Année : 2020

  • Algérie : 2019, l’année de toutes les surprises

    A un quelques heures de la fin d’année, beaucoup d’Algériens ne se posent pas la question de savoir où ils passeront le réveillon. Ça sera chez eux. Ils ne feront même pas attention aux douze coups de minuit. D’ailleurs, il n’y en aura pas. Avant, c’est-à-dire dans une autre vie, avant l’émergence du mouvement populaire et ses 45 vendredis de mobilisation, la présidentielle reportée deux fois, les partis politiques, l’Internet et toutes les babioles pratiques qui nous viennent d’Occident, les citoyens s’intéressaient un peu aux fêtes de fin d’année.

    Avec l’arrivée dans nos vies du tsunami politique avec les conséquences que l’on vit, le pays s’en trouve connecté au reste du monde. Les Algériens ne sont pas les seuls à manifester. A Hong Kong, Beyrouth, au Chili, en France et ailleurs, le mode est aux marches hebdomadaires. Toutes ces marches pacifiques que nous avons empruntées aux Occidentaux, pour au final, faire mieux, nous feront toucher du doigt comment les Occidentaux fêtent l’arrivée d’une nouvelle année.

    Mais cela ce sera pour cette année. Avant, dans une autre vie, lorsque le pays était sous sa Chappe de plomb, les Algériens allaient voir ailleurs comment ça se passait, on zappait, un coup en Europe, un autre aux Etats-Unis. Et on découvrait que ça ne servait à rien de voir des types s’amuser comme des fous et sauter au plafond au douzième coup de minuit. Les premières années de l’ouverture médiatique, beaucoup d’Algériens attendaient devant leurs écrans de télé la mort d’une année dans plusieurs pays du monde. La France, les Etats-Unis, la Russie, le Japon….bien entendu pas de pays africains ni arabes. Sauf que ces dernières années, nous constatons l’entrée de Dubaï dans le cercle fermé des villes «dans le vent».

    Cela dit, ce serait dévoiler un secret de polichinelle que de dire que les Algériens d’en haut on toujours fêté l’événement. Ils le faisaient entre eux dans les appartements de quartiers chics. Ils le font encore dans les grands hôtels. Mais jamais dans la rue. Mais si ! Lorsque ça leur prend de faire un boulevard un trente et un décembre, les Champs Elysée sont à deux heures d’avion seulement.

    En attendant les quelques heures qui nous séparent de l’heure H, tout le monde sait que cette année qui se meurt, aura été historique. Elle a mis les Algériens d’en bas dans la rue et forcé la main à tout un régime, dont les symboles réveilleront en prison. De quoi sera fait 2020 ? Dieu seul le sait. Et pour cause qui pensait, en décembre 2018, ce qu’allait enfanter 2019.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 30 déc 2019

    Tags : Algérie, Bouteflika, Hirak, procès, corruption, Gaïd Salah,

  • Algérie : Premier discours de Chanegriha

    Chanegriha, chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP) par intérim, a présidé, lundi à Alger, une réunion au siège de l’Etat major de l’ANP ayant regroupé les cadres du ministère de la Défense nationale et de l’Etat-major de l’ANP, a indiqué hier, un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

    « A l’issue de sa désignation par M. le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, le général- major Saïd Chanegriha, chef d’Etat major de l’ANP par intérim, a présidé une réunion regroupant les cadres du ministère de la Défense nationale et de l’Etat-major de l’ANP », précise le communiqué. Ont pris part à cette réunion, le Secrétaire général du ministère de la Défense nationale, les Commandants de Forces, les Chefs de départements du MDN et de l’Etat-major de l’ANP, les Directeurs et les Chefs de services centraux et les Chefs de bureaux.

    A l’entame de la rencontre, une minute de silence a été observée, en guise d’hommage et de recueillement sur l’âme du défunt général de corps d’Armée Ahmed Gaïd Salah, avant que le général-major, chef d’Etat-major de l’ANP ne prononce une allocution ,dans laquelle il a mis nl’accent sur « le rôle primordial qu’a joué l’ANP aux côtés du peuple algérien, face au complot dangereux qui visait la stabilité de l’Algérie et les fondements de l’Etat, et la neutralisation de ses institutions constitutionnelles, pour la faire sombrer dans un marais de chaos et de violence ».

