Année : 2020

  • Mauritanie : Honneur à Mohamed Ould Bouamatou (Courrier)

    Je ne connais pas l’homme d’affaire Mohamed Ould Bouamatou et lui non plus ne me connait. Je l’ai vu pour la première fois en France en 2009 lorsqu’il était à l’œuvre au service de l’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz. C’était dans l’enceinte de l’hôtel prince de gale, au bout des champs Elysées à Paris.

    J’appartiens a cette frange de mauritaniens qui souhaitent rompre avec la langue de bois et dire les choses sans détour surtout quant il s’agit de l’intérêt national. Eloigné pendant une décennie du pays, ses intérêts fragilisés et persécuté dans sa fortune et sa personne, Monsieur Ould Bouamatou est resté grand et fort.

    Des instructions formelles ont été données a tous les hommes d’affaires mauritaniens de fermer leurs comptes à la GBM. Son principal partenaire Monsieur Abderrahmane N’diaye sommé de solder ses avoirs et démissionner de son poste de DG de la GBM, mais le courage et la ténacité de cet homme à ne pas se plier doivent lui valoir le salut et la reconnaissance de tous les mauritaniens.

    Il a démontré qu’il n’est pas du genre a céder devant les intimidations et prouver une fois encore qu’il représente le germe d’une classe d’hommes d’affaires rares dont le pays en a fortement besoin.

    L’hôpital ophtalmologique fondation Bouamatou est un exemple parmi tant d’autres qui justifie, combien l’homme d’affaire est important pour le pays. Le soutien qu’il a apporté face à la pandémie de covid 19 ne laisse plus de place au doute quant à son importance. Nous devons apprendre à reconnaitre le mérite des hommes, même si cela est contre soi, et saluer leurs actions même si ont n’en est pas le principal bénéficiaire.

    En suite, les derniers soubresauts de l’information nationale et les réactions qui s en sont suivies, suite aux déclarations de l’artiste, monsieur Hamada, membre du groupe OULAD LEBLAD, ont éveille l’opinion publique nationale sur les tenants et aboutissant de cette affaire. A ce propos je tiens à dire que monsieur ould bouamatou est un homme rompu aux affaires. En apportant un soutien financier à un homme ou un mouvement, c’est pour des causes ou des raisons dont il n’est pas nécessaire d’en faire l’exposé ici.

    Enfin, s’attaquer à Mohamed ould Bouamatou par le verbe tout comme vouloir l’offenser par des propos incongrus s’est se heurter au bien et aux œuvres sociales de l’homme au service du pays et la population.

    Les actions sociales menées dans le plus grand anonymat et en toute discrétion font légion au point que certaines personnes s’interrogent même si l’œuvre Bouamatou est elle un mythe ou une réalité.cet homme qui a connu très tôt les rouages et la haute sphère des affaires au niveau national et international représente bel et bien un exemple et le model d’homme dont la Mauritanie a fortement besoin dans un monde de plus en plus marqué par l’économie des marchés.

    Hadrami wedad

    Ancien maire de selibaby.

    Source : Mémoire du temps

    Tags : Mauritanie, Mohamed Ould Bouamatou, hommes d’affaires, chartié, hôpital ophtalmologique, 

  • Algérie : Une campagne et des particularités

    La campagne électorale pour la révision de la Constitution bat déjà son plein. Entamée pour rappel le mercredi 7 octobre elle ne prendra fin que dans une vingtaine de jours, soit plus exactement le 28 octobre à minuit.

    C’est dire que, dans un contexte notamment marqué par la pandémie de la Covid 19, les acteurs politiques et ceux du mouvement associatif auront 22 jours pour convaincre les électeurs de la nécessité d’aller déposer un bulletin de vote dans les urnes. Car, comme cela a été pour de très nombreuses consultations électorales, un des enjeux majeurs du scrutin du 1er novembre prochain a trait au taux de participation.

    Ce dernier facteur, nul besoin de le souligner, revêt une importance cruciale pour les initiateurs de ce projet de révision constitutionnel. Le pouvoir qu’incarne le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mise énormément su le taux de participation lors de cette consultation populaire. En effet, et alors que des forces politiques vont jusqu’a contester sa légitimité, le Président Tebboune voudrait saisir cette opportunité pour battre en brèche cette affirmation et asseoir définitivement son pouvoir entamé le 12 décembre dernier lors d’une élection présidentielle qui s’est déroulée dans des circonstances politiques relativement particulières. Pour ce faire il a besoin d’abord d’un tauxde participation élevé et, ensuite, à l’évidence, que l’option du

    « Oui » emporte l’adhésion d’une majorité de votants. Une perspective qui ne semble pas inabordable. En somme cette hypothèse est loin d’être un simple voeu pieux eu égard aux moyens colossaux déployés par le gouvernement et tous les alliés du Président Tebboune pour le conforter dans cette quête d’une « Algérie nouvelle » et de l’ouverture d’une « ère nouvelle ». A cet égard l’on assiste à un déploiement tous azimuts des artisans du « Oui ». Partis politiques et associations de la société civile ont décrété la mobilisation générale e élaborant un programme chargé pour sillonner les quatre coins du pays pour prêcher les vertus des nouvelles dispositions constitutionnelles contenues dans la mouture proposée aux électeurs algériens pour adoption le dimanche 1er novembre. Ainsi en effet, des partis politiques qui soutiennent le projet de Tebboune sont déjà en rase campagne. C’est une large brochette de formations politiques qui a pris à bras le corps la défense de ce projet constitutionnel. IL y a d’abord les partis qui ont de tout temps constitué le socle sur lequel repose la base sociale du pouvoir. Le propos ici concerne notamment le FLN, le RND, le MPA et TAJ.

