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  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 28 mars 2016

    (…)

    Sahara occidental
    Le 24 mars, le Président du Conseil de sécurité pour le mois de mars, M. Ismael Abraão Gaspar Martins, a fait connaître à la presse la position consensuelle du Conseil sur le Sahara occidental. 
    Le Secrétaire général a noté que les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur grave préoccupation face aux récents développements, en particulier ceux liés à l’impact sur le bon fonctionnement de la MINURSO. Comme l’a rappelé le Conseil de sécurité, les opérations de maintien de la paix et les autres missions sont déployées par le Conseil de sécurité pour entreprendre des tâches essentielles pour le maintien de la paix et de la sécurité. Tous les États Membres et les autres acteurs doivent honorer leurs obligations en vertu de la Charte et respecter les décisions du Conseil de sécurité.
    Ce qui est important maintenant, c’est de surmonter les difficultés actuelles et permettre à la Mission de recouvrer la pleine capacité d’assumer les fonctions que lui a confiées le Conseil de sécurité. Le Secrétaire général, son Envoyé personnel, M. Christopher Ross, et son Représentant spécial sont prêts à faire tout leur possible pour faciliter les choses de manière constructive, coopérative et globale, comme l’ont demandé les membres du Conseil.
    (…)
    http://www.un.org/press/fr/2016/dbf160328.doc.htm
  • Le Maroc met la région sur le pied de guerre

    Mohamed TOUATI
    Cette rencontre vient en réponse aux mesures de rétorsion prises par le royaume contre la Minurso.
    La reprise des négociations pour mettre fin au conflit du Sahara occidental est compromise. La tension est montée d’un cran depuis que le Maroc a pris des mesures de rétorsion contre la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Des représailles contre le SG de l’ONU qui avait qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d’ «occupation».
    Plus de 80 de ses membres ont été expulsés par les autorités marocaines qui ont dans la foulée décidé de lui supprimer leur contribution financière. Un précédent très dangereux qui «remet en question le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU dans le maintien de la paix et la sécurité dans le monde», avait prévenu la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma. Une réunion de haut niveau s’est tenue dimanche dernier à Alger, sous la présidence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et de son homologue sahraoui Abdelkader Taleb Omar.
    Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, et le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel ont pris part à ces consultations. Que s’est-il dit? «Ces consultations ont porté sur les questions diplomatiques, sécuritaires et humanitaires d’intérêt commun», indique un communiqué rendu public. Nous n’en saurons pas plus. Inutile cependant d’ergoter. Les décisions marocaines ont mis bel et bien la région sur le pied de guerre. Des décisions qui interviennent alors que l’Algérie s’apprête à recevoir le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, dont le pays figure parmi les soutiens indéfectibles du pouvoir marocain quant à la question sahraouie. Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à voter vers la fin du mois d’avril une nouvelle résolution qui doit prolonger le mandat d’une Minurso qui n’est désormais plus que l’ombre d’elle même, le mandat de l’actuel secrétaire général doit expirer à la fin de l’année 2016. Autant de paramètres sur lesquels table la diplomatie marocaine pour inverser la vapeur en sa faveur ou en cas d’échec, certain au demeurant, de ce calcul prolonger le statu quo dans lequel végète le conflit du Sahara occidental.
    Une option qui peut conduire au pire: la guerre. Le Front Polisario s’y prépare. L’Armée de libération sahraouie est en état d’alerte. Le bureau de son secrétariat national qui lui a réaffirmé son soutien a appelé «son état-major à hausser son niveau de préparation afin d’affronter les circonstances actuelles et les complots de l’ennemi marocain…», a souligné un communiqué rendu public à l’issue d’une réunion présidée par le Premier ministre, Abdelkader Taleb Omar, répercuté par une dépêche de l’agence officielle de presse sahraouie SPS datée du 21 mars.
    Deux jours plus tard ce sera au tour de la Commission des droits de l’homme du Congrès américain d’épingler le Maroc sur la question de la condition des prisonniers politiques sahraouis, les violations exercées contre les militants sahraouis, du statut du Sahara occidental et de son lobbying forcené pour y asseoir sa souveraineté… Un événement. Une première qui a sans doute donné une autre dimension à la question sahraouie prise en otage jusque-là par un Conseil de sécurité qui a montré à ce jour son impuissance à mettre en pratique toutes les résolutions dont il a accouché. Toutes dans les termes les plus clairs garantissent au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination.
    Le Maroc a fait le choix de les piétiner. De défier les instances internationales en toute impunité, démontrant son irresponsabilité. Celle de mettre toute une région sur une poudrière. Un contexte explosif qui a incontestablement été au coeur du sommet algéro-sahraoui…
  • La communauté internationale doit réagir

    Mise à jour : 29-03-2016
    En s’attaquant au Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le Maroc semble avoir ouvert des perspectives et développé des ambitions dont il se permettait rarement jadis d’en parler ou d’en confier les grandes lignes, exception de sa thèse d’autonomie du Sahara occidental. Dans ses calculs actuels et avec le soutien de la France, le Maroc pense que rien ne pourra désormais contrecarrer ses desseins au Sahara occidental et dans toute la région. Bien sûr, il s’attend à des difficultés avec le Front Polisario et avec la communauté internationale. Mais en mettant en doute le Droit international et les engagements de l’ONU à organiser un referendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental, il signe et affirme qu’il est en mesure d’écraser tout sur son passage. Quant à l’Algérie dont le Makhzen craint sérieusement la puissance et la force morale dont elle dispose, il compte sur le temps pour la neutraliser par une série de manœuvres qu’il tente de mettre au point avec la complicité de capitales arabes et occidentales n’a-t-on pas entendu depuis longtemps le Maroc dire que si l’Algérie n’abandonne pas les positions qu’elle défend au Sahara occidental, il dénoncerait les accords qu’il avait conclus avec elle au sujet des frontière algéro-marocaines et poserait à nouveau la question du tracé frontalier en invoquant, une fois de