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Entre accords et désaccords
Depuis la visite du président français, François Hollande, les relations bilatérales entre l’Algérie et la France ont connu un saut qualitatif confirmé par la visite, hier, du Premier ministre français, Manuel Valls.Les deux pays, qui œuvrent à renforcer leur relations, se trouvent en parfait accord dans plusieurs domaines, sauf en ce qui concerne le dossier du Sahara Occidental. Ce désaccord entre l’Algérie et la France influera-t-il sur les relations entre les deux pays ?Dans un point de presse animé conjointement, hier au Palais du gouvernement, par les deux Premier ministres algérien et français, en marge du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français, Manuel Valls a affirmé que «la France n’a pas changé sa position par rapport au dossier du Sahara Occidental», rappelant que «que toute solution doit être trouvé dans le cadre des Nations unies ; la France assume ses responsabilités comme membre permanent du Conseil de sécurité». Par ailleurs, le Premier ministre français a mis en exergue le rôle que joue l’Algérie pour rétablir la stabilité au Mali.«Nous avons tous conscience que c’est par la stabilité et la démocratie que nous pourrons avancer, et de ce point de vue, nous sommes engagés dans la lutte contre le terrorisme.» A ce sujet, Manuel Valls a rappelé «la souffrance de l’Algérie durant la décennie noire, elle qui a payé cher le prix du terrorisme». Il a, notamment, salué les efforts consentis par l’Algérie pour combattre le terrorisme. A son tour, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réaffirmé la position de l’Algérie en ce qui concerne le dossier du Sahara Occidental, «à savoir le retour à la légalité internationale et l’exécution des décisions des Nations unies».Il a, aussi, noté «une compréhension de la France par rapport à la position algérienne à ce sujet». Par ailleurs, Abdelmalek Sellal a qualifié les relations entre les deux pays d’exceptionnelles. Sur le volet sécuritaire, il a confirmé que les deux pays «ont la même vision, ainsi que la même analyse des choses en ce qui concerne la situation dans les pays voisins», ajoutant que «la France a enregistré avec satisfaction le rôle que joue l’Algérie pour la restauration de la sécurité dans les pays du Sahel».26 accords signés dans le domaine économiqueEnviron 26 accords bilatéraux ont été signés dans différents domaines dont l’agricole, la santé, l’éducation, et le plus important est l’accord signé entre les deux ministres de la Justice. «Cet accord est extrêmement important parce qu’il insiste sur l’entraide judiciaire», a expliqué Abdelmalek Sellal lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue français. Le Premier ministre a rappelé que les relations bilatérales entre l’Algérie et la France ont enregistré un saut qualitatif depuis 2012, soulignant qu’en plus des 26 accords bilatéraux, 12 autres accords ont été signés lors du Forum de partenariats algéro-français, entre les hommes d’affaires algériens et français, inauguré, hier par les deux Premier ministres. En outre, Abdelmalek Sellal a affirmé que d’autres projets sont «aujourd’hui en discussion».En résumé, une très grande compréhension entre les deux pays, et une détermination à travailler ensemble, soulignant que «certaines essayent de troubler, parfois, le climat entre les l’Algérie et la France, et nous ne le permettrons pas». Le peuple et le gouvernement algérien «sont engagés sous la direction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans cette relation bilatérale pour l’intérêt des deux pays», a souligné Abdelmalek Sellal.Les travaux de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN) ont débuté, hier à Alger, sous la coprésidence d’Abdelmalek Sellal et son homologue français, Manuel Valls. Le CIHN est un cadre mis en place à la faveur de la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre l’Algérie et la France, signée en décembre 2012, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et son homologue français, François Hollande, à l’issue de la visite d’Etat en Algérie de ce dernier.Zahra KefaneLa Nouvelle République 11/04/16 -
«Conflit du Sahara Occidental, Quelles perspectives ?»
Le 10 décembre 2015, la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) a pris la décision d’annuler l’accord agricole et de pêche avec le Maroc. Il concerne les produits agricoles, les produits agricoles transformés, les poissons et les produits de la pêche. La cour a estimé que Bruxelles aurait dû exclure le Sahara Occidental des accords d’échange qui régissent les deux parties. La cour s’est appuyée sur la position des Nations Unies qui ne reconnait pas au Maroc la souveraineté sur ce territoire.Cette décision est conforme à un contexte international juridique depuis la résolution du 14 décembre 1960 de l’ONU, qui était consacrée à la déclaration internationale sur l’octroi de l’indépendance aux peuples et pays sous domination coloniale.C’est cette déclaration qui sera le cadre d’exercice de la 4ème commission onusienne chargée de la décolonisation, jusqu’à nos jours.A la demande du Maroc, le Sahara Occidental sera inscrit sur la liste des territoires à décoloniser. Il en reste aujourd’hui seize, que la commission spéciale s’en charge d’accompagner pour l’autodétermination.Mais, il n y a pas que l’Etat marocain qui a manifesté ses convoitises pour le Sahara Occidental. La Mauritanie, par la voix de M. Mokhtar Ould Daddah, qui déclara à Atar le 1er juillet 1957: «Je ne peux m’empêcher d’évoquer les innombrables liens qui nous unissent: nous portons les mêmes noms, nous parlons la même langue, nous conservons les mêmes nobles traditions, nous vénérons les mêmes chefs religieux, faisons paître nos troupeaux sur les mêmes pâturages, les abreuvons aux mêmes puits. En un mot nous nous réclamons de cette même civilisation de désert dont nous sommes si justement fiers. Je convie donc nos frères du Sahara espagnol à songer à cette grande Mauritanie économique et spirituelle».Courant l’année 1964, la 4ème commission organise une série de rencontres notamment avec l’Algérie qui déclare ne pas avoir de revendication sur le territoire, mais pays intéressé par le voisinage d’un territoire à décoloniser.Le 16 octobre 1964, l’ONU presse l’Espagne à engager un processus de décolonisation du Sahara Occidental et d’Ifni. L’assemblée générale des Nations Unies approuve alors ses recommandations dans une résolution du 16 décembre 1965. Et, au sein du comité des 24 à Addis-Abeba en juin 1966, elle ne détermine aucune partie adverse. L’Espagne ne se voyait donc pas dans l’obligation d’ouvrir des pourparlers avec le Maroc et la Mauritanie.