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  • Le clin d’œil de l’ONU aux Sahraouis

    Le Comité spécial de décolonisation de l’ONU, dit «Comité des 24», tiendra aujourd’hui un séminaire régional à Managua, au Nicaragua, pour examiner la situation des territoires non autonomes, dont celle du Sahara occidental.
    L’objectif ultime de cette rencontre de trois jours est d’accélérer la mise en œuvre de la troisième décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020) proclamé en 2011 par l’Assemblée générale de l’ONU. Le séminaire aura pour thème «Engagements et actions pour la décolonisation des territoires non autonomes». Le Comité des 24 examinera la situation des 17 territoires non autonomes en tenant compte des derniers développements et évaluera également le soutien apporté au système des Nations unies avant de transmettre ses conclusions et recommandations à la session de fonds du comité prévue au mois de juin.
    Le président du Comité spécial, Rafael Darao Ramarez Carreao du Venezuela, présidera cette rencontre à laquelle sont attendus des membres des groupes régionaux de l’ONU, les représentants des Etats membres des Nations unies et ceux des territoires non autonomes, de la société civile et des ONG. En dépit des progrès accomplis dans la lutte contre le colonialisme, il reste aujourd’hui encore 17 territoires non autonomes où vivent près de deux millions de personnes.
    L’ONU poursuit son action pour favoriser l’accession à l’autodétermination ou à l’indépendance de ces territoires. L’Assemblée générale de l’ONU a proclamé, en 1990, la première «Décennie internationale de l’élimination du colonialisme» qui s’accompagnait d’un plan d’action. L’année 2010 a marqué le cinquantième anniversaire de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et a coïncidé avec la fin de la seconde Décennie internationale. A cette occasion, une troisième Décennie internationale a été proclamée en 2011.
    L’ONU recense 17 territoires non autonomes en attente de décolonisation : le Sahara occidental, Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, Guam, îles Caïmans, îles Falkland, les îles Turques et Caïques, îles Vierges américaines, îles Vierges britanniques, Montserrat, Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, Polynésie française, Sainte-Hélène, Samoa américaines et Tokélaou.
    http://www.elwatan.com/international/le-clin-d-oeil-de-l-onu-aux-sahraouis-31-05-2016-322081_112.php
  • Rejet de la demande d’audition d’un pétitionnaire proposé par le Makhzen

    Comité de la décolonisation: accusations de Gibraltar et rejet de la demande d’audition d’un pétitionnaire du Sahara occidental
    Comité spécial de la décolonisation,3e séance – après-midi
    L’ouverture de la session 2016 du Comité spécial de la décolonisation a été marquée par un discours vindicatif du Ministre principal de Gibraltar qui a accusé le Comité de « trahir » les intérêts de son peuple et par un long échange entre le représentant du Maroc et le Président du Comité qui a fini par rejeter la demande d’audition d’un pétitionnaire du Sahara occidental au motif qu’il s’est présenté comme un représentant du territoire. Le Comité a aussi adopté sans vote des projets de résolution sur les renseignements relatifs aux territoires non autonomes et sur la diffusion d’informations relatives à la décolonisation.
    En attendant que soit parachevé le projet de résolution sur Gibraltar, le Ministre principal du territoire, M. Fabian Picardo, s’en est vivement pris au Comité, qu’il a d’abord accusé d’« échouer de manière spectaculaire » dans sa mission de protéger et de promouvoir les intérêts des peuples des territoires non autonomes. Le Comité spécial n’est pas là pour jouer les arbitres dans les différends territoriaux entre États, a-t-il affirmé, en lui reprochant d’avoir refusé de se rendre à Gibraltar, comme il le lui avait demandé, pour constater la situation sur place et donner son avis sur l’ordre constitutionnel de Gibraltar. Le Président du Comité avait décliné l’invitation en invoquant un « différend territorial » mais pour le Ministre principal, c’est soumettre le Comité à la « revendication spécieuse » de l’Espagne et c’est « trahir » les droits du peuple de Gibraltar que le Comité doit au contraire protéger. M. Fabian Picardo a prévenu qu’il ne laissera pas cette attitude « sans précédent » passer inaperçue.
    Le Ministre principal a rappelé que 98% de la population du rocher a déjà dit « non » à la cosouveraineté hispano-britannique lors d’un référendum en 2002. L’Espagne, a-t-il fait valoir, a renoncé « pour toujours » à Gibraltar lorsqu’il a signé le Traité d’Utrecht de 1713 signé avec l’Angleterre. Ce qui doit compter pour le Comité, a estimé le Ministre principal, c’est le souhait du peuple de Gibraltar: « C’est ce pour quoi vous êtes ici, c’est ce que la Charte attend de vous, c’est ce que nous attendons », a-t-il lancé. Au nom du Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar, M. Richard Buttigieg, a lui aussi accusé le Comité de n’avoir « rien fait » sur Gibraltar depuis un an.
    La représentante de l’Espagne a réitéré la position de son pays, selon laquelle Gibraltar représente un cas de « colonialisme consenti ». Pour elle, la résolution 2353 (XXII) du 22 décembre 1967 de l’Assemblée générale établit très clairement que le processus qui doit régir la décolonisation de Gibraltar « n’est pas celui de la libre détermination mais celui de la restitution de l’intégrité territoriale » de l’Espagne. Tout en reprochant aux autorités du territoire un comportement « irresponsable » dans de nombreux domaines –pêche, fiscalité « opaque », « trafics » divers– la représentante de l’Espagne a insisté sur le fait que les questions de souveraineté ne pourront être discutées que dans un cadre bilatéral entre l’Espagne et le Royaume-Uni.
    « L’agressivité » que le Président du Comité a relevée dans les propos du Ministre principal ne s’est pas arrêtée là. Il a eu un échange long et vigoureux avec le représentant du Maroc, à propos de la demande d’audition de M. Mohamed Abba, un pétitionnaire sahraoui vivant au Sahara occidental et élu comme représentant de ce territoire lors des premières élections régionales. M. Abba, qui souhaitait s’exprimer au nom des Sahraouis, a vu sa demande rejetée par le Comité, dont la position est claire: le Comité n’est pas habilité à modifier les résolutions de l’Assemblée générale, pour laquelle l’unique représentant du peuple sahraoui est le Front Polisario. Cette position a été contestée par le représentant du Maroc pour lequel on cherche à empêcher un représentant élu d’un territoire non autonome de s’exprimer devant le Comité. « Les Nations Unies essaient d’inverser les règles de la démocratie. On nie le droit à des Sahraouis d’exister parce qu’ils ne sont pas séparatistes. Ce Comité se discrédite en bâillonnant une personne légitimement élue », a encore plaidé le représentant. « La seule élection qu’on attend, c’est le référendum », a tranché le Président du Comité.
    Le Comité a adopté aujourd’hui sans vote deux projets de résolution dont le premier sur les renseignements relatifs aux territoires non autonomes* recommande à l’Assemblée générale de prier les puissances administrantes de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables.
    Autre texte annuel, le projet de résolution relatif à la diffusion d’informations sur la décolonisationrecommande à l’Assemblée générale de prier le Département des affaires politiques et le Département de l’information de continuer d’utiliser tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision et Internet- pour faire connaître l’action de l’ONU dans le domaine de la décolonisation. 
    Le Comité tiendra sa prochaine réunion publique demain, mardi 14 juin, à partir de 10 heures, pour poursuivre l’examen de la question de Gibraltar.
    * A/AC.109/2016/L.3
    ** A/AC.109/2016/L.4
    DEMANDES D’AUDITION (AIDE-MEMOIRES)
    Le représentant du Venezuela a demandé au Comité de rejeter la demande d’audition de M. Mohamed Abba, pétitionnaire du Sahara occidental, au motif qu’elle constitue une violation des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. Cette intervention vient trop tard, a objecté son homologue du Maroc. Il a expliqué que si le pétitionnaire se présente comme un « élu », c’est parce qu’une partie de la population sahraouie vit dans le Sahara marocain où des élections ont eu lieu, sous observation internationale. La responsable de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un referendum au Sahara occidental (MINURSO) a d’ailleurs déclaré devant le Conseil de sécurité que ces élections locales s’étaient déroulées dans le calme et le respect des règles. « Une élection générale s’inscrit dans l’espace et dans le temps et ne concerne pas les populations de Tindouf » où l’autre partie de la population vit, a souligné le représentant, ajoutant que M. Christopher Ross, Envoyé personnel du Secrétaire général, a lui aussi estimé que ces élections « pour la première fois régionales » s’étaient déroulées sans incident. 
