communauté. «Ce sont des civils innocents qui ont été enlevés. C’est arbitraire. On exige leur libération».
    L’Espagne mène des «négociations complexes»
    Le ministère français des Affaires étrangères a réagi à cette plainte en affirmant que personne n’a été détenu à l’issue de l’opération franco-mauritanienne menée le 22 juillet contre un camp d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Aucune personne n’a été détenue à l’issue de l’opération mauritanienne du 22 juillet contre Aqmi à laquelle la France a apporté un soutien logistique et opérationnel», a affirmé le porte-parole du ministère, Bernard Valero, au cours d’un point de presse. L’Espagne assure maintenir tous les contacts et les négociations pour tenter de libérer les deux otages catalans – qui seraient détenus par le groupe de Belaouar – et qui auraient été déplacés après le raid franco-mauritanien au nord du Mali. Des sources au gouvernement espagnol insistent sur la nécessaire «prudence» et à la «patience» dans des négociations «très complexes».
  • Sahara Occidental: Délire royal

    par Yazid Alilat
    Au lendemain des chaleureuses félicitations du Président Bouteflika, la célébration du 11e anniversaire de son accession au Trône a été, une fois de plus, une occasion propice pour le jeune monarque marocain de réaffirmer son attachement à bafouer les lois élémentaires autant du bon voisinage que celles du respect des peuples à disposer d’eux-mêmes. Hier vendredi, le Roi Mohamed VI a martelé que le Maroc est toujours décidé à s’approprier le territoire du Sahara Occidental. Mohamed VI revient ainsi sur la proposition marocaine relative à une large autonomie au Sahara Occidental, qu’il avait présentée comme sa solution pour régler le conflit avec le Front Polisario, aux négociations de Manhasset. «Il s’agit, en effet, d’une initiative audacieuse qui demeure une proposition réaliste, innovante et consensuelle, et qui vise à trouver une solution définitive à ce différend régional, dans le cadre de l’ONU», a-t-il affirmé dans son discours du trône, ajoutant que le Maroc est disposé «à continuer à soutenir les efforts de l’Organisation onusienne, de son Secrétaire général et son Envoyé personnel». Il précisera, en outre, qu’ «en tout état de cause, le Maroc continuera à défendre sa souveraineté, son unité nationale et son intégrité territoriale, avec la détermination de ne pas renoncer au moindre pouce de son Sahara». Le ton est clair, la volonté également d’occuper indéfiniment le Sahara Occidental, et d’en spolier son peuple de toute liberté.
    Le discours du monarque marocain, en fait, ne surprend pas. Il reste fidèle à cette logique politiquement suicidaire au regard des défis qui attendent la région maghrébine. Car s’il s’obstine à refuser tout droit au peuple sahraoui de s’exprimer sur son avenir, il commet cependant cet impair diplomatique d’accuser cette fois l’Algérie d’être derrière le blocage des résolutions pertinentes des Nations unies pour trouver une issue démocratique au conflit. Selon lui, il faudrait que «l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’Histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain». Avant de suggérer «qu’elle (l’Algérie, ndlr) renonce à ses manoeuvres désespérées visant vainement à torpiller la dynamique enclenchée par (…) l’initiative d’autonomie pour nos provinces du sud». Pour le roi du Maroc, il ne fait ainsi aucun doute qu’Alger est derrière le blocage de l’intégration du Sahara Occidental à la carte géographique du Maroc. Il est clair que, devant l’impasse dans laquelle la politique d’occupation prônée par le palais royal a plongé le dossier de décolonisation au Sahara Occidental, depuis 1975, Rabat cherche à se justifier aux yeux de l’opinion internationale. Radicalisant son discours, Mohamed VI ajoutera que le palais royal va dorénavant, mettre le Sahara Occidental «en tête des bénéficiaires du processus de régionalisation avancée». Le même discours, élaboré pour doper le nationalisme de l’opinion publique marocaine, même en montrant un pays voisin comme une entité menaçante pour la sécurité du pays, le Maroc, selon Mohamed VI déploiera»des efforts accrus pour la levée du blocus imposé à nos citoyens dans les camps de Tindouf, et pour leur permettre d’exercer leur droit légitime au retour à la mère patrie pour y retrouver leurs familles et leurs proches, conformément aux conventions internationales pertinentes.» Ce que ne dit pas le souverain marocain, c’est cette propension du makhzen de considérer le Sahara Occidental et son peuple comme des sujets d’une monarchie en perte de vitesse dans ses fondements par rapport à un monde dorénavant débarrassé du concept éculé et dégradant du colonialisme.
    Mieux, ce discours, après celui sur l’anniversaire de la fameuse «Marche Verte» où des dizaines de milliers de Marocains ont été payés par le palais Royal pour occuper les villes du Sahara Occidental, alors évacué par l’Espagne, augure de difficiles négociations en perspective pour l’émissaire du SG de l’ONU pour ce dossier, le diplomate américain Christopher Ross. Comme il montre une fois encore, tout le ressentiment du makhzen et de la monarchie marocaine envers un pays voisin, qui n’est pas partie prenante au conflit, mais qui a juste montré, depuis longtemps, sa disponibilité à aider les parties impliquées dans ce dossier de décolonisation, à dépasser leurs divergences pour appliquer les résolutions pertinentes de l’ONU. Et de rester fidèle aux principes de sa glorieuse révolution.