Année : 2020

  • La vraie histoire d’Aïcha Kandicha au Maroc

    Le nom d’ Aïcha chez les Marocains révèle deux choses :

    La première , c’ est que ce nom est religieusement sacré , car il est le nom de la femme du Prophète Mohamed ( Alïhi Assalam*) . Cette femme était la plus jeune des femmes du Prophète. Il l’ a épousée alors qu’elle avait l’ âge de douze ans.

    *Paix soit sur Lui

    Elle était la plus chère à son coeur. Le Prophéte a dit « Prenez la moitié de votre religion de cette femme « ( Aïcha ).

    Quand les chanteurs de Gnaoua (Gnawa ) chantent ce nom, leurs chant est un chant soufi .

    La deuxième , c’ est que ce nom vient d’ une mythe très célèbre dans la mémoire de peuple marocain . C’ est Aïcha Kandicha . C’ est le nom d’ une femme qui est djinn .

    Elle habitait toujours à côté de la mer . Dans des lieux qui sont inhabités . Et elle sort la nuit pour couper la route aux hommes qui passent seul . Elle les attire vers elle et les habite : ç a veux dire qu’ ils tombent amoureux d’ elle . Ils deviennent fous jusqu’ à leur mort.

    Aïcha a été décrite, dans les récits du peuple marocain comme une femme, mais elle a des pieds de chameau.

    Un grand écrivain Tahar Ben Jelloun , qui est célèbre dans la littérature française , a essayé de donner à ce mythe une relation avec la réalité , dans ses écritures, en disant que cette histoire ( mythe ) de Aïcha Kandicha est une histoire réelle .

    C’ est une femme, résistante, qui a lutté contre la colonisation française au Maroc. Après la mort de son mari tué par les Français , elle a décidé de se venger , en apparaissant aux étrangers ( les soldats français ) et les attirant vers les plages où elle les tue par vengeance.

    Le récit de l’ histoire de cette femme ne dépasse pas ces deux signification dans les chansons de la musique Gnaoua ( Gnawa).

    Le chanteur de la vidéo ci-dessous parle de cette femme , de sa puissance et le bien qu’elle peut faire quand elle veut et la supplie de lui faire du bien , comme s’ il supplie un saint du mausolée.

    La musique avec le chant du mythe de cette dame ne peut que donner la chair de poule à celui qui l’ écoute. C’ est la façon dont ils chassent les mauvaiss esprits.

    Source : Gammes musicales

    Tags : Maroc, religion, superstitions, musique, chants, Aicha Kandicha, djinns,

  • Maroc : L’enfer des migrants subsahariens

    Maroc – Rabat

    Aux portes de l’Europe, l’enfer des migrants subsahariens

    Dans la minuscule pièce, Florence découpe une pastèque. Le téléviseur crépite dans un coin, seule distraction du petit Emmanuel, 3 ans, étendu sur le matelas posé à même le sol. Une simple lucarne éclaire le foyer de cette famille nigériane. Aujourd’hui, Steeve, le père de famille a gagné 1,50 euros en mendiant depuis 6h du matin. “De quoi acheter un kilo de poisson”, lance-t-il sans grand enthousiasme. Ce couple nigérian a débarqué à Rabat en 2004 avec comme unique rêve, celui de rejoindre un pays européen pour une vie meilleure.

    Dans un angle, Florence a soigneusement rangé ses bassines pour la vaisselle qu’elle a dissimulées derrière un rideau. Sur les murs, des photos du Christ. La température intérieure atteint facilement les 30°. “Malgré les 50 euros de loyer mensuel, le propriétaire ne veut pas qu’on utilise la lumière ni qu’on branche un ventilateur”, raconte Steeve. “Cela fait 3 ans que nous sommes là et nous n’avons aucun droit. Si seulement je pouvais travailler. C’est une situation très stressante pour moi, avec la peur d’être agressé ou d’être arrêté par la police”.

    Comme ce jeune couple de migrants, ils sont entre 15 000 et 30 000 à se retrouver bloquer à Rabat, aux portes de l’Europe, avec des conditions de vie inacceptables. “Lorsqu’ils arrivent ici, ils n’ont plus d’argent pour continuer. Durant le voyage, ils doivent se débarrasser de tous leurs papiers. Ils n’existent plus. Au Maroc, ils n’ont aucun droit. Ils ne bénéficient d’aucune protection et se retrouvent à la merci de tous les abus et de toutes les violences possibles”, explique le coordinateur d’une ONG. 60 % d’entre eux ont entre 18 et 30 ans, 30% ont plus de 30 ans et 10% sont des mineurs. Ces migrants viennent principalement d’Afrique de l’Ouest ((Sénégal, Gambie, Mali, Guinée, Côte d’Ivoire) du Nigeria et de la RDC.

    Pour la plupart, le périple s’est déroulé dans la souffrance avec des violences sexuelles et physiques, dans l’enfer des camions surchargés traversant le désert algérien, sans eau ni nourriture. « Le trajet a été épouvantable. Nous avons beaucoup marché, même les enfants. Nous avons dû payer sans arrêt pour franchir les frontières. C’est une véritable mafia », explique Bienvenu qui a quitté la RDC en 2004 avec sa femme. « Nous avons mis plus de 2 ans pour arriver ici en passant par le Cameroun, le Nigeria, le Bénin… Mais chez nous, il y a la guerre, la famine, tout ». Le couple a obtenu le statut de réfugié via la représentation internationale du HCR basé à Rabat. Seul problème… les autorités marocaines ne reconnaissent pas ce bureau destiné à favoriser l’enregistrement des demandeurs d’Asile, la reconnaissance et l’installation des réfugiés au Maroc.

