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  • Maroc : la double crise avec l’UE et l’ONU vue par un haut fonctionnaire algérien

    Par : Afrique Asie
    L’Algérie défend, concernant la question du Sahara occidental, une position de principe de justice, et de légalité internationale, ne cédant ni aux crises, ni aux chantages, ni aux pressions étrangères, ni à l’usure du temps. On a toujours dit que c’est une question de décolonisation et qu’à ce titre, la communauté internationale dans le respect de la doctrine onusienne en matière de décolonisation, doit assumer ses responsabilités »
    Afrique Asie – De statut de « conflit oublié » qui réapparaît sur les radars de l’Onu à l’occasion du renouvellement du mandat de la MINURSO, on constate un regain d’intérêt pour la question du Sahara occidental. Quels en sont, selon vous, les facteurs explicatifs ?
    Plus qu’un regain d’intérêt, il s’agit à mon avis d’une prise de conscience bien réelle de certaines dimensions inhérentes à ce conflit né, faut-il le rappeler, d’une entreprise de colonisation, voilà plus de 40 ans, d’un territoire non autonome au sens de la résolution 1514 de décembre 1960 de l’Assemblée générale des Nations unies, portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux peuples et pays sous domination coloniale. 
    En reprenant chronologiquement le fil des événements qui ont marqué cette question au cours des six derniers mois, on distingue deux développements significatifs. 
    Le premier est l’arrêt rendu le 10 décembre 2015 par la Cour de justice de l’Union européenne qui annule partiellement, en ce qu’il s’applique au territoire du Sahara occidental, l’accord agricole UE-Maroc signé en 2012. En conformité avec les résolutions de l’Onu, la Cour a estimé que le Conseil de l’UE aurait dû exclure le Sahara occidental des accords d’échange qui régissent les deux parties. 
    Il s’agit d’un fait majeur qui vient consacrer d’âpres batailles juridiques qui ont opposé le Front Polisario au Maroc ces 40 dernières années, visant à remettre en cause la validité, au plan légal, des accords signés par le Maroc sur un territoire sur lequel aucun État au monde ne lui reconnait une quelconque souveraineté. 
    Cette décision prononcée par une instance judiciaire indépendante a donné lieu à une réaction prévisible qui, à travers une dramatisation outrée propre la stratégie de la tension que nous connaissons bien, qui vise à influer sur le déroulement normal des procédures internes propres à l’UE. Et ce, dans le but de disqualifier le Front Polisario en tant que sujet de droit international pouvant ester le Conseil de l’Union européenne en justice.
    Le deuxième fait marquant de ces derniers mois est la crise entre le Maroc et le système de Nations unies, consécutive à la visite du Secrétaire général de l’Onu dans les camps de réfugiés sahraouis et en territoire sahraoui libéré, en mars 2016, laquelle visait à relancer les négociations directes entre les deux parties au conflit afin de parvenir à une solution juste et mutuellement acceptable qui permet l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. 
    En fait, Ban Ki-Moon fait les frais d’une constante dans la démarche de la partie marocaine : gagner du temps, perpétuer le statu quo, épuiser la patience des Sahraouis et la mobilisation de la communauté internationale. 
    En se rendant pour la toute première fois dans les camps de réfugiés et à Bir-Lahlou (zone libérée), M. Ban Ki-Moon a pris conscience de la souffrance et le déni de justice et de droit dont souffre la population sahraouie qui ne trouve pas d’auditoire pour s’exprimer sur la dure réalité de son quotidien. 
    Dans une réaction humainement compréhensible et juridiquement fondée, le Secrétaire général de l’Onu a qualifié la présence du Maroc sur le territoire sahraoui d’ »occupation » pour « relever l’incapacité des réfugiés sahraouis à retourner dans les territoires occupés dans des conditions leur permettant d’exprimer librement leurs revendications ». Cette déclaration lui a valu d’être traité de tous les noms, y compris d’être « instrumentalisé » par les ennemis de l’intégrité territoriale marocaine, comme si le statut définitif du Sahara occidental était « un dossier clos ». 
    Je tiens à signaler que le terme « occupation » qui offusque tant est repris dans plusieurs résolutions datant d’avant l’arrivée de M. Ban Ki-Moon. Je citerai par exemple la Résolution 34/37 (1979) et la Résolution 35/19 (1980) où le Maroc est clairement et expressément identifié comme puissance occupante. 
    Je rappelle que ce même pays a déjà tenté, en vain, de débarquer l’envoyé personnel du SG/Onu, Christopher Ross en 2012. La stratégie déployée par la diplomatie parallèle pour marginaliser Ross a été révélée par une abondante littérature mise en ligne par le hacker Chris Coleman, parmi laquelle un fax daté du 22 août 2014, dans lequel le représentant du Maroc auprès des Nations unies à New York, évoque une stratégie pour « isoler Ross, l’affaiblir et le pousser dans ses derniers retranchements au sujet de son agenda caché sur le Sahara ». 
    Plus directement, la cause de cette situation réside dans la passivité du Conseil de sécurité et son refus, du fait de l’opposition déterminée d’un membre permanent, d’assumer pleinement ses responsabilités. Cette attitude encourage le Maroc dans son intransigeance et dans son refus d’appliquer les résolutions de l’Onu sur le Sahara occidental. 
    Elle augmente les risques et le coût pour les parties prenantes, pour la région et pour la communauté internationale. 
    Comment décryptez-vous la résolution que vient d’adopter le Conseil de Sécurité après l’expulsion par le Maroc des experts civils de la MINURSO ?
    L’Algérie y a surtout vu un engagement renouvelé de la part du Conseil de Sécurité pour un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies ainsi que des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Nous appelons à la mise en œuvre scrupuleuse de cette résolution qui réaffirme son appui au secrétaire Général de l’ONU, à son envoyé personnel et à sa représentante spéciale et qui souligne de manière, on ne peut plus claire, l’urgence pour la MINURSO d’accomplir pleinement son mandat et d’exercer la plénitude de ses fonctions.
    Qu’est-ce qui explique, selon vous, la réaction timorée du Conseil de sécurité suite à l’expulsion de la composante civile de la MINURSO ?
    Avant de répondre à votre question il me faut d’abord rappeler le contexte de cette décision que le Maroc présente comme « irréversible » et ses motivations sous-jacentes. 
    Prenant prétexte des propos du Secrétaire général de l’Onu, le Maroc a expulsé les experts civils de la MINURSO, défiant ainsi l’autorité du Conseil de sécurité, seul habilité à modifier le mandat de cette mission et violant par la même ses obligations …..
    Ce faisant, le Maroc veut préempter tout élargissement du mandat de la MINURSO au monitoring des droits de l’homme et de rendre caduque l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui est la raison d’être de la MINURSO. 
    Pour le Maroc, accepter l’élargissement du mandat de la MINURSO ou la mise en place d’un mécanisme indépendant de surveillance des droits de l’homme est synonyme de « timorisation » du dossier et, in fine, est le prélude à une indépendance programmée de cette région en plus de confirmer, s’il le fallait, aux yeux du monde, qu’il n’a aucune espèce de souveraineté sur un territoire occupé.
    Pour répondre à votre question, vous avez constaté que le Conseil était divisé et que 5 membres n’ont pas voté en faveur de la résolution, estimant que le texte n’est pas en adéquation avec la gravité de la crise entourant la MINURSO car ils estiment que l’expulsion de la composante civile et politique compromet sérieusement le mandat de la Mission et que la restauration immédiate de sa pleine fonctionnalité est d’une urgente nécessité.
    Le Maroc évoque constamment un conflit régional dont la responsabilité incombe à l’Algérie…
    C’est de la pure propagande ! Je tiens à souligner que l’Algérie a toujours soutenu le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, une position conforme aux principes de la Charte des Nations unies. La constance et la cohérence de sa position s’inscrivent dans le droit fil de son propre cheminement historique et elle se recoupe avec la position de la communauté internationale qui, dans son ensemble, considère qu’il s’agit d’un territoire non autonome inscrit sur les tablettes de l’Onu depuis 1963, que le statut définitif de ce territoire doit être déterminé à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination libre et sans contraintes administratives ou militaires.
    Dans cet esprit, l’Algérie défend cette position, ne cédant ni aux crises, ni aux chantages, ni aux pressions étrangères, ni à l’usure du temps. On a toujours dit que c’est une question de décolonisation et qu’à ce titre, la communauté internationale dans le respect de la doctrine onusienne en matière de décolonisation, doit assumer ses responsabilités. 
    Le parlement européen s’est montré moins sensible à la situation des réfugiés sahraouis, en fournissant au Maroc une tribune pour propager ses thèses sur le détournement de l’aide humanitaire européenne destinés aux sahraouis dans les camps de Tindouf.
    Il ne faut pas confondre l’action de certains eurodéputés zélés, connus pour leur soutien indéfectible au Maroc, avec celle de l’Institution parlementaire. 
