Mois : juillet 2010

  • Guerre et mensonge Le contrôle politique et militaire des sociétés (I)

    Rares sont les gens capables de tracer un tableau d’ensemble de la situation actuelle de l’humanité. Mais cela ne signifie pas que personne ne voit cette situation. Ceux qui disposent de l’information ont beaucoup plus de chances de voir : le présent, mais aussi une partie souvent non négligeable de l’avenir. Toutefois, il est vrai que la majorité de la population, y compris beaucoup de ceux qui prennent des décisions et qui ont du pouvoir, n’a pas ces informations. Pourquoi ? Parce que nous vivons dans un système de communication, et non seulement d’information, qui ne rend absolument pas compte du monde dans lequel nous vivons, qui nous en offre même une image complètement faussée et nous empêche de voir ce qui se passe. Prenons un exemple. En Italie, nous avons connu tous les détails du crime de Cogne, de cette mère soupçonnée d’avoir tué son enfant de trois ans. Cela a été la matière principale de la presse écrite, des journaux télévisés, et des débats télévisés. Bref, cela a été l’événement le plus commenté, analysé et discuté par les médias dans les premiers mois de l’année 2002. Et donc par le public. Quel est l’enjeu de ce fait divers ? A-t-il une influence sur la «conscience» collective ? Il a sans nul doute une forte influence, à de nombreux égards. Mais il y a un enjeu qui saute immédiatement aux yeux : en occupant les premières pages des médias pendant un mois entier, la mère de Cogne – en cela innocente – a éclipsé le reste de la Planète. Le monde entier a disparu sous ce linceul, y compris les bombardiers stratégiques états-uniens qui dévataient alors les vallées d’Afghanistan. Des cas de ce genre, parfois plus éclatants encore, sont légion. Prenons-en un autre, pour illustrer le fait que le système tout entier de la communication et de l’information est construit et fonctionne pour se moquer de nous tous, et nous conduire où «on» veut. A la mi-novembre, quand les Tadjiks sont arrivés à Kaboul et qu’ils l’ont «conquise», la presse écrite et les journaux télévisés italiens les plus importants (mais aussi les moins importants), la Repubblica, la Stampa, le Corriere della Sera, TG 1,TG 2,TG 3,TG 4,TG 5,TG 6 et TG 7 (TG, abréviation des journaux télévisés en italien, Ndlr) nous ont raconté que les femmes afghanes avaient «enfin» ôté leur bourqa et que les hommes s’étaient «enfin» rasé la barbe. Or, on le sait, ces nouvelles étaient fausses ; mais avec ça, on n’a pas encore tout dit. Il ne suffit pas non plus de dire que ceux qui les écrivaient, qui les prononçaient et qui les publiaient auraient dû savoir qu’il s’agissait de fausses nouvelles. Moi aussi, je suis journaliste et il m’est déjà arrivé de donner une information erronée, d’arriver trop tard sur un événement, de fournir une fausse interprétation, mais ça arrive une fois et ça arrive à une seule personne. Est-il possible que l’ensemble des journaux et des moyens de communication de masse nous aient donné par hasard, par mégarde, par incompréhension, pendant des semaines entières, deux nouvelles totalement fausses ? Cela ne peut pas avoir été une erreur. Les directeurs de tous les journaux écris et télévisés ont mobilisé leurs meilleurs éditorialistes pour qu’ils nous racontent ces deux bobards pendant des semaines entières. Ce n’est pas un hasard. C’est seulement la démonstration la plus éclatante du fait que le système de communication dans son ensemble fonctionne non pas sur la base de la vérité et de la véracité de l’information mais dans le but de répandre des nouvelles fournissant une certaine interprétation de la réalité, ou de dissimuler des parties de la réalité au profit d’autres, qui servent mieux les rouages de la domination et sont plus commodes à raconter. On pourrait opposer qu’il en est toujours allé ainsi. Eh bien moi, j’affirme que c’est faux. Ce qui se passe aujourd’hui dans ce domaine est très, très différent de ce qui avait lieu dans le passé. Nous vivons actuellement une nouvelle époque historique, nous nous trouvons devant un tournant de l’histoire. Cela n’arrive pas souvent. Il arrive souvent que, pendant de longues périodes, il n’y ait pas de grands changements structurels. Nous, par contre, nous sommes au beau milieu d’un immense changement structurel. En premier lieu, il est fondamental de comprendre cela. Et de comprendre, en deuxième lieu, que la communication et l’information sont les instruments décisifs de cette mutation structurelle historique, qu’elles en sont le pivot, le socle. En l’absence de cette base, ce changement non plus n’aurait pas été, et ne serait pas, d’une telle importance historique. Il est essentiel de comprendre tout cela parce que ou bien nous sommes capables de le faire — et nous pourrons alors nous défendre — ou bien nous n’en sommes pas capables — et nous serons vaincus —. Par ailleurs, étant donné que ces processus se développent très rapidement, il faut, pour ainsi dire, comprendre vite. Les questions de la communication, et de la démocratie dans la communication, sont devenues essentielles pour n’importe quelle lutte visant à défendre la démocratie. Ou nous serons capables de les aborder, ou nous perdrons la démocratie. Parce que moins d’information signifie moins de démocratie. Une communication indécente (c’est-à-dire dépourvue de valeur intellectuelle, de décence, de culture) et manipulée (c’est-à-dire trompeuse, sous les multiples formes par lesquelles on peut induire en erreur ceux qui la subissent) prive la population de moyens intellectuels de défense. Un pays ne peut être considéré comme démocratique si une grande partie de sa population est soumise à une communication manipulée et à une information fondamentalement fausse. Le panorama que nous avons sous les yeux indique qu’on est en train de nous voler la démocratie, même si l’on ne nous empêche pas d’aller voter. Mieux : nous continuerons d’aller voter, sans nous rendre compte (ou en oubliant) que l’exercice de la démocratie est tout autre chose que l’exercice du vote. Celui-ci n’est qu’un élément nécessaire mais non suffisant pour que l’on puisse qualifier une société de «démocratique». Mais il est évident que l’exercice du vote perd tout son sens et devient une procédure de pure forme si les votants ne sont plus en mesure de choisir, de faire la distinction entre les variantes, entre les programmes, entre les options. Et c’est l’information qui permet de connaître ce qu’il convient de choisir. Le 11 septembre et la fin de la souveraineté nationale En ce qui concerne le 11 septembre, je résumerais la situation ainsi : la vérité sur le 11 septembre, nous ne la connaîtrons jamais. Nous ne la connaîtrons pas au cours des cent prochaines années, comme le dit Noam Chomsky. Mais ce que nous pouvons dès maintenant assurer, sans risque d’erreur, c’est que la version que l’on nous a fournie est fausse. On peut même le démontrer. J’ai J’ai rassemblé toutes les informations que je pouvais rassembler, et cela n’a pas été facile. Non parce qu’elles faisaient défaut : au contraire, il y en avait beaucoup. Mais elles étaient mêlées à un amas de bêtises et d’incohérences aussi nombreuses que manifestes. Il fallait débrouiller l’écheveau des contradictions avant de pouvoir établir des circonstances plutôt simples. (A suivre) A. F.
    La Nouvelle Répunlique, 25/7/2010
  • Un scénario à la pakistanaise au Sahel ?