    « Nous avons traversé aux côtés de notre peuple au cours de cette dernière période de notre histoire contemporaine, une étape sensible à travers laquelle notre pays a fait face à un dangereux complot, qui visait la stabilité de l’Algérie et les fondements de l’Etat, ainsi que la neutralisation de ses Institutions constitutionnelles, pour l’entrainer dans le bourbier du chaos et de la violence », a rappelé le chef d’Etat-major de l’ANP par intérim.

    « Toutefois, le Haut-commandement de l’ANP, qui a pris conscience de l’ampleur de ce complot, a su gérer cette phase avec sagesse et clairvoyance, à travers l’accompagnement et à la protection des marches pacifiques, sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée, en sus de l’accompagnement des institutions de l’Etat, de manière à leur permettre d’accomplir leurs missions dans les meilleures conditions, ainsi que la détermination à rester dans la légitimité constitutionnelle et à faire face à quiconque tente de porter atteinte à l’unité nationale », a-t-il relevé. Pour le général-major Chanegriha, « l’ANP a contribué, aux côtés des services de la sécurité, à la réussite de l’organisation d’élections présidentielles libres, honnêtes et transparentes, et à la sécurisation du processus électoral, dans un climat de quiétude et de sérénité ».

    Dans ce sillage, « nous réaffirmons que nous resterons mobilisés au service de la patrie et nous ne dévierons jamais de nos engagements constitutionnels, quelles que soient les circonstances. Et nous ferons toujours face aux ennemis de la patrie et à quiconque tente de porter atteinte à notre souveraineté nationale », a-t-il soutenu.n Par la même occasion, le général-major a transmis à l’assistance « les remerciements, l’estime et la gratitude » du président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, à l’ensemble des personnels de l’ANP pour « les efforts laborieux et soutenus consentis lors de cette étape cruciale et décisive, qu’a traversée notre pays », ajoute le communiqué.

    A ce titre, « je tiens à vous transmettre les remerciements, l’estime et la reconnaissance de M. le président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et à travers vous, à l’ensemble des personnels de l’ANP, pour les efforts laborieux et soutenus consentis par tous, lors de la gestion de l’étape sensible que traverse notre pays, de même que pour les efforts de sécurisation des élections présidentielles dans un climat de sécurité et de quiétude, ce qui a permis au peuple algérien d’accomplir son devoir électoral en toute liberté et démocratie, ainsi que pour les grands efforts fournis lors des funérailles du défunt général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah », a affirmé Saïd Chanegriha.

    Le général-major a tenu à rappeler, que « les critères pour assumer les fonctions, les postes ou n’importe quelle responsabilité, constituent en le critère de la sacralisation du travail étant le secret du succès, en plus de ceux de la compétence, la capacité, le sérieux, l’intégrité et le dévouement à l’armée et à la patrie ». A cet égard, « je tiens à rappeler, sincèrement et franchement, que, pour moi, les critères pour prétendre aux fonctions, aux postes ou à toute autre responsabilité, quelle que soit leur importance, sont la vénération du travail qui constitue la clé du succès, en plus de la compétence, la capacité, le sérieux, l’intégrité et le dévouement à l’armée et à la patrie », a souligné le chef d’Etat-major de l’ANP par intérim.

    « Tout comme je tiens, à la veille du Nouvel An 2020, à vous adresser ainsi qu’à vos familles et vos proches, mes vœux les plus sincères, en priant Allah Le Tout- Puissant que la Nouvelle année soit porteuse de prospérité pour notre armée et notre pays », a-t-il ajouté. A la fin de la réunion, il a invité la présence à observer « un moment de recueillement à la mémoire de nos valeureux Chouhada, tous nos Chouhada, depuis 1830, en passant par les résistances populaires et les Chouhada des massacres du 8 mai 1945, jusqu’aux Chouhada de la glorieuse Révolution de libération et du devoir national, et à méditer sur le sens et de leurs sacrifices pour qu’ils soient un exemple à suivre ».