    En exhumant, en janvier 2015, un rapport de l’Office anti-fraude de l’UE (OLAF) datant de 2007, les intentions du Maroc étaient on ne peut plus claires. Il s’agissait rien de moins que de parasiter le débat au Conseil de sécurité sur l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme, avec pour finalité de remettre sur la table la question du recensement des réfugiés sahraouis. 
    Fort heureusement, ces allégations de détournement de l’assistance humanitaire ont été battues en brèche par les responsables européens eux-mêmes ainsi que par les représentants d’organes des Nations unies en charge de superviser l’acheminement et la distribution de l’aide, notamment le Programme Alimentaire Mondial et le Haut Commissariat aux Réfugiés. 
    Ces institutions sont naturellement plus intéressées, du fait de la nature de leur mandat, pour les moyens de soulager le quotidien des réfugiés sahraouis et de répondre à leurs besoins essentiels que de faire le jeu des calculs politiciens du Maroc. 
    Sur le recensement, les pressions marocaines sur l’UE pour en faire une condition à la fourniture de l’aide n’ont pas porté leurs fruits comme l’atteste la poursuite du programme d’assistance européenne aux réfugiés sahraouis. 
    Il est intéressant de relever que les actions insistantes du Maroc à l’endroit de l’UE, qui contribue à hauteur de plus de 40% du total de l’aide internationale, lui ont été inspirée, selon les documents fuités par Chris Coleman, par un haut fonctionnaire onusien, ce qui souligne le niveau de corruption et les pratiques de clientélisme auxquelles ont recours certains représentants de ce pays dans leurs relations avec les représentants des institutions régionales et internationales.
    Justement Omar Hilale, le Représentant Permanent du Maroc auprès des Nations Unies revient sur ce rapport de l’OLAF en évoquant une résolution adoptée en avril 2015 par le parlement européen exigeant des comptes et demandant la traduction des responsables des détournements devant la justice en citant clairement des responsables du croissant rouge algérien et des responsables du Polisario..
    Cet aplomb est le propre du comportement des trolls habillés en costume de diplomate ! il y a tantôt 30 secondes je vous parlais du comportement de certains des représentants marocains et il se trouve que celui dont vous venez d’indiquer le nom est justement celui qui passé maître dans la mystification.
    La résolution en question a été adoptée aux forceps dans le cadre de la décharge du budget de l’UE a l’initiative de la commission budgétaire, dont la présidente a effectué en avril 2015 une visite « d’agrément » dans la ville occupée de Dakhla dans le cadre d’un séjour touristique organisé à l’instigation du président du groupe d’amitié PE-Maroc. C’est vous dire l’acharnement de la présidente de la commission budgétaire à inclure un paragraphe sur les allégations de détournement de l’aide humanitaire destinée aux réfugiés sahraouis. D’ailleurs sous la critique des eurodéputés qui lui demandant avec insistance d’expliquer sa fixation sur cette question et qui l’ont ouvertement accusée d’avoir un agenda concocté par une tierce partie, la présidente de la commission a été contrainte d’accepter un amendement qui évoque désormais les « possible » détournements et qui concernent également d’autres situations géographiques en dehors de l’aide destinée aux réfugiés sahraouis. Ceci pour le contexte. Pour le fonds, nulle part il n’est fait mention d’une quelconque traduction devant la justice ou de demande de reddition de comptes comme le soutient effrontément cette personne et le texte de la résolution est public.
    Le plus important dans cette affaire, remise au gout du jour bien vainement par les marocains, se trouve dans les multiples réponses édifiantes données par les plus hauts responsables de l’UE sur ces allégations de détournement.
    – Le 24 mars 2015, suite à l’adoption du rapport sur la décharge budgétaire, Mme Kristalina Georgieva, vice-présidente de la commission européenne en charge du budget et des ressources humaines a souligné que « Les accusations de détournement de l’aide humanitaire de l’Union européenne aux camps des réfugiés sahraouis à Tindouf sont injustes notamment suite aux efforts et aux mesures pris par la Commission européenne ».
    Elle a informé les eurodéputés membres de la commission du contrôle budgétaire que depuis 2003, la DG ECHO a réalisé 63 missions d’audit dont 8 missions d’audit réalisées sur le terrain, dans les camps sahraouis et qu’il n’y a aucune preuve que cette aide soit détournée.
    – Le 14 juillet 2015, le Directeur Général ECHO à la Commission européenne (en charge de l’aide humanitaire), M. Claus Sørensen, a plaidé en faveur du maintien de l’aide humanitaire aux refugies sahraouis en insistant fermement, qu’après enquête approfondie, les noms suggérés sur la base de rumeurs dans le rapport OLAF (Polisario et croissant rouge algérien), n’ont aucune relation avec l’aide humanitaire de l’UE. Il convient de souligner que lors de ce même hearing devant la commission des finances, M. Sorensen a indiqué que le « recensement est tributaire de l’organisation du référendum d’autodétermination et que le référendumest la seule solution à la crise »
    – Le 27 janvier 2016, la même vice-présidente de la Commission européenne a souligné, dans une réponse écrite, que « Pas moins de 24 missions de suivi et de monitoring ont été effectuées durant l’année 2015 par la Commission européenne dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf. Les représentants de la Commission sont présents sur les lieux deux semaines par mois. Dans ce cadre, la commission européenne n’a planifié aucune mission d’audit » pour mettre fin aux rumeurs colportées par un quarteron d’eurodéputés connus pour leurs accointances avec les commanditaires.
    – Enfin, le 27 avril 2016, le commissaire Stylianides, chargé de l’aide humanitaire a souligné que L’UE soutient sans réserve les efforts déployés par le Secrétaire général des Nations unies et qu’il n’appartient pas à l’Union européenne d’effectuer un recensement des réfugiés. Il a indiqué que l’aide humanitaire de la Commission n’est ni fournie ni contrôlée par une quelconque autorité politique et que la la Commission a renforcé le suivi des projets financés par l’UE dans les camps de Tindouf. Au total, 24 missions de contrôle ont ainsi été effectuées en 2015 et le personnel humanitaire de la Commission a passé jusqu’à deux semaines par mois dans les camps.
    Ces réponses qualifiées et qui ne souffrent aucune contestation sérieuse devraient tempérer les ardeurs de celui qui qui, des rives du fleuve Hudson, se donne le beau rôle en menaçant de polluer le prochain briefing des donateurs au profit des réfugiés sahraouis.
    Que pouvez vous nous dire sur la procédure en cours auprès de la Cour européenne de justice ?
    Par arrêt du 10 décembre 2015, le Tribunal de l’Union européenne a annulé la décision approuvant l’accord agricole de 2012, au motif que l’Union européenne applique cet accord sur le territoire du Sahara occidental. Cela a été une magnifique victoire pour le peuple sahraoui sur plusieurs plans : 
    D’abord, l’action du Front Polisario a été jugée recevable, le confortant ainsi dans son statut de sujet de droit international pouvant ester en justice le Conseil de l’UE, la Commission européenne, voire même les Etats membres de l’UE. 
    Sur le fond, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne ont été amenés, tout au long de la procédure d’examen du recours introduit par le Front Polisario, à reconnaître eux-mêmes que le Maroc n’est pas souverain au Sahara occidental, que le Maroc n’a pas de mandat international sur ce territoire non autonome et que le Front Polisario est le seul représentant du peuple Sahraoui. 
    Enfin, cette décision du tribunal se traduit automatiquement par la mise en stand-by des autres instruments signés entre le Maroc et l’UE (Accord de pêche notamment)
    La ligne de défense du Front Polisario est très claire à ce sujet. Le Maroc est une puissance occupante selon la IV° Convention de Genève, auquel le Front Polisario est partie malgré , et à ce titre, le Maroc n’a aucun droit pour exercer une activité économique quelconque au Sahara occidental au détriment des sahraouis représentés par le Polisario et sans leur consentement.
    Quelle devrait être, selon vous, l’attitude de l’Europe à l’égard de ce conflit ?
    L’Union Européenne ne reconnait pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et elle l’a confirmé devant la Cour comme le montre le résumé de son recours. Aussi, l’Europe doit se mettre en cohérence avec cette prise de position. Elle doit renoncer à sa présence au Sahara occidental, annuler les licences qu’elle a octroyées à des sociétés exportatrices basées au Sahara occidental et refuser tous les produits qui viennent du Sahara occidental et sont exportés avec un certificat d’origine marocain. L’UE qui s’est fixée comme objectif stratégique la stabilisation de la région dans le cadre de sa politique de voisinage rénovée, devrait pouvoir jouer un rôle actif en engageant la partie marocaine qui refuse obstinément d’entrer dans des négociations directes de bonne foi et sans précondition.
  • Sahara Occidental, Libye, Syrie, terrorisme: Les explications de Messahel

