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  • Hostilité médiatique contre la Mauritanie : le360.ma Online emboite le pas à Mondafrique

    C’est inédit. Jamais, un site marocain n’a fait preuve d’une virulente hostilité médiatique à la Mauritanie avant le360.ma, qui a pris un virage spectaculaire dans sa ligne rédactionnelle, depuis le différend entre l’inspection du travail et l’opérateur de téléphonie mobiles. 
    Accusant gratuitement, sans présenter à l’opinion les faits tels qu’ils sont, en toute fidélité : le360.ma, s’en prenait sans ménage à la Mauritanie, au point d’assimiler sa politique à l’ennemi juré du Royaume, en l’occurrence l’Algérie. « Après l’Algérie, c’est la Mauritanie qui s’en prend aux ingénieurs marocains » écrivait le site en juin dernier. « Victimes collatérales de la crise entre Rabat et Nouakchott, des dizaines d’entre eux ont été empêchés d’accéder à leur lieu de travail. Difficile de ne pas déceler la main de l’Algérie » ajoutait ce média de plus en plus controversé en raison de sa dérive, qui allait se traduire plus tard, à travers un acharnement exponentiel, au point de conduire certains à s’interroger, si le360.ma, à l’instar de Mondafrique, a trouvé un puissant bailleur opposant au pouvoir de Nouakchott. 
    Allant de pire en pire, le site se demandait le 22 juillet dernier « Qu’est-il arrivé à Bachir Mustapha Sayed, frère du fondateur du Polisario (El Ouali Mustapha Sayed), et l’un des candidats à la direction du front écarté par Alger en faveur de Brahim Ghali? », annonçant au tout début qu’il « est porté disparu au nord de la Mauritanie ». Et pour mettre en exergue le différend mauritano-marocain en capitalisant cette information biaisé, le site écrivait « que Nouakchott a mis un hélicoptère à la disposition du Polisario pour partir à la recherche de Bachir Mustapha Sayed ». C’est déjà trop pour ce site Online, en tenant compte de son historique médiatique envers la Mauritanie, relativement imprégné d’objectivité et de prudence dans la publication des informations. 
    Et voilà que le360.ma témoigne son lien consanguin avec Mondafrique, relativement éclipsé en ces temps-ci, du moins pour les attaques gratuites, infondées et fabriquées de toutes pièces, du pouvoir mauritanien, désormais relayé par le premier, en publiant dernièrement « la Mauritanie aurait interdit l’accès à son territoire aux voitures de transport de marchandises immatriculées au Maroc » qualifiant cette décision de facteur grave pour les relations entre les deux pays. 
    Bien avant, le site parlait d’exclusion du parti au pouvoir en Mauritanie, l’UPR, d’une cérémonie organisée par l’Ambassade marocaine à Nouakchott, à laquelle, avaient bien assisté des personnalités du bureau exécutif de l’Union. « Le parti mauritanien au pouvoir, Union pour la république (UPR), affirme ne pas avoir été invité à la réception offerte par l’ambassade du Maroc à Nouakchott à l’occasion du 17e anniversaire de l’accession du roi Mohammed VI au Trône ». 
    Ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg de ce nouvel élan d’hostilité fortement nourri, mais paradoxalement, par un seul site marocain, qualifié désormais par certains de ramer dans la ligne officielle du Royaume. Rien ne montre que cette nouvelle campagne prendre fin de ci-après, puisque le360.ma rivalise déjà avec les médias locaux mauritaniens, en servant de tribune au discours des opposants, notamment en publiant ce que l’UFP vient d’appeler « une crise multidimensionnelle » en Mauritanie. Toujours est-il que les observateurs avertis ont très vite constaté cette nouvelle ligne du le360.ma, allant même jusqu’à tergiverser avant de retomber de nouveau sur une série, qui n’est pas finie, d’attaques contre le pouvoir de Nouakchott.
    Ahmed Ould Bettar
    Rapide Info
  • La société civile algérienne réaffirme sa solidarité avec la cause sahraouie

    BOUMERDES – La société civile algérienne a réaffirmé, mardi, sa solidarité avec la cause sahraouie juste, et ce à l’ouverture de la 7ème édition de l’université d’été des cadres du Front Polisario et la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

    Intervenant à cette occasion, Saïd Ayachi, président du comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), a affirmé à l’université M’hamed Bougara de Boumerdes, que l’organisation de l’université d’été était une initiative de la société algérienne et réalisée par la ferme volonté de la part du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika qui a apporté son appui à la cause sahraouie depuis le début du conflit, et ce, par égard aux principes du 1er novembre.
    Il a, en outre, salué le rôle des autorités algériennes pour le succès de l’université d’été, une tribune de dialogue et d’échange entre cadres du Polisario précisant que les interventions des enseignants algériens constituaient une contribution à la lutte du peuple sahraoui pour son droit immuable et reconnu par l’ONU mais aussi par l’UE, l’UA ainsi que de nombreux pays.
    Il a souligné que les Algériens étaient en parfaite connaissance du concept des mouvements de libération inspirés par la guerre de révolution qu’il s’agisse du Sahara Occidental ou de la Palestine.
    Mohamed Bouguettaya, membre du secrétariat général du parti du FLN, a rappelé que l’université d’été intervenait dans un contexte particulier pour la RASD qui poursuivra le parcours mené par le président sahraoui décédé, Mohamed Abdelaziz ajoutant que le peuple algérien restera engagé vis-à-vis de la cause sahraouie juste, une question de décolonisation.
    Cette édition est marquée, a-t-il poursuivi, par les exploits réalisés par le Front Polisario à l’échelle internationale notamment l’ »échec » du souverain marocain Mohamed VI face à l’ONU à propos de l’expulsion des territoires sahraouis des membres de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO).