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 31 déc 2019

    Tags : Algérie, Chanegriha, armée, Etat-Major,

  • Maroc : Note de Karim Bouzida sur « Le roi prédateur » et ses auteurs

    Note au sujet de la publication du livre de Graciet et Laurent
    La publication du livre « le Roi prédateur », développant un discours négatif, pourrait avoir des visées de déstabilisation politique et économique. Le sujet n’étant pas nouveau, il conviendrait de bien doser les aspects de communication de façon à ne pas lui faire une publicité gratuite ou le crédibiliser. Nous pensons que l’adossement du nom d’Eric Laurent à Catherine Graciet procède par ce souci de « crédibilité » de l’ouvrage, c’est pourquoi ce paramètre est central.
    Tout en évitant toute sur-réaction nous recommandons toutefois un dispositif dont certains éléments sont a déployer dés fin de cette semaine, étant entendu que l’intensité du dispositif (au Maroc et en France essentiellement) restera a calibrer en fonction de l’évaluation qui sera faites de la sortie de l’ouvrage ou de toute autre action imprévue concomitante.
    AXES PRINCIPAUX DE L’EDITEUR
    L’ouvrage prétend être une « enquête » sur les intérêts économiques de la Monarchie. Son résumé mis à disposition par l’éditeur souligne :
    • La fortune personnelle du roi du Maroc a quintuplé en dix ans, et le magazine Forbes le classe désormais parmi les personnalités les plus riches du monde.
    • Par le biais des holdings que contrôle la famille royale, avec l’aide du secrétaire particulier de Sa Majesté et la complaisance de nombre de dignitaires et de valets du pouvoir, c’est à une véritable mise en coupe réglée de l’économie du Royaume que l’on assiste depuis plus de dix ans.
    • Voici ce système, et les hommes qui en tirent les ficelles, pour la première fois mis au jour au terme d’une minutieuse enquête de terrain, d’un examen fouillé des dossiers sensibles, de nombreuses rencontres avec les principaux témoins de cette royale prédation, y compris parmi les proches du Palais
    -Voici comment le souverain d’un des régimes désormais les plus menacés par la vague démocratique dans les pays arabes a transformé ses sujets en clients, l’Etat en machine à subventionner les intérêts de la famille royale, et notre pays en complice d’un désastre politique et moral auquel contribue, à son corps défendant, le contribuable français.
    ANALYSE CONTEXTUELLE
    Saisissant le contexte régional dit “printemps arabe” et avide de parallélisme pervers , un nombre de réseaux antagonistes a choisi de nuire a l’image des institutions sur deux bases, le champs économique et le champs politique.
    On constate toutefois que ces réseaux qui s’emploient sur le plan national et international ont concentré leurs attaques sur le champs économique .
    Cette concentration trouve son explication dans :
    • Faiblesse des arguments antagonistes sur un pseudo hégémonie de l’institution Royale sur le champs politique, lesquels viennent notamment buter sur le train de réformes initié par Sa Majesté trés largement plébiscite au plan international ( discours du 9 mars , référendum constitutionnel, transparence des élections, arrivée de l’opposition parlementaire a la primature, renouveau de la classe partisane, gestion soft des revendications et manifestations…)
    • Volonté antagoniste de nuire a la proximité du souverain avec les couches les plus défavorisées et ses actions de règne contre l’exclusion ( on sent une forte crispation de ces réseaux contre la symbolique de “Roi des pauvres” )
    • Ces réseaux croient en la “solidité de leurs arguments” : classement Forbes, chiffres et statistiques, performances des filiales Sni…
    • Tout prétexte est “bon a prendre” ainsi ces réseaux , appuyés par des relais internationaux et des sites webs Marocains , travestissent et amplifient des actes tels que : le sit-in d’ouvriers des domaines agricoles, la cession d’atlas hospitality, la rénovation de la résidence de Sa Majesté, les protestations d’Imider…
    • Les “mouvements” dits contestataires ( principalement 20 février) ont très vite montré leurs limites en terme de mobilisation, les dits réseaux, convergeant ici avec Jaoi, s’évertuent a utiliser ce thème en guise de mobile de mobilisation et d’excitation des protestataires a caractère économique et social
    • Pour ces réseaux, décliner sur l’espace public de manière outrageuse voire injurieuse des éléments censés se rapporter a la sphère privée de Sa Majesté est une manière censée écorcher la sacralité du souverain voire de provoquer une réaction répressive qu’ils ne manqueraient pas d’utiliser fallacieusement.
    ANALYSE SPECIFIQUE A L’OUVRAGE 
    (…)
  • Swissleaks, HSBC, Hollande et Mohamed VI