    par Mahdi Boukhalfa
    Sahara Occidental, Syrie, Liban, à un moment de grande lassitude de la Communauté internationale sur la résolution de ces conflits, à un moment, également, où des voix se sont élevées pour une solution « militaire » en Libye, l’Algérie y a opposé les constantes de sa diplomatie et sa vision de sortie de crise par la négociation, la réconciliation. 
    Invité, hier, lundi, d’une émission spéciale sur toutes ces questions de la radio Chaîne 3, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, a méthodiquement expliqué la position de l’Algérie. 
    La dernière résolution de Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara Occidental, qui a, notamment, reconduit pour une année le mandat de la Minurso et recommandé le retour de son personnel civil chassé par le roi du Maroc, est globalement conforme à la position algérienne. Selon M. Messahel, «la position de l’Algérie (sur le Sahara Occidental) repose sur cinq fondamentaux: il s’agit d’une question de décolonisation, car il y a un processus de décolonisation à parachever. Ensuite, l’ONU a la responsabilité de la décolonisation, il y a également la détermination du statut définitif du territoire qui relève de l’autodétermination, le Conseil de Sécurité a identifié les parties au conflit, et enfin (le Conseil de sécurité, Ndlr) appelle ces parties à la négociation.» 
    Selon M. Messahel, la résolution du Conseil de sécurité «est une décision importante, après la crise née de l’expulsion par le Maroc de la partie civile de la Minurso, ainsi que l’appel du Conseil de sécurité au retour d’urgence du personnel de la Minurso, et qu’elle exerce, pleinement son mandat. Le Conseil de sécurité a une responsabilité dans la décolonisation du Sahara Occidental», a-t-il dit. Dans son communiqué, saluant la résolution onusienne sur le Sahara Occidental, l’Algérie s’est dit espérer que «des mesures seront, rapidement, prises afin de permettre à la Minurso d’accomplir pleinement son mandat dont le couronnement réside dans l’organisation au Sahara Occidental d’un référendum d’autodétermination libre et sans contrainte administrative ou militaire.» 
    M. Messahel, qui a rappelé les différents processus de négociations, entre les deux parties au conflit, a indiqué que «’la négociation est là, on espère qu’elle continuera autour des fondamentaux de l’ONU, c’est-à-dire l’autodétermination et la solution réside dans ce référendum. 
    Renvoyer l’ascenseur à la Libye 
    «C’est la position, constante de l’Algérie et de la Communauté internationale», a-t-il souligné. Sur le conflit libyen, il a relevé que «les négociations sont en cours pour un gouvernement d’Union nationale. L’Algérie s’est beaucoup investie pour que la Libye arrive à une paix durable», souligne-t-il, avant de rappeler, à tous ceux qui «disent que l’Algérie a tout faux, en Libye : l’Algérie, en 2011, avait attiré l’attention sur les conséquences néfastes et dramatiques d’une intervention militaire en Libye, avec les conséquences sur son voisinage, la Méditerranée, le Sahel». «On avait raison, car la situation était chaotique, elle a eu des conséquences sur le Mali, sur la recrudescence du terrorisme, sur le crime organisé, et par une menace sur la sécurité de nos pays. On a eu Tiguentourine, la Tunisie a été impactée, et l’Egypte est menacée.» Il ajoute que «nous avons entamé, dans la plus grande discrétion, un nouveau processus, la diplomatie algérienne s’est mobilisée depuis deux ans. La voie politique est, aujourd’hui, privilégiée avec un gouvernement d’Union nationale. Pour ces raisons, on a eu raison, et le cap sera maintenu.» Et puis, «on s’est investi pour que Tripoli soit la capitale», avant de préciser que «je suis allé à Tripoli, j’ai ouvert l’ambassade d’Algérie, officiellement, je me suis rendu à la place de l’Algérie, j’ai rencontré la population pour dire que, quelle que soit la situation, la présence de l’Algérie est indispensable, et que l’ambassade algérienne sera rouverte». Le ministre a également rappelé que «nous sommes en devoir de renvoyer l’ascenseur à ce pays, qui nous a aidé pendant la guerre de Libération nationale. Ma visite a été l’occasion de discuter de coopération, donner la priorité au développement des zones transfrontalières, pour devenir un pont entre les deux pays et un rempart contre toutes velléités et menaces. Ils nous ont demandé beaucoup et on est prêt à échanger des délégations. La Libye a des potentialités extraordinaires, et il y a une volonté de construire un pays, de le maintenir uni. Il y a le phénomène du terrorisme qui est là, on a mis en garde. La lutte antiterroriste, c’est une priorité absolue. Avec l’Algérie, les Libyens ont discuté directement, contrairement aux autres rencontres faites à travers l’ONU.» Et puis, il rappelle «qu’il n’y a pas d’alternatives à la solution politique. Des négociations qui sont des éléments essentiels, dans la recherche de solutions qui évitent du sang, des drames.» 
    Sur son voyage en Syrie, M. Messahel, qui a d’abord laissé libre cours à tout un chacun de «commenter un événement et un déplacement», a expliqué que «mon devoir est de dire que j’avais trois messages (en allant à Damas): cette visite coïncidait avec le 70ème anniversaire de l’indépendance de la Syrie, qui abrite une forte colonie algérienne et a un enracinement historique. Les second est de dire que l’Algérie condamne le terrorisme et je suis allé à Damas pour le condamner, je le condamne à Amman, au Liban et à New York. Le 3ème message, c’est qu’il n’y a pas d’alternative à la réconciliation nationale.» «Je voulais simplement attirer l’attention des frères (Syriens) qu’il n’y a pas d’alternative à cela», a-t-il dit, avant de souligner, avec de gros sous-entendus à l’opposition en Algérie, qu’ «aucun Syrien n’a vu dans notre déplacement, à Damas, un coup porté aux Syriens.» «Les Syriens ont les textes d’application de la réconciliation nationale, et ils y discutent. Nous sommes allés en Syrie pour expliquer notre expérience de la réconciliation nationale et de déradicalisation du terrorisme». 
    Aucun problème avec Ryadh 
    «Nous, on veut partager nos expériences», a encore expliqué M. Messahel, pour qui «la Syrie et le Liban sont deux exemples du vivre ensemble, ils ont résisté à tous les envahisseurs. Il faut les soutenir dans ce vivre ensemble, ils ont les potentialités pour s’en sortir.» «C’est la même position qu’a adopté l’Algérie pour le Yémen, a t-il précisé, car «il n’y a pas d’alternative au dialogue et la solution politique». D’autre part, «les relations avec l’Arabie Saoudite, et les Etats-Unis, notamment, sont excellentes», a rappelé le ministre, qui a souligné que «les projections faites par les think tank, ne sont pas notre métier.» «Les relations sont excellentes avec l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Nous ne sommes pas dans une configuration de géostratégie, mais en paix avec tout le monde. Nous sommes libres dans nos décisions, et personne ne nous fera peur.» Ce qui a fait dire au ministre, concernant l’épisode de la visite, à Alger, du Premier ministre français Manuel Valls, que «toute atteinte aux symboles de l’Etat, des institutions de la République, d’où qu’elle vienne, est pour nous intolérable, inacceptable et condamnable.» Il a, par ailleurs, indiqué que l’Algérie «s’est beaucoup investie au Sahel. Nous espérons que les choses s’accélèrent, et on attend la mise en œuvre de ce qui a été convenu. (…) Mais le terrorisme est là, la criminalité est là, et on reste vigilants, même pour ce qui se passe en Libye et en Tunisie. L’ANP est là. On s’est beaucoup investi dans la lutte antiterroriste, on a élaboré la stratégie africaine dans la lutte contre le terrorisme, on va organiser, à Alger, une conférence sur le financement du terrorisme, qu’il faut tarir.» 
    A titre indicatif, il a indiqué que selon des chiffres de l’ONU, les groupes terroristes et de réseaux de trafiquants, au Sahel engrangent, chaque année, quelque 800 millions de dollars, et donc, il faut se mobiliser. Il y a des perspectives de coopération, dont le Nepad, avec des partenariats profitables pour le continent africain. Nous avons toujours prôné la politique pour régler les conflits, et l’Algérie ne s’engagera jamais dans la voie militaire pour le règlement des conflits», a martelé le ministre. Enfin, sur la cybercriminalité, il estime qu’elle «est devenue un danger pour le monde entier. Tout le monde doit associer ses moyens pour lutter contre le cyberterrorisme, utilisé pour le recrutement de djihadistes.»
  • «Expulsion» du représentant du Polisario de l’ONU : Ban Ki-moon met à nu les mensonges du Maroc

