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  • L’ambassadeur sahraoui: Le Maroc veut conduire la région vers l’inconnu

    L’ambassadeur sahraoui à Alger, Bechraya Hamoudi Bayoune a révélé ,dans une déclaration à Echorouk, que la lenteur du Maroc dans l’application de la décision du conseil de sécurité quant au retour de la Minurso au Sahara occidental devrait conduire la région vers l’inconnu.
    Les propos du responsable de la représentation diplomatique de la RASD ont été tenus, samedi, en marge d’un meeting populaire de solidarité avec le peuple sahraoui, organisé à Oran par le Parti de la voie authentique (Parti El Khat El Assil). Une occasion pour l’installation d’une commission d’amitié entre les femmes algériennes ayant adhéré audit parti et les femmes sahraouies en prélude au développement et à la relance de l’activité de la commission mixte.
    L’ambassadeur sahraoui a indiqué qu’un mois s’est écoulé du délai de 90 jours que le Conseil de sécurité de l’ONU a accordé aux autorités marocaines afin de laisser la Minurso reprendre son travail aux Sahara occidental, exercer ses fonctions et accélérer les démarches en faveur d’organisation d’un référendum de l’autodétermination.
    Pour Bechraya Hamoudi Bayoune, ce refus injustifié du royaume marocain est de nature à conduire la région dans l’inconnu. De ce fait, il appelle la communauté internationale à mettre pression sur le Maroc à respecter les résolutions du conseil de sécurité, tout en appelant à une solution équitable au conflit sahraoui.
    De son côté, le président du Parti de la voie authentique, Sellam Abderrahmane a fait savoir que la question sahraouie est l’une des priorités de sa formation, ajoutant que le Maroc tente à travers ses agissements de brouiller la cause sahraouie juste. Et ce en s’ingérant, selon lui, dans les affaires internes de certains pays de la région, dont le Mali, où l’on envoie des Marocains et des étrangers pour semer le trouble au nord de ce pays.
  • Info-Soir : Dossier sur le Sahara Occidental

    Pour que nul n’oublie 
    Comme bon nombre d’institutions sahraouies, le Musée national sahraoui de la résistance se trouve dans les camps des refugiés sahraouis de Tindouf (à Rabouni plus précisément). 
    Réparti en plusieurs salles, le musée a pour objectif premier «la sauvegarde de la mémoire collective sahraouie en retraçant les grands moments de la guerre de l’indépendance. Dans la cour principale du musée, du matériel militaire dont des tanks, des véhicules de transport de troupes, des canons à longue portée et des véhicules militaires légers «récupérés de l’ennemi» témoignent de la férocité des combats entre le Polisario et les FAR. La première aile jouxtant l’entrée principale, une spacieuse pièce est dédiée au chemin parcouru, depuis la proclamation de la Rasd. Un gigantesque tableau remémore les premiers Etats l’ayant reconnue depuis 1976. Des photographies en noir et blanc retracent également «les moments les plus durs des révolutionnaires sahraouis». La fameuse Land Rover et le dromadaire sont omniprésents. L’hymne national sahraoui et toutes les chansons révolutionnaires sont aussi fièrement transcrits sur des écriteaux. Les héros sahraouis ont également leur part dans le musée puisqu’on y retrouve des photographies du fondateur de la RASD, de ses compagnons et de tous ceux et celles ayant gravé leurs noms en lettre d’or dans l’Histoire d’un peuple « qui aspire toujours à son indépendance ». A l’intérieur, soigneusement sauvegardés, des documents officiels au sigle du Royaume du Maroc et signés par « sa majesté le Roi Hassan II » sont pour la plupart des « Ordres de Missions », « Des Plans de Batailles » et aussi « Plans de restructuration des Armées » sont présentés comme « des preuves formelles des revers subis par les FAR durant le conflit  puisque  récupérés lors des différentes offensives » nous explique notre guide. En sillonnant le musée, on ne peut, ne pas remarquer les dizaines de «cartes d’identité militaire » de simples soldats ou d’officiers marocains et mauritaniens « capturés » ou « tués ». 
    Un peuple de guerriers 
    L’histoire nationaliste des Sahraouis ne pourrait, en aucun cas, se résumer dans le conflit l’opposant aux troupes des Forces armées royales marocaines (FAR). 
    Bien avant, pas encore structurés en l’actuelle Armée populaire de libération du Sahara (ALPS), les combattants sahraouis se sont révoltés contre les Espagnols et les Mauritaniens. Au lendemain de la création de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), le 27 février 1976 par le Front Polisario à Bir Lehlou, les combattants sahraouis attaquent les forces marocaines et mauritaniennes par des incursions éclairs (guérilla). C’est le début d’un long parcours pour l’indépendance. Un long chemin parsemé non seulement de toutes formes de brutalités marocaines et de complicités françaises, mais aussi émaillé d’actes de bravoure et d’héroïsme des combattants sahraouis. Ce conflit a fait plus de 16 000 morts. Un cessez-le-feu a été signé entre les deux parties en 1991. En compagnie de Mohamed Lehbib El Ouali, un ancien combattant de l’ALPS, nous avons remonté le temps jusqu’aux premiers instants d’un conflit qui aurait causé la mort de plus de 16 000 personnes. Un vrai parcours de…combattants. Malgré son âge quelque peu avancé (64 ans), Mohamed Lehbib s’en souvient parfaitement. Nous l’avons rencontré dernièrement dans la wilaya de Boudjedour et sur insistance de l’un de ses compagnons d’armes, aujourd’hui cadre de la gendarmerie sahraouie il s’est confié à Info Soir. La tactique du Polisario est très simple, nous dit-il, «elle repose sur la mobilité et la connaissance du terrain également appelée rezzous, elle consiste à attaquer grâce à des colonnes rapides des postes militaires et de se replier le plus rapidement possible». Il ajoute : «A l’époque, on n’avait pas une véritable armée comme de nos jours. C’était juste quelques combattants pas du tout formés. Notre seule motivation était la hantise de défendre à tout prix la terre ancestrale. Le peu d’armes dont on disposait nous parvenait des attaques que nous menions contre les troupes espagnoles, mauritaniennes et marocaines par la suite». Les hommes ne disposaient alors que de quelques uniformes, des fusils et des munitions et des voitures, mais « le désir de l’indépendance faisait de lui et de ses compagnons d’armes, les maîtres des terrains». «Pour tous les combattants sahraouis, l’exemple n’était que celui des valeureux moudjahidines algériens ayant défié l’une des plus puissantes armées de ses temps (armée française) et arraché l’indépendance de l’Algérie au prix fort. Les débuts n’ont certes pas été faciles, mais les choses ont évolué positivement durant les 15 ans qu’aura duré le conflit», a-t-il encore ajouté avant de marquer un temps d’arrêt. «Dur, c’est vraiment dur de repenser à toute cette période. Sur le front, nous parvenaient des échos des populations séquestrées, massacrées, des femmes violées, des enfants maltraités et aussi des ressources naturelles sahraouies spoliées par les Marocains avec la bénédiction de cette France qui ne cesse pourtant de prôner les droits de l’Homme dans le monde», a, en outre, soutenu notre interlocuteur
    Une identité, une histoire 
    La révolution à Saguia El- Hamra et Ouad Edahab (Rio de Oro) s’est déclenchée parce qu’il existe un peuple. Ce peuple possède son identité nationale, sa propre civilisation, ses propres principes, ses propres valeurs, sa propre organisation. 
    «Ce peuple existe et survivra à la trahison du colonialisme, à l’agression des régimes réactionnaires et à leurs manœuvres», disait Mustapha El Ouali Sayed, secrétaire général du Front Polisario. La guerre d’indépendance des Sahraouis commence en 1973. Le congrès constitutif du Polisario, début mai 1973, se déroule sous le slogan «C’est par le fusil que nous arracherons la liberté» et c’est la prise du poste d’El-Khanga, le 20 mai 1973, qui constitue le déclenchement de la lutte armée. A l’époque, selon les historiens, il s’agit de harceler la puissance coloniale et les troupes espagnoles présentes sur le territoire. A partir d’octobre 1975 et le début de l’invasion militaire marocaine, puis mauritanienne en décembre de la même année, la situation change. Aussi le Polisario va-t-il devoir rechercher une aide extérieure, même si ses succès sur le terrain lui permettent déjà de récupérer le matériel pris à l’ennemi. De 1973 à 1975, le bras armé du Front Polisario – qui deviendra à partir du deuxième congrès, en août 1974, l’Armée de libération populaire sahraouie, ALPS – est peu et mal équipé, sans grande formation ou instruction militaire, et de ce fait, réduit à une guerre de guérillas à petite échelle. En fait, après la prise d’El-Khanga, où pas un seul coup de feu n’est tiré, en 1973, il y a eu seulement trois attaques du Polisario contre les postes espagnols. Deux raisons d’un côté, de la très grosse concentration de troupes espagnoles, très bien équipées, disposées pour faire face à toute menace marocaine. Celles-ci comptent notamment l’aviation et des hélicoptères destinés aux opérations de repérage et de poursuite, de l’autre, le sous-équipement en armes, munitions et moyens de déplacement du Front ainsi que le nombre encore réduit de combattants en ses rangs. En 1973, le Front limite ses actions de guérilla et privilégie à travers tout le territoire l’action militante. Entre 1974 et 1975, le Front Polisario se constitue en organisation équipée en armes automatiques, avec ses camps d’entraînement. Parallèlement, son implantation au Sahara occidental devient totale. Sa branche militaire a désormais des ramifications dans tout le territoire, notamment parmi les troupes nomades et la police territoriale. Les désertions sahraouies des troupes nomades qui rejoignent le Polisario s’accompagnent de prises d’armes, de munitions et de matériel. Par ailleurs, elles permettent à l’ALPS de bénéficier de la formation et de l’expérience militaire de ces nouvelles recrues. «Les opérations d’attaque, qui plutôt qu’à un affrontement direct visant à éveiller le sentiment national, doivent être envisagées avec soin, en calculant bien le temps d’approche de l’objectif, consistent en coups d’éclat effectués de nuit et garantissent un repli sans problèmes jusqu’à une position choisie à l’avance où peut être tendue une embuscade contre les forces de poursuite. Telle est la tactique adoptée pendant l’année 1974. Cette stratégie est optée pour obliger les Espagnols à des négociations. F .H. 
    Une armée «prête» à tout 
    L’Armée de libération populaire sahraouie effectuait en avril dernier, des manœuvres dans les territoires libérés. 
    C’était dans la région d’Aghouinit précisément. Ces manœuvres ont été menées dans la zone sud par les unités 1, 3 et 7 de l’ALPS. Le début de cette manifestation militaire a été marqué par une allocution du chef d’état-major de l’ALPS, qui a indiqué que ces manœuvres s’inscrivent dans le cadre du programme annuel du ministère de la Défense sahraoui et font suite aux récents agissements de l’occupant marocain qui sont de nature à saper les négociations entre les deux parties (le Maroc et le Front Polisario). Elles intervenaient notamment après l’expulsion par le Maroc de la composante civile de Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), déployée sur décision du Conseil de sécurité et ayant pour mission l’organisation d’un référendum libre et intégré en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. Ces manœuvres visent en outre, «la préparation des troupes en prévision de toute urgence». Pour sa part, Youcef Ahmed, membre du secrétariat général du Front Polisario a indiqué que cette manifestation se veut un message de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS), en tant qu’aile armée du Front Polisario, pour «la libération des territoires occupés du Sahara occidental». «Cette libération est notre principal objectif», a-t-il dit. Le ministre sahraoui de la Défense, Abdelah Lehbib a affirmé que l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) était prête à faire face à tout imprévu de la part du Maroc. Intervenant à l’issue des manœuvres militaires M. Lehbib a indiqué que «l’Armée est dotée de moyens humains et du matériel nécessaire pour faire face à toute escalade, eu égard au constat positif fait suite à ces manœuvres, concernant l’efficacité, et la célérité». Il a mis en garde, par ailleurs, contre «un retour à la lutte armée qui déstabiliserait la région tout entière», ajoutant toutefois que «le retour au combat serait l’unique solution face à l’intransigeance de l’occupant marocain». 