plus l’accord qu’il avait lui-même signé le 6 juillet 1963 avec l’Etat algérien. Le roi se serait engagé dans cette voie avec certains partis marocains afin qu’ils véhiculent cette idée et pour expliquer, que c’est le peuple marocain qui l’exige, notamment en raison de l’attitude algérienne envers la cause du peuple sahraoui. Le roi semble aussi s’orienter vers une nouvelle stratégie dans la région. Il croit que ses atouts sont d’autant plus décisifs que des puissances occidentales amies et les alliances qu’il a pu développer avec les monarchies du Golfe, l’Arabie saoudite en tête et autres pays africains lui permettront de mener à termes ses ambitions en Afrique du Nord. Aujourd’hui, alors que s’impose à tous l’amer constat des ambiguïtés de Rabat au sujet de la colonisation du Sahara occidental, il importe aux Nations unies de donner un contenu concret et une application sévère des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité concernant le conflit qui oppose depuis plus de quatre décennies le Front Polisario au Maroc et qui apparaissent à l’évidence, comme la seule issue à ce conflit et ce, au nom de la légalité du Droit international applicable à tous les Etats. Si la violation que mène le Makhzen contre la liberté et la souveraineté des Sahraouis a pu susciter des hésitations chez certains Etats, membres de l’Assemblée générale des Nation unies qui, par ignorance ou sous l’effet de l’intoxication lancée comme toujours par Rabat conjointement avec Paris, sont encore silencieux, les récentes déclarations du SG de l’ONU au sujet de l’organisation d’un référendum d’autodétermination peuvent-elles les laisser indifférents ? Ban Ki-moon n’a-t-il pas fait tomber les masques de ceux qui affirmaient, au palais royal, l’existence de l’obstacle algérien à l’autonomie du Sahara occidental et son rattachement au Maroc. Mais les stratèges du roi, à travers la hargne et la convergence des attaques contre l’Algérie veulent détourner une fois de plus l’attention de la communauté internationale sur cette domination coloniale du Sahara occidental. Et c’est bel et bien à un des épisodes de l’offensive marocaine contre l’Algérie inspirée et téléguidée par certaines capitales des grandes puissances qu’on assiste. La communauté internationale ne peut plus, dans ces conditions adopter l’attitude du témoin tourmenté, répugnant à prendre parti, refusant le droit international et se réfugiant dans un internationalisme abstrait qui renvoie dos à dos les deux protagonistes de ce conflit. Le véritable internationalisme concret, agissant au nom de la Charte des Nations unies, exige une solidarité et un soutien sans faille au peuple sahraoui dans sa lutte pour sa libération, et contre la conspiration qui se tisse autour de l’Algérie. B. C.
  • Le conflit du Sahara occidental ne doit pas être « la pierre d’achoppement » dans l’amitié algéro-française (Jean-Marc Ayrault)

    ALGER, 29 mars (Xinhua) — Le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international Jean-Marc Ayrault, actuellement en visite à Alger, a souhaité mardi que le conflit du Sahara occidental ne constituerait pas « la pierre d’achoppement » dans l’amitié algéro-française.
    Qualifiant la question du Sahara occidental de « délicate » et « difficile », le chef de la diplomatie française a, lors d’une conférence de presse animée conjointement avec son homologue algérien Ramtane Lamamra, révélé qu’un « travail de dialogue (a été) entrepris ces dernières semaines pour que la relation entre les partenaires régionaux, le Maroc et l’ONU s’apaise ».
    Le 19 mars dernier, le Maroc a décidé d’expulser 80 fonctionnaires civils de la MINURSO après les déclarations controversées du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon en visite une semaine auparavant dans la région.
    Sur cette question, M. Ayrault a exprimé le souhait de la France de voir le mandat de la MINURSO renouvelé, une fois arrivé à terme.
    Créée le 29 avril 1991, la MINURSO a pour but le maintien de la paix et l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. 
  • Sahara occidental : Les récents évènements représentent une menace pour la stabilité régionale

    29 mars 2016
    Oxfam exprime aujourd’hui sa profonde préoccupation concernant les récents événements qui pourraient exacerber les tensions au Sahara occidental et mettre la région au bord d’un conflit armé. Ceux-ci incluent l’expulsion de 73 membres civils de l’opération de maintien de la paix de l’ONU du territoire du Sahara occidental, ainsi que la fermeture du bureau de liaison militaire de Dakhla de cette même mission.
    Oxfam appelle les gouvernements à réaffirmer le rôle et le mandat de maintien de la paix des Nations unies au Sahara occidental et encourage toutes les parties au conflit à retourner urgemment à la table des négociations. Oxfam se fait l’écho de l’appel des Nations unies pour une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable incluant l’autodétermination du peuple sahraoui.
    Depuis le début du conflit en 1975, de nombreux réfugiés sahraouis vivent dans des camps de réfugiés près de Tindouf, en Algérie. Oxfam fournit de l’aide humanitaire dans ces camps depuis 40 ans.
    « Abandonner les négociations et le processus onusien de maintien de la paix augmente le risque de violence et prolonge inutilement le conflit » déclare Soazic Dupuy, Responsable du programme d’Oxfam dans les camps. « Personne ne devrait vivre quatre décennies – presque trois générations – en tant que réfugié. Redémarrer le processus de négociations est urgent et essentiel pour la stabilité de la région, et représente aujourd’hui le meilleur moyen pour éviter toute escalade du conflit » ajoute-t-elle.
    Les conditions de vie dans les camps de réfugiés sahraouis sont extrêmement difficiles, particulièrement après les dernières inondations dévastatrices de fin 2015. Malgré des besoins croissants, l’aide humanitaire internationale pour les réfugiés sahraouis a chuté de 30% depuis 2012. Avec les négociations désormais menacées, et les membres de l’opération onusienne de maintien de la paix sur le départ, la communauté internationale doit rapidement redoubler ses efforts diplomatiques pour promouvoir une résolution du conflit qui n’a que trop tardé, afin d’éviter une dégradation de la crise humanitaire.
    « La jeunesse sahraouie n’a vécu rien d’autre qu’une vie de réfugié. Elle mérite un processus de paix négocié, et l’opportunité de pouvoir vivre une vie juste et digne » selon Soazic Dupuy.
  • Visite du MAE français en Algérie : les dits et les non-dits de Paris sur le soutien inconditionnel au Maroc

    Le chef de la diplomatie française, Jean Marc Ayrault, effectue ce mardi une visite officielle, sa première en Algérie depuis qu’il est à la tête du Quai d’Orsay.