    Ces partis faisaient partie de l’ancienne Alliance présidentielle. Mais le hic c’est que ces partis politiques, de par leurs accointances avec l’ancien régime de Bouteflika, sont totalement discrédités auprès de l’opinion publique nationale. Leurs chefs politiques ont d’ailleurs tous été emprisonnés ce qui les a enfoncés davantage et terni abondamment leur image aux yeux de l’opinion publique. Certes ces partis ont renouvellé leurs états-majors, mais le doute persiste quant à leur capacité à séduire les électeurs etgagner une nouvelle virginité. On comprend dès lors pourquoi l’état-major politique du Président Tebboune ne mise pas particulièrement sur ces partis politiques, mais plutôt sur les associations et organisations de la société civile qui ont fait chorus avec le projet de révision constitutionnel.

    Par : KAMEL HAMED

    Le Midi Libre, 11 oct 2020

    tags : Algérie, Constitution, Référendum, campagne, 1er novembre, 

  • Belgique : Chaabi Bank du Maroc dans la tourmente

    Pour la deuxième fois, la Banque Chaabi du Maroc en Belgique se trouve dans le collimateur de la justice belge. Mardi, sa succursale d’Anvers a été l’objet d’une descente des agents des impôts accompagnés d’une unité de la police fédérale. Des documents ont été confisqués et des responsables des succursales ont été arrêtés.

    Jusqu’à présent, rien n’a filtré de la part de la sécurité belge ni de la banque marocaine, selon les informations relayées par la diaspora dans les réseaux sociaux, la Banque Chaabi est impliquée dans le blanchiment d’argent et d’autres pratiques illégales visant à surmonter les pertes originées par le boycott de la diaspora et la crise pandémique.

    D’après des média marocains, les bureaux de la banque marocaine à Bruxelles ont également été visités par la police judiciaire fédérale et des responsables des succursales bancaires marocaines ont été arrêtés.

    Selon le site Arif News, « Chaabi Bank n’est pas la seule banque marocaine en Belgique impliquée dans des pratiques illégales. Attijariwafa Bank, dont la holding royale Al Mada est le principal actionnaire, aurait envoyé de l’argent de clients au Maroc illégalement. La banque accepterait également de grosses sommes d’argent sans remettre en cause ses origines, alimentant les pratiques de blanchiment de l’argent de la mafia. La banque emploierait également des employés avec des papiers incorrects. La banque attend une amende considérable pour cela ».

    La même source indique avoir reçu « des informations de sources très fiables selon lesquelles la police belge a procédé à ces mesures après avoir reçu des informations de la Banque centrale néerlandaise (DNB) ».

    « La banque centrale des Pays-Bas a reçu ces informations de militants riffiens aux Pays-Bas. L’un de ces militants a déclaré à Arif News qu’ils avaient réussi à obtenir des documents contenant des informations sensibles sur les banques marocaines aux Pays-Bas et en Belgique. Les documents, contenant des preuves des pratiques illégales de la Chaabi Bank, ont été remis à la banque centrale des Pays-Bas », conclue Arif News.

    Tags : Maroc, Banque Chaabi, Chaabi Bank, Belgique, Pays Bas, fraude, pratiques illégales, blanchiment, 

  • Maroc : La corruption gangrène la santé – Des cliniques pourries par les pots-de-vin

    Dans la plupart des établissements publics, la corruption dépasse les limites imaginables. Les clients ne cessent de dénoncer les comportement des infirmières et infirmiers. Ils sont quotidiennement malmenés.

    Ils pointent du doigt ces employés qui, à défaut de payer un bakchich, ils seront privés du droit de soin. Personne n’est épargné parmile personnel des institutions sanitaires. «Ce qui se passe dans le milieu hospitalier est dramatique. Si un citoyen veut consulter un médecin, il doit payer rubis sur l’ongle son droit de passage à différents niveaux. S’il ne le fait pas, il sera abandonné, voire même injurié à l’occasion.

    Ainsi, phénomène généralisé, toute personne désirant avoir accès aux soins ests victime de l’extorsion de fonds. C’est la raison qui se trouve derrière le scénario largement répandu de voir des femmes accoucher devant les portes des hôpitaux sans aucune pitié.

    La sage-femme, le portier, le gardien de sécurité, l’infirmière, l’infirmier, bref chacun des membres du personnel actif dans l’établissement se voit dans le droit de toucher sa part du magot.

    Gare à ceux qui se présentent avec les mains vides! Ils se verront traiter de la pire des manières. Même les cliniques privées ne sont pas épargnées où les infirmières sont comparées à des tortionnaires en raison de leur cruauté. Soit tu payes, soit tu es laissé pour compte. Le « droit » de graissage est devenu une loi non écrite, mais appliquée à la lettre.