    L’opération militaire franco-mauritanienne au Mali soulève de nombreuses questions 
    Fiasco ou écran de fumée, l’opération militaire franco-mauritanienne au Mali soulève de nombreuses questions ! En effet, l’échec annoncé de l’action censée libérer l’otage français Michel Germaneau lève le voile sur la stratégie adoptée par Paris. L’intervention musclée contre la base de l’AQMI dans le désert malien contraste avec l’attitude précédente du gouvernement français qui a favorisé le compromis pour la libération de l’agent Pierre Camate en février dernier. Les contradictions de Sarkozy risquent de coûter cher à la Mauritanie et au Mali, deux maillons faibles de la région.
    L’opposition mauritanienne est montée hier au créneau. «L’opération a été menée avec la participation de troupes étrangères et probablement sans concertation préalable avec le pays dont le territoire lui a servi de théâtre», a souligné la Coordination de l’opposition démocratique (COD) dans un communiqué rendu public.
    La COD estime que ces faits sont «d’une extrême gravité» et «mettent notre pays dans une situation de guerre non déclarée» sans «l’aval du Parlement». Elle exprime, par conséquent, «sa grave inquiétude suite à ces événements qui ajoutent au climat d’insécurité sur nos frontières». L’opposition «appelle le gouvernement à éclairer l’opinion nationale sur les vraies circonstances de cette opération, ses mobiles et les objectifs visés derrière elle», estimant que cela «demeure encore ambigu».
    Qu’en est-il au juste ? Cette action a-t-elle été programmée pour prévenir une attaque de l’AQMI contre la Mauritanie ou pour libérer l’otage français Michel Germaneau ? La COD exige «une clarification de la situation des forces étrangères qui se trouvent actuellement sur notre territoire et dont l’opération d’hier vient de confirmer la présence».
    Avant-hier, le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ould Boilil, a affirmé que l’armée mauritanienne avait lancé un raid jeudi hors de ses frontières contre un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique. «Six membres de l’AQMI ont été tués et quatre ont pris la fuite», a déclaré le ministre, qui a précisé que l’un des fuyards a été blessé. Il a assuré que ce groupe s’apprêtait à lancer le 28 juillet une attaque en Mauritanie sans en préciser la nature. «L’opération ne s’est pas déroulée sur notre territoire, mais pas loin de nos frontières», a-t-il assuré sans préciser où, mais en laissant entendre qu’il s’agissait du Mali.
    Action préventive donc ou sous-traitance pour le compte de puissance tierce, la France dans ce cas ? L’attitude mauritanienne est des plus ambiguës, d’autant plus que Nouakchott collabore activement avec d’autres pays de la région dans la lutte antiterroriste. Dans cette affaire, la Mauritanie aurait fait d’une pierre deux coups : détruire les infrastructures terroristes qui auraient pu servir de point de départ de toute attaque de l’AQMI contre son territoire et, avec le soutien logistique et technique de la France, libérer l’otage qui est entre les mains de l’«émir» Abou Zeid depuis avril dernier.
    Hier, des dépêches de l’Agence France Presse apportent un nouvel éclairage concernant cette affaire. «Les Français sont en train de tout faire pour obtenir la libération de Germaneau», a rapporté l’AFP, qui cite une source militaire étrangère à Bamako, la capitale du Mali. Cette source a également affirmé que le raid militaire mauritanien de jeudi contre une unité de l’AQMI, qui détient l’otage, avec le soutien de la France, n’aurait été qu’un «écran de fumée».
    «Les Américains et les Français ont soutenu cette opération d’une manière ou d’une autre et au même moment, ailleurs dans le grand désert, a eu lieu une autre qui se poursuit actuellement», a-t-elle ajouté, en affirmant que des forces d’autres pays de la région y participeraient également. Lesquelles ? Le mystère reste entier ! Le renforcement de la coopération régionale dans la lutte antiterroriste supposerait l’implication des Etats de la région, parmi lesquels l’Algérie et le Niger.
    Signe de la montée de la tension dans la région du Sahel, la recrudescence des alertes antiterroristes. D’abord, l’attaque qui a coûté la vie à onze gendarmes algériens à Tinzaouatine au début de juillet, les avertissements américains et français sur la fragilité sécuritaire du Burkina Faso et, enfin, l’opération actuelle au Mali, l’homme malade du Sahel.
    Pour Washington, Al-Qaïda au Maghreb islamique constitue une menace après le raid franco-mauritanien meurtrier de jeudi dernier. Le porte-parole du département d’Etat Philip Crowley a précisé, vendredi dernier, que le groupe constituait avant tout une menace dans la région. «Nous avons vu au fil du temps que la menace vise certaines parties de l’Europe. Bien sûr, cela peut potentiellement menacer les Etats-Unis aussi», a-t-il reconnu devant la presse.
    La voie à l’intervention étrangère dans la région semble grande ouverte. A défaut d’une réelle coopération régionale en la matière, c’est la faillite des Etats qui est programmée avec, en filigrane, la répétition du scénario à la pakistanaise dans le «sanctuaire» malien.
    M’hamed Khodja
    Le Jeune Indépendant, 257/2010
  • Bouteflika : «Les grands projets engagés par mon pays favorisent l’intégration continentale»

