Mois : septembre 2009

  • Les fausses vérités du journal royal

    « Droits de l’homme au Sahara marocain, une situation meilleure que celle de l’Algérie ».
    Ce n’est pas une blague, c’est ce qui dit « Le Matin », le journal du roi Mohamed VI. D’après ce « prestigueux » journal, « l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, Omar Hilale a affirmé, jeudi au Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’Onu, que la situation des droits de l’Homme au Sahara marocain est meilleure que celle de l’Algérie où des violations des droits de l’homme continuent d’être enregistrées au quotidien. N’en déplaise à l’ambassadeur algérien, la situation des droits de l’homme au Sahara marocain est mille fois meilleure que celle de l’Algérie où des violations des droits de l’Homme continuent d’être enregistrées au quotidien ».

    Le journal, court d’arguments dans sa recherche désespérée pour trouver un moyen de monter les citoyens marocains contre l’Algérie, est prêt à tout inventer. Parce que M. Hilale n’a jamais dit cela ni peut le dire parce que c’est tout simplement une bourde qu’il ne peut pas commettre.
    Pour rappel, l’Algérie vient d’être saluée par le président du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour sa « générosité pour avoir accueilli et protégé les réfugiés sahraouis » de l’invasion barbare marocaine.
    Si la situation dans le Sahara Occidental contrôlé par le Maroc est si bonne que le prétend le journal, pourquoi, pas plus tard qu’au mois d’août 2009, les autorités marocaines ont empêché six jeunes sahraouis de voyager depuis l’aéroport « Almassirah » d’Agadir pour participer au débat sur la question du Sahara Occidental qui devait avoir lieu à Londres du 5 au 18 août, à l’initiative de l’organisation, « Talk together »?

    L’organisation ‘talk together’, basée à Londres, prévoyait la présence des étudiants sahraouis des territoires occupés, des camps de réfugiés, du Maroc, de la Grande Bretagne, de la Norvège et d’autres pays neutres pour permettre aux jeunes générations de débattre la question du Sahara Occidental dans une atmosphère d’amitié et de confiance mutuelle.
    Pourquoi le Maroc, avec le soutien de la France, a empêché la MINURSO de contrôler la situation des droits de l’homme, malgré l’insistence et les recommendations de Human Rights Watch, Amnesty International, du Parlement Européen et des différents organismes internationales.
    Ceux qui sont prêts à avaler les sarcasmes de la propagande officielle marocaine, sont invités à lire le dernier rapport d’Amnesty International sur le Maroc et le Sahara Occidental pour l’année 2009.

    Le peuple marocain aussi subit le même traitement que son frère le peuple sahraoui. Le régime marocain a tout fait pour donner une fausse image de ce qui se passe tant au Maroc qu’au Sahara. Non sans raison, le CCDH a été appelé la « Corporation des Casseurs des Droits de l’Homme ».

    L’avocat Abderrahim Berrada, dans une interview publiée sur l’édition n° 386 de TelQuel a bien que « le CCDH n’est rien d’autre! Cette instance, dont j’ai défendu le président Ahmed Herzenni dans les années 1970, répète partout que le Maroc a été le pays qui a le plus indemnisé les victimes. Elle ramène des problèmes de dignité à des questions de fric. Cela me fait vomir !

    Les vraies associations de défense des droits humains au Maroc et au Sahara Occidental continuent à être persécutés et leurs militants condamnés et emprisonnés pour des inculpations fabriquées dans les bureaux de Chakib Benmoussa, le nouveau Driss Basri du royaume de Mohamed VI.

  • Les fausses vérités du journal royal

    « Droits de l’homme au Sahara marocain, une situation meilleure que celle de l’Algérie ».
    Ce n’est pas une blague, c’est ce qui dit « Le Matin », le journal du roi Mohamed VI. D’après ce « prestigueux » journal, « l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, Omar Hilale a affirmé, jeudi au Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’Onu, que la situation des droits de l’Homme au Sahara marocain est meilleure que celle de l’Algérie où des violations des droits de l’homme continuent d’être enregistrées au quotidien. N’en déplaise à l’ambassadeur algérien, la situation des droits de l’homme au Sahara marocain est mille fois meilleure que celle de l’Algérie où des violations des droits de l’Homme continuent d’être enregistrées au quotidien ».

    Le journal, court d’arguments dans sa recherche désespérée pour trouver un moyen de monter les citoyens marocains contre l’Algérie, est prêt à tout inventer. Parce que M. Hilale n’a jamais dit cela ni peut le dire parce que c’est tout simplement une bourde qu’il ne peut pas commettre.
    Pour rappel, l’Algérie vient d’être saluée par le président du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour sa « générosité pour avoir accueilli et protégé les réfugiés sahraouis » de l’invasion barbare marocaine.
    Si la situation dans le Sahara Occidental contrôlé par le Maroc est si bonne que le prétend le journal, pourquoi, pas plus tard qu’au mois d’août 2009, les autorités marocaines ont empêché six jeunes sahraouis de voyager depuis l’aéroport « Almassirah » d’Agadir pour participer au débat sur la question du Sahara Occidental qui devait avoir lieu à Londres du 5 au 18 août, à l’initiative de l’organisation, « Talk together »?

    L’organisation ‘talk together’, basée à Londres, prévoyait la présence des étudiants sahraouis des territoires occupés, des camps de réfugiés, du Maroc, de la Grande Bretagne, de la Norvège et d’autres pays neutres pour permettre aux jeunes générations de débattre la question du Sahara Occidental dans une atmosphère d’amitié et de confiance mutuelle.
    Pourquoi le Maroc, avec le soutien de la France, a empêché la MINURSO de contrôler la situation des droits de l’homme, malgré l’insistence et les recommendations de Human Rights Watch, Amnesty International, du Parlement Européen et des différents organismes internationales.
    Ceux qui sont prêts à avaler les sarcasmes de la propagande officielle marocaine, sont invités à lire le dernier rapport d’Amnesty International sur le Maroc et le Sahara Occidental pour l’année 2009.

    Le peuple marocain aussi subit le même traitement que son frère le peuple sahraoui. Le régime marocain a tout fait pour donner une fausse image de ce qui se passe tant au Maroc qu’au Sahara. Non sans raison, le CCDH a été appelé la « Corporation des Casseurs des Droits de l’Homme ».

    L’avocat Abderrahim Berrada, dans une interview publiée sur l’édition n° 386 de TelQuel a bien que « le CCDH n’est rien d’autre! Cette instance, dont j’ai défendu le président Ahmed Herzenni dans les années 1970, répète partout que le Maroc a été le pays qui a le plus indemnisé les victimes. Elle ramène des problèmes de dignité à des questions de fric. Cela me fait vomir !

    Les vraies associations de défense des droits humains au Maroc et au Sahara Occidental continuent à être persécutés et leurs militants condamnés et emprisonnés pour des inculpations fabriquées dans les bureaux de Chakib Benmoussa, le nouveau Driss Basri du royaume de Mohamed VI.

  • USFP/Monarchie : un demi-siècle d’opposition et de … compromis(sions)


    Cinquante ans après la naissance de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), toutes les questions pour lesquelles ses militants se sont battus restent encore en suspens : droits et libertés publiques, rôle de l’Etat, prééminence de la monarchie, déséquilibre du pouvoir, etc. Histoire et actualité d’une famille politique marquante.