    Le secrétaire général de l’ONU a ordonné au service de communication de l’Organisation des Nations unies de diffuser un démenti à une information mensongère distillée par la MAP, l’agence de presse du Makhzen, et relayée par d’autres médias à la solde du Palais. «Une question a été soulevée à propos d’Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à New York. Une agence de presse a rapporté que les agents de sécurité de l’ONU l’auraient expulsé du siège des Nations unies. Ceci est complètement faux. Aucun incident de ce genre n’a eu lieu», affirme sur un ton ferme et catégorique le secrétaire général de l’ONU, dans sa mise au point au régime marocain qui multiplie les incartades depuis qu’il a été mis au ban de la communauté internationale. 
    «En tant que représentant de l’une des parties en conflit du Sahara Occidental et aux négociations parrainées par les Nations unies pour aboutir à une solution, M. Boukhari est responsable des relations du Polisario avec les plus hautes instances de l’ONU. Il est détenteur d’un badge valide qui l’autorise à accéder au siège des Nations unies quand il le souhaite», indique encore Ban Ki-moon dans sa réponse cinglante à Mohammed VI. Manœuvres, lobbying, mensonges, menaces, insultes… 
    Le Maroc, dont le comportement puéril est dénoncé par plusieurs pays, ne sait plus sur quel pied danser. Son ministre des Affaires étrangères s’est déjà fait sonner les cloches à New York, suite à la manifestation organisée par le régime de Rabat contre le secrétaire général de l’ONU, pour avoir dit la vérité sur l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc. 
    Recevant raclée sur raclée, le Makhzen vient d’essuyer un cuisant échec au Conseil de sécurité où l’ensemble des pays membres de cet organe exécutif des Nations unie a exigé le rétablissement de la Minurso, en attendant d’étendre sa mission à la surveillance des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Les pays qui ont voté contre le projet de résolution présenté par les Etats-Unis où qui se sont abstenus l’ont fait par refus à ce qu’ils considèrent être un texte insuffisamment intransigeant à l’égard du Maroc et non pas par soutien à ce dernier. 
    Face à ces fiascos successifs, le Makhzen, au secours duquel ses alliés – la France, l’Egypte, le Sénégal et les pays du Golfe – n’ont pas pu voler, réagit comme une bête blessée, signe que le peuple sahraoui est sur la bonne voie et que son indépendance est proche. 
    Aux manœuvres dilatoires caduques et aux tentatives de manipulation obsolètes, le Makhzen risque, néanmoins, de recourir à la solution ultime : celle de provoquer un conflit armé. Mais le Front Polisario, qui vient d’effectuer une manœuvre militaire d’envergure, se dit prêt à cette éventualité. Rabat ira-t-il jusqu’à jouer dangereusement avec le feu ? Désormais en quarantaine diplomatique, un tel choix lui serait fatal.
    Karim Bouali
  • Dos au mur, que fera le Maroc face à la fermeté de l’ONU ?