    Le président bouteflika – au 23e sommet du comité des chefs d’etat et de gouvernementcharge de la mise en œuvre du nepad : «Les grands projets engagés par mon pays favorisent l’intégration continentale»

    Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a prononcé hier à Kampala une allocution lors des travaux du 23e sommet du Comité des chefs d’Etat et de gouvernement chargé de l’orientation du NEPAD, dans le cadre de la discussion du rapport sur les activités du NEPAD, en particulier sur le volet prioritaire du développement des infrastructures. Voici le texte intégral de l’intervention du chef de l’Etat :

     “Monsieur le Président,
      Excellence, Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement,
      Mesdames et Messieurs,

    Permettez-moi tout d’abord de remercier mon frère le président Museveni et, à travers lui, le peuple ougandais et son gouvernement pour avoir mis à notre disposition ce cadre magnifique pour la tenue des importants rendez-vous africains qui nous rassemblent ici. Je tiens également à lui exprimer toute notre gratitude pour l’accueil très chaleureux qui nous a été réservé à Kampala et pour les marques d’hospitalité généreuse dont nous sommes entourés depuis notre arrivée à Kampala.
    Je remercie aussi le Dr  Mayaki, directeur général de l’Agence de planification et de la coordination du NEPAD, pour la présentation qu’il nous a faite sur les activités de l’agence qu’il dirige avec compétence et dévouement. Nous sommes convaincus qu’il a pris le bon cap pour assurer une mise en œuvre accélérée et efficace des programmes du NEPAD.
    Je ne saurais omettre d’exprimer à mon frère le président Zuma mes félicitations les plus chaleureuses pour le succès, que nous pouvons sans hésiter qualifier d’historique, de la coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud. Ce succès est un motif de fierté légitime pour le peuple sud-africain et pour tous les peuples africains.
    Parce qu’il illustre de manière éclatante et inoubliable le génie des Africaines et des Africains et leur capacité à relever des défis immenses que beaucoup, à l’intérieur et en dehors de notre continent, jugeaient hors de notre portée, l’exemple sud-africain confirme que l’excellence dans tous les domaines nous est accessible. Il est source d’encouragement pour l’Afrique à se mobiliser davantage pour matérialiser les aspirations de ses peuples au progrès et au bien-être.
    C’est pourquoi j’ai écouté avec la plus grande attention la présentation que le président Jacob Zuma a pris l’initiative de nous faire sur le rôle du développement des infrastructures dans nos pays et notre continent. Il nous donne ainsi l’occasion d’un échange de vues autour de ce domaine que nous avons collectivement érigé en priorité essentielle pour l’Union africaine et le NEPAD.
    Pour sa part, dans le cadre d’une stratégie de développement national soutenu et durable et tenant compte de la nécessité de s’inscrire activement dans une perspective d’intégration régionale, l’Algérie mène, depuis dix ans, un effort massif pour développer et moderniser ses infrastructures, non seulement dans les domaines des transports, de l’énergie et de l’eau, mais aussi dans les infrastructures sociales, de santé, éducatives et sportives.
    Le plus récent programme quinquennal, qui couvre la période 2010-2014, marque une montée en cadence de ce programme à la fois sur le plan des ambitions quantitatives et des exigences qualitatives.
    Dans la planification et la conception des corridors de transport, nous veillons à faire en sorte qu’ils soient des vecteurs effectifs pour l’émergence et l’expansion de corridors de développement économique et social.
    Les programmes et projets contribueront aussi à une répartition spatiale plus équilibrée de l’activité économique et des investissements en tenant compte des avantages comparatifs et des spécificités des diverses zones et régions du pays et de la nécessité de désenclaver les régions défavorisées.