    Dans le théâtre Mohammed V à Rabat, le 6 septembre 2009, les photos qui ornent les murs de la grande salle d’exposition tentent de retracer un demi-siècle d’existence d’une famille politique, celle de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), puis, à partir de janvier 1975, celle de l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Cinquante ans donc d’une lutte éprouvante pour le pouvoir et d’un bras de fer avec la monarchie alaouite qui ont conduit, en mars1998, à la participation au premier gouvernement dit d’alternance dirigé par Abderrahmane Youssoufi. Depuis, cette formation subit une hémorragie électorale qui la place dans une logique de dégringolade permanente. 

    Marketing politique
    Il faut dire que ce cinquantième anniversaire de la naissance de l’UNFP se présente, pour les cadors de l’USFP, comme une opération de marketing politique. Mais pour d’autres, il pourrait être l’occasion d’évaluer l’actualité du «parti de la rose» à travers une lecture  dynamique de son histoire politique. De la première scission en 1959, menée par Mehdi Ben Barka contre l’Istiqlal, à celle de Mohammed Sassi en mars 2001, dans le tumulte du VIè congrès, en passant par le départ d’Abderrahmane Benamer en 1983, l’histoire de l’UNFP et de l’USFP est, aussi, une histoire de ruptures et d’échecs, parfois mortels. Après cinquante ans, n’est-il pas utile, aujourd’hui, de se poser les questions suivantes : que reste-t-il de l’idéologie et des programmes élaborés par les fondateurs de l’UNFP (Mehdi Ben Barka, Abdellah Ibrahim et Abderrahim Bouabid) ? Comment l’USFP a-t-elle évolué ? A-t-elle su s’adapter à l’évolution d’un contexte international marqué par la prééminence du libéralisme politique, qui suppose des mutations importantes au niveau du rôle de l’Etat ?
    Janvier 1975. Une scission au sein de l’UNFP est conduite par la section dite de Rabat, composée essentiellement d’Abderrahim Bouabid, Mohammed Elyazghi et Omar Bendjelloun. L’USFP était ainsi née… Pour expliquer le bien-fondé de cette scission, «la clarification de la ligne idéologique» du parti est présentée comme un argument central. En d’autres termes, il fallait désormais opter pour la «voie démocratique » au lieu de «l’option révolutionnaire». «Ce motif était ambigu et peu convaincant puisque l’UNFP n’était pas dans une logique blanquiste. Elle avait participé aux élections de 1963 et pratiqué une opposition démocratique, aux côtés de l’Istiqlal», précise Abdellatif Housni, ancien militant de l’UNFP.
     
    A son tour, l’USFP pratique une opposition parlementaire active à travers laquelle tous ses projets de société s’étaient peu à peu cristallisés : un socialisme où l’Etat joue un rôle important, des institutions pourvues d’une légitimité populaire et démocratique, une presse libre, le tout dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle et démocratique. L’USFP gagne alors en popularité, et en consolidant son assise électorale, elle s’érige en force politique capable de mener un bras de fer contre Hassan II. A partir de 1993, l’intégration d’une nouvelle élite politique dans les structures de l’Exécutif se fait sentir inexorablement. Un système où la moindre alternance n’existe pas ne peut guère durer… Hassan II en était conscient. Après l’échec de la première tentative d’alternance avec M’hamed Boucetta -alors SG de l’Istiqlal-, le roi se tourne vers son vieux rival : l’USFP. Un marchandage périlleux commence entre le roi défunt et Abderrahmane Youssoufi. Il portait sur les réformes constitutionnelles. De part et d’autre, des concessions sont demandées, et en 1996, la Constitution est encore une fois révisée. Mais les changements ne concernent pas le pouvoir royal, dont la prééminence reste intacte. L’USFP participe finalement, en mars 1998, à un gouvernement dit d’alternance, hétéroclite.
     
    Mais dix ans plus tard, le parti qui a été fondé par Abderrahim Bouabid vit une crise identitaire et électorale profonde. L’idéal d’un Etat régulateur et impartial, agissant à travers des structures de régulation crédibles, n’a pas été atteint. Celles-ci sont aujourd’hui dominées par des «potes» du roi, portant atteinte au fonctionnement régulier des rapports financiers. L’exemple de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) est, à cet égard, très significatif. Fondé en 1959 par Abderrahim Bouabid, alors ministre de l’Economie, cet établissement public avait pour objectif la conservation et la gestion de l’épargne par l’Etat. Aujourd’hui, la CDG s’est transformée en une structure dirigée par Anas Alami, un proche de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi. L’USFP, elle, se contente d’un rôle de figurant…
    Cinquante ans après la naissance de l’UNFP, nombre d’observateurs et de militants de l’USFP s’interrogent sur les choix qui ont été faits, notamment par Youssoufi, à la fin des années 1990. Et c’est la déception qui l’emporte sur le… marketing politique. 

    Abderrahmane Youssoufi, le constat de l’amertume
    «A  u terme du processus électoral (…) j’ai décidé de me retirer de l’action politique et, par là même, de démissionner de l’Union nationale des forces populaires.» C’est par cette expression lapidaire que l’ancien Premier secrétaire de l’USFP Abderrahmane Youssoufi, annonce, en décembre 2003, son retrait d’une famille politique qu’il a servie depuis sa plus tendre enfance. Il est l’artisan du gouvernement dit d’alternance, avec Hassan II qui l’a fait jurer sur le coran, fidélité au trône. Mais Youssoufi est également l’homme de la déception, celui qui n’a pas su profiter d’une opportunité historique pour revendiquer des réformes constitutionnelles permettant aux institutions de jouer un rôle plus important que celui de la figuration qu’elle joue aujourd’hui.
     
    Il est aussi l’homme des interdictions de journaux, en décembre 2001 et enfin, celui qui n’a pas su empêcher la dégringolade électorae de son parti. Sa présence, le 6 septembre 2009, à l’exposition des photos-souvenirs de l’UNFP au théâtre Mohammed V en a pourtant ému plus d’un…

    Abdallah Ibrahim, l’insoumis
    Né à Marrakech en 1918, Abdallah Ibrahim est l’un des signataires du Manifeste de l’Indépendance en 1944. A partir de février 1958, il est président du Conseil de gouvernement, jusqu’en mai 1960. Avec Mehdi Ben Barka, il fonde, en 1959, l’Union nationale des forces populaires (UNFP). Ses rapports avec le roi Hassan II étaient difficiles. D’un côté, Ibrahim n’a jamais pardonné au prince Moulay Hassan de l’avoir évincé du conseil de gouvernement, en 1960, alors qu’il avait entamé, avec Abderrahim Bouabid, tout un projet de modernisation des structures industrielles du royaume. De l’autre, Hassan II n’a jamais accepté l’arrogance d’Ibrahim, son attachement aux principes révolutionnaires et sa rigidité idéologique, contrairement à un Bouabid par exemple. Ibrahim suscitait également la méfiance de la France, qui lui préférait le prince Moulay Hassan et ses officiers coloniaux…

    Abderrahim Bouabid, zones d’ombre d’un homme d’Etat
    Il est l’artisan de la scission de 1975, qui a morcelé la famille ittihadie et créé l’actuelle USFP. Charismatique, fin politique et personnage d’histoire, Abderrahim Bouabid était très apprécié, voire admiré par Hassan II, avec lequel il n’a jamais gouverné. Tous ceux qui connaissaient le défunt roi assurent que celui-ci aurait aimé «travailler avec lui». Né à Salé en 1922, il est l’un des plus jeunes signataires du manifeste de l’Indépendance. Grâce à sa formation et sa subtilité politique, Bouabid joue un rôle de premier plan dans les négociations qui mèneront à «l’indépendance dans l’interdépendance» du Maroc, en 1956. Il est l’architecte de l’option participative de l’USFP, à travers des processus électoraux cependant limités. Mais jusqu’à sa mort en 1992, il a pu préserver une USFP forte, populaire et électoralement crédible. Nombre d’historiens et de politologues le décrivent aujourd’hui comme un véritable homme d’Etat, en dépit des zones d’ombre qui ont émaillé son rôle dans le coup d’Etat de 1972.



