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  • Adieu le révolutionnaire

    Décès du président Sahraoui Mohamed Abdelaziz
    Adieu le révolutionnaire
    1 Juin 2016
    Le secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique, Mohamed Abdelaziz, est décédé hier mardi 31 mai 2016 à l’âge de 68 ans, des suites d’une longue maladie, a rapporté l’agence officielle sahraouie, Sahara Presse Service.
    L’annonce en a été faite hier par le Secrétariat national sahraoui qui a décrété un deuil national de 40 jours. Sahara Presse Service informe, qu’en vertu de l’article 49 de la loi, le président du Conseil sahraoui devrait remplacer Mohamed Abdelaziz président de la RASD et SG du Front Polisario jusqu’à l’élection, au terme de 40 jours, d’un nouveau président lors d’une assemblée extraordinaire. 
    Ce n’est pas seulement le peuple sahraoui qui a perdu l’un de ses fils, mais bien toute une cause qui se retrouve orpheline : celle de la libération d’une patrie. En effet, le défunt Mohamed Abdelaziz avait consacré sa vie, son âme, tous ses espoirs pour voir son pays, le Sahara occidental, libéré du joug du colonialisme marocain. Mais malheureusement il partira avant. 
    L’espoir néanmoins demeure, car il a laissé derrière lui, un peuple conscient, instruit et profondément patriotique. Mohamed Abdelaziz a été réélu lors de la dernière élection de 2015 au cours du 14e congrès du Front Polisario, dont il étaitl’un des membres fondateurs. 
    C’est d’ailleurs lors de la création du Front Polisario, le 10 mai 1973, qu’il a été élu membre du bureau politique avant d’être désigné Secrétaire général de cette instance. Mais son combat pour la libération se concrétisera sur le terrain en devenant président du Conseil de la direction de la révolution en 1976 après le décès du martyr El-Ouali Moustapha Sayed. 
    Le défunt avait également occupé plusieurs hautes fonctions au sein de l’Armée populaire de libération sahraouie, où il a participé à plusieurs batailles contre le colonialisme marocain. Il a été élu président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en octobre 1982, et réélu à ses fonctions en 1985, 1989, 1991, 1999, 2003 et 2007. Il a été élu vice-président de l’OUA en 1985, puis de l’Union africaine en 20026.
    Le parcours militant de Mohamed Abdelaziz est exemplaire, tel « le Che », il a su rassembler son peuple autour d’une cause commune, celle de la libération de leur mère-patrie. Il a également réussi à faire parler de la cause sahraouie dans les plus grandes organisations internationales et y mener des débats et des pourparlers. 
    Il a su également passer, avec beaucoup de brio, à travers les entraves machiavéliques du makhzen. Grâce à tout ce qu’il a entrepris et réalisé pour son peuple durant 40 ans, il a été remercié et honoré par plusieurs organisations internationales, des universités américaines, espagnoles et italiennes. Car revendiquer la liberté, la dignité pour tout un peuple, c’est ce qui est de plus humain et humble. Adieu le révolutionnaire.
    Par : KAHINA HAMMOUDI
  • 40 ans de combat pour la liberté

    Le parcours du défunt est long, et même très long, puisqu’il remonte à la création du Front Polisario (Front de libération du Sahara occidental) depuis sa création le 10 mai 1973. Un moment historique contrarié par l’invasion marocaine deux années plus tard, en novembre 1975.

    Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario est décédé des suites d’une longue maladie, a annoncé hier l’ambassade de la RASD à Alger. Mohamed Abdelaziz, qui a succédé à El Ouali Mustapha Sayyed, mort au combat en 1976, ne pourra donc pas poursuivre la lutte du peuple sahraoui, qui dure depuis près d’un demi-siècle, pour le recouvrement de ses droits nationaux.
    Toutefois, le parcours du défunt est long, et même très long, puisqu’il remonte à la création du Front Polisario (Front de libération du Sahara occidental) depuis sa création le 10 mai 1973. Un moment historique contrarié par l’invasion marocaine deux années plus tard, soit en novembre 1975. C’est donc le début de la lutte armée contre le nouvel occupant, une phase soutenue par l’écrasante majorité des pays de la planète, s’agissant d’une question de justice, qui plus est soutenue par l’ONU, qui avait inscrit le Sahara occidental sur sa liste des pays et territoires non autonomes.
    L’ONU n’a jamais renié ses positions, puisqu’à travers le processus de paix qu’elle parrainera, toutes ses résolutions auront pour référents les appels rappelant avec force qu’il s’agit d’une question de décolonisation. Mohamed Abdelaziz a bien dirigé la lutte armée de son peuple, mais il n’en a par contre jamais fait une fin en soi. Il a siégé par conséquent à la table des négociations avec la puissance d’occupation, jusqu’à la conclusion d’un accord de paix en 1990.
    Ce fut un succès majeur pour le peuple sahraoui dont l’Etat est reconnu internationalement, la RASD étant par ailleurs membre fondateur de l’Union africaine (UA) en 1999. C’est cet accord conclu après d’âpres négociations entre le Maroc et le Front Polisario qui sera ensuite endossé par l’ONU une année plus tard, devenant même le sien. Le Maroc reconnaissait donc le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, et donc le choix entre l’indépendance totale et le rattachement au Maroc.
    Une phase décisive contrariée par le refus du Maroc d’appliquer le plan en question. C’est là justement qu’apparaît le leadership du défunt Mohamed Abdelaziz, qui a fait preuve à la fois d’intransigeance et de souplesse. Pas question de renoncer aux droits nationaux du peuple sahraoui, mais sans abandonner la voie diplomatique. Il fallait, laissait-il entendre, épuiser tous les moyens, et on se rend compte de quelle manière, la question sahraouie est sortie de l’oubli et que désormais elle s’impose d’elle-même.
    On a vu dernièrement comment avait réagi la Cour de justice européenne ne s’opposant pas par ailleurs à la démarche entreprise auprès d’elle par le Front Polisario. Ou encore, la décision américaine d’exclure les territoires sahraouis de la zone de libre-échange Etats-Unis-Maroc. Une gifle pour ce dernier, qui a déployé des moyens considérables pour faire entériner son occupation du Sahara occidental. Plus que cela, la défaite marocaine est totale pour n’avoir pu faire des Sahraouis de bons sujets.
    Lors des négociations Maroc-Front Polisario entamées à Londres en 1997, tout a été dit avec une extrême précision et l’ONU en prendra acte lors d’un vote du Conseil de sécurité en 1995, déjouant une manœuvre marocaine en vue d’élargir le corps électoral sahraoui. La boucle est ainsi bouclée, et elle le sera encore plus avec la situation dans les territoires occupés où, constate-t-on, le sentiment indépendantiste n’a jamais été aussi fort. Ce sont ces périodes-là que le défunt leader sahraoui a dirigées ou encouragées. Un parcours remarquable avec une internationalisation de fait de la question du Sahara occidental.

    http://www.elwatan.com/-00-00-0000-322140_108.php

  • Une délégation du Congrès américain en visite de cinq jours aux camps de réfugiés sahraouis