    Par conséquent aux yeux du Maroc, M. Abba représente légitimement la population sahraouie et peut donc se présenter devant le Comité pour présenter la situation sur place. « Nous ne sommes pas là pour dire qui représente qui. Nous sommes là pour écouter des rapports », a estimé le représentant qui a invoqué les règles, les résolutions des Nations Unies et les rapports du Secrétaire général pour plaider la cause du pétitionnaire. Pour le Maroc, les résolutions invoquées parlent de « représentant » et non pas de « représentant légitime » et par conséquent M. Abba devrait être autorisé à s’exprimer devant le Comité dans la mesure où c’est bien un Sahraoui, même s’il ne vit pas dans les camps de Tindouf.
    Le Président du Comité a noté que M. Abba a soumis sa demande en tant que représentant du peuple du Sahara occidental et exhibé un cachet du Ministère marocain de l’intérieur du Maroc. La position du Bureau est claire: le Comité, n’étant pas habilité à modifier les résolutions de l’Assemblée générale, l’unique représentant du peuple sahraoui est le Front Polisario. Le Président a reconnu qu’il s’agit d’une question « très délicate ». La question n’est pas d’autoriser l’un ou l’autre à s’exprimer mais de respecter les règles et les résolutions en vigueur, a-t-il dit. Les résolutions sont très précises, a insisté le représentant du Venezuela: le Front Polisario est le représentant du peuple sahraoui. Le représentant du Bureau des affaires juridiques des Nations Unies a précisé, à son tour, qu’outre les membres du Comité et les États observateurs, seuls les observateurs des territoires non autonomes et les pétitionnaires sont autorisés à parler devant ce Comité. Le représentant du Maroc a insisté sur le fait qu’on ne peut pas contester la demande de M. Mohammed Abba car il a été élu par une population faisant partie de la population du Sahara marocain. M. Abba ne prétend pas représenter toute la population, mais il a le droit, en tant que représentant élu, d’être auditionné. Quelle est la différente entre « le représentant » et « un représentant »? a demandé le représentant du Maroc en affirmant qu’il ne cherche pas à changer les résolutions mais bien à obtenir leur respect. « Les termes juridiques sont clairs. »
    On semble utiliser tous les moyens et toutes les méthodes pour saboter une réunion, ce qui « est aussi un art », s’est impatienté le Président du Comité. Ce qui plaide contre l’audition de M. Abba, a-t-il répété, c’est le fait que les résolutions sont très claires sur l’unique représentant du peuple vivant sur le territoire du Sahara occidental, à savoir, le Front Polisario. Il a demandé au représentant du Maroc de soulever la question de l’interprétation des résolutions à la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. 
    Notre intention n’est pas de saboter la réunion, s’est défendu le représentant du Maroc, mais de « l’orienter ». Le Maroc respecte la position politique du Venezuela mais ne peut accepter qu’il l’impose au Comité. On n’est pas ici pour discuter de la représentativité et « je sais que vous avez un problème avec les élections, avec la légitimité des droits de l’homme, mais vous ne pouvez imposer ce point de vue au Comité », a-t-il ajouté. LePrésident a confisqué la parole au représentant du Maroc et lui a demandé de respecter « sa personne ». On cherche, a insisté le représentant du Maroc, à empêcher un représentant élu d’un territoire non autonome de s’exprimer devant le Comité. « Les Nations Unies essaient d’inverser les règles de la démocratie. On nie le droit à des Sahraouis d’exister parce qu’ils ne sont pas séparatistes. Ce Comité se discrédite en bâillonnant une personne légitimement élue, a encore plaidé le représentant. Le Président a rappelé que la seule élection à attendre, « c’est le référendum.»
    Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e) de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies (A/71/68)
    Au terme du projet de résolution A/AC.109/2016/L.3, adopté sans vote, l’Assemblée générale prierait les puissances administrantes concernées de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question, notamment sur la constitution, la loi ou le décret régissant le gouvernement du territoire et les relations constitutionnelles entre celui-ci et la puissance administrante, dans les six mois suivant l’expiration de l’exercice administratif dans ces territoires. 
    L’Assemblée générale prierait aussi le Secrétaire général de continuer à veiller à ce que les renseignements voulus soient tirés de toutes les publications disponibles au moment où sont rédigés les documents de travail sur les territoires concernés.
    La représentante de Cuba a estimé que les informations sur les territoires non autonomes constituaient un outil utile pour l’analyse de la situation de chaque territoire. D’après le rapport du Secrétaire général, il est évident que certaines puissances administrantes n’ont pas soumis ces informations pour l’année 2016. Le représentant les a donc exhortées à le faire sans plus tarder et à coopérer avec le Comité.
    Question de la diffusion d’informations sur la décolonisation
    Par ce projet de résolution A/AC.109/2015/L.4, adopté sans vote, l’Assemblée générale prierait le Département de l’information de continuer de mettre à jour les informations affichées sur le site Web concernant les programmes d’aide destinés aux territoires non autonomes. Elle le prierait aussi ainsi que le Département des affaires politiques de mettre en œuvre les recommandations du Comité spécial et de continuer à prendre les mesures voulues en utilisant tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision et Internet –pour faire connaître l’action de l’Organisation dans le domaine de la décolonisation.
    Il s’agit notamment d’élaborer des procédures pour rassembler, préparer et diffuser, en particulier à destination des territoires non autonomes, de la documentation de base sur les questions relatives à l’autodétermination des peuples de ces territoires; ce faisant, de chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes; d’étudier plus avant l’idée de créer un programme de collaboration avec les points de contact des gouvernements des territoires pour les questions de décolonisation, notamment dans le Pacifique et les Caraïbes, de façon à améliorer l’échange d’informations; et d’encourager les ONG et les territoires à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation et les territoires non autonomes à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation. L’Assemblée générale prierait aussi tous les États, y compris les puissances administrantes, d’accélérer la diffusion des dites informations.
    Mme MARGARET NOVICKI, Directrice de la Division de la sensibilisation du public du Département de l’information des Nations Unies (DPI) a présenté le Rapport du Secrétaire général (A/AC.109/2016/18) qui couvre la période allant d’avril 2015 à mars 2016. Pendant cette période, le DPI a publié 33 communiqués de presse sur le travail lié à la décolonisation de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC), de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation et du Comité spécial de la décolonisation. Le DPI continue de maintenir à jour le site Internet de la décolonisation dans les six langues officielles, lequel site a enregistré près de 345 000 visites entre janvier et décembre 2015. Les activités liées à la décolonisation se retrouvent également sur d’autres sites Internet gérés par le Département ainsi que sur les médias sociaux. La télévision des Nations Unies a elle aussi couvert les réunions officielles du Comité, les sessions liées à la décolonisation de la Quatrième Commission et l’adoption des résolutions par l’Assemblée générale. Le Groupe de la photographie a également couvert un certain nombre de manifestations et la Radio des Nations Unies a continué de retransmettre dans les six langues officielles, ainsi qu’en portugais et en swahili, les activités des Nations Unies liées à la décolonisation.
    Par ailleurs, à l’occasion de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, le Centre des nouvelles a produit, en anglais et en français, 34 reportages sur la décolonisation. Enfin, les 190 000 personnes qui ont suivi des visites guidées au Siège de New York ont été informées du travail du Conseil de tutelle et des activités de décolonisation du système des Nations Unies. Les 114 000 visiteurs du Bureau de Genève ont eux aussi été informés de ces activités. Les sièges de Vienne et de de Nairobi parlent aussi de la décolonisation au cours des visites guidées.
    La représentante de Cuba a salué le travail du Département et l’a exhorté à poursuivre ses efforts en mettant l’accent sur les options d’autonomie offertes aux peuples non autonomes. Il faut davantage insister sur les travaux du Comité, a estimé le représentant. Il a aussi demandé que la mise à jour du site internet soit faite le plus rapidement possible et dans les six langues officielles des Nations Unies. Or, certains contenus sont disponibles en anglais mais pas en espagnol, comme par exemple les comptes rendus du Séminaire régional qui vient de se tenir à Managua, et ce, alors que le site Web en espagnol des Nations Unies a été le deuxième site le plus consulté du système des Nations Unies en 2015.