    « Dès que tu traverses l’entrée de l’établissement, la corruption est la règle prédominante dans le secteur de la santé au Maroc », confie une patiente qui vient d’offrir un panier de fruits à une infirmière pour ne pas être abandonnée à son sort.

    Tags : Maroc, santé, établissements sanitaires, hôpitaux, soins, corruption, infirmiers, infirmières, personnel, graissage, bakchich, 

  • La Ligue arabe en quête de président de session

    Par Mohamed Habili

    En septembre dernier, après la Palestine, qui avait renoncé à son tour de présider l’actuelle session de la Ligue arabe, la 154e du nom, en raison de la non-adoption de sa résolution condamnant la normalisation avec Israël par les Emirats et le Bahreïn, cinq autres membres se sont à leur tour excusés de ne pouvoir assumer ce rôle. Ce sont, par ordre d’intervention si l’on peut dire : le Qatar, les Comores, le Koweït, le Liban et la Libye.

    Si cette liste n’a pas été plus longue, c’est sans doute parce que l’offre d’occuper le siège laissé vacant par le ministre palestinien des Affaires étrangères ne s’est pas poursuivie. On ne sait trop d’ailleurs comment s’expliquer cette cascade de refus, probablement sans précédent dans l’histoire de l’organisation. Est-ce par répugnance à accepter ce à quoi un autre membre a renoncé de son propre chef, ou par solidarité avec lui ?

    Et à ce dernier titre, par conséquent, en manière de condamnation des initiatives des Emirats et du Bahreïn, prises d’ailleurs en contradiction flagrante avec le plan arabe conditionnant la paix avec Israël à l’établissement d’un Etat palestinien. Cela dit, il est bien possible que ce soit pour les deux motifs à la fois : d’une part, pour ne pas avoir à présider une session comportant bien des désagréments, et de l’autre, pour ne pas donner le sentiment d’accabler davantage les Palestiniens.

    Ces derniers ne pouvaient décemment pas continuer à présider la session après que leur motion condamnant les initiatives émiratie et bahreïnie n’a pas été adoptée par la Ligue, n’ayant obtenu sur elle qu’une minorité de voix. Toutefois, même attitude abstentionniste lorsque les Emiratis ont proposé une motion contraire, dans laquelle ils demandaient l’approbation de leurs pairs pour leur initiative.

    En toute logique, on ne peut s’abstenir et dans le premier cas et dans le second. Si on se refuse à condamner une résolution, c’est qu’on est pour elle, sinon totalement du moins dans une bonne mesure. Et si on est contre elle, c’est qu’à l’inverse, on est pour la condamner. Mais ce n’est pas ainsi que l’entend la plupart des membres de la Ligue, qui veulent conserver leurs bonnes relations à la fois avec les Palestiniens et avec les Emirats et le Bahreïn.

    La même incohérence ne peut évidemment pas être imputée à ceux des membres ayant déjà établi des relations avec Israël, c’est-à-dire l’Egypte et la Jordanie. On le peut encore moins s’agissant de la première qui elle s’est empressée de se féliciter de la normalisation en question, à la différence de la Jordanie qui a réservé son opinion.

    L’Egypte pourtant n’est pas sans savoir que ce ne sont pas exactement pour les mêmes raisons que les Emirats et le Bahreïn ont normalisé avec Israël. La géographie lui avait fait obligation, comme d’ailleurs à la Jordanie, d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Or, ce n’est pas la recherche de la paix qui justifie l’initiative des Emirats et du Bahreïn. C’est même l’inverse, l’idée que la guerre avec l’Iran est quelque chose d’inévitable à terme, et que dans cette perspective l’alliance avec Israël est la meilleure des garanties de ne pas en faire les frais le moment venu.

    On peut donc facilement imaginer l’Egypte et la Jordanie se démarquant de l’initiative des Emirats et du Bahreïn, ce que bien sûr elles n’ont fait ni l’une ni l’autre.

    Le Jour d’Algérie, 11 oct 2020

    Tags : Ligue Arabe, Palestine, Israël, Proche Orient,

  • Algérie : Les fondements de la nouvelle gouvernance

    L’ère des mandats à vie est révolue pour bannir à jamais le règne de l’autocratie et de la rapine balayé par le Hirak populaire originel, révolutionnaire dans son essence, aux vertus civilisationnelles inscrites dans son mode opératoire pacifique et rivé sur le socle novembrien émancipateur. Cette conviction, défendue par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la visioconférence portant sur le thème «Gouvernance, afri-capitalisme et soft power : la nouvelle donne africaine», se fonde sur une expérience démocratique qui privilégie la légitimité populaire et rejette la conquête ou le maintien du pouvoir par la force.

    Dans un monde arabe, livré à la folie destructrice des plus forts sous l’alibi grotesque du «printemps arabe» chaotique, et dans le continent africain renouant avec le putschisme incompatible avec les fondements de la nouvelle Afrique, le modèle algérien consacre la voie pacifique du changement par les urnes de la transparence et du libre populaire. Dans la nouvelle République, les avancées démocratiques, notamment en matière de libertés publiques, sont reconnues même parmi les plus pessimistes.