    Naturellement, une telle ambition est tributaire aussi de mesures d’incitation à l’implantation d’activités économiques et au développement de réseaux socio-éducatifs et de santé viables et performants. Cet impératif est pleinement pris en charge tant dans son architecture d’ensemble que dans ses composantes sectorielles.
    Le plan a également été guidé par le souci de favoriser la stabilisation des populations et une meilleure occupation du territoire national à travers notamment le développement de réseaux d’infrastructures à l’échelle du monde rural, des petites agglomérations et des villages. Les populations rurales peuvent ainsi bénéficier des bienfaits d’infrastructures adaptées leur facilitant d’une part l’accès à leurs petites exploitations et d’autre part l’acheminement de leurs produits en vue de leur commercialisation dans les agglomérations proches et au-delà. C’est-là l’un des axes de notre politique de développement rural intégré.
    Dans les différentes étapes des cycles de projets et de leur réalisation, nous avons pris des mesures susceptibles d’encourager une participation accrue des entreprises locales. Nous en escomptons un impact positif de nature à optimiser la contribution de ces programmes au développement économique et au renforcement des capacités endogènes en matière de maîtrise des divers processus par lesquels doit passer l’édification d’un pays moderne et ouvert à l’esprit d’entreprise et à la mobilité des courants humains et économiques. Ce souci s’étend aussi aux domaines de la gestion et de la maintenance des nouvelles infrastructures.
    Au-delà de leur dimension nationale, les grands projets engagés par mon pays dans le cadre de ses divers plans de développement sont, de par leur envergure, des facteurs favorisant l’intégration régionale et continentale.
    Ils sont de nature à traduire pleinement le rôle et la vocation de l’Algérie en tant que trait d’union et carrefour de rencontres et d’échanges entre l’Afrique, la Méditerranée, le monde arabe et le vaste espace musulman.
    De plus, et dans le but de permettre à sa vocation de carrefour de réaliser pleinement son potentiel considérable, l’Algérie a développé une stratégie volontariste de promotion de projets structurants et intégrationnistes.
    Leur objectif premier est de contribuer substantiellement à l’édification d’un grand pôle de croissance à la mesure de l’ambition légitime de l’Afrique à surmonter la marginalisation dans laquelle elle est depuis trop longtemps confinée dans l’économique mondiale.
    A titre d’exemple, je citerai quelques-uns de ces grands projets structurants ayant un impact significatif direct ou indirect en matière d’intégration régionale :
    -la route transsaharienne Alger-Lagos à travers le Niger qui désenclavera l’ensemble de la région et facilitera les échanges intra-africains d’une part, et entre l’Afrique et l’Europe, d’autre part,
    -le gazoduc Nigeria-Algérie qui sera doublé tout le long de son parcours par un câble de fibre optique,
    -l’autoroute est-ouest qui s’étendra de la frontière tunisienne à la frontière marocaine et représente un atout majeur pour l’intégration maghrébine,
    -l’extension, la densification et la modernisation du réseau ferroviaire intégrant cette même perspective maghrébine,
    -les interconnexions de notre réseau électrique avec ceux du Maroc et de la Tunisie,
    -le transfert d’eau à partir d’In Salah jusqu’à Tamanrasset, soit une distance de plus de 700 km.
    Notre démarche s’inscrit ainsi dans une perspective de développement global, intégré, coordonné et durable, qui rejoint la vision et l’esprit des cadres continentaux développés par l’Union africaine et le Nepad.
    La promotion des programmes africains que nous avons retenus collectivement dans le cadre du Nepad, et qui culmineront avec le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PDIA), 2010-2030, est sans doute une expression significative de l’intérêt africain partagé pour le développement durable des infrastructures et leur utilisation au service de la promotion d’économies productives diversifiées et dynamiques.