    Le représentant du Chili a appuyé les propose de Cuba. Il a demandé des informations sur la numérisation des archives, avant de souligner que les gens susceptibles d’être intéressées par les informations sur la décolonisation n’ont pas accès aux documents numérisés. Comment faire pour diffuser l’information auprès des populations des territoires non autonomes? Il a aussi demandé que soit davantage expliqué au grand public le contexte juridique dans lequel opère le Comité spécial.
    Le Comité devrait justement inscrire ses travaux dans le cadre du Programme du développement durable à l’horizon 2030, a suggéré le représentant de l’Indonésie. Avec 17 territoires toujours non autonomes, il faut tout faire pour mettre en œuvre la troisième Décennie de la décolonisation, a-t-il insisté, en remerciant le Nicaragua pour avoir accueilli, pour la deuxième année consécutive, le Séminaire régional qui a d’ailleurs noté avec satisfaction la bonne volonté de certaines puissances administrantes. Ce n’est qu’avec une participation active et une compréhension mutuelle entre le Comité et les puissances administrantes que l’on pourra progresser, a souligné le représentant.
    La Directrice du Département de la sensibilisation du public, a pris dûment note des observations de Cuba et du Chili et a rappelé que ses services ne ménageraient aucun effort pour diffuser les travaux des Nations Unies en matière de décolonisation, en utilisant tous les médias disponibles, y compris Internet. Le projet de numérisation a deux objectifs: élargir l’accès aux documents des Nations Unies et préserver les documents d’origine qui forment « le patrimoine historique de l’Organisation ».
    Mme JOSIANE AMBIEHL, Chef de l’Unité de la décolonisation au Département des affaires politiques, a informé le Comité spécial des travaux de son Département relatifs à la dissémination de l’information sur la décolonisation entre juin 2015 et mai 2016, conformément à la résolution 70/103 du 9 décembre 2015 de l’Assemblée générale. Elle a précisé qu’au cours de la période examinée, son Unité a continué de travailler avec le Département de l’information pour que le site Internet soit mis à jour régulièrement. 
    Le Département des affaires politiques est également chargé de la préparation annuelle des documents de travail du Secrétariat concernant chacun des 17 territoires non autonomes sous la supervision du Comité spécial, a rappelé Mme Ambiehl, qui a souligné que la base de ces documents est faite des informations transmises par les puissances administrantes, qui sont ensuite complétées par des informations d’origine publique en matière politique, constitutionnelle, socioéconomique ou de développement. L’Unité de la décolonisation a veillé à ce que tous les documents de travail soient postés sur le site Internet durant le premier trimestre de 2016 et immédiatement après avoir été rendus disponibles.
    Mme Ambiehl a également mis l’accent sur le rôle des médias sociaux tels que Twitter, qui a servi à diffuser en temps réel des informations sur le Séminaire de Managua. Rappelant que le compte Twitter des affaires politique UN­_DPA compte 171 000 adhérents, elle a précisé, démonstration à l’écran, qu’un tweet avait été envoyé pour annoncer l’ouverture de la présente réunion. 
    Mme Ambiehl a par ailleurs rappelé que son Unité est également chargée d’apporter un soutien concret aux séminaires régionaux annuels et à leur suivi. Cette année encore, le séminaire s’est tenu à Managua, du 31 mai au 2 juin. Dès leur retour de Managua, les membres de l’Unité ont travaillé en étroite collaboration avec le Département de l’information pour veiller à ce que les déclarations faites lors du séminaire, y commis les documents présentés par les experts et la société civile ainsi que les communiqués de presse sur les trois jours de réunion, soient postés sur le site Internet. Mme Ambiehl a présenté une sélection de photos prises par le Groupe de la photographie. Elle a conclu en réaffirmant l’engagement de son Unité à publier l’information disponible sur la décolonisation sur tous les médias disponibles afin de faire connaître le travail des Nations Unies dans ce domaine.
    La représentante du Nicaragua a remercié tous ceux qui ont participé au séminaire de Managua lequel a permis de renouveler l’engagement du Comité à lutter jusqu’à ce que tous les territoires non autonomes inscrits sur sa liste soient décolonisés. Le Nicaragua espère devenir le siège permanent du Séminaire régional, a-t-elle ajouté. 
    Missions de visite dans les territoires non autonomes
    Le Président du Comité a expliqué que le projet de résolution A/AC.109/2016/L.5 n’est pas encore prêt et qu’il ne peut donc pas être adopté. Il a indiqué que le Comité souhaiterait pouvoir organiser au moins deux missions par an. Ne faut-il pas créer un groupe de travail officieux pour travailler sur ce projet de résolution? s’est demandé le représentant de l’Iran. Le cadre le plus adéquat est le Bureau du Comité, a répondu lePrésident, auquel tous les membres du Comité sont invités. Dans les autres Comités des groupes de travail officieux, a fait observer le représentant iranien, en faisant là une suggestion que le Président a trouvée « intéressante et constructive ».
    Question de Gibraltar (A/AC.109/2016/8)
    M. FABIAN PICARDO, Ministre principal de Gibraltar, a déclaré que son peuple ne souffrait pas aujourd’hui du joug du colonialisme mais de la suppression de ses droits inaliénables au regard du droit international du fait d’une inaction délibéré de ce Comité. Il faut être clair, a-t-il ajouté: ce Comité a été créé pour protéger et promouvoir les intérêts des peuples des territoires non autonomes. « Vous échouez de manière spectaculaire », a-t-il lancé.
    M. Picardo a également estimé que le Comité n’était pas là pour jouer les arbitres dans les différends territoriaux ou autres entre États. Certes, a-t-il ajouté, l’an dernier, le Président du Comité nous a appelés à faire preuve de patience et à comprendre le pouvoir limité du Comité, arguant que demander à ce dernier de se rendre à Gibraltar pour donner son avis sur l’ordre constitutionnelle consistait déjà à outrepasser ce pouvoir. « Il avait, bien sûr, tort », a taclé M. Picardo, pour qui une telle réponse démontre combien le Comité nuit à l’ordre juridique international. Aux termes de la Charte et des autres textes qui définissent son rôle, le Comité a le droit d’effectuer des visites dans les territoires non autonomes, a poursuivi le Ministre principal, expliquant que c’est pourquoi il avait l’an dernier lancé cette invitation. « Venez à Gibraltar, venez voir la réalité de notre vie. »
    M. Picardo a tout de même « remercié » le Président du Comité pour sa franchise, s’agissant en particulier de l’impossibilité du Comité d’organiser un Séminaire régional à Gibraltar, comme le territoire le lui proposait. En évoquant un « différend territorial », le Président du Comité se soumettait à la revendication « spécieuse » de l’Espagne et ce de manière totalement « inappropriée », a accusé le Ministre principal qui s’est interrogé: « Si l’Espagne pensait qu’une visite du Comité à Gibraltar le convaincrait de la véracité de ses arguments, ne pensez-vous qu’il vous aurait déjà invité? »
    M. Picardo a incité le Comité à lire « sérieusement » le jugement qui sera prochainement rendu par la Cour d’arbitrage du sport dans l’affaire portée devant lui par l’Association de football de Gibraltar contre la Fédération internationale de football association (FIFA). La Cour a rejeté les objections de l’Espagne sur l’entrée de Gibraltar à la Fédération, a-t-il expliqué en estimant qu’il n’y a pas de différend légitime de souveraineté sur Gibraltar ni de différend juridique au regard du droit international. Cela fait 50 ans cette année que le Royaume-Uni a défié l’Espagne de faire valoir sa souveraineté sur Gibraltar devant la Cour internationale de Justice, a ajouté M. Picardo. Un demi-siècle plus tard, l’Espagne n’a toujours pas fait cette démarche. Pour le Ministre principal, l’Espagne sait très bien qu’elle ne peut l’emporter devant une cour.
    M. Picardo a accusé le Comité spécial de « prendre en fait le parti de l’Espagne contre nous » et de « conspirer avec l’Espagne contre les intérêts du peuple de Gibraltar ». Il l’a accusé de tenter de déformer les rapports du séminaire en ne reflétant pas les propos tenus. Accusant carrément le Comité de « trahir » les droits du peuple de Gibraltar qu’il doit au contraire, aux termes de son mandat, protéger, M. Picardo a prévenu qu’il ne laissera pas cette attitude « sans précédent » passer inaperçue.