    Au 3e jour d’une campagne calme et sereine, la nouvelle gouvernance est mise en avant par les partis politiques et les responsables d’organisations nationales. Elle institue l’alternance qui interdit le renouvellement plus d’une fois du mandat présidentiel et parlementaire, le renforcement des prérogatives du chef de gouvernement ou du Premier ministre, du Parlement et du rôle de l’opposition.

    Tout en affichant un optimisme, le Syndicat national des magistrats, qui se défend d’être «un comité de soutien» ou «un front d’opposition», a salué la consécration effective de l’indépendance de la magistrature garantissant «une véritable sécurité judiciaire».

    Les acquis sont incontestables dans la nouvelle Algérie attachée à poser les jalons d’une gouvernance qui tend à assurer une place de choix à la jeunesse et à la société en acteurs du changement initié par le Hirak originel et appelé à s’inscrire durablement à travers une participation active dans les affaires publiques et une implication dans la vie politique.

    Plus que jamais, l’Algérie de la citoyenneté interpelle sur l’urgence du devoir citoyen à hauteur du rendez-vous historique du 1er novembre.
    Sud-Horizons, 11 oct 2020

    Tags : Algérie, Constitution, Référendum, libertés, réformes, 

     

  • Temoignage : Au Maroc, la France finance Medi1, vieillissante voix du roi

    Par Elodie Font et Marion Guénard | ex-journalistes à Medi 1

    Ex-journalistes à Medi 1, Elodie Font et Marion Guénard racontent le fonctionnement particulier d’une radio surveillée de près par le pouvoir, et où le moindre impair à l’antenne peut coûter cher. Et rappellent que le financement de ce média très institutionnel est assuré en partie par la France, via une subvention pour la rédaction française. Y.G.

    (De Tanger) Au dernier étage d’une imposante villa qui domine le mythique détroit de Gibraltar, au nord du Maroc, journalistes, animateurs et techniciens s’activent. « Sept heures trente sur Medi 1 ! » Comme chaque matin, depuis trois décennies, le jingle retentit. C’est parti pour un quart d’heure d’informations maghrébines et internationales.

    Radio Méditerranée Internationale, plus connue sous le nom de Medi1, a soufflé il y a quelques jours ses trente bougies. Depuis 1980, elle émet vingt-quatre heures sur vingt-quatre, en arabe et en français. D’après ses propres chiffres (il n’existe pas d’instituts statistiques), elle serait écoutée par plus de 20 millions d’auditeurs.

    Il y a trois décennies, Medi 1 était un ovni dans le paysage médiatique maghrébin : seuls les relais officiels des différents régimes sont alors autorisés. Les auditeurs découvrent la matinale, avec un ton plus direct et des informations fiables sur l’actualité internationale. Une station innovante, qui semble indépendante.

    Hassan II en est pourtant à l’origine : le roi cherche alors à contrer la couverture algérienne du conflit au Sahara. L’idée séduit le président français, Valéry Giscard d’Estaing, qui y voit un moyen de pérenniser l’influence française au Maghreb.

    Medi 1, un vent de liberté vite essouflé

    L’accord est scellé : Medi 1 sera possédée à 51% par le Maroc et à 49% par la France, par l’intermédiaire de la Compagnie internationale de radio et télévision (le CIRT), que nous avons joints pour obtenir davantage de détails, mais personne n’a souhaité nous répondre.

    Un vent de liberté qui s’essouffle rapidement. Medi 1 n’échappe pas à la règle : impossible pour la radio de repousser certaines limites. Principal mot d’ordre : ne jamais offenser le pouvoir royal, qu’il soit incarné par Hassan II, puis par son fils Mohammed VI.

    A sa prise de pouvoir, en 1999, le roi, jeune trentenaire, semble pratiquer l’ouverture. Pourtant, aujourd’hui, Medi 1 n’a jamais été autant assujettie au palais. C’est d’ailleurs la station qui diffuse le plus longuement les activités royales -davantage que la Radio Télévision Marocaine, fidèle parmi les fidèles. Par activité royale, comprenez le récit détaillé de l’emploi du temps du roi, quel qu’il soit.

    Voici l’extrait d’un communiqué (pris au hasard), publié par la MAP, l’agence de presse officielle du Royaume :

    « SM le Roi inaugure à Agadir un centre de formation professionnelle mixte et un centre de consolidation des compétences des femmes, d’un coût total de 12 millions de dirhams.

    Agadir – Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a inauguré, mardi à Agadir, un centre de formation professionnelle mixte et un centre de consolidation des compétences des femmes, réalisés par la Fondation Mohammed V pour la solidarité pour un coût global de 12 millions de dirhams. [1 million d’euros, ndlr] »

    Sur l’antenne, les journalistes ont le droit d’oublier le « Sa Majesté » et le « que Dieu l’assiste. » Pour le reste, tous les mots sont repris. Tant pis si, finalement, l’information peut paraître obscure. Le plus important, c’est de recracher la dépêche le plus rapidement possible à l’antenne. Et d’en faire l’ouverture.