    Une délégation du Congrès américain effectue à partir d’hier une visite de cinq jours aux camps des réfugiés sahraouis, a-t-on appris lundi auprès des organisateurs.
    La délégation américaine comprend plusieurs conseillers des Congres- men démocrates et républicains, membres de la Chambre des Représentants et du Sénat, selon l’ONG américaine, Defence Forum Foundation, l’organisatrice de cette visite.
    Il s’agit de la deuxième visite de représentants du parlement américain aux camps des réfugiés sahraouis. La première a été organisée mi-janvier 2016 pour soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et exprimer le refus de la politique de colonisation menée par le Maroc. Cette visite de soutien au peuple sahraoui intervient, alors que les Nations unies sont toujours en attente du rétablissement de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (MINURSO), dont la composante civile a été démantelée par le Maroc par des mesures de rétorsion dénoncées par la communauté internationale. En mars dernier, la commission des droits de l’homme, Tom Lantos, du Congrès américain a tenu une audition sur le Sahara occidental qui a constitué un véritable procès contre la politique du Maroc dans les territoires sahraouis occupés. Le Maroc avait alors accentué son travail de lobbying pour empêcher de porter ce débat au sein de cette institution importante qui exerce une grande influence sur la vie politique américaine.
    L’audition en elle-même a été un exploit car elle a réussi à rallier plusieurs membres du Congrès, des ONG et des organismes internationaux à la cause sahraouie. De même, la société civile américaine représentée par des ONG s’est mobilisée dernièrement pour dénoncer les violations quotidiennes des droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc.
    Début mars, la Fondation Kennedy a recensé ces violations dans un rapport documenté qui a révélé de graves exactions commises par les forces de sécurité marocaines contre la population sahraouie entre juillet et décembre 2015.
  • LE LION D’ES SMARA NOUS QUITTE

    Le leader révolutionnaire Mohamed Abdelaziz, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, est décédé à l’âge de 68 ans des suites d’une longue maladie. C’est ce qu’a annoncé, hier, la direction du mouvement de libération du Sahara occidental sous occupation marocaine depuis 41 ans.
    Le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, a décrété un deuil national de huit jours à travers le territoire national tandis que le Polisario a décrété un deuil de 40 jours à la mémoire de son leader. 
    Infatigable combattant, le défunt est né en 1948 à Smara, où il a effectué ses études primaires puis secondaires avant de décrocher un diplôme en médecine. 
    Il s’est engagé dès les premières années de la lutte du parti de la « Saguia el Hamra et Rio de Oro », créé en 1965, contre d’abord le colon espagnol puis l’occupant marocain en 1965. 
    Il était membre fondateur du Front Polisario et élu au bureau politique du Front lors de son congrès fondateur du 10 mai 1973. Mohamed Abdelaziz était un chef militaire au front, au côté des combattants du mouvement, jusqu’à son élection suite à l’assassinat d’El-Ouali Mustapha Erraqibi (membre fondateur du Front Polisario et son secrétaire général, le 9 Juin 1976) dans une opération menée par l’armée mauritanienne. 
    Lors du 3e congrès du Front Polisario (août 1976) Mohamed Abdelaziz fut désigné secrétaire général du Front et président du Conseil du commandement de la Révolution. 
    En octobre 1976, lors du 5e congrès, il fut également désigné président de la RASD. Il est réélu à ce poste depuis cette date à ce jour. Pour les Sahraouis, il était le symbole de tout un peuple dans la lutte contre le colonialisme marocain. Il était commandant de région militaire jusqu’en 1976.
    À la suite de la mort de El-Ouali Mustapha Sayed, il est élu secrétaire général du Front Polisario et président du Conseil de commandement de la révolution en août 1976. Il a été élu président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en octobre 1982, et réélu à ses fonctions en 1985, 1989, 1991, 1999, 2003 et 2007. 
    Il a été élu vice-président de l’OUA en 1985, puis de l’Union africaine en 2002. A cause de sa maladie, Mohamed Abdelaziz, 68 ans, s’est éloigné de la scène politique depuis plusieurs mois. Le secrétariat général du Front, basé dans les camps de Tindouf, a décrété un deuil national de 40 jours. 
    Selon le règlement interne du Polisario, l’intérim sera assuré par le président du Conseil national du Front, Khatri Addouh, dans l’attente de l’organisation d’un congrès extraordinaire qui désignera le futur chef de cette entité qui revendique l’indépendance du Sahara occidental. 
    Le Président du conseil sahraoui devrait remplacer le défunt au poste de président de la RASD et de SG du Front Polisario jusqu’à l’élection, au bout de ces 40 jours, d’un nouveau président dans une assemblée extraordinaire. 
    Lors du Conseil des ministres, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a entamé la séance par l’observation d’une minute de silence et lecture de la Fatiha du Saint Coran, à la mémoire du défunt président sahraoui. Mohamed Abdelaziz a milité aussi en faveur d’un règlement politique du plus vieux conflit en Afrique qui oppose son pays au Maroc depuis 1975. 
    Le Maroc et le Front Polisario ont conclu un cessez-le-feu en 1991 suivi de négociations qui ont conduit à la signature des accords de Houston (Etats-Unis). Ces accords prévoient la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, qui a été ensuite renié par l’occupant marocain.
    Face aux faux-fuyants du Maroc, appuyé dans sa politique coloniale notamment par la France et Israël, il avait mis en garde en avril dernier l’ONU d’un risque de reprise des combats pour la libération de son pays si la mission des Nations unies dans ce territoire (MINURSO) ne pouvait pas assumer pleinement son mandat La MINURSO déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu au Sahara occidental en attendant que soit défini le statut de ce territoire, (ex-colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975). 
    Dans une lettre adressée au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, Mohamed Abdelaziz précisait que « le peuple sahraoui sera alors de nouveau contraint de défendre ses droits par tous les moyens légitimes, y compris la lutte armée qui est légalisée par l’ONU pour tous les peuples colonisés ». 
    Lors d’une tournée dans la région début mars dernier, Ban Ki-moon a fortement irrité Rabat en parlant d’occupation, alors que le Maroc considère le Sahara occidental comme partie intégrante du royaume. 
    En représailles, le Maroc a expulsé la quasi-totalité des experts civils expatriés de la MINURSO et fait fermer un bureau de liaison militaire.
  • Les Américains plus forts que Ban