    Rappelant que Gibraltar votera la semaine prochaine comme le Royaume-Uni sur l’appartenance à l’Union européenne, le Ministre principal a déclaré que le chef du Gouvernement espagnol par intérim est déjà en train de menacer de fermer la frontière si le Royaume-Uni choisit de quitter l’Union. M. Picardo a également jugé « infantile » le chantage selon lequel, en cas de Brexit, Gibraltar devrait, pour conserver un accès au marché unique européen, accepter une souveraineté conjointe du Royaume-Uni et de l’Espagne. Le peuple de Gibraltar souhaite l’amitié et la coopération avec le peuple espagnol, mais il a déjà dit « non » à la cosouveraineté lors d’un référendum en 2002, à 98%. On ne répétera pas cette tentative, a averti M. Picardo, pour qui « Gibraltar n’est pas à vendre et son peuple ne se laissera pas soudoyer, il ne se rendra jamais et il ne sera jamais, jamais, espagnol ». Répétant que l’Espagne a renoncé à Gibraltar « pour toujours » par le Traité d’Utrecht de 1713, M. Picardo a conclu en affirmant que le souhait du peuple de Gibraltar est ce qui doit compter pour le Comité spécial si tant est qu’il veut honorer ses obligations: « C’est ce pour quoi vous êtes ici, c’est ce que la Charte attend de vous, c’est ce que nous attendons ».
    Le Président du Comité a dit avoir entendu « avec respect » une déclaration « un peu agressive », avant de passer la parole à l’Espagne.
    Mme FRANCISCA MARÍA PEDROS CARRETERO (Espagne) a affirmé son appui et son attachement aux travaux du Comité spécial avant de parler de la « situation anachronique » dans laquelle se trouve son pays au regard de Gibraltar. Elle a affirmé que la résolution 2353 (XXII) du 22 décembre 1967 établit très clairement que le processus qui doit régir la décolonisation de Gibraltar n’est pas celui de la libre détermination mais celui de la restitution de l’intégrité territoriale de l’Espagne.
    Pour Mme Pedros Carretero, Gibraltar représente un cas de « colonialisme consenti ». Elle a rappelé que les « habitants authentiques » de Gibraltar avaient été contraints de quitter le pays après le Traité de 1713 et a fait un long historique de la situation de Gibraltar depuis le Traité d’Utrecht.
    En violation du droit international, le Royaume-Uni a occupé des espaces qui ne lui appartenaient pas et que l’Espagne continue de revendiquer, a poursuivi Mme Pedros Carretero. Ce que l’Espagne revendique devant le Comité spécial, c’est le respect du droit international, a-t-elle ajouté. La solution exige la reprise immédiate d’un dialogue bilatéral avec le Royaume-Uni lequel l’avait accepté en 1984 mais n’a jamais rien fait. Le Royaume-Uni refuse depuis des années de dialoguer avec l’Espagne sur l’avenir de Gibraltar en tenant compte des intérêts de la population du territoire.
    Insistant sur la « relation coloniale de soumission et de dépendance de Gibraltar avec la métropole », la représentante a énuméré des « difficultés au quotidien du fait des autorités irresponsables de Gibraltar », que ce soit dans le domaine de la pêche ou du régime financier « opaque » que Mme Pedros Carretero a présenté comme un « paradis fiscal » caractérisé par des trafics de toute sorte, dont la contrebande du tabac qui est devenue un problème majeur.
    Malgré ces difficultés, l’Espagne réaffirme sa bonne volonté mais estime que les questions de souveraineté ne peuvent être discutées que de manière bilatérale entre l’Espagne et le Royaume-Uni, par une coopération entre les habitants des deux côtés de la grille. En face, Gibraltar continue de proférer des « accusations calomnieuses » à l’égard du Comité, a accusé la représentante, qui a demandé une fois de plus au Comité de respecter le processus de décolonisation de Gibraltar.
    M. RICHARD BUTTIGIEG, Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar, a, à son tour, accusé le Comité de n’avoir « rien fait » depuis un an. Il a reproché au Comité de refuser d’envoyer une mission à Gibraltar pour témoigner de la situation. Si le Comité venait sur place, il verrait comment l’Espagne continue de violer les eaux territoriales de Gibraltar en prétendant qu’il s’agit de ses eaux. L’Espagne a empêché un avion transportant le Secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères de passer par l’espace aérien de Gibraltar, en prétendant qu’il s’agissait de l’espace espagnol. M. Buttigieg a aussi insisté sur les efforts de Gibraltar pour lutter contre la contrebande de tabac. Il a également insisté sur les « menaces » de l’Espagne à l’encontre de Gibraltar, y compris les risques de blocage dans l’hypothèse où le Royaume-Uni déciderait le 23 juin de sortir de l’Union européenne. Le représentant a aussi rappelé que l’Espagne ne veut pas saisir la Cour internationale de Justice, y voyant une preuve du caractère non démocratique de ce pays. Il s’est défendu d’être un sécessionniste. Gibraltar veut seulement être un peuple qui veut décider de son propre avenir et sa détermination est aussi dure que le rocher sur lequel il vit, a-t-il conclu. 
  • Le ministre sahraoui des AE s’en prend à la France

    «Manœuvres» et «pressions» sur le Conseil de sécurité: Le ministre sahraoui des AE s’en prend à la France
    par M. Aziza
    Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a vivement critiqué les «manœuvres» et «les pressions» exercées par la France au sein du Conseil de sécurité et sur les pays de l’Union européenne, en faveur du Maroc. Pour lui, «la France ne veut ni paix au Sahara occidental ni stabilité dans le nord-ouest d’Afrique». Intervenant hier, lors d’une conférence de presse animée à l’ambassade du Sahara occidental à Alger, Le MAE sahraoui a affirmé que «selon les dernières informations, le Maroc, soutenu par la France et certains pays du Golfe à l’exemple de l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes, n’a fait preuve ni de bonne volonté ni de bonne intention pour appliquer la dernière décision du Conseil de sécurité». Une décision portant sur le retour de la Minurso dans un délai ne dépassant pas les 3 mois. Le personnel civil de la mission de l’Onu avait été expulsé par Rabat en signe de protestation contre des propos tenus en mars dernier par le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon. Le Maroc a reproché au SG de l’ONU d’avoir utilisé le terme « occupation » pour qualifier la présence marocaine au Sahara occidental. Le conférencier a affirmé que le Maroc est en train de gagner du temps pour entraver toute initiative à la faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Le chef de la diplomatie sahraouie a fait état de connivence et de complicité de certaines parties au sein du Conseil de sécurité, qui entravent les efforts de l’ONU pour l’autodétermination du Sahara occidental. Mais ce qui est intrigant, selon le conférencier, est la position contradictoire de la France vis-à-vis du Sahara occidental. 
    Il s’est interrogé «comment la France intervient militairement en Libye et en Syrie sous prétexte d’instaurer la démocratie et de défendre les droits de l’homme, et d’un autre côté, elle soutient et encourage le Maroc, en justifiant les violations des droits de l’homme au Sahara occidental et en entravant tout processus de règlement de ce conflit à la faveur des Sahraouis ?» Mohamed Salem Ould Salek dit comprendre la position espagnole qui a adopté un choix tactique pour préserver ses intérêts au Maroc, mais il dit ne rien comprendre de la position française qui ne sert ni ses propres intérêts ni ceux de l’Union européenne. Il l’accuse de vouloir torpiller tous les efforts au Sahara occidental et dans la région. Ould Salek a également dénoncé l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental. Il a expliqué que la France a tout fait pour pousser les Etats membres de l’Union européenne à déposer un pourvoi en appel visant à contester la décision prise par la Cour européenne de justice portant sur l’annulation de l’accord agricole et de pêche avec le Maroc. 
    Le ministre des Affaires étrangères sahraoui s’est dit également intrigué par la position française et de certaines parties qui soutiennent le Maroc alors que ce dernier « inonde la région africaine et maghrébine de drogue ». Et d’ajouter : « Pourtant, ils savent que les commanditaires des attentats de Madrid, de France et de Bruxelles sont des trafiquants de drogue dont la plupart portent des noms marocains», a-t-il attesté. 