    Cette visite préparatoire à la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), le 9 avril prochain, prévoit un dialogue politique régulier entre les deux pays au niveau des Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et des secrétaires généraux. Le CIHN, que M. Ayrault avait lui-même présidé en décembre 2013 à Alger, sera présidé au mois d’avril par les deux Premiers ministres MM Sellal et Manuel Valls . M. Ayrault s’entretiendra avec Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Des entretiens qui permettront de faire « le point sur l’évolution de l’ensemble des dossiers inscrits à l’agenda bilatérale » et d’examiner les voies et moyens permettant d’approfondir le dialogue politique et de renforcer les relations entre les deux pays», a indiqué le ministère des Affaires étrangères .La coopération bilatérale est au beau fixe et se renforce dans tous les domaines : sécurité et lutte contre le terrorisme, formation et employabilité des jeunes ou encore développement industriel à travers plusieurs grands projets concernant les transports, la santé ou l’énergie.
    Or et si la visite de M Ayrault sera «l’occasion d’approfondir la concertation sur les grandes questions régionales et internationales et de recueillir les vues de l’Algérie, pays qui joue un rôle majeur pour la stabilité de la zone, notamment en matière de lutte contre le terrorisme», d’après le communiqué de l’ambassade de France en Algérie, il n’en demeure pas moins qu’une divergence de taille entache ces relations. Il ne s’agit pas moins que de l’appui inconditionnel de la France au Maroc, qui non seulement persiste dans son occupation coloniale du Sahara occidental, déclarant une véritable guerre aux Nations unies , s’en prenant au secrétaire général de l’ONU qui n’adhère pas aux thèses de Rabat et paralysant le fonctionnement de la Minurso . Un grave précédent qui ne s’apparente qu’aux démarches d’Israël, dont le Maroc calque les postures diplomatiques s’appuyant sur les mêmes lobbies et qui risque de remettre en cause l’ensemble du dispositif des opérations de maintien de Paix des Nations unies.Une décision folle du Maroc qui s‘arroge le droit de réduire l’effectif de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), pour mieux la neutraliser et en faire un simple instrument de surveillance du cessez-le-feu .Ce qui est intolérable pour les Sahraouis, d’autant que le Maroc fort du soutien de Paris et s’inventant celui de grandes puissances pousse à la provocation, envoie des troupes dans les régions du Sahara occidental et joue avec le feu. Il aura fallu trois réunions du Conseil de Sécurité –Une première du Conseil de Sécurité , paralysée par l’appui et les manœuvres de la diplomatie française, pour finalement ne rien décider. Cette grave situation devrait être examinée lors des entretiens à Alger de M Jean Marc Ayrault, dont l’arrivée au ministère des Affaires étrangères laisse présager une prise de distance et une plus grande neutralité dans la question du Sahara Occidental. Mais pour Paris le changement est dans la continuité et il semble bien que le lobbying marocain associé à celui d’Israël et désormais avec celui de l’Arabie saoudite, pousse les dirigeants français à appuyer les entraves marocaines et à encourager Rabat à défier l’ONU et à s’installer dans la colonisation et la répression au quotidien du peuple sahraoui dans les territoires occupés . Avec la bénédiction de Paris, le Maroc veut empêcher une surveillance de ses violations des droits de l’homme et surtout rendre caduque l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui , solennellement réaffirmé chaque année par les résolutions des Nations-unies, auxquelles adhèrent Rabat et Paris. Avec les changements à la tête de la diplomatie française on était en droit de s’attendre à une nouvelle politique de la France au Maghreb, d’autant que sur de nombreux dossiers de politique étrangère Paris et Alger convergent. Est-ce à dire que le dossier du Sahara occidental et celui du Maroc enfant chéri de Paris qui passe tous les caprices d’un souverain marocain plus présent dans ses résidences en France qu’au Maroc est le domaine réservé du Président Hollande, dont le double jeu est par trop évident ? Il sera intéressant de connaître la position du nouveau chef de la diplomatie française, Jean Marc Ayrault, connu pour sa droiture et qui échappe –du moins pour le moment –à l’influence du lobby marocain qui fait la pluie et le beau temps à Paris .
    M. B.
  • Algérie-France/ Le Sahara occidental et la Libye au cœur de la visite d’Ayrault à Alger

    C’est en pleine polémique sur le soutien français au plan marocain au Sahara occidental que le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault débarque à Alger. Il arrive le 29 mars et repartira le lendemain.
    Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, la visite du ministre français «s’inscrit dans le cadre de la convention bilatérale instituant le comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), conclue entre les deux parties en décembre 2013, et qui prévoit l’instauration d’un dialogue politique régulier entre les deux pays au niveau des Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et des secrétaire généraux». Le document joute qu’Ayrault et Lamamra vont aborder des questions «nationales et internationales d’intérêt commun».
    Le langage est galvaudé. Et même si les deux pays entretiennent des relations plus au moins bonnes ces derniers temps, l’alignement systématique de la France sur les positions marocaines à propos notamment du Sahara Occidental agace du coté d’Alger. Les autorités algériennes ne disent rien en public. Elles se sont toujours tenues à l’idée que le conflit du Sahara Occidental concerne avant et après tout le Maroc et le Front Polisario.
    L’autre point qui ne fait pas consensus entre les deux pays est la crise en Libye. La France a beau dire qu’elle privilégie la solution politique, mais ne peut plus cacher que des militaires français opèrent déjà sur le terrain. Chose qui n’est pas du goût des Algériens qui refusent toute intervention militaire étrangère dans la région.
    Pour le reste, les affaires marchent très bien entre les deux pays. Et il suffit de regarder de près le nombre d’investissements français en Algérie pour s’en rendre compte. Un bilan plus exhaustif va certainement être dressé lors de la visite, les 09 et 10 avril, du premier ministre français, Manuel Valls en Algérie.
    Essaïd Wakli
    http://www.babalweb.net/info/154298-algerie-france-nbsp-le-sahara-occidental-et-la-libye-au-nbsp-c-oelig-ur-nbsp-de-la-visite-d-rsquo-ayrault-a-alger.html#sthash.KqrOPAxP.dpuf
  • Sahara occidental. Pris en otages dans les geôles de Rabat

    Rosa Moussaoui
    Vendredi, 25 Mars, 2016
    L’Humanité
    Place de la République, Paris, jeudi. Rassemblement de solidarité avec les prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim.
    Photo :Bruno Arbesu
    Injustement détenus depuis cinq ans et demi à la prison de Salé, des prisonniers politiques sahraouis ont cessé de s’alimenter le 1er mars.