    Explication du nouveau PDG de la radio, Hassan Khyiar :

    « Quand le roi, après avoir inauguré un centre, remonte dans sa voiture, il veut l’entendre sur Medi 1 le plus vite possible. »

    Pas question de se tromper à l’antenne : Medi 1 est la voix du roi

    Et pour cause : avec 20 millions d’auditeurs, une diffusion dans tout le Maghreb, Medi 1 est devenue progressivement la voix du roi. Au Maroc, bien sûr, mais aussi pour les observateurs extérieurs. Pas question donc de se tromper sur un chiffre ou sur un nom.

    En mai, l’une de nous deux en a fait les frais. Le roi d’Arabie saoudite venait de faire un don au Maroc, et il fallait rapidement donner l’information à l’antenne. Dans la précipitation, elle parle du « président de l’Arabie saoudite ».

    Dans une monarchie, c’est l’erreur à ne pas faire. A peine le flash terminé, le téléphone sonne dans le bureau des rédacteurs en chef. Plusieurs dizaines de fois. Au bout du fil, très en colère, l’ambassade d’Arabie saoudite et le Palais royal.

    En une heure, la radio est sens dessus dessous. Personne ne comprend réellement ce qui se trame. Ni elle, ni ses collègues.

    Une heure après, elle présente un nouveau flash. En sortant du studio, son rédacteur en chef l’attend. Le visage grave, il lui annonce : « On demande ta tête. » Une exigence du Palais. Pour cette erreur, elle a finalement été mise à pied pendant trois jours.

    Medi 1 parle plus librement de l’Algérie, mais n’enquête guère

    Pour éviter tout dérapage, tous les sujets de politique intérieure et de société passent à la trappe. A part pour quelques domaines chers à la famille royale (comme la lutte contre le cancer), Medi 1 ne s’autorise pas à parler du Maroc.

    La radio parle plus librement de l’Algérie. Dans les années 1990, le GIA algérien y diffusait d’ailleurs ses communiqués -comme dans l’affaire des moines de Tibéhirine. Les nombreux auditeurs algériens cherchent sur les ondes marocaines une vision plus critique de leur pays.

    Sur certains sujets, ils sont servis. La question du Sahara, par exemple -ce qu’on appelle en France le Sahara occidental. Medi 1, comme les autres stations marocaines, ne peut se permettre aucune nuance : le Maroc a forcément raison, l’Algérie toujours tort.

    Medi 1 est très écoutée en Algérie et pourtant la station n’a que deux correspondants réguliers à Alger. Alors, pour parler du pays, chaque matin, le premier réflexe des journalistes est d’éplucher la presse algérienne (El Watan, Liberté, L’Expression), d’en ressortir une poignée d’informations qui datent souvent de l’avant-veille, et de les redonner à l’antenne. En ne les vérifiant jamais.

    S’inspirer de la presse algérienne, c’est une vieille tradition dans la rédaction. Preuve parmi d’autres de la faible évolution du traitement de l’information. Après trois décennies, les journalistes sont toujours obligés de passer par le standard pour appeler à l’extérieur ; il n’y a toujours pas d’invité en direct -pour éviter ce qui est arrivé à la station privée Radio Mars ; toujours pas de reportage.

    Les subventions françaises accordées à la radio augmentées en 2010

    Pourtant Medi1 ne manque pas de financements. Fait rare en ces temps de vaches maigres, les subventions françaises reçues ont même augmenté cette année. En 2010, l’Etat lui a versé 1,6 million d’euros, pour financer la rédaction francophone -composée d’une quinzaine de journalistes.

    Même si elle est encore une référence aujourd’hui, la vieille Medi 1 est en train de se faire rattraper de toute part par des radios concurrentes bien plus aventurières (2M ou Aswat).

    Pour stopper l’hémorragie, la nouvelle direction va lancer en octobre une nouvelle grille. Un des principaux objectifs : développer le numérique. Alors que le journalisme citoyen est apparu il y a déjà plusieurs années, le site ne propose aucune forme d’interactivité avec les auditeurs.

    Medi 1 était à ses débuts un appel d’air sans précédent, un vrai laboratoire d’idées. C’est aujourd’hui une radio bien difficile à dépoussiérer.
    Rue89, 20 sept 2010

    Tags : Maroc, Médi1, radio, Algérie, Mohammed VI, presse, liberté de presse, liberté d’expression, 

  • Algérie – Touche pas à ma rémunération !

    Il ne se passe pas un jour, sans que des échos, nous parvenant de l’hémicycle Zighout Youcef, ne nous confirment pas de façon criarde la mauvaise réputation, qui colle désormais à l’Assemblée populaire nationale. C’est à croire que toutes les tares ont été réunies par cette assemblée, montée de toutes pièces durant le règne de la Issaba. Une assemblée éclaboussée par les scandales en tous genres, dont certains membres ont une bien curieuse conception de la mission qu’ils sont supposés mener et de l’éthique que leur impose leur statut. Mais de quoi s’agit-il au juste ?

    Selon le journal El Hayat, ce sont 31 députés, issus du FFS, MSP, MPA, FLN et RND, qui continuent à percevoir leurs salaires, alors qu’ils ne se présentent plus aux travaux de l’APN. Un comportement intolérable de ceux, qui sont présumés illustrer la droiture. Une attitude de profiteurs irresponsables de la part de députés censés donner l’exemple, qui nous confirme de manière incontestable, que les couleurs partisanes au sein de cette assemblée sont factices et ne veulent absolument rien dire.