    Le Journal Hebdo

  • USFP/Monarchie : un demi-siècle d’opposition et de … compromis(sions)


    Cinquante ans après la naissance de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), toutes les questions pour lesquelles ses militants se sont battus restent encore en suspens : droits et libertés publiques, rôle de l’Etat, prééminence de la monarchie, déséquilibre du pouvoir, etc. Histoire et actualité d’une famille politique marquante.

    Dans le théâtre Mohammed V à Rabat, le 6 septembre 2009, les photos qui ornent les murs de la grande salle d’exposition tentent de retracer un demi-siècle d’existence d’une famille politique, celle de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), puis, à partir de janvier 1975, celle de l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Cinquante ans donc d’une lutte éprouvante pour le pouvoir et d’un bras de fer avec la monarchie alaouite qui ont conduit, en mars1998, à la participation au premier gouvernement dit d’alternance dirigé par Abderrahmane Youssoufi. Depuis, cette formation subit une hémorragie électorale qui la place dans une logique de dégringolade permanente. 

    Marketing politique
    Il faut dire que ce cinquantième anniversaire de la naissance de l’UNFP se présente, pour les cadors de l’USFP, comme une opération de marketing politique. Mais pour d’autres, il pourrait être l’occasion d’évaluer l’actualité du «parti de la rose» à travers une lecture  dynamique de son histoire politique. De la première scission en 1959, menée par Mehdi Ben Barka contre l’Istiqlal, à celle de Mohammed Sassi en mars 2001, dans le tumulte du VIè congrès, en passant par le départ d’Abderrahmane Benamer en 1983, l’histoire de l’UNFP et de l’USFP est, aussi, une histoire de ruptures et d’échecs, parfois mortels. Après cinquante ans, n’est-il pas utile, aujourd’hui, de se poser les questions suivantes : que reste-t-il de l’idéologie et des programmes élaborés par les fondateurs de l’UNFP (Mehdi Ben Barka, Abdellah Ibrahim et Abderrahim Bouabid) ? Comment l’USFP a-t-elle évolué ? A-t-elle su s’adapter à l’évolution d’un contexte international marqué par la prééminence du libéralisme politique, qui suppose des mutations importantes au niveau du rôle de l’Etat ?
    Janvier 1975. Une scission au sein de l’UNFP est conduite par la section dite de Rabat, composée essentiellement d’Abderrahim Bouabid, Mohammed Elyazghi et Omar Bendjelloun. L’USFP était ainsi née… Pour expliquer le bien-fondé de cette scission, «la clarification de la ligne idéologique» du parti est présentée comme un argument central. En d’autres termes, il fallait désormais opter pour la «voie démocratique » au lieu de «l’option révolutionnaire». «Ce motif était ambigu et peu convaincant puisque l’UNFP n’était pas dans une logique blanquiste. Elle avait participé aux élections de 1963 et pratiqué une opposition démocratique, aux côtés de l’Istiqlal», précise Abdellatif Housni, ancien militant de l’UNFP.
     
    A son tour, l’USFP pratique une opposition parlementaire active à travers laquelle tous ses projets de société s’étaient peu à peu cristallisés : un socialisme où l’Etat joue un rôle important, des institutions pourvues d’une légitimité populaire et démocratique, une presse libre, le tout dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle et démocratique. L’USFP gagne alors en popularité, et en consolidant son assise électorale, elle s’érige en force politique capable de mener un bras de fer contre Hassan II. A partir de 1993, l’intégration d’une nouvelle élite politique dans les structures de l’Exécutif se fait sentir inexorablement. Un système où la moindre alternance n’existe pas ne peut guère durer… Hassan II en était conscient. Après l’échec de la première tentative d’alternance avec M’hamed Boucetta -alors SG de l’Istiqlal-, le roi se tourne vers son vieux rival : l’USFP. Un marchandage périlleux commence entre le roi défunt et Abderrahmane Youssoufi. Il portait sur les réformes constitutionnelles. De part et d’autre, des concessions sont demandées, et en 1996, la Constitution est encore une fois révisée. Mais les changements ne concernent pas le pouvoir royal, dont la prééminence reste intacte. L’USFP participe finalement, en mars 1998, à un gouvernement dit d’alternance, hétéroclite.
     
    Mais dix ans plus tard, le parti qui a été fondé par Abderrahim Bouabid vit une crise identitaire et électorale profonde. L’idéal d’un Etat régulateur et impartial, agissant à travers des structures de régulation crédibles, n’a pas été atteint. Celles-ci sont aujourd’hui dominées par des «potes» du roi, portant atteinte au fonctionnement régulier des rapports financiers. L’exemple de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) est, à cet égard, très significatif. Fondé en 1959 par Abderrahim Bouabid, alors ministre de l’Economie, cet établissement public avait pour objectif la conservation et la gestion de l’épargne par l’Etat. Aujourd’hui, la CDG s’est transformée en une structure dirigée par Anas Alami, un proche de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi. L’USFP, elle, se contente d’un rôle de figurant…
    Cinquante ans après la naissance de l’UNFP, nombre d’observateurs et de militants de l’USFP s’interrogent sur les choix qui ont été faits, notamment par Youssoufi, à la fin des années 1990. Et c’est la déception qui l’emporte sur le… marketing politique. 

    Abderrahmane Youssoufi, le constat de l’amertume
    «A  u terme du processus électoral (…) j’ai décidé de me retirer de l’action politique et, par là même, de démissionner de l’Union nationale des forces populaires.» C’est par cette expression lapidaire que l’ancien Premier secrétaire de l’USFP Abderrahmane Youssoufi, annonce, en décembre 2003, son retrait d’une famille politique qu’il a servie depuis sa plus tendre enfance. Il est l’artisan du gouvernement dit d’alternance, avec Hassan II qui l’a fait jurer sur le coran, fidélité au trône. Mais Youssoufi est également l’homme de la déception, celui qui n’a pas su profiter d’une opportunité historique pour revendiquer des réformes constitutionnelles permettant aux institutions de jouer un rôle plus important que celui de la figuration qu’elle joue aujourd’hui.
     