    Revenant sur « l’échec du Maroc face à l’Union africaine », le même responsable a souligné que le Sahara Occidental demeurera membre de l’organisation, en réponse à la tentative menée par les autorités marocaines dans ce sens.
    « Le Maroc continuera à représenter une menace pour l’Afrique de l’Ouest en raison de la prolifération du trafic de drogues dans la région », a-t-il averti.
    Le « Makhzen tente toujours de déstabiliser la région ouest de l’Afrique du nord », a-t-il souligné ajoutant que le Maghreb ne serait jamais stable tant que la tension persiste dans la région à travers l’occupation du Sahara Occidental ». « Nous n’accepterons pas un Maghreb sans le peuple sahraoui, et par conséquent, ce dernier peut être confiant en le soutien de l’Algérie »,a-t-il affirmé.
    Un soutien indéfectible, a-t-il dit, de la part de l’Algérie sous la direction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Sollicité pour faire pression sur le Sahara Occidental et le Front Polisario, le président Bouteflika avait refusé estimant que la décision revenait aux seuls Sahraouis, a-t-il ajouté.
    Il a, par ailleurs, mis en garde les parties qui tentent de déstabiliser l’Algérie ou de porter atteinte à sa sécurité affirmant que l’ »Algérie est forte de ses hommes qui veillent à sa protection », saluant par la même les efforts consentis par les éléments de l’ANP.
    Il a, par ailleurs, salué « la compétence de l’armée et des combattants sahraouis, à leur tête le président sahraoui Brahim Ghali », a encore ajouté l’intervenant.
    Le président du parti Front El Mostakbal, Belaïd Abdelaziz a affirmé que le peuple algérien demeurera toujours aux côtés des sahraouis et appuiera leur cause juste dans les tribunes internationales.
    Le président du parti du Renouveau algérien (PRA), Lakhdar Belmahi a souligné que les Algériens sont convaincus que le peuple sahraoui finira par exercer son droit à l’autodétermination, appelant l’occupation marocaine à mettre fin à sa politique de tergiversation.
    La 7ème édition de l’université d’été des cadres du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), s’est ouverte mardi à l’université M’hamed Bougara (Boumerdes).
    Quelque 400 cadres, des membres de la société civile algérienne et des personnalités internationales activant dans la défense des droits de l’Homme participent à ce rendez-vous.
    Etaient présents à l’ouverture de cette rencontre devant durer jusqu’au 22 août et placée sous le thème « L’Etat sahraoui est la solution », le président sahraoui, Ibrahim Ghali, l’ambassadeur de la RASD à Alger, Bechraya Hamoudi Bayoun, le président de l’université d’été et des responsables sahraouis.
    Prennent part également à ce rendez-vous des représentants de partis politiques algériens, ainsi que des membres du corps diplomatiques accrédités à Alger. 
  • Le Président Ghali interpelle le Conseil de sécurité de l’ONU

    Le président Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario et Président de la RASD, a prononcé un important discours à l’occasion de l’ouverture, à la salle de conférences (ex-INH) de l’université M’hamed-Bougara de Boumerdès, de la 7e université d’été qui regroupe plus de 400 cadres du Polisario et de la RASD.
    Selon la première analyse que l’on pouvait faire de cette allocution qui survient plus exactement un mois – élu le 9 juillet — après son élection à la tête du Front et de la RASD, elle est en effet destinée aussi bien aux amis qu’aux adversaires et elle se veut un rappel aux uns et aux autres que le Polisario n’a changé ni d’objectifs ni de méthode de combat pour l’autodétermination du peuple sahraoui, action articulée, pour l’heure, principalement à partir du terrain politique. 
    Au départ de son discours le Président Ghali a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur feu Mohamed Abdelaziz qu’il a qualifié de grand combattant qui a laissé son nom dans toute l’histoire de la région du Maghreb. Cet hommage est aussi un message : nous continuons le combat sur la même voie tracée depuis longtemps. 
    Colonisation et violence
    Avant d’appeler le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre ses responsabilités quant à la protection des droits et des richesses naturelles du peuple sahraoui, le chef du Polisario et président de la RASD a fait un constat qui accable l’occupant marocain. 
    Il analyse la situation dans le nord-ouest de l’Afrique et dresse un bilan sur l’occupation du territoire et la violence contre des civils. «L’université d’été des cadres du Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique s’apprête à étudier les problèmes de la région, notamment les menaces sécuritaires dangereuses que vit cette région. Ce que nous attendons aujourd’hui de la communauté internationale, ce sont des positions claires et neutres contre les problèmes que génèrent les actions de l’Etat occupant (Maroc) lequel pousse cette région vers l’anarchie, l’insécurité, la déstabilisation et la destruction.» Selon le président, la politique d’expansion des dirigeants marocains est dangereuse pour la paix et la stabilité des pays nord-africains. 
    Pour argumenter son assertion, le président Ghali revisite l’Histoire récente de la région pour dire : «La philosophie de l’expansion et des frontières ouvertes préconisées à ce jour par les dirigeants du royaume marocain lesquels n’ont aucun respect pour le droit international, politique expansionniste qui n’est par ailleurs soutenue par aucune constitution nationale, sont les quelques raisons de l’agression abjecte, en 1963, contre les frontières de l’Etat algérien alors qu’il n’avait pas fini de combattre les forces du colonisateur. La même philosophie d’expansion territoriale a fait que le royaume du Maroc demande de vastes terres à l’Algérie, au Mali et à la Mauritanie.» 
    Il rappellera que le Maroc a refusé de reconnaître la Mauritanie en tant qu’Etat jusqu’aux années 1970. 
    «C’est la même politique qui avait poussé les forces armées marocaines à envahir le Sahara Occidental en 1975. Conséquence de cette situation : une menace sur la sécurité et la stabilité de la région», précise-t-il.