    Une date, une référence 
    Evènement n La célébration du 43e anniversaire de la lutte armée sahraouie constitue un évènement historique requérant la valorisation, la protection et la défense des acquis réalisés dans tous les secteurs. 
    «Cette valorisation nécessite une action judicieuse pour réaliser davantage d’acquis et de victoires ainsi que la défaite de l’occupant marocain et son expulsion des terres sahraouies, irriguées du sang des glorieux martyrs», a affirmé dans le camp des réfugiés sahraouis d’Aousserd, le responsable du secrétariat de l’organisation politique du Front Polisario, Brahim Ghali. Pour ce responsable, «la lecture de l’histoire exige de s’en souvenir, de s’en inspirer et d’y puiser les enseignements de cette longue période de lutte armée, avec ses épopées, ses victoires et ses sacrifices, en plus de l’édification des institutions et l’investissement dans la ressource humaine sahraouie, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation». «Cette période a connu, en dépit de multiples dangers et de difficultés, d’importantes mutations politico-économiques et socioculturelles, comparativement aux circonstances d’avant le 20 mai 1973», a-t-il ajouté en signalant que «les acquis obtenus sont le fruit des sacrifices de l’Armée de libération sahraouie». «Ces profondes mutations se reflètent à travers la notoriété et la place qu’incarne aujourd’hui la cause sahraouie de par le monde, suite aux victoires diplomatiques obtenues avec le soutien des amis du peuple sahraoui à travers le monde et nécessitant, a-t-il dit, la mobilisation des compétences nationales sahraouies pour gagner la dernière étape de la bataille décisive». Selon M. Ghali, «la célébration du 43e anniversaire de la lutte armée sahraouie intervient dans des conditions particulières de l’évolution de la lutte pour la liberté et l’indépendance et marquées, à l’échelle locale, par une mobilisation et un rassemblement des points de force et de résistance pour faire face aux éventualités pouvant découler de l’intransigeance marocaine et de sa démarcation de la légitimité internationale». «Le Front Polisario, le peuple sahraoui et la communauté internationale ne resteront pas indifférents face à l’intransigeance continue du Maroc et son entrave aux démarches onusiennes et africaines visant le parachèvement du processus de décolonisation dans la dernière colonie en Afrique», a encore assuré le responsable sahraoui. «Le colonisateur marocain, au ban aussi bien de la communauté africaine qu’internationale, vit un isolement international en raison de son déni des droits immuables du peuple sahraoui liés à la liberté et l’indépendance et de son refus de se soumettre à la légalité internationale», a-t-il poursuivi. Au terme de son intervention, le responsable sahraoui a appelé à rendre hommage aux glorieux martyrs, à leur tête le martyr de la liberté et de la dignité, El-Ouali Mustapha Sayed. F. H.
    INFO-SOIR, 26/05/2016
  • AFAPREDESA : «30 000 détenus et plus de 4 500 portés disparus, dont 400 n’ont laissé aucune trace, depuis le début du conflit»

    Abdeslam Omar Lahcen, président de l’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDESA): «30 000 détenus et plus de 4 500 portés disparus, dont 400 n’ont laissé aucune trace, depuis le début du conflit»
    Le 21 mai dernier, dans les camps de réfugiés sahraouis, on célébrait le 43e anniversaire de la création du Front Polisario et du début de la résistance contre l’occupation marocaine. Reporters a rencontré à cette occasion Omar Abdessalam, président de l’association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDESA), un collectif qui, en dépit des difficultés importantes qu’il rencontre, demeure très actif au plan international pour, dit-il, faire entendre «la voix de ceux qu’on veut faire taire». Entretien.
    Reporters : Vous présidez l’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis. A quoi sert cette association et quels sont ses objectifs ?
    Omar Lahcen Abdeslam : L’Association des familles et des prisonniers et des disparus sahraouis existe depuis près de trente ans maintenant. Il s’agit d’une ONG sahraouie dont la date de création remonte au 20 août 1989. Elle a vu le jour à l’initiative de familles de disparus et de détenus sahraouis dans les prisons marocaines. Sa mission consiste à faire la lumière sur ces personnes rendues prisonnières ou disparues sous l’occupation marocaine, certaines depuis le début de la guerre en 1975. Son travail est la mise à jour des listes de ces personnes qu’elle effectue sur la base de témoignages et de récits précis. Il est question aussi de soutenir les familles et de les accompagner en les orientant auprès des services compétents à l’ONU, l’Union africaine (UA) et d’autres organisations gouvernementales et non gouvernementales concernés par la défense des droits humains. Dans le contexte sahraoui, vous imaginez bien que sa mission est permanente et qu’elle consiste à recenser toutes les violations commises contre les Sahraouis dans les territoires occupés par le Maroc, soit en situation dite «ordinaire» soit en situation de soulèvement et de révolte, comme cela s’est passé en novembre 2010 lors de la révolte de Gdeim Izik, près de Laayoune, durant laquelle des centaines de nos compatriotes ont été pourchassés, réprimés, jetés en prison et torturés par les autorités coloniales marocaines. L’association a recensé tous les cas de violation commis durant ces évènements et a transmis ses rapports aux organisations de défense des droits de l’Homme, comme celui de Naâma Asfari, condamné à 30 ans de prison pour avoir manifesté à Gdeim Izik. Une condamnation scandaleuse, inique, sans fondement juridique et contraire à toutes les conventions de Genève.
    A-t-on aujourd’hui un chiffre exact des portés disparus et prisonniers sahraouis ?
    L’association a recensé depuis le début du conflit plus de 30 000 détenus et plus de 4 500 portés disparus. 400 d’entre eux n’ont laissé ni trace ni la moindre indication susceptible de localiser le lieu et les circonstances de leur disparition. Leur sort reste à nos jours totalement méconnu et nous ne savons pas ce qu’ils sont devenus, s’ils sont morts ou s’ils sont encore en détention clandestine. Il est d’autant plus difficile d’enquêter sur de tels cas que le Maroc, qui bénéficie de soutiens internationaux incompréhensibles et en contradiction avec le droit international, minimise à chaque fois le nombre de victimes de ses appareils de répression et réduit, quand il ne les nie pas, les cas de séquestration et d’atteinte aux droits des personnes. S’il libère des détenus, il le fait sans jugement. Les personnes concernées sont relâchées provisoirement et risquent d’être à nouveau jetées en prison, à n’importe quel moment. Les défenseurs des droits de l’Homme eux-mêmes n’y échappent pas et sont poursuivis par des tribunaux militaires.
    Après le cessez-le-feu, le Maroc a libéré des centaines de détenus sahraouis. En reste-il encore ?
    En 1991, 300 disparus ont été libérés des prisons marocaines dans un état de délabrement physique avancé. La liste des disparus que nous avons compte encore 526 noms de personnes détenues et l’association continue de se battre pour obtenir leur libération. Elle exige la levée des entraves et des limitations imposées par les autorités marocaines aux personnes libérées ainsi que le recouvrement de leurs droits et des biens dont ils ont été spoliés pendant leur détention arbitraire. Elle exige aussi l’indemnisation des familles de ceux qui sont morts en prison ou sous la torture. Elle exige enfin le respect des conventions internationales relatives à la protection des populations civiles, l’arrêt des enlèvements, des arrestations arbitraires, des tortures pratiquées contre des civils sahraouis dans les zones occupées du Sahara occidental. Parce que parallèlement à son invasion, le Maroc a mené une politique d’extermination des Sahraouis pour s’approprier leur territoire. Il oppose un refus systématique à la présence des observateurs internationaux, y compris des institutions onusiennes, allant jusqu’à expulser, comme en mars dernier, les membres de la Minurso au lendemain de la visite du SG de l’ONU dans la région sous prétexte que Ban Ki-moon est sorti de sa neutralité, alors qu’il avait dit la vérité sur les souffrances du peuple sahraoui.
    Depuis la révolte de Gdeim Izik, votre association ne cesse de dénoncer les détentions arbitraires. Comment parvenez-vous à les recenser et à les faire connaître à l’opinion internationale ?
    On travaille sur des témoignages précis qui nous viennent de militants ou des familles, et cela ne date pas de 2010 et du soulèvement de Gdeim Izik. La vocation même de notre association est d’enquêter sur toutes les violations dont sont victimes les Sahraouis, et il y en a eu depuis 1975 ! Elles se sont poursuivies après le cessez-le-feu en 1990. En 2015, selon le décompte que nous avons pu faire, plus de 500 personnes ont été arbitrairement détenues sans le moindre respect des règles et des procédures légales et dans une abstraction totale du droit. Depuis le début de l’année 2016, trois personnes ont été retrouvées mortes dans des circonstances douteuses. L’une d’elles a été tuée alors qu’elle allait récupérer son chameau au pied du mur de la honte construit par l’armée marocaine pour séparer les territoires sahraouis libérés de ceux qui sont sous son occupation. Cette année aussi, on déplore la mort du militant Brahim Sikka à la suite d’une présumée grève de la faim qu’il aurait menée pendant 15 jours avant de succomber. Sa dépouille est toujours entre les mains des Marocains parce que sa famille refuse de la récupérer sans autopsie ni véritable enquête sur les conditions de son décès. Des étudiants sahraouis, depuis les affrontements qui ont lieu dans les universités de Marrakech et d’Agadir, croupissent toujours en prison.
    A la lecture de la presse et des dépêches de l’agence de presse sahraouie, on apprend que votre association fait souvent appel à la justice espagnole pour élucider des cas de disparition, d’emprisonnement ou pour poursuivre des responsables marocains…
    Oui, dans les années 1990, l’Espagne a adopté une loi ouvrant la voie aux poursuites judiciaires sur les cas de génocide n’importe où dans le monde. Notre association a profité de cette brèche pour déposer en 2006 une plainte auprès de la justice espagnole pour des massacres qui ont lieu entre 1975 et 1992, notamment à Amgala où on a retrouvé une fosse commune dans laquelle il y avait des restes de huit cadavres. Onze hauts responsables civils et militaires marocains ont été accusés d’avoir amputé des prisonniers, dont un nouveau-né, brûlé vif des personnes, tué par des chocs électriques des Sahraouis à Laayoune, Smara et Amgala. L’affaire a été initiée en 2007 par le juge Baltasar Garzon. En Espagne, des lobbies, dont certains pro-marocains, se sont mobilisés pour que les poursuites s’effectuent dans le seul cas où les victimes ou que les bourreaux soient espagnols. Il n’empêche qu’en 2014, un autre juge espagnol, Pablo Ruz Gutierrez, a rouvert le dossier et relancé la poursuite contre les onze responsables marocains. Le dossier reste ouvert, car la justice espagnole, dans ce cas précis, ne fait pas de jugement par contumace. Donc, pour juger les douze responsables marocains, elle doit détenir les auteurs des crimes. On attend qu’Interpol puisse arrêter l’un de ses responsables pour pouvoir initier le processus et que les Sahraouis connaissent la vérité sur le destin de leurs parents qui demeure méconnu. Bien qu’on soit conscient des pressions marocaines, on est patient pour que justice soit faite.