    Il y a trois ans, le verdict tombait comme un couperet. Lourd, injuste et révélateur de l’intransigeance de la monarchie marocaine, prête à toutes les violations du droit pour conserver le Sahara occidental dans son giron. À l’issue d’un procès inique, 24 militants de la société civile sahraouie étaient condamnés par le tribunal militaire de Rabat à des peines allant de vingt ans de prison jusqu’à la perpétuité pour neuf d’entre eux. Tous avaient été enlevés en novembre 2010, après l’assaut des forces de sécurité marocaines contre le « camp de la fierté et de la dignité » de Gdeim Izik. Dressé à une douzaine de kilomètres de Laâyoune, au Sahara occupé, ce camp avait rassemblé plusieurs milliers de jeunes pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie et faire valoir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Avec ses 8 000 tentes, il avait fini par dépasser les autorités marocaines, incapables de contenir ce mouvement populaire en dépit d’un imposant déploiement sécuritaire. D’où le choix d’une répression sanglante.
    « L’expression de la vengeance de l’État marocain »
    Injustement détenus depuis cinq ans et demi à la prison de Salé, dans la banlieue de la capitale marocaine, les prisonniers politiques de Gdeim Izik ont entamé le 1er mars une grève de la faim pour demander l’annulation d’un procès inéquitable qui est, selon leurs mots, « l’expression de la vengeance de l’État marocain face à (une) lutte pacifique pour la liberté ». Treize d’entre eux ne s’alimentent plus. Ils ont déjà perdu, chacun, plus de 8 kilos. Mercredi, Sidi Lmjaiyed et Mohamed Bachir Boutinguiza ont dû être transférés à l’hôpital. Le premier ne peut plus marcher, le second est tombé dans le coma. Le même jour, Bachir Khada était renvoyé dans sa cellule après un bref passage au dispensaire de la prison, malgré l’inquiétante détérioration de son état général. Le lendemain, Cheikh Banga était à son tour transporté d’urgence à l’hôpital. En l’absence de contrôle médical permanent, l’état de santé des 13 grévistes de la faim est d’autant plus alarmant que « tous souffrent de maladies chroniques et des séquelles de tortures et de mauvais traitements dont ils ont été victimes pendant l’arrestation, la garde à vue et la détention », relève Hassanna Duihi, de l’Association sahraouie des victimes de violations des droits humains (ASVDH). Mercredi, les familles de trois prisonniers politiques étaient reçues par un conseiller du président du Conseil marocain des droits de l’homme, Driss El Yazami. Elles n’ont obtenu que de vagues assurances, le CNDH promettant de plaider en faveur de meilleures conditions de détention auprès de l’administration pénitentiaire et du ministère de la Justice.
    Les vingt-quatre, tous des civils, étaient poursuivis par l’autorité militaire pour « constitution d’une bande criminelle, violences contre les forces de l’ordre ayant entraîné la mort avec l’intention de la donner ». « Les militants sahraouis ne se sont pas laissé intimider et ont imposé leurs témoignages au tribunal. Accusés de crimes qu’ils n’ont pas commis, ils ont décrit et dénoncé leur enlèvement, les humiliations, tortures et traitements inhumains, les pressions psychologiques, les procès-verbaux fabriqués ou falsifiés », fait valoir le Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (Corelso), dont le coprésident, Ennâama Asfari, a écopé d’une peine de trente ans de prison. Pour ce dernier, l’embastillement des militants sahraouis de Gdeim Izik relève d’une « décision politique prise par l’institution militaire » au mépris des conventions internationales et même du droit marocain, puisqu’une loi, toujours en attente d’application, interdit désormais que des civils soient jugés par des tribunaux militaires.
    Et il est vrai que le contexte politique pèse lourd sur le sort des prisonniers sahraouis, qui paient le prix d’une dangereuse surenchère du makhzen. Le ton n’a cessé de s’envenimer, ces dernières semaines, entre Rabat et l’ONU, au point que le Maroc a expulsé, le 20 mars, 83 fonctionnaires civils de la Minurso, la mission des Nations unies au Sahara occidental chargée depuis 1991 de veiller au respect du cessez-le-feu entre le royaume chérifien et les indépendantistes du Front Polisario. Toujours sur injonction du Maroc, l’ONU a dû fermer son bureau de liaison militaire à Dakhla et faire évacuer trois observateurs militaires. Menacée de démantèlement, la mission onusienne, enfin, est privée des 3 millions de dollars de la contribution financière marocaine.
    Ban Ki-moon évoque « l’occupation » marocaine du Sahara occidental
    À l’origine de cette attitude de défi envers la communauté internationale, les propos tenus par Ban Ki-moon lors de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis de la région de Tindouf, en Algérie, au début du mois de mars. Le secrétaire général de l’ONU avait alors évoqué « l’occupation » marocaine du Sahara occidental et déploré l’absence de « progrès réels dans les négociations devant aboutir à une solution juste et acceptable par tous, fondée sur l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Ces déclarations ont déclenché l’ire du palais et suscité au Maroc des manifestations lors desquelles Ban Ki-moon a été conspué. Une politique de rupture qui semble être devenue la marque de fabrique de Mohammed VI, également brouillé avec l’Union européenne depuis la décision de la Justice européenne d’annuler un accord agricole incluant les produits issus des territoires occupés. Pour le monarque, il n’y a ni droit international, ni négociations. Seulement la fanatique certitude que le Sahara occidental « demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin des temps ».
  • Une commission au Congrès américain parle "d’occupation du Sahara par le Maroc"

    La commission des droits de l’homme du
    Congrès américain, Tom Lantos, a tenu à 
    lever toute équivoque sur la position du gouvernement américain à l’égard de la question sahraouie durant l’audition qu’elle a consacré mercredi au statut du Sahara occidental.
    le Congrès américain adopte le même lexique que M. Ban Ki-moon puisque les organisateurs de l’audition ont qualifié la présence marocaine sur ce territoire d’«occupation»
    « Nous devons être clairs, les Etats-Unis n’ont reconnu la souveraineté d’aucun Etat sur les territoires du Sahara occidental qu’ils considèrent plutôt comme un territoire non autonome en attente de décolonisation », a déclaré le démocrate John Conyers devant un parterre d’hommes politiques américains, d’ONG et d’organismes internationaux venus assister à cette audition, la première du genre tenue par cette commission sur le Sahara occidental occupé.
    Pour le Maroc, c’est à la demande du lobby pro-algérien, que cette séance de hearing au sujet des droits de l’Homme au Sahara a été organisée.