    Qu’ils soient démocrates, islamistes ou nationalistes, ce ne sont en vérité qu’une contrefaçon ridicule et absurde des véritables démarcations politiques et idéologiques, basées sur des convictions ancrées. Pour moins que ça, de simples agents et fonctionnaires ont été sanctionnés par des retenues sur salaires, si ce n’est pas le licenciement tout court ! Il est tout simplement déplorable, pour ne pas utiliser un autre terme, de savoir que des représentants du peuple s’autorisent à profiter de l’argent du peuple, sans aucune contrepartie.

    En toute impunité, ils continuent à puiser dans les caisses de l’Etat, sans se poser de questions et sans se demander si l’argent qu’ils sont en train de percevoir est mérité. Rien à dire. L’esprit rentier est dépassé, et de loin. Car, aujourd’hui, il est carrément question d’esprit prébendier dans toute son acceptation.

    Au moment où le pays risque la faillite, des députés persistent à empocher de confortables rémunérations, tout en vaquant à leurs affaires personnelles, loin du lieu de leur travail. Les faits sont là. Ils traduisent parfaitement les vices d’une catégorie de députés, dont la gloutonnerie se passe de tout commentaire.

    Des députés, qui ont fini par trainer dans la boue toute une institution, sans se soucier du reste. Pourvu que les virements soient effectués régulièrement à leurs comptes bancaires. C’est l’essentiel.

    Pour les considérations d’ordre moral, ça ne leur pose aucun problème de conscience. A propos, ont-ils une conscience ? Si certains l’ont égarée le jour où ils avaient monnayé leurs sièges, d’autres l’ont perdue en s’habituant aux privilèges que leur offre le statut de député. La vie est agréable à Sidi Yahia !

    Mohamed M. 

    L’Est Républicain, 5 oct 2020

    Tags : Algérie, Assemblée Populaire Nationale, Parlement, députés, corruption,

  • Algérie : Les normes inversées

    par Abdou BENABBOU

    On aurait un grand tort à se focaliser sur les manigances de la prétendue fille de Bouteflika car avec du recul, on devra se rendre compte que des milliers d’Algériens auraient les apparences et le profil de celle que l’on appelle madame Maya. Jugée en toute logique aujourd’hui, cette dame reprochable n’a finalement que profité d’une large resquille nationale, instaurée en règle immuable pour que chaque bras bénéficiant d’accointances avec des connaissances fortes et rentables serait idiot de ne pas se tendre. Cette culture répréhensible, dépourvue de toute conscience n’est pas particulière à l’Algérie et il arrive même de constater partout dans le monde des hauts responsables, y compris des présidents et des rois, épinglés, le doigt, sinon toute la main trempée dans le pot de miel.

    Ce phénomène dépasse ce que l’on accorde communément au sens de la corruption parce qu’il revêt celui d’un passe-droit dont les effets négatifs ternissent l’ensemble de l’articulation de la société. Le passe-droit ne se résume pas seulement à piétiner la loi. Il place le responsable qui l’effectue dans le déni des sujets qu’il est censé servir et fait de lui un obstacle à la marche du pays. La responsabilité ne devient plus qu’une arme pour épater et un outil de gloriole pour un égo circonscrit.

    C’est certainement cet égo simplet et gauche qui a fait que tous les responsables aujourd’hui jugés se disent innocents et victimes d’une recette politique qu’ils disent avoir suivie contre leur gré.

    Dans l’esprit d’une madame Maya et de celui de nombreux Algériens, il serait anormal de ne pas emprunter une voie courante et usuelle pour s’enrichir car l’air du temps est à celui qui excelle à se servir et non à servir.

    La fatidique philosophie nationale a fini malheureusement par inverser l’objectivité des normes pour qu’elles deviennent aux limites des règles de la piraterie. Aucune nuance n’est cédée entre le droit et le devoir. La confusion et la mêlée des convictions ont transformé la malfaisance en droit et il est devenu normal et légitime que les exigences populaires se multiplient.

    Le Quotidien d’Oran, 10 oct 2020

    Tags : Algérie, Mme Maya, Nachinache Zoulikha-Chafika, corruption, Bouteflika,

  • Algérie : L’Emir Abdelkader et le Maroc (1832-1847)

    Si l’on aborde les rapports algero-marocains…par autre voie que celle du sentiment, il convient d’ecarter des clichés traditionnels sur la fraternité maghrebine, source de solidarite en cas d’agression étrangere…

    Le moment était venu de mettre à l’epreuve la solidarité marocaine d’autant que l’émir était convaicu que le Maroc n’échaperait pas à la conquête coloniale. C’est pourquoi, il adjura le sultan de se joindre à lui et d’engager toutes ses forces dans la bataille pour le salut commun.

    Avec l’évolution de la guerre, le role objectif du Maroc s’accrut. L’émir croyait y disposer d’un sanctuaire, d’où il s’élançait à l’interieur de l’Algerie pour frapper avec la rapidité de la foudre.

    Mais avec la defaite (du sultan) à la bataille d’Isly (11 mai 1844) et la signature de l’infame traité de Tanger (1844), scellant l’allliance du Maroc et de la France contre l’Emir Abdelkader, (celui-ci) était hors la loi sur les territoires marocains et algeriens….