«En revanche, rien n’indiquait que la population d’Ifni se considérait comme autre chose que marocaine, ou qu’elle ne voudrait pas être intégrée au Maroc. Lors de la session extraordinaire de ce même comité des 24 à Addis-Abeba en juin 1966, les délégations marocaine et mauritanienne maintiennent les exigences de leurs pays sur le Sahara Occidental, mais acceptèrent que ses habitants aient le droit de choisir leur destinée. Donc, Le 20 décembre 1966, l’assemblée générale de l’ONU adopta par 105 voix, contre 2 (l’Espagne et le Portugal), et 9 abstentions, une résolution qui définissait clairement les mesures à prendre pour décoloniser le Sahara Occidental (…).» Tony ODGES in «Sahara Occidental: Origines et Enjeux d’une guerre du désert».L’Etat espagnol est chargé d’«arrêter le plus tôt possible en conformité avec la population autochtone du Sahara espagnol et en consultation avec les gouvernements marocain et mauritanien, et toute autre partie intéressée, d’un referendum qui sera tenu sous l’auspice de l’organisation des Nations Unies afin de permettre à la population autochtone du territoire d’exercer librement son droit à l’autodétermination» idem«(…) Entre 1967 et 1973, l’assemblée générale de l’ONU adopta six autres résolutions qui toutes réitéraient la proposition d’organiser un referendum… L’Espagne franquiste ne manifestait aucun signe de coopération avec les instances internationales et intensifia la répression des sahraouis en lutte pour l’indépendance. Des projets économiques sont lancés pour avoir un pied sur le sol sahraoui, ce que condamne la résolution 2711 en décembre 1970, en invitant «…tous les Etats à s’abstenir de faire des investissements sur le territoire» idemIl est intéressant, à ce stade de faire un parallélisme en Droit de cette décision et celle prise le 10 décembre 2015, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).«Et la résolution 2983 adoptée en décembre 1972 par l’assemblée générale de l’ONU va utiliser pour la première fois le terme de l’indépendance tout en apportant «sa solidarité et son appui à la population du Sahara dans la lutte qu’elle mène pour l’exercice de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance».Je ne peux clore ce dossier juridique sans rappeler l’avis consultatif de la Cour International de Justice rendu le 16 octobre 1975.«Beaucoup de marocains ignorent le contenu de la version originale de l’avis consultatif de la cour internationale de justice sur le Sahara occidental ; rappelée tout récemmentdans le Site bladi.info le 24 août 2014…«Les éléments et renseignements portés à la connaissance de la Cour montrent l’existence, au moment de la colonisation espagnole, de liens juridiques d’allégeance entre le sultan du Maroc et certaines des tribus vivant sur le territoire du Sahara occidental. Ils montrent également l’existence de droits, y compris certains droits relatifs à la terre, qui constituaient des liens juridiques entre l’ensemble mauritanien, au sens où la Cour l’entend, et le territoire du Sahara occidental. En revanche, la Cour conclut que les éléments et renseignements portés à sa connaissance n’établissent l’existence d’aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental d’une part, le Royaume du Maroc ou l’ensemble mauritanien d’autre part. La Cour n’a donc pas constaté l’existence de liens juridiques de nature à modifier l’application de la résolution 1514 (XV) de l’assemblée générale des Nations Unies quant à la décolonisation du Sahara occidental et en particulier l’application du principe d’autodétermination grâce à l’expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire.»Avec ces quelques rappels tirés du livre in «Sahara Occidental : Origines et Enjeux d’une guerre du désert» Tony ODGES, je voulais tracer l’impasse juridique dans lequel se trouve le régime au Maroc face au droit international. Alors que faire ?Il est donc murement réfléchi qu’ à défaut d’infléchir le droit international, le régime au Maroc agit pour travestir la réalité du terrain pour rendre le référentiel juridique inapplicable. Il a adopté plusieurs stratégies pour contenir cette situation:1/- D’abord, en se montrant qu’il coopératif, et très attaché à la résolution du conflit. Il va changer de positions à chaque fois qu’une solution s’approche :En 1975, le régime a conclu un accord avec l’Espagne franquiste pour un partage du Sahara avec la Mauritanie. Lorsque Nouakchott, devant la victoire militaire du Polisario, s’est retiré du territoire en 1978, le Maroc s’est empressé de déclarer que cette partie lui appartenait également. Exemple typique d’une incohérence savamment entretenue qui a conduit le conflit dans l’impasse actuelle.En 1981, Le roi Hassan II acceptait, au sommet des pays africains à Nairobi, le principe d’un référendum d’autodétermination.Le 6 septembre 1991, changement de sémantique, on remettait la consultation en cause préférant évoquer un cessez-le-feu. Désormais, il ne s’agit plus que d’autonomie, aujourd’hui.Voilà illustrée, en trois étapes, l’incohérence patente du régime. A chaque fois que la communauté internationale propose des solutions, le royaume modifie sa position sur le dossier.2/- Par la contractualisation d’accords, contrats commerciaux, et d’autres avantages: Le régime se presse de signer des contrats avec des compagnies leur octroyant des avantages très alléchants pourvu qu’elles violent le droit international. Ces accords concernent aussi bien les ressources minières qu’halieutiques