    Il est aussi l’homme des interdictions de journaux, en décembre 2001 et enfin, celui qui n’a pas su empêcher la dégringolade électorae de son parti. Sa présence, le 6 septembre 2009, à l’exposition des photos-souvenirs de l’UNFP au théâtre Mohammed V en a pourtant ému plus d’un…

    Abdallah Ibrahim, l’insoumis
    Né à Marrakech en 1918, Abdallah Ibrahim est l’un des signataires du Manifeste de l’Indépendance en 1944. A partir de février 1958, il est président du Conseil de gouvernement, jusqu’en mai 1960. Avec Mehdi Ben Barka, il fonde, en 1959, l’Union nationale des forces populaires (UNFP). Ses rapports avec le roi Hassan II étaient difficiles. D’un côté, Ibrahim n’a jamais pardonné au prince Moulay Hassan de l’avoir évincé du conseil de gouvernement, en 1960, alors qu’il avait entamé, avec Abderrahim Bouabid, tout un projet de modernisation des structures industrielles du royaume. De l’autre, Hassan II n’a jamais accepté l’arrogance d’Ibrahim, son attachement aux principes révolutionnaires et sa rigidité idéologique, contrairement à un Bouabid par exemple. Ibrahim suscitait également la méfiance de la France, qui lui préférait le prince Moulay Hassan et ses officiers coloniaux…

    Abderrahim Bouabid, zones d’ombre d’un homme d’Etat
    Il est l’artisan de la scission de 1975, qui a morcelé la famille ittihadie et créé l’actuelle USFP. Charismatique, fin politique et personnage d’histoire, Abderrahim Bouabid était très apprécié, voire admiré par Hassan II, avec lequel il n’a jamais gouverné. Tous ceux qui connaissaient le défunt roi assurent que celui-ci aurait aimé «travailler avec lui». Né à Salé en 1922, il est l’un des plus jeunes signataires du manifeste de l’Indépendance. Grâce à sa formation et sa subtilité politique, Bouabid joue un rôle de premier plan dans les négociations qui mèneront à «l’indépendance dans l’interdépendance» du Maroc, en 1956. Il est l’architecte de l’option participative de l’USFP, à travers des processus électoraux cependant limités. Mais jusqu’à sa mort en 1992, il a pu préserver une USFP forte, populaire et électoralement crédible. Nombre d’historiens et de politologues le décrivent aujourd’hui comme un véritable homme d’Etat, en dépit des zones d’ombre qui ont émaillé son rôle dans le coup d’Etat de 1972.



    Le Journal Hebdo

  • Les sauts d’humeur de Mohamed VI

    Depuis son intronisation, les sauts d’humeur du roi Mohamed VI sont devenus monnaie courante. Un exemple : C’est devenu habituel qu’il révoque puis réintègre ses gardes du corps. L’un d’eux, Khalid Fikri aurait même reçu une gifle après avoir été surpris par le roi en pleine discussion téléphonique à l’intérieur du palais royal à Fès. Pas plus tard qu’à la dernière cérémonie de la Bey’âa le 30 juillet dernier, il aurait jugé que des invités se seraient trop rapproché de l’étalon royal. Grosse colère de Sa Majesté! Ses deux gardes de corps préférés sont renvoyés pour correction à l’Académie de Police de Kénitra.

    C’est au tour du chantier Anfa Place, à Casablanca, de subir les foudres de Mohamed VI. Il est à l’arrêt depuis le 4 septembre. Pour rappel, de nombreuses personnes se sont déjà acquittées d’une bonne partie des sommes destinées à l’achat de leurs futures propriétés.

    Pour dissimuler la bourde du roi, l’agence MAP diffuse un communiqué annonçant la création par le Ministère de l’Intérieur d’une commission d’enquête pour « déterminer les conditions d’autorisation du chantier », ainsi que les « conditions futures de et le respect de la réglementation en vigueur tant sur le plan urbanistique ou de circulation sur le plan environnemental ou sur le plan des distances réglementaires par rapport à la mosquée adjacente pour ce qui concerne les autorisations des boissons alcoolisées ».
    Est-ce dû à un saut d’humeur de Mohamed VI ou plutôt par crainte des futures plaintes des fidèles qui se rendent à la mosquée? 

    Le journal  espagnol EL PAIS analyse la question dans un article paru le 16 septembre dont voici le texte intégral:

     

     

    Mohamed un VI a ordonné d’arrêter deux semaines un complexe de luxe d’une société espagnole de construction

    Inveravante érige un luxueux centre commercial et résidentiel dans la Corniche maritime de Casablanca. – Les travaux reprendront ce jeudi

     

    IGNACIO CEMBRERO – Madrid – 16/09/2009

    Qu’est-ce qui a déplu au roi Mohamed VI quand, le 4 septembre, il est passé devant le luxueux complexe que la promotrice immobilière espagnole Inveravante construit dans  la Corniche maritime de Casablanca ? Quelque chose a dû irriter le monarque pour qu’il appelle immédiatement le gouverneur de la ville, Mohamed Halab, pour lui ordonner qu’il arrête les travaux. Si tout va bien ils reprendront demain jeudi.
    Peu de temps après le coup de fil royal à Halab, les forces de l’ordre ont débarqué à l’Anfaplace Living Resort, comme le projet a été baptisé, pour paralyser le chantier qui avait toutes les permissions légales. Depuis lors une fourgonnette commerciale de la police postait d’une manière permanente à l’entrée, deux mille travailleurs sont au chômage technique et la presse marocaine a spéculé presque quotidiennement sur les motifs de cette brusque décision.
    Ce dont n’ont pas douté les journaux marocains c’est de qui a imposé cette paralysation. « Le Roi ordonne la suspension des travaux », titrait en première page, par exemple,  l’hebdomadaire satirique « Le Canard Déchaîné ». Plus prudent, le journal économique « L’Economiste » affirme que la mesure a été prise dans des « hauts lieux » en allusion au palais royal.
    Depuis un an Inveravante construit, dans un espace de 93.000 mètres carrés en face de l’Océan Atlantique, un complexe qui inclut un centre commercial, un autre d’affaires, des zones de loisir et 260 appartements de luxe vendus au prix astronomique, pour le Maroc, de presque 3.000 euros le mètre carré. Inveravante appartient à l’entrepreneur galicien Manuel Jove, de 68 ans. Jove était président de Fadesa.
    Dessiné par l’étude d’architecture de Norman Foster, le projet suppose un investissement de 2.800 millions de dirhams (255 millions d’euros). Il est situé près de la mosquée Al Saud, payée par l’Arabie Saoudite, et d’un palais appartenant à la famille royale saoudienne.
    « Aucun responsable n’est prêt à informer des motifs de la suspension » du chantier, se plaignait « L’Economiste ». Le journal a signalé, cependant, que la terre extraite et répandue, en partie, par la chaussée adjacente ainsi ont incité à le paralyser. D’autres sources mentionnaient des possibles déficiences de sécurité parce que le chantier n’était pas clôturé. Les autorités et l’entreprise n’ont pas confirmé ni infirmer.
    La Wilaya (Gouvernement Civil) de Casablanca et le Conseil municipal ont demandé à Inveravante de s’engager, selon des sources informées du projet, à réparer par écrit ces apparentes fautes. Son directeur exécutif au Maroc, Badr l’Ouazzani, a remis la lettre dans laquelle, selon la note de presse, il explique qu’elle n’épargnera aucun effort pour que « les travaux se développent dans les meilleures conditions possibles ». Peu après, elle a reçu le feu vert pour recommencer les travaux.
    Il y a déjà sept ans la multinationale hôtelière espagnole Sol Meliá a connu pire. Elle n’a pas pu terminer Paradisus, un complexe résidentiel dans la ville côtière d’Agadir. Par la faute de ses partenaires marocains elle n’a pas achevé à temps la première phase du projet. Elle a demandé une prorogation au premier ministre, Driss Jettou, mais celui-ci la lui a refusée, par conséquent, elle s’est vue obligée de quitter le Maroc.
    Un télégramme envoyé en 2002 par l’Ambassade de l’Espagne à Rabat au Ministère des Affaires étrangères espagnol a signalé que la vraie raison du refus du Premier ministre venait de la situation des terrains dans lesquels Sol Meliá allait construire. Ils étaient limitrophes avec un palais du roi dont la sécurité pouvait être mise en cause.