  • NAÂMA ASFARI CÉLÈBRE LE FORUM DES DROITS DE L’HOMME DE SA PRISON

    Alors que le Maroc se fait le chantre des droits de l’homme en organisant le Forum mondial des droits de l’homme à Marrakech fin novembre, Naâma Asfari entame sa cinquième année de détention arbitraire après avoir été torturé et condamné sur la base d’aveux forcés.
    Cette action est terminée. Merci à tous les participants, nous vous informerons en cas de nouvelles évolutions.
    Alors que le Maroc se fait le chantre des droits de l’homme en organisant le Forum mondial des droits de l’homme à Marrakech fin novembre, Naâma Asfari entame sa cinquième année de détention arbitraire après avoir été torturé et condamné sur la base d’aveux forcés.
    Ce défenseur des droits de l’homme sahraoui a été arrêté à Laayoune, dans la région du Sahara occidental sous occupation marocaine, le 7 novembre 2010, la veille du démantèlement du camp de Gdeim Izik. Ce camp avait été érigé un mois plus tôt par des milliers de Sahraouis pour protester contre les discriminations économiques et sociales dont ils s’estiment victimes de la part du gouvernement chérifien. Lors du démantèlement du camp par les forces de sécurité, des affrontements éclatent avec les manifestants. Neuf soldats marocains sont tués selon les autorités marocaines. En représailles, les forces de sécurité se livrent à des vagues d’arrestation assorties de torture.
    Naama Asfari est arrêté dans la violence, puis il est interrogé et torturé pendant cinq jours, d’abord au poste de police puis à la gendarmerie de Laayoune. Le 12 novembre 2011, il est brièvement présenté au tribunal pour signer un registre sous la contrainte, puis il est transféré avec d’autres codétenus sahraouis à la prison de Salé à Rabat, pour être poursuivis par la justice militaire, en dépit de leur qualité de civils.
    Le 16 février 2013, Naâma Asfari et ses 23 codétenus sont condamnés par le tribunal militaire à l’issue de neuf jours de procès inéquitable marqué notamment par la prise en compte d’aveux arrachés sous la torture. Aucune expertise médicale ni enquête n’a été diligentée concernant les allégations de sévices formulées à plusieurs reprises par la quasi-totalité des accusés.
    Naâma Asfari écope d’une peine de trente ans d’emprisonnement. Un verdict qui n’est pas susceptible d’appel.
    Contexte
    En octobre 2010, des milliers de Sahraouis vivant dans des villes situées dans la partie du Sahara occidental sous administration marocaine, ont quitté leur résidence pour s’installer dans des camps temporaires à la périphérie des villes. Il s’agissait là d’une mobilisation collective spectaculaire destinée à protester contre les discriminations économiques et sociales dont les Sahraouis s’estiment victimes de la part du gouvernement marocain.
    Le 8 novembre 2010, les militaires marocains, armés de canons à eau et de bombes lacrymogènes, ont attaqué le camp de Gdeim Izik occupé par près de 20 000 Sahraouis. Au cours de l’évacuation forcée du camp, des affrontements ont éclaté entre l’armée et des manifestants sahraouis, au cours desquels neuf soldats marocains auraient trouvé la mort. S’en est suivie une violente vague de répression menée par les forces de sécurité marocaines, avec l’appui de civils marocains résidant en territoire sahraoui. Elles ont ainsi ouvert le feu sur des civils dans la ville d’El-Ayoun, saccagé des maisons et passé à tabac leurs habitants. Des centaines de militants sahraouis ont été arrêtés, dont plusieurs ont déclaré avoir été torturés.
    Naama Asfari, défenseur des droits de l’homme, fait partie du groupe des 22 militants sahraouis condamnés par la justice militaire. Il a été condamné à 30 ans d’emprisonnement sur la base d’aveux qu’il assure avoir signés sous la torture. Le 20 février 2014, l’ACAT a déposé deux plaintes pour torture en son nom. L’une devant le Comité contre la torture des Nations unies, contre le Maroc auquel l’ACAT et M. Asfari reprochent notamment de n’avoir pas enquêté sur les allégations de torture et d’avoir pris en compte les aveux forcés. L’autre plainte est une plainte pénale déposée en France contre les tortionnaires présumés de M. Asfari.
  • MythoLeaks marocains

    Par R. Mahmoudi
    Le Makhzen vient de mettre en marche son énième plan de manipulation médiatique au sujet du Sahara Occidental, en créant un PolisarioLeaks, une page Facebook calquée sur le modèle de Chris Coleman (Chris_Coleman24), célèbre hacker ayant, en 2014, dévoilé une foule d’informations sur les dessous de la diplomatie marocaine dont une partie a été reprise par la presse internationale. 
    Initiée par les services secrets marocains sous le pseudonyme de «Noor Khan» (Noor_khan24), cette page qui existe aussi sur d’autres réseaux sociaux comme Twitter prétend publier des documents confidentiels sur le Polisario. Les deux derniers en date ont trait à des «transferts illicites» de capitaux via une fondation espagnole établie en Algérie et à une histoire de billet d’avion pour le transfert de la dépouille du président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. 
    PolisarioLeaks croit ainsi détenir une copie du billet d’Air Algérie, tarifé à 450 euros en classe économique. C’est, pour l’outil de propagande marocaine, la preuve que l’Algérie «traitait mal» le leader sahraoui avant son décès. Ce cynisme n’a d’égal que le désarroi qui s’est emparé des responsables marocains, à tous les niveaux, en apprenant, impuissants, l’organisation des obsèques nationales à Bir Lahlou, dans les territoires libérés. 
    La presse à la solde du Makhzen a déjà tenté de minimiser l’événement, en tentant de travestir le rôle de l’Algérie dans la préparation des obsèques du président Abdelaziz et même de donner, au départ, de fausses informations, notamment sur le lieu d’enterrement et la qualité des personnalités qui devaient y assister. 
    Le pseudo-WikiLeaks sahraoui prétend détenir des documents compromettants sur la gestion financière à Tindouf, principal camp de réfugiés des Sahraouis, dans le dessein de salir en même temps l’image de l’Algérie. Ces papiers parlent de «malversations» couvertes ou organisées par une «diplomatie parallèle» décrite comme «peu soucieuse des scrupules» et jouissant de complicités au niveau international, histoire d’enfoncer par la même machination les Nations unies qui ont récemment porté des coups durs à la propagande officielle de Rabat au sujet de la question sahraouie. Cela dit, ces manœuvres dénotent non seulement une frustration grandissante chez les Marocains, mais, surtout, un besoin de pallier les déboires successifs de leur diplomatie qui l’ont désormais mise en conflit avec l’ONU et la discréditent aux yeux même de ses principaux soutiens.
    R. M.
  • Ryad dans le club trés restreint des »intouchables »

    La famille régnante en Arabie Saoudite est bien plus puissante en termes d’influence que l’Organisation des Nations Unies.
    En moins de deux mois, Ryad a réussi à faire reculer l’ONU sur deux dossiers: le premier en venant en aide au Maroc, un pays totalement vassalisé, dans son bras de fer avec le Secrétaire Général des Nations Unies et la Minurso; le second en obtenant derechef la suppression des accusations-pourtant fondées et documentées-à l’égard des exactions et autres violations des droits humains et de l’enfant dont s’est rendu coupable la coalition Arabe menée par Ryad au Yémen.
    C’est du jamais vu en matière de relations internationales. Et ce n’est pas tout.
    L’influence saoudienne est telle que le président Barack Obama a mis son véto à une initiative du Congrès US visant à rendre Ryad responsable des attentats du 11 septembre 2001 pour en obtenir de mirobolantes indemnisations financières.
    En fait, on a affaire à autre Etat membre du club très restreint des Etats s’érigeant bien au dessus du Droit et des Conventions Internationales sans pour autant revendiquer un quelconque exceptionnalisme ni posséder un impressionnant arsenal nucléaire.
    Inutile de tourner autour du pot. L’Arabie Saoudite et Israël ont assez d’influence pour transformer l’ONU en « machin » caduc. La défunte SdN (Société des Nations) a disparu pour moins bien que ça mais passons. C’est le nouvel ordre mondial dont on nous a rabattu les oreilles depuis 1990. A posteriori, ce n’est nullement une ère de paix et de prospérité…
  • LA RÉPUBLIQUE ARABE SAHRAOUIE DÉMOCRATIQUE: UN DESTIN CONTRARIÉ

    Mohamed Abdelaziz qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, est décédé mardi. Il était le dirigeant historique du mouvement indépendantiste et militant intransigeant, était depuis 1976 à la tête du Polisario. Retour sur l’histoire tumultueuse de ce peuple et son pays, trop méconnus dans le monde, et surtout des Mauriciens.