ou de recherche de pétrole… Selon les informations fuitées sur wikileaks, une cohorte de journaux et revues se feraient payer pour promouvoir la position du régime. Du lobbying serait même d’assaut sur les instances internationales pour les dissuader de s’activer sur le dossier. La coopération et les alliances internationales passent systématiquement par la question du Sahara Occidental.3/- Agir par la répression: Ainsi, si le régime au Maroc va réussir à domestiquer la quasi-totalité des partis, et, atténuer son impopularité en détournant les regards vers ‘l’ennemi extérieur’, d’autres militants marocains vont faire payer cher leur position d’autodétermination du peuple sahraoui.Dans un mutisme total des partis politiques, le pays connaît les procès de 139 militants marocains en janvier 1977. Au tribunal, ces militants ont défendu leur programme pour «une république nationale, démocratique et populaire», et ont proclamé «Vive la République Sahraouie, vive la lutte du peuple sahraoui pour l’autodétermination». Le verdict était lourd qui se conclue par des siècles d’emprisonnement et par la condamnation à la prison à perpétuité.S’ensuit une offensive sans précédent sur les libertés publiques: assassinats, disparitions, des siècles d’emprisonnement annoncés contre le mouvement marxiste-léniniste. Ce sujet est encore d’actualité ou des crimes restent encore non élucidés.Les associations des droits humains marocaines et sahraouies font état des centaines de disparus et de détenus politiques.La MINURSO (Mission Internationale des Nations Unies pour le Referendum au Sahara Occidental) n’est toujours pas autorisée à enquêter sur les violations des droits de l’Homme.Sans oublier les conditions de vie inhumaines dont lesquelles sont condamnés plus de 165.000 réfugiés sahraouis.4/- Agir démographiquement :modifier la structure de la population sahraouie rend la tenue d’un référendum d’une énorme complexité. Rappelons-nous la guerre des listes à chaque fois la communauté internationale pressait, par son émissaire James Becker, les belligérants à organiser un referendum d’autodétermination. Ce travail de sape a commencé depuis la marche verte en 1975 cherchantà s’assurer d’un vote pro-annexion du Sahara Occidental.5/- Par la désinformation et le monopole des médias, veille à propager sa seule thèsesur le conflit. Le régime au Maroc fait en fait même une question existentielle. La Voie Démocratique est régulièrement attaquée sur son écart avec la position officielle….Mais, «Nul n’est plus désespérément esclave, que ceux faussement convaincus d’être libres» J.W. von GOETHE 1749-1832. Lorsque toutes les composantes du peuple marocain pourront s’exprimer sur le conflit au Sahara Occidental, et briser ce silence imposé par le palais sur ce dossier, l’analyse et l’information fiables vont, sans doute éclairer un peu plus le peuple marocain sur la position de l’autodétermination du peuple sahraoui.La Voie Démocratique, a décliné à deux reprises l’invitation du palais royal aux discussions sur le Sahara Occidental. De part sa gestion catastrophique de ce dossier, le régime est très mal placé pour respecter tout avis contraire à sa démarche. De ce type de rencontres, il n’en ressortirait que des éloges à sa gestion chaotique de ce dossier.A défaut, au sein de la société marocaine, d’un rapport de forces capable d’imposer la solution de l’autodétermination du peuple sahraoui, la communauté internationale a le devoir de défendre les valeurs auxquelles elle a souscrit pour aboutir à une solution pacifique.1/- D’abord à prendre, dans l’immédiat, des initiatives d’apaisement :Faire preuve de bonne volonté en engageant des négociations contraignantes;Renforcer les mesures de confiance, telles que les appels téléphoniques, les visites entre les familles déchirées entre les deux côtés du mur militaire…;Respecter les droits humains dans leur dimension universelle au Sahara occidental, et réparer les violations graves commis depuis 1975;Permettre aux familles de se déplacer librement des deux côtés du mur;Participer au déminage autour du mur;Aborder la question des richesses du Sahara Occidental conformément au droit international.Quant au régime au Maroc, pourprouver sa bonne foi, il doit :Détruire ce mur, long de 2700 kilomètres et qui occupe plus de 130 000 soldats.Permettre une mobilisation populaire pour la libération des enclaves de Ceuta et Melilla…2/- Et ensuite, de résoudre cette question sur la based’un référendum d’autodétermination conformitéavec le droit international en la matière. Une toute autre solution négociée et acceptable par les peuples marocains et sahraouisserait aussi la bienvenue.Il s’agit d’une solution qui assurera une paix durable dans la région, en espérant que l’avènement de régimes populaires maghrébins voit le jour pour orienter la région vers les questions de développement, de démocratie et de construction maghrébine des peuples.Le rôle des acteurs politiques et associatifs est fortement attendu pour créer cette dynamique.Le rapprochement des peuples maghrébins serait d’une grande importance pour jeter les bases d’entente et de construction maghrébine.Je conclue parle proverbe africain qui disait: «Dans la forêt, quand les branches des arbres se querellent, les racines s’embrassent»Par Saïd SougtyLyon, le 18 février 2016article paru sur le site de l’Humanité le 8 mars 2016 -
Intérêts bien compris