    Est-ce que l’association intervient aussi auprès d’autres instances internationales pour obtenir la poursuite et le jugement de personnes présumées coupables d’actes criminels…
    Au niveau international, les poursuites se limitent contre les pays qui ont ratifié le traité de Rome, ouvert à tous les pays membres des Nations unies pour la poursuite judiciaire contre les personnes et Etats ayant commis des génocides et des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Il en est de même pour la Cour pénale internationale qui ne peut saisir un dossier que pour les pays qui s’avèrent adhérents au traité de Rome, et le Maroc n’y figure pas. De ce fait, elle ne peut être saisie qu’à titre de plainte individuelle par les Etats qui ont ratifié ledit traité et pourra être saisie si le Conseil de sécurité poursuit les responsables. Actuellement, nous sommes en train d’envisager avec les juristes qui soutiennent la cause sahraouie une poursuite contre l’Espagne qui a ratifié le traité de Rome, mais dont l’Etat continue de tergiverser quand il s’agit de poursuites contre des responsables marocains. Nous sommes également en train de travailler avec d’autres organisations pour trouver des mécanismes par lesquels il est possible d’exercer des pressions à travers les rapports sur les questions humanitaires et de respect des droits humains, comme il s’est agi récemment pour le dernier rapport du Département d’Etat américain qui a agacé le Maroc par sa tonalité critique.
    En février 2014, la justice française s’est intéressée aussi à des cas de torture commis par des responsables marocains, dont le chef du renseignement Abdelatif Hammouchi…
    Oui, alors qu’il se trouvait en France, Abdelatif Hammouchi, directeur général de la surveillance du territoire marocain (contre-espionnage), un juge français l’a convoqué pour une audition dans le cadre d’une plainte pour torture déposée par Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), une ONG française. La plainte a concerné un Franco-Marocain torturé dans le centre de détention secret de Temara, QG de la DGST. Le Maroc a nié, mais des dizaines de témoignages de torturés attestent du contraire, y compris ceux de détenus étrangers qui y ont été interrogés et torturés à la demande des Etats-Unis de George Bush dans sa «guerre contre le terrorisme». C’est à ce moment là qu’il y a eu dépôt de plainte auprès du doyen des juges d’instruction de Paris par l’avocat de Naâma Asfari et son épouse Claude Mangin, de nationalité française, pour les sévices que Naâma a subis en détention préventive au Maroc au cours des 27 mois qui ont précédé son procès. Depuis, le militant sahraoui a été condamné par un tribunal militaire à 30 ans de prison en février 2013, alors qu’il avait été arrêté la veille des faits qui lui sont reprochés… 21 autres activistes sahraouis militant pour le droit de leur peuple à l’autodétermination ont été condamnés par ce tribunal militaire à des peines allant de 20 ans à la perpétuité, après les mêmes 27 mois de préventive, avec pour seule preuve des aveux extorqués sous la torture… Là on est dans des situations où des juges, se basant sur la compétence universelle de la justice française à juger sur son sol des personnes accusées de crimes, font le travail. Mais qui se trouvent heurtés aussi à la «raison d’Etat». Puisque Abdelatif Hammouchi a pu quitter Paris et regagner le Maroc. Il n’en demeure pas moins que l’impunité dont ces gens se prévalaient s’est quelque part brisée.
    Revenons, si vous le permettez, à la question des réfugiés sahraouis et aux conditions dans lesquelles ils vivent. A-t-on une idée chiffrée des besoins de ces réfugiés ?
    Le montant des aides humanitaires internationales ne dépasse pas les 40 millions de dollars par an pour 200 000 réfugiés. Ce qu’on considère comme une somme dérisoire si on la compare avec le budget de la Minurso pour ses membres estimé à 54 millions de dollars. Pis encore, les aides continuent de diminuer alors qu’il a fallu les augmenter pour faire fonctionner les hôpitaux, les écoles… Le PAM a aussi réduit ses aides en denrées alimentaires qu’il distribuait, ce qui menace la population sahraouie, d’autant que nous avons une étude qui démontre que la malnutrition menace les réfugiés, alors que ces organisations d’aide humanitaire doivent veiller à ce que la population soit en bonne santé en leur assurant des besoins fondamentaux, ce qui est n’est pas le cas aujourd’hui. 
    Une dernière question : de nombreux Sahraouis que nous avons pu rencontrer dans les camps ont à l’esprit que seule une reprise des hostilités pourrait faire bousculer le statu quo qui pèse actuellement sur le dossier sahraoui à l’ONU. Qu’en pensez-vous ?
    Nous pensons que la guerre n’est pas la solution adéquate ni pour le peuple marocain ni pour le peuple sahraoui, mais le Maroc mène une guerre de lâche contre des citoyennes femmes et enfants qui sont victimes de violations sexuelles exercées même contre les hommes qui sont détenus. Maintenant, la résolution du Conseil de sécurité du 30 avril dernier marque un tournant important pour la cause sahraouie. On constate que les membres du Conseil de sécurité manifestent davantage de conscience et sont convaincus de la nécessité de mettre un terme au conflit, et comme à l’accoutumée, nous avons donné beaucoup de chance aux solutions pacifiques, et les Sahraouis peuvent patienter encore d’ici le mois de juin pour l’organisation du référendum, sachant que le Maroc œuvre toujours pour maintenir le statu quo. 
  • Journée mondiale de l’Afrique : le Maroc obstrue le parachèvement de la décolonisation du continent

    La Journée mondiale de l’Afrique célébrée annuellement, le 25 du mois de mai, date de la signature, en 1963, des Accords de l’ex-Organisation de l’unité africaine (Oua), actuellement l’Union africaine (UA) est l’occasion de mettre en valeur le combat des Africains pour la décolonisation de leur continent.
    Mais cette décolonisation demeurant inachevée, à ce jour, comme le soulignent les peuples et les responsables africains, tant que soulignent-ils, la dernière question de décolonisation inscrite aux Nations unies, le Sahara-occidental, son peuple est privé de l’exercice de son droit à l’autodétermination, que lui confère le Droit international. L’ex- chef de gouvernement de la République arabe Sahraouie démocratique (RASD) M. Mohamed Lamine Ahmed, a interpellé l’Onu à faire pression sur le royaume du Maroc, pour mettre un terme à sa colonisation du Sahara occidental, par l’application du Droit international, lequel stipule la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. 
    Invité hier au Forum de la mémoire, du quotidien El-Moudjahid, à l’occasion de la journée mondiale de l’Afrique, le responsable sahraoui a souligné que «le retour» dans les territoires sahraouis occupés du segment politique de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara-occidental (Minurso) exigé par le Conseil de sécurité dans sa dernière résolution, adoptée fin avril passé, doit être précise-t-il «accompagné par la tenue du référendum». 
    Rappelant la lutte du peuple sahraoui et de son représentant unique et légitime le Front Polisario, contre l’occupant espagnol en premier lieu, puis contre le colonisateur marocain, depuis l’invasion militaire de ce dernier en 1975 des territoires sahraouis, Mohamed Lamine Ahmed rappelle pertinemment à la Communauté internationale que «le cessez le feu en 1991, sous l’égide de l’ONU entre le Front Polisario et Rabat a pu être conclu en prévision de la tenue du référendum» a-t-il souligné. 
    Le Maroc, qui depuis n’a cessé de manœuvrer et de se dérober de la légalité internationale dans l’espoir «d’imposer» le fait accompli, mais en vain, lance le responsable sahraoui, car poursuit-t-il, l’Histoire ne va pas à contresens de la lutte pour l’indépendance, et le mouvement de libération du peuple sahraoui est «porté et mené par des générations à ce jour». N’écartant pas l’alternative de recourir à la lutte armée, si la communauté internationale n’assume pas ses engagements en direction du peuple sahraoui et ses responsabilités en matière de paix et de sécurité dans le monde, l’ex-chef du gouvernement sahraoui affirme que les Sahraouis « demeurent prêts à arracher leur indépendance par les armes». 
    Indiquant plus loin que le système colonial marocain au Sahara-occidental et la doctrine expansionniste propre au royaume chérifien «constituent» pour les espaces maghrébin et africain «des menaces pour leur stabilité et sécurité» a averti Mohamed Lamine Ahmed. Ne manquant pas de mettre en évidence les similitudes entre la colonisation sioniste en Palestine et celle marocaine au Sahara-occidental. Similitudes des deux systèmes coloniaux sur la scène arabe, israélien et marocain, lesquels se soutiennent mutuellement, pour ne citer que la construction durant les années 80 du mur de la honte séparant les territoires sahraouis, par l’assistance de l’entité sioniste, laquelle l’a édifié quelques années après en Palestine.
    Pour le responsable sahraoui, le combat du peuple sahraoui pour le recouvrement de l’indépendance de son pays «se poursuit» sous de multiples formes, politique, diplomatique et culturelle, affirmant que celui «par la reprise de la lutte armée demeure à l’ordre du jour» si, a-t-il précisé, «l’occupant marocain persiste dans sa politique intransigeante quant au règlement pacifique du conflit au Sahara occidental» a indiqué le responsable sahraoui. 
    Avertissant en ce sens les jeunes Sahraouis outre qu’ils «s’impatientent de voir leur pays lndépendant et libre du joug colonial marocain», la communauté internationale est fortement appelée à assumer ses engagements, par la tenue du référendum au Sahara-occidental. Ne manquant pas de souligner par la même occasion que la mission fondamentale et essentielle de la Minurso «n’est pas la surveillance du cessez le-feu mais l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui» a tenu à préciser l’un des premiers fondateurs du Front Polisario, lequel vient de célébrer, le 10 mai dernier, le 43e anniversaire de sa création en 1973 et du début de sa lutte armée, le 20 mai de cette même année, contre l’occupant espagnol, puis celle contre l’occupant maocain depuis 1975. Notons que Le Forum de la Mémoire, initié en coordination avec l’association Machaâl Echahid, en collaboration avec le collectif des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui (CJASPS) ont été les initiateurs de cette conférence à laquelle ont assisté des représentants d’institutions nationales et de la société civile.
    Karima Bennour
  • Quand se réveillent les caméras du Sahara Occidental…

    … Pour témoigner des droits de l’homme sous l’occupation du « Makhzen » marocain
    vendredi 27 mai 2016
    par Azouz Benhocine
    Depuis le début de l’année 2016, la question du Sahara occidental colonisé par le Maroc est revenue au devant de la scène diplomatique africaine et mondiale. En entrée de ce sujet, nous tenons à être insistants sur le rapport du pays voisin, l’Algérie. Ce dernier est dans une situation de problème chez deux voisins et n’a rien à voir dans ce conflit. L’Algérie se trouve dans l’obligation d’accueillir à Tindouf quelque 30% de la population sahraouie fuyant le nouvel occupant.
    Dernièrement la colère du secrétaire général de l’ONU a ébranlé le Makhzen du nord-ouest africain. Ban Ki Mon ne comprenait plus le black-out sur le processus de dénouement de cette crise, du Sahara occidental, à la fois humanitaire et sécuritaire. Le royaume chérifien poussé par l’hystérie populaire, ne s’est toujours pas confirmé à la légalité internationale, tel que le fait Israël pour les Palestiniens. Un hold-up sur des territoires colonisés…
    Après l’annexion de 1975, quelques 130 000 personnes se sont installées dans la région de l’extrême sud-ouest algérien. Comme actuellement envers les Syriens, il y a 41 ans le déferlement de la vague de réfugiés, sur Tindouf, était imparable. Une population de sahraouie refusant la monarchie et le climat de terreur. Elles s’est établie en grande partie en Algérie et circule sur les fines parties libres du Sahara.
    La vie de cette population dépend principalement de l’aide humanitaire pour leurs besoins de base comme la nourriture, l’eau et les vêtements. Les Sahraouis ont proclamé leur république indépendante, la RASD, pendant l’année qui a suivi l’invasion appelée la « marche verte », en 1976. Elle accepte toutes les solutions internationales de décolonisation, identique à celle de l’Espagne.
