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  • UE: Nouveau camouflet pour Rabat

    BRUXELLES – La Commission européenne a rejeté une nouvelle fois les allégations mensongères sur le détournement de l’aide humanitaire destinée aux réfugiés sahraouis et la surestimation de leur nombre dans le calcul de l’aide financière fournie par l’Union européenne (UE).
    ‘‘Il n’appartient pas à l’Union européenne d’effectuer un recensement des réfugiés’‘, a écrit le Commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises, Christos Stylianides dans sa réponse à l’eurodéputé Hugues Bayet, connu pour ses liens étroits avec le Maroc.
    Selon le Commissaire européen, ‘‘cette question doit être examinée dans le cadre du processus conduit par les Nations unies’‘, assurant que ‘‘l’UE s’abstiendra de toute action qui pourrait compromettre ce processus, mais continue à encourager les parties à rechercher une solution négociée au conflit’‘.
    M. Stylianides a réitéré, à l’occasion, le ‘‘soutien sans réserve’‘ de l’UE aux ‘‘efforts déployés par le Secrétaire général des Nations unies pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable au conflit au Sahara occidental’‘.
    Démenti cinglant aux allégations marocaines 
    Evoquant la gestion et la fourniture de l’aide humanitaire, le Commissaire européen a apporté un démenti cinglant aux allégations de détournement, ressassées sans cesse et sans aucun fondement par le Maroc lequel persiste dans sa diversion et ses tentatives visant à détourner l’opinion sur la situation d’occupation qu’il exerce sur les territoires sahraouis et la nécessité de reprendre les processus du règlement du conflit conformément aux exigences de la légalité internationale.
    ‘‘La Commission travaille avec un nombre limité d’organisations partenaires clés, (notamment le Programme alimentaire mondial, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, OXFAM, la Croix-Rouge espagnole) pour garantir la maîtrise totale de l’aide’‘, a-t-il indiqué, soulignant que ‘‘l’aide humanitaire de la Commission n’est ni fournie ni contrôlée par une quelconque autorité politique’‘.
    M. Stylianides en veut pour preuve, le renforcement par la Commission du suivi des projets financés par l’UE dans les camps de Tindouf, précisant que 24 missions de contrôle ont été effectuées en 2015 et le personnel humanitaire de la Commission a passé jusqu’à deux semaines par mois dans les camps.
    M. Stylianides vient ainsi confirmer les précisions apportées par la vice-présidente de la Commission européenne en charge du Budget et des ressources humaines, Kristalina Georgieva, qui avait affirmé, fin janvier dernier que la Commission européenne participe activement aux réunions de coordination sectorielles qui se tiennent à Alger et à Tindouf sur les aspects liés à la Santé, à l’assistance humanitaire, à l’assainissement et promotion de l’hygiène de l’eau, et à la Sécurité.
    Accroitre l’aide de l’UE aux réfugiés sahraouis
    La vice-présidente de la Commission européenne avait, d’ailleurs, saisi cette occasion pour appeler les Etats membres de l’Union à accroître leurs efforts en matière de fourniture d’aide aux réfugiés sahraouis.
    La présentation en juillet dernier devant le Parlement européen de l’état réel du dispositif de l’aide de l’UE aux réfugiés sahraouis, basé sur plus de 30 rapports d’audit, a contrebalancé les allégations marocaines de ‘‘détournement d’une partie de l’aide européenne destinée aux populations sahraouies dans les camps de réfugiés.’‘
    Dans son intervention devant la Commission du contrôle budgétaire au Parlement européen, l’ex-directeur général de l’aide Humanitaire et de la Protection civile (ECHO), le danois, Claus Serensen, a démonté les arguments ‘‘spécieux’‘ de la présidente de la Commission du contrôle budgétaire, l’allemande Ingebourg Grassle, qui avait convoqué la session spécialement pour remettre sur le tapis un rapport daté de 2007 et qui traite de l’aide humanitaire aux réfugiés sahraouis.
    L’ex-DG de l’ECHO a présenté le dispositif de contrôle de l’acheminement de l’aide européenne, dispositif qualifié d’extrêmement ‘‘rigoureux’‘ et ‘‘complet’‘, preuve à l’appui.
  • Une reprise des hostilités possible entre le Front Polisario et le Maroc

    Une reprise de la guerre dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc est possible si le Conseil de sécurité de l’ONU ne se décidait pas sur un calendrier pour un référendum sur l’autodétermination, a prévenu, hier en Espagne un haut responsable du Front Polisario, rapporte le journal britannique Daily Mail.