    par Moncef Wafi
    Le poids de Washington sera-t-il plus fort que celui de Ban Ki-moon ? Tout porte à le croire. Et les derniers événements de la crise sahraouie le prouvent avec l’avant-projet de résolution présenté par les Etats-Unis au Conseil de sécurité, fin avril dernier. Un texte, dit-on, loin d’être favorable aux intérêts du Maroc. Les Américains ont insisté sur le retour immédiat des éléments de la composante civile et politique de la Minurso expulsés par le Maroc en mars alors que le Conseil de sécurité avait renvoyé Ban et Rabat dos à dos sur cette question. C’est dans cette logique qu’une délégation du Congrès américain, démocrates et républicains, effectue depuis hier une visite de cinq jours, la deuxième, aux camps des réfugiés sahraouis. La présence des représentants du Parlement américain a pour objectif de soutenir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et exprimer le refus de la politique de colonisation menée par le Maroc, selon l’ONG américaine, Defense Forum Foundation, l’organisatrice de cette initiative. 
    La réaction américaine, vécue comme un véritable camouflet par les Marocains, exhume l’option de l’autodétermination, l’avant-projet américain précisant que la principale mission onusienne est d’abord l’organisation du référendum au Sahara occidental et non pas uniquement la surveillance du cessez-le-feu de septembre 1991 entre le Maroc et le Polisario. Cette visite, mais aussi la position américaine, est l’aveu d’un échec consommé des Marocains qui se sont engagés dans une guerre de lobbying dans les couloirs onusiens et des institutions américaines. Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, Rabat n’a pas réhabilité la Minurso dans ses effectifs civils imposant au reste du monde un statu quo de fait. La présence des congressmen consacre encore une fois l’énorme travail accompli par les ONG américaines qui ont été à l’avant-garde du combat pour les droits de l’homme dans les territoires occupés. La fondation Kennedy, qui fait partie de ces organisations, avait recensé ces violations dans un rapport documenté sur les dépassements des forces de sécurité marocaines contre la population sahraouie entre juillet et décembre 2015. Un engagement citoyen qui contraste singulièrement avec le travail du Commissariat onusien pour les droits de l’homme lourdement noyauté et corrompu par les Marocains. 
    Les révélations sur cette affaire renseignent sur l’inefficacité d’un organisme censé défendre les civils sahraouis. De là à dénigrer le travail de l’ONU ? Ban Ki-moon aura eu au moins le mérite d’être le dynamiteur d’une situation ankylosée par des années d’un silence international complice des exactions marocaines.
  • Le monde se referme : la carte des murs aux frontières

    Mur à la frontière mexicaine au coeur des débats de la présidentielle américaine, multiplication des barrières anti-migrants en Europe… Les murs, barrières ou clôtures pullulent depuis quelques années : cartographie de la fortification des frontières, et analyse d’un monde de plus en plus fermé.

    65 murs construits et planifiés, soit 40.000 km de long, ou la circonférence de la terre
    Circulez dans cette carte qui représente les murs construits et utilisés aujourd’hui, survolez ou cliquez sur les pays pour obtenir des informations concernant les dates de construction des murs, les principales raisons invoquées et les éventuels autres murs prévus par pays :

    Source : Elisabeth Vallet, Chaire Raoul-Dandurand, Université du Quebec, Montréal, AFP, RFI, Courrier international, Wikipedia. NB : les tracés ne reflètent pas la longueur ou la localisation précise des murs et barrières, mais indiquent les frontières concernées. Cliquez ici pour voir la carte en grand

    « On assiste à un phénomène de refermeture des frontières, depuis deux décennies », qui s’est accéléré ces derniers mois, notamment en Europe, analyse Elisabeth Vallet, interrogée par Thierry Garcin dans « Les Enjeux internationaux« . « Le barbelé est un produit très en demande en ce moment ». Les matériaux (béton, électrification, sable…), les dispositifs (miradors, clôture discontinue ou non, quartiers séparés, forces militaires, technologie biométrique…), donc les coûts, les objectifs (lutte contre l’immigration, la contrebande, raisons de sécurité ou contentieux territorial…) et l’efficacité des différents murs sont particulièrement contrastés d’un pays à l’autre. Mais toutes ces fortifications signalent un même phénomène : une logique de fortification de la frontière. Alors que les « vieux murs » servaient à éviter que les conflits ne dégénèrent (Chypre, Inde / Pakistan, les deux Corées…), aujourd’hui, il s’agit de blinder la frontière, d’en faire une « sur-frontière ».
    A écouter : « Israël derrière ses murs« , Le Magazine de la rédaction, 4 mai 2012
    La moitié des murs actuels ont été construits après 2010, et encore la moitié de plus sont planifiés
    Circulez dans la carte, survolez ou cliquez sur les frontières pour obtenir des informations sur les pays en jeu (le pays initiateur est indiqué en premier), zoomez et dézoomez avec le bouton +/- :

    _Source : Elisabeth Vallet, Chaire Raoul-Dandurand, Université du Quebec, Montréal, AFP, RFI, Courrier international, Wikipedia_.Cliquez ici pour voir la carte en grand

    Elisabeth Vallet identifie quatre principaux problèmes, paradoxes ou apories, causés par les murs :
    Les murs ne servent à rien car ils induisent des logiques de transgression. On a dénombré 150 tunnels sous la frontière mexicano-américaine. Les trafiquants contournent les murs et barrières par la mer avec des sous-marins ou par les airs avec des drones… Ces stratégies de contournement sont multiples, de plus en plus sophistiquées et dangereuses à mesure que les murs se renforcent. 
    Les murs viennent fracturer une zone transfrontalière, donc déstructurer une économie locale.
    Alors que les passages de frontières pouvaient être pendulaires, saisonniers, temporaires – on pouvait revenir en arrière, retourner dans son pays d’origine, ces murs empêchent paradoxalement ceux qui les ont franchis de ressortir du pays où ils sont indésirables. 
    Les murs « invitent les mafias à la table de la frontière ». On ne peut plus franchir un mur sans faire appel à des structures criminelles, et de plus en plus criminalisées. Un problème plus grave que celui qu’on avait à l’origine est ainsi créé. 
    Ecoutez trois émission des Enjeux internationaux consacrées aux murs : 
    « Frontières. La multiplication des murs et autres barrières dans le monde« , 31 mai 2016, avec Elisabeth Vallet : Ces murs ont des justifications, des fonctions, des efficacités très diverses. Ils illustrent bien le fait qu’on est loin de l’idéologie des années 80 selon laquelle il n’y a plus de souveraineté, plus d’État, plus de frontières, et que tout serait devenu interactions entre partenaires gentiment mondialisés :
    « Frontières. La multiplication des barrières et lignes de séparation dans le monde« , 11 mars 2015, avec Stéphane Rosière, professeur à l’université de Reims : Qu’il s’agisse de clôture, de grille, de ghetto, de zones de non-droit, de no man’s land , de zones démilitarisées (entre les deux Corée), etc. Discontinues ou non, urbaines ou non, pourquoi pullulent-elles ?
  • La question du Sahara Occidental s’invite à la table des discussions