    Après l’adoption de la résolution onusienne sur le Sahara occidental
    Acculé dans ses derniers retranchements par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui lui donne quatre-vingt-dix jours pour rétablir pleinement le fonctionnement de la Minurso, le Maroc se conformera-t-il au contenu de la résolution onusienne ? 
    Cette question s’impose de fait en raison du comportement hostile du Maroc vis-à-vis du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel au Sahara Occidental, qui les a accusés même de partialité, avant la tenue de cette réunion du Conseil de sécurité. 
    Le royaume chérifien, qui misait énormément sur le soutien de son allié français pour le conforter dans sa position, a du déchanter car les Etats-Unis ne l’entendaient pas de cette oreille cette fois-ci. Ban Ki-moon et Christopher Ross ont été confortés dans leurs rôles respectifs par le Conseil de sécurité, dont la nouvelle résolution leur apporte leur total soutien et exige le rétablissement de la Minurso dans son fonctionnement, alors que Rabat avait pris la décision unilatérale de renvoyer la majeure partie de ses membres. 
    Et c’est dos au mur que se retrouve le souverain alaouite, qui n’a d’autres choix que d’appliquer la résolution du Conseil de sécurité dans les quatre-vingt-dix jours suivant son adoption, faute de quoi Ban Ki-moon se fera un plaisir d’établir le constat d’échec. Il appartiendra alors au Conseil de sécurité de prendre les mesures qui s’imposent. En attendant, il est peu probable que le makhzen, dont la réaction officielle tarde à venir, aille aux charbons en refusant d’exécuter le contenu de la résolution portant le numéro 2285, bien qu’il ne faille pas se faire d’illusion quant à la poursuite de la politique de fuite en avant consistant à gagner du temps dans l’espoir d’imposer sa thèse expansionniste à tous. 
    Ceci dit, le Maroc peut s’estimer heureux que la nouvelle résolution ne soit pas étendue au contrôle des droits de l’Homme comme cela avait été demandé par les organisations non gouvernementales spécialisées en la matière, à l’instar de Human Rights Watch, et Amnesty International, ainsi que par l’Union Africaine. 
    L’on rappellera que c’est à la dernière minute que Washington avait retiré en avril 2015 son projet de résolution incluant le contrôle des droits de l’Homme parmi les tâches de la Minurso, à la suite des fortes pression exercées par la France à l’époque. Mais, cette fois-ci, l’attitude provocante de Rabat, qui s’est permis de remettre en cause les attributions du secrétaire général de l’ONU qu’il a refusé d’accueillir lors de sa tournée dans la région sous couvert de prétextes fallacieux, a été jugée irrecevable, notamment par les Américains, qui n’ont pas hésité à mettre sur la table leur projet de résolution insistant sur le rétablissement de la Minurso dans ses fonctions. 
    Les véritables intentions de Mohammed VI sont connues de tous, mais les prochains jours nous renseigneront certainement sur les moyens auxquels il aura recours pour s’en sortir avec le minimum de dégâts de ce nouveau revers diplomatique.
    Merzak Tigrine
  • L’ONU tord le bras au royaume du Maroc

    Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution prorogeant d’un an le mandat de la MINURSO au Sahara Occidental.
    Alors qu’au mois de mars le Maroc a renvoyé plus de 80 membres de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental – la Minurso –, le Conseil de sécurité de l’organisation a adopté, le 30 avril, la résolution n° 2285, prorogeant d’une année, jusqu’en avril 2017, le mandat de la mission. En jugeant urgent que la Mission puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions, l’ONU tord le bras au royaume.
    Le Maroc dirige d’une main de fer la région : ces deux dernières années, le Centre Robert-Kennedy pour la justice et les droits de l’homme a dénombré 56 arrestations arbitraires, 50 prisonniers politiques, 31 restrictions de circulation injustifiées, et 84 violations de la liberté de rassemblement, d’expression et d’association.
    A la fin de l’administration coloniale du Sahara Occidental par l’Espagne, en 1976, des combats ont éclaté entre le Maroc et le Front Polisario. Un cessez-le feu a été conclu en septembre 1991. La MINURSO est chargée de la surveillance de ce cessez-le-feu et de l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination au Sahara Occidental. Rabat avait été irrité par l’utilisation par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, du terme d’ »occupation » pour parler de la présence marocaine dans cette zone désertique de 250 000 kilomètres carrés située au sud du Maroc.
  • Le Sahara occidental s’invite à Annaba