    La preuve par la vidéo : activistes et lanceurs d’alertes.
    Le mouvement de libération, le Polisario, a accepté le cessez-le-feu institué sous l’égide de l’ONU en 1991, pour explorer des voix pacifiques, à l’instar même des palestiniens avec des moyens diplomatiques, pour réclamer le droit à l’autodétermination et la reconnaissance du choix de créer un Etat libre et autonome.
    De tels choix passent par une activité de médiatisation qui couvre les volets des violations des droits de l’homme, afin de « lancer des alertes » à l’opinion générale. C’est la méthode paisible de résister à un colonialisme qui reste mineur par rapport aux autres actualités ou injustices du Monde.
    Avec l’aide de l’ONG « Witness » (Témoin) créée par l’artiste rock, Peter Gabriel, dans les bas fonds de Brooklyn à New York, des jeunes sahraouis ont été formés afin de les aider à témoigner du sort de cette dernière occupation colonialiste en Afrique.
    Witness et « Fisahara » ont lancé un programme de formation pour les défenseurs des droits de l’homme, d’autant que les initiatives des militants se manifestent. L’ONG fondée en 1992, avec l’aide de Human Rights First (alors connu, pendant les années 70, sous le Lawyers Committee for Human Rights ), a pour mission de fédérer les vidéastes du Monde travaillant sur les droits de l’homme et d’aider les luttes en les exposant via des plateforme comme Youtube et storyful.

    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article2841#.V0igLlSLTR1

  • Colloque au parlement européen à Bruxelles sur le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental – «Made in conflict, goods from Western Sahara»

    De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
    Le Parlement européen (PE) a abrité mardi un colloque sur les conséquences de l’arrêt de la Cour de justice européenne de décembre 2015 sur l’accord agricole UE-Maroc.
    Organisé par des eurodéputés du Groupe socialiste, le symposium a pu écouter plusieurs intervenants, experts, spécialistes, hommes et femmes de droit sur la question. Parmi eux, Ingolfur Friorikson, Premier secrétaire de l’ambassade d’Islande à Bruxelles et membre de la mission islandaise auprès de l’Union européenne, qui a évoqué «la légalité internationale et les perspectives politiques». Sara Eyckmans, coordinatrice des Réseaux de protection des ressources naturelles du Sahara occidental, Mohamed El Baikam de l’Association de défense des richesses halieutiques de la ville sahraouie occupée Dakhla (Fisheries Association in Dakhla) et Andres Gon Gora, responsable du secteur des fruits et légumes de l’Union espagnole du commerce agricole (Spanish Trade Union) ont été, en quelque sorte, les témoins à charge du Maroc dans sa politique —planifiée — du pillage des ressources naturelles du Sahara occidental, tant halieutiques, agricoles, archéologiques, minières, historiques, ou autre.
    Il n’est pas jusqu’aux traces mémorielles de la civilisation sahraouie que le colonialisme marocain n’ait voulu éliminer et ou phagocyter. Les participants au séminaire, tant les intervenants que l’auditoire, connaisseur, trié sur le volet, ont volontairement évité les formules à l’emporte-pièce ou les déclarations inutiles. L’objectif était et est toujours d’amener l’Union européenne à appliquer, dans les plus brefs délais et sans triche, l’arrêt des magistrats de Luxembourg invalidant l’accord agricole passé avec Rabat parce qu’englobant le Sahara occidental, territoire non-autonome, relevant de la doctrine des Nations-Unies en matière de décolonisation. C’est d’autant plus conséquent pour Bruxelles parce qu’il permet l’anticipation sur les arrangements halieutiques contractés avec le Maroc incluant la façade maritime du Sahara occidental et qui, nul doute, subissent le même triste sort que le brigandage sur les fruits et légumes. La Cour de justice européenne cassera pour les mêmes raisons l’accord halieutique conclu avec le Maroc. La jurisprudence est ce qu’elle est en Europe. Il est vrai que la Commission européenne sous pression française a introduit un recours pour éviter l’application de l’arrêt rendu par les magistrats de Luxembourg. Les premiers signaux qui parviennent aux décideurs de l’UE laissent apparaître un scepticisme grandissant chez ceux qui attendent que quelque chose bouge en faveur de la continuité des actes de brigandage, hors la loi européenne, hors de la légalité internationale et contraire aux valeurs et à l’ethique que le Vieux Continent ne cesse d’évoquer s’agissant des autres. Sur le dossier sahraoui, la Commission européenne, le gouvernement de l’Union en définitive, ne peut plus continuer d’assister le cambrioleur (Maroc) et de pleurer avec sa victime (le peuple sahraoui) (tesraq maâ essareq ou tebki maâ mouleddar).
    Le thème du symposium d’avant-hier à Bruxelles est à lui seul significatif «Made in conflict goods from Western Sahara».
    A. M.
  • Sahara Occidental 40 ans de tension et des incertitudes (2e partie et fin)

    Par Mostefa Zeghlache 
    Aujourd’hui, le Maroc procède à une véritable colonisation de peuplement du territoire où les citoyens marocains ont submergé en nombre les citoyens sahraouis, chez eux. Il y stationne le gros de son armée dans près de 80% du territoire qu’il occupe derrière un mur renforcé le long de la zone la séparant des forces armées sahraouies. Depuis, c’est le statu quo qui prévaut et l’ONU reste avec l’espoir de voir les deux parties au conflit s’entendre sur une voie de règlement qui a montré ses limites auparavant, les positions étant diamétralement opposées. Alors que le Maroc fait valoir, depuis 2007, son plan d’autonomie du Sahara, dans le cadre d’une souveraineté marocaine, le Front Polisario revendique le droit de son peuple à l’autodétermination où les deux options — indépendance et rattachement au Maroc — figureraient. 
    Aujourd’hui, les autorités marocaines spéculent sur le départ de l’actuel secrétaire général de l’ONU en décembre prochain, à l’issue de son deuxième mandat, sur la prochaine administration américaine à Washington et le départ de Suzan Rice du Conseil national de sécurité, hostile, semble-t-il, au Maroc, sur celui de la génération de l’indépendance du pouvoir en Algérie, et ses amis à l’ONU pour pouvoir faire admettre à tous, surtout aux Sahraouis, la validité du projet d’autonomie ! C’est un pari très aléatoire et qui risque de mettre beaucoup de temps pour se réaliser.
    Par ailleurs, le pouvoir et l’opposition marocains s’adonnent aux enchères sur un thème, celui de l’intégrité territoriale, qui associe nationalisme extrême, patriotisme exacerbé et calculs politiques. Ce jeu s’identifie à celui de dupes où l’erreur peut être fatale. Car l’occupation du Sahara apparaît comme «un dérivatif politique et une opportunité de refaire l’union sacrée autour de la personne du roi». 
    Davantage qu’un salut pour le pouvoir, l’annexion du Sahara occidental par la violence «permet à la fois de satisfaire le nationalisme populaire et d’attribuer aux Forces armées royales d’autres tâches en les éloignant du champ politique qu’elles avaient convoité», notamment à travers le coup d’Etat manqué de Skhirat le 10 juillet 1971 et l’attentat du 16 août 1972 contre le roi Hassan II qui avait décidé de faire de «la défense de l’intégrité territoriale une cause patriotique» pour justifier la pérennité du pouvoir(14). Ce même pouvoir qui, à ce jour, omet d’évoquer l’occupation coloniale espagnole de Ceuta et Melilla, les îles Zaffarines (Jaafarines) et les rochers de Vêlez de la Gomera et d’Alhuceima.
    Dans ce mélodrame orchestré par le Palais, les partis, y compris les islamistes qui dirigent aujourd’hui le gouvernement, sont dans la contrainte de jouer le jeu périlleux de l’extrémisme nationaliste, et de faire monter les enchères pour ne pas disparaître. Ils doivent prouver leur soumission au Palais sachant qu’«ils jouent leur existence sur cet attachement à la Constitution et au principe monarchique, tout comme la monarchie tient sa capacité et sa légitimité de la monopolisation du sens national».
    On peut déduire que le régime politique marocain actuel s’est fourvoyé dans une stratégie qui conditionne sa propre pérennité. Cependant, l’occupation du Sahara occidental n’est pas seulement une question de prétendus droits historiques, d’orgueil national ou d’amour-propre(15). C’est aussi un espace géostratégique, un continuum et une voie d’accès vers l’Afrique de l’Ouest subsaharienne. 
    Enfin et pas des moindres, ce territoire est un gisement d’importantes richesses agricoles et minières à peine connues, répertoriées et exploitées.
    Le secteur de la pêche représente plus de 17% du PIB du territoire, 31% des emplois locaux et 78% des captures marocaines dans des eaux parmi les plus poissonneuses au monde, surexploitées par des compagnies marocaines et occidentales. 
    Les produits agricoles destinés à l’exportation, notamment vers l’Union européenne (UE), représentaient 38 000 tonnes en 2008, 80 000 tonnes en 2013 et devraient atteindre 160 000 tonnes vers 2020. L’UE est poussée par la France pour que le Conseil de l’Union fasse pression sur le Parlement européen afin qu’il remette en cause son arrêt d’annulation de l’accord agricole de 2012 entre l’Union et le Maroc. Et c’est le ministre français Harlem Désir qui l’a déclaré récemment, tout en rappelant que les investissements de l’Union au Maroc sont de 1,7 milliard d’euros(16). 
    En ce qui concerne les phosphates, l’Office chérifien des phosphates à Boukraâ (PhosBoukraâ) extrait du Sahara occupe près de 10% des exportations du royaume. Estampillées «made in Morocco», toutes ces richesses sont exploitées et exportées par le Maroc au mépris «du droit universel et permanent des Sahraouis sur les ressources naturelles de leur territoire». Et dire que le 14 décembre 1970 déjà, l’Assemblée générale des Nations unies votait la résolution 2711 (XXV) invitant «tous les Etats à s’abstenir d’entreprendre des investissements au Sahara espagnol».
    Rappelons que l’ONU a tôt pris en charge la situation du territoire à travers le Comité de décolonisation ou Comité des 24 qui adopta, le 16 septembre 1964, sa première résolution reprise par l’Assemblée générale en 1965, demandant à l’Espagne de tout mettre en œuvre pour l’autodétermination des territoires d’Ifni (Maroc) et du Sahara.
    Pour sa part, l’OUA dont la Charte, en mai 1963 et la résolution du premier sommet tenu au Caire du 17 au 21 juillet 1964, portent l’engagement des Etats membres à respecter l’intangibilité de leurs frontières héritées de l’époque coloniale, a admis en son sein la RASD en 1982 en tant qu’Etat membre. Le Maroc quittera l’organisation continentale en 1984. Depuis sa résolution 3458 du 10 décembre 1975 réaffirmant le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination sous contrôle de l’ONU, la position de l’OUA puis de l’Union africaine (UA) est restée constante.
    Prétendre que le Sahara occidental est «terra nullus» (territoire sans maître) comme l’avançait l’Espagne, récusée par l’avis de la CIJ du 16 octobre 1975(17), revendiquer un territoire non autonome au nom de droits historiques non établis et non reconnus par cette même cour, accuser des nationalistes résistants de terroristes et un pays voisin de déstabilisateur, défier la communauté internationale… Voilà bien des arguments qui ne tiennent pas face au bon sens politique et ne se justifient guère devant la légalité internationale dont le droit des peuples à disposer librement de leur avenir constitue le summum. Ce dernier point constitue le socle de la position algérienne sur ce conflit.