    Bachir Mustafa Sayed, ministre conseiller du Secrétaire général du Front Polisario Mohamed Abdelaziz, a déclaré que la restauration de la Minurso ne suffirait pas à résoudre le conflit, et qu’un calendrier pour un référendum sur l’autodétermination devrait être établi pour de bon. La mission onusienne a pris fin en mars 2016, après que le Maroc ait ordonné l’expulsion de 84 de ses membres suite aux propos de Ban Ki-moon, jugés scandaleux par le Maroc, qui avait qualifié «d’occupation» le statut du Sahara occidental.
    Lors d’un rapport publié la semaine dernière sur la situation au Sahara occidental, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a appelé le Conseil de sécurité à prolonger d’un an la mission onusienne dans la région (Minurso), à compter du 30 avril prochain. Le Secrétaire général a également demandé dans son rapport à ce que l’organe de la Minurso soit réhabilité, afin de pouvoir poursuivre à bien son mandat. Le vote du Conseil de sécurité devrait avoir lieu ce jeudi.
    Les propos de Bachir Mustafa Sayed interviennent alors que le rapport de Ban Ki-moon a également prévenu que l’expulsion du personnel civil de la Minurso sera probablement exploitée par « des éléments terroristes et radicaux», et pourrait conduire à une guerre à grande échelle. Le ministre conseiller sahraoui a par ailleurs démenti les spéculations suggérant que le soutien de l’Algérie envers le Sahara occidental pourrait diminuer si la santé du Président Bouteflika venait à se détériorer. « Les Algériens ont réaffirmé qu’ils étaient du côté des Sahraouis en toute situation », a-t-il déclaré .
    M. O.
  • Tentative avortée d’empêcher l’UA de s’exprimer : le Conseil de sécurité assomme le Makhzen

    Malgré les vaines tentatives du Maroc d’empêcher l’Union africaine de s’exprimer sur le dossier sahraoui à l’ONU, l’organisation africaine a fait entendre sa voix par le biais de son envoyé spécial à New York, Joaquim Chissano. Ce dernier a transmis aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU une lettre de l’UA à l’organisation onusienne dans laquelle elle dénonce la signature par le Maroc d’accords avec d’autres Etats, en incluant le territoire du Sahara Occidental, bien que le conflit n’ait pas encore été résolu. L’Union africaine a, d’ailleurs, félicité la Cour de justice de l’Union européenne pour sa récente décision rendue le 10 décembre 2015, annulant l’accord de commerce des produits agricoles et de la pêche, conclu en mars 2012, entre le royaume du Maroc et l’UE. Elle appelle «tous les Etats concernés» à respecter la décision de la Cour et à «s’abstenir de conclure tout accord qui serait contraire à la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles». L’Union africaine refuse que l’Afrique soit exclue du dossier sahraoui. «L’Afrique a une responsabilité morale et politique pour trouver une solution aux conflits sur le continent», lit-on dans le message transmis par Joaquim Chissano au Conseil de sécurité. «Alors que le conflit est en Afrique et implique des Africains, notre continent doit jouer un rôle essentiel dans ces efforts, comme cela a été le cas dans tous les autres conflits dans le continent», relève l’UA, qui clame son droit à «jouer un rôle dans la conduite des efforts visant à trouver une solution au conflit du Sahara Occidental». L’organisation africaine estime que la communauté internationale «doit donner au peuple du Sahara Occidental la possibilité de choisir librement son destin», car «la solution au conflit consiste en la tenue d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui». L’Union africaine appelle le Conseil de sécurité à renouveler le mandat de la Minurso dont le mandat expire le 30 avril 2016 et à étendre sa mission à la surveillance des droits de l’Homme.
    Mezouar écrit à Ban Ki-moon
    Pour tenter de parasiter les efforts de l’Union africaine, le ministre marocain des Affaires étrangères a adressé un courrier au secrétaire général de l’ONU, dans lequel il conteste l’implication de l’Union africaine dans les efforts visant à accélérer l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Paniquées, les autorités marocaines se sont, du coup, trompées de destinataire, le secrétaire général de l’ONU n’ayant aucune autorité sur le Conseil de sécurité et n’est en rien concerné par le programme de travail de cette instance onusienne. Cette dernière est, en effet, seule responsable de son agenda et c’est elle qui a accepté de recevoir le représentant de l’UA, de prêter attention aux préoccupations de l’organisation africaine et de prendre en considération son avis. Selon des sources informées, si Rabat a décidé d’adresser son courrier à Ban Ki-moon, c’est pour l’accabler davantage et occulter l’échec des tentatives dilatoires marocaines puisque, malgré l’opposition du Maroc et les manœuvres de la France, du Sénégal et de l’Egypte, le représentant spécial de l’Union africaine a pu s’exprimer devant le Conseil de sécurité. Le Makhzen crie à la trahison de «certains alliés traditionnels du Maroc».