    Durant ces dernières années, la question sahraouie a pris encore plus de pertinence en raison des relations commerciales étroites entre Maurice et le Maroc, ou un groupe hôtelier mauricien a construit une enseigne. Est-ce que les raisons commerciales auront-elles le dessus sur les considérations humaines, car il faut savoir que la République arabe sahraouie démocratique(RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976, se bat pour obtenir l’indépendance totale du Sahara occidental, avec le soutien de l’Algérie.
    Depuis 1991, ce territoire de 227 000 km2 est contrôle à 80 % par le Maroc, lequel a érigé un ‘mur de sécurité’ pour séparer le reste, constitue de 20% et administré par le Front Polisario. « Le Sahara Occidental est, à ce jour, un des derniers pays encore colonisés », explique Alain Laridon, qui a tissé un lien d’amitié indéfectible avec les membres du Front, depuis la Rencontre de Benghazi, où il avait croisé les indépendantistes du Sahara occidental. « Cette relation s’est poursuivie jusqu’à mon affectation comme ambassadeur au Mozambique, où j’ai souvent apporté des aides logistiques à l’ambassade sahraoui », précise Alain Laridon.
    En fait, explique-t-il, il faut saluer la décision courageuse de sir Seewoosagur Ramgoolam qui, à la conférence de l’Organisation de l’unité africaine (devenue Union africaine-UA), à Maurice, avait refusé de se soumettre à la pression du Maroc d’exclure la délégation sahraouie de la conférence. « SSR avait réussi à convaincre l’Algérie d’inclure les membres du Front Polisario au sein de leur délégation. »
    La décision de l’UA de reconnaître la RASD comme un État-membre, en 1975, a conduit le Maroc à quitter cette organisation. Si le Maroc tient tellement à occuper l’ex-Sahara occidental, c’est pour une double raison : ses réserves de phosphate et son accès à la mer, où les eaux sont riches en poisson. Avec ses propres gisements et ceux du Sahara occidental, le Maroc détient les deuxièmes plus grandes réserves de phosphate, derrière la Chine. « L’enjeu est principalement économique, surtout depuis que des sociétés marocaines du secteur énergétique ont signé en 2001 des contrats d’exploitation de pétrole au large de la côte », fait ressortir Alain Laridon.
    Sahara-Occidental: qui était Mohamed Abdelaziz, le chef du Front Polisario ?Mohamed Abdelaziz
    Il se battait depuis près de quarante ans pour l’indépendance du Sahara-Occidental, zone grise sur la carte du monde entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie. Mohamed Abdelaziz est mort mardi à l’âge de 68 ans, des «suites d’une longue maladie», d’après le mouvement indépendantiste du Front Polisario, dont il fut le chef historique.
    Le statut du territoire est en suspens depuis 1976, lorsqu’il a été lâché par l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne. Le territoire est depuis revendiqué par le Maroc d’un côté, et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de l’autre, proclamée unilatéralement par le Polisario et soutenue par Alger. L’ONU le considère toujours comme un «territoire non autonome», pas encore totalement décolonisé ni complètement administré par les populations locales. Etudiant en médecine, Mohamed Abdelaziz entame dès la fin des années 60 sa lutte pour l’indépendance du Sahara-Occidental, alors encore colonie espagnole.
    En 1973, il est un des sept fondateurs du Front Polisario, le mouvement indépendantiste qui revendique le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Il en devient le numéro 1 trois ans plus tard, à la mort de son dirigeant, Mustapha Sayed el-Ouali. Avec le soutien de l’Algérie, le Front Polisario se lance alors dans un long conflit armé contre le Maroc, qui annexe le Sahara-Occidental en 1975.
    « Le Maroc et la Mauritanie se sont réparti le Sahara en 1975, regrettait-il dans un entretien à la revue espagnole Cambio 16 paru en mai 2000. Ces deux pays, avec le soutien de la France, sont arrivés à ce funeste accord en ignorant le peuple sahraoui, ce qui ne nous a pas laissé d’autre choix que le combat militaire pour retrouver nos droits. »
    Si Mohamed Abdelaziz prend les armes dans les années 80, il finit par renoncer à la manière forte et entame un cessez-le-feu en 1991, soutenu par la création d’une Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara-Occidental (Minurso), quelques années après une première rencontre entre le Polisario et le roi Hassan II. Mais les négociations de paix n’aboutissent pas. «D’après le plan de règlement, le référendum aurait dû avoir lieu en janvier 1992. Il n’a toutefois pas été possible de respecter le calendrier initialement prévu», lit-on sur le site de la Minurso. Le Maroc, qui considère le Sahara-Occidental comme partie intégrante de son territoire et milite pour une large autonomie mais sous sa souveraineté, bloque l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Le Front Polisario, lui, revendique son indépendance. Les discussions sont depuis vingt-cinq ans dans l’impasse.
    Source (Libération)
    Ancien Private Parliamentary Secretary (PPS), membre du Public Accounts Committee (PAC), de l’Assemblée législative, député de 1987 a1995, Alain Laridon a également été ambassadeur de l’ile Maurice au Mozambique. C’est à Maputo qu’il renoue les contacts avec les membres de la RASD qui possède une ambassade au Mozambique. « Comme militant en faveur de l’indépendance des anciennes colonies, je me suis toujours senti concerné par le combat de la RASD pour son indépendance totale. Je suis entierement solidaire de leur revendication. En 2014, je m’étais entretenu de cette question avec Paul Bérenger. Ce n’est, donc, pas étonnant que ce dernier en avait parlé avec Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu lors sa récente visite a Maurice. Jusqu’à présent, j’ai gardé une ligne de communication avec mes amis sahraouis », explique Alain Laridon.
  • Sahara occidental: L’Egypte et le Sénégal rappelés à l’ordre par l’UA

    par Ghania Oukazi
    C’est à l’initiative de l’Algérie, en référence aux recommandations du «Forum d’Oran» sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, que le Conseil de sécurité de l’Union africaine a rappelé à l’ordre l’Egypte et le Sénégal. 
    Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine a vivement réagi à la fin du mois de mai dernier face à l’attitude de l’Egypte et du Sénégal qui, nous informent des sources diplomatiques, «se sont complètement désolidarisés de la position commune de l’UA au sujet notamment de la question du Sahara occidental et ce, en s’inscrivant en porte-à-faux par rapport aux positions adoptées par l’Organisation continentale et aux directives issues de ses instances auxquelles les Etats membres sont tenus de se conformer. » 
    Les milieux diplomatiques proches de ces instances nous expliquent que «c’est conformément à la discipline des pays membres s’agissant de l’obligation de défendre les positions validées par l’UA et à l’initiative de l’Algérie ainsi qu’aux recommandations du Forum d’Oran sur les questions de paix et de sécurité en Afrique que le Conseil de sécurité africain (CPS) a eu une réaction musclée face à l’attitude de l’Egypte et du Sénégal (…).» 
    Nos diplomates nous font savoir qu’ « à Addis-Abeba, le CPS de l’UA a consacré une série de rencontres à l’examen du rôle des trois pays africains (Angola, Egypte et Sénégal) membres non permanents du Conseil de sécurité (A3) dans la promotion et la défense des positions de l’Union africaine et sans surprise la question du Sahara occidental a été au centre des débats». Ils rappellent alors que «d’aucuns peuvent rapidement faire le lien avec la tenue de cette rencontre et le comportement de l’Egypte et du Sénégal, ouvertement désolidarisés de l’Afrique, lors de l’examen de la question du Sahara occidental par le Conseil de sécurité des Nations unies, durant le mois d’avril 2016.» Tout en notant que le mois d’avril dernier a été marqué par la «crise» entre le Maroc et le Secrétariat Général des Nations unies concernant l’expulsion du personnel civil de la Mission des Nations unies pour l’Organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO), l’on nous précise que «l’Egypte et le Sénégal s’étaient singularisés par leur désengagement de la position de l’Union africaine sur la question allant jusqu’à faire obstruction à la demande de l’organisation panafricaine de permettre à son envoyé spécial d’intervenir devant le Conseil de sécurité.» 