    Instruite de l’expérience de la guerre, dite des «sables», d’octobre 1963, née de l’invasion des troupes marocaines du territoire algérien dont le pouvoir marocain voulait annexer une partie de la région du Sud-Ouest, forte du principe érigé en dogme par l’OUA concernant l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation(18) et rassurée par la prise en charge du conflit par les Nations unies, l’Algérie a fait sienne la résistance du peuple sahraoui.
    Elle a reconnu la RASD le 6 mars 1976. Parmi les déclarations des présidents qui se sont succédé au pouvoir en Algérie et qui évoquent cette question, on peut en citer, à titre d’illustration, deux, prises au hasard, des présidents Boumediène et Chadli.
    Le premier déclarait, notamment lors d’un discours prononcé le 14 novembre 1977 : «Nous ne sommes hostiles ni au Maroc ni à la Mauritanie. Cependant nous avons aidé et continuerons à aider le peuple sahraoui qui refuse de se laisser exterminer et qui a pris les armes pour défendre son existence et sa patrie.»(19) 
    Lors d’un meeting à Alger tenu à l’occasion de la célébration des anniversaires de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 1983, le président Chadli a notamment déclaré : «Nous sommes contre l’occupation des territoires des peuples par la force. Et nous sommes pour le droit des peuples à s’autodéterminer et décider de leur destin en toute liberté.»(20)
    L’Algérie déclare soutenir un peuple en lutte pour son indépendance ne pas constituer un obstacle au règlement pacifique du conflit(21). Depuis son irruption sur la scène régionale, la question sahraouie a fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités algériennes et s’est transformée en question cardinale de la diplomatie algérienne au point où, par moments, elle s’identifiait à une cause nationale d’une sensibilité qui ne correspond pas toujours à une simple question de principe, celle du soutien des peuples en lutte pour leur indépendance. Pour preuve, le tollé soulevé par la déclaration, le 11 novembre 2015, d’un chef de parti à une chaîne de télévision prétendument privée, considérant que «l’escalade n’est dans l’intérêt ni du Maroc ni de l’Algérie» et appelant à «un réexamen du problème du Sahara occidental». 
    Ce qui aurait pu paraître comme une simple déclaration et une opinion politique d’un chef de parti devant rendre compte aux instances de son parti s’est transformé en une levée de boucliers médiatique contre ce responsable politique comme s’il avait trahi la cause nationale. 
    Cette attitude tend à conforter les autorités marocaines dans leur assertion que le conflit du Sahara occidental n’est pas une question de décolonisation à parachever. Il s’agirait plutôt d’un différend algéro-marocain créé par l’Algérie via le Front Polisario. Il n’y a pas que la presse algérienne et certaines organisations de masse de soutien au peuple sahraoui qui se soient offusquées de la déclaration du secrétaire général du FLN, les autorités officielles n’ont pas été du reste. Ainsi, le message de félicitations adressé, en décembre 2015, par le président algérien à son homologue sahraoui à la suite de sa réélection à la tête de la RASD par le 14e congrès du Polisario tenu à Dakhla, la réception accordée par le chef d’Etat algérien au président sahraoui le 13 mars passé, la «réunion de haut niveau» tenue le 27 mars près d’une semaine après l’expulsion des membres de la Minurso, consacrée à la sécurité du pays et à la «situation prévalant dans la sous-région», sont autant de facteurs qui révèlent l’état d’esprit avec lequel est appréhendée la question sahraouie du côté algérien. 
    Mais l’Algérie traverse actuellement une étape difficile de son histoire contemporaine. La longue et pénible maladie du chef de l’Etat amoindrit les capacités du pays sur la scène internationale. Cette situation influe négativement sans doute sur le dossier du Sahara occidental comme sur bien d’autres.
    Pour preuve, les visites officielles du ministre des Affaires étrangères et du Premier ministre français(22) à Alger, les 29 mars et les 9 et 10 avril 2016, n’ont pas permis aux responsables algériens de faire infléchir le soutien quasi total de la France au Maroc sur le dossier sahraoui, malgré l’importance des relations bilatérales, notamment dans les domaines économique et sécuritaire. Pour Paris, «le plan d’autonomie, présenté par le Maroc en 2007 constitue une base sérieuse et crédible pour une solution négociée… La position de la France sur le Sahara est bien connue et inchangée», ont dit et répété d’une même voix le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, le ministre et le chef de gouvernement français, engendrant de la déception et de l’irritation à Alger. Les autorités marocaines sont conscientes de cette situation qu’elles tentent de mettre à profit pour régler à leur manière un problème qu’elles estiment pourtant clos en 2007 avec le projet d’autonomie élargie, refusé par le Polisario et l’Algérie. 
    A cela s’ajoutent les défis sécuritaires induits, en grande partie, par l’instabilité qui prévaut aux frontières algériennes et les difficultés économiques conséquence d’une gestion aléatoire des richesses et potentialités du pays durant une longue période. Les scandales de corruption de hauts dignitaires de l’Etat, la bureaucratie et la gabegie font le reste pour ternir l’image du pays auprès des partenaires politiques et économiques de l’Algérie devenue quasiment aphone sur la scène internationale.
    Dans ce contexte de tension permanente, le spectre de la résurgence de l’insécurité, voire du conflit armé est-il concevable au point de menacer la paix et la stabilité des pays de la région maghrébine ? D’autant que le défi terroriste est réel.Toutes les options restent ouvertes et les déclarations des protagonistes font craindre le pire. 
    Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, la veille de l’examen du projet de résolution 2285 par le Conseil de sécurité, le président sahraoui écrivait notamment que si le Conseil de sécurité n’exerçait pas «une pression réelle et directe (sur l’occupant marocain), le Polisario sera alors de nouveau contraint de défendre ses droits par tous les moyens légitimes, y compris la lutte armée qui est légalisée par l’ONU pour tous les peuples colonisés»(23).
    La réponse est parvenue du chef de gouvernement marocain qui a déclaré, le 27 avril 2016, à l’occasion de l’inauguration du Salon de l’aéronautique, Marrakech Air Show : «Nos forces, qu’elles soient aériennes, comme la Gendarmerie royale ou les unités marines sont prêtes à faire face à toute éventualité.»(24) 
    Pour sa part, la presse marocaine considère que l’Algérie «mène une véritable guerre à quatre niveaux» : économique, à travers la course à l’armement «pour affaiblir financièrement le Maroc aux moyens limités» (mais qui trouve quand même ce financement auprès des pays du CCG), diplomatique, en mobilisant son appareil diplomatique sur le dossier sahraoui, de «guerre tout court, en armant et en abritant des séparatistes dont le seul dessein est d’attenter par tous les moyens à notre intégrité territoriale», et médiatique avec des «articles hostiles au Royaume». Enfin, les dépenses en armements de l’Algérie inquiètent le voisin marocain alors que les équipements, selon des sources de presse algérienne, concernent en priorité la lutte antiterroriste. Citant un cabinet américain spécialisé dans le renseignement, Stratfor, un quotidien électronique algérien titrait «L’Algérie a modifié l’équilibre des forces militaires dans la région»(25). Le journal écrivait notamment : «Profitant de la manne pétrolière, l’Algérie a augmenté son budget de défense de 176% depuis 2004. Elle consacre désormais environ 10,5 milliards de dollars annuellement à la Défense, soit trois fois plus que le voisin de l’ouest.» Rappelons que le Maroc aurait obtenu de l’Arabie Saoudite un financement de près de 22 milliards de dollars pour son industrie de défense. Selon un site électronique marocain, le Maroc compte dépenser 18 milliards de dollars pour équiper son armée, d’ici 2010(26). Ajoutons le signal d’alarme lancé par le secrétaire général de l’ONU dans son dernier rapport au Conseil de sécurité qui avait «attiré l’attention sur le risque d’une rupture de la trêve et la reprise des hostilités vers une guerre à grande échelle»(27). 
    Sans verser dans l’alarmisme, il est légitime de souligner que le statu quo actuel a trop duré et rien ne dit que l’exacerbation de la tension ne puisse inciter certains éléments marocains ou sahraouis à envisager le pire comme unique solution pour régler le conflit latent. Pour sa part, l’Algérie ne semble pas disposée à s’engouffrer dans une telle voie sans issue. Les provocations marocaines sont légion. Mais à Alger on essaye de garder son calme, comme en témoigne le ministre d’Etat aux Affaires étrangères lorsqu’à une attaque directe du roi Mohammed VI contre l’Algérie proférée lors d’un discours prononcé à Laâyoune le 6 novembre 2015, dans le cadre de la célébration de la «marche verte», il avait répondu que les propos du roi «résonnent comme un pari sur le pire». Il avait ajouté que «l’Algérie se veut résolument un exportateur net de paix, de sécurité et de stabilité dans son voisinage et, a fortiori, lorsqu’il s’agit de cette question (Sahara occidental)».(28)
    Quoi qu’il en soit, les dépenses faramineuses en armements qui obèrent les budgets de pays du tiers-monde, que sont les pays maghrébins, auraient été plus utiles si elles étaient consacrées à des projets économiques et/ou sociaux, au profit des peuples. Elles contribuent à perpétuer la méfiance alors que partout ailleurs se forment et se renforcent des ensembles régionaux et que prévaut la coopération sur l’affrontement. 
    Après avoir longtemps ployé sous le joug du colonialisme et payé les conséquences de l’antagonisme Est-Ouest, le Maghreb a tenté, dans les années 1960 du siècle passé, de créer un embryon d’unité qui n’a pas tenu devant les ambitions de l’Etat national. De même, le projet de l’Union du Maghreb arabe lancé en 1989 est prisonnier du conflit au Sahara occidental. 
    La crise libyenne et la situation tendue en Tunisie ne permettent pas d’envisager la réalisation de ce projet de coopération régionale. Enfin les interférences étrangères, notamment françaises, ne sont pas faites pour aider les Etats maghrébins à régler les difficultés auxquelles ils font face, notamment concernant le problème de décolonisation du Sahara occidental. Mais ont-ils réellement la volonté qu’il faut pour cela ? Aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation, du projet américain du «Grand Moyen-Orient» et du «Printemps arabe», on constate que les Etats maghrébins et arabes en général évoluent dans une logique qui leur est particulière et qui ne tient pas compte des aspirations du peuple à la paix et au développement. Dans ce contexte, au lieu d’être exclusivement au service de la démocratie et du citoyen, «l’Etat est souvent contre l’Homme».(29) 
    Les tensions qui peuvent être réglées par le dialogue sont instrumentalisées et amplifiées pour justifier et perpétuer un statu quo politique en net déphasage avec la réalité.
    Soulignons aussi que la question sahraouie est celle du dernier territoire africain non autonome. Une fois cette question réglée conformément à la légalité internationale, le continent africain pourra définitivement tourner la page du colonialisme. 
    Le Grand Maghreb, pour sa part, pourra être envisagé dans la sérénité. Car «priver le peuple sahraoui du droit à l’autodétermination est une injustice qui hantera à jamais la conscience mondiale».(30) Le Sahara occidental Etat indépendant ? Pourquoi pas ? Le Sahara occidental rattaché au Maroc ? Pourquoi pas ? L’essentiel n’est-il pas dans la libre expression et le libre choix du peuple sahraoui à travers un référendum lui-même libre, sous l’égide des Nations unies ? Après une longue nuit coloniale de près d’un siècle et quarante autres longues années de souffrance et d’espérance, le peuple sahraoui a le droit de voir briller la lueur de la libération. 
    Le statu quo actuel n’est pas éternel et l’incapacité de l’ONU à régler ce problème ne permet pas d’envisager avec sérénité l’avenir de la région. Les dirigeants maghrébins ont le devoir de le savoir et d’agir tant qu’il est encore temps.