    Hocine Adryen
    Le désaccord entre l’Algérie et la France sur la sortie de crise au Sahara occidental persiste à cause du soutien que la France apporte au Maroc et à son plan d’autonomie.
    Les Algériens ont introduit la question du Sahara occidental dans la première rencontre algéro-française sur la sécurité organisée hier à Alger, la première du genre depuis le réchauffement des relations bilatérales entamées en 2012 et l’arrivée de François Hollande à l’Élysée. 
    Les travaux de cette réunion, qui se sont déroulés au siège du ministère des Affaires étrangères, ont été co-présidés par le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, et l’ambassadeur Didier Le Bret, coordonnateur national du renseignement auprès de la présidence de la République française, ont porté , outre la question du Sahara occidental, sur la situation en Libye, en Tunisie et au Sahel. 
    La lutte contre le terrorisme et le renforcement de la coopération dans ce domaine, à travers notamment l’échange d’expériences, ont été également abordés : « C’est la première session de ce dialogue à ce niveau avec la participation d’experts des deux pays et cela fait partie du souci partagé de combler un certain vide et un manque de dialogue sur des questions sensibles », a relevé Messahel, précisant que « le manque de dialogue nous entraîne vers des malentendus ». 
    Pour le ministre, la réunion « est un exercice très utile » qui va se poursuivre avec les Français et d’autres partenaires pour la stabilité de la région. « Nous aurons certainement d’autres occasions pour continuer ce que nous venons de commencer ensemble dans ce segment qui manquait au partenariat qui est dense entre nos deux pays », a-t-il dit. 
    Pour sa part, M. Le Bret a indiqué que cette réunion a été l’occasion d’engager des consultations sur des sujets qui concernent les deux pays, comme la lutte contre le terrorisme et la prévention contre la radicalisation : « C’est un dialogue que nous avons conduit avec l’ensemble des administrations concernées comme la Défense, les Affaires étrangères et les Services de renseignements pour pouvoir ensemble faire que nos efforts convergent sur toutes les questions qui sont aujourd’hui des préoccupations majeures, qu’il s’agisse de la Libye ou du nord du Mali », a-t-il déclaré, prenant soin d’éviter de parler de la question du Sahara occidental où la France appuie depuis longtemps sans réserve la position marocaine qui plaide, sans toutefois réussir à fédérer autour de lui une majorité de pays, pour son plan de l’autonomie de la région. 
    Si par le passé, les responsables algériens évitaient d’aborder la question avec leurs homologues français, la tendance s’est inversée depuis peu. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait pour la première fois évoqué en présence du ministre français Jean-Marc Ayrault lors d’une conférence de presse, le 29 mars dernier, au siège du ministère des Affaires étrangères, et rappelé quelques vérités sur ce dossier. 
    Rappelant la position intangible de la diplomatie algérienne sur cette question depuis plus de 40 ans, Lamamra a indiqué qu’il « faut prendre les décisions qui s’imposent pour permettre l’autodétermination » du peuple sahraoui. 
    La question du Sahara occidental relève d’un « processus de décolonisation », a rappelé le ministre algérien qui a ajouté que « Monsieur Jean-Marc Ayrault est ministre depuis quelques semaines « alors que la crise du Sahara occidental « dure depuis près de 40 ans ». 
    Martelant le terme de « responsabilité » et de devoir devant « l’Histoire », Ramtane Lamamra a dit « espérer que l’administration Hollande va contribuer à aider la région » et permettre « une sortie de crise ». Jean-Marc Ayrault a rappelé la position française sur la question du Sahara occidental occupé, affirmant qu’elle n’a pas changé : « Entre amis, on se dit les choses franchement » a-t-il répondu. 
    Le ministre français a indiqué que la France « a toujours la même position » sur cette question, expliquant que son pays œuvre à promouvoir « un effort de dialogue pour que les relations entre le Maroc et l’ONU s’apaisent ». 
    Selon Jean-Marc Ayrault, la France souhaite que la mission des Nations unies au Sahara occidental puisse se poursuivre. Il a réaffirmé la volonté de la France d’un « renouvellement du mandat » de la Minurso. Reste à savoir si le dialogue engagé avec la France sur le sujet du Sahara occidental aboutira à terme à la reconnaissance de la nécessité d’engager le plan de paix onusien, qui s’articule autour de la question d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui. 
  • Les américains veulent éviter la reprise d’une guerre au Sahara Occidental : Tractations avec Mohammed VI

    Des informations faisant état de l’existence de tractations secrètes entre l’administration américaine et les plus hautes autorités marocaines concernant le retour de la Minurso au Sahara occidental circulent avec insistance ces derniers jours. L’objectif de ces pourparlers est de trouver un terrain d’entente pour tenter de désamorcer une crise aux prolongements incertains…
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Il y a près de deux mois éclatait une guerre ouverte entre Mohammed VI et Ban Ki-moon violemment pris à partie pour avoir réussi à détourner une manœuvre marocaine visant à faire capoter sa visite dans la région. 
    Désireux de gagner du temps jusqu’au départ du secrétaire général de l’ONU (son mandat expire à la fin de l’été), le souverain avait, on s’en souvient, tout tenté afin d’obtenir l’annulation d’une tournée, ce qui aurait vidé le rapport annuellement soumis par l’institution au Conseil de sécurité de tout son contenu et surtout déchargé de toute nouvelle avancée pour la résolution du conflit. Pour ce, Mohammed VI avait adressé des lettres, certaines secrètes, d’autres publiques, à un Ban Ki-moon qui les a poliment ignorées, provoquant ainsi le courroux d’un jeune roi qui décide alors de croiser le fer en refusant de le recevoir à Rabat, prétextant un voyage à l’étranger puis en faisant la sourde oreille à une demande d’atterrissage de l’avion onusien à El-Ayoun, capitale du Sahara occidental occupé où éclatent fréquemment des révoltes durement réprimées par l’occupant. Ban Ki-moon maintient sa décision et se rend (en mars dernier) à Alger, dans les camps de réfugiés sahraouis puis en Mauritanie et présente au Conseil de sécurité (en avril) un rapport contenant des recommandations qui enfoncent davantage Mohammed VI. 
    De son côté, le roi soulève les foules contre Ban Ki-moon à Rabat, l’attaque en des termes peu diplomatiques, l’accuse de partialité, renvoie 83 membres de la Minurso (Mission des Nations-Unies pour le Sahara occidental), convoque par deux fois l’ambassadeur US après la promulgation d’un rapport défavorable par le département d’Etat.
    Mohammed VI fait aussi acquisition de nouvelles armes financées par l’Arabie Saoudite. De son côté, le Front Polisario, usé par des années d’attente et des conditions de vie pénibles, menace de reprendre les armes. Les frontières Ouest de l’Algérie sont sous haute tension, incitant le vice-ministre de la Défense à se déplacer sur les lieux et alerter sur les dangers en cours. Le roi du Maroc se dit prêt à aller jusqu’au bout et refuse de se plier aux injonctions du Conseil de sécurité concernant le retour de la Minurso et le retour à des négociations sans préalable pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination. 
    Le renvoi des 83 membres de la mission onusienne et la fermeture des bases de la Minurso dans les territoires occupés ont été très mal perçus par les Nations-Unies qui y voient un précédent et un mauvais exemple pour d’autres pays en conflit à travers le monde, mais aussi comme étant une porte ouverte à toutes les dérives au Sahara occidental. Ban Ki-moon qualifie la situation d’explosive et appelle les Nations-Unies à agir au plus vite. En dépit des pressions américaines, Mohammed VI refuse d’obtempérer. 
    Pour tenter de désamorcer la crise, avons-nous appris, des tractations ont été entreprises ces derniers jours par les Américains dans le but de trouver un terrain d’entente avec les Marocains. Le premier point concerne, évidemment, le retour de la Minurso. Le Maroc a quatre mois pour permettre aux militaires de l’ONU de rejoindre les bases de Dakhla et toutes celles vidées le mois passé, mais un retour dans les formes édictées par les Nations-Unies est refusé par le roi. 
    Les informations en cours laissent cependant entendre que Mohammed VI, qui s’est mis à dos une bonne partie de la communauté internationale, aurait donné son accord pour le retour de la mission onusienne à condition qu’elle se limite à un rôle d’observation du cessez-le-feu (entré en vigueur en 1991). 
    Dans sa dernière recommandation, Ban Ki-moon avait préconisé l’élargissement des prérogatives de l’ONU de façon à ce qu’elle s’implique dans l’organisation du référendum d’autodétermination. 
    L’option n’a cependant pas été tranchée à ce stade. Vider la mission de l’ONU de ses prérogatives reviendrait à désavouer Ban Ki-moon, ce qui est très peu probable compte tenu du soutien inconditionnel qu’affiche le Conseil de sécurité face au SG des Nations-Unies. 
    Une telle décision jetterait aussi et surtout le discrédit sur l’institution et servirait de mauvais exemple pour tous les autres conflits dans le monde. Pour ce, les Américains ont, semble-t-il, décidé de s’engager dans une tout autre voie. Il semblerait que ces derniers aient décidé de remettre sur le tapis le fameux plan de l’ancien SG de l’ONU, James Baker. 
    Le plan était le suivant : octroyer aux Sahraouis une autonomie sous contrôle marocain durant cinq années au bout desquelles serait organisé un référendum d’autodétermination à travers lequel les Sahraouis décideraient de leur sort. 
    Ce plan avait alors été perçu par la communauté internationale comme étant une solution merveilleuse passible de débloquer une situation sans issue apparente. Malheureusement, le plan Baker n’avait trouvé aucun écho favorable chez les deux parties. 
    Les Sahraouis étaient restés mitigés, une position tout à fait compréhensible, mais elle avait été, par contre, rejetée par Hassan II. Aujourd’hui, les Américains tentent apparemment de persuader son fils d’accepter une proposition à même d’éviter l’éclatement d’un nouveau conflit dans une région déjà en ébullition…
    A. C.
  • Rien ne va plus entre le Roi du Maroc et les médias français