    Pliant devant les exigences françaises, le sultan somma l’Emir de quitter immédiatement le territoire marocain. Jettant le masque, il se decida à attaquer directement les forces de l’Emir. Il mit sur pied plus de 50.000 hommes répartis en trois divisions sous le commendement de l’un de ses neveux. Que pouvait faire Abdelkader avec ses 2000 fantassins et cavaliers contre une telle force ? Et pourtant, une nuit dans le Rif, il réussit à culbuter et à mettre en déroute deux de ses divisions marocaines, grâce à la fougue de ses combattants et à son génie militaire, usant d’un stratagème digne des plus grands généraux de l’antiquité.

    Sous le coup d’une émotion compréhensible et devant la tournure de plus en plus dramatique des événements, Abdelkader tenta une derniere fois de faire appel à la raison et à la conscience du sultan. Il envoya donc en mission à Fès Bouhmidi, un de ses meilleurs Khalifas. Ce fut en vain : Bouhmidi fut jeté dans un cachot pour y mourir. Fidèle a son pacte avec les français, le sultan Abderrahman adressa à l’Emir l’ultimarum suivant: Abdelkader doit se rendre, par lui-même, au sultan marocain, ou s’en retourner au Sahara algérien…

    L’étau franco-marocain se resserait autour de la petite armée des combattants de la liberte. Le dénouement de l’épopée était proche commencée 1832.

    Le gouvernement marocain et la conquête d’Alger

    Ali Tablit, universitaire et membre du conseil scientifique, a mis la main sur un document important, réédité récement par Thala-chihab (Alger). Il s’agit d’un recueil de lettres émanant principalement de Moulay Abderahmane, Sultan du Maroc, aux chefs militaires se trouvant avec son armée à notre frontière occidentale. Le sultan s’est allié aux français contre l’Emir; après avoir été battu par Bugeaud en 1844 (bataille d’Isly) et subi le bombardement de certains de ses ports par la marine française.

    On peut suivre presque au jour le jour dans ce recueil des lettres traduites par l’interprète Algérien Ismail Hamed (1857-1933), les difficultés que connaît l’Emir au cours des dernières années de son combat à la suite de l’accord franco-marocain.

    Dans le courant de l’année 1920, un lot de lettres chérifiennes a été aquis pour le compte de la bibliothèque générale du protectorat au Maroc. Elles émanent en effet de Moulay Abderahmane ben Hicham qui régna de 1822 à 1859 et ont trait aux événements occasionnés dans la region orano-marocaine par l’établissement des français à Alger. Ces lettres vont du 10 avril 1829 au 2 août 1848 et remontent, par conséquent, aux premières démonstrations françaises qui ont precedé la prise d’Alger.

    Cette coorespondance essentielement confidentielle, adressée à son cousin installé à Tlemcen ou ses agents operants à divers titres entre cette ville et Taza, éclaire curieusement les conséquences de la prise d’Alger et ses repercussions variées sur les divers éléments de la population indigène du nord de l’Afrique. Mais ce qui donne un intérêt particulier aux lettres du sultan Moulay Abderahmane c’est qu’elles révèlent la pensée intime de leur auteur, qu’elles mettent à nu les ressorts cachés et les procédés de la politique du Makhzen de cette epoque, ainsi que l’évolution de cette politique selon les circonstances et la nature des evenements.

    Le sultan prend immédiatement position dans la région de Tlemcen, appelé au secours par une délégation de notables de cette ville contre les conquêrants. Envoyant son cousin Moulay Ali à la tête d’une colonne expeditionnaire et charge Sid Driss ben Hommane El Djerrari d’etre l’intermédiaire entre ce prince et les dites tribus.

    Il s’agit évidement de l’établissement definitif des français à Oran et de la situation créée par cet événement grave dans les milieux indigènes.

    Le bombardement de Tanger a causé une vive émotion et avait fait craindre un déarquement; cest pourquoi Moulay Slimane, fils du sultan, est accouru sur Tanger avec une armée et c’est ce prince qui, dans une lettre datée du 27 radjeb 1260 (12 aout 1844) donne des détails précis sur les dégats faits, le compte des boulets lancés sur la ville, énumère les mesures prises, fait lire aux notables de la lettre de sa majesté. Mais s’il donnait de l’inquietude au Makhzen, Abdelkader lui-même n’était pas exempt de soucis : les algériens qui l’entouraient n’étaient pas très nombreux, il lui fallait tirer toutes les sources du pays, qui souffrait alors d’une hausse des prix, et s’y faire assez de partisans pour tenir tête à l’armée du sultan. Il profitait de la facilité que lui offrait la frontière pour se glisser entre le territoire français et les armées chérifiennes et tendre la main aux nomades Beni Guil, Oulad Djrir et autres dont le concours était précieux et dont le pays pouvait, à l’occasion, lui servir de refuge .