Business is business ! Aucune autre considération que le partenariat gagnant-gagnant ne déterminera à l’avenir les relations entre Paris et Alger. Pas même le différend entre les deux capitales sur la question sahraouie, un point sur lequel l’Algérie défend pourtant le droit inaliénable d’un peuple de disposer de lui-même, alors que la France enfreint à la légalité internationale par un positionnement en faveur du Maroc.Les raisons d’un tel alignement sur le refus marocain de tout référendum d’autodétermination au Sahara occidental ? Là aussi, business is business. Et Paris, qui a tout intérêt à jouer gagnant-gagnant à Alger, n’a aucune raison de compromettre sa position de premier partenaire de Rabat. Il suffit pour cela de faire admettre que la question qui fâche trouvera sa solution non pas chez l’ancienne puissance d’occupation mais à l’ONU. Convaincant ? Pas du tout. Surtout lorsque, côté Polisario, l’on a en mémoire le rôle de la France dans l’indépendance du Kosovo malgré la mobilisation du peuple et de l’armée serbes contre la séparation d’une telle province de leur territoire. Sans oublier son cri sans portée face à l’intervention russe en août 2008 en Géorgie, séparant de cette république du Caucase les deux provinces d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, devenues au mépris du droit international des républiques aussi indépendantes au Caucase que le Kosovo dans les Balkans.Le précédent a-t-il été un motif à quelque rupture de relations d’affaires entre Moscou et Paris, ou Moscou et Washington ? A aucun moment ! Des statistiques sur les échanges entre ces capitales et bien d’autres, en Europe comme ailleurs en Amérique du Nord et du Sud, témoignaient même d’une relance plutôt accrue avec, d’un côté, l’alimentation en énergie fossile du marché de ces pays du froid et de la neige et, de l’autre côté, l’équipement de secteurs entiers en produits technologiquement pas très développé en Russie. Comme si, dans les relations internationales en cours, la position du pays est fonction de l’intérêt du moment. En attendant de voir les choses évoluer.Dans un sens ou dans l’autre. Alger et Paris ont signé hier trois importants accords, en attendant d’autres. Bien d’autres… Business is business !Fodil Mezali -
Quand l’affaire Panama Papers vole la vedette
L’affaire Panama Papers a sérieusement déteint sur la réunion de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), tenue hier à Alger.M. Kebci – Alger (Le Soir) – C’est ce que la presse des deux rives a relevé, hier, considérant à l’unisson que l’affaire de la fameuse photo du président de la République publiée, la semaine dernière, par le quotidien français Le Monde, pour «illustrer» sa citation du ministre de l’Industrie et des Mines, A. Bouchouareb, dans l’affaire Panama Papers et la tension diplomatique qui s’en est suivie, ont considérablement déteint sur le contenu de ce sommet programmé depuis longtemps.C’est ainsi qu’El Khabar a estimé que cette affaire qui a charrié le boycottage de la majorité des médias français de la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, a ombragé le contenu de la réunion de cette 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN). Car pour le quotidien arabophone, les discussions tournaient beaucoup plus sur cette nouvelle tension médiatique et diplomatique entre les deux pays qu’autour des projets de partenariat et les accords devant être paraphés à l’occasion.Et de relever que d’aucuns s’interrogent si cette crise est passagère ou si les impacts de ce boycottage ne sont pas encore apparus et sont à même d’empoisonner les relations bilatérales. Surtout, note El Khabar, que Paris a «réglé son horloge sur les élections présidentielles de l’année prochaine et que, donc, «cette crise pourra constituer un handicap pour le locataire de l’Elysée, probable candidat à sa propre succession».El Watan s’interroge, pour sa part, si cette réaction colérique d’Alger, qui a refusé les demandes de visas à des journalistes français, pouvait être la conséquence du seul fait lié au traitement médiatique de l’affaire Bouchouareb, rattrapé par le scandale Panama Papers. Ceci non sans faire remarquer que «tout le monde sait que de nombreuses personnalités et des membres du gouvernement algérien détiennent et ont érigé, dans des circonstances douteuses, des fortunes en France sans que cela fasse scandale» et qu’il n’était pas indiqué de croire que «cette colère trouve son explication dans la position française vis-à-vis de la question sahraouie» puisque le «Maroc est pour la France ce qu’est Israël pour les Etats-Unis d’Amérique». Et à El Watan de situer les raisons «ailleurs», évoquant la «guerre de succession» à Abdelaziz Bouteflika en 2019, puisque, explique-t-on, la «France s’inquiète pour l’avenir de ses affaires».Du côté de l’Hexagone, le Journal du Dimanche a relevé, de son côté, que les relations entre la France et l’Algérie étaient entrées dans une phase d’apaisement avec l’élection de François Hollande. Ceci avant que de nouvelles tensions n’apparaissent cette semaine, avec l’affaire des «Panama Papers» qui a, selon lui, ouvert un nouveau front. L’Algérie a décidé, en représailles au quotidien Le Monde, de refuser d’accréditer des journalistes du Monde et du Petit Journal de Canal+ à l’occasion de la visite de Manuel Valls à Alger ce week-end.Cela dit, le Premier ministre français a affirmé privilégier la «relation stratégique» entre Paris et Alger dont «rien ne doit nous faire dévier», malgré l’affaire de ces visas refusés aux journalistes français. Valls a, par ailleurs, assuré «n’avoir jamais envisagé l’annulation de sa visite», estimant que Alger et Paris «partagent sur bien des sujets une vision commune» et que «l’amitié entre l’Algérie et la France dépasse les petits problèmes», allusion à cette histoire de visas refusés à des journalistes français devant accompagner Valls dans sa visite à Alger.M. K. -
Mohamed VI a rencontré François Hollande trois fois en une semaine
Du jamais vu. Début mars, en pleine crise entre le Maroc et l’ONU au sujet du Sahara occidental, François Hollande a rencontré Mohamed VI à trois reprises à Paris en l’espace d’une semaine. La première rencontre a eu lieu à l’Élysée. La deuxième à l’Institut du monde arabe en compagnie de Jack Lang. Et la troisième c’était lors d’un dîner privé, comme le montre cette photo obtenue par TSA.
Lors de ce diner, Hollande et Mohamed VI étaient notamment entourés d’André Azoulay (de dos avec des cheveux blancs), conseiller spécial du roi du Maroc et de sa fille, devenue ministre du gouvernement français à l’issue du dernier remaniement.
Pour les Algériens, la décision du Maroc d’engager un bras de fer avec l’ONU n’a été possible que grâce à l’appui ferme de Paris au Conseil de sécurité.