  • Lettre d’un citoyen ordinaire à Sa Majesté Mohamed VI

    par Marouf Nadir*
    Votre majesté, 
    Me réveillant d’un sommeil agité ce dimanche 13 mars tard la nuit, j’allume la télévision et tombe sur les informations de la chaine El-Maghribiya. Je fus sidéré par l’ambiance martiale qui régnait à Rabat et le cortège d’accusations dont l’Algérie est l’objet. Elle aurait manipulé le secrétaire général des Nations unies pour l’amener à produire un discours «malveillant» à l’égard de votre pays. Elle aurait été et serait encore à l’origine du contentieux pendant entre le Maroc et Polisario, dont la cause ne serait soutenue que par les seuls Sahraouis résidant à Tindouf. Ces invectives reproduites à satiété par tout le personnel politique marocain (membres de l’exécutif, parlementaires, société civile, tout au moins une partie de cette dernière) accroissent l’image caricaturale d’un pays qui est le mien, et dont la seule motivation serait de nuire au vôtre. C’est pour nous punir de notre «inimitié» que votre pays nous expédie quotidiennement des tonnes de stupéfiants transitant par nos frontières, avec la bénédiction de vos sujets censés assurer le contrôle de ces produits, interdits par Dieu et par la loi des hommes, et dont la visée est d’atteindre et de handicaper à vie notre jeunesse. Cela ne peut venir que d’une haine inouïe que nous voue votre pays. Cependant, je ne peux croire que votre peuple tout entier en est l’agent principal. 
    C’est pour rectifier cette image que je veux m’entretenir avec Votre Majesté. Même si cette démarche peut paraitre surréaliste, je voudrais l’assumer seul, en ma qualité de citoyen du monde, non pas pour m’ériger en avocat de la défense, mais pour me tenir d’un lieu qui s’appelle «Maghreb», lieu de mon identité primordiale. 
    Je voudrais, Majesté, en effet, vous faire part de mes espoirs passés, occasions ratées de restaurer un Maghreb qui, hélas, a cessé d’exister depuis la fin du temps colonial. En dépit de cette parenthèse de plus d’un demi-siècle qui a malheureusement trop tardé, je reste convaincu que ce Maghreb auquel je crois constitue une réalité anthropologique millénaire indiscutable. Je n’ai point besoin d’évoquer en effet tous les contentieux qui nous divisent depuis l’indépendance. Je ne peux pourtant m’empêcher de rappeler tout ce qui nous a réunis dans un destin commun. Bien sûr, l’historien lambda dira que la rupture s’est faite au début du XVIème siècle, quand la chaine monarchique du Maghreb central a été rompue au profit de la Régence ottomane, aussi bien chez nous que chez nos voisins de l’Est. Le principe d’allégeance royale a ainsi disparu au bénéfice d’autres formes de socialisation politique. 
    Mes confrères marocains rencontrés dans les colloques internationaux me rappellent souvent, très amicalement mais néanmoins avec condescendance, que le Maroc jouit d’une continuité et d’une culture de l’Etat ininterrompues depuis les Idrissides (IXème siècle), ce qui n’est pas le cas de l’Algérie (la Tunisie gardant néanmoins à leurs yeux le bénéfice du doute puisque, comme pour le Maroc, le protectorat français ne l’a pas entamée en profondeur). Etant anthropologue du droit, je m’interroge cependant sur le sens à donner à la «culture de l’Etat» (culture ou aliénation ?) Laissant de côté l’approche marxiste de ce concept, je renvoie plutôt à La Boétie qui, déjà au milieu du XVIème siècle publia un livre d’une actualité déconcertante intitulé : «Discours sur la servitude volontaire». 
    La France médiévale a connu aussi une culture politique fondée sur l’allégeance royale, au moins depuis la dynastie capétienne et qui se poursuivra avec les dynasties collatérales (Valois, Bourbons etc.) comme pour celles du Maroc (Idrissides, Almoravides, Almohades, Mérinides, Saadiens, Alaouites), jusqu’à la veille de la révolution de 1789. Il est des pays où la culture de l’allégeance royale ne souffre aucune remise en cause sérieuse (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Danemark, Suède) grâce à des régulations institutionnelles de type constitutionaliste. La monarchie marocaine est une monarchie constitutionnelle, et c’est tant mieux pour la démocratie qui se construit dans votre beau pays. Quant à la révolution française, elle a inauguré un lien sociétal fondé sur la citoyenneté contractuelle, ce qui a permis un mieux-être aux plus démunis, aux sujets sans nom devenus citoyens à part entière (tout au moins dans la théorie). Il existe, en revanche, des Etats républicains où l’ordre du prince confine à la sacralité monarchique de droit divin ; je veux dire par là que l’étiquetage formel de la gouvernance ne préjuge en rien de la réalité sociale ambiante. 
    Pardonnez-moi, majesté, ce préambule un peu froid, car mon propos consiste à m’attarder sur ce qui unit nos deux pays, et à l’opposite, ce en quoi les faits qui nous opposent relèvent de conjonctures contre-productives, en ce sens que ce qui nous oppose me parait secondaire par rapport à une fraternité qui pèse de tout son poids, pour peu qu’on se penche, non pas tant sur le passé lointain, mais sur notre histoire contemporaine. 
    D’abord sur le passé lointain, un simple rappel du siège mérinide de Tlemcen au XIIIème siècle. Etant natif de Tlemcen, j’ai toujours trouvé cocasse la fierté exprimée par mes concitoyens quand ils faisaient visiter à des touristes étrangers le minaret de Mansourah, ses ruines alentour, ou encore la mosquée de Sidi Boumediene dont la sépulture repose à El-Eubbad. A aucun moment mes concitoyens ne contextualisent, si j’ose dire, ce patrimoine, contrairement à certains édifices érigés du temps de la colonisation. Et pourtant, les conditions dans lesquelles nos ancêtres tlemcéniens avaient vécu le double siège étaient horribles. 