  • Les sauts d’humeur de Mohamed VI

    Depuis son intronisation, les sauts d’humeur du roi Mohamed VI sont devenus monnaie courante. Un exemple : C’est devenu habituel qu’il révoque puis réintègre ses gardes du corps. L’un d’eux, Khalid Fikri aurait même reçu une gifle après avoir été surpris par le roi en pleine discussion téléphonique à l’intérieur du palais royal à Fès. Pas plus tard qu’à la dernière cérémonie de la Bey’âa le 30 juillet dernier, il aurait jugé que des invités se seraient trop rapproché de l’étalon royal. Grosse colère de Sa Majesté! Ses deux gardes de corps préférés sont renvoyés pour correction à l’Académie de Police de Kénitra.

    C’est au tour du chantier Anfa Place, à Casablanca, de subir les foudres de Mohamed VI. Il est à l’arrêt depuis le 4 septembre. Pour rappel, de nombreuses personnes se sont déjà acquittées d’une bonne partie des sommes destinées à l’achat de leurs futures propriétés.

    Pour dissimuler la bourde du roi, l’agence MAP diffuse un communiqué annonçant la création par le Ministère de l’Intérieur d’une commission d’enquête pour « déterminer les conditions d’autorisation du chantier », ainsi que les « conditions futures de et le respect de la réglementation en vigueur tant sur le plan urbanistique ou de circulation sur le plan environnemental ou sur le plan des distances réglementaires par rapport à la mosquée adjacente pour ce qui concerne les autorisations des boissons alcoolisées ».
    Est-ce dû à un saut d’humeur de Mohamed VI ou plutôt par crainte des futures plaintes des fidèles qui se rendent à la mosquée? 

    Le journal  espagnol EL PAIS analyse la question dans un article paru le 16 septembre dont voici le texte intégral:

     

     

    Mohamed un VI a ordonné d’arrêter deux semaines un complexe de luxe d’une société espagnole de construction

    Inveravante érige un luxueux centre commercial et résidentiel dans la Corniche maritime de Casablanca. – Les travaux reprendront ce jeudi

     

    IGNACIO CEMBRERO – Madrid – 16/09/2009

    Qu’est-ce qui a déplu au roi Mohamed VI quand, le 4 septembre, il est passé devant le luxueux complexe que la promotrice immobilière espagnole Inveravante construit dans  la Corniche maritime de Casablanca ? Quelque chose a dû irriter le monarque pour qu’il appelle immédiatement le gouverneur de la ville, Mohamed Halab, pour lui ordonner qu’il arrête les travaux. Si tout va bien ils reprendront demain jeudi.
    Peu de temps après le coup de fil royal à Halab, les forces de l’ordre ont débarqué à l’Anfaplace Living Resort, comme le projet a été baptisé, pour paralyser le chantier qui avait toutes les permissions légales. Depuis lors une fourgonnette commerciale de la police postait d’une manière permanente à l’entrée, deux mille travailleurs sont au chômage technique et la presse marocaine a spéculé presque quotidiennement sur les motifs de cette brusque décision.
    Ce dont n’ont pas douté les journaux marocains c’est de qui a imposé cette paralysation. « Le Roi ordonne la suspension des travaux », titrait en première page, par exemple,  l’hebdomadaire satirique « Le Canard Déchaîné ». Plus prudent, le journal économique « L’Economiste » affirme que la mesure a été prise dans des « hauts lieux » en allusion au palais royal.
    Depuis un an Inveravante construit, dans un espace de 93.000 mètres carrés en face de l’Océan Atlantique, un complexe qui inclut un centre commercial, un autre d’affaires, des zones de loisir et 260 appartements de luxe vendus au prix astronomique, pour le Maroc, de presque 3.000 euros le mètre carré. Inveravante appartient à l’entrepreneur galicien Manuel Jove, de 68 ans. Jove était président de Fadesa.
    Dessiné par l’étude d’architecture de Norman Foster, le projet suppose un investissement de 2.800 millions de dirhams (255 millions d’euros). Il est situé près de la mosquée Al Saud, payée par l’Arabie Saoudite, et d’un palais appartenant à la famille royale saoudienne.
    « Aucun responsable n’est prêt à informer des motifs de la suspension » du chantier, se plaignait « L’Economiste ». Le journal a signalé, cependant, que la terre extraite et répandue, en partie, par la chaussée adjacente ainsi ont incité à le paralyser. D’autres sources mentionnaient des possibles déficiences de sécurité parce que le chantier n’était pas clôturé. Les autorités et l’entreprise n’ont pas confirmé ni infirmer.
    La Wilaya (Gouvernement Civil) de Casablanca et le Conseil municipal ont demandé à Inveravante de s’engager, selon des sources informées du projet, à réparer par écrit ces apparentes fautes. Son directeur exécutif au Maroc, Badr l’Ouazzani, a remis la lettre dans laquelle, selon la note de presse, il explique qu’elle n’épargnera aucun effort pour que « les travaux se développent dans les meilleures conditions possibles ». Peu après, elle a reçu le feu vert pour recommencer les travaux.
    Il y a déjà sept ans la multinationale hôtelière espagnole Sol Meliá a connu pire. Elle n’a pas pu terminer Paradisus, un complexe résidentiel dans la ville côtière d’Agadir. Par la faute de ses partenaires marocains elle n’a pas achevé à temps la première phase du projet. Elle a demandé une prorogation au premier ministre, Driss Jettou, mais celui-ci la lui a refusée, par conséquent, elle s’est vue obligée de quitter le Maroc.
    Un télégramme envoyé en 2002 par l’Ambassade de l’Espagne à Rabat au Ministère des Affaires étrangères espagnol a signalé que la vraie raison du refus du Premier ministre venait de la situation des terrains dans lesquels Sol Meliá allait construire. Ils étaient limitrophes avec un palais du roi dont la sécurité pouvait être mise en cause.

  • Les dictatures ne sont jamais rentables


    Bien que tout le monde le sait, il faut le répéter encore et encore. Aucune dictature n’est rentable pour les peuples qui doivent la supporter, surtout quand il s’agit de sociétés multiculturelles et pluriethniques comme le Maroc.