    HORIZONS, 25/72010

  • Nouakchott viole « l’accord d’Alger » en faisant appel à l’aide militaire française

    Le gouvernement mauritanien vient de remettre en cause les recommandations de l’accord d’Alger, signé le 21 avril dernier, concernant la coordination sécuritaire et militaire entre les pays du sahel dans la lutte antiterroriste, en s’appuyant sur l’aide logistique et les renseignements français. Cet accord qui prévoit en effet la mise en place d’un commandement à Tamanrasset, qui serait chargé de la coordination sécuritaire entre les pays africains de la région en rejette tout interventionnisme étranger.
    Le raid menée par l’armée mauritanienne hors de ses frontières est épaulé par la le soutien logistique et technique français, avait pour but selon le ministre de l’intérieur Mohamed Ould Boilil, de neutraliser un groupe lié à Al Qaida qui s’apprêtait à lancer des attaques contre la Mauritanie. La France a quant à elle indiqué avoir apporté son soutien au raid mauritanien qui visait le groupe qui détient le ressortissant français, Michel Germaneau, et qui menace de l’exécuter le 26 juillet leur revendication, à savoir la libération de terroristes détenus dans plusieurs pays de la région, n’est par satisfaite.
    Même si le raid mené par l’armée mauritanienne n’a pas encore suscité de réaction officielle de la part d’Alger, il est clair que ce raid influera à l’avenir sur la coopération sécuritaire entre l’Algérie et les pays voisins.       
    Selon la presse espagnole, cette opération a également suscité l’inquiétude du gouvernement espagnol dont deux ressortissants sont toujours détenus pas l’Aqmi, puisque Madrid a « exprimé son désaccord auprès des autorités françaises ».
    El Khabar, 25/7/2010
  • L’Edito Du Jour Par Nadjib Stambouli : L’Afrique au cœur

    Cette fois, c’est tout auréolés du succès encore flamboyant de la Coupe du monde en Afrique du Sud que les chefs d’Etat africains se rencontrent à Kampala. Il est vrai que les notions de MAEP (mécanisme africain d’évaluation par les pairs) ou de NEPAD (nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) restent inconnus pour le commun des Algériens, qui peut même s’interroger sur l’ardeur mise par Bouteflika à s’investir pleinement dans toutes ces rencontres, jusqu’à en être le principal pivot. Ce genre de questions est légitime pour qui ne connaît pas, par-delà le réflexe du Président dont la diplomatie est une seconde nature, l’attachement de ce dernier à une donne qui se résume par cette vérité que l’Algérie et son socle continental sont intimement liés. Ce destin commun s’affirme bien sûr dans le meilleur et dans le pire. Ce n’est pas là une simple et «noble» déclaration de foi sur l’identité civilisationnelle ou une idée tout aussi pompeuse que stérile sur l’unité africaine, mais une réalité concrète et palpable et «l’incident» de l’attaque de la France au Mali est là pour nous rappeler cette réalité de communauté dans le pire. L’Algérie, et le fait qu’elle le fasse sans tambour ni trompette, comme c’est le cas de l’aide alimentaire aux pays du Sahel, est un pays qui tient le rôle de locomotive pour l’Afrique. Or, c’est un continent comme frappé par la malédiction et, sauf pour des exceptions, dont l’Algérie, les indépendances, sans aucunement les remettre en cause, n’ont rien arrangé. L’Afrique détient le sinistre privilège d’être au haut du podium de toutes les calamités, de l’épidémie du sida, des famines, des conflits fratricides, du fléau de la corruption, des migrations clandestines et, ce qui n’embellit pas le décor, des catastrophes           naturelles, dont la moindre n’est pas la sécheresse. Les chantiers ont de quoi décourager les volontés les plus déterminées. Mais aussi, pour certains hommes d’Etat, cela donne des raisons pour s’engager encore plus contre ces désastres. Parvenir à la conjugaison de ces fléaux  au passé, n’en sera que plus méritoire.
    Le Jour d’Algérie, 25/7/2010
  • Visite du Premier Vice-Président de l’Union des Forces de Progrès (UFP) au Sahara Occidental.

    Du jeudi 15 au jeudi 22 juillet 2010, Bâ Boubakar Moussa, Premier Vice-Président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), a séjourné au Sahara Occidental.

    Porteur d’un message de condoléances du Président Mohamed Ould Maouloud, à la suite de la disparition tragique de Mahfoudh Ali Beyba, Président du Conseil National Sahrawi (CNS), le Vice-Président de l’UFP a été reçu en audience, jeudi 22 juillet, par le Président de la République Arabe Sahrawi Démocratique (RASD), son Excellence M. Mohamed Abdel Aziz.

    Le Président de la RASD, très sensible à ce geste, a prié le messager de transmettre ses remerciements et sa sympathie au Président Mohamed Ould Maouloud. Bâ Boubakar Moussa a rendu visite à la famille du défunt.

    Au cours de son séjour, le responsable de l’UFP s’est également entretenu avec de nombreux responsables de la RASD et du Front Polisario, parmi lesquels on peut citer : M. Abdel Qader Taleb Omar, Premier Ministre de la RASD; M. Khattri Adda, membre du Secrétariat National, Président du CNS ; M. Khalil Ould Ahmed, Ministre des Zones Occupées ; M. Ahmed Khaddad, représentant de la RASD auprès de la MINURSO ; M. Cheikh Melaïnine, Responsable des Sahrawi résidents à l’étranger.

    Ce fut l’occasion pour l’information mutuelle et l’échange d’analyse sur la situation en Mauritanie, au Sahara Occidental et dans la sous-région. Le Vice-Président de l’UFP s’est rendu dans les campements de Dakhla, Aïoun et Smara. Il a également visité l’École du 27 Février et donné une conférence de presse à la Radio, à  la Télévision et à l’Agence de Presse Sahrawi. Au cours de son séjour le Vice-Président de l’UFP était accompagné de M. Mahjoub Brahim, Conseiller à la Présidence de la RASD.

    sOURCE / cRIDEM
  • Le gaz algérien plus cher pour l’Espagne


    La décision des responsables algériens d’augmenter substantiellement le prix du gaz pourrait être dictée par le souci d’accroître les recettes et d’exercer une espèce de lobbying diplomatique pour amener les clients à ne pas tourner le dos à l’Algérie.