    M. Z.
    Biblio-Web-graphie
    14- Sahara occidental : la controverse devant les Nations unies, page 77 par Laurent Pointier – Ed. Karthala Paris 2004- Préface de René Gallissot
    15- La question du Sahara occidental et le droit international, page 48-par Malek Boualem – Ed. Office des publications universitaires – Alger 1983
    16-http://www.media24.com/Maroc/Nation/163239-la-France-appuie-le-maroc-et-va-presenter-sa-propre-requete-devant-le-tribunal-europeen
    17- Sahara occidental : origines et enjeux d’une guerre du désert, page 497, par Tony Hodges- Ed. L’Harmattan Paris 1987
    18- Le droit à l’autodétermination du Sahara occidental, page 25 par Manfred Hinz – Ed. Pdw 1977
    19- Discours du président Boumediène Tome VIII (31 mars 197- 28 novembre 1978) Page 47 – Ed. ministère de l’Information et de la Culture, Alger 1979
    20- Discours du président Chadli Bendjedid (janvier-juin 1983) Page 28- Ed. ministère de l’Information – Alger 1983-
    21- «Lorsque la géopolitique et la realpolitik empêchent de résoudre un conflit et violent le droit international : le cas du Sahara occidental», page 286, par Yahia Zoubir in Le droit international et la question du Sahara occidental, édité par V. Chapaux, K. ARTS et P. Pinto Leite – Publié par International Platform of Jurists for East Timor- Netherlands 2006- 
    22- http://www.tsa-algerie.com «Soutien de Paris à Rabat : un coup de poignard dans le dos de l’Algérie», 2 mars 2016 par Riyad Hamadi
    23- L’Orient et l’Occident à l’heure d’un nouveau Sykes-Picot, Amir Nour Ed. Alam El Afkar – Alger 2014- Page 53
    24-http://www.huffpostmaghreb.com/2016/04/26/polisario-guerre-maroc-htlm «le Polisario menace d’entrer en guerre si aucun referendum n’est organisé»
    25- http://www.bladi.net/armee-marocaine-guerre.htlm
    26- http://www.tsa-algerie.com/20160505/lequilibre-militaire-entre-lalgerie-maroc-a-bascule
    27-http://www.h24info.ma/maroc/18milliards-de-dollars-pour-armer-le-maroc-dici-2010/42955
    28- http://algeria.shfaqna.com/EN/DZ «exclusif-rapport de Ban Ki Moon au Conseil de Sécurité : le Maroc sévèrement rappelé à l’ordre.
    29- http://www.algeriepatriotique.com du 8 novembre 2015.
    30- Yahia Zoubir op cité page 296.
  • El-Himma, El-Majidi, Hammouchi et Mansouri : les quatre «copains» du roi qui dirigent le Maroc

    Les documents confidentiels révélés par le mystérieux hacker Chris Coleman ont mis en évidence une réalité déjà connue de tous : ce sont les copains de collège de Mohammed VI qui tirent les ficelles au Maroc. Une génération qui constitue un pur produit du Makhzen et dont il a hérité des méthodes de répression. Fouad Ali El-Himma, né le 6 décembre 1962 à Marrakech, ami intime du roi Mohammed VI, est son conseiller depuis décembre 2011. C’est lui le ministre de l’Intérieur dans l’ombre. C’est un grand connaisseur des rouages de la politique interne du Maroc grâce aux nombreuses fonctions qu’il a assumées au sein de ce ministère. Mohamed Mounir El-Majidi, né le 19 janvier 1965 à Rabat, homme d’affaires marocain, secrétaire particulier du roi Mohammed VI depuis 2000 et président de la Siger, la holding royale, depuis 2002. Il est le gardien de la fortune de Mohammed VI et ministre de l’Economie dans l’ombre. Abdellatif Hammouchi, né à Fès en 1966, actuel directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Yassine Mansouri, né le 2 avril 1962 à Boujad, directeur du service de contre-espionnage (DGED) et véritable patron de la diplomatie marocaine. En 2010, El-Majidi et El-Himma ont été cités par Wikileaks dans des scandales de corruption, un phénomène qui «s’est institutionnalisé sous le règne de Mohammed VI». Un télégramme du consulat américain à Casablanca évoque «l’avidité consternante de ceux qui sont proches du roi Mohammed VI». En 2014, le nom d’El-Majidi est cité dans l’affaire de la banque HSBC, appelée Swissleaks, et, en 2016, dans les «Panama Papers». El-Himma et El-Majidi ont été aussi visés par le Mouvement 20-Février en 2011. Ils sont intouchables.
    Ceux qui ont osé s’en prendre aux amis du roi ont été malmenés par le Makhzen. En 2011, le quotidien arabophone Al-Massae révèle que Fouad Ali El-Himma serait impliqué dans une affaire de corruption et de violation des règles d’octroi des marchés publics. Son directeur, Rachid Niny, a été condamné le 9 juin 2011 par le tribunal de première instance à Casablanca, à un an de prison ferme et une amende de 1 000 dirhams pour «atteinte à la sécurité du pays et des citoyens». Le 27 avril 2011, Rachid Niny a été arrêté par la police marocaine après que le procureur général du roi à Casablanca l’eut accusé d’«atteinte à la sécurité du pays et des citoyens», suite, notamment, à des publications mettant directement en cause le directeur des services de renseignement marocains, Abdellatif Hammouchi, au sujet de l’existence d’un camp de détention et de torture secret basé dans la région de la ville de Témara. L’existence de cette prison est un tabou pour le régime de Mohammed VI, à cause du scandale des tortures perpétrées par la CIA contre des musulmans soupçonnés d’appartenir à Al-Qaïda. La CIA a, d’ailleurs, confirmé l’existence de ce centre de torture dans un rapport de 6 600 pages, rendu public en mai 2014. En janvier 2014, Abdellatif Hammouchi est convoqué par la justice française lors d’un séjour à Paris avec le ministre de l’Intérieur marocain, suite à une plainte déposée par le citoyen franco-marocain Zakaria Moumni, pour séquestration et torture à la prison secrète de Témara. Parmi ses bourreaux, il a déclaré avoir reconnu le patron de la DGST. Pour manifester son mécontentement, le Maroc a convoqué l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries, et suspendu quelques jours plus tard la coopération judiciaire avec la France.
    Une «nouvelle doctrine diplomatique»
    Les membres de l’équipe du roi Mohammed VI sont tous de la génération des années 1960, à l’instar de la nouvelle «star» de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, un pur produit des services de Sidi Yassine, comme ils appellent Yassine Mansouri, le patron de la DGED, dans les documents confidentiels dévoilés par le dénommé Chris Coleman. Nasser Bourita est né le 27 mai 1969 à Taounate. Après avoir exercé depuis 2011 la fonction de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, il a été nommé en février 2016 ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. L’équipe de Mohammed VI a fait du Sahara Occidental une cause sacrée au détriment de la légalité et de la raison, faisant du Maroc un Etat hors-la-loi. Dans le but d’accaparer d’alléchantes ressources naturelles de l’ancienne colonie espagnole, ils vont mener ce qu’un journal marocain, se disant indépendant, a appelé, non sans fierté, «nouvelle doctrine diplomatique». Pour lui donner un caractère offensif, la nouvelle diplomatie se base sur une stratégie de tension comme arme principale de lutte pour imposer la pseudo-solution d’autonomie pour le conflit du Sahara Occidental. Sa première cible est l’Algérie que Rabat accuse d’être l’obstacle à ses desseins expansionnistes. Dans ce contexte, il y a lieu de citer :
    – Les attaques verbales du roi du Maroc en personne contre l’Algérie dans chacun de ses discours officiels ;
    – La profanation du drapeau algérien au consulat algérien de Casablanca le 1er novembre 2013 par un nervi aux ordres du palais ;
    – La multiplication d’incidents frontaliers ;
    – L’agitation de la menace d’une confrontation armée avec l’Algérie pour impressionner la communauté internationale ;
    – L’inondation du territoire algérien par des milliers de tonnes de cannabis produit dans la région marocaine du Rif ;
    – La création de sites hostiles tels qu’Algeria Times ;
    – La création et le financement du mouvement autonomiste de Ferhat Mehenni ;
    – La manipulation d’un mouvement terroriste (Mujao) pour attaquer des objectifs algériens et enlever, en 2011, les trois coopérants étrangers qui travaillaient à Tindouf ;
    – La manipulation des incidents de la communauté du M’zab à Ghardaïa ;
    – La multiplication des attaques cybernétiques ;
    – La distillation de messages accusant l’Algérie de manipuler Al-Qaïda en vue de s’attaquer au Maroc (emails envoyés à Hillary Clinton et dévoilés par Wikileaks), des publications hostiles parues aux Etats-Unis via des lobbies financés par le Maroc (le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), think tank républicain (Center for the National Interest, Foreign Policy Research Institute) ;
    – Le financement de lobbies en France (les journalistes Vincent Hervouet, Mireille Duteil, José Garçon, Dominique Lagarde, etc.).
    Au niveau régional
    Les conseillers de Mohammed VI sont derrière :
    – L’idée répandue chez l’opinion publique américaine selon laquelle le Front Polisario aurait des connexions avec le «terrorisme djihadiste. Le journaliste américain Richard Miniter a reçu la faramineuse somme de 60 000 dollars pour un article dans ce sens paru dans The New York Times ;
    – Les faux reportages de Vincent Hervouet sur TF1 et iTélé ;
    – Le recrutement de collaborateurs dans les médias mauritaniens pour dénigrer le Front Polisario et l’Algérie. A leur tête, Abdallahy Ould Mohamedi, directeur du groupe mauritanien Sahara Media ;
    – Le recrutement de Serge Daniel, correspondant de l’AFP et RFI à Bamako pour accuser le mouvement sahraoui d’accointances avec le mouvement de l’Azawad ;
    – L’accusation visant le Front Polisario, selon laquelle il fournirait des combattants pour défendre Kadhafi, et l’Algérie qui mettrait à leur disposition les moyens de transport ;
    – Le recrutement d’un ancien policier sahraoui, Moustpha Selma, pour semer la confusion ;
    – L’accusation proférée contre le mouvement sahraoui qui aurait détourné les aides humanitaires ;
    – L’envoi de centaines de ressortissants marocains en Libye pour rallier Daech et dont le transit se faisait par l’Algérie ;
    – Le financement du terrorisme avec l’argent de la drogue qui provient
    du Maroc (haschich) ou transite par le Maroc (cocaïne provenant d’Amérique latine) ;
    – La formation de 5 000 jeunes Marocains pour mener le cyberterrorisme contre le Polisario et l’Algérie.
    Au niveau international
    Les conseillers de Mohammed VI ont planifié :
    – Le recrutement de journalistes et personnalités qui agissent pour donner une fausse image du Maroc ;
    – La confrontation directe avec les anciens alliés du Maroc : la France, les Etats-Unis, et l’Union européenne ;
    – La confrontation avec l’ONU : attaques contre le secrétaire général de
    l’ONU et son envoyé personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross ;
    – La manipulation de la communauté marocaine en Europe en vue de s’imposer comme allié indispensable dans la lutte contre le terrorisme ;
    – L’encouragement des salafistes marocains à rejoindre les rangs de Daech ;
    – La corruption de fonctionnaires de l’ONU dans le but d’empêcher la rédaction de son rapport accablant sur la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental et dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf ;
    – Les attaques contre les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet pour empêcher leur nouvelle publication sur le roi du Maroc et venger le régime de leurs anciens ouvrages sur le royaume alaouite.