    Décidément le « chef de guerre » de la Françafrique n’a pas de chance. Au moment où il célébrait la réconciliation de la France avec le Maroc sur fond d’une longue brouille diplomatique de près d’un an – Paris avait eu le malheur d’arrêter un officiel marocain accusé de tortures et d’enregistrer un dépôt de plaintes en France contre de hauts dignitaires marocains pour les mêmes motifs – Le Monde révélait que le roi chérifien, Mohammed VI, avait déposer sur les comptes suisses de la banque britannique HSBC des millions d’euros. En effet, d’après Le Monde, « entre l’automne 2006 et le 31 mars 2007, soit la période couverte par les listings que le quotidien français a pu consulter, « le montant maximal enregistré sur ce compte était de 7,9 millions d’euros ». Or, il est en principe illégal, pour des Marocains résidant au Maroc, de détenir un compte bancaire à l’étranger.

    Sauf si on est le roi, apparemment. Selon Forbes, Mohamed VI dispose d’une fortune de près de 2 milliards d’euros. Et les méthodes d’évasion fiscale ne surprendront pas grand monde au Maroc même si il est de bon ton de ne pas aborder ce genre de sujet pour éviter le passage par la case prison.

    En Françafrique, c’est une méthode usuelle et l’évasion fiscale passe par les pays au largesse fiscale dont la Suisse, le Luxembourg, et…Monaco. Ainsi les Trabelsi sous la dynastie Ben Ali, en fuite au Canada, possédait plus de 26 millions de dollars chez HSBC en Suisse. Par contre concernant le blanchiment d’argent à Monaco, on assiste à une certaine retenue dans le P.A.F. même si le sujet a été traité dans la presse hexagonale (voir plus bas). Allez savoir pourquoi ?

    Souvenons-nous de l’affaire de la « lessiveuse africaine » :

    Le Monde.fr | 16.05.2013

    Par Mathilde Damgé 

    L’ »affaire » ressort jeudi 16 mai dans les médias, avec un article dans Libération. Le quotidien décrit « le vaste système de blanchiment d’argent venu d’Afrique » mis en place par BNP Parisbas Wealth Management Monaco, filiale de la banque dans la Principauté. Auparavant, l’agence Reuters et le Canard enchaîné avaient déjà levé une partie du voile dans cette affaire. En avril dernier, ils relayaient les informations détenues dans un document interne révélant que BNP Paribas n’avait pas exercé suffisamment de contrôles sur les transactions de clients basés en Afrique et sur ses activités de banque privée à Monaco. Jeudi, le procureur de Monaco, Jean-Pierre Dreno, joint par téléphone, reconnaît avoir reçu un signalement concernant des soupçons de réseau de chèques blanchis en Afrique et encaissés à Monaco.

    Concrètement de quoi s’agit-il ? Des touristes français étaient incités à régler leurs achats en chèques, et donc en euros, dans plusieurs pays africains (Madagascar, le Gabon, le Burkina Faso, le Sénégal et la Côte d’Ivoire) sans indiquer l’ordre. Un chèque sans ordre était revendu par le commerçant qui l’avait reçu à quelqu’un désireux de blanchir des revenus peu avouables. Cette personne payait un peu plus cher que la valeur du chèque, indiquée par le touriste en monnaie locale.