    Jeudi 26 mai, France 3 a certainement battu ses records d’audience au Maroc. La chaîne française diffusait un documentaire-portrait de Mohammed VI, monarque à la tête de la SNI, un holding puissant présent dans plusieurs secteurs économiques. En février 2015, son réalisateur, Jean-Louis Pérez, a été arrêté et expulsé du Maroc. La journaliste Catherine Graciet, engagée comme « consultante » pour le film, est depuis août 2015 sous le coup d’une inculpation pour « chantage » et « tentative d’extorsion » sur la personne du roi du Maroc, avec son confrère Eric Laurent.
    Ces ingrédients réunis renforcent le rejet du documentaire au Maroc, d’autant que l’enquête n’apprendra rien aux sujets les plus informés de Mohammed VI. D’un côté, de réelles difficultés pour les journalistes étrangers – surtout ceux de la télévision – à enquêter librement sur les sujets sensibles : monarchie, Sahara-Occidental, terrorisme, trafic de drogue, etc.
    De l’autre, l’exaspération marocaine devant des journalistes qui ne maîtrisent pas toujours leur sujet et donnent souvent la parole aux mêmes voix critiques, sans véritable contradicteur. Au final, un « bad buzz » pour tous. De ce nouvel épisode sur les relations « Je t’aime moi non plus » entre les médias français et la monarchie, un premier conseil, en toute modestie, aux autorités marocaines : éviter de fabriquer des martyrs de la liberté d’expression.
    Lâcher du lest sur les rapports et classements
    Le royaume est passé maître dans l’exercice de l’autopromotion, sauf quand il s’agace au plus haut niveau de la parution d’un rapport désagréable. Ce qui arrive souvent. Amnesty International, Human Rights Watch, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture et d’autres ONG peuvent en témoigner. Des publications économiques, tels l’indice du développement humain du PNUD ou le rapport « Doing Business » de la Banque mondiale, ont été ciblées par Rabat dans le passé.
    Récemment, le rapport annuel du département d’Etat américain sur la situation des droits humains a provoqué une riposte au bazooka de la part du ministère de l’intérieur marocain. Le 17 mai, le ministre Mohamed Hassad fustige le texte qui, selon lui, « passe de l’approximation de l’information à son invention pure et simple, de l’appréciation erronée au mensonge caractérisé ». Et, comme si ce chérifien coup de griffe n’était pas assez explicite, il met en garde : « Le Maroc ne peut pas accepter que l’on fabrique des faits, que l’on monte de toutes pièces des cas et que l’on fomente des allégations pour des motivations politiques obscures. »
    Eviter d’insulter Ban Ki-moon
    Au Maroc, le dossier du Sahara-Occidental reste la cause nationale par excellence. Ce territoire contesté depuis la fin de la colonisation espagnole a été annexé par Rabat en 1975, mais la souveraineté du Maroc sur ces 266 000 km2 largement désertiques n’est pas reconnue par la communauté internationale, qui y a installé une mission de maintien de la paix des Nations unies.
    Après plusieurs revers diplomatiques récents pour le Maroc, les relations entre Rabat et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, se sont tendues de façon spectaculaire. L’acmé de la crise ayant consisté en une manifestation populaire contre le secrétaire général organisée le 14 mars dans la capitale marocaine. Le cortège de tête comprenait une bonne partie du gouvernement marocain, y compris le ministre des affaires étrangères, Salaheddine Mezouar. Ban Ki-moon s’y est même fait traiter de « Pokémon » par une députée. Or, en novembre, le Maroc accueillera à Marrakech la COP22, la conférence des Nations unies sur le changement climatique. Rabat a beau promettre de faire la part des choses, on voit mal comment MM. Mezouar et Ban vont pouvoir jouer la partition d’une parfaite entente.
    Sortir de l’isolement
    Le Maroc est un pays dont la transition s’étire depuis bientôt deux décennies sans que l’on sache vraiment dans quelle direction. Régime autoritaire, monarchie absolue de droit divin, démocratisation ? Ilôt de stabilité en Afrique du Nord ? Economie de marché et futur pays à revenu intermédiaire ? Vieil empire converti tardivement au concept d’Etat-nation ? Le Maroc est-il vraiment l’une des « stars de la croissance » du continent, comme l’affirme le cabinet de conseil américain McKinsey dans son rapport « Lions on the move » ? Il y a autant de visions possibles que d’avis tranchés sur un pays de 34 millions d’habitants, situé à seulement 14 kilomètres de l’Espagne, mais qui paraît isolé.
    Patrouilles espagnoles et barrière électrifiée au nord, notamment autour des enclaves de Ceuta et Melilla ; frontière hermétiquement close avec l’Algérie à l’est depuis 1994 ; relations tendues avec la Mauritanie au sud. Le Maroc, qui a quitté l’Organisation de l’Union Africaine en 1984, ressemble parfois à une île alors qu’il ne cesse de proclamer sa vocation panafricaine.
  • Les révolutions arabes ont commencé au Sahara Occidental