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Le Maroc empoche 167,8 millions de dollars en 2015 de la vente des phosphates sahraouis
WASHINGTON – Le Maroc a empoché 167,8 millions de dollars des exportations illégales du phosphate sahraoui, indique un nouveau rapport de l’Observatoire des ressources naturelles du Sahara occidental (WSRW).Le rapport annuel, le troisième du genre publié par cette ONG sur l’exploitation illégale, par le Maroc, de ce minerai au Sahara Occidental occupé, fait état de l’extraction en 2015 de 1,4 million de tonnes de phosphate des mines de Bou Craa, situées à 130 KM de Laayoune occupé.Ces volumes exportés ont généré 167,8 millions de dollars de recettes à l’Office chérifien des phosphates (OCP), l’entreprise marocaine qui pille à grande échelle le phosphate sahraoui, selon les estimations de WSRW établies sur la base d’un prix moyen de 118 dollars la tonne.Encore faut-il souligner, que ce niveau de ventes est le plus bas jamais enregistré depuis une décennie, relève WSRW. En 2014 l’OCP a exporté 2,1 millions de tonnes pour un montant de 234 millions de dollars.Selon l’observatoire, l’OCP qui mène un vrai pillage des réserves du phosphate au Sahara Occidental a extrait des mines de Bou Craa 1,8 million de tonnes en 2012, 2,2 millions de tonnes en 2013 et 2,1 millions de tonnes en 2014.D’ailleurs, la projection de 2014 a été confirmée par un document remis par l’OCP à la bourse irlandaise, souligne l’observatoire.Ces chiffres ont été calculés sur la base des expéditions transportées par navires à partir du port de Laayoune occupé, précise WSRW qui n’exclut pas que d’autres expéditions ne soient pas détectées.En 2015, WSRW a identifié huit acheteurs potentiels du phosphate sahraoui, dont trois sont des entreprises cotées en bourse et blacklistées pour violation des règles d’éthique et des recommandations émises par l’ONU qui consacrent le droit du peuple sahraoui d’user des ressources naturelles que recèlent ses territoires.WSRW cite à ce titre deux entreprises canadiennes Potash Corporation et Agrium Inc, deux entreprises néo-zélandaises Ballance Agri-Nutrients Ltd et Ravensdown Fertiliser Ltd, une entreprise australienne Incitec pivot Ltd et une entreprise russo-suisse Lifosa AB.Cette dernière a annoncé en janvier 2016 avoir mis fin à toute importation de phosphate du Sahara Occidental.Selon WSRW, 64,5% des volumes du phosphate sahraoui vendus à l’étranger ont été achetés par les deux entreprises canadiennes Potash Corporation and Agrium Inc.L’observatoire suspecte également l’entreprise vénézuélienne Tripoliven, dont une partie du capital est détenu par le gouvernement vénézuélien, d’avoir importé 53.000 tonnes de phosphate en 2015 pour un montant de 6,1 millions de dollars. Mais confirme l’implication d’une autre entreprise colombienne Monomeros S.A, rachetée en 2006 par le groupe public vénézuélien » Petroquimica de Venezuela », qui a importé 42.000 tonnes de phosphate du Sahara Occidental.En achetant des phosphates produits au Sahara Occidental, ces entreprises se rendent complices de la violation des droits des Sahraouis et contribuent à financer l’occupation.Par ailleurs, l’observatoire souligne que les réserves de Bou Craa, découvertes en 1947, s élèvent à 500 millions de tonnes et contribuent actuellement à hauteur de 7% de la production de l’OCP et 25% de ses ventes à l étranger.L’observatoire demande à ces entreprises de mettre fin à ce commerce controversé jusqu’a ce qu’une solution au conflit du Sahara Occidental soit trouvée. -
Bras de fer entre l’Algérie et l’Arabie saoudite
Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Algérie se sont nettement détériorées ces dernières semaines, suite aux réserves émises par Alger quant à la décision de la ligue arabe de classer le Hezbollah libanais comme groupe terroriste.En effet, le refus des autorités algériennes de suivre aveuglement le royaume saoudien dans cette décision, certainement prise à Tel-Aviv, a été pour Riyad la goutte de pétrole qui a fait déborder le baril et a entrainé une violente campagne médiatique contre l’Algérie, qualifiée de « traitre » ou d’«agent perse »!Le royaume wahhabite, tel un enfant gâté aux caprices duquel on aurait refusé de céder, fait sa crise, qui n’effraye évidemment pas grand monde au pays du million et demi de martyrs, excepté les agents dont il dispose sur place et qu’il arrose allègrement de pétrodollars afin qu’ils diffusent son idéologie néfaste.Ces dernières années, la diplomatie algérienne a retrouvé sa voix et a pu réaffirmer son positionnement traditionnel de non-ingérence, ce qui a provoqué le courroux de Saoudiens considérant ce refus d’appliquer la feuille de route sioniste comme un crime de lèse-majesté.Malgré des relations économiques non négligeables entre les deux pays, la tentation hégémonique de la monarchie saoudo-wahhabite s’est souvent heurtée au non-alignement de l’Algérie. La crise syrienne a été le point de rupture. En effet, alors que le régime saoudien est impliqué militairement, financièrement et idéologiquement pour faire tomber Bachar Al Assad, l’Algérie est sur une position de non-ingérence.Opposée à la chute du gouvernement légitime syrien, Alger apparaît aux yeux des Saoudiens et des Qataris comme «une fausse note» dans le «consensus arabe», et qui fausse la stratégie américano-sioniste dans la recomposition géopolitique régionale.Ainsi, Alger s’était ouvertement opposé à la mise en place d’une coalition militaire arabe qui n’était en réalité qu’une alliance conduite par l’Arabie Saoudite pour mener la guerre à l’Iran. Lors de son expédition militaire contre son voisin du Sud, le Yémen, Riyad avait réussi à intégrer plusieurs pays sunnites dans sa «croisade» contre ce qu’elle considère comme zone d’influence perse, alors que là aussi, l’Algérie a refusé de participer à cette guerre injuste et fratricide.Par la suite, dans sa guerre contre l’axe de la résistance et pour contenir l’Iran après la levée des sanctions occidentales contre Téhéran, Riyad a forcé la main à pratiquement tous les pays arabes pour blacklister le Hezbollah.L’Algérie s’est abstenue lors de la réunion de la Ligue