    L’annonce faite, hier, par le ministre de l’Energie, Chakib Khelil, de la volonté de l’Algérie d’augmenter le prix de son gaz au terme des négociations qu’elle a engagées avec ses clients est, sans doute, révélatrice d’une nouvelle stratégie dans ce secteur. Les traitements préférentiels et autres « faveurs » consentis à des pays dits « amis » vont donc céder la place à une « realpolitik » gazière. Celle du marché. Si la politique algérienne en matière de prix du gaz était jusque-là imbriquée, à tort ou à raison, à ses rapports, voire ses proximités avec certains puissants pays d’Europe, sans qu’elle n’en tire forcément une plus-value politique, la démarche va apparemment changer. Le gaz sera désormais un vecteur diplomatique que l’Algérie entend utiliser à bon escient avec ses partenaires. Le ministre de l’Energie qui vient de déclarer le choix de l’Algérie d’aller vers la réalité des prix du gaz confirme qu’une forme de diplomatie du gaz est effectivement en route. Ce pragmatisme retrouvé des responsables algériens est dicté par le double souci de tirer d’abord un surcroît de recettes via l’augmentation du prix du gaz, mais aussi d’exercer une espèce de lobbying diplomatique pour amener ses clients à ne pas lui tourner le dos s’agissant des questions stratégiques qu’elle défend. En l’occurrence, au-delà des 150 millions de dollars supplémentaires qu’elle engrangera en augmentant d’un seul dollar le prix de son gaz, l’Algérie dispose d’un instrument aussi puissant que le pétrole pour « punir » économiquement ceux qui la contrarient diplomatiquement. C’est que les gazoducs ne transporteront plus uniquement du gaz pour faire plaisir à nos clients mais aussi et surtout des idées. Les temps du fantôme de la sécurité énergétique ou encore du sacro-saint principe du bon voisinage semblent avoir vécu. L’Algérie a enfin compris qu’elle ne doit dorénavant plus ouvrir ses vannes pour arroser l’Espagne, la France et les autres pays européens si elle n’a aucun avantage politique et diplomatique comparatif à tirer. Il y a, en effet, un constat : les « faveurs algériennes » à ses clients ne sont pas bien récompensées diplomatiquement. Il n’y a qu’a voir les positions de l’Espagne et de la France à l’égard du problème du Sahara occidental pour noter ce partenariat improductif. Il est d’ailleurs significatif de relever l’arrivée, aujourd’hui, du roi d’Espagne en Algérie au moment où l’Algérie négocie avec le gouvernement de Zapatero l’augmentation du prix du gaz. Sa Majesté va peut-être tenter de rattraper les maladresses diplomatiques de son Premier ministre par rapport à la position du royaume d’Espagne vis-à-vis du dossier sahraoui. L’Algérie qui couvre 60% des besoins de ce pays en gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe (GME) et au moins 10% des besoins de toute l’Europe, a beau jeu. Les terribles pressions exercées par le géant russe Gazprom rendent les pays européens très vulnérables. De fait, l’Algérie hérite d’une position très enviable de « solution alternative » à même de garantir la sécurité énergétique tant souhaitée par ces pays, « individuellement » ou dans le cadre de l’Union européenne. Et ce serait vraiment dommage pour l’Algérie de dilapider ou de ne pas user ce précieux joker pour impulser, voire imposer une mise à niveau diplomatique pour ses partenaires. A travers sa richesse gazière, l’Algérie dispose en tout cas d’une véritable arme énergétique de dissuasion. L’accord historique conclu entre Sonatrach et Gazprom en août 2006, et qui a fait trembler l’Europe, aura servi d’étincelle.

