Année : 2020

  • Wikileaks et la visite de Sarkozy au Maroc

    Ce document est signé par le Chef adjoint de la Mission Diplomatique, Robert P. Jackson, le 7/10/2007

    Extraits

    Objet : SARKOZY BALAIE LE MAROC DE SES PIEDS

    Dans une interview avec le quotidien pro-Palais Le Matin juste avant son arrivée, Sarkozy décrit la proposition d’autonomie du Maroc pour le Sahara comme « sérieuse et crédible. » S’adressant à une séance commune du Parlement à Rabat le 23 octobre, Sarkozy semble avancer d’un pas dans le soutien français explicite au plan du Maroc, en le qualifiant de « nouvel élément, » dans un long processus abouti à l’impasse, utilisant la formuledu gouvernement des EU qui prône qu’il pourrait « servir de base pour la négociation dans la recherche d’une solution raisonnable à la question du Sahara Occidental. » Les remarques de Sarkozy sur le Sahara semblent rmettre la France tout près de la position marocaine et ont été embrassées comme tel par la majorité de la presse marocaine, qui a qualifié les remarques du président comme une percée de la politique française dans la question du Sahara. (Nous comprenons que la direction du Polisario ait protesté contre les remarques de Sarkozy.)

    (…)

    Quoique la couverture de presse de la visite de Sarkozy soit, pour une grande majorité, positive, quelques commentateurs ont exprimé un certain ressentiment – Al Massae, quotidien indépendant (arabe) a ronchonné que la diplomatie française « continue à être dirigés par des concepts traditionnels et obtus » et a accusé le Président d’être condescendant avec le Maroc en émettant « un certificat de bonne conduite » au régime. Un quotidien Islamiste important a qualifié d’insulte l’affirmation de Sarkozy pendant son speech au Parlement que l’Islam signifie bonté, tolérance et paix, tandis que l’Islam politique signifie séparation et engendre l’hostilité vers « l’autre. » Le quotidien arabe affilié au PJD Islamiste a dénoncé la remarque de Sarkozy en la qualifiant de gifle aux visages des DÉPUTÉS Islamistes présents dans l’audience.

    (…)

    Tandis que Sarkozy était généralement bien reçu, il y avait beaucoup de commérage dans les salons marocains sur un président « trop détendu » confortablement penché sur sa chaise comme lorsque lui et le Roi ont présidé le 22 octobre la cérémonie de signature au Palais Royal à Marrakech. En une image, on a vu Sarkozy croisant ses jambes et dirigeant la pointe de sa chaussure vers le Roi – un geste tabou dans le monde Islamique. Sarkozy a été accompagné au cours de la visite, y compris dans un banquet avec la famille royale par sa Ministre de la Justice (d’origine marocaine) Rachida Dati.

    Tags : Wikileaks, Maroc, Nicolas Sarkozy, TGV, LGV,

  • Wikileaks : Le Maroc utilise les accords commerciaux avec la France pour attirer son soutien dans le conflit du Sahara Occidental

    Le premier câble de l’Ambassade des États-Unis cite un accord de 3 milliards d’Euros pour Sarkozy, comme la politique française sur le Sahara Occidental penche vers la position marocaine. Parmi les accords signés par Sarkozy il y a l’accord sur le nucléaire avec l’OCP, le pilleur marocain de phosphates. (Office Chérifien des Phosphates)

    « Lors de la visite, Sarkozy et son entourage ont conclu des accords commerciaux et ventes militaires, dont une frégate navale, pour presque 3 milliards d’euros, », remarque l’ambassade dans le document daté du 29 octobre 2007, en relation avec la visite de Sarkozy au Maroc. La lettre constitue le premier document de l’ambassade des États-Unis sur le Sahara Occidental révélé par le site Web controversé Wikileaks.

    La lettre mentionne spécifiquement l’accord signé par le groupe nucléaire français Areva et la Compagnie Nationale des Phosphates (OCP). L’accord consistait à extraire l’uranium du acide phosphorique marocain.

    L’OCP pratique l’extraction minière au Sahara Occidental occupé, en violation du droit international comme décrit dans l’opinion légal de l’ONU du 2002. La compagnie nationale OCP extrait du phosphate au Maroc et au Sahara Occidental.