arabe, poste avancé de la stratégie des Saoudiens et de leurs maitres sioniste, empêchant ainsi une unanimité arabe sur la question, ce qui a provoqué l’ire de la pétromonarchie.Au fond, de l’intervention militaire au Yémen à la politique pétrolière, Riyad et Alger ne sont d’accord sur rien, et si auparavant, la vieille garde saoudienne respectait la position algérienne sur les questions régionales, la nouvelle génération de dirigeants veut dicter sa loi à tout le monde, considérant toute résistance comme un acte hostile.En réalité, le royaume a toujours vu d’un très mauvais œil l’indépendance politique et économique dont a toujours fait preuve l’Algérie, qu’il a régulièrement tenté d’affaiblir en lui créant des difficultés de toutes sortes.La politique pétrolière américano-saoudienne de ces dernières années a ainsi fait beaucoup de mal à l’économie algérienne : en effet, dans un pays où la rente pétrolière nourrit 70 % du budget de l’État, 33 % du PIB et 98 % des recettes d’exportation, le plongeon du prix du baril dû au refus saoudien de baisser sa production a entraîné dans sa chute l’économie algérienne.Cela a contribué à augmenter grandement le ressentiment des Algériens à l’égard des dirigeants saoudiens y compris de la part des autorités politiques.Pour preuve, les récentes prisent de position du ministre algérien des Affaires religieuses l’influence néfaste du wahhabisme au sein des mosquées et de la société algérienne. Ce dernier a même osé pour la première fois dans l’histoire des relations avec ce royaume, refuser l’accès au prédicateur Mohamed Al Arifi, promoteur de propagande au profit du groupe terroriste Al Nosra.Ce choix salué par une grande majorité de l’opinion publique a cependant été combattu avec virulence par les cohortes salafistes locales fortement soutenues par leurs sponsors idéologiques de la monarchie wahhabite. En effet, la plupart des partisans de la Salafiya en Algérie continuent à témoigner une indéfectible allégeance à leurs maîtres saoudiens et constituent d’efficaces relais de l’islam salafiste.Cependant, les Algériens dans leur immense majorité honnissent le pouvoir wahhabite et ne supportent plus sa régulière ingérence dans leurs affaires internes, à l’image de l’intervention inacceptable de la chaîne satellite IQRA qui a carrément appelé à l’extermination de la communauté ibadite de Ghardaïa lors des émeutes qui ont secoué la ville l’année dernière.Pour n’avoir pas accepté de mettre en application la feuille de route sioniste dans la région Moyen orientale et dans le reste du monde musulman, l’Algérie se voit ainsi soumise aux pressions des Saoudiens qui mènent une guerre sournoise à son encontre.Ainsi, pour punir Alger de son non-alignement, l’Arabie a répliqué en affichant son soutien au Maroc dans le conflit du Sahara occidental, par l’annonce de projets d’investissement dans les territoires sahraouis.Le Parti Anti Sioniste félicite l’Algérie pour sa politique d’indépendance et de non-alignement sur la stratégie sioniste, dont le principal instrument est la marionnette saoudienne.Il est grand temps pour les gouvernements arabes et musulmans, de rompre toutes relations avec cette monarchie rétrograde, principale sponsor du terrorisme dans le monde, et qui ne cache même plus son alliance avec les sionistes.http://www.partiantisioniste.com/actualites/bras-de-fer-entre-lalgerie-et-larabie-saoudite.html
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Les incohérences de la politique extérieure de la France
l est entendu, en effet, que l’attitude de Paris vis-à-vis de la question du Sahara occidental, constitue un déni de justice pour tout un peuple. Le soutien apporté au Maroc dans ce dossier, malgré l’interpellation très diplomatique d’Alger, a tendance à envenimer les relations ou tout au moins, les empêcher d’atteindre un niveau historique. A travers sa posture pro-marocaine, Paris freine indirectement l’avènement du Grand Maghreb, comme ensemble politique et économique majeur.LES INCOHERENCES DE LA POLITIQUE EXTERIEURE DE FRANCOIS HOLLANDEAprès l’avancée qu’avait constituée la visite d’Etat de François Hollande en Algérie en décembre 2012, les récentes prises de position du gouvernement français concernant notamment le Sahara Occidental ont jeté un froid dans les relations entre nos deux pays. Le quotidien national « L’Expression » est généralement considéré comme exprimant l’opinion des autorités algériennes. Le texte qui suit fait part de l’irritation d’Alger à la veille de la visite de Manuel Valls. Ce faux pas de Paris – reflet des incohérences de la politique extérieure du pouvoir socialiste, sensible aux pressions de certains lobbies financiers et/ou politiques – ne sert pas les intérêts de la France et des Français.Bernard DESCHAMPSL’Expression DZMANUEL VALLS EN VISITE À ALGER : ALGER – PARISDésordre dans les rangsPar Saïd BOUCETTA – Samedi 09 Avril 2016Si la campagne médiatique réveille quelques démons, elle met aussi en évidence certaines imperfections de la diplomatie française. Le Premier ministre français, Manuel Valls, arrive aujourd’hui à Alger à la tête d’une forte délégation composée d’une dizaine de ministres. Cela traduit l’intérêt que porte Paris à la coopération de plus en plus dense avec l’Algérie. Aussi, la troisième session du Comité intergouvernemental de haut niveau (Cihn) que Valls coprésidera avec Sellal est-elle chargée en protocole d’accords, en projets concrets et en perspectives prometteuses pour les deux pays? En tout cas, c’est ce qu’affirment les communiqués de presse des services de communication du Premier ministère algérien et de l’ambassade de France.Il était question, il y a plusieurs jours, de s’arrêter aux aspects convergents qui font le caractère de plus en plus exceptionnel du partenariat entre les deux pays. Mais l’actualité récente rattrape les politiques et met le gouvernement français devant sa responsabilité au regard de la campagne de propagande qui a ciblé l’Algérie, dans la foulée du scandale dit Panama Papers. Le directeur du quotidien Le Monde a reconnu que la recherche des personnalités impliquées dans le scandale Panama Papers était orientée au départ. Une