    El Watan, 13/03/2007
  • MINURSO cherche une sortie

    « Lorsqu’ils voient que la police frappe un sahraoui, qu’ils soient en civil ou en uniforme, ils tournent le dos » ou « je connais les bastonnades depuis que je suis toute petite », sont quelques-unes des expressions utilisées à propos des casques bleus de l’ONU au Sahara Occidental. Opinion partagée par beaucoup d’activistes sahraouis résidant à El Aaiun, et aussi par tous les observateurs qui ont séjourné ces dernières années au Sahara Occidental. Cela doit être vrai, parce que, à priori, ils n’ont pas les compétences pour agir, étant donné que dans leur mandat, stipulé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, ne figure pas la supervision des droits les plus basiques de l’être humain. Cependant, se trouve celui de surveiller le cessez-le-feu. Et ils le font. Ils patrouillent les frontières et surveillent les postes militaires, surtout, que le Maroc fortifiait dans le côté occidental d’un mur qui parcoure des centaines de kilomètres en divisant artificiellement le désert.
    Cependant, le conflit semble s’être enflammé à El Aaiún, où la police maintient un état de siège qui s’approche d’un apartheid sahraoui, avec distinction raciale et idéologique. La politique de répression n’est pas considérée « feu », de ce fait la MINURSO ne veille pas pour qu’il reste aux niveaux parfaits pour la dignité des adversaires qui cohabitent dans le territoire. Etant donnée la situation et les arrangements du Maroc pour gérer son occupation, ils sont beaucoup, les pays qui ont exprimé leur désir pour que le mandat de la Mission de Nations Unies au Sahara Occidental soit élargi, au minimum, à la surveillance de l’accomplissement des Droits de l’homme.
    Cependant, à la dernière réunion du Conseil de Sécurité dans laquelle le sujet du Sahara a été débattu- GuinGuinbali a pu parler aux personnes qui ont assisté aux cercles politiques qui se sont conformés autour – c’est la France qui a mis beaucoup d’énergie pour que ce ne soit pas le travail des Nations Unies mais de la police du Maroc, corps de sécurité de l’un des deux belligérants. Mémorable a été la réplique du représentant chinois au Conseil de Sécurité qui, avec lenteur, a remercié la France pour sa position et son rapprochement des décisions chinoises dans ses conflits internes, comme le Myanmar, dans lequel la France critiquait ses violations de Droits de l’homme. Il était le chasseur chassé. Et le représentant français, blessé dans son orgueil, pendant un jour seulement, a fait une réplique peu convaincante et presque sans arguments.
    Et c’est encore arrivé. Le lundi à l’aube, la police marocaine a agressé des dizaines de sahraouis qui se réjouissaient pacifiquement dans la rue des retrouvailles. Dans la charge, les matraques, les coups et les coups de pied dans la tête atteignaient trois Espagnols. Il y a des témoignages graphiques des agressions, des blessures, de l’attaque de la part des policiers marocains. Vous pouvez les voir sur GuinGuinBali. Des agressions sans avis préalable et sans justification, sans aucun délit et sans conséquence postérieure pour les sahraouis ni pour les policiers. Agresser pour agresser. N’est ce pas cela un « feu ouvert » non contrôlé par les casques bleus de l’ONU ?
    Quoi qu’il en soit, durant les mois prochains, cela se répétera parce que l’argent que Nations Unies dépensé dans sa mission pour le Sahara Occidental n’est pas dirigé à la sécurité des citoyens qui vivent dans le territoire.
    A peine quelques jours après les faits arrivés cette semaine, la coupole de MINURSO s’est réunie avec la direction du Front Polisario dans les camps de réfugiés et avec le président de l’Algérie. Des deux rendez-vous un seul message a été tiré, le même qui a été sollicité et débattu durant des heures intenses par le Conseil de Sécurité des Nations Unies il y a quelques mois : « MINURSO devrait veiller à ce que les Droits de l’homme soient respectés et que les ressources naturelles du Sahara Occidental ne soient plus spoliées ».
    La mission diplomatique était composée par Hany Abdelaziz, représentant spécial du Secrétaire Général au Sahara Occidental et chef de la MINURSO, et le Commandant en chef de la troupe, Jingmin Zhao, parmi d’autres hauts responsables du corps des casques bleus et des responsables administratifs qui font son travail sur le terrain. Ils ont montré leur respect et condoléances aux hauts responsables du Front Polisario suite au décès de Mahfoud Ali Beiba. De la part du Polisario, son leader, Mohamed Abdelaziz était à la tête de la représentation.
    Deux jours après avoir visité des différentes localisations dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie, la délégation s’est dirigée vers l’Algérie où ils ont trouvé la même incompréhension. De fait, ils ont trouvé encore plus. Depuis l’Algérie, on exige au Conseil de Sécurité qu’il élargisse la mission des Nations Unies pour le Sahara Occidental, en se montrant critiques envers la « complicité de la France » avec le « crime marocain ».
    Depuis la coupole de la MINURSO, ils se sont limités à lancer le message : « L’on continuera à travailler pour le développement du Sahara Occidental », sans fixer de calendrier de travail.
    L’échec comme Mission pour l’élaboration de recensement pour le Référendum au Sahara Occidental et pour surveiller le cessez-le-feu, devrait pousser la MINURSO et les Nations Unies à chercher une sortie pour ses casques bleus dans le territoire et arrêter d’enterrer son image encore plus entre les sables du désert. 
    Source: Sahara Today
    Traduction non officielle : Diaspora Saharaui

     

  • Visite du Premier Vice-Président de l’Union des Forces de Progrès (UFP) au Sahara Occidental.

    Du jeudi 15 au jeudi 22 juillet 2010, Bâ Boubakar Moussa, Premier Vice-Président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), a séjourné au Sahara Occidental.

    Porteur d’un message de condoléances du Président Mohamed Ould Maouloud, à la suite de la disparition tragique de Mahfoudh Ali Beyba, Président du Conseil National Sahrawi (CNS), le Vice-Président de l’UFP a été reçu en audience, jeudi 22 juillet, par le Président de la République Arabe Sahrawi Démocratique (RASD), son Excellence M. Mohamed Abdel Aziz.

    Le Président de la RASD, très sensible à ce geste, a prié le messager de transmettre ses remerciements et sa sympathie au Président Mohamed Ould Maouloud. Bâ Boubakar Moussa a rendu visite à la famille du défunt.