    Soulèvement de Gdeim Izik, l’étincelle du Printemps arabe
    Le moment révolutionnaire au Maroc
    Entretien avec Hamza Esmili
    Lors des « Printemps arabes », on a moins entendu parler des événements marocains que des révolutions tunisienne et égyptienne. Pourtant, si elle n’a pas conduit à la chute du roi, la mobilisation au Maroc a été très importante.
    À cinq ans de distance, nous avons demandé à Hamza Esmili, étudiant à l’EHESS en sociologie qui a participé au Mouvement du 20 Février au Maroc, puis à ses suites, de revenir avec nous sur ces événements.
    Notification : Cinq ans ont passé depuis les soulèvements des Printemps arabes. En Egypte, cette année, le général al-Sissi s’est montré inquiet lorsque l’anniversaire du 25 février, date du début du soulèvement révolutionnaire, approchait : il a fait arrêter des activistes et a renforcé la protection policière de la Place Tahrir. Y a-t-il eu une réaction similaire au Maroc ?
    Le début officiel du « Printemps marocain » est le 20 février, le jour de la plus grande manifestation : toutes les luttes qui ont eu lieu ensuite pendant trois ans se sont faites au nom du 20 février. Bien qu’elle n’ait pas été aussi médiatisée que celles d’autres pays de la région, cette manifestation a été vraiment importante : il y a eu environ 300 000 personnes dans les rues et 80 localités touchées. Je crois qu’en termes de localités touchées c’est la plus grande manifestation des « Printemps arabes » (par rapport, en tout cas, à la Tunisie et à l’Égypte). Le 20 février est donc devenu très vite la date emblématique du mouvement.
    Cette année, en 2016, il y a eu une tentative de faire repartir le mouvement du 20 février. Car en ce moment, au Maroc, il y a beaucoup de manifestations sur des questions proches , et le « mouvement du 20 février » a cherché à s’unir à ces luttes en induisant une manifestation le 20 février 2016. La manifestation n’a pas eu de suites, mais il y a plusieurs raisons à cela. Et il ne suffit pas d’appeler à manifester pour qu’il se passe quelque chose !
    Notification : Pour revenir aux événements d’il y a cinq ans, comment cela s’est passé au Maroc ? Quels étaient les facteurs économiques, sociaux, politiques qui ont mené au soulèvement ?
    Il y a eu des événements assez importants à l’été 2009 à Laâyoune, qui est la grande ville du sud marocain. C’est une ville de conflit entre le Royaume du Maroc et ceux qu’on appelle « les séparatistes » – en fait le Front Polisario – qui demandent un référendum d’autodétermination du Sahara Occidental. Il y a donc eu un mouvement majeur à Laâyoune, avec la mise en place de campements sur les places. Il naissait d’une question sociale, c’est-à-dire de la revendication d’une égalité de fait entre citoyens du nord et citoyens du sud du Maroc. Ce mouvement a été dispersé dans le sang par les forces de l’ordre, la répression a été beaucoup plus violente qu’en 2011. Certains analystes considèrent que c’est là le vrai début des printemps arabes, avec les événements de Gafsa en Tunisie.
    Notification : Est-ce qu’il y avait une conscience de ce lien à l’époque ?
    Non, je pense que ce lien a été établi a posteriori. Pour en venir à la question de l’« effet domino » des printemps arabes, qui a souvent été invoqué, je pense qu’il faut au contraire penser ces événements comme résultant de dynamiques structurelles qui touchent des pays qui font face à des situations sociales proches. Ainsi, le Maroc, comme une grande partie de ce qu’on appelle « le tiers monde », a subi dans les années 80 les plans de réaménagement structurel. Cela signifie que le FMI arrive avec un programme très serré de réformes économiques – et politiques, il faut le dire – en échange de prêts. Le Maroc a choisi cette voie, et cela a eu pour effet le passage d’un rôle de l’État à un autre, c’est-à-dire une réduction drastique de l’État social. Car même si le régime d’Hassan II (1961-1999) a été un régime dictatorial, il y avait de la redistribution envers les classes intermédiaires. Pendant les années 1980-90 donc on assiste à un passage vers un fonctionnement de l’État beaucoup plus libéral. Et cela s’est traduit, notamment, par une marginalisation de la classe intermédiaire. Jusque-là, cette classe avait certains capitaux, une certaine place dans l’État – je pense aux agents de la fonction publique, aux instituteurs par exemple. Et c’est cette classe là qui a eu un rôle central dans le mouvement du 20 février. L’explosion sociale de 2011 a donc été préparée par un processus qui avait commencé bien avant.
    Notification : Ton analyse va donc à l’encontre de cette idée d’« effet domino » des révoltes dans les pays « arabes » ?
    Il y a eu certainement un effet d’aubaine parmi les militants : il y a notamment eu l’idée de reproduire que ce qui se passait en Tunisie au Maroc. Les militants marocains, toutes tendances confondues, ont pensé qu’il fallait profiter de ce qui se passait en Tunisie pour le transporter au Maroc. Mais l’analyse qui s’appuie sur la notion d’« effet domino » est trop réductrice car, comme je le disais, il ne suffit pas d’appeler à manifester pour que quelque chose se passe réellement. Pour que ces 3-400 000 personnes descendent dans les rues ce 20 février 2011, il a fallu un peu plus que des militants qui ont voulu profiter de l’effet d’aubaine. Je pense donc que cette idée d’« effet domino » a tendance à cacher les dynamiques structurelles qui peuvent toucher deux pays en même temps sans pour autant qu’il y ait de lien direct, si ce n’est un effet déclencheur.
    Car effectivement, il y a eu un effet déclencheur : c’est en janvier, après la chute de Ben Ali, que se réunissent les militants de la gauche et de la principale confrérie religieuse au Maroc, Al Adl Wahl Ihsane – qui constitue 90% du mouvement.
    Notification : Y a-t-il un lien entre cette confrérie et les Frères musulmans égyptiens ?
    Non, il n’y a aucun lien. Al Adl Wahl Ihsane est un « ovni » dans le champ islamiste du monde arabe, justement parce que la confrérie n’a aucun lien avec les Frères musulmans : elle est issue d’un mouvement soufi. Le principal parti marocain qui est proche des Frères musulmans est au pouvoir en ce moment, il s’appelle le parti « Justice et développement ». Al Adl Wahl Ihsane signifie en fait « Justice et Bienfaisance ». C’est un mouvement qui est très marqué par la révolution iranienne, par la pensée iranienne. Et par une figure quasi prophétique – ou en tout cas mystique – , celle de Cheikh [Abdelassam] Yassine, fondateur du mouvement.
    Notification : Depuis quand ce mouvement existe-t-il ?
    Il existe depuis 1974, lorsque Cheik Yassine envoie au roi Hassan II une lettre intitulée « L’islam ou le déluge » où il lui propose de gouverner le Maroc ensemble. Hassan II n’étant pas particulièrement sensible à l’idée, il fait interner le Cheikh dans un asile ! Mais le mouvement Al Adl Wahl Ihsane est le principal mouvement politique aujourd’hui au Maroc, toutes tendances confondues, et notamment parce qu’il a une très forte présence dans les quartiers. C’est un schéma que l’on connait, et qui marche aussi bien pour le Hezbollah que pour les Frères Musulmans : ce sont des mouvements qui jouent le rôle de l’État là où il n’y en a pas. C’est-à-dire qu’ils font de la redistribution, ils payent les retraites, ils organisent les enterrements, etc. Beaucoup d’analyses « libérales » vont appeler cela du « populisme », mais c’est au contraire une organisation sociale qu’il faut prendre au sérieux, qui est tout-à-fait légitime aux yeux des habitants, et qui assure une subsistance à ceux qui n’ont plus rien. Ça mérite donc un peu plus que de la condescendance.