volonté de nuire donc que l’Algérie décrie, en attendant que la France se prononce. Les amalgames, les tirs croisés et la volonté de nuire qui ont caractérisé les attaques médiatiques dirigées contre l’Algérie ôtent aux articles de presse leur charge «professionnelle» pour les faire dériver vers la propagande primaire.En cela, le gouvernement algérien a estimé nécessaire que Paris se démarque publiquement de ces agissements. Le fera-t-elle à partir d’Alger, lors d’une prise de parole du Premier ministre, demain? Pareille démarche aura-t-elle le même impact qu’une prise de position officielle à partir de l’Elysée ou de Matignon? Les autorités algériennes apprécieront la pertinence de la réaction de Paris.Il reste que le fond des rapports algéro-français et ce qu’en diraient les officiels algériens ne se limite certainement pas à cette guerre des médias, mais trouve quelques motifs sur des questions, autrement plus stratégiques. En effet, si la campagne médiatique réveille quelques démons, elle met aussi en évidence certaines imperfections de la diplomatie française qui, à force de vouloir entretenir certains intérêts, en arrive à mettre en péril l’équilibre même d’une région qu’elle considère comme sa profondeur sécuritaire.Il est entendu, en effet, que l’attitude de Paris vis-à-vis de la question du Sahara occidental, constitue un déni de justice pour tout un peuple. Le soutien apporté au Maroc dans ce dossier, malgré l’interpellation très diplomatique d’Alger, a tendance à envenimer les relations ou tout au moins, les empêcher d’atteindre un niveau historique. A travers sa posture pro-marocaine, Paris freine indirectement l’avènement du Grand Maghreb, comme ensemble politique et économique majeur.Pourtant, disent de nombreux officiels algériens, la volonté de construire un véritable partenariat d’exception n’a pas manqué de ce côté-ci de la Méditerranée. Ainsi, le volontarisme économique dont a fait montre l’Algérie relève principalement d’un choix politique souverain. En d’autres termes, si l’Algérie a ouvert ses portes à beaucoup d’opérateurs économiques français, c’est dans le but premier de montrer sa bonne volonté, dans l’espoir de voir un retour de la part de Paris. Or, il semble que la réciprocité n’a pas toujours été au rendez-vous, la France a quasi systématiquement séparé le politique de l’économie.On a vu cela lors de la présidence de Nicolas Sarkozy, mais il semble que la même velléité, à un degré moindre, existe encore dans certains milieux de la gauche. Aussi, à la lumière du comportement français dans le dossier sahraoui et ces campagnes de presse récurrentes ciblant l’Algérie, on est en droit, à Alger, de se demander, à quoi tout cela rime et si, au final, Paris a réellement l’intention de construire un partenariat d’exception avec le plus grand pays d’Afrique, puissance régionale, facteur de stabilité du Maghreb et du Sahel ou bien jouer à un petit jeu en se mettant à équidistance entre une République qui compte et un royaume colonialiste, commerçant dans la drogue, doté d’une courte vue et d’une stratégie comparables aux petites principautés, comme il en existe en Europe.Le Premier ministre français aura sans doute des entretiens avec son homologue Abdelmalek Sellal et le président de la République. Mais on le voit mal parler de sujets pointus, lorsqu’on sait la politique française à double vitesse au Maghreb. Il semble que si le Cihn conserve sa pertinence au plan bilatéral et technique, la coopération stratégique est quelque part en panne.D’ailleurs, on souligne dans les milieux officiels algériens, que la phase historique conduite par Hollande a permis un saut historique, mais arrive à une sorte de cul de sac, notamment en raison des positionnements de la France sur ces questions précisément.Le gouvernement algérien se projette, déjà, nous dit-on, dans l’après, 2017. Le retour de la droite gaulliste, à travers Alain Juppé, est un réel motif d’espoir à même de faire faire aux relations algéro-françaises un autre saut historique. Sa visite à Alger, sa première à l’étranger en tant que candidat à l’investiture du parti français Les Républicains, témoigne d’une vision plus volontariste et moins restrictive. Partageant l’analyse d’Alger sur nombre de questions d’ordre international, Alain Juppé a toutes les chances d’être l’homme de la situation pour réaliser le partenariat d’exception voulu dans les deux capitales.Cela dit, il n’est pas question, pour les autorités algériennes, d’hypothéquer les avancées appréciables réalisées sous la présidence de François Hollande, mais il est entendu qu’une autre étape entre Alger et Paris se dessine et il faut s’y préparer, disent les mêmes sources.Manuel Valls qui discutera certainement sécurité avec les responsables algériens devra gérer les affaires courantes du partenariat entre son pays et l’Algérie.Paris a raté l’occasion d’élever ses relations avec Alger au rang de l’excellence au sens propre du terme. » (souligné par moi, BD) -
Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français : Valls en visite à Alger
Le Premier ministre français, Manuel Valls, a entamé, dans la fin de journée d’hier, sa visite officielle à Alger. Mais c’est aujourd’hui que les choses sérieuses vont commencer. Au-delà des sujets politiques, le voyage sera plutôt consacré aux questions à trait économiques. Manuel Valls, l’a bien fait savoir. » Le Forum que j’aurai le plaisir d’ouvrir lors de ma visite à Alger, permettra d’aboutir à des partenariats productifs solides dans les domaines de la technologie, de la formation. Près d’une centaine d’entreprises françaises, grands groupes comme PME et ETI, y participeront » avait-il déclaré dans un entretien accordé au quotidien » El Watan « , hier.Du coup, plusieurs accords vont être signés par l’Algérie et la France dans le cadre de la tenue dimanche à Alger de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), qui sera co-présidé par les Premiers ministres des deux pays, Abdelmalek Sellal et Manuel Valls. Selon une source diplomatique à l’APS, cette session, qui réunira des membres des deux gouvernements, » permettra de dresser un bilan des progrès effectués dans la