    Par la suite, le président Ghali dresse une longue liste des violations des droits des citoyens sahraouis, citant les bombardements au napalm interdit par le droit international, les exécutions massives de civils, les enterrements de personnes vivantes, les jets de personnes vivantes à partir d’hélicoptères, la torture systématique de personnes, les arrestations massives et l’emprisonnement sans raison.
    La drogue du Maroc encourage la grande criminalité et finance les groupes terroristes
    Le constat du Président Ghali ne s’arrête pas aux violences physiques subies par les citoyens, il dénonce également l’attaque par le Maroc de la santé, les tissus sociaux des peuples de la région et leurs économies. «Malheureusement la nuisance du Maroc ne s’arrête pas à cet aspect de la violation des droits du citoyen. Le royaume encourage la production de l’un des produits les plus nocifs du siècle contre la jeunesse. 
    Le Maroc est le plus grand producteur et le plus grand exportateur de drogue. La circulation massive de cette drogue met gravement en danger la stabilité des peuples de la région et la sécurité des Etats. La production et l’exportation massives sont un moyen pour encourager la grande criminalité et financent les groupes terroristes. 
    La République sahraouie tente, avec l’aide des amis et des alliés de la région, de mettre un terme à ce trafic.»
    Hassan II voulait un référendum d’autodétermination ; son fils a renié la parole du père
    Sur la disponibilité du Maroc à négocier, le président Ghali n’est pas optimiste. Bien au contraire, il accable une autre fois le souverain marocain Mohammed VI «aujourd’hui les efforts de paix des Nations-Unies font face à la politique d’obstruction qu’observe l’Etat occupant. 
    Le défunt roi Hassan II a pris conscience de l’erreur de la colonisation. Il avait orienté dès lors sa politique vers la solution honorable pour les deux parties en conflit, et ce en application du droit international. Il voulait à cet effet organiser un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Malheureusement, l’actuel souverain marocain renie la parole de son père et les engagements de ce dernier, entrant dans une politique de fuite en avant. Il est entré en confrontation directe avec les Nation -Unies et s’isole de la communauté internationale.»
    La liste des revendications adressée publiquement à l’ONU
    Le président de la RASD rappelle la récente manœuvre au niveau de l’Union africaine (AU) dont s’est rendu coupable le Maroc lors du sommet de Kigali pour exclure, avec ses alliés africains la RASD de cette organisation panafricaine. «Cette manœuvre ne reflète pas la volonté sincère d’intégrer la famille africaine avec ses orientations, ses principes, ses usages et ses lois», déplore-t-il avant de constater que le souverain marocain a adopté une démarche et un discours méprisants envers les pays africains, comparant le continent à un malade qui aurait besoin de soins. 
    Pour le président, cette politique de fuite en avant et du comportement de colonisateur sont soutenus par la France et certains Etats qui ont un passé de colonisateur. Le chef du Polisario clôtura son discours en s’adressant directement à l’ONU pour formuler les revendications de son pays. 
    «Les Nations-Unies sont interpellées pour assumer toutes leurs responsabilités afin de terminer l’action de décolonisation dans le Sahara Occidental, prendre des décisions adéquates à cet effet, imposer des sanctions à l’Etat colonisateur (Maroc) jusqu’à ce qu’il accepte l’application du droit international et détermine l’échéance pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. 
    Nous demandons également au Conseil de sécurité d’accomplir de rapides et efficaces actions pour mettre fin au comportement du Maroc qui viole la Charte de l’Organisation mondiale.»
    Abachi L.
  • Le Sénégal sous Macky Sall entre recul démocratique et musellement de l’opposition

    Dakarmidi – « Je réduirai l’opposition à sa plus simple expression » disait le Président Macky Sall en marge du Conseil des ministres décentralisé tenu à Kaffrine en Avril 2015. Cette phrase du Chef de l’Etat, avait marqué les esprits, choqué les férus de politique, au premier rang, les militants du PDS. N’empêche depuis lors, le premier des « apristes » n’a pas lésiné sur les moyens pour rendre concret son projet de musèlement de l’opposition, aidé en cela par des professionnels de la politique, membres de « Benno Bokk Yakar ».
    Les moyens mis en œuvre pour y parvenir sont nombreux partant de l’interdiction systématique de tout rassemblement politique, aux traitements réservés au dossier au cas par cas de certains opposants, jusqu’aux empoisonnements au moindre mouvement d’humeur sans parler des calomnies et des coups en dessous de la ceinture et, pour corroborer tout cela, la CREI est brandie comme épée de Damoclès. Quel drôle de démocratie! Bref, aujourd’hui tout le monde a peur dans le pays de Serigne Touba, d’El Hadji Malick Sy, de Dieumbeut Mbodj, d’Aline Sitoé Diatta, de Lat Dior ou encore de Maba Diakhou Bâ.
    À qui la faute ? À cette opposition essoufflée qui n’a plus les moyens financiers pour faire face à Macky Sall, ou à ce dernier qui est allergique à toute forme d’opposition, et qui « corrige » ses adversaires au moindre écart? Le Sénégal dans la misère est angoissé, quand un de ses fils prend la main et dénonce, en des termes polis, les dérives de l’Etat, les partisans du Président le menace, l’injurie, s’attaque à sa vie privée, remue son passé pour y dénicher des cafards. Eu égard à tout cela, certains ont tout simplement décidé de faire profil bas et de raser les murs pour ainsi dire, car se sentant sous la menace ou mal outillés pour affronter les yeux dans les yeux l’aile dure du « Macky ».
    Le peuple souffre de ses dirigeants. Ils souffrent des actes qu’ils posent, et la presse dans la danse, ferme les yeux sur toutes ces méthodes drastiques employées pour réduire les masses au silence. La place de l’Obélisque considérée comme le perron des lamentations, est devenue subitement déserte. Il semblerait clairement que le slogan de l’Etat se réduit aux trois mots suivants. Souffrez et taisez-vous! La psychanalyse, la psychologie comme la sociologie enseignent qu’en dehors de l’esprit innovateur, il n’y a point un autre mécanisme qui puisse paraître comme levier pour faire émerger un pays quelles que soient les ressources dont il dispose. Alors si subir ce sort doit être un suicide collectif, se déclarer comme opposant en terre conquise serait considéré comme une autoflagellation ou pire encore comme une auto immolation!