    Karim Bouali

    http://algeriepatriotique.com/article/tentative-avortee-d-empecher-l-ua-de-s-exprimer-le-conseil-de-securite-assomme-le-makhzen

  • Journée décisive à l’ONU

    La tension n’a jamais été aussi vive entre le Maroc et le Sahara occidental. L’hostilité de Mohammed VI à toutes négociations en faveur d’un référendum d’autodétermination a mis le Front Polisario sur la défensive au point où il évoque à présent la possibilité d’une rupture du cessez-le-feu si l’Onu ne parvient pas à débloquer la situation. A New York la dernière carte se joue aujourd’hui avant l’adoption de la résolution finale qui fait suite au rapport alarmant de Ban Ki-moon. L’avant-projet de cette résolution est connu depuis hier. Pour l’instant, le texte fait preuve d’une fermeté jamais égalée à l’égard du Maroc. La décision finale sera prise ce week-end par le Conseil de sécurité.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – L’avant-projet du texte est donc déjà connu, son ton tranche avec le contenu des autres résolutions et appelle en tout premier lieu à un «retour urgent» des éléments de la Minurso (Mission des Nations-Unies pour le référendum au Sahara occidental). 83 membres de cette mission avaient été sommés de quitter leur base (dans les territoires occupés du Sahara occidental) par le Maroc en colère contre le secrétaire général de l’ONU accusé de partialité dans sa gestion du dossier. 
    Ban Ki-moon s’était clairement déclaré en faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui tel que prévu par l’accord ONU-OUA signé en 1991, provoquant ainsi l’ire de Mohammed VI axé unilatéralement sur un projet de large autonomie à octroyer aux Sahraouis. Le roi, nullement intéressé par les propositions onusiennes, avait d’ailleurs refusé de recevoir le SG des Nations-Unies lors de sa tournée, en mars dans la région de même qu’il n’avait pas octroyé d’autorisation à son avion pour se poser à El-Ayoun, capitale du Sahara occidental occupé. Depuis, la tension n’a fait que monter entre le Maroc et Ban Ki-moon qui a regretté une telle attitude «peu diplomatique» dans un récent rapport. 
    Sa tournée dans les camps de réfugiés, à Alger puis en Mauritanie (membre observateur) lui a permis de jauger une situation qu’il qualifie «d’alarmante» surtout depuis le départ de la Minurso. 
    Dans son projet de résolution, le Conseil de sécurité exprime d’ailleurs ses vives inquiétudes suite à l’expulsion des membres de cette mission et les répercussions de l’attitude marocaine qui a eu un «impact certain sur ses capacités à remplir ses fonctions». Plus grave encore, il fixe au Maroc un délai de 60 jours pour procéder à «un retour pleinement opérationnel de la mission. En cas de refus marocain, le secrétaire général des Nations-Unies est appelé à prendre «des mesures immédiates pour faciliter cet objectif». 
    La mise en garde est de taille. Si le Conseil de sécurité, partagé, il faut le dire, sur la position finale à adopter, tranche définitivement en faveur de cette option, ce week-end il en ressortira une position inédite qui donnera alors au Maroc fort à faire pour se départir d’une situation aussi délicate. Pour l’heure, les négociations se font serrées à New York où les Marocains tentent de négocier un adoucissement du texte auprès de leurs soutiens, les Français en particulier. 
    L’initiative américaine soutenue par la Grande-Bretagne, la Russie et l’Espagne n’est pas partagée par la France «qui active de manière très agressive pour paralyser ce processus à travers un soutien aveugle au Maroc», déclarait hier M. Boukhari, représentant du Front Polisario aux Nations-Unies. Aidés par l’Égypte et le Sénégal, les Français avaient même tenté d’empêcher la président de la commission de l’Union africaine pour le Sahara occidental de plaider auprès du Conseil de sécurité en faveur de l’indépendance des Sahraouis. La tentative a échoué contrairement à l’an dernier où les manœuvres avaient pu aboutir à l’annulation de son allocution.
    Pour l’heure, tout porte à croire que cette résolution sera cependant adoptée dans les formes actuelles compte tenu du soutien qu’elle affiche à Ban Ki-moon et Christopher Ross son représentant spécial chargé du dossier du Sahara occidental. Ce dernier, doit-on le rappeler, avait été maintes fois empêché d’accomplir son travail par les Marocains hostiles à toutes négociations devant déboucher sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Ce soutien se traduit dans le texte même de cet avant-projet de résolution qui évoque «l’engagement du secrétaire général et de son envoyé spécial engagés dans la recherche d’une solution à la question du Sahara occidental». 