    Pourtant, le Maroc a signé les Conventions de Genève de 1951 relatives à la protection des réfugiés. « En un an et demi, le HCR n’a reconnu que 600 réfugiés avec un taux de reconnaissance de 16%. Ce statut est principalement attribué aux Ivoiriens, Congolais, Sierra Leonais et Libériens. Le récépissé remis aux réfugiés n’a, pour l’instant, aucune valeur aux yeux des autorités marocaines. Il ne leur donne pas droit à une carte de séjour et ne permet donc pas d’accéder au marché du travail ou aux soins », précise le coordinateur. « Tant que le HCR et le statut de réfugié ne sont pas reconnus par le Maroc, le bureau international de Genève devrait assurer une assistance financière mensuelle aux réfugiés. Et la Communauté internationale devrait doter le bureau du HCR de Rabat des moyens politiques et financiers suffisants pour assurer tant la protection juridique que l’assistance de ces réfugiés, et plus particulièrement des mineurs non accompagnés ».

    En attendant, le Maroc a renforcé le dispositif de surveillance des frontières avec des ratissages autour des enclaves tout en laissant les migrants en ville. « Les politiques publiques européennes et des Etats membres en matière d’immigration s’inscrivent fortement en coopération avec les pays frontaliers de l’espace Schengen dans le cadre du « bon voisinage ». Elles consistent à vouloir réguler les flux migratoires et lutter contre l’immigration clandestine en «externalisant» le contrôle des frontières et les procédures d’asile vers les pays limitrophes. L’Algérie et le Maroc se renvoient la responsabilité. L’action policière se concentre sur les zones de frontières. L’Union européenne envoie de l’argent au ministère de l’Intérieur marocain mais ces fonds ne redescendent pas forcément aux policiers qui n’ont pas les moyens de procéder aux arrestations. Cette coopération policière avec l’Europe existe mais le problème reste celui de la corruption », constate le coordinateur.

    Résultat, les migrants, réfugiés ou non, vivent dans la plus grande précarité, victimes de violences et de discriminations. « J’ai pris un bateau pour rejoindre les Canaries et il a chaviré noyant une quinzaine de personnes sous mes yeux. J’ai été récupéré et depuis je lutte pour survivre. Il y a un mois, un Marocain m’a agressé pour me voler. Il m’a tailladé le visage et le corps à coups de couteau et m’a brisé un tibia. Personne n’a bougé. Les gens regardaient », raconte Jimmy, un Nigérian.

    Libres de leur mouvement, au bon vouloir des autorités, les migrants mendient dans les rues et survivent dans des bidonvilles entassés dans de minuscules chambres. De véritables taudis où les nattes et les matelas se succèdent au milieu des cafards, de la crasse et de la chaleur. La gale est une maladie courante de même que la tuberculose et les troubles mentaux. Sans espoir, sans avenir, les migrants de Rabat se débattent dans ce climat de violence, rejetés par une bonne partie de la population marocaine en se disant « j’avais un rêve, je suis maintenant dans une prison libre ».

    * Le nom de l’ONG et celui du coordinateur ne sont pas publiés afin de ne pas nuire à leur action sur le terrain.

    Tags : Maroc, migration, subsahariens, africains, racisme, répression,

  • Algérie : Tamanrasset, terre de transit ou d’exil.

    Aux portes de l’Afrique sub-saharienne, à 2 000 km de l’Europe, la ville algérienne de Tamanrasset vit au rythme des candidats à l’émigration qui s’y côtoient et partagent les mêmes rêves, parfois les mêmes désespoirs

    C’est le printemps à Tamanrasset, ville du sud de l’Algérie, proche du Niger et du Mali. Les touristes européens quittent la ville à l’approche des chaleurs. Les camions dont descendent chaque jour des immigrés venus de toute l’Afrique sub-saharienne, eux, ne connaissent pas de saison.

    Tamanrasset est une porte d’entrée pour des milliers de candidats africains à la migration vers l’Europe. « Je me sens chez moi ici à Tam. Mes compatriotes et tous les autres Africains me font oublier l’exil, explique Oulatara, un jeune ivoirien. Je préfère patienter ici que d’aller errer au nord de l’Algérie où je risque le refoulement à tout moment. »

    Tam, comme l’appellent ses habitants de passage, abrite des immigrés africains légaux et illégaux. Les clandestins ont plus de chance de s’y fondre dans la masse, mais aussi d’y trouver un logement moins cher que dans les villes du nord du pays, où la législation oblige le propriétaire à déclarer à la police l’identité des locataires. Ce n’est pas le cas à Tam où les « villages africains » se sont formés et continuent à être rythmés par la clandestinité. Ce sont des ghettos où même les forces de sécurité n’osent pas pénétrer.

    Proche d’une bande frontalière de 1 550 km, la région de Tamanrasset reste le passage privilégié des candidats à l’exil. 2 000 à 3 000 personnes franchissent illégalement les frontières sud de l’Algérie chaque année, selon la Gendarmerie nationale. Mais beaucoup d’autres entrent sur le sol algérien munis de visas de trois mois. À leur expiration, la plupart d’entre eux n’ont pas encore réussi à quitter Tam. Parmi ces clandestins, les Maliens et les Nigériens sont de loin les plus nombreux, mais il y a aussi d’autres Africains et – phénomène apparu ces deux dernières années – des Asiatiques (d’Inde et du Bangladesh) qui tentent de s’introduire par là en Europe.

    La vie en transit

    À Guetâa El Oued, Tahaggart, Imechouane, « villages africains » édifiés dans Tamanrasset, la cohabitation entre immigrés n’est pas idéale. Dans ces ghettos, les rapports de force s’établissent en fonction des nationalités, de l’ancienneté, de l’importance de la communauté. Les Maliens et les Nigériens ne se plaignent pas de leur vie ici. Les liens historiques, la proximité géographique de leur pays d’origine et le fait qu’ils soient les seuls à disposer de consulats en Algérie facilitent leur vie quotidienne. L’intégration est plus difficile pour les immigrés issus de pays anglophones. Souvent organisés en clans, ils sont vite pointés du doigt dans des affaires liées à des vols et des agressions. Ces villages dans la ville sont au fil des années devenus des lieux où tout se négocie : passeports, argent, travail au noir, femmes pour des travaux de ménage ou pour la prostitution, enfants à adopter, etc.