    Cinquante-trois ans d’indépendance sous le règne de la dynastie alaouite laissent un héritage de difficultés difficilement « sauvables » pour nos voisins marocains. La situation chaotique qui traverse actuellement le Maroc est un clair exemple pour les marocains vis-à-vis de l’avenir. Quand les rois s’accrochent au pouvoir par des intérêts personnels et des intérêts des clans, sous prétexte de servir la patrie, ils n’obtiennent que l’appauvrissement et la ruine des vies de ses concitoyens et des générations futures.
    Ils laissent le peuple les considérer comme illuminés par des pouvoirs ancestraux et divins, ils ont l’habitude de s’écarter de la réalité et de l’évolution sociale du peuple qu’ils gouvernent. Ils croient, comme tout ascendant, que ses concitoyens, qu’ils considèrent comme des enfants, innocents et ignorants, ne grandissent et n’évoluent jamais. Ils pensent qu’ils vivent stagnés dans l’instant dans lequel ils ont assumé le destin du pays.
    À travers les pouvoirs publics qu’ils représentent, ils paralysent le développement et l’évolution sociale de ses concitoyens opprimés à l’intérieur du trou obscur du temps.
    La mort de Hassan II, dont le mandat est connu sous le nom d’années de plomb, n’a pas apporté de tranquillité pour les Marocains. Trois décennies de règne de Hassan II n’ont pas servi à créer un vrai climat démocratique ni une économie salutaire pour le Maroc. Ils n’ont laissé qu’un monde d’obscurantisme vis-à-vis de l’avenir sous la direction de son fils Mohamed VI. C’est ainsi qu’est indiqué par les récentes statistiques provenant de différents organismes internationaux.
    Le peuple marocain n’arrête pas de montrer son mécontentement dans la rue. La riposte de l’Etat de plus en plus violente.
    Dans notre région du Maghreb, Le Maroc pourrait être un pays démocratique, stable et prospère. Il a assez de ressources et de soutiens extérieurs, mais 53 ans sous la conduite d’une monarchie qui ne renonce pas au monopole du pouvoir a eu pour conséquence une stabilité irréelle et un bien-être fictif. 
    Le pays, avec la rage réprimée de tant d’années d’oppression, de misère et de persécutions politiques, de tortures et de meurtres sélectifs, a donné naissance à de grandes différences entre les blocs sociaux de ses populations; des différences ethniques latentes, des différences tribales, une installation dans le pouvoir du système de clans comme forme de gouvernement, développement de la corruption et de pillage dans l’administration centrale de l’État, etc.. Et tout cela sous un apparent développement croissant basé sur des critères éloignés de la réalité sociale.
    Par son caractère actif, son intelligence et son intuition des hommes et des femmes, Hassan II eut très tôt l’ascendant sur son entourage et ses camarades et semblait avoir eu, très tôt, un sens aigu de son statut et de sa vocation. Mohamed VI est l’inverse de son père, c’est en dehors des activités protocolaires qu’il est le plus à l’aise. La politique ne le passionne pas, sa passion à lui c’est le sport et le tourisme.
    Mohamed VI, conscient de son incompétence, a tout laissé dans les mains de son cercle le plus proche : Les sexagénaires Abdelaziz Meziane Belfqih (conseiller économie et éducation), André Azoulay (dialogue interculturel) et Zoulikha Nasri (Affaires sociales et humanitaires)  tout comme le sécurocrate Mohamed Yassine Mansouri, qui coordonne pour le compte du souverain les renseignements extérieurs, dont il est le patron, mais aussi les services de la DST. Ainsi que, bien sûr, le ministre de l’Intérieur Chakib Benmoussa, celui des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri et les généraux de corps d’armée (Hosni Benslimane, Abdelaziz Bennani…), dont Mohamed VI est familier depuis l’époque où il était prince héritier. 
    Si les marocains ne prennent pas de mesures dans un proche avenir, leur situation sera pire que celle connue jusqu’à présent. La transition démocratique initiée avec Mohamed VI, et qui n’a pas fixé le temps pour sa culmination risquent de rendre la situation plus chaotique encore. Enfin, ils se retrouveront enfermés dans un laboratoire d’expériences avec humains et sans le droit de choisir, et demeureront sous l’essai d’une transition démocratique qui ne finit jamais. 
    La pseudo-démocratie que le Maroc connaît est en fait une dictature atroce qui a muselé le peuple et a créé un semblant d’opposition afin de se donner bonne conscience démocratique face aux pressions internationales.
    Pour que les marocains puissent avoir leur tour de vivre une nouvelle ère, ils devront se débarrasser de ces deux phénomènes successoraux. Celui du monopole de la monarchie et celui des « dinosaures » qui représentent les partis politiques clientélistes. Pour cela, il leur faudra une forte et sincère volonté de changement vers la démocratie, le développement et la décentralisation pour résoudre les problèmes du gouvernement de la nation.

  • Les dictatures ne sont jamais rentables


    Bien que tout le monde le sait, il faut le répéter encore et encore. Aucune dictature n’est rentable pour les peuples qui doivent la supporter, surtout quand il s’agit de sociétés multiculturelles et pluriethniques comme le Maroc.