    Il faut savoir aussi que le Conseil de sécurité maintient l’option des négociations directes entre les deux parties, Maroc-Front Polisario «sans conditions préalables et de bonne foi». Une manière officielle d’écarter l’option de large autonomie préconisée par les Marocains.
    Le maintien de la fermeté et de la terminologie utilisée dans la résolution finale mettrait ainsi définitivement le Maroc au pied du mur. Côté sahraoui, elle semble ne pas satisfaire complètement les responsables de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) lassés des manœuvres marocaines et du report incessant de l’organisation du référendum d’autodétermination depuis de longues années. 
    Pour le ministre conseiller de Mohamed Abdelaziz (Président de la RASD et SG du Front Polisario), le retour de la Minurso ne pouvait suffire à résoudre le conflit et il est temps d’établir un calendrier pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Avant lui, Mohamed Abdelaziz avait évoqué la possibilité d’un retour de la guerre si la situation persistait. Samedi dernier, des manœuvres militaires sahraouies ont eu lieu dans les territoires libérés du Sahara occidental. 
    La mobilisation ne concerne pas uniquement les militaires mais également tous les éléments de la logistique de soutien et du corps médical sahraoui, signalent des informations ces derniers jours. La colère gronde particulièrement au sein de la jeunesse sahraouie. Des groupes de jeunes, exaspérés par cette situation, ont d’ailleurs bloqué le cortège de Ban Ki-moon lors de sa visite dans les camps de réfugiés le contraignant à annuler certains entretiens avec des responsables sahraouis. 
    Le vote de la résolution finale du Conseil de sécurité est de ce fait très attendu et les Sahraouis, lassés d’une attente qui n’en finit pas, semblent déterminés à aller au-delà des simples mots pour débloquer la situation.
    A. C.
  • Perspectives de solution compromises

    Sofiane Idjissa
    Le roi du Maroc a engagé son trône sur la question du Sahara Occidental. Aussi se cacherait-il derrière des manœuvres dilatoires pour empêcher la tenue d’un référendum dans le cas où il percevrait que les rapports d’opinion ne seraient pas en faveur de sa politique actuelle.
    Dans le cas hautement improbable où le Conseil de sécurité imposerait un référendum d’autodétermination et dans le cas aussi où celui-ci rejetterait la marocanité du Sahara, il est certain que le roi ne s’opposera pas aux implications des résultats du scrutin.
    Le Front Polisario également ne reviendra jamais sur son objectif d’obtenir par voie référendaire ou d’arracher par la force son droit à l’autodétermination. Quant à l’Algérie, il lui est impossible de marchander ses principes. Voilà donc tous les ingrédients réunis pour la reprise des hostilités entre le Polisario et le Maroc.
    Certainement, le Maroc s’y attendrait-il et a-t-il dû prendre les mesures nécessaires pour cela. Le Maroc a érigé depuis longtemps des murailles de sable autour du territoire qu’il occupe. Peut-être les stratèges du Polisario ont-ils eux aussi prévu des méthodes de lutte qui permettraient de contourner ces murs. De toute façon, le Polisario ne pourra jamais écraser les forces armées marocaines. Cela fait déjà 39 années que l’impasse dure, que le projet de nation sahraouie est mis entre parenthèses, que la paix n’est pas entrevue même de très loin. Cela fait également longtemps qu’un calme relatif règne dans la région. Ce calme peut être rompu, mais probablement, il n’y aura ni vainqueur ni vaincu et la situation de déni du droit du peuple sahraoui va encore durer longtemps. Très longtemps.
  • Sahara occidental: consultations au Conseil de sécurité sur fond de crise autour de la Minurso

    WASHINGTON – Le Conseil de sécurité des Nations Unies entamera dans quelques heures ses consultations sur le Sahara occidental, qui se tiennent cette année dans un contexte marqué par les tensions provoquées par le Maroc pour saper le processus onusien.
    A l’ordre du jour de cette réunion, qui se tient à huis clos, figure l’examen du rapport du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon sur le Sahara occidental et le rétablissement de la Minurso dans la plénitude de son mandat, après les mesures de rétorsion prises par Rabat contre cette mission onusienne.
    Le rapport qui va servir de base de discussions au renouvellement du mandat de la Minurso sera présenté par Herve Ladsous, le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et par Christopher Ross, l’envoyé personnel de Ban Ki moon pour le Sahara occidental. L’adoption de la résolution sur la Minurso est prévue quant à elle jeudi.