    Aux premières lueurs de l’aube, des centaines de clandestins se postent aux carrefours, à la sortie de la ville. Ils guettent camions et camionnettes pour dénicher un travail occasionnel qui leur permette de survivre. Des entrepreneurs, mais aussi des particuliers, y passent prendre de la main-d’œuvre bon marché et corvéable à souhait, en raison de sa précarité. Le transit par Tam peut durer des semaines, des mois voire des années.

    Certains se résolvent à demander des papiers d’identité algériens ou des titres de séjour leur permettant de travailler en toute légalité, alors que la grande majorité végète dans la clandestinité et la précarité. Les ateliers de confection sont devenus le monopole des Nigériens et des Maliens. Les autres ont le choix entre les ateliers de mécanique, de soudure ou les chantiers de construction.

    Refoulement, pas rapatriement

    Alhassane, la vingtaine à peine entamée, arrive du nord du Cameroun. Il jure qu’il n’y retournera pas, même si on le refoule cent fois : « Tout le village a cotisé pour me payer le voyage. Ils attendent que je m’établisse en Europe et que je commence à leur envoyer de l’argent. Je préfère mourir qu’y retourner les mains vides. »

    En Algérie, les refoulements sont fréquents tout autant que les possibilités de retraverser la frontière dans l’autre sens. En 2005, les services de la gendarmerie locale ont eu à traiter 1 603 affaires liées à l’immigration clandestine, impliquant 2 229 personnes sans compter celles qui passent à travers les mailles du filet et continuent leur traversée du désert pour gagner le Nord. La tendance n’a pas fléchi en 2006. La majorité des gens interpellés sont refoulés à la frontière, mais pas rapatriés. Les opérations de refoulement sont coûteuses et supportées pour le moment par le Trésor public algérien.

    L’Union européenne avait pourtant promis, à Oran, l’an dernier, d’aider les pays nord-africains dans la lutte contre l’immigration clandestine. Mais les fonds tardent à être débloqués. En raison des coûts, le choix de la destination du refoulé s’impose : 398 km séparent Tamanrasset du poste d’Ain-Guezzam (frontalier avec le Niger) et 508 km de celui de Tin-Zaouatine (avec le Mali). Selon la prépondérance des Maliens ou des Nigériens dans le lot des personnes, les clandestins seront refoulés à l’un ou l’autre endroit. À contresens de leur rêve…

    Source : Blog de Said Bouamama, 2006

    Tags : Algérie, Tamanrasset, Migration, subsahariens,


  • Maroc, source d’inspiration…

    Depuis plusieurs années (la première fois il y a….bien longtemps) je suis tombée amoureuse du Maroc, du sud particulièrement. Essaouira balayée par les alizés est notre point de départ depuis cinq ans.

    Essaouira, en arabe « la bien dessinée », Amogdul « la bien gardée » en berbère, Mogador pour les français garde les empreintes de son histoire. L’hospitalité des marocains, leur cuisine pleine de saveurs, les couleurs chatoyantes, les odeurs d’épices nous ravissent. Et son festival Gnaoua…dont je vous reparlerai…

    Nous y soutenons bénévolement, modestement une association qui accompagne les femmes isolées, en difficulté. Elle s’appelle : Association Féminine de Bienfaisance EL KHIR:

    « « La femme marocaine défavorisée ne doit pas compter sur la charité »

    Nous voulons l’aider dans son apprentissage de l’autonomie, et pour cela nous développons au sein de l’association une approche de la promotion féminine « intégrée », qui combine de nombreuses actions allant de l’alphabétisation jusqu’à l’insertion professionnelle. Autonomie financière bien sûr, pour que la femme génère des revenus suffisants pour couvrir ses besoins quotidiens (ou ceux de sa famille selon sa situation). Autonomie sociale, juridique, sanitaire également : l’accès à la connaissance doit aider la femme à s’affirmer dans une société peu encline à reconnaître ses droits.

    Nous ne répondons pas seulement aux besoins d’acquisition de savoir-faire techniques (cuisine,couture, etc.) et de connaissances de base, mais nous aidons la femme jusqu’à son intégration professionnelle, en nous efforçant d’être à son écoute tout au long de son parcours. Soutien psychologique et esprit de fraternité sont toujours mêlés à nos actions.

    L’association AFBK se veut aussi espace de rencontres et de partage, un espace de vie réconfortant et agréable. »

    Je vous invite à consulter leur site internet (www.elkhir.ma) ou leur facebook (Association féminine El Khir). Le courage des femmes qui ont fondé et font vivre cette association humanitaire mérite d’être reconnue et soutenue.

    Ainsi grâce à ces femmes nous avons découvert le Sabra (soie végétale que j’utilise pour la confection de bijoux), les parures en argent travaillées à Essaouira, l’huile d’argan, les petites coopératives de femmes qui sont isolées du regard des touristes et nous sommes allés à la rencontre des berbères.

    Collier d’inspiration touareg dont la pièce principale (en argent et orné d’une cornaline) provient du fond d’une échoppe d’un berbère, bien marqué par les années.

    Tags : bijoux berbères, condition femmes marocaines, essaouira, maroc, association El Khir, Mogador, Amogdoul,



  • Après moi, le déluge ! Un texte de Karl Marx

    Le capital, qui a de si « bonnes raisons » pour nier les souffrances de la population ouvrière qui l’entoure, est aussi peu ou tout autant influencé dans sa pratique par la perspective de la pourriture de l’humanité et finalement de sa dépopulation, que par la chute possible de la terre sur le soleil.