    Cinquante-trois ans d’indépendance sous le règne de la dynastie alaouite laissent un héritage de difficultés difficilement « sauvables » pour nos voisins marocains. La situation chaotique qui traverse actuellement le Maroc est un clair exemple pour les marocains vis-à-vis de l’avenir. Quand les rois s’accrochent au pouvoir par des intérêts personnels et des intérêts des clans, sous prétexte de servir la patrie, ils n’obtiennent que l’appauvrissement et la ruine des vies de ses concitoyens et des générations futures.
    Ils laissent le peuple les considérer comme illuminés par des pouvoirs ancestraux et divins, ils ont l’habitude de s’écarter de la réalité et de l’évolution sociale du peuple qu’ils gouvernent. Ils croient, comme tout ascendant, que ses concitoyens, qu’ils considèrent comme des enfants, innocents et ignorants, ne grandissent et n’évoluent jamais. Ils pensent qu’ils vivent stagnés dans l’instant dans lequel ils ont assumé le destin du pays.
    À travers les pouvoirs publics qu’ils représentent, ils paralysent le développement et l’évolution sociale de ses concitoyens opprimés à l’intérieur du trou obscur du temps.
    La mort de Hassan II, dont le mandat est connu sous le nom d’années de plomb, n’a pas apporté de tranquillité pour les Marocains. Trois décennies de règne de Hassan II n’ont pas servi à créer un vrai climat démocratique ni une économie salutaire pour le Maroc. Ils n’ont laissé qu’un monde d’obscurantisme vis-à-vis de l’avenir sous la direction de son fils Mohamed VI. C’est ainsi qu’est indiqué par les récentes statistiques provenant de différents organismes internationaux.
    Le peuple marocain n’arrête pas de montrer son mécontentement dans la rue. La riposte de l’Etat de plus en plus violente.
    Dans notre région du Maghreb, Le Maroc pourrait être un pays démocratique, stable et prospère. Il a assez de ressources et de soutiens extérieurs, mais 53 ans sous la conduite d’une monarchie qui ne renonce pas au monopole du pouvoir a eu pour conséquence une stabilité irréelle et un bien-être fictif. 
    Le pays, avec la rage réprimée de tant d’années d’oppression, de misère et de persécutions politiques, de tortures et de meurtres sélectifs, a donné naissance à de grandes différences entre les blocs sociaux de ses populations; des différences ethniques latentes, des différences tribales, une installation dans le pouvoir du système de clans comme forme de gouvernement, développement de la corruption et de pillage dans l’administration centrale de l’État, etc.. Et tout cela sous un apparent développement croissant basé sur des critères éloignés de la réalité sociale.
    Par son caractère actif, son intelligence et son intuition des hommes et des femmes, Hassan II eut très tôt l’ascendant sur son entourage et ses camarades et semblait avoir eu, très tôt, un sens aigu de son statut et de sa vocation. Mohamed VI est l’inverse de son père, c’est en dehors des activités protocolaires qu’il est le plus à l’aise. La politique ne le passionne pas, sa passion à lui c’est le sport et le tourisme.
    Mohamed VI, conscient de son incompétence, a tout laissé dans les mains de son cercle le plus proche : Les sexagénaires Abdelaziz Meziane Belfqih (conseiller économie et éducation), André Azoulay (dialogue interculturel) et Zoulikha Nasri (Affaires sociales et humanitaires)  tout comme le sécurocrate Mohamed Yassine Mansouri, qui coordonne pour le compte du souverain les renseignements extérieurs, dont il est le patron, mais aussi les services de la DST. Ainsi que, bien sûr, le ministre de l’Intérieur Chakib Benmoussa, celui des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri et les généraux de corps d’armée (Hosni Benslimane, Abdelaziz Bennani…), dont Mohamed VI est familier depuis l’époque où il était prince héritier. 
    Si les marocains ne prennent pas de mesures dans un proche avenir, leur situation sera pire que celle connue jusqu’à présent. La transition démocratique initiée avec Mohamed VI, et qui n’a pas fixé le temps pour sa culmination risquent de rendre la situation plus chaotique encore. Enfin, ils se retrouveront enfermés dans un laboratoire d’expériences avec humains et sans le droit de choisir, et demeureront sous l’essai d’une transition démocratique qui ne finit jamais. 
    La pseudo-démocratie que le Maroc connaît est en fait une dictature atroce qui a muselé le peuple et a créé un semblant d’opposition afin de se donner bonne conscience démocratique face aux pressions internationales.
    Pour que les marocains puissent avoir leur tour de vivre une nouvelle ère, ils devront se débarrasser de ces deux phénomènes successoraux. Celui du monopole de la monarchie et celui des « dinosaures » qui représentent les partis politiques clientélistes. Pour cela, il leur faudra une forte et sincère volonté de changement vers la démocratie, le développement et la décentralisation pour résoudre les problèmes du gouvernement de la nation.

  • La narcotrafic menace la stabilité du Maroc

    Pedro Canales, Rabat, 17/09/2009


    La plupart des analystes marocains et des chancelleries occidentales coïncident sur une chose : le plus grand danger pour la stabilité du Maroc, en ce moment, vient du narcotrafic. Les réseaux mafieux qui contrôlent le transport et la vente des milliers de tonnes de hachisch de production locale et de la cocaïne et de l’héroïne qui transite par le pays en direction de l’Europe en provenance de l’Asie et du Golfe de la Guinée, constituent un problème beaucoup plus grave que l’islamisme radical, la pauvreté et les insuffisances démocratiques du régime.
    Le communiqué fait public par le procureur du Roi à Casablanca, Abdellah Alaoui Belghiti, le 9 septembre, a fait sauter toutes les alarmes. Dans les deux dernières années les services de sécurité ont réalisé 21.530 opérations anti-drogue dans tout le pays et arrêté 53.893 personnes, parmi elles 973 étrangers de différentes nationalités, principalement des Espagnols, des Français, des Italiens, des Belges et des Hollandais, d’après le journal socialiste Libération. Dans les prisons marocaines il y a en ce moment moments pas moins de 50.000 individus condamnés pour trafic de drogue, annonce pour sa part le journal Aujourd’hui le Maroc. Ce qui veut dire la majorité absolue de la population carcérale.
    Dans la dernière opération anti-drogue menée au nord du pays, 18 barons présumés ont été arrêtés. Une opération qui demeure ouverte et qui a permis jusqu’à présent de s’emparer de 400 tonnes de kif, 88 de chira et 180 d’huile de cannabis. Des quantités considérables que jointes aux 34 kilos d’héroïne et 53 de cocaïne, en plus des 77.000 de drogues synthétiques, donnent une idée de l’envergure de ce réseau.
    Malgré la diminution de la surface dédiée à la culture de hachisch – selon les données fournies par les autorités marocaines, puisque les organismes internationaux de contrôle n’ont pas l’autorisation de rechercher sur le terrain-, le Maroc continue d’être le producteur principal de cannabis dans le monde, dont l’exportation au marché européen fournit aux narcotrafiquants et aux caïds qui les manipulent, plusieurs milliards d’euros chaque année.
    L’instruction du cas Triha, du surnom de Lamfadel Akdi, un intouchable soupçonné d’être à la tête du réseau, promet des révélations importantes. Pour le moment un ex-député du Regroupement National des Indépendants (RNI), de Mohamed Jouahri, a été détenu. Des 18 arrêtés, cinq contrôlaient la vente de drogues dures, de cocaïne et de l’héroïne provenant de l’Afrique Occidental, sur le marché marocain; six autres dirigeaient le secteur de l’exportation de hachisch en Espagne par voie maritime en utilisant les embarcations qui démarraient du port improvisé de Marchica près de Nador; un autre groupe composé de trois était chargé de l’exportation en Europe par voie terrestre, en utilisant des camions TIR de marchandises; un quatrième groupe de trois barons contrôlait le trafic vers l’Algérie, vers Tunis et vers la Libye, à travers la frontière d’Oujda et d’Errachidia; et le dernier d’eux était chargé de l’approvisionnement de hachisch à Ketama.
    Selon les premiers éléments de la recherche, le réseau comptait d’une demi-centaine de poids lourds, qui s’était pratiquement distribué tout le pays. La presse marocaine parle d’un Gouverneur, de plusieurs hauts responsables de l’administration territoriale, d’employés de la Douane et de la Gendarmerie Royale, et de plusieurs magistrats. Selon le journal Al Bayane, l’une des régions importantes par lesquelles transitait  « la neige » provenant de l’Afrique de l’Ouest n’est autre que le Sahara Occidental, les « provinces sahariennes » selon la terminologie habituelle marocaine.
    Toute la presse locale a largement fait l’écho sur les détentions. L’hebdomadaire Tel Quel offre une donnée intéressante : « Il aurait été impossible à la police d’arrêter Triha dans son village natal de Bab Berred, près de Ketama, parce que les habitants l’aurait empêché ». Les Autorités marocaines reconnaissent que dans les zones de production de hachisch, dans les « lieux chauds » du Rif, règne une autre Loi. A cause de cela, Lamfadel Akdi a été arrêté dans son restaurant de la corniche tangerine.
    L’implication d’hommes politiques dans les réseaux du trafic de drogues n’est pas un fait nouveau. Depuis les années 90, le ministère de l’Intérieur fait une purge de candidats aux élections locales, provinciales ou nationales, en y interdisant l’accès à des gens suspectés de liens avec le narcotrafic. Ce qui n’est pas un obstacle pour que l’argent du hachisch circule largement pendant les campagnes à Tetuán, à Tanger ou à Nador.
    Il n’a pas attiré l’attention non plus le fait de l’implication de hauts responsables de l’Administration ou d’officiers des corps de sécurité et des magistrats. Cependant, la persistance de la corruption institutionnelle, et les niveaux de celle-ci, suscitent l’alarme. De plus en plus, les cartels du narcotrafic marocain ressemblent aux Mexicains dans sa structure et dans ses ramifications. Bien que jusqu’à présent, les réseaux euro-marocains ne disposent pas de l’armement utilisé au Mexique.
    « Ces réseaux constituent une menace multiforme pour le pays », affirme le journaliste Khalil Hachimi Idrissi, l’un des plus informés au Maroc. Idrissi dit à haute voix ce que les Autorités n’osent pas confesser : « c’est le propre État qui est menacé dans sa crédibilité, dans sa stabilité et dans sa légitimité ». Parce que, ajoute le directeur du journal Aujourd’hui le Maroc, quand le narcotrafic atteint ces niveaux, « les structures étatiques sont exclues ». Il ne reste que la loi du plus fort. L’Europe, la première concernée, ne peut pas rester comme expectatrice devant la détérioration continue de la stabilité dans l’Afrique du Nord.