    Les Etats-Unis ont présenté un projet de résolution qui exige « le rétablissement immédiat » des activités de la Minurso et le retour de son personnel civil expulsé par le Maroc, a indiqué mercredi M. Ahmed Boukhari le représentant du Front Polisario aux Nations Unies.
    L’initiative américaine soutenue également par la Grande Bretagne et la Russie, deux membres permanents du Conseil de sécurité fait objet de sabordage de la part de la France et du Maroc qui refusent de rétablir le mandat de cette mission.
    Le projet de résolution américaine a noté que l’expulsion de la composante civile de la Minurso a sérieusement affecté les capacités de la Minurso qui n’est plus en mesure d’assumer son mandat tel que il lui a été assigné par le Conseil de sécurité, ont rapporté mercredi des medias américains à New York.
    Les Etats-Unis ont demandé à Ban Ki-moon de revenir au Conseil de sécurité dans 60 jours pour informer ses membres sur l’état du rétablissement des activités de la Minurso.
    Si aucun progrès n’est réalisé en ce sens, le Conseil de sécurité devrait envisager d’autres mesures pour rétablir le mandat de cette mission, selon les Etats-Unis qui ont exprimé leur soutien à l’engagement du chef de l’ONU et de son envoyé personnel de parvenir à une solution à ce conflit.
    Les Etats-Unis ont également appelé le Front Polisario et le Maroc à reprendre les négociations de bonne foi et sans conditions préalables.
    Mercredi, le représentant du Front Polisario aux Nations Unies, M. Ahmed Boukhari a déclaré à l’APS que « la France menait une action très agressive pour paralyser l’initiative américaine ».
    « En jouant ce rôle, la France assume toute la responsabilité sur un possible retour de la guerre au Sahara occidental avec son soutien aveugle à la politique du Maroc », dans les territoires occupés, a-t-il affirmé.
    La France essaye de peser de tout son poids pour introduire des amendements à la proposition américaine, selon des sources diplomatiques qui ont requis l’anonymat, citées par la presse américaine.
    En réalité, la France essaye de trouver « une issue honorable au Maroc, puisque la décision d’expulser la composante civile et politique a été prise par le Roi lui-même qui prétend que cette décision est irrévocable », souligne-t-on de même source.
  • Dans les camps sahraouis

    Questions à Alice Corbet, chargée de recherches CNRS à Les Afriques dans le Monde (LAM), Sciences-Po Bordeaux et spécialiste des camps de réfugiés.
    Pourquoi existe-t-il aujourd’hui autant de camps dans le Sahara occidental ?
    Les camps sahraouis se situent au Sud-Ouest de l’Algérie. Ils sont issus du conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario au sujet du territoire du Sahara Occidental (ex-Sahara espagnol). Depuis 1975, les Sahraouis qui ne reconnaissaient pas l’autorité marocaine –le Maroc ayant envahi le territoire avec la Marche verte, lors de la décolonisation espagnole– s’identifièrent à la lutte du Front Polisario et allèrent se réfugier en Algérie, dans une zone très aride nommée Hamada de Tindouf. C’est là que fut promulguée la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), une république en exercice dans les camps bien qu’en exil. C’est une particularité des camps Sahraouis, qui dessinent dans l’espace une zone certes située en Algérie, mais sous administration du Front Polisario. On est donc dans le cas d’un espace extraterritorial, dans lequel les toutes personnes extérieures (dont les algériens) peuvent circuler uniquement si le Front Polisario est au courant.
    Lors de leur fuite, alors que la lutte armée s’était amplifiée avec des bombardements, les Sahraouis sont partis par groupes originaires d’un même lieu. Ils sont donc arrivés par « vagues » de l’autre côté de la frontière algérienne, où ils se sont installés au gré de leur arrivée. Comme dans d’autres situations de camps (notamment palestiniens), le nom donné au lieu de leur installation censée être temporaire a été identique à celui d’origine : Laayoune pour ceux provenant de la « capitale » du Sahara Espagnol, Dakhla pour ceux originaires de Dakhla (ancienne Villa Cisneros), Smara et Aousserd. Avec le temps, un nouveau camp a été créé : celui de l’Ecole du 27 février (date de la proclamation de la RASD, en 1976). Cette école est une école des femmes, qui propose aussi des activités aux hommes. Il y a de nombreuses écoles dans les camps, mais celle-ci propose des activités multiples de formation, pour les adultes également.
    Par ailleurs, le Front Polisario a « récupéré » une partie du Sahara espagnol lors de la lutte armée, jusqu’à la construction du « mur de défense » marocain : un mur de 2 700km de long qui représente la frontière réelle actuelle. Dans cette zone sous contrôle du Front Polisario, de nombreuses petites villes ou camps sont occupés par ses forces armées, comme Tifariti. Cela fait de tout cet espace – dit « territoire libéré » par les Sahraouis des camps – un milieu à la fois très investi politiquement, mais également très lâche à la vue des distances et des conditions sahariennes extrêmes.