    Au niveau interne
    Les conseillers de Mohammed VI sont les instigateurs des faits suivants :
    – L’entretien à l’intérieur du pays d’une tension de faible intensité mais permanente afin de justifier le maintien du régime en place ;
    – Les représailles contre un certain nombre d’opposants pour faire peur aux autres et les contraindre à rentrer dans les rangs (Rachid Nini, l’historien et journaliste marocain Maâti Monjib, etc.) ;
    – Le harcèlement et la punition des opposants au roi : de nombreux militants du Mouvement 20-Février ont été assassinés. Khalid Gueddar a échappé de justesse à une agression au couteau près de son domicile à Rabat, le local de l’AMDH a été saccagé et cambriolé, l’actrice Loubna Abidar a été lynchée, des étudiants sahraouis ont été agressés dans l’enceinte de l’université ;
    – La barbouzerie : menaces et insultes téléphoniques en pleine nuit,
    intimidations, etc. ;
    – L’élimination de tout soutien à la presse réellement indépendante ;
    – Le travestissement de la vérité avec l’adoption de la mythomanie comme stratégie
    permanente aux niveaux intérieur et extérieur.
    Mohamed Mahamud Embarec
  • Sahara Occidental : 40 ans de tension et des incertitudes (1re partie)

    Par Mostefa Zeghlache 
    Les mois de mars et avril 2016 constituent, pour ce qui est communément appelé la question sahraouie, une étape particulière dans le développement du dossier de décolonisation, datant de 40 ans, du dernier territoire non autonome africain, selon la classification des Nations unies, le Sahara occidental.
    En effet, c’est au début du mois de mars que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a effectué une visite de travail dans la région, la première du genre, qui visait, selon le diplomate, à renforcer l’engagement et exprimer la volonté des Nations unies à s’impliquer davantage dans leur stratégie visant à régler cet épineux problème source de tension permanente dans la région maghrébine, notamment pour les relations algéro-marocaines et qui préoccupe, parfois divise le continent africain, le monde arabe, voire la communauté internationale entière.
    Contrairement à ce qu’il souhaitait, Ban Ki- moon a été empêché par les autorités marocaines de se rendre dans la partie du territoire sahraoui sous occupation marocaine et au Maroc où le roi Mohammed VI se trouvait, comme par hasard, en déplacement. Aussi, sa visite a-t-elle été circonscrite à la portion du territoire sous contrôle du Front Polisario, au camp des réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie, du 5 au 7 mars et à Alger où il avait été reçu par le président algérien, le 6 mars 2016. 
    Lors de son déplacement à Tindouf, le secrétaire général de l’ONU a fait une déclaration faisant ressortir sa profonde désolation pour la situation «humanitaire dramatique» dans laquelle vivent les réfugiés et souligné que «les enfants qui sont nés au début de cette occupation ont désormais 40 ou 50 ans. Soit 40 ans d’une vie difficile…(1) 
    Occupation ! Le «blasphème» a été prononcé ! Et il n’en fallut pas davantage pour que le royaume du Maroc, de Sa Majesté au simple quidam en passant par la classe politique, toutes tendances confondues, pour crier au crime de lèse-majesté et traiter le secrétaire général de l’ONU de tous les mots et tous les maux. 
    Réagissant à cette déclaration, le gouvernement marocain a exprimé «ses vives protestations et dénoncé les dérapages verbaux du Secrétaire général». De même, il a considéré «ces propos inappropriés, politiquement inédits dans les annales de ses prédécesseurs et contraires aux résolutions du Conseil de sécurité». Le communiqué diffusé à l’occasion par l’agence officielle de presse MAP ajoute que le gouvernement «constate avec stupéfaction que le Secrétaire général a utilisé le terme “occupation” pour qualifier le recouvrement par le Maroc de son intégration territoriale…». Il y est ajouté que Ban Ki-moon a évité de parler de «la question des violations massives des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf… et celle du détournement avéré, depuis quatre décennies, de l’aide humanitaire internationale destiné aux populations de ces camps»(2). 
    Après avoir reproché au diplomate onusien d’avoir «insulté le peuple marocain», les autorités marocaines ont organisé, le 13 mars, une marche de protestation massive à Rabat contre le secrétaire général de l’ONU. 
    Le Parlement, réuni en session extraordinaire, a entendu une communication-réquisitoire du chef du gouvernement, A. Benkirane.
    La conviction des autorités marocaines est que le secrétaire général de l’ONU «s’est, malheureusement, laissé instrumentaliser pour donner crédit à des prétentions fallacieuses des autres parties», autrement dit le Polisario et l’Algérie.
    Devant ce tohu-bohu médiatique marocain et sans se désavouer quant à son appréciation de la situation d’occupation du Sahara occidental, le secrétaire général de l’ONU a fait dire par son porte-parole qu’il regrettait que ses propos aient été mal interprétés. Mais pour Rabat, ces propos ne peuvent être assimilés à un simple malentendu. Ils constituent «un acte prémédité qui n’est ni justifiable ni effaçable»(3).
    Sans parti-pris aucun et en toute objectivité, Ban Ki-moon n’a commis aucun impair en parlant d’occupation et n’a pas outrepassé ses prérogatives pour la simple raison que le territoire sahraoui est inscrit sur la liste des territoires non autonomes par l’ONU depuis 1963 et que l’accord de Madrid, qui a permis l’occupation armée de ce territoire par le Maroc et la Mauritanie d’abord en 1975, puis depuis 1979, par le Maroc seul, n’a pas constitué un accord de passation de «pouvoir» avec l’Espagne, mais un simple transfert de gestion administrative. Le Maroc n’a pas la qualité de puissance administrante d’un territoire non autonome. Donc, et dans ce contexte, il ne peut s’agir que d’occupation étrangère. 
    En fait et depuis le départ des Espagnols en février 1976, le Maroc n’a cessé de comptabiliser les malentendus et les tensions tant avec l’Algérie qu’avec l’ONU, en sus des Sahraouis s’identifiant à la RASD et au Front Polisario. Avec l’ONU, le Maroc n’a jamais été en bons termes, y compris lorsque cette institution lui était utile pour compliquer la tâche à l’Espagne coloniale et la pousser vers la porte de sortie. La tension avec le secrétaire général de l’ONU n’est qu’un élément de plus qui contrarie le Palais dans sa «stratégie» expansionniste dans la région qui date d’avant l’indépendance en mars 1956, avec le projet du Grand Maroc si cher à Allel El Fassi, l’ancien leader du parti de l’Istiqlal.
    En tentant bon gré mal gré de faire valoir la légalité internationale sur l’aventurisme nationaliste pour régler une question pour laquelle existe la solution, l’ONU dérange les «plans» du pouvoir marocain qui mise sur la politique du fait accompli avec la complicité de puissances occidentales, à la tête desquelles se trouve la France et l’aide des monarchies arabes autoritaires. Mais après tant d’années de statu quo, on constate une réelle exaspération du Palais à Rabat. 
    Ce qui pousse les dirigeants marocains à agir impulsivement à des évènements qui nécessitent plutôt de la sagesse et de la pondération. Le cas de la Minurso est, à ce titre, édifiant.
    A la suite de la brouille avec le secrétaire général de l’ONU, et sur décision présentée comme «irrévocable», le Maroc a expulsé, le 20 mars, la composante civile (83 personnes, y compris 2 membres de l’Union africaine) de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental ou Minurso. Seule la composante militaire a été maintenue, mais le bureau de liaison militaire de Dakhla a été fermé. Rabat estimait que les «conditions de sa présence (Minurso) dans les provinces sahariennes ont totalement changé par rapport aux années 1990, quand elle était chargée de superviser l’opération d’identification des électeurs qui devaient participer au référendum»(4).
    Dans ce contexte, il faut rappeler que la Minurso est une mission de maintien de la paix des Nations unies dont le quartier général se trouve à Laâyoune, en territoire sous occupation marocaine. Elle a été créée le 29 avril 1991 par la résolution 690 du Conseil de sécurité. Son mandat se résume en la surveillance du cessez-le-feu, l’identification des électeurs sahraouis et principalement l’organisation du référendum. 
    Elle a été créée à la suite de l’accord du Maroc et du Polisario, le 30 août 1988, sur les propositions de règlement du conflit et l’approbation du Conseil de sécurité du plan de règlement. Si jusqu’à ce jour, le cessez-le-feu a été observé par les protagonistes, on ne peut en dire autant de l’organisation du référendum d’autodétermination qui n’a pas eu lieu.
    Pourquoi les autorités marocaines ont-elles pris un pari que tout le monde savait perdu d’avance et qui pouvait les discréditer, sachant pertinemment que les Nations unies n’auraient jamais entériné un précédant qui risquait, non seulement d’annihiler les efforts de règlement du conflit, mais surtout de faire tache d’huile quant au sort d’autres forces onusiennes de maintien de la paix, notamment en Afrique ? 
    En fait Rabat ne veut plus entendre parler de référendum d’autodétermination et encore moins d’indépendance, surtout depuis 2007, lorsque le projet marocain d’autonomie a vu le jour. Donc, l’appellation même de Mission pour le référendum est devenue intenable pour le régime marocain. 
    De son côté, le Polisario qui soutient la présence de la mission onusienne tente d’utiliser les pressions des pays amis, en tête l’Algérie, et la société civile, notamment européenne et américaine, pour mettre à nu les atteintes aux droits de l’Homme commises par les forces de sécurité marocaines à l’encontre des nationalistes sahraouis résidents des territoires occupés afin que l’ONU ajoute aux missions initiales de la Minurso celle de la supervision des droits de l’Homme. Eventualité dont ne veut à aucun prix Rabat qui a rejeté le plan de paix en juillet 2003, dit plan Baker II, pourtant accepté par le Front Polisario et l’Algérie. 
    Référendum, droits de l’Homme et tension avec le secrétaire général sont à l’origine de la décision impulsive de Rabat d’expulser des membres civils de la Minurso.
    Cette décision sera critiquée et même rejetée tant par le rapport annuel du secrétaire général de l’ONU (S/2016/355) présenté le 19 avril 2016 au Conseil de sécurité, que par la résolution 2285 du 29 avril 2016 du Conseil de sécurité qui rétablit la Minurso dans la plénitude de ses missions, au grand dam de Rabat. Que dit en substance le rapport du secrétaire général de l’ONU ?
    Les parties ont une interprétation divergente du mandat de la Minurso.
    Le Maroc considère que le Sahara occidental fait déjà partie du royaume et que seule son initiative d’autonomie est la base de négociations. Il demande que l’Algérie soit partie aux négociations. Le Front Polisario, au contraire, estime que le statut du Sahara occidental reste à déterminer à travers un référendum avec l’indépendance pour option.
    Pour sa part, l’Algérie rappelle qu’elle n’a pas de prétentions territoriales ou économiques, qu’elle n’est pas partie au conflit, refuse la bi-latéralisation du conflit avec le Maroc et s’engage à respecter toute solution acceptée par le Polisario. 
    Le risque de rupture du cessez-le-feu et la reprise des hostilités avec la probabilité d’un conflit armé à grande échelle pourraient être favorisés par un départ forcé éventuel de la Minurso.
    Le rapport recommande la prolongation du mandat d’un an de la Mission.
    Si le Front Polisario a salué l’objectivité du rapport, du côté marocain, on estime que «c’est le pire rapport d’un secrétaire général de l’ONU concernant l’affaire du Sahara… Le moins qu’on puisse dire est que le rapport est partial, voire explosif»(5).
    Qu’en est-il du Conseil de sécurité appelé à se prononcer à l’issue de ce rapport ? La résolution 2285 du 29 avril a décidé la prorogation du mandat de la Minurso jusqu’au 30 avril 2017 avec plénitude de ses fonctions et demandé au secrétaire général de l’ONU de lui faire rapport à ce sujet dans un délai de 90 jours. Si ce retour ne s’effectue pas comme convenu, le Conseil se réserve le droit d’«examiner les meilleurs moyens de parvenir à cet objectif». 