    Dans toute affaire de spéculation, chacun sait que la débâcle viendra un jour, mais chacun espère qu’elle emportera son voisin après qu’il aura lui‑même recueilli la pluie d’or au passage et l’aura mise en sûreté.

    Après moi le déluge ! Telle est la devise de tout capitaliste et de toute nation capitaliste (1).

    Le capital ne s’inquiète donc point de la santé et de la durée de la vie du travailleur, s’il n’y est pas contraint par la société (2). (…)

    Il est vrai qu’à prendre les choses dans leur ensemble, cela ne dépend pas non plus de la bonne ou mauvaise volonté du capitaliste individuel.

    La libre concurrence impose aux capitalistes les lois immanentes de la production capitaliste comme lois coercitives externes.

    Karl Marx, Le Capital, livre I, section 3, chapitre VIII

    (1) Nous nous rendons bien compte de l’immense difficulté à résoudre les questions de la pollution, de l’épuisement des ressources naturelles, de la diffusion des produits toxiques, sans compter la progression des inégalités et la dstruction des sociétés, dans le système actuel de production.

    (2) Sous la pression des socialistes allemands, le Chancelier Bismarck, en 1889, décida d’instaurer un âge de départ à la retraite (payée par les cotisations ouvrières et patronnales). Il aurait demandé à un conseiller :

    « Dis moi, machin, à quel âge les ouvriers seront-ils morts, à coup sûr ? »

    – 65 ans, Votre Excellence

    Le départ à la retraite est alors fixé à … 70 ans.

    Tags : Karl Marx, Le Capital, après moi le déluge, économie, finances,

  • Quelques définitions liées à la question du mariage 


    AUTOUR DE LA NOTION DE MARIAGE :

    Précoce : Mariage avant un certain âge ou avant la puberté en fonction des droits nationaux.

    Forcé : Mariage sous la contrainte, pression psychologique, voire violence physique. Dans certains pays le consentement requis n’est pas celui de la personne mais celui du représentant légal (qui peut être l’oncle maternel.)

    Arrangé : II n’existe pas en droit. Soit il y a consentement, auquel cas il est valable, soit il y a absence de consentement et c’est un mariage forcé. Il s’agit d’un mariage conclu en l’absence de lien amoureux mais avec une intention matrimoniale.

    Civil ou laïc : II est célébré par un représentant de l’Etat. Le seul valable en France au regard du droit français.

    Coutumier : Mariage selon la coutume du groupe ethnique (définition anthropologique), selon des rites. Il peut être reconnu en France si la loi personnelle des époux le reconnaît.

    Polygamique : Acte de se marier avec plusieurs femmes sans dissolution des liens matrimoniaux préexistants. Il est autorisé dans certains pays du Maghreb, d’Afrique Subsaharienne, du Moyen Orient. Si la polygamie est interdite en France, un mariage polygamique célébré à l’étranger produit des effets en France si la loi personnelle des 2 conjoints le permet.

    Religieux : Mariage célébré par un représentant religieux.

    Par procuration : Mariage célébré hors la présence de l’un des époux.

    Mixte : Mariage entre 2 personnes de même sexe, ou de nationalités, cultures, pratiques, religions différentes.

    Putatif : Mariage annulé mais dont les effets passés sont maintenus à l’égard du conjoint de bonne foi et des enfants.

    Blanc ou simulé : Mariage sans intention matrimoniale, dont le but est l’obtention d’un effet secondaire du mariage.

    AUTOUR DE LA NOTION DE CONSENTEMENT :

    Consentement : II s’agit, lors de la conclusion d’un acte juridique, de l’adhésion d’une partie à la proposition faite par l’autre. Le consentement n’est valable que si la volonté des parties est éclairée et libre.

    Vices du consentement : Ce sont des faits de nature à entraîner l’altération du consentement et, par voie de conséquence, la nullité de l’acte juridique. Les vices du consentement sont : l’erreur, le dol, la violence.

    Echange de consentement : Chacune des parties au contrat manifeste son consentement, oralement ou par écrit ; cet échange entraîne l’accord de volonté qui lie les parties.

    AUTOUR DE LA NOTION DE NULLITÉ DU MARIAGE :

    Nullité : Sanction de l’absence des conditions requises pour la validité d’un acte juridique, prononcée par un juge et entraînant la disparition rétroactive de l’acte. Il entraîne l’annulation du mariage. Le mariage nul est considéré comme n’ayant jamais existé (sauf dans le cas du mariage putatif).

    Opposition : II s’agit d’un droit reconnu à certaines personnes de faire défendre à l’officier d’état civil de célébrer le mariage. Il est soumis à certaines conditions de forme et de fond et est variable selon son auteur. L’opposition peut éventuellement être levée par une procédure spécifi que.

    AUTOUR DE LA NOTION DE RUPTURE DU MARIAGE :

    Divorce (en droit français): Rupture du lien conjugal, prononcée par un jugement, soit sur la requête conjointe des époux, soit en raison de l’absence de communauté de vie, soit en raison de la faute commise par l’un des époux.

    Divorce pour faute (en droit français) : L’époux demandeur doit apporter la preuve de fautes, c’est-àdire prouver que son conjoint n’a pas exécuté les obligations et devoirs du mariage. (violences, abandon de domicile).

    Répudiation : II s’agit de la rupture du mariage imposée par l’homme, de manière unilatérale sans que celui-ci n’ait l’obligation envers l’épouse ni de justificatifs à apporter.

    AUTOUR DE LA NOTION DE NATIONALITÉ :

    Nationalité : Lien juridique et politique qui rattache une personne à un Etat

    Naturalisation : Acquisition par un étranger d’une nationalité par une décision du gouvernement

    Bi-national : Situation d’une personne qui possède deux nationalités.