    Existe-t-il plusieurs sortes de camps ? Quelle conséquence cela a-t-il sur les habitants de ces camps ?
    Les camps situés non loin de la ville algérienne de Tindouf sont très fréquentés par les ONG, les comités de soutien, et les journalistes : ils sont très dynamiques et on y rencontre beaucoup de jeunes. A l’inverse, Dakhla, 180 km plus au Sud et installé au milieu des dunes, est plus calme. Des évènements médiatiques y sont toutefois organisés, tels que le Festival international du film, afin d’attirer l’attention internationale. Le camp de l’Ecole du 27 février a un fort pouvoir d’attraction sur les jeunes, qui cherchent à s’y former. C’est aussi un lieu d’interface fort avec les membres de groupes de solidarité. Beaucoup de familles se sont donc rapprochées de ce camp, contribuant à son développement, parfois le temps des études de leurs enfants, parfois définitivement. On assiste donc à des mouvements migratoires entre les camps.
    Depuis les années 2000, les camps se sont énormément développés : les routes ont été aménagées, ce qui aide le déplacement de voitures de plus en plus nombreuses ; les bâtiments se sont durcifiés et certaines maisons se sont vraiment aménagées. Il y a différentes raisons à cela : les Sahraouis, le temps passant, investissent leur lieu d’habitat. De plus, l’argent est arrivé avec le travail de jeunes à l’extérieur des camps. Cela pose la question de la différenciation des niveaux de vie au sein des camps.
    Enfin, il faut revenir sur l’enjeu de l’humanitaire. De manière générale, si l’aide humanitaire est d’abord une condition de survie, elle devient rapidement une condition intrinsèque au fonctionnement interne du lieu, avec laquelle les réfugiés apprennent à mener des interactions d’intérêt réciproque ou personnel. Les jeunes, nés dans les camps, souhaitent collaborer avec les ONG pour avoir une occupation et se former. Ils tentent aussi de partir des camps, soit pour faire des études, soit pour travailler (par exemple en Algérie ou en Mauritanie, qui soutiennent le Front Polisario, ou en Espagne, qui a régularisé de nombreux Sahraouis). Néanmoins, les camps restent leur base matérielle (leur famille y habite), spatiale (la région se développe grâce à eux), et identitaire (c’est le lieu d’exercice de la RASD). On peut donc parler de lieux-centre, ce qui nous rappelle qu’il ne faut pas systématiquement penser les camps comme des lieux en marge : les gens s’y installent (ce qui s’incarne notamment par des tentatives de décoration et d’aménagement de l’habitat), un marché économique s’y développe –souvent lié à l’aide humanitaire–, des enfants y naissent… A travers le monde, comme en Haïti juste après le séisme de 2010 ou dans les camps de réfugiés maliens au Niger, j’ai pu observer ce phénomène d’appropriation du camp, même dans un délai court après l’exil, et même si les gens savent que ce lieu est censé être temporaire.
    Ainsi, l’intervention humanitaire, locale, régionale ou internationale, est toujours nécessaire dans le temps de l’urgence ou quand les réfugiés / déplacés ne peuvent pas subvenir à leurs besoins en raison des difficultés de leur environnement (bombardements, milieu désertique…). Mais parfois, l’urgence passe rapidement. Les habitants des camps cherchent alors à aller en dehors des camps pour travailler, et à vivre à leur rythme et non à celui des distributions d’aide. En somme, ceux qui sont en-dehors du camp ou qui s’approprient le camp entrent moins dans un système de dépendance. Le cas sahraoui est en cela particulier : les gens sont dépendants de l’aide humanitaire, mais comme c’est la RASD qui assure la distribution de l’aide et essaie de la contrôler –ce qui n’est pas sans causer des tensions avec les ONG et instances internationales – la dépendance peut être perçue comme soit instrumentalisée, soit maîtrisée.
    Comment les habitants des camps perçoivent-ils les idées d’autonomie et/ou d’indépendance du Sahara occidental ?