    La Rédaction
  • Nouveau procès devant une juridiction civile pour les Sahraouis emprisonnés à la suite des affrontements de Gdeim Izik et à l’issue d’un procès manifestement inique devant un tribunal militaire

    En réaction à l’annonce selon laquelle 25 prévenus, parmi lesquels figurent 21 prisonniers purgeant de longues peines d’emprisonnement liées aux affrontements meurtriers de 2010 au Sahara occidental, vont bénéficier d’un nouveau procès devant une juridiction civile, la directrice adjointe d’Amnistie internationale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Magdalena Mughrabi, a déclaré :

    « Les informations selon lesquelles des civils sahraouis emprisonnés il y a plus de cinq ans et injustement condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement en 2013 vont être rejugés devant une juridiction civile, font espérer que justice va finalement être rendue dans cette affaire, et cela fait longtemps que nous attendons une telle nouvelle. Les verdicts de culpabilité rendus contre ces hommes à l’issue d’un procès inique devant un tribunal militaire et sur la base d’éléments de preuve maigres et douteux entachés par des allégations de torture, ont été un véritable déni de justice. Amnistie internationale a demandé aux autorités à de nombreuses reprises de remettre ces hommes en liberté ou de leur accorder un nouveau procès cette fois équitable et devant une juridiction civile.
    « Les autorités marocaines doivent cette fois veiller à ce qu’ils bénéficient d’un nouveau procès qui soit équitable et conforme aux normes internationales, et à ce que les allégations de torture et d’autres mauvais traitements fassent l’objet d’une enquête indépendante et impartiale. Il est essentiel que toute déclaration arrachée sous la torture soit exclue de la procédure. Le tribunal doit respecter le principe de présomption de libération dans l’attente du procès, à moins qu’un juge n’estime qu’il existe des motifs sérieux de les maintenir en détention. »
    En novembre 2010, des affrontements ont éclaté quand les forces de sécurité marocaines ont démantelé un campement de manifestants à Gdeim Izik, près de Laâyoune, où des milliers de Sahraouis s’étaient rassemblés pour réclamer des mesures économiques et sociales. Des centaines d’entre eux ont été arrêtés, 25 ont par la suite été condamnés par un tribunal militaire, et 21 sont toujours derrière les barreaux. En 2015, le Maroc a modifié sa législation sur la justice militaire afin que les tribunaux militaires ne puissent plus juger des civils, conformément aux normes internationales relatives aux droits humains.
    Pour plus d’informations, voir :
    Maroc. Les 21 Sahraouis incarcérés il y a cinq ans doivent être libérés ou rejugés
    Mis à jour le jeudi, 28 juillet 2016
  • Le Makhzen a son MAK !

    Pour ceux qui ne le savent pas encore ou qui l’auraient oublié, il existe un vigoureux mouvement autonomiste, voire même indépendantiste, berbère au Maroc. Le noyau territorial de son assise géographique est le Rif en général et le Rif Central en particulier. Mais rien d’étonnant à cela car le Rif n’est pas seulement un espace amazighophone naturel. C’est l’aire de prédilection historique du particularisme berbère au royaume chérifien et le lieu de naissance de la mythique République du Rif créée en 1922 par le légendaire Muhend Abdelkrim Aït Khattab, mieux connu sous le nom d’Abdelkrim El Khattabi. 
    Pour rappel, le Rif s’étend, selon les critères physiques, ethniques, linguistiques et historiques, de la ville de Targuibt à la rivière de la Moulouya, intégrant les provinces d’Al Hoceima (Rif Central) et Nador (Rif oriental). Ensemble délimité au Nord par la Méditerranée et au Sud par les montagnes du Rif. C’est à partir de ce «Rifland», du reste du pays et de l’étranger que s’exerce un activisme divers et pluriel s’appuyant sur des mouvements politiques porteurs de l’exigence identitaire et de la revendication d’autonomie ou d’indépendance. Il possède un tissu associatif dense et fait notamment preuve d’un cyberactivisme riche, intelligent et assidu, assurant une veille technologique d’une certaine qualité. Veille informationnelle et politique utilisant moteurs généralistes et méta-moteurs, moteurs de flux, moteurs d’actualité et moteurs de blogs et micro-blogging. Réseau dense de centaines de sites Web, d’associations, d’organisations et de médias en ligne. 
    Avec un activisme particulier sur You Tube, Viméo et Daily Motion, ainsi que sur les réseaux sociaux les plus fréquentés, Facebook et Twitter. Fait remarquable, le mouvement général compte aussi des relais médiatiques au sein de la communauté rifaine en Europe et aux Etats-Unis, tout particulièrement en Espagne, en Belgique, en France et aux Pays-Bas où il dispose de radios et télés sur le Web. On distingue, entre autres, Rif Media et Canal Rif en Belgique, Radio Planète Rif depuis la Hollande et Rif Melody et Radio Alhucemas Info en Espagne. Une vraie toile dans la Toile ! Ses mouvements politiques les plus en vue, sont le MAR, le Mouvement pour l’Autonomie du Rif, le Mouvement du 18 Septembre pour l’Indépendance du Rif et, le plus dynamique, le MARC, le Mouvement pour l’Autonomie du Rif Central. Cette dernière organisation bénéficie de son propre organe d’information, l’actif Tabrat.Info. 