    La raison en est que le lien social, notamment celui de la religion commune, l’emportait sur les souffrances vécues, souffrances que la mémoire collective n’a pas retenues. Les conflits qui furent les nôtres durant l’époque médiévale, furent ceux des «frères ennemis» (frères au regard de l’onomastique mais là est un autre débat, intéressant les spécialistes). Le paradigme du frère ennemi est inaugural du conflit. Avant les conflits internationaux, il y avait d’abord l’histoire de Caïn et d’Abel, ne l’oublions pas. Même si ce n’est (pour certains) qu’une légende, elle atteste cependant d’une réalité anthropologique que nos deux pays se doivent de méditer. En revanche, le lien du Maghreb central avec le Maroc a connu des épisodes heureux. Le jurisconsulte Mohammed El Maqqari, qui est un fils de Tlemcen, a vécu longtemps à Fès où il compta parmi les grands jurisconsultes de l’institution des Qaraouiynes. Il intercéda même dans des conflits internes à la nation marocaine, durant l’inter-règne entre la dynastie Saadienne et celle des Chorfas du Tafilalet. Durant cet inter-règne d’un quart de siècle, la zawiya de Dilaa, fondée par Abou Bekr, un m’rabet du haut Atlas a tenté d’occuper ce vide, ce qui n’a pas plu à vos ancêtres alaouites arrivés promptement sous la conduite de Moulay Ismail. 
    Une partie de la famille d’Abou Bekr ( suite à l’intercession d’Al-Maqqari ) notamment son fils Ahmed, se sont repliés à Tlemcen, où ce dernier (et peut-être aussi les siens) est enterré dans le cimetière de Sidi Senoussi (je tiens cette information du professeur A. Rollman, directeur de recherche à Harvard University, lors d’un séjour que j’y avais effectué en 1989). Au-delà de cet épisode, les relations qui se sont tissées entre Tlemcen et Fès tant au plan commercial qu’à celui des alliances matrimoniales sont fort connues. Il n’est pas rare, quand je me promène dans la médina de Fès, d’entendre tel artisan ou commerçant m’informer de ses attaches généalogiques avec Nedroma, Tlemcen, Ain El Houtz (fief des Bouabdallah). L’orientaliste Alfred Bel reprenait dans une monographie sur le travail de la laine, publiée en 1911, un proverbe psalmodié par les tisserands de Tlemcen en ouvrant au petit matin la porte de leur atelier : «Kiss ‘ala kiss, ya sidi Moulay Driss, Allah yeghnik ya Fâs, wa Allah yekhlik ya bled n’çara». Il s’agit là sans doute d’une réminiscence rappelant l’épopée inquisitoriale de l’Espagne chrétienne. 
    Voilà pour l’histoire ancienne. 
    Pour ce qui est du contemporain, permettez-moi, Votre Majesté, de vous confier des souvenirs personnels, évoqués pêle-mêle, sans m’en tenir à un ordre chronologique particulier. Quelques-uns de ces souvenirs peuvent paraitre dérisoires, mais je tiens à les exhumer de ma mémoire sans tabou. En ce mois de novembre 1955, j’avais à peine 15 ans. Toute ma famille se rapprochait du poste radio (pas de télévision à cette époque) pour suivre le reportage du retour du roi feu Mohammed V, de l’exil malgache. Le reporter qui maniait un arabe limpide, talentueux, avec des tremolos dans la voix s’appelait Mohamed Bendeddouche. C’était un fils de Tlemcen qui vivait comme tant d’autres au Maroc (où ils exerçait des fonctions dans l’enseignement ou l’administration). Il s’adressait au ciel en disant : «Ô soleil porte ton ombre sur notre roi chéri, et souviens-toi qu’il est désormais entouré de son peuple qui l’aime». Je ne suis pas sûr de la traduction, mais la diction en arabe était belle. Nous pleurions à chaudes larmes, ma mère, mes sœurs et moi. Je n’oublirais jamais cet épisode. C’était l’époque où nous chantions en chœur «Sidi h’bibi wine houwa» d’Ahmed Jebrane, chanson qui était dédiée au roi à la même époque. Nous étions algériens et marocains à la fois. Autre anecdote plus tardive : l’été 1991, je rentrais de France en famille pour passer mes vacances en Algérie. La traversée fatidique en voiture m’obligeait de faire escale en Espagne puis au Maroc. 
    A un hôtel du Nador où nous sommes descendus, toutes les chambres étaient prises. Nous avons eu droit à une mansarde au dernier étage où il faisait une chaleur caniculaire. Une heure après, le réceptionniste me demanda par téléphone de descendre voir le directeur de l’hôtel (le propriétaire sans doute). C’est un homme d’un âge avancé. Ayant examiné mon passeport, il me demanda si j’avais un lien familial avec Marouf Boumediene natif de Tlemcen. C’est mon oncle répondis-je. Quelle ne fut pas sa joie en l’apprenant. Il le connaissait en effet pour être descendu dans le même hôtel. Mais il le connaissait surtout pour ses hauts faits de militantisme aux côtés de Abdelkrim al-Khettabi qui luttait non contre la monarchie, mais contre l’Espagne et la France tout à la fois. Il me rappela que mon oncle faisait partie de ces Algériens membres de l’Etoile nord-africaine fondée par Messali Hadj, puis du PPA, qui ont contribué au mouvement de libération du Rif durant l’Entre-deux-guerres. Evidement, j’ai eu droit à une chambre spacieuse, climatisée et très confortable, ce qui n’était pas pour me déplaire. 
    Il est vrai que ma famille garde des accointances plus ou moins anciennes avec le Maroc : une bonne partie des ancêtres de ma grand-mère paternelle (les Benchiboub) s’étaient exilés au Maroc au milieu du XIXème siècle, quand l’Emir Abdelkader a déposé les armes. C’est une diaspora qui occupe aujourd’hui près de la moitié de la Qissariya de Taza- haut. D’autre part, mes grands-parents maternels vivaient à Tanger depuis la fin de la 2ème Guerre mondiale. Mon grand père, décédé en 1952, est enterré au cimetière de Sidi Bou-arraqiya. En 1988, ma mère qui n’a jamais pu se recueillir sur sa tombe me pria de le faire à sa place. J’étais alors invité à une rencontre scientifique organisée par le «CEMA» de Tanger, ce qui m’a permis de faire connaissance avec Abdellah Hammoudi, le meilleur anthropologue marocain à mes yeux. Il y avait dans ce cimetière la partie élevée pour les notables, et la partie en pente pour le tout-venant. Mon grand-père faisait partie de la plèbe. Malheureusement, les chardons et autres détritus qui encombraient les tombes ne m’ont pas permis de localiser celle de mon grand-père. J’ai compris alors que la topologie sociale ne se lit pas seulement que sur le territoire des vivants. 
    Mais ce n’est guère plus reluisant dans nos propres cimetières (contrairement à ceux visités en Europe). Les communes ne semblent pas concernées par l’aménagement de l’espace funéraire. C’est sans doute un problème culturel que celui du sort réservé aux morts. 
