L’édifice “sarkozien” ébranlé
Eric Woerth était d’ailleurs absent pour cette raison du Conseil des ministres. Au même moment, son épouse Florence Woerth était entendue comme témoin par les enquêteurs de la brigade financière.
Selon le parquet de Nanterre, en banlieue parisienne, l’audition par la police du ministre, dont la date n’a pas été rendue publique, aura lieu dans le cadre de son enquête préliminaire sur les enregistrements clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt entre mai 2009 et mai 2010.
Ces enregistrements suggèrent des opérations de fraude fiscale dans la gestion de la fortune de l’héritière de L’Oréal mais aussi un possible conflit d’intérêts avec l’ex-ministre du Budget puisque son épouse, Florence Woerth, a travaillé deux ans et demi dans la société chargée de cette gestion.
Lors de sa garde à vue, le gestionnaire de la fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, a assuré la semaine dernière que M. Woerth lui avait « demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière » au début 2007, selon un extrait du procès-verbal publié par le quotidien » Le Monde « .
L’ancienne comptable de Liliane Bettencourt a aussi accusé Patrice de Maistre de lui avoir demandé de retirer 150.000 euros en liquide début 2007, pour les remettre à M. Woerth, trésorier du parti de la majorité UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
La veille, M. Woerth s’était une nouvelle fois défendu de toutes ces accusations et avait catégoriquement exclu de démissionner. « Je suis très impatient de pouvoir m’expliquer devant la justice », a-t-il assuré, se présentant comme la victime d’une campagne médiatique et politique.
A l’origine, un simple conflit familial opposant Liliane Bettencourt, femme la plus riche de France dont la fortune se monte à 17 milliards d’euros selon les estimations, et sa fille Françoise Meyers-Bettencourt, le « feuilleton » Bettencourt est devenu une véritable affaire d’Etat, avec des enregistrements clandestins réalisés par un domestique, des accusations de fraude fiscale et des soupçons de financement politique illégal.
L’audition d’un ministre par la justice ne peut se faire, en France, qu’avec l’accord préalable du Conseil des ministres, qu’il a donné une demi-douzaine de fois au cours des années 2000 son feu vert à l’audition de membres du gouvernement dans des enquêtes judiciaires.
Sale temps pour Sarkozy et les siens…