    De façon générale, le mouvement développe des références idéologiques et se base sur un mythe fondateur essentiel : la figure légendaire d’Abdelkrim El Khattabi. L’icône révolutionnaire joue le rôle de «mythomoteur» qui en fait, a lui tout seul, un cadre idéologique fédérateur pour tous les Rifains. Si certains militants particularistes réclament pour l’instant l’autonomie du Rif dans sa totalité ou uniquement dans sa partie orientale, d’autres, plus engagés, militent pour la «fondation d’un Etat moderne et démocratique qui est la République du Rif». Il y a par ailleurs entre tous ces mouvements un fil rouge, à savoir le «Drapeau du Rif», de couleur rouge sang, qu’il est strictement interdit d’exhiber en n’importe quel point du royaume. 
    Il y a d’autre part comme autres mythes fondateurs, le martyrologe rifain symbolisé aussi par le premier résistant à la présence militaire espagnole, le cadi Mohamed Ameziane. S’y ajoute la mythologie guerrière représentée d’abord par les victoires mythiques que sont la bataille d’Anwal et celle du Ravin-du-Loup, toutes deux humiliantes pour l’Espagne coloniale. Ensuite, contre l’occupant français, la grande bataille de Ouargha qui vit la cuisante défaite de ses troupes (5 000 morts sur 20 000 engagés). Une débâcle qui avait précipité la chute de Lyautey et son remplacement par Pétain. Mais la symbolique héroïque la plus forte est représentée par la bataille d’Anwal dont le 95e anniversaire a été interdit de célébration, le 21 juillet dernier, sur le lieu même de ce que l’historiographie espagnole a appelé «el desastre de Annual». Une incroyable bérézina pour l’armée espagnole, avec 16 000 soldats tués, 24 000 autres blessés et 150 canons et 25 000 fusils perdus. Une hécatombe enregistrée dans la région de Temsamane, capitale symbolique de tous les Rifains. Catastrophe qui marqua le début de la Guerre du Rif. Mieux même, un tournant de la résistance rifaine au double protectorat espagnol et français imposé à tout le Maroc. 
    On le voit donc, le mouvement autonomiste et/ou indépendantiste rifain a un socle territorial, une idéologie, des mythes fondateurs, un emblème et des instruments de lutte, sans oublier ses prisonniers politiques, références militantes suprêmes, tels Achour Elaamrawi, Abderrahim Idoussalah et Mohamed Jalloul. Enfin, on pourrait dire que le Maroc a désormais son MAK et le Makhzen une écharde subversive au pied. Quant à lui, le Palais royal, qui a désormais une équation séparatiste à résoudre, il ne se gêne pas d’encourager chez son grand voisin de l’Est le séparatisme version Ferhat Mhenni. On se souvient à ce propos que le représentant Permanent-adjoint de Mohamed VI à l’ONU y avait évoqué la Kabylie, il n’y a pas si longtemps que ça, dans ces termes : L’un des plus anciens peuples de l’Afrique» qui «continue d’être privé de son droit à l’autodétermination». Et d’y exprimer dans la foulée le soutien de la diplomatie marocaine à«son droit à l’autonomie et la reconnaissance de son identité culturelle et linguistique». Cocasse contradiction chez le voisin alaouite qui veut imposer, à tout prix, le fait accompli colonial au Sahara occidental, tout en refusant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Et celui des Rifains par ailleurs. 
    N. K.
  • sahara occidental : Pressions du Maroc contre le personnel de la Minurso

    Le personnel de la Minurso, par le biais de la Fédération des fonctionnaires internationaux des Nations unies, a adressé une plainte au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour dénoncer et protester contre la situation créée par les pressions exercées sur ses membres par le Maroc, et le sabotage de sa Mission.
    Une copie de cette lettre, datée du 2 août 2016, a été envoyée à Atul Khare, secrétaire général adjoint pour l’appui aux Missions, et à Hervé Ladous, chef du Département des Missions de paix de l’ONU. La lettre évoque des pratiques discriminatoires en violation de la procédure régulière, visant à diviser le personnel de la Minurso, au nombre, actuellement, de 25 membres ayant rejoint leur poste. La même source fait observer que ces pratiques sont devenues une caractéristique de l’ONU sous Ban Ki-moon et ses collaborateurs comme l’Espagnole Cristina Gallach.
    La lettre exprime les inquiétudes du Syndicat du personnel de l’ONU face à ces pressions que subit la Minurso et qui la démotive en créant des doutes sur la possibilité qu’elle puisse remplir réellement sa Mission. Les auteurs de la lettre exigent que le personnel de la Minurso soit traité conformément aux règles en vigueur à l’ONU. Ils se disent convaincus qu’un compromis politique a été négocié entre l’ONU et le Maroc, au détriment de l’intérêt des membres de la Minurso et de leurs droits individuels. Ils estiment qu’aucune concession politique ne doit être faite au détriment du personnel de l’ONU en général. La lettre appelle au respect des règlements qui régissent le personnel de la Minurso conformément aux valeurs véhiculées par la Charte des Nations unies. Ils tiennent à informer le Conseil de sécurité du nombre limité actuel du personnel de la Minurso qui est retourné à son poste. Dans le même sens, il y a deux semaines, le Front Polisario a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures urgentes pour rétablir la Minurso dans la plénitude de son mandat, et à établir un processus pour des négociations directes et de haut niveau entre le Front Polisario et le Maroc. Dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, le Représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, Ahmed Boukhari, a souligné que «la Minurso doit être autorisée à travailler sans interférences et sans restrictions de mouvement en défendant les principes du maintien de la paix des Nations unies». Le Front Polisario a fait savoir que seulement 25 des 84 employés sont retournés à El-Ayoun. «Au lieu de tenir le Maroc responsable de l’application de bonne foi et sans délai de la Résolution 2 285 (2016), le Conseil continue de permettre au Maroc de persister dans ses tentatives d’intimidation et de porter atteinte à l’indépendance et à la crédibilité de la Minurso», a indiqué le Front Polisario. De son côté, le Makhzen veut faire croire, à travers ses relais médiatiques, que le retour de la Minurso se déroule convenablement, alors que l’on sait qu’elle a été chargée d’organiser et de superviser avec l’Union africaine un référendum libre et équitable permettant au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination. Le Maroc avait expulsé en mars plusieurs dizaines de membres civils de la Minurso, en représailles contre une déclaration de Ban Ki-moon qui a parlé d’occupation du Sahara occidental.