    Puis elle confiait ensuite ce chèque, toujours non attribué, à une troisième personne titulaire d’un compte monégasque BNP Paribas, qui inscrivait enfin son nom sur la ligne bénéficiaire. Lui qui était devenu le porteur du chèque versait alors l’équivalent de sa valeur en euros au « blanchisseur », moins, probablement, une petite commission pour ses services.

    COUP DOUBLE POUR LES TRAFIQUANTS

    Coup double pour les trafiquants : sortir de l’argent d’un pays où les réserves de change sont contrôlées, tout en dissimulant des revenus. Libération rapporte les confidences d’un ancien salarié (par ailleurs en procès avec la banque, aux prud’hommes de Monaco, où il conteste son licenciement). « Tous les jours, on recevait des dizaines d’enveloppes Fedex », raconte-t-il.

    « Les assistantes du service Afrique se plaignaient de n’avoir à faire que cela. » Car le système aurait fonctionné à plein régime, un « apporteur d’affaires » malgache ayant ainsi déposé 284 chèques pour un montant de 10,2 millions d’euros, entre 2008 et 2011. L’argent aurait ensuite été transféré sur d’autres comptes en Chine, en Belgique et en Suisse.

    MISSION MALGACHE

    « Pour ouvrir une information, explique Jean-Pierre Dreno, il me faudrait ce fameux rapport interne. Les informations qui nous on été communiquées par l’ancien salarié ont apporté assez peu d’éléments de preuve. Je fonde plus d’espoir sur une enquête de police. »

    Le document en question, un audit interne, transmis à la direction de la banque française en octobre 2011, et qui s’est concentré sur les opérations en lien avec Madagascar, révèle que la filiale monégasque du groupe, BNP Paribas Wealth Management, a accepté d’encaisser plusieurs milliers de chèques en euros émis à Madagascar entre 2008 et 2011, sans vérifier leur origine.

    « Ces opérations irrégulières portaient sur des petits montants unitaires. L’examen des flux effectués par la banque a permis d’identifier une augmentation du nombre de ces opérations, a attiré l’attention du management local de BNP Paribas et a suscité une mission de l’inspection générale de la banque », a déclaré ensuite à Reuters une porte-parole de BNP dans un courrier électronique.

    « Cette mission, qui a pris fin en octobre 2011, a conclu à l’existence d’opérations susceptibles d’être en infraction avec la réglementation du pays de domicile des clients et en conséquence, les quelques dizaines de comptes concernés ont été fermés et les mesures nécessaires ont été prises pour renforcer les contrôles et éviter que ce type d’irrégularités se reproduise », ajoute-t-elle.

    NOUVEAU COUP DUR POUR LA BANQUE

    Certes, l’enquête risque de buter sur le fait que la fraude au contrôle des changes dans les pays africains concernés n’est pas une infraction en Europe. Certes, l’infraction sous-jacente au blanchiment (escroquerie, trafic de stupéfiants…) risque d’être difficile à prouver. Certes, il faudra compter avec les difficultés habituelles des demandes d’entraide judiciaire, en particulier avec des pays qui n’adhèrent pas à la convention contre les drogues et le blanchiment de l’ONU (l’UNODC, Office des Nations unies contre la drogue et le crime)…

    Mais le combat de la principauté n’est pas anodin : « Il y a des prises de guerre qui peuvent être intéressantes, on parle de millions d’euros », confie Jean-Pierre Dreno. Car, quand les sommes gelées sont saisies par la justice, elles sont partagées entre les pays parties prenantes, souvent moitié-moitié.

    Victoire pas seulement financière, mais aussi symbolique, dans un contexte de lutte contre les paradis fiscaux, ce que Monaco se défend d’être depuis que le Rocher a officiellement pris l’engagement de mettre en œuvre les principes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière de transparence et d’échange effectif de renseignements en 2009.