    Le sultan ne songe plus à lutter contre les français solidement installés à Tlemcen et à Maghnia; le danger immédiat et qui ne fut jamais redoutable, c’est la présence sur le sol marocain d’Abdelkader qui avec son prestige, son experience des hommes, de la politique et de la guerre, menace même l’existence de la dynastie filalienne. Le sultan s’arrangera toujours avec ses sujets inconstants et les plus turbulants, quand il n’y aura plus à les seduire et les entrainer cet enjoleur habile dont il parle à son fils en ces termes, dans une lettre du 2 choual 1262 (23 septembre 1846) : Quand à ce que vous dîtes avoir appris de cet intrigant (Abdelkader), de son retour sur ses vues premières, de son sentiment sur les événements auxquels ont été mêlés les krarmas et qu’il deplore amèrement, gardez-vous d’y ajouter foi. Soyez aussi en garde contre les propos que tiennent à son sujet ceux qui manquent de discernement et parlent de sa faiblesse et son impuissance; par ses stratagèmes et sa ruse, il est capable d’obtenir ce que la force des armes et le nombre ne lui donneraient pas.

    En effet, Sidi Mohammed, à la date du 28 rabia (15 avril 1845), annonce au sultan qu’Abdelkader a gagné le sahara et s’est installé chez les Hmiyanes à qui il fait payer des redevances, que les français l’ayant appris, ont fait ont fait partir de Tlemcen une colonne avec un fort convoi de chameaux portant 2 mois de vivres.

    Dans la dernière phase de sa carrière, au cours de l’année 1847 l’Emir a causé au gouvernement français, comme au gouvernement marocain, les mêmes preoccupations et les mêmes difficultés, dans la poursuite du même objectif qui était sa capture. Une entre les deux gouvernements était difficile à réaliser, bien qu’ils eussent le plus intérêt. Et cependant, alors qu’il n’y est eut pas entente concertée, la nature même des circonstances à combiner la double pression française et marocaine pour amener l’Emir à se rendre.

    Le sultan ne pouvait, sans compromettre son prestige, faire appel, contre Abdelkader, à l’aide française. Les français, n’ayant pas, les mêmes scrupules, tentèrent d’agir en liaison avec la Makhzen par une voie detournee. Nous en trouvons la preuve dans une lettre de M. de Chasteau du 19 djoumada 1er 1263(5mai 1847), adresse au Caïd Mohamed El Ahmer, envoyé dans le Rif par le sultan pour réduire Abdelkader et ses partisans. Dans cette lettre, le chef de la mission de France au Maroc offre au Caïd de lui fournir des subsides pour l’aider à accomplir sa mission et ramener les rebelles marocains à la soumission au sultan; car, ajoute la lettre, nous avons le plus gand intérêt à l’expulsion du Maroc de l’Emir Abdelkader et sommes decidés tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.

    Mais voici l’échec du Makhzen souligné par le roi à son fils dans une lettre du 2 radjab 1263(18 juin 1847) marque toute l’importance; on y voit les suites d’une attaque bien conduite par Abdelkader et cette déroute y est jugée comme plus grave que celle de la bataille d’Isly. Il y a là, sur ce dernier desastre, une appréciation que nous n’avons pas trouvé ailleurs : « Nous avons reçu, dit Moulay Adberahman, votre lettre et celles qui l’accompagnaient, nous faisant connaître la façon dont s’est comporte le traitre Abdelkader en attaquant de nuit, avec ses partisans des tribus rifaines, l’armée que vous aviez envoyeé dans le Rif. Dieu veuille que cet événement soit le terme de nos epreuves.

    Voyez, ajoute-t-il, Abdelkader avec le petit nombre d’hommes dont il dispose ,dans un pays qui n’est pas le sien, quels resultats il obtient, grâce a son esprit délié, à ses habiles stratagèmes et à sa politique avisée !… Alors que nous les obtenons pas, nous qui avons le nombre, mais nous manquons d’habileté politique! Il nous faut désormais, déployer avec les tribus rifaines une grande fermeté alliée à une bonne politique et à une administration saine; cela est indispensable pour les ramener dans le devoir.

    La lecture des lettres du sultan Moulay Abderahman, en même temps qu’elles nous éclairent sur l’état intérieur du royaume sous son règne le révele comme un prince habile, plein de sagesse et d’une prévoyance qu’il déploya largement et qui lui font honneur à ses talents, si l’on considère si l’on considere ses moyens et le peu de consistance de ses sujets.

    Nous savions que l’Emir, à la fin de sa carrière s’était trouvé acculé sur la frontière maroco-oranaise entre la mer et la basse Moloya, traque d’un côté par l’armée chérifienne et de l’autre par l’armée francaise et on avait, par une forte image, comparé cette situation désésperée à celle du lion encerclé, dont les rugissements font retentir les échos des montagnes .

    Les détails de cette lutte épique, telles que rapportent les lettres chérifiennes, justifient ce qui a été dit des talents de l’Emir Abdelkader, de son habileté politique et de sa trempe exeptionnelle.

    Notes:

    1)D’apres Ismail Hamet, le gouvernement marocain et la conquête d’Alger, « le sultan estime la défaite de son armée plus grave que celle d’Isly ».

    2)Churchill décrit ainsi le stratagème : »Entièrement couverts d’alfa ….qu’on avait plongé dans la poix et le goudron, deux chameaux furent poussés en tête de la petite colonne (celle de l’Emir) et ont mit le feu à l’alfa des chameaux qui, affolés, se lancèrent au galop furieux … les hommes (marocains) se bousculèrent dans toutes les directions.

    Source : algerie-dz.com

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