  • La narcotrafic menace la stabilité du Maroc

    Pedro Canales, Rabat, 17/09/2009


    La plupart des analystes marocains et des chancelleries occidentales coïncident sur une chose : le plus grand danger pour la stabilité du Maroc, en ce moment, vient du narcotrafic. Les réseaux mafieux qui contrôlent le transport et la vente des milliers de tonnes de hachisch de production locale et de la cocaïne et de l’héroïne qui transite par le pays en direction de l’Europe en provenance de l’Asie et du Golfe de la Guinée, constituent un problème beaucoup plus grave que l’islamisme radical, la pauvreté et les insuffisances démocratiques du régime.
    Le communiqué fait public par le procureur du Roi à Casablanca, Abdellah Alaoui Belghiti, le 9 septembre, a fait sauter toutes les alarmes. Dans les deux dernières années les services de sécurité ont réalisé 21.530 opérations anti-drogue dans tout le pays et arrêté 53.893 personnes, parmi elles 973 étrangers de différentes nationalités, principalement des Espagnols, des Français, des Italiens, des Belges et des Hollandais, d’après le journal socialiste Libération. Dans les prisons marocaines il y a en ce moment moments pas moins de 50.000 individus condamnés pour trafic de drogue, annonce pour sa part le journal Aujourd’hui le Maroc. Ce qui veut dire la majorité absolue de la population carcérale.
    Dans la dernière opération anti-drogue menée au nord du pays, 18 barons présumés ont été arrêtés. Une opération qui demeure ouverte et qui a permis jusqu’à présent de s’emparer de 400 tonnes de kif, 88 de chira et 180 d’huile de cannabis. Des quantités considérables que jointes aux 34 kilos d’héroïne et 53 de cocaïne, en plus des 77.000 de drogues synthétiques, donnent une idée de l’envergure de ce réseau.
    Malgré la diminution de la surface dédiée à la culture de hachisch – selon les données fournies par les autorités marocaines, puisque les organismes internationaux de contrôle n’ont pas l’autorisation de rechercher sur le terrain-, le Maroc continue d’être le producteur principal de cannabis dans le monde, dont l’exportation au marché européen fournit aux narcotrafiquants et aux caïds qui les manipulent, plusieurs milliards d’euros chaque année.
    L’instruction du cas Triha, du surnom de Lamfadel Akdi, un intouchable soupçonné d’être à la tête du réseau, promet des révélations importantes. Pour le moment un ex-député du Regroupement National des Indépendants (RNI), de Mohamed Jouahri, a été détenu. Des 18 arrêtés, cinq contrôlaient la vente de drogues dures, de cocaïne et de l’héroïne provenant de l’Afrique Occidental, sur le marché marocain; six autres dirigeaient le secteur de l’exportation de hachisch en Espagne par voie maritime en utilisant les embarcations qui démarraient du port improvisé de Marchica près de Nador; un autre groupe composé de trois était chargé de l’exportation en Europe par voie terrestre, en utilisant des camions TIR de marchandises; un quatrième groupe de trois barons contrôlait le trafic vers l’Algérie, vers Tunis et vers la Libye, à travers la frontière d’Oujda et d’Errachidia; et le dernier d’eux était chargé de l’approvisionnement de hachisch à Ketama.
    Selon les premiers éléments de la recherche, le réseau comptait d’une demi-centaine de poids lourds, qui s’était pratiquement distribué tout le pays. La presse marocaine parle d’un Gouverneur, de plusieurs hauts responsables de l’administration territoriale, d’employés de la Douane et de la Gendarmerie Royale, et de plusieurs magistrats. Selon le journal Al Bayane, l’une des régions importantes par lesquelles transitait  « la neige » provenant de l’Afrique de l’Ouest n’est autre que le Sahara Occidental, les « provinces sahariennes » selon la terminologie habituelle marocaine.
    Toute la presse locale a largement fait l’écho sur les détentions. L’hebdomadaire Tel Quel offre une donnée intéressante : « Il aurait été impossible à la police d’arrêter Triha dans son village natal de Bab Berred, près de Ketama, parce que les habitants l’aurait empêché ». Les Autorités marocaines reconnaissent que dans les zones de production de hachisch, dans les « lieux chauds » du Rif, règne une autre Loi. A cause de cela, Lamfadel Akdi a été arrêté dans son restaurant de la corniche tangerine.
    L’implication d’hommes politiques dans les réseaux du trafic de drogues n’est pas un fait nouveau. Depuis les années 90, le ministère de l’Intérieur fait une purge de candidats aux élections locales, provinciales ou nationales, en y interdisant l’accès à des gens suspectés de liens avec le narcotrafic. Ce qui n’est pas un obstacle pour que l’argent du hachisch circule largement pendant les campagnes à Tetuán, à Tanger ou à Nador.
    Il n’a pas attiré l’attention non plus le fait de l’implication de hauts responsables de l’Administration ou d’officiers des corps de sécurité et des magistrats. Cependant, la persistance de la corruption institutionnelle, et les niveaux de celle-ci, suscitent l’alarme. De plus en plus, les cartels du narcotrafic marocain ressemblent aux Mexicains dans sa structure et dans ses ramifications. Bien que jusqu’à présent, les réseaux euro-marocains ne disposent pas de l’armement utilisé au Mexique.
    « Ces réseaux constituent une menace multiforme pour le pays », affirme le journaliste Khalil Hachimi Idrissi, l’un des plus informés au Maroc. Idrissi dit à haute voix ce que les Autorités n’osent pas confesser : « c’est le propre État qui est menacé dans sa crédibilité, dans sa stabilité et dans sa légitimité ». Parce que, ajoute le directeur du journal Aujourd’hui le Maroc, quand le narcotrafic atteint ces niveaux, « les structures étatiques sont exclues ». Il ne reste que la loi du plus fort. L’Europe, la première concernée, ne peut pas rester comme expectatrice devant la détérioration continue de la stabilité dans l’Afrique du Nord.