    Beaucoup de tombes ont été détruites chez nous durant «la décennie noire», au motif qu’elles étaient trop luxueuses. Une autre anecdote personnelle concerne le cimetière d’El Ghofrane de Casablanca où je suis allé me recueillir en août 2002 sur la tombe de feu Redouane Ben Sari, un musicien hors pair qui avait fait pleurer Oum Kaltoum au cours du Congrès du Caire en 1932 quand, à seize à peine, il avait chanté devant elle en s’accompagnant de son luth: «wa haqqika anta al-mouna wa-t-talab», une de ses premières chansons. Il se trouvait au milieu d’un carré de morts anonymes identifiés par un numéro inscrit sur un morceau de contreplaqué dressé en haut d’un fer rond à béton. Redouane (que Maurice de Montherlant, de passage à Tlemcen en 1928, avait décrit chantant en solo au milieu de l’orchestre de Cheikh El Arbi Ben Sari son père), se réduisait au numéro 796 qu’on pouvait lire au-dessus d’une motte de terre. Ainsi va la vie … Si une partie des miens se trouvent, morts ou vivants, sur la terre marocaine, mes liens personnels avec votre pays ont connu des hauts et des bas, mais à aucun moment je n’ai ressenti du dépit, celui qu’on peut avoir face à l’allogène. En novembre 1963, alors que j’étais jeune fonctionnaire à la Direction Générale du Plan (à l’époque située à la Présidence), je me trouvais mobilisé à la frontière auprès des services des transmissions. C’était après l’épisode de Tindouf où nos deux armées on fait escarmouche : au moment où un cessez-le-feu a été décrété par le Conseil de Sécurité des Nations unies, j’étais chargé d’accompagner le journaliste Maurice Josco de France Soir, à Béni-Ounnif, face à Figuig. 
    Les tirs d’obus ont été échangés bien après minuit, heure du cessez-le-feu. Au petit matin, Figuig était encerclée ou tout au moins accessible. J’ai assisté alors à un spectacle inouï : des soldats algériens et marocains, adversaires officiels de la veille, s’embrassaient en sanglotant, car ils se sont retrouvés après la guerre d’indépendance où les Algériens combattaient l’ennemi commun colonial aux côtés de leurs frères Marocains et vice-versa. C’était des soldats issus de ces régions frontalières. Je m’étais effondré devant ce qui m’apparaissait comme un acte contre-nature. Beaucoup plus tard, en juin 1980, je publiais un livre chez SINDBAD, intitulé «Lecture de l’espace oasien». C’était un chapitre de ma thèse d’Etat portant sur l’histoire sociale et économique du Touat, Gourara, Tidikelt. A cause de ce livre, je figurais dans la liste des invités à la commémoration du cinquième anniversaire de la RASD. Il y avait des journalistes venus du monde entier, mais aussi quelques personnalités culturelles. Partis en camion depuis Tindouf, en direction d’un no man’s land que je suis incapable de situer, nous sommes invités à examiner un présentoir de près de 200 mètres sur lequel étaient disposés les livrets militaires des conscrits marocains décédés ou faits prisonniers. J’étais stupéfait de constater de la quasi-totalité de ces livrets concernaient des jeunes gens dont l’âge dépassait à peine la vingtaine d’années, issus pour la plupart des zones rurales déshéritées, et dont les professions mentionnées étaient: «fellah», «journalier» ou «ouvrier saisonnier» ce qui revenait au même. Je me suis mis alors en tête que c’était le lumpenprolétariat en puissance qui pouvait grossir un jour celui des bidonvilles de Casablanca, c’est-à-dire celui qui, à la même époque à la suite d’une insurrection populaire (sans doute la première du genre au Maroc), a été maté brutalement par les chars de l’armée de votre père… 
    La conclusion à mon raisonnement est qu’il valait mieux, aux yeux de Hassen II, que ces jeunes chômeurs meurent en héros que de se faire écraser par les chars de la contre-rébellion. C’est ce que la théorie cybernétique appelle feedback, autorégulation. Au total, votre père n’avait rien à perdre à réguler c’est-à-dire à résorber l’intifada qui pouvait survenir des banlieues urbaines. Il se peut que je me trompe dans mon diagnostic, mais je voyais les choses ainsi. Plus proche du temps présent, mais renvoyant à l’histoire profonde entre nos deux pays, je me trouvais à Fès dans le cadre d’un programme de coopération interuniversitaire au cours des années 2000 (j’étais à l’époque professeur à l’université de Picardie et dirigeais quelques thèses d’étudiants marocains). Profitant d’un moment de répit, je me suis dirigé vers le Conservatoire de musique où officiait Cheikh Briouel. A l’époque, il faisait répéter sa formation pour un concert programmé à l’Institut du Monde Arabe. Après la répétition, nous évoquions quelques questions techniques relatives à la «Ala» marocaine et au «Gharnati» algérien. Etant musicien à mes temps perdus, j’ai eu plaisir à discuter avec ce M’allem de la nouba rasd-edhil qui était au programme de la manifestation de l’IMA à Paris. Il me demanda d’interpréter un morceau de cette nouba dans la version que je connaissais. J’ai exécuté sur un piano droit une pièce classée m’çaddar chez nous, intitulée «ya ‘ûchchaq», en interprétant la pièce en solo vocal. Arrivé au 4ème vers (matlaa), il est dit dans la chanson : «hadriya min madinat fas, min al qûsûr al-‘aliyya». Au même moment mon auditeur avait les yeux mouillés. Me retournant vers lui, je le voyais attristé devant la situation absurde où, venant d’Algérie, je chantais les filles de Fès, à un moment où nos pays se tournaient le dos. 
    Enfin, Votre Majesté, je ne peux m’empêcher de vous dire, (mais cela s’adresse à toute la communauté du Maghreb, classes politiques et société civile comprises), que si le Maghreb est une réalité anthropologique, il reste néanmoins hypothéqué par un contexte conjoncturel dont la durée n’aura été, je l’espère, qu’un court moment dans notre histoire commune : à l’heure des mouvements browniens qui scandent le politique, celui des alliances et des contre-alliances souvent contre-nature, voire autodestructrices et dont le seul mobile consiste à sauver sa peau face aux aléas d’une mondialisation débridée, il faut se ressaisir sous peine de se perdre en chemin. Le message qui est le mien n’est pas un satisfecit pour mon pays ni une désaffection à l’égard du vôtre. Je m’adresse à nous, comme à Votre Majesté en tant que citoyen du Maghreb, encore une fois. 