    Au cours de son séjour, le responsable de l’UFP s’est également entretenu avec de nombreux responsables de la RASD et du Front Polisario, parmi lesquels on peut citer : M. Abdel Qader Taleb Omar, Premier Ministre de la RASD; M. Khattri Adda, membre du Secrétariat National, Président du CNS ; M. Khalil Ould Ahmed, Ministre des Zones Occupées ; M. Ahmed Khaddad, représentant de la RASD auprès de la MINURSO ; M. Cheikh Melaïnine, Responsable des Sahrawi résidents à l’étranger.

    Ce fut l’occasion pour l’information mutuelle et l’échange d’analyse sur la situation en Mauritanie, au Sahara Occidental et dans la sous-région. Le Vice-Président de l’UFP s’est rendu dans les campements de Dakhla, Aïoun et Smara. Il a également visité l’École du 27 Février et donné une conférence de presse à la Radio, à  la Télévision et à l’Agence de Presse Sahrawi. Au cours de son séjour le Vice-Président de l’UFP était accompagné de M. Mahjoub Brahim, Conseiller à la Présidence de la RASD.

    sOURCE / cRIDEM
  • Le gaz algérien plus cher pour l’Espagne


    La décision des responsables algériens d’augmenter substantiellement le prix du gaz pourrait être dictée par le souci d’accroître les recettes et d’exercer une espèce de lobbying diplomatique pour amener les clients à ne pas tourner le dos à l’Algérie.

    L’annonce faite, hier, par le ministre de l’Energie, Chakib Khelil, de la volonté de l’Algérie d’augmenter le prix de son gaz au terme des négociations qu’elle a engagées avec ses clients est, sans doute, révélatrice d’une nouvelle stratégie dans ce secteur. Les traitements préférentiels et autres « faveurs » consentis à des pays dits « amis » vont donc céder la place à une « realpolitik » gazière. Celle du marché. Si la politique algérienne en matière de prix du gaz était jusque-là imbriquée, à tort ou à raison, à ses rapports, voire ses proximités avec certains puissants pays d’Europe, sans qu’elle n’en tire forcément une plus-value politique, la démarche va apparemment changer. Le gaz sera désormais un vecteur diplomatique que l’Algérie entend utiliser à bon escient avec ses partenaires. Le ministre de l’Energie qui vient de déclarer le choix de l’Algérie d’aller vers la réalité des prix du gaz confirme qu’une forme de diplomatie du gaz est effectivement en route. Ce pragmatisme retrouvé des responsables algériens est dicté par le double souci de tirer d’abord un surcroît de recettes via l’augmentation du prix du gaz, mais aussi d’exercer une espèce de lobbying diplomatique pour amener ses clients à ne pas lui tourner le dos s’agissant des questions stratégiques qu’elle défend. En l’occurrence, au-delà des 150 millions de dollars supplémentaires qu’elle engrangera en augmentant d’un seul dollar le prix de son gaz, l’Algérie dispose d’un instrument aussi puissant que le pétrole pour « punir » économiquement ceux qui la contrarient diplomatiquement. C’est que les gazoducs ne transporteront plus uniquement du gaz pour faire plaisir à nos clients mais aussi et surtout des idées. Les temps du fantôme de la sécurité énergétique ou encore du sacro-saint principe du bon voisinage semblent avoir vécu. L’Algérie a enfin compris qu’elle ne doit dorénavant plus ouvrir ses vannes pour arroser l’Espagne, la France et les autres pays européens si elle n’a aucun avantage politique et diplomatique comparatif à tirer. Il y a, en effet, un constat : les « faveurs algériennes » à ses clients ne sont pas bien récompensées diplomatiquement. Il n’y a qu’a voir les positions de l’Espagne et de la France à l’égard du problème du Sahara occidental pour noter ce partenariat improductif. Il est d’ailleurs significatif de relever l’arrivée, aujourd’hui, du roi d’Espagne en Algérie au moment où l’Algérie négocie avec le gouvernement de Zapatero l’augmentation du prix du gaz. Sa Majesté va peut-être tenter de rattraper les maladresses diplomatiques de son Premier ministre par rapport à la position du royaume d’Espagne vis-à-vis du dossier sahraoui. L’Algérie qui couvre 60% des besoins de ce pays en gaz à travers le gazoduc Maghreb-Europe (GME) et au moins 10% des besoins de toute l’Europe, a beau jeu. Les terribles pressions exercées par le géant russe Gazprom rendent les pays européens très vulnérables. De fait, l’Algérie hérite d’une position très enviable de « solution alternative » à même de garantir la sécurité énergétique tant souhaitée par ces pays, « individuellement » ou dans le cadre de l’Union européenne. Et ce serait vraiment dommage pour l’Algérie de dilapider ou de ne pas user ce précieux joker pour impulser, voire imposer une mise à niveau diplomatique pour ses partenaires. A travers sa richesse gazière, l’Algérie dispose en tout cas d’une véritable arme énergétique de dissuasion. L’accord historique conclu entre Sonatrach et Gazprom en août 2006, et qui a fait trembler l’Europe, aura servi d’étincelle.

    El Watan, 13/03/2007