    Au même temps, l’ambassade des États-Unis a remarqué que Sarkozy, à travers ses affirmations, avait agacé les représentants du peuple Sahraoui:

    « Les réflexions de Sarkozy sur le Sahara montrent comme la France se place vers la position marocaine et ont été accueillies comme telles par la plupart de journaux marocains, qui ont caractérisé les remarques du président comme une avanée de la politique française sur la question du Sahara. (nous comprenons que les dirigeants du Polisario aient protesté contre les réflexions de Sarkozy) », note l’ambassade des États-Unis à Rabat dans la première lettre confidentielle sur le Sahara Occidental publiée aujourd’hui sur Wikileaks.

    Le Maroc occupe illégalement le Sahara Occidental, prétendant qu’il fait partie de son propre territoire. Aucun pays au monde reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, une revendication qui a été rejetée de façon catégorique par la Cour Internationale de Justice en 1975.

    WSRW

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, France, TGV, LGV, Nicolas Sarkozy,

  • « La jeune moabite », de Gabriel Matzneff

    Première chronique sur Gabriel Matzneff

    Aujourd’hui ma chronique est consacrée au nouveau tome du journal intime de Gabriel Matzneff La jeune Moabite. Les années 2013-2016 sont couvertes par ce volume. Son activité de diariste, débutée en 1953, compose ses fameux Carnets Noirs même si le tome présent est parfois directement tapuscrit sur un ordinateur Apple au détriment de la tradition des carnets de Moleskine. L’ouvrage se termine le 12 août 2016 date anniversaire des quatre-vingts ans de l’auteur. Nul doute que depuis il poursuit la prise de notes quasi quotidienne.

    Gabriel Matzneff est un écrivain sulfureux, libertin, marginal, ostracisé et mis au pilori de la société. A la fois romancier, essayiste, épistolier et diariste il fait de sa vie son œuvre et utilise la langue française de façon merveilleuse pour la sublimer. Lire Gabriel Matzneff ne signifie pas nécessairement adhérer à ses convictions et ses penchants. Ceci est vrai de tout écrivain mais dans son cas le préciser en introduction s’avère recommandé.

    En effet, ses livres mettent l’accent sur sa vie amoureuse et charnelle et son attrait pour les très jeunes filles contribue à le rendre infréquentable et à le tenir à l’écart de la vie culturelle et littéraire française. C’est le quatorzième tome de son journal intime qui paraît à présent. A ce jour, la période 1989-2006 dort dans les caves de chez Gallimard et devrait être publiée post mortem. Ce choix éditorial suscite des interrogations.

    En attendant, Matzneff est toujours vif et jouisseur malgré les aléas de la vie. C’est un homme heureux et préoccupé de l’approche de la mort. Il est ainsi attentif avant chaque voyage en avion à anticiper un éventuel accident et à garder ses affaires en ordre, à confier à des proches les dernières versions dactylographiées de ses œuvres. Parmi les journaux déjà disponibles je conseille la lecture de Mes amours décomposés, La passion Francesca et La prunelle de mes yeux. Côté romans, nul doute qu’Ivre du vin perdu correspond à un summum de décadence et incarne le matznévisme dans toute sa splendeur. Nous n’irons plus au Luxembourg et Harrison Plaza sont des œuvres moins scandaleuses mais caractéristiques des thèmes favoris de l’auteur.

    La jeune Moabite c’est le surnom, en référence à Victor Hugo, qu’il donne à sa tendre amante. Il ressent pour elle une nouvelle passion, un désir merveilleux, il souhaite vivre un amour apaisé. Sans doute en raison de la peur du procès il ne la nomme pas, elle sera juste désignée par ces signes ***. Ils ont plus de soixante ans d’écart d’âge et pourtant ils vont s’aimer. Après qu’elle l’a interpellé dans la rue à Strasbourg, ils nouent conversation, l’adolescente est fascinée par l’écrivain qu’elle a reconnu.

    Lors de son inscription à la Sorbonne elle le contacte, le rejoint dans sa garçonnière proche le quartier latin, lui offre un baiser fougueux avant de faire l’amour avec lui. Ils se verront plusieurs fois pour de tendres et passionnés câlins. Il l’aime et il est persuadé, que c’est réciproque, pourtant, leur histoire ne parvient pas à s’inscrire dans la durée.