    Tags : Mariage, nationalité, naturalisation, bi-national,

  • Côte d’Ivoire : Un dictateur est incapable de se mettre en question

    Croire qu’un tyran est capable de reconnaître de lui-même son état sans y être contraint par le peuple à prendre la fuite, c’est une forme enfantine de voir le monde. J’avais un jour évoqué ici les dessins animés. Cela continue.

    Les Ivoiriens se sont trop habitués à ne pas lister et mettre en avant leurs priorités. Ils croient pour la plupart que le monde est le reflet de films pour enfants.

    Alassane Dramane Ouattara n’aurait jamais dû être reconnu en tant que chef d’Etat par ceux qui, politiques ivoiriens, l’ont fait en avril 2011. Ce fut d’un crétinisme indicible de l’avoir reconnu tel. A l’époque, je l’avais dit et écrit à plusieurs reprises. Un tyran, on le combat sans répit, à chaque seconde qui passe.

    Au cas où les ivoiriens se persuadent que leurs bouffées d’humeur qui les conduisent à manifester puis à danser, dans des enceintes closes, quelques heures tous les 6 mois, vont faire plier le tyran Dramane et ses soutiens extérieurs, ils se trompent. Je le mentionne de nouveau ici qu’une révolution populaire est différente de révoltes sporadiques.

    Au dessus de tout tyran, le peuple qui éprouve le besoin véritable de se libérer doit suspendre une épée, semblable à celle de Damoclès, visible par ce dernier. Lorsque ce n’est pas le cas, comme chez nous en Côte d’ivoire où rien n’est fait normalement, il ne faut pas se faire d’illusions. Surtout au rythme où vont les choses, le duc imaginaire de Kong sera à sa place pour encore quelques années. Je continue d’observer. On est ensemble.

    Yomo Kakou

    Tags : Françafrique, Alassane Ouattara, Côte d’Ivoire, despotisme, dictature,

  • Les trois facettes de la Françafrique

    Françafrique : la fin d’un système nocif (1)

    Sortir des rapports vicieux

    Les Etats francophones d’Afrique et l’ex-puissance coloniale, la France, sont aujourd’hui à la croisée des chemins. On ne pourra certainement plus étouffer la voix qui sourd de toutes les souffrances des peuples africains opprimés et la France ne pourra certainement plus nier le constat de l’échec du système “françafrique”. Lors de la dernière visite d’Etat de Dramane Ouattara en France, le quotidien “Aujourd’hui” a barré sa Une d’une image fortement parlante : Un maigrelet qui portait sa pitance à la gueule grandement ouverte d’un repu.

    La dernière “Une” de l’hebdomadaire “Jeune Afrique”, l’organe panafricain le plus françafricain ne pouvant plus étouffer l’émergence de la question ne dit que ceci : « France-Afrique : le grand débat. Sur l’Afrique et le mode arabe, Hollande n’a rien à proposer ; Sarkozy a échoué, une autre politique est possible». Tout un programme révélateur d’une préoccupation naissante dans le cheminement des peuples que l’histoire a lié dans un destin commun. Les ex-colonies françaises vont-elles continuer d’être les marchepieds d’une France qui leur prend presque tout dans une “coopération” inique qui plombe aussi sa propre croissance ? Pendant que tous ces Etats d’Afrique, cinquante ans après leur indépendance, trainent encore les tares des accords dits de défense qui sont en fait des contrats occultes de prédation de leurs ressources, la France, elle-même, comme un enfant gâté qui attend tout d’une Afrique nourricière, n’a pu se construire une économie compétitive en Europe.

    La voilà, malgré tous ses tentacules coloniaux, à la traine de l’Allemagne qui en a pourtant été dépouillée après la deuxième guerre mondiale. Aussi sommes nous fondés à penser que cette problématique qui pointe à l’horizon de cette nouvelle ère de notre relation avec l’Occident, l’est pour la véritable renaissance de nos peuples. Si, selon “Jeune Afrique”, Hollande n’a pas de solution, c’est certainement parce qu’il sait que la méthode Gaullienne héritée de la conférence de Berlin de 1885 et du projet nazi de l’assujettissement totale de la France ne peut plus prospérer après ce que Nicolas Sarkozy en a fait dans son rapport avec l’Afrique. En n’ayant vraiment rien à proposer, Hollande nous offre là une bonne opportunité de vider le contentieux de plusieurs décennies de relations mafieuses improductives et d’écrire une nouvelle page de notre histoire commune.

    A ce propos, la conférence-débat sur le thème « et si le colonialisme n’était que l’histoire de l’exploitation forcée des ressources matérielles et humaines des colonisés ? Point de vue d’africains» qui a eu lieu le lundi 27 février 2012 à Paris est à recommander souvent pour que les autorités françaises comprennent que nous avons compris que dans l’intérêt de tous, nous refusons désormais de nous enfermer dans cette mentalité de sous-hommes …



    Françafrique : la fin d’un système nocif (2)



    L’houphouétisme, un autre nom de la Françafrique

    Pour la petite histoire, le mot françafrique a été employé pour la première fois dans un cadre officiel par feu Félix Houphouët Boigny. D’après Bernard Doza, dans son essai politique : “Liberté confisquée, le complot franco-africain”, c’est en 1955, lors du congrès du RDA en Guinée Conakry, que Houphouët scelle le sort des 14 Etats africains colonisés par la France dans le concept de la françafrique. « Notre vœu ardent, est que toutes les familles spirituelles françaises comprennent que le RDA est tourné vers l’ensemble du peuple français avec le désir de bâtir avec lui une communauté durable où les inévitables querelles de famille ne nuiront pas à la loyauté, à la confiance ni à la volonté de vivre ensemble. Qui peut douter que l’expérience françafrique constitue le meilleur espoir de l’Union Française ? Personne je crois…» dixit Houphouët Boigny qui, selon les investigations de Bernard Doza, sera récompensé plus tard par un strapontin dans le gouvernement français de Guy Mollet en 1956. Il venait ainsi de vendre la lutte du RDA en lâchant le parti communiste français pour s’apparenter à la droite Française.