    Le forum d’Oran appelle à une coordination africaine 
    L’on apprend de nos sources que «c’est surtout pour rectifier ce genre de défaillances au sein du Groupe africain à New York que l’Algérie avait lancé en 2013 le Forum d’Oran sur les questions de paix et de sécurité en Afrique qui sert d’enceinte de coordination et d’harmonisation entre le CPS de l’UA et les trois membres africains du Conseil de sécurité onusien (A3)». Le ministre des Affaires étrangères de l’Angola a déclaré à l’ouverture de la 2ème édition de ce forum en décembre 2014 que «la tenue du séminaire d’Oran est un geste important, une opportunité à saisir pour travailler pour un continent plus stable et relever le défi du développement et de la lutte contre la pauvreté, nous devons partir avec la conviction que plus nous nous rencontrons, plus nous vaincrons.» 
    Mettant en exergue trois principes cardinaux à savoir « une appropriation des problèmes africains par les Africains eux-mêmes, une meilleure compréhension de la part du reste du monde -notamment des pays occidentaux- et une même voix africaine au Conseil de sécurité des Nations unies, l’Algérie avait noté par la voix de son ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, à ce même rendez-vous que «ce séminaire de haut niveau annuel se veut un espace de concertation, d’échanges et de partage d’expériences au moment où le continent africain est appelé à relever des défis multidimensionnels impactant la paix et la sécurité ». Lors de sa 3ème édition en décembre 2015 à Oran, le Forum avait, soutient-on, discuté de la problématique de la coordination des positions africaines et de la nécessité pour les représentations des Etats membres de l’UA à New York de respecter les décisions édictées par leurs chefs d’Etat et de gouvernement au sein de l’Union africaine et l’Angola, coordinateur du groupe des A3 à New York avait alors, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, réitéré son engagement en faveur de la promotion des positions de l’Union africaine au sein du Conseil de sécurité notamment sur la question du Sahara occidental. 
    L’Egypte et le Sénégal rappelés à l’ordre 
    Le Conseil de l’UA a ainsi souligné, selon nos sources, « les conséquences négatives engendrées par le manque de coordination et de cohésion au sein des groupes africains notamment sur le traitement des questions de paix et de sécurité en Afrique et appelle les Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à cette situation préjudiciable». 
    Dans cet esprit, « le CPS a remis les pendules égyptiennes et sénégalaises à l’heure africaine en réaffirmant la nécessité pour les A3 de respecter, protéger et promouvoir dans toutes circonstances les décisions et les positions de l’UA sur toutes les questions de paix et de sécurité en Afrique et les exhorte à redoubler d’efforts et à faire tout ce qui est possible pour renforcer la cohésion et la coordination au sein du A3 et du Conseil de sécurité». C’est ainsi que «l’Union africaine a exprimé son ras-le-bol en exigeant de ses membres des actions concrètes et compte mettre fin aux comportement de certains pays en mettant en place un mécanisme de reddition des comptes par lequel les membres africains élus au Conseil de sécurité devront rendre compte de leurs activités dans le cadre de la défense des positions de l’Union africaine. 
    «L’affliction de l’Afrique n’en a été que plus grande lorsque d’autres Etats membres du Conseil de sécurité dont un membre permanent, la Russie, soulignaient et défendaient le rôle de l’UA dans le règlement de ce conflit alors que ces deux pays africains «dissidents», tel que les a qualifiés l’ancien président Joaquim Chissano devant le Conseil de sécurité, s’acharnaient à hypothéquer les efforts de l’Union africaine mais également la crédibilité des Nations unies», est-il mentionné dans les milieux diplomatiques. 
    La réaction «musclée» du CPS de l’UA est, disent-ils, venue «dissiper tout malentendu sur le mandat des Etats africains élus au Conseil en rappelant que les candidatures des Etats africains au Conseil de sécurité sont entérinées et soutenues par l’Union africaine et qu’en vertu du Protocole établissant le CPS, tous les Etats membres de l’Union sont tenus d’accepter et de mettre en œuvre les décisions du Conseil». L’on nous explique que «le ton de la décision du CPS dénonce clairement les positions «souverainistes » d’une minorité de pays membres qui prêchent pour d’autres chapelles». 
    Guerre diplomatique larvée au sein du bloc africain 
    Le coup de gueule de l’Union africaine ne s’est pas limité aux membres africains. Il est indiqué, en effet, qu’ «agacé par le double standard appliqué par certains membres du Conseil de sécurité, le CPS a, lors de la rencontre conjointe tenue à New York avec l’organe onusien, souligné la nécessité impérative pour les deux conseils d’ouvrir une discussion sur les questions considérées par certaines parties comme tabous, notamment le Sahara occidental qui constitue pour l’Afrique une question de décolonisation ». 
    Les diplomates affirment encore que «cette réaction intervient après des mois de négociations entre les deux conseils sur l’ordre du jour des questions à aborder à cette rencontre annuelle de consultations». Toutefois, précisent-ils, «comme fut le cas pour le projet de résolution, certains Etats membres du Conseil dont les dissidents africains se sont opposés à l’inscription des questions du Sahara occidental et de l’exploitation illégale des ressources naturelles à l’agenda des échanges sous prétexte d’un manque d’accord au sein du Conseil de sécurité sur l’inclusion de la question ». 
    A moins de deux mois de la prochaine session du Sommet de l’Union africaine, les diplomates pensent que «cette déclaration de la Présidence du Conseil de Paix et de Sécurité annonce la couleur en réaffirmant la position de l’Union africaine sur la question du Sahara occidental tout en indiquant à ses partenaires sa volonté de porter toute l’attention requise à son traitement». 
    Nos sources diplomatiques arrivent à la conclusion que «d’aucuns espèrent que ces démarches fermes de l’Union africaine ne resteront pas lettre morte et que les décisions du prochain Sommet contribueront à mettre fin à la situation de léthargie imposée par les comportements néfastes du Maroc et de ses alliés au sein du Conseil de sécurité, notamment par l’élimination des dissidences au sein du bloc africain qui, tout en portant atteinte à la cohésion et à la solidarité africaine, participent à dépouiller un peuple de ses droits les plus fondamentaux».
  • Sahara occidental: Mohamed Abdelaziz inhumé au carré des martyrs, à Bir Lahlou

    Le secrétaire général du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a été inhumé samedi dernier à Bir Lahlou, dans les territoires libérés. Il y repose désormais, après plus de quarante ans de combat militaire et de lutte politique pour l’autodétermination du Sahara occidental. Sa dépouille a été la première à être ensevelie au carré des martyrs de la cause sahraouie. Elle sera bientôt rejointe par les ossements des combattants morts les armes à la main, dont ceux de Mustapha El Ouali Sayed, tué en 1976 alors que la guerre contre l’armée marocaine faisait rage.
    Il est 12h30 ce vendredi 3 juin, quand la dépouille du défunt Mohamed Abdelaziz est arrivée à l’aéroport Commandant-Ferradj de Tindouf, transportée à bord d’un avion de la compagnie national Air Algérie. Drapé de l’emblème sahraoui, le cercueil du leader sahraoui a été descendu de l’avion et transporté par des éléments de la Protection civile jusqu’au seuil du salon d’honneur, où une cérémonie de recueillement lui a été rendue et la Fatiha récitée à sa mémoire. Parmi les présents aux funérailles, une importante délégation algérienne, parmi laquelle figuraient des dirigeants de premier plan, tels le Premier ministre Abdelmalek Sellal, le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. Sans compter les parlementaires et les personnalités politiques et associatives nombreuses ainsi que les représentants politiques et diplomatiques des 84 pays qui reconnaissent la RASD qui ont fait le déplacement pour accompagner le président sahraoui à sa dernière demeure. Quelque temps après, le cortège funéraire s’est dirigé vers Hassi Rabouni, qui tient lieu de siège de la présidence de la République sahraouie, à 23 km de l’aéroport de Tindouf. Sur place, le cercueil du défunt a été porté par des militaires sahraouis sous une chaleur infernale, mais qui n’a découragé personne parmi les délégations sahraouies venues pour le dernier adieu avant le grand départ vers Bir Lahlou. Douleur et émotion se lisaient sur tous les visages… Des larmes coulaient, des femmes s’étaient effondrées de chagrin… « O martyr, repose en paix ; à la lutte, il n’y aura pas d’alternative, nous allons poursuivre le combat jusqu’à l’autodétermination », lançait la foule au passage du cercueil présidentiel. Peu de temps après, et contre toute attente, de jeunes Sahraouis, une centaine peut-être, ont débordé le piquet d’honneur pour se ruer sur le siège de la Présidence et scander le nom de Mohamed Abdelaziz et chanter l’hymne sahraoui. Un spectacle jamais vu dans les camps, qui restera sans doute dans les mémoires, « jusqu’au retour à la mère patrie », nous dira dans un sanglot une militante sahraouie au milieu de ses compatriotes qui se sont rassemblées en bordure du parcours par lequel a été passé sur un véhicule militaire le catafalque présidentiel pour le regarder une dernière fois ou le suivre de 17h à 21h, c’est-à-dire à la fin de la journée et à la tombée de la nuit quand la chaleur a légèrement baissé. 