    Dans sa lettre de rupture elle lui annonce paradoxalement qu’elle ne peut se passer de lui. Mais force est d’admettre que le lien entre Gabriel Matzneff et ***, même s’il est au centre de ce journal n’en constitue que la portion congrue. Plus que cette jeune fille ce sont ses nombreuses ex amantes qui peuplent les pages de ces carnets et qui partagent le quotidien ou les pensées du presque octogénaire. Diane, Véronique, Anastasia, Aouatife, Vanessa, Marie-Elisabeth parmi tant d’autres ces filles devenues femmes accompagnent Matzneff. Certaines demeurent présentes et attachées à lui, tandis que d’autres n’ont pas supporté le cocufiage dont elles ont été victimes, demeurent jalouses ou simplement renient leurs histoires de jeunesse.

    L’amant est désormais moins flamboyant. Il passe beaucoup moins de temps au plume avec de jeunes personnes du sexe qu’auparavant. Sa santé est vacillante, l’âge fait son œuvre, inexorable. Le journal insiste sur les séjours à l’hôpital, les visites chez le médecin et les analyses sanguines dans les laboratoires. Cancer, problème cardiaque et souci pulmonaire sont les compagnons du vieil homme diminué. Cependant, en dépit des alertes, il reste vif et ne renonce pas. Gabriel Matzneff reste d’ailleurs très attaché à la diététique et aux soins corporels. Il fait chaque année des cures et des jeûnes afin de demeurer svelte et séduisant. Il est cependant épicurien et ne résiste pas à une bonne bouteille de vin et à de pantagruéliques repas au restaurant où il se tape la cloche avec ses fidèles amis. Les pages du journal intime recensent à la fois la composition des menus, des plaisirs gustatifs et des rencontres amicales régulières.

    Ce journal est principalement rédigé à Paris et en Italie, à Rome, Venise, Naples et Trieste. Le temps défunt des séjours réguliers à Manille et Bangkok est évoqué au rang des souvenirs doucereux. L’auteur est réputé pour ses chroniques dans lesquelles il défend ses opinions politiques et sociétales souvent iconoclastes. Il est très difficile de le situer, c’est avant tout un homme libre qui affirme ses choix et les assume. Réactionnaire, il déplore le développement et la démocratisation du tourisme. Il écrit ainsi : « non, ce n’est pas Venise que je gourmande ; c’est ce qu’ont fait les Vénitiens de leur ville. Venise devrait être interdite aux ploucs comme le mont Athos est interdit aux femmes. »

    Persuadé de son talent et de sa supériorité vis-à-vis du vulgum pecus il est parfois méprisant et hautain. Parmi ses thèmes de prédilection la fréquentation des églises et la pratique religieuse sont toujours omniprésentes. Ses amis et les dîners avec eux se retrouvent dans ces pages, notamment au restaurant le Bouledogue. L’exercice du journal intime tenu sur une telle durée comprend forcément des redites et des répétitions. Mais cela met en exergue la cohérence d’une personne, la persévérance dans ses idées forces. Au fil des pages le lecteur pioche des pépites, découvre des mots peu usités, jouit des subjonctifs passés, c’est un véritable plaisir littéraire.

    Source : Culture tout azimut, 20 ai 2018

    Tags : Gabriel Matzneff, litérature, La jeune Moabite, pédophilie, mineurs,

  • Maroc : Les trésors appelés à disparaître

    Nous, qui sommes nés entre 1940-1970 sommes les bienheureux …

    Notre vie en est une preuve vivante.

    – En jouant et en faisant du vélo, nous n’avons jamais porté de casque.

    – Après l’école, nous avons joué jusqu’au crépuscule; Nous n’avons jamais regardé la télé.

    – Nous avons joué avec de vrais amis, pas des amis sur internet.

    – Si jamais nous avions soif, nous buvions de l’eau du puits et non de l’eau embouteillée.

    – Nous ne sommes jamais tombés malades en partageant le même verre de jus avec quatre amis.

    – Nous n’avons jamais pris de poids en mangeant des assiettes de pâte tous les jours.

    – Rien n’est arrivé à nos pieds malgré l’errance aux pieds nus.

    – Nous n’avons jamais utilisé de suppléments pour rester en bonne santé.

    – Nous avions l’habitude de créer nos propres jouets et de jouer avec ceux-ci.

    – Nos parents n’étaient pas riches. Ils ont donné l’amour .. pas le matériel.