    Les indépendances que la France a même trop tardé à accorder aux Etats africains dont les tirailleurs sont morts au front de la guerre contre le nazisme, ont été données contre la volonté d’Houphouët Boigny qui voulait faire de la Côte d’ivoire un Dom Tom français. Et c’est lui-même qui l’avoue le 7 décembre 1960 à travers cette formule devenue célèbre « Pour se marier il faut être deux, or la France n’a pas voulu aller à l’église, je suis resté sur les parvis avec les fleurs fanées à la main…». Tout ce rappel pour dire que l’houphouétisme est l’autre nom de la françafrique. «Tous ceux qui s’en réclament sous les tropiques en mesurent-ils suffisamment la portée ?» Est-on quelque fois naïvement obligé de se le demander !

    Mais qu’on ne s’y trompe pas parce qu’on ne peut plus se leurrer en s’enfermant comme une autruche dans des arguments brumeux, prétendument pertinents d’exclusion, de mauvaise gouvernance ou même d’anticolonialisme dogmatique pour ne pas comprendre que c’est la défense de l’empire français au détriment des intérêts de son propre peuple que mènent tous les houphouétistes du monde. Et quand un empire, comme tout empire, sort de ses gonds pour se défendre, armes au poing, contre l’idée de sa remise en cause, comme c’est le cas depuis le 19 septembre 2002 en Côte d’Ivoire, son déclin n’est plus loin.



    Françafrique : la fin d’un système nocif (3)


    Mentalité d’esclavagiste

    A ce stade de l’analyse, on ne peut pas objectivement occulter l’idée qui consisterait à défendre et à présenter l’houphouétisme ou la françafrique comme une idéologie au sens où on serait tenté de le définir comme une pratique rationnelle. Il aurait alors la même valeur que les autres pratiques politiques qui, pour être combattues les unes par rapport aux autres n’ont pas besoin de disparaitre. Dans toutes les sociétés politiquement bien structurées, les deux pôles idéologiques capitaliste et socialiste existent, s’alternent et se tiennent dans une sorte d’équilibre sociopolitique.

    Dans ces sociétés qui avancent à la vitesse de la lumière malgré ces confrontations idéologiques, les citoyens passent d’une conviction à une autre sans perdre leur âme parce que, ce qui différencie le capitalisme du socialisme est en fait un accessoire pratique face au fond rationnel qui les unit. Le libéralisme ou le capitalisme, le communisme ou le socialisme partent tous de l’idée essentiellement rationnelle que tous les hommes sont égaux et ils se valent tous en droit. Leur différence réside en ceci que les premiers créent à travers l’Etat les conditions d’une libre concurrence des citoyens ; les derniers, redoutant les clivages sociaux que crée la liberté totale de s’approprier selon sa capacité toutes les ressources existantes, exigent une plus forte implication de l’Etat dans la production et la redistribution équitable des biens publics.

    Apparemment, à cause du fil de la rationalité qui les tient tous, c’est en toute logique que l’alternance politique se régule seule. Quand le peuple pense par exemple que le libéralisme a trop approfondi les clivages sociaux au point de mettre à mal les fondements de l’Etat de droit, c’est lui qui change de système de gouvernance en donnant son suffrage au socialisme. Dans cette saine confrontation idéologique pour le contrôle de la république, c’est une dérive politique que de parler de race supérieure, d’ethnie, de rattrapage ethnique, de descendance égyptienne à qui doit échoir naturellement le ?trône présidentiel?. Toute chose à relent d’irrationalité que brassent les animateurs décomplexés de la Françafrique et qui fonde à penser que cette dernière n’est pas une idéologie.

    La Françafrique ou l’houphouétisme est simplement une mentalité, celle de l’esclavagiste. Imaginez tout ce qu’un esclave doit à son maître et tout ce qu’un maître attend de son esclave et vous saisirez mieux le type de rapport que la France officielle perpétue dans la Françafrique avec ses ex-colonies. Et vous comprendrez mieux pourquoi, tous autant qu’ils sont, les adeptes occidentaux de la Françafrique comme leurs relais africains sont allergiques au concept de souveraineté, de nationalisme et de la démocratie sous les tropiques.

    Joseph Marat

    Source : Le destin de la Côte d’Ivoire

    Tags : Françafrique, Tchad, Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, RCA, RDC, Congo, Sénégal, Burkina Faso, Alassane Ouattara, AlphaConde, esclavage, colonisation, expolitation, Franc CFA, FCFA, pillage,

  • Réponse à François Patuel

    Cher Patuel,

    Avant d’évoquer les atteintes délibérées ainsi que constantes de la part de l’ensemble des sytèmes tyranniques et néo-autocratiques surtout d’obédience françafricaine, il faudrait poser la question majeure de la souveraneté réelle de ces républiques bananières, car l’instauration de l’Etat fondé sur le droit, la démocratisation de la vie politique et le respect scrupuleux des droits fondamentaux, ne peuvent prendre véritablement forme dans une nation donnée, si cette dernière demeure soumise sans discontinuer par le colonialisme français.

    Cette réalité indéniable et dérangeante semble ne pas du tout intéresser les marchands de rêves que sont les pseudo-opposants.

    Tout est condamnable en toute situation, sauf les ingérences antidémocratiques et intolérables de la France officielle dans les affaires intérieures des pays africains.