    De même, le Conseil demande aux parties de poursuivre les négociations, sous l’égide du secrétaire général, «sans conditions préalables et de bonne foi… en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental»(6).
    Comme on peut le relever, et malgré le travail de sape de la France et de ses alliés comme le Sénégal qui ont atténué de la vigueur du projet initial de résolution américain, le Conseil se réfère toujours au principe de l’autodétermination comme solution au conflit et parle de peuple du Sahara occidental et non pas, comme c’est le cas dans la littérature politique marocaine, de «citoyens marocains des provinces marocaines du Sud». Est-ce pour autant une victoire pour la cause sahraouie ? Rien n’est moins certain et le chemin pour ce faire reste long et pénible.
    A l’issue de l’adoption de la résolution, le ministère marocain, qui focalise ses critiques sur la personne du secrétaire général de l’ONU, a publié un communiqué se limitant à «prendre note de la résolution… au sujet de la question du Sahara marocain… qui réaffirme les paramètres de la solution politique, tels que définis par le Conseil depuis 2004 et précisés, en termes opérationnels, en 2007». Le ministère considère qu’il s’agit là d’un «revers cinglant pour toutes les manœuvres du Secrétaire général de l’ONU…»(7). 
    Pour sa part, le représentant du Polisario à l’ONU estime qu’il s’agit «d’une victoire symbolique significative pour le Front Polisario. Elle constitue un pas dans la bonne direction»(8).
    De son côté, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué prenant note de la résolution… et exhorte les deux parties au conflit ainsi que tous les acteurs internationaux intéressés à contribuer effectivement à la mise en œuvre de cette résolution(9). En fin de compte, les autorités marocaines sont désavouées par le Conseil de sécurité et obligées, sauf attitude suicidaire contraire, de faire marche arrière dans moins de 90 jours. Cette année, les débats au Conseil de sécurité ont été tendus. Pour preuve, le vote de la résolution qui, d’habitude, s’effectuait à l’unanimité a révélé les divisions qui minent le Conseil au sujet du Sahara occidental.
    Pour sa part, la Russie a surpris le Maroc par son abstention. En effet, au mois de mars, le roi Mohammed VI avait effectué une visite officielle en Russie pour faire miroiter à ses dirigeants la possibilité de contrats commerciaux juteux contre un appui délibéré à sa thèse sur le conflit. Il n’en fut rien. 
    De même, les États-Unis, initiateurs du projet de résolution, avaient présenté une première mouture très sévère en raison de l’attitude marocaine avec la Minurso. Ce qui a irrité Rabat qui n’a pas hésité à le faire savoir dans un communiqué qui rappelle à l’Oncle Sam que ses intérêts stratégiques dans la région se trouveraient plutôt au Maroc. Là aussi, l’espoir marocain a buté sur la réalité. 
    Par ailleurs, rien n’a empêché le département d’Etat américain de publier, le 13 avril, un rapport accablant sur les atteintes aux droits de l’Homme au Maroc en 2015. De même qu’il faut garder à l’esprit l’intention américaine déclarée en avril 2013 en Conseil de sécurité de proposer une résolution portant extension de la mission de la Minurso à la supervision des droits de l’Homme au Sahara occidental. L’initiative américaine a échoué principalement en raison du soutien français au Maroc. L’irritation des autorités marocaines avait entraîné l’annulation de l’exercice militaire annuel avec les Etats-Unis prévu alors pour le 10 avril 2013. 
    Le Maroc tient l’«audace politique» qui l’a poussé jusqu’à défier les Nations unies du soutien de certaines puissances occidentales qui ont «parasité» les efforts du Conseil de sécurité et des monarchies arabes du Golfe.
    En effet, le plus surprenant dans le contexte vient des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), notamment l’Arabie Saoudite. La connivence entre les monarchies du Golfe et marocaine se conçoit dans une sorte de logique intrinsèque et structurelle, elle-même renforcée par leur alignement systématique sur l’Occident capitaliste durant la période de bipolarisation Est-Ouest du monde. Depuis l’émergence de la question sahraouie, l’alignement de ces monarchies sur la position marocaine a été constant mais relativement discret pour ne pas trop heurter l’Algérie. Mais ces dernières années, le soutien de ces pays à l’annexion marocaine du territoire sahraoui, par la force, ne souffre aucune équivoque. Néanmoins, cette «sympathie» réciproque entre monarchies arabes n’est pas dénuée d’intérêt.
    Il faut rappeler qu’à l’issue du sommet de 2011, le CCG avait annoncé un projet d’ouverture de cette alliance au Maroc et à la Jordanie, deux autres monarchies arabes. De plus, les flux de dollars sous forme d’aide ou d’investissements ne tarissent pas en direction de Rabat. Certaines sources(10) parlent notamment de l’octroi saoudien de 22 milliards de dollars au Maroc pour le financement d’un vaste projet industriel militaire. L’objectif poursuivi serait de «rétablir l’équilibre stratégique avec l’Algérie dont les dépenses militaires ont dépassé 13 milliards de dollars en 2015»(11). De plus, le nouvel ambassadeur saoudien à Rabat a annoncé récemment que son pays avait l’intention d’investir au Sahara occidental.
    De son côté, le Maroc est, avec l’Égypte du général Sissi, un important pourvoyeur de chair à canon à l’aventurisme armé du CCG, notamment au Yémen.
    Dans ce contexte, les rencontres au plus haut niveau se succèdent. Elles ont été couronnées par le sommet qui a réuni, à Riyad, le 20 avril 2016, Mohammed VI et les dirigeants du Conseil.
    Ce fut une occasion rêvée pour le monarque marocain de vilipender le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies qui aurait été «instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant son Sahara». Le communiqué du sommet, selon les médias marocains, indique que «les dirigeants du CCG ont réitéré leur soutien à l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc comme fondement de solution à ce différend régional artificiel»(12).
    Pour sa part la chaîne de télévision Al Arabiya, propriété de la famille royale saoudienne, rapporte que le souverain saoudien a déclaré que «les pays du Golfe sont solidaires avec le Maroc, notamment en ce qui concerne la question du Sahara».
    Enfin, signalons que le roi Mohammed VI a saisi cette «opportunité» pour «remercier ses donateurs pour le soutien matériel et moral» ajoutant que «la sécurité du Golfe et du Maroc est une et indivisible»(13). Cette «générosité» n’est cependant pas gratuite.
    Allié idéal, contrairement à l’Algérie, le Maroc s’est montré disponible et n’a pas hésité à envoyer ses troupes guerroyer contre les Houthis yéménites, dans le cadre d’une coalition armée constituée, menée par l’Arabie Saoudite et enlisée au Yémen depuis mars 2015. De même qu’il a adhéré à cette fantomatique coalition de 34 pays musulmans formée toujours par la monarchie saoudite, en décembre de la même année, pour «lutter contre le terrorisme».
    Par contre les relations entre Alger et Riyad ne sont pas au beau fixe. L’Algérie refuse que ses troupes participent à une action armée hors des frontières nationales et se défend, par conséquent, de faire partie d’une coalition militaire. Ce que Riyad fait semblant de ne pas comprendre. De plus, la chute drastique des prix du brut depuis mi-2014, provoquée essentiellement par l’Arabie Saoudite, est très mal perçue à Alger dont les recettes budgétaires dépendent pour une large part des hydrocarbures. Depuis, les relations bilatérales sont tendues et la visite de l’envoyé spécial du président algérien, le ministre d’Etat, Tayeb Belaïz, à Riyad au début du mois d’avril 2016, n’a pas permis de les améliorer. Les pays du Golfe entendent-ils faire payer à Alger le prix de son indépendance ? Cela semble être la véritable raison de la brouille. La complexité du conflit du Sahara occidental serait-elle une des conséquences de la tension entre Rabat et Alger ?
    D’abord, rappelons que cette tension n’est pas la conséquence de l’irruption du conflit du Sahara occidental, elle lui est antérieure. De plus, le Maroc considère que la question sahraouie, depuis la «récupération des provinces du Sud», ne relève pas d’un processus de la décolonisation d’un territoire non autonome, mais d’une crise créée par l’Algérie et que le conflit n’oppose pas le Maroc aux Sahraouis, mais à l’Algérie. Ce que récusent Alger et le Front Polisario, à l’évidence.
    M. Z. 
    (A suivre)
    Biblio-Web-graphie
    1- http://www.tsa-algerie.com «Le Maroc fait reculer Ban Ki Moon» 29.03.2016
    2- http://www.tsa-algerie.com «Maroc : manifestations d’ampleur contre Ban Ki- moon» par Rafik Aiouaz- 13.03.2016
    3- http://www.tsa-algerie.com «Le Maroc rejette les regrets de Ban Ki-moon» 29.03.
    4- http://www.lesafriques.com/actualite/ Sahara : l’inacceptable élargissement de la mission de la Minurso» Par Jawad Kerdoudj président de l’I.M.R.I -23.04.2016
    5- -http://www.maghress.com/fr/liberation «le rapport de Ban Ki-moon sur le Sahara met à nu un parti-pris flagrant»- 21-04-2016
    6-http ://www.lopinion.ma/def/asp ? codelangue=23info «résolution du Conseil de sécurité sur la question du Sahara» par Jamal Hajjam- 01-05-2016
    7- http://Int.ma/minurso-le-maroc-se-declare-satisfait-de-la-decision-onusienne
    8-http:// www.tsa-algerie.com/20160429/contres abstentions a dit quoi au Conseil de sécurité.
    9- http://www.mae.gov.dz/news article/4017.aspx Communiqué du ministère des Affaires étrangères sur la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental
    10-http://www.tsa-algerie.com «l’inquiétude implication de l’Arabie Saoudite dans le conflit au Sahara occidental» 9.3.2016 Par Yacine Babouche.
    11-http://polisario-confidentiel.com/1462 le sommet Maroc-CCG inquiéte Alger-plus que le polisario.html
    12-http://aujourdhui.ma/actualite/Sahara marocain – les monarchies du Golfe réitérent leur soutien.
    13-http://www.algeriepatriotique.com/article/le CCG et le Maroc créent un syndicat des monarchies et se liguent contre le peuple sahraoui.
  • Sit-in des sahraouis de Mhairiz occupé; l’occupant marocain continue de priver les sahraouis de leur terre

    Des sahraouis qui vivent dans la province de Mhairiz occupée, une ville dans l’extrême sud du Sahara Occidental sous occupation marocaine, entament ces jours-ci un sit-in pour dénoncer le vol de leur terre et sa confiscation en faveur des colons marocains.
    “Je suis native de cette région, divorcée et moi et mes petits enfants, nous n’avons aucun abri” disait Salma, l’une des protestants sahraouis “on n’a jamais bénéficié d’un logement, ni un bout de terre sur lequel je peux construire une maison. Notre terre est confisquée et donnée à des marocains qui n’ont jamais entendu par Mhairiz jusqu’au moment où ils ont été apportés par le Makhzen pour peupler notre terre” s’indignait-elle dans un témoignage poignant avant que le ton de sa voix soulève en signe de protestation “à chaque moment où je tape sur la porte d’un responsable, il refuse de m’accueillir. Je suis sahraouie et, en sus, je suis pauvre; deux motifs suffisants pour me chasser en dehors” 
    Mohamed, de sa part, accuse les autorités marocaines d’emmener une campagne systématique d’ecxclusion et de pratiques racistes à l’encontre des sahraouis. Originaire de cette région et face à l’abominable, il se sent l’avanie et l’humiliation après avoir gaspillé de multiples efforts en vu d’avoir un emploi et logement. Des droits que les autorités marocaines offrent aux colons marocains jouissant des avantages socio-économiques alors que le peuple sahraoui patauge dans une paupérisation qui frise l’insulte. 
    A. Khalil