    – Nous n’avons jamais eu de téléphone portable, de DVD, de console de jeux, de Xbox, de jeux vidéo, d’ordinateurs personnels, d’Internet, de chat, mais nous avions de vrais amis.

    – Nous rendions visite à nos amis sans y être invités et avons partagé et apprécié la nourriture avec eux.

    -Nous avons pu avoir des photos en noir et blanc, mais vous pouvez trouver des souvenirs colorés dans ces photos.

    – Nous sommes une génération unique et la plus compréhensive, car nous sommes la dernière génération à écouter ses parents …

    – Et nous sommes aussi les premiers qui ont dû écouter leurs enfants.

    Nous sommes une édition limitée!

    Profitez et apprenez de nous.

    Nous sommes des Trésors appelés à disparaître.

    Source

    Tags : Maroc, générations, personnes âgées,

  • Maroc : Axes de la stratégie médiatique du régime définis par Karim Bouzida

    Activité du 24 novembre
    Contexte
    • Timing : veille du scrutin législatif, fin de campagne électorale
    • Monde arabe : «acte II» de la révolution en Egypte, violences en Syrie / Yémen
    • Conjoncture mondiale : croissance internationale atone et crise de confiance sur les marchés (ex : notations souveraines)
    • Il y a un peu plus de six mois, l’attentat de Marrakech
    Portée médiatique
    • Un événement majeur par son envergure (montant de l’investissement) et le niveau de partenariat
    • Conventions créent de la confiance par leur contenu, le profil des signataires et un timing à signification éminemment politique
    • L’accord apporte notamment des réponses concrètes à deux problématiques nationales essentielles que sont :
    ✓ la création d’emplois
    ✓ la régionalisation
    Portée médiatique • Il convient de profiter de la présence au Maroc de nombreux journalistes étrangers pour susciter/conforter un effet « Maroc émergent / exception » (Reuters, Bloomberg, L’Usine Nouvelle, Les Echos, Le Figaro, Financial Times, Wall Street Journal-> John Fund, …)
    Messages / cibles
    • 3 cibles à traiter concomitamment :
    ✓ International : dans un contexte marqué par l’immobilisme et les soubresauts… le Maroc avance économiquement et politiquement
    ✓ Grand public : la dynamique portée par la continuité des actions royales majeures donnent espoir et assurance
    ✓ Elites nationales : le Maroc témoigne une nouvelle fois de son attractivitéMessages / territoires • • Participants : Qatar, Emirats Arabes Unis, Koweit
    ✓ Pays du Golfe : accompagnement spécifique de la presse de ces pays
    ✓ Risque à anticiper : sensibilités de gauche pourraient manifester leur mécontentement (par antiaméricanisme) suite à la visite de l’émir du Qatar (cf. Goud et Hibapress)
    Pays occidentaux : le Maroc à l’avant-garde démocratique et économique de la région offre des perspectives fortes et pérennes
    Message clef
    • Qui : des chefs d’Etats aux avant-postes de la modernisation du monde arabe (Qatar, EAU, Maroc)
    • Quoi : un projet financier au service d’une ambition industrielle de bon sens (fonds souverain)
    • Où : le Maroc pays arabe ayant le mieux résisté à la crise mondiale (dont secteur touristique) et soubresauts régionaux (chiffres à l’appui : résilience)
  • Maroc : étalage de luxe royal en mer pendant que les Marocains émigrent en masse

    La diffusion de chiffres, en général tenus secrets, sur l’augmentation de l’émigration clandestine marocaine vers l’Espagne rappelle une douloureuse réalité qui contraste avec les vacances de la famille royale en Méditerranée, entre yacht et voilier

    Ignacio Cembrero

    Ils étaient à peu près une centaine de convives, le dimanche 14 juillet, à bord du Badis 1, le nouveau bateau du roi Mohammed VI, qui avait jeté l’ancre face à la résidence royale de M’diq, sur la côte nord du Maroc, pas loin de Tétouan.

    Le souverain âgé de 55 ans avait invité le gratin de Casablanca et de Rabat à venir assister, pieds nus pour que leurs semelles noires ne salissent pas le pont, à l’inauguration de ce voilier de 70 mètres de longueur, parmi les dix plus grands du monde.