    Meeting pour la cause sahraouie
    Le Sahara occidental s’invite à Annaba
    La fête du travail célébrée hier à Annaba, a été l’occasion pour les travailleurs d’exprimer leur soutien au peuple sahraoui au cours d’un meeting organisé par l’Union de wilaya Ugta, à la Maison de la culture. Ils étaient des centaines à se bousculer pour occuper les quelque 400 sièges de la salle de spectacles, qui s’est avérée exiguë pour contenir ce nombre impressionnant de citoyens. Assis, debout dans les passages, adossés aux murs de part et d’autre, derrière juste à l’entrée, chacun voulait écouter le discours prononcé par le secrétaire général de l’Union locale, Hmarina Tayeb.
    La fête du travail célébrée hier à Annaba, a été l’occasion pour les travailleurs d’exprimer leur soutien au peuple sahraoui au cours d’un meeting organisé par l’Union de wilaya Ugta, à la Maison de la culture. Ils étaient des centaines à se bousculer pour occuper les quelque 400 sièges de la salle de spectacles, qui s’est avérée exiguë pour contenir ce nombre impressionnant de citoyens. Assis, debout dans les passages, adossés aux murs de part et d’autre, derrière juste à l’entrée, chacun voulait écouter le discours prononcé par le secrétaire général de l’Union locale, Hmarina Tayeb.
    Dans le hall, c’est une exposition photo retraçant les luttes du peuple sahraoui pour le recouvrement de son indépendance, lutte armée menée par le Polisario, combat politique au niveau des institutions internationales, actions de militants pour faire connaître la cause sahraouie, le tout présenté par des jeunes filles sahraouies en habits traditionnels qui distribuaient des dépliants aux visiteurs.
    A l’intérieur, la délégation de haut rang conduite par Bachir Mostefa, ministre d’Etat, conseiller auprès du président de la République sahraouie, était entourée par les officiels, le wali, le président l’Assemblée populaire de wilaya (APW) et les élus, qui tenaient tous à être là exprimant ainsi leur soutien à ce peuple dont les territoires sont occupés par le Maroc et qui lutte pour son indépendance.
    L’orateur qui, dans un premier temps, a rappelé les luttes de l’Ugta, son militantisme pour la cause nationale, les grèves qu’elle avait organisées sous l’occupation et son combat actuel au service de l’économie du pays, a réitéré le soutien de son organisation à la cause sahraouie. «C’est une cause juste, c’est un peuple qui aspire à la liberté, une liberté que nous avons chèrement arrachée et nous ne pouvons en aucun cas ne pas soutenir cette cause. Nous avons souffert pendant la révolution et nous comprenons parfaitement les souffrances du peuple sahraoui. C’est un soutien inconditionnel que nous lui apportons, car il s’agit d’une question de décolonisation, comme l’a si bien dit le secrétaire général des Nations unies. Une déclaration qui a soulevé la colère du Maroc qui a déployé toute sa diplomatie pour tenter de convaincre plusieurs pays et ainsi faire admettre ses thèses. Nous sommes convaincus qu’à la fin la liberté l’emportera et le peuple sahraoui sera indépendant», a-t-il déclaré.
    Au passage, il dira que l’Algérie a une position constante en ce qui concerne les peuples qui luttent pour leur liberté et tous les mouvements qui luttent pour le recouvrement de l’indépendance de leur pays. Il citera le cas du Hezbollah que les pays du Golfe ont classé comme étant une organisation terroriste, ce qu’a refusé l’Algérie car ses principes ne lui permettent pas d’adhérer à ce classement.
    A la fin de la cérémonie, le ministre sahraoui a été honoré et s’est vu remettre des présents par les autorités locales qui visiblement étaient ravies d’accueillir cet hôte de marque.
    M. R.
  • Un muguet pour les Sahraouis

    par Kharroubi Habib


    En plaçant cette année la célébration du 1er Mai, fête internationale des travailleurs, sous le signe de la solidarité avec le peuple sahraoui en lutte pour la libération de son territoire sous occupation marocaine, la centrale syndicale a tenu à bon escient à démontrer que les relais d’influence pro-marocains se trompent en présentant le soutien que l’Algérie accorde à la cause sahraouie comme n’étant que la position de ses cercles officiels et nullement celle de son peuple. Leur propagande dans ce sens s’est amplifiée à la croyance par eux que le peuple algérien englué dans les problèmes qui sont les siens du fait de la crise économique à laquelle son pays est confronté aurait d’autres chats à fouetter que de voir l’Algérie « empêtrée » dans le soutien à une cause dont la légitimité ne lui apparaîtrait pas évidente.

    Il est vrai qu’en Algérie le soutien aux Sahraouis ne s’exprime plus depuis les années 90 par des marches et autres manifestations populaires de solidarité avec eux. Ce qui n’a nullement signifié que l’Algérie et les Algériens ont tiédi dans leur soutien à la cause sahraouie et encore moins renoncé à celui-ci. Après le cessez-le-feu intervenu en 1991 entre le Maroc et le Front Polisario, l’Algérie a opté comme manifestation de son appui immuable à cette cause pour une discrète mais efficiente diplomatie consistant à faire prévaloir la revendication sahraouie en tous lieux et tribunes où cette question se débat.

    Il était bon toutefois de rappeler que le soutien de l’Algérie officielle à la lutte du peuple sahraoui est partagé par les citoyens algériens. Leur soutien transcende les griefs et critiques qu’ils nourrissent à l’endroit du pouvoir en place dans le pays.

    Le contexte se prêtait en ce 1er mai pour émettre le message que la cause sahraouie importe aux Algériens qui ne sont pas près de s’en détourner et qu’ils ne sont pas impressionnés par les rodomontades provocatrices du Makhzen envers l’Algérie. La constance et la clarté de la position de l’Algérie sur le conflit du Sahara occidental font unanimité au sein de l’opinion nationale, il ne servait à rien à ce Makhzen de compter sur un revirement en son sein qui contraindrait les dirigeants algériens à mettre fin au soutien des Sahraouis.