    Notification : Dans l’article que tu as écrit avec Montassir Sakhi, vous évoquez une double scission au sein du mouvement du 20 février : entre les revendications économiques et sociales et les revendications politiques portant sur des « droits » d’une part, et entre les mouvements islamistes et la gauche laïque d’autre part. Comment s’est faite l’union de ces différentes revendications au sein du mouvement ? Et quel rôle au contraire ont eu ces clivages dans l’essoufflement du mouvement ?
    En fait, il n’y a jamais eu d’union entre ces différents types de revendications. Et c’est pour cela qu’il est plus exact selon moi de parler de « moment » que de « mouvement » révolutionnaire. Le moment du 20 février a été un moment où est apparue l’histoire et ses enjeux, où sont apparus les groupes sociaux en lutte. Et tous les groupes sociaux, du plus haut au plus bas, ont participé à ce « moment » d’une manière ou d’une autre. Cela signifie que le moment portait en lui des intérêts tout à fait contradictoires. Il y avait par exemple des slogans libéraux, qui étaient axés sur « la bonne gouvernance », la « transparence » – un slogan célèbre du 20 février disait « il faut séparer l’autorité de la fortune », l’État du marché – qui étaient portés par des groupes sociaux situés. Car ceux qui proféraient ces slogans n’étaient pas ceux qui disaient « nous voulons entrer dans la fonction publique », « nous voulons des emplois sûrs », ni ceux qui luttaient pour le logement, pour un logement salubre… Il y avait donc des intérêts différents qui se sont retrouvés côte à côte.
    Notification : Mais sans avoir une véritable organisation…
    En effet, ils n’étaient pas organisés, mais ils ne cherchaient pas non plus à l’être. C’est-à-dire – et c’est là la grande illusion du mouvement – que tous les militants, et moi compris, avons pensé que le fait d’être ensemble dans la rue signifiait que nous voulions la même chose. Mais ce n’était absolument pas le cas. D’ailleurs, depuis ce qu’on a appelé l’« échec » du moment du 20 février, on a pensé que la raison en devait être qu’on n’était pas allés assez loin. Mais je ne pense pas qu’il y ait eu un « échec », il y a au contraire un mouvement du 20 février qui a réussi, et c’est ce mouvement libéral qui a obtenu une réforme constitutionnelle, la décentralisation, un ensemble de réformes structurelles qui ont effectivement été obtenues au Maroc. Mais ce sont en réalité des réformes qui vont dans le même sens que les réformes de 1990, c’est-à-dire vers une libéralisation. C’est assez frappant, on le remarque par exemple dans le fait qu’aujourd’hui l’éducation au Maroc est en ruines, les hôpitaux ont été privatisés, on passe de ce qu’a été le « bidonville », qui est une forme urbaine très importante au Maroc, à autre chose, qui serait plutôt le « ghetto »…
    Notification : Et pour ce qui est du clivage entre islamistes et « gauchistes » ?
    C’est une question difficile, qui touche davantage le champ politique. C’est-à-dire que c’est une question qui ne se pose que quand on décide d’entrer dans le champ politique, quand on devient militant actif. Ce n’est qu’alors que la question de choisir son camp devient pressante. Et évidemment 90% choisissent l’islamisme. Mais on a tendance à faire de ce clivage entre gauche et islamistes le clivage fondateur de la lutte sociale au Maroc, alors que ce n’est pas du tout un clivage social qui traverserait toutes les strates de la société, c’est plutôt une scission qui n’intervient que lorsqu’on fait de la politique.
    Une partie de la gauche a en effet la même base sociale que la confrérie religieuse « Justice et Bienfaisance », et se retrouve donc à porter les mêmes intérêts sociaux. Pendant les premiers six mois du mouvement donc, il y a eu collaboration entre « Justice et bienveillance » – qui était, en termes quantitatifs, le principal pourvoyeur de forces du mouvement – et la gauche. Ils commencent à se séparer – et c’est aussi le moment où le mouvement se délite – lorsque le roi Mohammed VI promet une réforme constitutionnelle. C’était là un coup politique majeur : le roi fait un discours, le 9 mars 2011, où il accorde une réforme vraiment importante de la Constitution marocaine. Jusqu’en juin il continue a y avoir des manifestations, mais le 1 juillet il y a le référendum pour la réforme constitutionnelle, et le « oui » l’emporte à 97%. À partir de ce moment là, une bonne partie des organisations qui soutiennent le mouvement du 20 février se retirent, et il ne reste quasiment plus que « Justice et bienveillance ».
    Notification : Quelle a été cette réforme constitutionnelle ?
    C’est notamment l’abrogation de l’article 19 de la Constitution marocaine, qui fondait la sacralité du roi ; la constitutionnalisation de la langue amazighe, qui devient langue officielle du Maroc, avec l’arabe ; la réforme des institutions politiques, puisqu’on passe d’un Premier ministre nommé par le roi, à un Président du Conseil qui est le chef de la majorité parlementaire… On rentre dans un système politique tel que promu par l’ensemble des organisations internationales, comme cela a été fait aussi en Tunisie, de manière très semblable.
    Notification : Quel a été le rôle des organisations internationales dans le mouvement ?
    Elles ont eu effectivement un rôle dès le début du mouvement, mais surtout, et de plus en plus, après. Aujourd’hui on assiste au développement d’une société civile qui oriente le débat public vers ces questions de la « bonne gouvernance », de la lutte contre la corruption… on a un ensemble de slogans, libéraux, promus par les organisations internationales. Et le rôle des aides européennes, de l’Usaid, des fondations allemandes est important : elles financent toute une partie des organisations marocaines, qui en retour agissent sur le débat public. Vous ouvrez n’importe quel journal marocain, et vous verrez que les débats ne touchent absolument pas les questions sociales, mais des questions telles que : « est-ce que le Maroc est un pays arabe ou pas », ou sur la liberté d’expression… Tout cela est très bien, mais il faut savoir que le Maroc a 50% d’analphabètes, dont personne ne va parler !
    Notification : Que penses-tu de cette appellation de « printemps arabes », qui évoque les printemps des peuples de 1848 et qui s’est amplement diffusée dans les médias occidentaux ? Est-ce une appellation qui était revendiquée par le mouvement ? Y avait-il la revendication d’exemples, de « précédents » nationaux ?
    On l’a prise telle quelle en arabe. Certes c’est une vision un peu eurocentrée, c’est le printemps de 48, le printemps de Prague. Il y avait, de ce que j’ai vu au Maroc, cette tentation de se référer aux grandes révolutions du passé. Ces exemples sont fournis par une certaine construction de l’histoire plutôt eurocentrée, qui est véhiculée entre autres par l’école.