    Mokhtar Bendib
  • Maroc-Afrique : les raisons d’une volte-face (2e partie et fin)

    Par Mostefa Zeghlache
    Quelle stratégie pour la RASD et ses alliés ?
    Quelle est l’attitude des dirigeants sahraouis et de leurs alliés, notamment algériens, face à l’offensive politico-médiatique du royaume du Maroc et de ses alliés africains ?
    Les dirigeants sahraouis sereins 
    Logiquement, les premiers dirigeants africains à se préoccuper du remue-ménage créé par l’initiative marocaine devraient être les nationalistes sahraouis. Et pourtant, on relève une certaine sérénité dans leurs déclarations à l’image de celle du ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould-Salek, qui n’exclut pas le recours aux armes, en dernière instance(11). 
    Pour le ministre, l’initiative marocaine est destinée à couvrir l’échec du Palais à assumer les conséquences de ce qu’il avait décrit comme décision «souveraine et irrévocable», celle concernant l’expulsion de la Minurso, alors que la résolution du Conseil de sécurité d’avril 2016 le contraint aujourd’hui à revoir de fond en comble cette décision, puisque la mission est en train de rejoindre ses lieux d’affectation, même à doses «homéopathiques». 
    Par ailleurs, le ministre explique que la démarche marocaine s’identifie à une demande d’adhésion et non de réintégration, conformément à l’acte constitutif de l’Union. Il prévoit l’échec de cette démarche qu’il compare à une autre tentative du genre datant de 1998, lors du Sommet de l’OUA, à Ouagadougou, et qui avait échoué. La motion de soutien au Maroc est qualifiée de «grand mensonge et hold-up» et de volonté marocaine de «falsifier les faits». De même, il rappelle que le Conseil de sécurité qui est censé être le garant de l’application du plan de règlement signé en 1991 par le Front Polisario et le Maroc, «se trouve bloqué… et partie prenante du problème»(12) en raison de «complicités» en son sein en faveur d’une partie au conflit, le Maroc. A ce sujet, le diplomate sahraoui n’hésite pas à nommer la France, membre du Conseil de sécurité, qui s’est politiquement impliquée dans le conflit en ajoutant que «le peuple sahraoui ne combat pas uniquement le Maroc, mais plutôt un autre pays à travers le Maroc qui est la France».
    Dans ce contexte, signalons que dans le sillage du rapport que devait lui présenter le Secrétaire général sur le degré d’application de la résolution 2285 du 29 avril 2016 sur le Sahara occidental et plus particulièrement le retour de la Minurso, le Conseil de sécurité a tenu, le 26 juillet, une réunion à huis clos consacrée à cette question. C’est son président, le représentant du Japon, Koro Bessho, qui a communiqué les résultats de la réunion. A cet effet, il a déclaré que «les membres du Conseil ont souligné l’importance de la relance des négociations directes (entre les 2 parties en conflit) pour parvenir à une solution politique garantissant le droit à l’autodétermination au peuple sahraoui».
    Au sujet de la Minurso dont seulement 25 des 85 membres civils expulsés ont rejoint leurs postes de travail à Laâyoune, le Conseil considère que (à cause de ce retour partiel) la «mission n’a pas atteint la fonctionnalité complète», qu’elle doit atteindre «le plus tôt possible»(13). Il faut souligner tout de même que la référence du Conseil au dialogue direct est la conséquence de l’appel formulé, il y a peu de temps, par le président du Conseil national sahraoui, au moment où il assurait l’intérim de la présidence sahraouie, suite au décès du président Mohamed Abdelaziz. 
    Dans cette lettre, le responsable sahraoui déplorait le manque de progrès dans le processus parrainé par l’ONU et «exhortait le Conseil à adopter une approche urgente pour la reprise des négociations». Par ailleurs, interrogé sur l’éventualité de la reprise du conflit armé, Ould Salek rappelle que le blocage et le statu quo ne constituent pas la solution au conflit et c’est la raison pour laquelle «les Sahraouis sont, aujourd’hui, unanimes pour le retour à la lutte armée». 
    Dans ce contexte, un nouveau paramètre est apparu avec l’élection, le 9 juillet 2016, de Brahim Ghali à la tête du Front Polisario et de la RASD. Ce vétéran de la lutte de libération est une figure historique du mouvement indépendantiste. En tant que tel, son élection est perçue par le Maroc comme «le pire scénario». Ayant eu à occuper de hautes charges politiques, diplomatiques et militaires, Ghali est connu et respecté tant à l’intérieur, parmi ses concitoyens, que sur la scène politique internationale. C’est en homme politique et diplomate chevronné qu’il a, lors de sa première déclaration, soufflé le chaud et le froid en soulignant : «Nous sommes partisans de la paix et nous sommes prêts à coopérer avec le royaume du Maroc en vue d’exploiter les possibilités d’une solution qui existe encore, qui bénéficie du consensus du monde, fondée sur le respect du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.» En militaire et homme d’action, il n’hésite pas à ajouter : «Il est une porte ouverte vers une paix réelle et le royaume marocain en assumera toutes les conséquences lors de sa fermeture, parce que le peuple sahraoui défendra ses droits sans relâche et par tous les moyens… Il faut poursuivre et intensifier le renforcement de l’armée et la préparer à toute éventualité.»(14) Simple manœuvre politique destinée à rassurer l’aile dure indépendantiste tout en préservant le lien avec les jeunes Sahraouis épris de paix et désireux de vivre dans de meilleures conditions socioéconomiques que la permanence de l’occupation et la vie des camps de réfugiés n’arrangent nullement ? En tout cas, le message a certainement été reçu à Rabat qui ne s’attendait pas à mieux. Ce qui semble par contre arranger les autorités algériennes qui pourraient voir en Ghali le digne héritier de Mohamed Abdelaziz et Mustapha El Ouali.