    L’Algérie n’abdiquera pas sur le principe de l’autodétermination du peuple sahraoui. Que ce principe soit mis en œuvre est la condition incontournable posée par le Front Polisario que l’Algérie appuie. C’est tout ce que l’Algérie et les Algériens demandent. Ce que les Sahraouis décideront en exerçant leur droit à l’autodétermination est leur affaire et uniquement la leur. L’Algérie s’est solennellement engagée à respecter leur choix quel qu’il soit. Pourquoi alors le trône et le Makhzen si « certains » de la fidélité des « sujets » sahraouis à la monarchie et au royaume leur refusent-ils cet exercice ? Ils persistent dans cette contradiction parce que de prétendues grandes démocraties défenseurs du droit et des libertés font semblant de ne pas en voir une dans leur position.

  • Le Conseil de sécurité reconduit le mandat de la Minurso et appelle à la reprise des négociations

    Dans une résolution fortement attendue, adoptée vendredi dernier sous la présidence de la Chine, le Conseil de sécurité est revenu aux fondamentaux de l’ONU pour signifier l’urgence de la reprise des négociations et le rétablissement de la Minurso chassée manu militari par le Maroc en violation des accords de cessez-le-feu et de la charte de l’ONU.
    Outre la prorogation du mandat d’une année, soit au 30 avril 2017, la réaffirmation du soutien au médiateur, Christopher Ross, appelé à relancer les contacts pour faciliter la reprise du 5e round de discussions, est perçue comme un désaveu au Maroc décrétant l’émissaire onusien, au même titre que le secrétaire général de l’ONU interdit de se rendre aux territoires occupés, « persona non grata ». 
    Dans le cadre des négociations, menées sous les auspices du secrétaire général de l’ONU tenu désormais de présenter deux rapports par an, le Conseil de sécurité a renouvelé son engagement pour parvenir à une solution mutuellement acceptable permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. Face à la logique de confrontation et de tension accrue, privilégiée par l’occupant marocain, l’Algérie s’est félicitée de la décision de l’ONU de reconduire le mandat onusien et la prise de conscience de l’urgence du rétablissement « dans la plénitude de ses fonctions ». Dans un communiqué publié hier, le ministère des Affaires étrangères a indiqué que « l’Algérie prend note de la résolution 2285 (2016) du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara occidental qui s’inscrit globalement dans la cohérence des doctrines de l’Organisation universelle en matière de décolonisation et en ce qui concerne ses opérations de maintien de la paix, tout en enregistrant avec respect les motivations des cinq pays qui n’ont pas accordé leurs suffrages à ce texte ». 
    Le camp du refus (Venezuela, Uruguay) et des abstentionnistes (Russie, Angola et Nouvelle Zélande) traduit le rejet des amendements introduits, sous la pression de la France, au texte initial proposé par les Etats-Unis. La mouture finale, validée par les 10 autres membres du Conseil de sécurité, marque un recul sur l’ultimatum de 3 mois fixé pour le retour de la Minurso et les mesures draconiennes prévues le cas échéant. La résolution finale se contente seulement d’évoquer l’examen des meilleurs moyens pour restaurer les activités de la Mission après l’expiration du délai de trois mois. 
    « Il fallait exiger le retour immédiat de la Minurso », a revendiqué Rafael Dario Ramirez Carreno, le représentant du Venezuela au Conseil de sécurité, estimant que le Conseil a « manqué une occasion d’envoyer un message ferme au Maroc ». De son côté, le représentant de l’Angola, Ismael Abraao Gaspar Martins, a souligné que « le Conseil a manqué à ses obligations ». Toutefois, la bataille de la paix continue. L’enjeu réside fondamentalement, selon le représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies, Ahmed Boukhari, dans la nécessité de prendre une action « décisive » pour permettre à la Minurso de s’acquitter pleinement de son mandat et pour fixer un calendrier ferme des négociations. 
    Au cours d’une conférence de presse animée à New York, le représentant sahraoui a estimé que « le vote d’aujourd’hui envoie un message, fort et clair, que le statu quo est inacceptable, et que le Maroc ne sera pas autorisé à entraver la mission de l’ONU au Sahara occidental, ni d’anéantir » le droit des Sahraouis de participer à un référendum d’autodétermination. Telle est la mission première de la Minurso confrontée au devoir de crédibilité. Elle reste également l’élément majeur qui va déterminer, selon Boukhari, le choix de la direction du Front Polisario pour décider des prochaines étapes à entreprendre. 
    Larbi Chaabouni
  • Le peuple sahraoui a trouvé un grand soutien auprès de l’Algérie

    TOUGGOURT (Ouargla)- Le peuple sahraoui, victime de violations de ses droits, a trouvé un « grand soutien » auprès de l’Algérie, a affirmé dimanche à Touggourt (Ouargla) le ministre conseiller à la présidence de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Lamine Ahmed.

    Dans une allocution prononcée à la salle des fêtes de Touggourt, à l’occasion de la célébration de la fête des travailleurs, placée cette année en Algérie sous le signe de « Solidarité totale avec le peuple sahraoui », M.Mohamed Lamine a indiqué que « le peuple sahraoui, ayant subi un génocide, des assassinats et l’exil de la part du régime marocain, a trouvé un grand soutien auprès de l’Algérie et de son peuple qui a souffert lui aussi des affres du colonialisme et de ses procédés sournois ».

    Il a rappelé les positions constantes de l’Algérie vis-à-vis de la cause sahraouie, des positions qui n’ont cessé d’appeler au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, ajoutant que l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), créée le 24 février 1956, a été parmi les premiers à avoir soutenu les causes des peuples opprimés, dont celle du peuple sahraoui, et continue à le faire aujourd’hui, sous l’égide du président Abdelaziz Bouteflika, à travers des manifestations de solidarité dans différentes villes algériennes.

    Pour M.Mohamed Lamine, les enfants du peuple sahraoui, qui croupissent actuellement dans les geôles marocaines, avec des peines sévères prononcées par les tribunaux militaires, n’ont pas plié l’échine et ce peuple est aujourd’hui « tout à fait prêt à répondre à l’occupation de son territoire ».

    « L’élan de solidarité que lui a manifesté l’UGTA lui (peuple sahraoui) apporte un regain de vitalité et effraie l’occupant de ses terres », a-t-il souligné.

    De son côté, le secrétaire national de l’UGTA, Slimane Sakr, a indiqué qu’à travers ces manifestations, l’UGTA adresse « un message de solidarité » au peuple sahraoui dont la cause constitue « une question de décolonisation ne pouvant trouver son dénouement qu’à travers les résolutions des Nations-Unies et les décisions du Conseil de Sécurité et de l’Union Africaine ».