    Dans cette affaire, la banque se défend aujourd’hui en expliquant : « Les pratiques identifiées concernaient des comptes de clients de différents pays africains. Ces comptes étaient liés à une activité commerciale réelle (hôteliers, commerçants…) et pouvaient recevoir des remises de chèques pour faciliter les achats sur place de touristes ou d’expatriés français sans compte dans les banques locales. »

    Quant à savoir si de telles pratiques pourraient toucher d’autres branches de gestion de fortune de BNP Paribas Wealth Management, la banque répond : « Nos procédures en la matière ont été renforcées. »

    C’est un nouveau coup dur pour la banque après l’affaire Luxumbrella, qui avait montré une volonté de dissimulation et d’optimisation fiscale, à tout le moins ; le produit de défiscalisation Luxumbrella a depuis cessé d’être commercialisé.

    Début avril, la banque avait ensuite dû ensuite affronter les révélations Offshore Leaks et la mise au jour que BNP Paribas et Crédit agricole avaient supervisé la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux à la fin des années 1990 et dans les années 2000.

    Onde de chèques à BNP Monaco

    Libération – 15 mai 2013

    Par Nicolas Cori

    La filiale monégasque de la première banque de France aurait mis au point un vaste système de blanchiment d’argent venu d’Afrique. L’affaire, révélée par l’ONG Sherpa, embarrasse le groupe.

    L’évasion fiscale, cela ne concerne pas que les pays riches. En Afrique, les fraudeurs font sortir des milliards de devises du continent. Et, pour les aider, il y a les banques. Ainsi, BNP Paribas Wealth Management Monaco, filiale monégasque de la première banque française, est soupçonnée de blanchiment d’évasion fiscale et de fraude au contrôle des changes au détriment d’au moins quatre pays africains : Madagascar, Gabon, Sénégal, Burkina Faso. Selon Jean Merckaert, de l’association Sherpa, qui a révélé l’affaire et saisi la justice monégasque, « cela pourrait concerner des dizaines, voire plus d’une centaine de millions d’euros ». Un ancien salarié, licencié pour avoir alerté sa hiérarchie sur ces pratiques, conteste aujourd’hui son éviction devant les prud’hommes de Monaco. L’affaire gêne la banque, qui se targue d’être irréprochable en matière éthique.

    Grain de sable. « La lessiveuse africaine », c’est ainsi qu’est surnommé par certains salariés le système astucieux mis en place par BNP Paribas Monaco au début des années 2000. Pour fonctionner, il nécessite la collaboration involontaire de touristes français en voyage en Afrique. Au lieu d’avoir à régler en francs CFA leurs nuits d’hôtel, on leur propose de payer en euros avec leur carnet de chèques, en laissant le nom du bénéficiaire en blanc. Un trafic se met en place : les chèques sont revendus à des compatriotes disposant d’un compte en banque à BNP Paribas Monaco, endossés par ces derniers, et envoyés par courrier à leur banque, qui les encaisse. Pour les participants au trafic, l’intérêt est double : sortir illégalement de l’argent d’Afrique, alors que le contrôle des changes impose de passer par des bureaux de change agréés, et cacher au fisc ses véritables bénéfices commerciaux. Les autorités bancaires françaises, qui gèrent les compensations entre la France et Monaco, n’y voient que du feu : de l’extérieur, les chèques ont l’air de traduire des opérations effectuées en Europe, pas en Afrique.

    Jusqu’en 2011, la « lessiveuse » tourne parfaitement. Au centre du dispositif, les commerciaux de la cellule Afrique de BNP Paribas Monaco, qui se partagent le continent. Pour démarcher de nouveaux clients, ils comptent sur les « apporteurs d’affaires », des hommes d’affaires locaux chargés de faire les rabatteurs. Certains se voient confier le soin de centraliser les chèques. Ainsi, selon un document interne de BNP Paribas, un apporteur d’affaires malgache dépose, entre 2008 et 2011, 284 chèques pour un montant de 10,2 millions d’euros. Et ce n’est pas le client le plus prolifique. A Monaco, on s’organise pour traiter l’afflux de chèques. « Tous les jours, on recevait des dizaines d’enveloppes Fedex, raconte un ancien salarié. Les assistantes du service Afrique se plaignaient de n’avoir à faire que cela. »