    Quant aux prétendues CEDEAO, Union Africaine, francophonie et même l’ONU, elles n’osent simplement pas ouvrir la bouche ou « agir » en Afrique françafricaine, que sur autorisation de l’Elysée. Que peut-on attendre de bien de la part de ce genre d’institutions illégitimes, bureaucratiques, et foncièrement corrompues?

    Depuis 1960, les dévoyés serviteurs défendant les intérêts de la France sur le continent sont les mariennettes qu’elle impose au pouvoir à sa guise, et s’il vous plaît pour des longues décennies.

    Ne pas vouloir résoudre définitivement cette gravissime problématique d’asservissement sans fin, veut dire que l’arbitraire et l’indigence accompagneront durablement les divers sous-Etats françafricains.

    Les critiques permanentes, le mensonge et l’imposture ne changeront rien à la situation lamentable des uns comme des autres.

    Tout peuple inconscient, apeuré et surtout résigné mérite, avec raison, sa domination continuelle. Personne ne viendra sans nul doute, le secourir.

    Ali Muhammad Diallo (Twitter)

    Tags : France, françafrique, dictatures, despotisme, répression, colonisation, colonialisme, Tchad, Mali, Niger, BurkinaFaso, Sénégal, Guinée, RCA, RDC, Côte d’Ivoire,

  • Maroc : Ilal Amam, la vie derrière soi

    Le mouvement marxiste-léniniste marocainn’a pas fini de livrer sessecrets. Un de ses anciens militants, Abdelaziz Tribak, vient de publier un récitrésolument autocritique (Ilal Amam, autopsie d’un calvaire). Retour sur une époque et son côté obscur.

    “Si les gauchistes marocains écrivent tant sur leurs expériences passées, c’est qu’ils ont longtemps été censurés. C’est même pour cela qu’ils avaient quitté leurs partis”. Cette boutade, Abdelfattah Fakihani, ancien d’Ilal Amam décédé en 2009, l’attribuait à son ami Fouad Abdelmoumni. Sur ce point, on peut mettre d’accord tout le monde. Les militants de gauche radicale se sont livrés avec plus de détails, de recul et, parfois, d’esprit critique que le reste de la classe politique. Depuis bientôt dix ans, les témoignages affluent. La littérature carcérale s’est attachée, d’abord, à raconter l’indicible, la torture, la répression.

    Cette œuvre de catharsis est aujourd’hui presque achevée. Avec le temps, sont apparus de nouvelles voix, de nouveaux discours. Dernier exemple en date, le livre de Abdelaziz Tribak. Dans Ilal Amam, autopsie d’un calvaire (Saâd Warzazi Editions, 2009), cet ancien militant révolutionnaire ne tourne pas autour du pot : “Est-ce que je regrette de m’être engagé dans Ilal Amam, organisation marginale d’extrême gauche ? D’avoir gaspillé onze années de ma vie en prison pour cette mouvance ? Oui, assurément”. Tribak ne renie pas ses engagements, mais il apporte une lumière crue sur les faiblesses du combat de toute une génération, et surtout d’Ilal Amam.

    On les appelait les “frontistes”

    Aujourd’hui encore, définir Ilal Amam est une gageure. La Mounadamma (l’Organisation, diraient les anciens) est de l’extérieur indissociable des autres composantes de la mouvance marxiste-léniniste (23 mars, Servir le peuple). C’est une excroissance, longtemps honteuse, de la gauche marocaine. Les militants d’Ilal Amam ont été recrutés d’abord, parmi les déçus du communisme de Ali Yata, les deux autres groupes étant des scissions de l’UNFP. Le Mouvement marxiste-léniniste marocain (MMLM) est né de la répression par le pouvoir des partis à vitrine légale et d’un refus de jouer le jeu du “régime compradore”. “On voulait être une alternative révolutionnaire de la dualité légalisme-action armée”, résume Driss Bouissef, “repenti” d’Ilal Amam. En ce début des années 1970, le grand parti de gauche, l’UNFP, subit encore la répression du pouvoir et sa branche armée essuie défaite après défaite. De son côté, le PLS de Ali Yata (l’ancien parti communiste) retrouve la légalité et prône déjà la voie parlementaire.
    C’est donc bien la répression et les choix politiques des partis réformistes qui leur font perdre de nombreux militants, au Maroc et à l’étranger. Ceux du PLS sont les premiers à être débauchés par Ilal Amam, dès sa création en août 1970. Les frontistes (ndlr : Ilal Amam, 23 mars, Servir le peuple avaient présenté un front commun en 1970 aux élections syndicales à l’Université de Rabat), comme on les appelait à l’époque, se voyaient déjà en élite révolutionnaire. Des intellos en lutte, jetés dans l’arène à la sortie du lycée, et cueillis par la police à partir de 1972.

    Le groupe de Serfaty

    Pendant longtemps, Ilal Amam a eu une voix, celle d’Abraham Serfaty. Leader et idéologue de l’Organisation, figure-clé de l’opposition à Hassan II pour la presse française, Serfaty est l’homme lige du Polisario, pour le régime. En plein procès, début 1977, l’homme fait scandale, prenant de court son avocat, Me Abderrahim Berrada : “Vive la République arabe sahraouie démocratique ! Vive la République démocratique et populaire marocaine !” Le tribunal est sous le choc, certains coaccusés aussi. Aurait-il reculé s’il avait calculé les conséquences de ses déclarations et actes sur la vie de ses camarades ? Des années plus tard, après sa “libération-expulsion”, Serfaty n’en démord pas : “Je considère cette déclaration comme l’honneur de ma vie”. (La mémoire de l’autre, 1993)
    Pour Abdelaziz Tribak, une telle attitude était suicidaire. “Ne valait-il pas mieux épargner le maximum de camarades lors de ce procès ? Serfaty avait peut-être besoin de boucliers humains, et ils nous a blousés”. Une analyse que ne partage pas Driss Bouissef, pourtant l’un des premiers à avoir critiqué l’Organisation, son idéologie et certains de ses choix. “La direction était collégiale et la position sur le Sahara a été un prétexte tout trouvé pour le régime”. La question de la démocratie interne reste posée. Dès 1979, une partie des camarades rompent avec l’organisation. Boycott des éléments “droitiers” (sic) du MMLM, sanctions contre les camarades et exclusion des “défaitistes”, l’ambiance est délétère et Serfaty a du mal à gérer la contestation interne.