    « Les souffrances infligées à ce peuple sont une honte pour le monde libre et une responsabilité pour l’ONU, appelée à trouver un règlement à cette question dans les meilleurs délais », a-t-il soutenu, tout en réaffirmant la solidarité « inconditionnelle » de l’UGTA et du peuple algérien avec le peuple sahraoui dans sa juste lutte pour le recouvrement de l’intégrité de son territoire, son indépendance et sa liberté.

    La célébration de la fête internationale des travailleurs dans la wilaya d’Ouargla, qui s’est déroulée au niveau de la wilaya déléguée de Touggourt, en présence des autorités et élus locaux, ainsi qu’une délégation d’officiels sahraouis, a été marquée par une parade de troupes des scouts musulmans algériens, d’associations juvéniles locales, des maisons de jeunes et de la culture, ainsi que de troupes équestres.

    Une exposition d’artisanat traditionnel propre à la région a été également organisée à cette occasion.

  • Le président de la CNASPS M. Saïd Ayachi, le Pr Boudjema Souilah, le Pr Sahel Makhlouf et Mustapha Amine Kettab, cadre dirigeant du Polisario, invités hier du forum de dk news/ Un mot clé : la solidarité

    L’évolution de la question du conflit entre le Polisario et le Royaume du Maroc est arrivée à un niveau où emprunter chacune des voies est possible.
    Du côté de la jeunesse sahraouie, l’impatience à contourner une voie diplomatique qui n’a pas encore réussi à restituer à la population sahraouie sa souveraineté est bien évidente. Le risque de reprise de la guerre qui avait prévalu jusqu’à la signature d’un cessez-le-feu en 1991 relève d’une grande probabilité.
    Ce risque est latent depuis qu’à l’approche de la date de la reconduction de la MINURSO, le roi Mohammed VI a pris certaines décisions condamnées par le SG des Nations unies à savoir l’expulsion des cadres politiques et civils de la MINURSO pour vider celle-ci de tout son sens. Une décision plus grave encore, celle de ne pas autoriser le SG des Nations unies à visiter les Territoires sahraouis occupés.
    Le terme «occupé» est celui qui a servi d’alibi en signifiant que le SG des Nations unies est persona non grata au Maroc. Ce dernier confirme ainsi que le Maroc est une puissance occupante , ce qui explique le traitement de cette question par la commission Décolonisation des Nations unies. 
    Le Forum de DK News tenu hier au siège du quotidien a eu pour invités les membres de la Commission algérienne de solidarité avec le peuple sahraoui. Il a réalisé un vaste consensus entre la presse et les différents experts invités. Ainsi, une conférence-débat a porté sur la décision du Conseil de sécurité de restaurer la Minurso au Sahara occidental.
    La conférence a été menée par le président de la CNASPS M. Said Ayachi, le Pr Boudjemâa Souileh, le Pr Sahel Makhlouf et Mustapha Amine Kettab, cadre dirigeant du Polisario.
    Rappelons que la crise entre le Maroc et le SG des Nations unies a éclaté lorsque le SG qui a décidé d’une tournée dans la région consacrée à la question du conflit entre le Polisario et le Maroc a parlé de visiter les territoires sahraouis occupés.
    Le SG par ces propos qualifie ainsi la nature du dossier à traiter, et confirme par ailleurs la nature coloniale de l’occupation. Or, nous étions à la veille de l’examen de reconduction de la Minurso, et le roi du Maroc venait de prendre la décision d’expulsion des cadres non militaires de cette organisation mise en place par le Conseil de sécurité de l’ONU. 
    Le roi faisait planer une incertitude sur le renouvellement de la Minurso, ce qui pouvait laisser entendre que le situation était plus proche de la reprise de la guerre que de l’établissement d’une paix définitive, ou à tout le moins du maintien du statu quo. Or même le statu quoi est danger car il ne peut pas être éternel. Le roi ne veut pas d’un référendum, même si toutes les options pouvaient en être concernées, alors que pour le SG des Nations unies, tous les efforts de la Minurso doivent être déployés dans cette seule perspective, le référendum. Il n’y a pas d’autre alternative à la guerre que la tenue d’un référendum. Sans référendum, il n’y a ni paix ni stabilité.
    Saisi par le SG des Nations unies, le Conseil de sécurité reconduit la Minurso, dans les mêmes conditions d’attributions, reconfirme la validité de toutes les résolutions votées par les Nations unies, appelle au dialogue les deux parties belligérantes, en les nommant, et appelle les pays voisins ainsi que tous ceux qui avaient contribué aux médiations à œuvrer à l’aboutissement d’une solution mutuellement acceptable.
    Pr Makhlouf Sahel : «La position de l’Algérie est cohérente avec la légitimité internationale»
    Lors de son intervention, le Pr Sahel Makhlouf a rappelé que l’Algérie qui soutient le droit du peuple sahraouie à l’autodétermination, n’est pas partie prenante dans le conflit qui oppose le Maroc à la République arabe sahraouie démocratique. «La diplomatie algérienne ne fait que soutenir une cause juste. La position algérienne est cohérente avec toutes les décisions du Conseil de sécurité et de l’ONU. L’Algérie soutient la légitimité internationale et la paix sur les plans régional et continental», a indiqué le Pr Makhlouf.
    M. Mustapha Amine Kettab : «90 jours pour le retour de la Minurso» 
    Le cadre dirigeant au sein du Front Polisario, Mustapha Amine Kettab, a salué la décision du Conseil de sécurité qui, a travers la résolution 22-85, a décidé de restaurer la mission de l’ONU au Sahara occidental. L’intervenant a rappelé que la mission principale de la Minurso est de surveiller le cessez-le-feu et d’organiser un referendum. Cette décision met fin aux tentatives «malsaines» du Maroc qui, suite à la visite du SG de l’ONU dans les territoires occupés, a tenté de créer une crise régionale pour servir ses propres intérêts et détourner les regards de la communauté internationale du conflit au Sahara occidental.
    M. Kettab a rappelé que le peuple sahraoui reste attaché à la légitimité internationale et à son droit à l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum.
    M. Saïd Ayachi «Un échec supplémentaire pour la diplomatie marocaine»
    Le président de la Commission nationale algérienne de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), M. Saïd Ayachi, a appelé hier la communauté internationale à intensifier la pression sur le régime marocain pour le forcer à reconnaître le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. M. Ayachi a indiqué que la Makhzen a suivi avec une grande inquiétude la visite du SG de l’ONU dans les territoires occupés. Ce dernier avait réaffirmé lors de sa visite que la question du Sahara occidental relève de la décolonisation. Les déclarations de Ban Ki-moon et le retour prochain de la Minurso, représentent un échec supplémentaire pour la diplomatie marocaine, a-t-il souligné.
    R.R