    Là où le bât blesse, c’est le Sahara occidental. Pensez-vous que l’autonomie d’un Sahara occidental exsangue serait dommageable au peuple marocain ? Considérant que nos pays, avec leurs frontières (dont on sait dans quel contexte elles ont été tracées), ne pourront jamais sortir la tête de l’eau s’ils ne fédèrent pas leurs ressources, leurs compétences et leurs expériences, l’indépendance de ce peuple sahraoui pourrait être l’occasion de revoir notre copie quant à l’urgence de bâtir un Maghreb des peuples et non des Etats, car ces derniers ont failli à leur mission, me semble-t-il. Il est tout de même aberrant, en effet, que le Maghreb n’a jamais cessé d’exister que depuis nos indépendances respectives. Les historiens savent que dans la quasi-totalité des cas, ces ratages relèvent des egos et des mesquineries politiciennes des chefs. Le monde nous interpelle pour nous mettre au niveau des défis qui nous attendent. 
    Il ne s’agit pas de notre destin, mais de celui de nos enfants et de nos petits-enfants. L’Algérie est souvent conspuée par certains de vos sujets, que je rencontre dans les manifestations scientifiques. Le nombrilisme de certains d’entre eux évoquant la culture de l’Etat dont ils sont pourvus et dont nous serions orphelins relèvent de cette plaidoirie pro domo contre-productive, sachant que nous sommes dans le même bateau, sur la longue durée s’entend. L’Algérie ne peut être considérée comme l’ennemi majeur de votre peuple, car ce n’est pas vrai. Ce qui est vrai, en revanche, au nom de l’histoire, est une évidence qui crève les yeux : quand les instances internationales au tout début des indépendances africaines à l’orée des années 60, ont décrété que seules les frontières issues de la décolonisation sont à prendre en considération, c’était pour ne pas s’engager dans des guéguerres sans fin. Au surplus, le concept de frontière territoriale est une invention de l’Etat-nation européen et du capitalisme à l’avenant. Ce concept à été importé en Afrique par l’Europe coloniale, certes. Toutefois, imaginez la mise en cause de ce compromis ? Cela voudrait dire qu’on revient au système des réseaux entretenus par les familles royales. Dans cette hypothèse la planète entière s’en trouverait détricotée, les Provinces Unies (Hollande, Belgique, Luxembourg) seraient revendiquées par l’Espagne des Habsbourg, au nom de l’allégeance de ces pays à l’égard de Charles Quint. 
    Même la Belgique pourrait être revendiquée par la France d’avant 1830. Concernant nos pays, les choses ne sont pas plus simples : le Sahara occidental était occupé par l’Espagne en 1884, puis abandonné en 1975. Des concessions plus anciennes avaient été données au Portugal sur la côte atlantique. Jacques Berque dans son livre «Ulemas, fondateurs insurgés du Maghreb, XVII siècle (Sindbad, 1ère édition 1999)», rappelait un épisode où un «fou de Dieu» de Béni-Abbès, gendre de Sidi Cheikh des plateaux algériens, nommé Abou-Mahalli, a levé des troupes pour combattre le royaume Saadien de Marakech dans le but de libérer Mogador des mains des Chrétiens. L’histoire a tourné court à l’évidence. Notre propre Sahara, notamment le Touat, n’a été occupé par l’administration militaire qu’au début du 20ème siècle, soit 70 ans après le débarquement à Sidi Fredj. Les historiens savent que jusqu’à cette date, et notamment pendant les combats livrés par les populations des Ksours contre l’armée conquérante, les notables locaux (naqib) demandaient à Moulay Abdelaziz ce qu’ils devaient faire (continuer à se battre et mourir ou capituler), la réponse fut prompte : «Continuez à vous battre» et, en post-scriptum si j’ose dire, : «N’oubliez pas la mouna et le ochour». (cf. A.G.P Martin : «Quatre siècles d’histoire marocaine au Sahara de 1504 à 1902»). 
    Cette région, durant la lutte de libération nationale, a été arrachée à la France par les Algériens alors que cette dernière voulait s’y installer au-delà des Accords d’Evian. L’histoire retiendra qu’avant l’arrivée des Français, la région était régie par le principe d’allégeance au contraire du principe de territorialité. Même chose du temps des Saadiens pour Bilad Es-soudan, c’est-à-dire tout le Sahel : si l’on devait réhabiliter le principe d’allégeance dans nos régions, le Maroc s’élargirait au sud-ouest de l’Algérie, à la Mauritanie, au Mali, au Niger, voir au Ghana. Il faut ajouter que la rupture d’allégeance du Touat à l’égard des Alaouites est plus récente (1902) que celle de Rio de Oro (1884). Si l’Algérie devrait admettre la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, il n’y a pas de raison pour qu’elle la refuse pour notre propre Sahara (oasis occidentales). Ainsi, nous irions vers une guerre suicidaire de cent ans … C’est pourquoi je pense, Votre Majesté, que les dispositions du droit international, celles de l’intangibilité des frontières issues de la décolonisation, relèvent de la sagesse. Les sympathies bien compréhensibles que vouent à votre beau pays et votre peuple magnifique certaines puissances occidentales, les libéralités touristiques, entre autres, qu’elles y trouvent, renforcent leur préférence pour votre pays tandis que, durant les décennies du socialisme de Ben Bella et de Boumediene, l’Algérie était le mal-aimé de ces puissances. C’est pourquoi, votre diplomatie a bénéficié des sympathies grâce auxquelles la question du Sahara a fait l’objet d’un statu quo lequel, quoi qu’il en soit, ne peut s’étendre indéfiniment. 
    Les temps ont changé, ce qui est dans l’ordre des choses. Le temps de la raison et de la sagesse, de la fraternité retrouvée, s’impose à nous. Je prie Dieu que ma lettre citoyenne, celle du citoyen du Maghreb auquel je crois et que j’affectionne comme la prunelle de mes yeux, exorcise les quant-à-soi et les aveuglements politiciens, dont nos peuples se lassent de plus en plus. Je vous souhaite force et longue vie pour que vous conduisiez votre pays vers cette grande réconciliation intermaghrébine que j’appelle de mes vœux. 
    *Professeur émérite de l’Université de Picardie Jules Verne