    Alger et l’imbroglio sahraoui 
    L’actualité politique maghrébine en Algérie a connu, au mois de juillet, deux événements significatifs. Il y a eu d’abord la visite de Brahim Ghali à Alger, le 13 juillet, et ensuite celle d’une délégation marocaine, le 17 du même mois. Concernant la visite du président sahraoui, signalons qu’il s’est entretenu avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal et non pas le président Bouteflika. C’est un cas inhabituel à Alger où le chef de l’Etat a reçu, malgré son état de santé fragile, de nombreux responsables étrangers, y compris de simples maires de villes françaises. Le communiqué publié à l’issue de cette visite est conforme à la langue de bois en usage dans notre pays puisqu’il est dit que les deux dirigeants ont «procédé à une évaluation des relations historiques qui lient les deux pays» et que le Premier ministre «a réitéré l’engagement de l’Algérie pour le règlement de cette question conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies pour le droit légitime à l’autodétermination du peuple sahraoui». Pourquoi cet accueil par le Premier ministre et ce ton apparemment «pondéré» du communiqué concernant le soutien au référendum d’autodétermination ? A ce stade, on ne peut qu’extrapoler alors qu’il ne devrait pas y avoir place à la spéculation qui risque d’être sciemment mal interprétée par des parties en quête de sensations. Le mystère demeure. Quant à la délégation marocaine, elle se composait du ministre délégué aux Affaires étrangères, Nacer Bourita, du directeur général des études et de la documentation, Yacine El Mansouri, et de l’ambassadeur marocain à Alger, Abdallah Belkeziz(15). Quoique porteuse d’un message du souverain marocain au président algérien, elle a été reçue par le Premier ministre algérien et non par le chef de l’Etat. Là aussi, la visite a été sanctionnée par un communiqué type «langue de bois» qui indique que l’audience a porté sur «les relations bilatérales, tout comme elle a permis un échange de vues sur les défis auxquels sont confrontés l’Afrique et le monde arabe»(16). En Algérie les médias non officiels ont tous révélé que la délégation marocaine était venue sonder l’Algérie sur son initiative envers l’UA. Plus que ce communiqué habituel, la presse algérienne a beaucoup spéculé sur la présence à l’entrevue du DG des services de sécurité marocains et de son vis-à-vis algérien, Athmane Tartag, conseiller du président, chargé de la coordination des services de sécurité. Ce qui a fait dire à cette même presse que la lutte contre le terrorisme était au menu de la rencontre. Du côté de la presse marocaine, elle estime que «cette visite a, d’un côté, un attrait de courtoisie des responsables marocains, et de l’autre elle s’inscrit dans une approche unitaire de coopération». L’objet de la visite aurait été «d’informer l’Algérie du nouvel esprit du Maroc à l’encontre de l’Union africaine»(17).
    Revenons à la démarche marocaine envers l’UA et examinons la réaction algérienne à travers les déclarations du Premier ministre et des deux ministres des Affaires étrangères. En marge de la clôture de la session parlementaire, le 21 juillet, le Premier ministre cité par la presse aurait déclaré que «la suspension de la République sahraouie de l’UA est impossible»(18). Le ministre d’Etat aux Affaires étrangères a été moins incisif dans ses propos en rappelant «diplomatiquement» les conditions réglementaires (acte constitutif) se rattachant à l’adhésion de tout Etat africain à l’UA. De même, le ministre des Affaires étrangères chargé notamment des Affaires africaines a lui aussi rappelé sur les ondes d’une radio les dispositions relatives à l’adhésion et la suspension d’un Etat membre.
    Néanmoins le ton péremptoire et plein d’assurance du Premier ministre algérien paraît peu conforme aux impondérables qui caractérisent les situations dans l’univers politique. Ce qui est vrai aujourd’hui peut ne plus l’être demain. De plus, se prononcer catégoriquement sur une décision qui relève de la compétence de toute une organisation continentale souveraine pourrait être mal interprété par certains dirigeants africains qui s’offusqueraient d’une attitude tutélaire qui ne dit pas son nom. Et pourtant, d’aucuns devraient se demander quel sens attribuer au refus des autorités marocaines d’accorder un visa d’entrée au Maroc au leader du MAK, Ferhat Mahenni, le 16 juillet 2016 ? Un geste politique ? Un geste d’apaisement ? En tout cas on est loin de l’appel, en novembre 2015, du représentant marocain aux Nations unies «à faire émerger les voix de plus de 8 millions de Kabyles…» et assister «le peuple kabyle» pour «la reconnaissance de ses besoins et de ses attentes» et de «ses droits légitimes à l’autodétermination et à l’autonomie» !
    Moins de six mois nous séparent du prochain sommet ordinaire de l’Union africaine. Un sommet qui pourrait focaliser les regards sur l’initiative marocaine et la stratégie de riposte de la RASD et de ses partenaires, en particulier l’Algérie. Chaque camp voudra mobiliser ses alliés et l’UA risque de faire les frais d’une division prévisible entre pro et anti-RASD. Ce qui risque de voir l’Union gaspiller de l’énergie et des ressources en raison d’un conflit interafricain qui dure depuis 40 ans et qui a engendré de la lassitude devant l’incapacité tant de l’UMA, de l’UA, que de l’ONU à concevoir et faire appliquer un plan de règlement acceptable pour toutes les parties. 