    “Prison dans la prison”

    L’idéologie de la résistance a contribué à faire des martyrs. Elle devient la valeur suprême derrière les barreaux. En 1976, toute l’Organisation est en prison ou à l’étranger. Abdelfattah Fakihani, un des membres de l’Organisation, le raconte dans Le Couloir (Tarik éditions, 2005). “Qui a parlé sous la torture, qui a parlé peu, qui a parlé trop, qui a parlé après avoir été sauvagement torturé, qui a parlé ‘sans recevoir la moindre gifle’, qui, par ses aveux, a entraîné l’arrestation d’autres camarades. Ces questions étaient capitales dans l’échelle des valeurs”.

    Les membres dirigeants, Serfaty, El Harif, Amine, n’ont “donné” aucun nom, renforçant leur position au sein de l’Organisation, et leur sévérité à l’encontre des défaitistes. “Nous devions être des surhommes”, retient Fakihani. Le martyre de Abdellatif Zeroual, mort sous la torture, devient, par un terrible jeu de l’orgueil militant, une fierté pour Ilal Amam. Cette pureté révolutionnaire est aussi une justification de la dictature interne, en prison. “A Alif1 (quartier de la prison de Kénitra où sont “logés” des membres de la direction, ndlr), c’était l’enfer stalinien”, résume Tribak.
    Les grèves de la faim sont des épreuves terribles pour les corps et les esprits. Elles s’ajoutent aux règlements de compte et aux pressions. C’est la “prison dans la prison”. Certains camarades perdent la raison “quand leurs illusions se sont brisées devant la réalité de leurs dirigeants, finalement humains”, analyse aujourd’hui ce militant. Le rationnement des livres et des cadeaux a servi à punir les détenus, déjà isolés. “Certains ont été privés de chocolat. Parfois, on ne parlait pas pendant des mois à un militant d’une autre organisation, pour des raisons politiques”, confesse cet ancien de Kénitra. Fin 1979, moins d’un an après son transfert à Kénitra, Abraham Serfaty se résigne à laisser filer les contestataires : “Mieux vaut quinze qui travaillent que soixante qui se déchirent !” Le mouvement a vécu.

    Dehors, les familles

    Pendant qu’à Kénitra (et dans les autres prisons, au gré des déplacements), militants et camarades se chamaillent, dehors, les femmes s’organisent. Dénigré par la direction, le “mouvement des familles” s’autonomise par rapport à la ligne politique qui se délite déjà. Leurs préoccupations sont plus immédiates. Lucile Daumas raconte les courses au marché de gros pour les provisions des camarades. “J’avais l’avantage d’avoir une voiture et d’être française”, se souvient celle qui fut la femme de Driss Bouissef, aujourd’hui militante au sein d’Attac Maroc. Les mères et les épouses ne sont pas des porte-parole officielles d’Ilal Imam. Elles seront le lien des détenus avec l’extérieur. Sit-in devant le parlement, le ministère de la Justice, les familles donnent de la voix.

    Les soutiens sont rares. La gauche “démocratique” veut faire payer l’aventurisme à ceux qui ont coupé les ponts. A l’époque, la consigne est claire : la presse partisane ne parle pas des marxistes-léninistes. Elyazghi, dirigeant de l’USFP, se justifie : “Nous avons aussi nos prisonniers. Est-ce que nous faisons tout ce tapage ?” Un premier billet sort quand même dans la presse du parti. Le mouvement des familles est devenu la mauvaise conscience de la gauche marocaine.

    La liberté, enfin

    Refusant la logique des tractations, les détenus d’Ilal Amam réclament la libération de tous les détenus politiques. “Le mot d’ordre aux détenus était de ne pas demander à sortir de prison”, se souvient Lucile Daumas. Mais avec les dissensions internes, certains choisissent de prendre les devants. Il y a les Ittihadis, militants qui rejoignent (tactiquement ?) l’USFP, et d’autres qui demandent la grâce royale. Ils ne seront pas les premiers libérés. “Sur ce point, l’attitude du régime a été incompréhensible, indigne même”, s’insurge ce militant des droits humains. En d’autres termes, le régime encourage les dissensions, mais ne récompense pas les “affranchis” d’Ilal Amam. Les grâces sont arbitraires. Abdellatif Laâbi, un des fondateurs du mouvement, sort dès 1980, d’autres militants ayant rompu avec le mouvement attendront.

    Tribak est relâché en décembre 1986, après avoir demandé et obtenu la grâce royale. “Nos familles ne savaient rien. Je devais être sympa à voir avec mon pantalon pattes d’éph qui était à la consigne de la prison depuis 1976”. Souvent, la sortie de prison a été déstabilisante. “Beaucoup ont eu du mal à retrouver un boulot, une vie de famille”, déplore un camarade. Il y a les maladies, les séquelles des privations, des grèves, le traumatisme de la torture aussi. Tribak entame une carrière à la préfecture de Tétouan, avant de devenir pigiste. Le reste, la vie derrière lui, est dans son livre.

    Par Youssef Aît Akdim

    Source : Le Matin d’Algérie, 7 nov 2009

    Tags : Maroc, gauche, extrême gauche, Ilal Amam, Abraham Serfaty,