    Pendant des années, la pratique prospère, avec la bénédiction de la direction locale. Ainsi, en 2009, le responsable de la cellule Afrique et le chargé de Madagascar sont débauchés par KBL Monaco (la filiale d’une banque privée belge) pour monter une structure équivalente. En réaction, Dominique Roy, directeur général de BNP Paribas Monaco, se déplace à Madagascar pour convaincre les clients de ne pas changer de banque. Pas de chance, en 2011, un grain de sable met à bas ce beau système. Un salarié en bisbille avec sa hiérarchie (qui lui reproche de ne pas être assez rentable et l’a mis au placard) alerte la direction sur la conformité du trafic de chèques. Une mission d’inspection est envoyée à Monaco. Son rapport, datant d’octobre 2011, ne peut que constater l’évidence : « La mission a relevé un nombre important de remises de chèques en provenance de pays africains. Il apparaît que la banque ne maîtrise pas totalement l’arrière-plan économique d’opérations susceptibles d’être en infraction avec la réglementation du pays de domicile des clients. » Et d’ajouter que cela « génère des risques élevés pour la banque en raison de l’inadaptation du dispositif de conformité ». Décision est prise de tout arrêter, mais personne n’est sanctionné. A l’exception du lanceur d’alerte, qui se voit licencier pour « insuffisance de résultat » et « indiscipline ».

    Ménage. Interrogée, la banque reconnaît les faits, mais les minimise. Il s’agissait de « faciliter les achats sur place de touristes ou d’expatriés français sans compte dans les banques locales », explique-t-elle, tout en reconnaissant que, suite au rapport, il a été mis fin à cette pratique « en 2011 et 2012 ». Mais cette histoire inquiète. Fin avril, suite aux révélations de Sherpa, le responsable du Wealth Management de la banque, Vincent Lecomte, s’est rendu à Monaco. Sa mission : s’assurer que le ménage a été bien fait dans les comptes Afrique si la justice s’intéresse de près à l’affaire. Pour l’instant, BNP Paribas peut compter sur la légendaire clémence monégasque. Informé des faits par Sherpa il y a un mois, le parquet de la principauté est resté inactif. « Des investigations vont être menées, assurait hier le procureur général Jean-Pierre Dreno. Mais, au stade actuel, il n’est pas question de saisir un juge d’instruction. »

    Sam La Touche, 9 fév 2015

    Tags : Maroc, François Hollande, HSBC, Swissleaks, off shore, paradis fiscaux,

  • Maroc Leaks révèle comment la banque « Attijariwafa » blanchit l’argent de la drogue et finance le terrorisme

    Par Hakim Megati

    Les sous et les dessous du Makhzen commencent décidément à monter en surface et à être balancés sur la place publique.

    Le site MarocLeaks vient de révéler un nouveau scandale suite à la découverte par la police marseillaise, dans le sud-est de la France, d’un vaste réseau de blanchiment de la drogue produite au Maroc et vendue à travers le monde.

    Et c’est Attijariwafa Bank, connue pour être la banque du roi Mohamed VI qui est prise en flagrant délit de dissimulation des fonds engrangés par le trafic de cannabis.

    De fait, l’implication «personnelle» du monarque dans ces «activités criminelles», est clairement établie selon MarocLeaks.

    Tout a commencé quand, en juin 2015, des douaniers français découvrent dans une bourgade du Vaucluse, la somme rondelette de 300 000 euros en espèces à l’intérieur d’un véhicule.

    L’affaire est confiée à des enquêteurs de Marseille, membres d’une section spécialisée dans la délinquance financière. En coopération avec leurs confrères de plusieurs pays d’Europe, un travail de fourmi permet de remonter la filière aux ramifications importantes et dont le quartier général se situerait au «sommet de l’Etat marocain».

    On y apprend ainsi, de la bouche de Xavier Tarabeux, qui représente le ministère public, cité par l’AFP, qu’une somme faramineuse de 400 millions d’euros a été blanchie durant ces quatre dernières années (2005-2019) et qu’une partie aurait transité par la France où Attijariwafa Bank possède plusieurs agences.