    Selon mon expérience (j’ai passé plusieurs mois dans les camps de 2005 à 2010), il y a toujours un grand désir pour l’indépendance du Sahara Occidental dans les camps. Ceci dit, beaucoup de jeunes contestent la stratégie du Front Polisario, dont ils veulent un renouvellement des membres (certains sont au pouvoir depuis 1976, dont le président de la RASD), ou dont ils pensent qu’ils adoptent une stratégie diplomatique « molle ». Ces groupes s’expriment publiquement et sont tolérés dans les camps. Le Front Polisario reste toutefois toujours reconnu comme le représentant « naturel » des Sahraouis pour la majorité de la population, à qui l’indépendance apparaît comme la solution unique. Les réfugiés n’ont aucune confiance dans une solution d’autonomie, la rancune et les tensions avec le Maroc ayant duré trop longtemps –sans compter que beaucoup d’entre eux ont subi dans leur chair le conflit. Les échos sur la situation des Sahraouis indépendantistes demeurés dans les territoires sous domination marocaine ne laissent pas non plus espérer que la confiance se développe (on pense ici aux difficultés rencontrées par la militant Aminatou Haidar, dont le combat médiatisé évoque l’oppression).
    Néanmoins, il faut se rappeler que certains Sahraouis reconnaissent la « marocanité » du Sahara Occidental ou, du moins, acceptent que Rabat domine la zone. Ceux qui, dans les camps de réfugiés, pensent cela, peuvent très facilement partir des camps pour rejoindre le Maroc : d’une part car la circulation autour des camps (vers l’Algérie ou la Mauritanie notamment) est très facile, d’autre part car le Maroc accueille à bras ouvert les Sahraouis qui prêtent allégeance au royaume, et facilite leur venue.
  • Quand sa propre vie ne compte pas

    Massacre saoudien au Yémen
    Des pays arabes, hors pays du Golfe, pour le moment, deux pays ont échappé aux révolutions arabes. Le Maroc et l’Algérie. Deux pays qui ne s’aiment pas tellement. Mais alors pas du tout. Deux régimes plutôt. Et pourtant, parfois ils se disent condamnés à s’aimer à nouveau. Quant à la Mauritanie, on oublie souvent qu’elle se situe au Maghreb. 
    Les catastrophes humaines couvertes sous l’appellation de révolutions ou de printemps arabe tournent dans l’espace arabe. Elles charrient avec elles des guerres civiles, là où il existe des communaut és qui estiment que la chute du régime en place ne peut que leur être favorable. 
    Entre la détermination des populations qui exigent la chute du régime et celle des pouvoirs en place, la première est celle qui ne faiblira pas. Il est impossible que des peuples acceptent d’être vaincus. Les armées gagnent face aux autres armées mais pas face à leur propre peuple, ou face à des peuples qu’elles ont pour mission d’occuper ou de coloniser. Une occupation du genre colonial est encore plus grave pour les armées occupantes en immersion au sein de populations hostiles. Les armées occupantes finissent toujours par sortir car ne pouvant vaincre, elles sont fatalement vaincues même si elles ne le reconnaissent pas. 
    Dorénavant, les grandes puissances qui se coalisent pour agresser militairement un pays arabe ou simplement musulman ont accordé une attention à l’analyse du cas libyen. Du cas syrien également. Une analyse d’un cas grandeur nature. Quel était leur objectif inavoué. Faire tomber le régime, y placer un gouvernement qui leur est acquis puis partir. N’est-ce pas ce qui a été fait ? N’est-ce pas ce qui a été mal fait, plus particulièrement dans le cas irakien ? 
    En Libye, le principe  » zéro mort  » a triomphé.  » zéro mort  » dans les rangs de la coalition. Pas dans les rangs des populations indigènes. Pas de combats caractérisés par des engagements physiques. En haut et sur mer, les pilotes de la coalition, au sol les troupes indigènes. Le profit reviendra à ceux qui ont tiré de loin, et qui ne voient pas tomber les populations indigènes. Le nombre de morts est important pour les occidentaux qui tiennent compte de leur opinion publique, c’est à dire pour les électeurs. Ce n’est pas le cas pour les régimes arabes. Ces derniers ne comptent jamais. Qu’ils en meurent beaucoup chez eux ou qu’ils soient responsables de massacres chez leurs frères, cela importe peu.
    N. B.
  • La RASD plaide pour des sanctions contre le royaume alaouite

    La RASD exhorte la communauté internationale à adopter des sanctions contre le royaume du Maroc à l’effet de faire revenir ce dernier à la raison et reprendre le processus des négociations sur la base de l’autodétermination du peuple sahraoui.
    M. Kebci – Alger (Le Soir) – C’est là le plaidoyer que le président du Conseil national sahraoui a développé à l’occasion d’une conférence qu’il a animée, hier mardi, au Conseil de la nation. 