    Il y avait certes aussi des exemples nationaux, mais qui concernaient moins la question de l’appellation. Les militants politiques se réclamaient des grandes luttes des années 70-80 contre le régime de Hassan II – de luttes marxistes-léninistes en l’occurrence – mais aussi des luttes du mouvement national contre l’occupant français. Il y a donc eu un héritage symbolique : si vous prenez les grands appels à manifester de 2011, vous trouvez souvent la référence à telle émeute en 1981, à telle figure historique, notamment à Mehdi Ben Barka .
    Notification : Ce n’étaient donc là les références que d’une partie de la gauche ?
    En fait, les aspects symboliques du mouvement, des icônes, des événements auxquels on se réfère, ce sont à nouveau des références qui apparaissent uniquement dans le champ politique institutionnel. C’est-à-dire que ceux qui ne sont pas politisés – et qui étaient nombreux dans les rues le 20 février – n’ont pas besoin de faire appel à une symbolique particulière.
    Cette question de l’appellation du mouvement, de la revendication de figures historiques n’était pas capitale. La ligne de clivage se situait plutôt dans les intérêts divergents des différentes catégories sociales, qui étaient toutes représentées. Et si tout à l’heure j’ai parlé de « moment » révolutionnaire, c’est parce que justement tout le monde était conscient de la divergence des intérêts, de la présence d’intérêts antagonistes. Le moment du 20 février – et je dirais que c’est la caractéristique des printemps arabes, mais là je m’avance peut-être un peu – a été un moment où l’histoire apparaît « nue », où les enjeux apparaissent brutalement. Sans toutes les constructions symboliques, sans tous les discours et tous les dispositifs qui sont mis en place pour maquiller la réalité sociale.
    Dans le moment du 20 février, tout le monde avait conscience des intérêts de chacun, et c’est pour cela que tout le monde s’investit dans le mouvement, même le roi ! Même les intérêts des strates les plus hautes de la société faisaient partie du mouvement : ils avaient tel type de slogans, portaient tel type d’intérêt, de revendication… mais ils étaient là. Et de même au plus bas. Ce qu’on appelle le « Lumpenproletariat » était aussi dans le moment, mais d’une autre façon, car il ne manifestait pas. Il était représenté par ceux, par exemple, qu’on a appelé, dans toute la région du Maghreb, les baltajia, les milices payées par des intérêts privés et qui étaient là pour « casser » les manifestations.
    Notification : Est-ce que la partie de la population qui n’était pas politisée avant et qui a participé à ce « moment » révolutionnaire a continué à lutter après 2011 ?
    Il y a ceux qui, après le moment du 20 février, se sont investis dans les actions militantes aux sens strict : associatives, partisanes, organisationnelles. Cette politisation peut donc être vue comme la conséquence du 20 février. Mais en réalité souvent elle ne fait qu’actualiser un potentiel déjà présent, car la plupart du temps il s’agit d’individus issus de familles de militants.
    Par contre, la question de savoir si le groupes sociaux qui ont participé au moment du 20 février continuent de lutter est un sujet plus compliqué, mais très important. Personnellement, j’ai tendance à penser que tout le monde lutte tout le temps, mais qu’on lutte selon les moyens qu’on a. Lors du 20 février, on a eu l’impression qu’on avait plus de moyens que ceux qu’on avait réellement, et que le champ des possibles était plus ouvert que ce qu’il ne l’était en réalité. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de luttes. Il y a des luttes dans les quartiers populaires, tous les jours, mais sous des formes qui ne sont pas celles des militants, des partis, de la symbolique etc. Ces luttes existent quand on ne paye pas la facture d’électricité, quand on décide de creuser sous terre pour rattacher les canalisations d’eau à chez soi : cela aussi, c’est de la lutte politique.
    Notification : À quel point la situation géopolitique du Maroc dans la région et dans le monde a-t-elle eu un impact dans le « moment » de février ? Et à quel point cette position a-t-elle changé depuis ?
    Tout le monde fait de la politique au Maroc – les Marocains, les Français, les Américains… – et tout le monde est investi partout. En 2011, les grandes figures qui émergeaient du moment du 20 février étaient sans relâche invitées aux ambassades de France, des États-Unis. On avait réellement l’impression que les grandes puissances changeaient de chevaux de bataille – et c’est peut-être cela qui nous a donné l’impression qu’on allait faire une vraie révolution. Mais en même temps, le roi, entre le 20 février et le 9 mars , a fait la tournée des capitales européennes, et il est passé à Washington : il est allé recueillir les conseils auprès de ces mêmes puissances ! C’est-à-dire que tout le monde faisait de la politique, mais tout le monde la faisait partout – au niveau institutionnel, on jouait pour défendre l’allié des puissances occidentales, c’est-à-dire la royauté, mais, à d’autres niveaux, ces mêmes puissances tâtaient le terrain, envisageaient un autre dénouement possible… en fait elles n’auraient eu aucun mal à se débarrasser de la monarchie. C’est ce qui s’est passé en Tunisie, par exemple.
    Tout le monde joue à tous les niveaux. Mais si l’intérêt qui guide ces politiques n’est pas la sauvegarde ou la chute de la monarchie, c’est-à-dire la « forme » du pouvoir, la question qui se pose est : quel est l’enjeu ? qu’est-ce qui vaut la chandelle, pour ces puissances ? Il me semble qu’on peut trouver une réponse en rapprochant ce qui s’est passé au Maroc, en Tunisie, en Égypte, en Algérie – on ne parle jamais de l’Algérie, il y a pourtant eu des mouvements immenses – à ce qui se passe en France, en Europe, aux États-Unis. Le « printemps » est en effet « arabe » en un certain sens, mais le « printemps arabe » est mondial, parce que probablement les dynamiques qui expliquent les « printemps arabes » sont aussi les dynamiques qui expliquent bon nombre des luttes sociales en France : ce passage d’un mode du capitalisme à un autre. Et peut-être que ce qui comptait pour les puissances internationales, à l’époque des révolutions arabes, c’était bien plus que ce passage se fasse – d’une manière ou d’une autre, sous un régime ou un autre – que le type de régime en lui-même. C’est bien ce qui s’est passé en Tunisie : on a tout changé pour que rien ne change !
    Notification : Comment a évolué le rôle de l’État au Maroc ?
    Je ne suis pas sûr qu’il soit encore possible aujourd’hui de faire de la politique nationale. Si l’on admet que c’est cette dynamique de fond qui détermine la politique au Maroc, alors peut-être que le champ de bataille aujourd’hui est très semblable en France et au Maroc, par exemple. Oui, je pense qu’idéalement il faut défendre l’État au Maroc, qui est en train de disparaître à cause de privatisations massives. Mais est-ce qu’on a les moyens de défendre l’État ? Je ne suis pas sûr qu’on puisse le faire au Maroc, mais je pense par contre que c’est possible en France.