    Bien qu’une bonne partie de la presse française, copieusement arrosée par le makhzen ait évoqué une «Hawala (système traditionnel de paiement informel dans la culture arabe), les experts du domaine, eux, pointent la banque marocaine Attijariwafa Bank qui couvre un important flux financier, notamment en Afrique de l’Ouest qu’elle inonde de sa résine de cannabis.

    MarocLeaks précise en effet que les brigades anti terroristes ont repéré, dès l’année 2012, les «mécanismes frauduleux du financement de groupes terroristes proches du Makhzen tel le Mujao dont les mercenaires ont tenté d’infiltrer les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf en même temps qu’ils ont investi le nord du Mali avant de disparaître dans la nature»…

    En clair, la responsabilité du Makhzen dans le blanchiment de l’argent de la drogue et, pire encore, du financement des groupes armés terroristes pour travailler son agenda diplomatique (dans le dossier du Sahara occidental) n’est plus une simple vue de l’esprit.

    Mais MarocLeaks s’attend à ce que le Makhzen sorte son chéquier pour offrir de gros sous pour s’acheter des responsables européens chargés de l’enquête, en les dissuadant de révéler les dessous de cette dangereuse affaire d’Etat.

    Ceci, au moment où un coup de filet est lancé en France, en Belgique et aux Pays-Bas, où des dizaines de personnes liés aux narcotrafiquants sont arrêtés.

    Algérie1, 31 déc 2019

    Tags : Maroc, Marocleaks, Attijari wafabank, Hawala, blanchiment,

  • Le roi du Maroc impliqué dans une fraude fiscale

    Fraude fiscale : les personnalités épinglées dans l’affaire SwissLeaks
    HSBC, mais pas seulement, d’autres Banques ont fait pire, les Milliards s’en vont pour une bonne raison, plus d’avenir en France. La Suisse se frotte les mains elle engrange de l’argent qui est tenu par des personnes de paille et que personne n’ira réclamer, les morts n’ont plus besoin d’argent. Cet argent ne profite pas non plus aux vivants, il sclérose l’investissement, la consommation. Il faut en contre partie en injecter du nouveau qui par définition, fait baisser la valeur de la masse monétaire.
    L’argent sale ou celui qui échappe au fisc, pèse sur ceux qui sont honnêtes et qui paient leurs impôts. C’est comme dans une copropriété, où la moitié des propriétaires ne paieraient pas leurs charges. Les Paradis fiscaux, servent également aux Etats, aux Partis Politiques, ce qui fait d’eux une constante dans l’espace public. Ce sont toujours les classes moyennes qui trinquent. Les riches ne paient pas un centime d’impôt, c’est le même constat pour les Multinationales. Il faut arrêter de voter pour ceux qui sont mis en place par le Système de Fraude et de Mafias en tous genres.
    Les partis Politiques conventionnels travaillent pour le 1% de la Population mondiale qui s’attribue 99% des richesses. Ne soyez pas le serviteur du Diable, il vaut mieux être pauvre, que dépendant de la bonne volonté de Satan. Matthieu 19…23Jésus dit à ses disciples: Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux. 24Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. 25Les disciples, ayant entendu cela, furent très étonnés, et dirent: Qui peut donc être sauvé?…
    Baptisée « SwissLeaks », l’enquête, révélée par le journal « Le Monde », propose un voyage au coeur de l’évasion fiscale, mettant en lumière la face cachée du secret bancaire suisse et les ruses utilisées pour dissimuler de l’argent non déclaré.
    Les informations s’appuient sur des données soustraites à la filiale suisse de la banque, HSBC Private Bank, par un informaticien, Hervé Falciani, ex-employé de la banque à Genève. Pendant de nombreuses années, ces fraudes n’étaient connues que de la justice et de quelques administrations fiscales, même si certains éléments avaient filtré dans la presse.
    Les données analysées font ressortir des profils très disparates, allant du chirurgien français venu placer ses honoraires non déclarés en Suisse aux têtes couronnées.