feuille de route bilatérale retenue aussi bien dans lors des deux précédentes sessions du CIHN que dans le cadre du COMEFA (Comité mixte économique francoalgérien) et de fixer de nouveaux objectifs ambitieux dans l’ensemble des volets de la relation bilatérale « , a indiqué la même source.Elle » devrait être sanctionnée par la signature de plusieurs accords touchant des domaines aussi divers que l’éducation, l’emploi, la jeunesse et sport, ainsi que d’autres accords de partenariat économiques « , précise- t-on. Les projets » prêts à la signature » concernent la production d’isolateurs électriques de haute tension et celle des vannes hydrocarbures. Il est prévu également la création d’une jointventure dans le domaine de l’engineering industriel et systèmes de gestion et d’une autre dans le domaine du consulting et des services du numérique.D’autres projets » potentiels » peuvent faire l’objet, sous réserve, d’une signature en marge du CIHN, indique-ton, parmi lesquels figurent le projet phare de l’implantation en Algérie de l’usine Peugeot-Citroën PSA, ceux ayant trait à la valorisation du phosphate et à la production de gaz industriel, ainsi qu’au transport ferroviaire. Trois accords de partenariat seront probablement signés au titre de la convention-cadre du 26 octobre dernier à Paris, lors des travaux de la COMEFA, entre le groupe algérien GICA et le groupe français Lafarge. Ils concernent la remise à niveau de la cimenterie de Raïs Hamidou (Alger), la réalisation d’un pôle technologique et la réalisation d’une plateforme d’exportation de ciment. En marge de ce rendez- vous important, un forum d’affaires algéro-français, le troisième, sera organisé, aujourd’hui et demain, auquel sont conviés près de 300 acteurs économiques des deux côtés de la Méditerranée.L’objectif de cet évènement, précise la même source, » est d’identifier, d’encourager et de multiplier les partenariats productifs et d’accompagner ces entreprises et opérateurs économiques jusqu’à la signature d’un premier accord « . Les domaines ciblés par ce forum touchent aux secteurs du BTP, de la sous-traitance mécanique, de l’agroalimentaire, du numérique, de la santé, de la co-localisation, de la formation professionnelle et de la de la finance.La visite du Premier ministre français en Algérie intervient dans un climat tendu faisant beaucoup de bruit à l’autre rive. Mercredi dernier, le ministère des Affaires étrangères, Remtane Lamamra, a rappelons- le, convoqué l’ambassadeur de France pour lui faire part de son mécontentement face à une « campagne hostile » à l’Algérie menée dans les médias français. Il s’agit également des divergences de vues et de positions entre les deux pays concernant le règlement des conflits dans la région. Paris ne cautionne toujours d’éventuelles interventions militaires notamment en Libye. Dans le dossier du Sahara occidental, alors que l’Algérie a toujours défendu le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, la France, elle, a fait le choix d’appuyer la position marocaine et le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007. -
Inélégante attitude
» Alger, forcément » profondément désolée » par cette attitude, aura toutes les bonnes raisons de l’évoquer en toute » franchise » et » amitié « . A bon entendeur… »Par Mohamed Abdoun :J’avoue que j’avais l’intention de ne pas aller plus loin que le billet consacré au sujet en page 23. Mais c’était sans compter avec cette inélégante sortie du Premier ministre français sur son compte Twitter. Certes, il a parfaitement le droit d’être » désolé « , et même de se résoudre à en parler à ses » vis-à-vis » algériens en toute » franchise » et » amitié « , cela même si le sujet n’est pas du tout inscrit à l’ordre du jour de cette » importante » visite. Il a ses droits. Tous ses droits. Ainsi que d’autres. Beaucoup d’autres. Mais pas celui de forcer la main aux autorités algériennes, encore moins prétendre agir en notre nom. Non, monsieur Valls ! Non, ce ne sont pas tous les Algériens qui souffrent maladivement du » complexe du colonisé « . Tout ce qui vient de la France n’est pas forcément » magnifique « . Tout ce que dit la France n’est pas, non plus, » parole d’évangile « .Alger a décidé en toute souveraineté d’interdire à deux journalistes de fouler son sol. De » couvrir » cette visite officielle de haut niveau. Maintenant que le sort est jeté, et que les répliques les plus sordides ont commencé à fuser outremer, je ne veux même pas m’appesantir sur le fait qu’il pourrait y avoir atteinte à la liberté de la presse. Les décideurs algériens sont forcément au courant de choses qu’ils ne peuvent pas f o r c é m e n t révéler au grand jour, sous peine de mettre en péril la sécurité publique. Valls, lui, a foulé aux pieds les convenances et le respect dû à ses hôtes en rendant publiques ses états d’âme et ses intentions, avant même d’avoir foulé le sol algérien.Cette inélégante attitude trahit la peur-panique de ce » présidentiable » de la presse hexagonale. J’ose espérer qu’Abdelmalek Sellal, qui n’a pas besoin de le dire de manière prématuré sur les réseaux sociaux, saura mettre les points sur les » I » et expliquer à cet encombrant hôte que l’Algérie est indépendante depuis plus d’un demi-siècle. Après tout, l’Algérie ne doit rien à personne. Et encore moins à la France, ancienne puissance coloniale. Ce sont certains de nos juteux contrats qui ont permis à des entreprises hexagonales en faillite de renflouer leurs caisses, de sauver des dizaines de milliers d’emplois et d’éviter de sévères frondes sociales aux dirigeants de ce pays. En revanche, si le Maroc bénéficie d’investissements pharaoniques, nous n’avons droit qu’à de vulgaires lots à titre de compensation. De petites unités de montage de véhicules fabriqués ailleurs. Avec cela, c’est également la France qui vole systématiquement au secours du Maroc dans sa politique criminelle et colonialiste. N’était ce soutien, il y a belle lurette que le Sahara Occidental aurait recouvré son indépendance. Alger, forcément » profondément désolée » par cette attitude, aura toutes les bonnes raisons de l’évoquer en toute » franchise » et » amitié « . A bon entendeur…