    Khatri Addouh, qui a fait une rétrospective du long combat du peuple sahraoui pour le recouvrement de son indépendance, a exprimé la disponibilité des autorités sahraouies à poursuivre les pourparlers pour peu que le Makhzen cesse ses «manœuvres» et concède, enfin, à admettre «qu’il n’y a pas de base de négociations autre que celle de l’autodétermination que l’instance onusienne de même que presque l’ensemble de la communauté internationale ont reconnue». 
    Cela dit, le responsable sahraoui avertit presque que cette disponibilité de la RASD, dictée par la sagesse malgré les pressions des jeunes Sahraouis qui estiment que 40 ans de tergiversations marocaines suffisent, ne peut pas durer longtemps. Et à Khatri Addouh de ne pas exclure le recours, une nouvelle fois, à une solution autre que celle politique, soit «la reprise de la résistance armée pour recouvrer notre liberté». 
    Dans ce sens, l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) effectue ces jours-ci des manœuvres dans la région d’Aghouinit, prête qu’elle se dit, «à affronter l’occupant marocain à tout moment» 
    Pour le président du Conseil national sahraoui, l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix au Sahara occidental est à «imputer au Maroc» qui, selon lui, «s’entête à violer la légalité internationale», dont, citera-t-il en exemple, «la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés», les territoires sahraouis étant inscrits depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes.
    Un processus, le second du genre, le premier ayant été enclenché en 1991 pour s’arrêter au lendemain de la succession de Mohamed VI à Hassan II, que le nouveau monarque chérifien veut à tout prix faire capoter. Ce dernier qui fait, ainsi, fausse route à son défunt père qui avait fini, au crépuscule de sa vie et de son règne, par concéder à négocier sur la base du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. 
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    Entre autres des dernières manœuvres du Makhzen, sa décision unilatérale de réduire la composante politique et civile de la Minurso, et ce, à l’opposé de ce que prévoit l’accord de cessez-le-feu conclu en 1991. Ce que le dirigeant sahraoui qualifie de «déclaration de guerre». Une Minurso dont la prolongation du mandat, qui prendra fin le 30 avril courant, fera décider d’une réunion, après-demain, au Conseil de sécurité de l’ONU.
    M. K.
  • "Arria Fórmula " sur le Sahara Occidental

    Le diplomate sud-coréen réitère dans l’ultime partie de son rapport son appel à l’organisation d’un référendum d’autodétermination en vue de résoudre le conflit du Sahara. Sollicitée par l’Union Africaine (UA), à travers son Conseil e Paix et Sécurité, la rencontre comptera avec la participation du Représentant Spécial de l’UA pour le Sahara Occidental, l’ex-président du Mozambique, Joaquim Chissano. 
    La décision marocaine d’expulser 84 fonctionnaires internationaux composant le segment politique de la MINURSO, ajoutée à celle du refus de permettre au Secrétaire Général des Nations unies d’accomplir pleinement sa mission, en se rendant à Rabat et dans la capitale occupée du Sahara occidental, El-Ayoun, auraient de graves conséquences sur la stabilité de la région, et constitueraient un grave précédent pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le monde. L’ambassadeur a ajouté que, pour le moment, la priorité est donnée à la résolution que le Conseil de sécurité devrait adopter à la fin de ce mois, et que le Maroc se concentre actuellement sur les consultations et les négociations qui l’entourent. 
    Bachir Mustafa Sayed, conseiller du chef du Polisario Mohamed Abdelaziz, a déclaré lors d’un point presse tenu ce mardi à Madrid qu’ »une guerre est possible si l’ONU ne réussit pas à débloquer la situation », rapporte l’agence de presse AP. 
    Nous doutons fort que le Conseil de sécurité participera à ce genre de coup de force, destiné à déposséder le peuple sahraoui de son droit légitime à l’autodétermination, mais aussi à affaiblir l’ONU. 
    « La solution d’autonomie du Sahara proposée par le Maroc en 2007, est la seule option crédible et viable pour assurer notre sécurité, tant au Maroc qu’en Europe », ont-il souligné dans un communiqué rendu public à l’issue de ce débat organisé par le groupe d’amitié UE-Maroc à l’occasion de la présentation au Parlement européen du livre: « Sahara marocain: le dossier d’un conflit artificiel », paru récemment en France, sous la direction de Charles Saint-Prot, Jean-Yves de Cara et Christophe Boutin. 
    Le Secrétaire général a également demandé dans son rapport à ce que l’organe de la Minurso soit réhabilité, afin de pouvoir poursuivre à bien son mandat. 
    La question sahraouie est inscrite depuis 1963 aux Nations unies au chapitre de la décolonisation. Dans ce cadre, nous appelons le Conseil de sécurité à soutenir l’appel de M. Ban Ki-Moon à l’exercice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, dans les meilleurs délais.