    Les positions figées des deux parties en conflit ont fait avorter toutes les tentatives de dialogue sous l’égide de l’ONU qui vient, en ce mois de juillet, de lancer, à travers le Conseil de sécurité, un énième appel en faveur du dialogue. Un appel sans écho, à ce jour.
    Le discours algérien s’abreuve aux sources de son nationalisme et du principe de soutien au combat des peuples pour leur liberté. Ce que nous rappelle le défunt président Houari Boumediene dans un entretien avec un journaliste du quotidien français L’Humanité paru le 22 novembre 1975 dans le quotidien El Moudjahid, soit environ deux semaines après le lancement de la marche verte par le roi Hassan II. A la question du journaliste «pourquoi l’Algérie s’interesse-t-elle au problème (sahraoui) ?», le Président a répondu : «L’Algérie demande l’application des résolutions des Nations unies, le respect des décisions de la Cour internationale de justice et l’application du principe du droit universel des peuples à l’autodétermination.»(19) Cette position de principe s’est renforcée avec le temps au point de s’apparenter aujourd’hui à un dogme, tant elle est assimilée à une cause nationale. Mais ce discours qui était valable il y a 40 ans est-il toujours d’actualité ? 
    L’Algérie d’aujourd’hui connaît des problèmes de gouvernance politique et économique qui ont influé négativement sur ses capacités politiques et diplomatiques, malgré la présence d’un appareil diplomatique chevronné et consciencieux. De l’autre côté de notre frontière occidentale on est conscient de cette situation et la presse nous rappelle qu’en ce qui concerne l’Afrique, «à part l’aide financière, l’Algérie n’a pas développé ses investissements et ses échanges commerciaux avec l’Afrique», sous-entendu, comme l’a fait le Maroc. De même le discours du roi Mohammed VI prononcé il y a quelques jours et qui s’inscrit en droite ligne de celui de son défunt père dans les années 1960 et 1970 du siècle passé est-il en totale conformité avec les réalités nationales, régionales et internationales de ce début du XXIe siècle ? Enfin, en référence à la première déclaration du président sahraoui Brahim Ghali, peut-on affirmer que ce discours a évolué par rapport à celui de ses prédécesseurs ? Il y a lieu d’être sceptique dans les trois cas. Depuis la fin de la Guerre Froide, le monde n’est plus mû par le dogmatisme mais par le réalisme et le pragmatisme. Le statu quo actuel interpelle autant les dirigeants sahraouis que marocains et la recherche d’une solution devrait inclure les autres pays de l’Union du Maghreb arabe. Ce Maghreb dont les prémisses avaient été évoquées en avril 1958, lors de la Conférence maghrébine de Tanger par les dirigeants du FLN, du parti de l’Istiqlal et du Néo Destour qui étaient convaincus que leurs peuples étaient «unis par la communauté du destin, de la langue et de la religion»(20).
    Le monde évolue inexorablement et ne restent à la traîne que ceux qui… refusent d’avancer. Et c’est le cas pour le Grand Maghreb qui pourrait être le cadre idéal pour transcender les divergences du moment et concevoir un avenir commun, pourvu que la volonté et la sincérité politiques soient présentes, dans l’intérêt des peuples maghrébins, de l’Union africaine, de la paix et de la sécurité dans le monde.
    M. Z.
    Bibliographie/ web graphie
    11-http://www.algeriepatriotique.com/fr/article/exclusif-mohamed-salem-ould-salek-le-maroc-est-completement-dans-le-desarroi
    12-http://www.algeriepatriotique.com/fr/article/exclusif-mohamed-salem-ould-salek-il-y-a-des-disaines-de-conseillers-israeliens-au-maroc(II)
    13 http://www.lexpressiondz.com/actualite/le-conseil-de-securite-convoque-les-é-parties.htlm
    14-http://www.jeuneafrique.com/mag/politique/sahara-occidental-brahim-ghali-front-polisario-sera-t-il-chef-de-guerre-de-paix
    15- http://www.bladi.net/maroc.le-roi-mohammed-vi-envoie-des-emissaires-en-algerie.htlm
    16-http://www.tsa-algerie.com/category/actualite/ 
    Algérie – Maroc : ce –que- cache- la- visite- de- responsables- marocains- en-Algérie/17-07-2016/htlm
    17-http://lesinfos.ma/news/details/202923/Ce-que-signifie-la-visite-de-la-dlgation-marocaine-en-Algerie
    18-http://www.lexpressiondz.com/actualite/la-suspension-de-la-republique-sahraouie-est-impossible.htlm
    19-Interview du Président Houari Boumediene accordée 
    à M. Lambotte, journaliste du quotidien français de l’Humanité in El Moudjahid du 22.11.1975 
    20-http://www.algeria-watch.org/fr/article/hist/1954-1962.commemoration-conference-tanger.htlm
  • Déclaration de soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui

    Depuis les 33èmes Rencontres internationales de Jeunes révolutionnaires, organisées à Cànoves (Catalogne) du 24 au 30 juillet 2016, nous voulons donner une visibilité à la lutte du peuple sahraoui d’un point de vue plus jeune et rafraîchissant.
    Le peuple sahraoui souffre une occupation politique, militaire et territoriale illégale de la part du Maroc depuis plus de 40 ans. Nous voulons profiter de la participation d’une délégation sahraouie à ces rencontres pour exprimer notre soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui.
    Le Collectif Lefrig travaille constamment pour politiser la jeunesse sahraouie afin qu’elle continue à revendiquer ses droits à travers de nouvelles formes de luttes, comme par exemple l’inclusion de collectifs féministes sahraouis dans le mouvement.
    Le Sahara n’est pas qu’un désert, c’est aussi une république démocratique qui lutte pour son indépendance face aux puissances impérialistes européennes et marocaine.
    Ils et elles ne sont pas seules dans leur lutte.
    Vive la lutte du peuple sahraoui !
    Rencontres Internationales des Jeunes anticapitalistes 2016