    Emotion et détermination
    Des milliers de personnes ont ainsi accompagné le convoi funéraire à travers les camps d’El Ayoune et d’Aousserd où les drapeaux du Sahara occidental et ceux de l’Algérie flottaient haut. Des jeunes suivaient le convoi Smartphones en main ; des enfants, dont les voix ont fait frissonner, ont crié : « Martyr, repose-toi, à l’indépendance, il n’y a pas d’alternative », « Camarade Mohamed, repose en paix, nous continuerons ton combat », des slogans repris ensuite par tous ceux et celles, hommes et femmes, enfants et jeunes de tout âge, sont sortis pour l’ultime adieu. Au milieu de la foule en douleur, une voix, celle d’un vieux réfugié sahraoui : « Depuis le décès de Mustapha Wali Sayed, en 1976, on n’a pas connu des funérailles aussi impressionnantes que celles de Mohamed Abdelaziz. Comme il y a quarante ans, le peuple sahraoui est là. » A un moment, le cordon de sécurité avait du mal à retenir la foule, notamment à la sortie du camp d’Aousserd, où le mouvement des gens vers le cercueil présidentiel a dû être contenu plus vigoureusement, avant d’être repoussé énergiquement pour qu’il n’y ait pas d’accident durant l’itinéraire. Les mêmes scènes se sont répétées aux camps de Smara et de Boujdour où la population voulait à tout prix rejoindre le convoi funéraire et où des centaines de personnes ont appelé à la tenue du référendum que tous les réfugiés sahraouis attendent. A la tombée de la nuit, la dépouille présidentielle a été conduite par hélicoptère jusqu’à Bir Lahlou, dans les territoires libérés. Pour le rejoindre, un cortège d’une cinquantaine de voitures a pris la route vers 23h40 pour arriver sur les lieux à 6h35, faisant ainsi dans l’obscurité noire du désert 7 heures sur une route rocailleuse. Samedi 5 juin, vers 9h30, sous un vent fort, la dépouille du président Abdelaziz est installée à bord d’un char, avant que les honneurs ne lui soient rendus par un détachement de l’Armée de libération du peuple sahraoui. Des membres du secrétariat national du Polisario et du Conseil national sahraoui ainsi que des ministres du gouvernement et des membres de la famille Abdelaziz, des anonymes aussi venus des camps de Tindouf, se sont ensuite regroupés devant le lieu où le président sahraoui devait être mis en terre. Tous étaient devancés par Khatri Addouh, président sahraoui par intérim, dans une cérémonie funéraire à la fois humble, à l’image du leader disparu, et grandiose à l’exemple d’une cause dont les défenseurs n’entendent « pas baisser les bras ni abdiquer », a déclaré M. Addouh au moment de l’inhumation. L’oraison funèbre a été lue par Ahmed Mohamed Ahmed, membre du secrétariat national du Polisario et compagnon d’arme du regretté. Il a déclaré, en référence à la grandeur du défunt, que Mohamed Abdelaziz a adressé un message de condoléances au peuple marocain lors du décès en 1999 du roi Hassan II. Aujourd’hui, a-t-il regretté, « la famille royale jubile à la perte de notre Président », affirmant dans ce contexte que le peuple sahraoui va reprendre le flambeau et continuer le combat jusqu’à ce qu’il extorque son indépendance. 21 coups de feu ont été tirés en l’honneur de l’ancien combattant.

    http://www.reporters.dz/index.php/monde/sahara-occidental-mohamed-abdelaziz-inhume-au-carre-des-martyrs-a-bir-lahlou

  • Mohamed Abdelaziz inhumé à Bir Lahlou: Adieu Président

    Au milieu du désert, le silence habituel a été interrompu par le bruit des pas de plusieurs centaines de Sahraouis venus dire adieu à leur Président. De Rabouni, Smara, Dhakhla Laâyoun, Aouset… le peuple s’est dirigé comme un seul homme vers le territoire libéré de Bir Lahlou. Mohamed Abdelaziz décédé le 31 mai, était, à l’aube de la matinée d’hier, enterré sous cette terre qu’il ne verra jamais indépendante.
    Quand un homme a accompli son devoir envers les siens et son pays, il peut reposer en paix, c’est le cas du défunt Mohamed Abdelaziz. Cet homme qui a vécu en combattant légitimement à la tête de ses courageux compagnons le colon marocain, et qui a consacré toute sa vie à la cause de son peuple, a été inhumé devant les yeux en larmes de ses compatriotes, au lieu même de la proclamation de la Rasd en 1976, dans le territoire libéré de Bir Lahlou. 
    Le désert n’a jamais été aussi bruité, jamais peuplé que cette matinée d’hier. A 9 heures locales (10h heure d’Alger), ont débuté des funérailles d’Etat, marquées par des honneurs militaires. La cérémonie, qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes, dont des responsables et simples citoyens du monde, a été marquée par le discours de Mohamed Lamine Mohamed, premier fondateur du Front Polisario. 
    «Mohamed demeurera vivant», lance-t-il avec une voix étouffée. «Nous n’allons pas perdre notre objectif de vue. Notre frère est mort, mais son combat nous allons le perpétuer jusqu’à la fin», enchaîne l’ex-Premier ministre de la Rasd. «La réaction des Marocains suite au décès de notre Président n’est qu’une preuve de plus de leur mépris envers nous», s’est-il indigné. 
    Il a appelé le peuple sahraoui à ne pas se laisser «abattre» par ce triste évènement national. 
    La presse marocaine, quelques instants après l’annonce du décès du président sahraoui, avait multiplié les messages volontairement maladroits. Certains médias avaient carrément signifié que le combat de Mohamed Abdelaziz était «une cause perdue».
    Un lieu hautement symbolique
    Les funérailles ont duré plus de deux heures, avec un caractère clairement plus intime que les hommages des derniers jours, en particulier l’hommage qui lui a été rendu à Alger, puis à Tindouf, vendredi dernier, par la présence des officiels algériens.
    Le choix du lieu de l’enterrement était «une évidence», affirment les dirigeants de la Rasd. C’est, en effet, en territoire libéré de Bir Lahlou. C’est sur ces dunes rocheuses et ensablées qu’a eu lieu le 27 février 1976 la proclamation pour la première fois de la République arabe sahraouie démocratique. Cet endroit sera désormais le carré des martyrs. 
    Le président Abdelaziz est le premier à y être enterré. 
    Les nomades sahraouis qui peuplent Bir Lahlou auront avec eux l’âme de leur Président qui «planera toujours au-dessus de nous comme un rappel perpétuel au maintien de nos valeurs et de nos principes», témoignent les habitants de ce territoire libéré.
    Pendant deux heures, le Sahara occidental est resté figé. 
    Les quelques magasins qui activent dans les camps de réfugiés de Tindouf ont tous baissé rideau. Pou un dernier au revoir.
    Aux quatre coins des camps de réfugiés, tous n’ont pas pu se déplacer jusqu’au lieu de l’enterrement. Tous les accès routiers sont le lieu de convergence de centaines de résidents des camps de Tindouf, espérant pouvoir se glisser à l’intérieur des véhicules qui se dirigeaient vers le Sahara occidental.«Je suis là depuis hier soir, j’ai dormi à l’arrière d’un pick-up», déclarait Fatimatou. 
    «Peut-être qu’ils vont me laisser partir avec eux. Ce serait bien de pouvoir dire au revoir.» 
    D’autres se résignaient à n’avoir pas accès en pleurant.
    De notre envoyée spéciale à Bir Lahlou, Sahara occidental, Thanina Benamer