    En fait, ces hôtes de marque ont dû se rendre deux fois à M’diq. D’abord le samedi, le jour fixé pour l’invitation. Une fois sur place, on leur a indiqué, sans autre explication, qu’elle était repoussée de 24 heures. Ils sont donc revenus, vêtus de leurs plus beaux costumes, le lendemain.

    Cette fois, le roi était bien là pour les accueillir, accompagné de ses trois fidèles amis depuis quatorze mois, les frères Azaitar, trois boxeurs allemands d’origine marocaine avec qui il passe le plus clair de son temps.

    Mohammed VI possédait déjà une vielle goélette retapée, El Boughaz 1, longue de 62 mètres, mais pour le vingtième anniversaire de sa montée sur le trône, il s’est offert un autre voilier encore plus long et bien plus moderne.

    Combien l’a-t-il payé ? L’hebdomadaire Tel Quel de Casablanca signale que son ancien propriétaire, le milliardaire américain Bill Duker, l’avait mis en vente pour 88 millions d’euros. On ne saura cependant pas son prix de vente car le palais royal ne communique pas sur ce sujet.

    Un yacht qui se loue jusqu’à 600 000 euros la semaine

    Pendant que Mohammed VI recevait ses invités à bord, son fils, le prince héritier, Moulay Hassan (16 ans), sa fille, Lalla Khadija (12 ans), et son ex-femme, Lalla Salma (41 ans), étaient eux aussi en vacances à l’autre bout de la Méditerranée, en mer Égée, d’après la presse grecque.

    De l’île de Skiathos, ils ont appareillé le 7 juillet pour une croisière de dix jours à bord du Serenity, un yacht de luxe dont la location coûte entre 550 000 et 600 000 euros la semaine, un chiffre donné également par la presse grecque et repris par certains médias marocains.

    Cet étalage de luxe maritime a coïncidé avec la divulgation de chiffres, en général tenus secrets, sur la montée en puissance de l’émigration clandestine marocaine par mer vers l’Espagne.

    Au cours de l’année 2018, les Marocains ont représenté un peu moins de 22 % des 57 498 harragas (sans papiers) arrivés à bord de 2 109 rafiots sur les côtes espagnoles.

    Au cours du premier semestre 2019, le nombre total d’immigrés irréguliers a certes baissé (- 27 %), mais la proportion de Marocains a grimpé jusqu’à 29,9 %. Au moins de mai, ils ont même atteint un pourcentage record (48,08 %).

    Ces statistiques ne figurent pas sur le site du ministère de l’Intérieur espagnol, qui se refuse à donner un décompte des arrivées par nationalité pour ne pas froisser les autorités à Rabat en pointant du doigt l’épidémie migratoire dont souffre le Maroc.

    Mais Madrid communique les données qu’elle recueille à des organismes comme Frontex (l’agence européenne chargée de la surveillance des frontières) qui, à son tour, les transmet à la Commission européenne. Ils figurent donc dans un rapport du Service européen pour l’action extérieure daté du 9 juillet.

    Ces statistiques ne prennent en compte qu’une partie du phénomène migratoire marocain. Quand les immigrés subsahariens posent le pied sur les plages andalouses, ils cherchent à se faire prendre, sachant qu’ils vont être logés et nourris pendant près de deux mois et que leurs chances de se faire expulser sont minimes.

    Il en va tout autrement des Marocains et des Algériens dont 36 % et 32 % des harragas appréhendés à leur arrivée ont été rapatriés en 2018. Une fois débarqués, ils cherchent donc à tout prix à passer entre les mailles du filet des forces de sécurité espagnoles. Combien sont-ils à y parvenir ?

    À ceux-là s’ajoutent ceux qui rentrent légalement en Espagne mais qui y restent de façon irrégulière une fois leurs économies expirées.

    À peu près 17 % des 15 000 saisonnières marocaines embauchées en 2017 pour la cueillette des fraises dans la province de Huelva (sud-ouest) ne sont pas rentrées au pays, selon une enquête de l’agence de presse espagnole EFE. Revenir chez soi était pourtant une condition indispensable pour toucher une partie du salaire qui leur est retenu jusqu’à leur retour.

    L’Espagne est certes la principale porte d’entrée des Marocains en Europe, mais elle n’est pas la seule. « Les émigrés marocains arrivant en Libye confirment que la route aérienne du Maroc vers l’Algérie et, ensuite, vers la Libye, en traversant la frontière terrestre, reste active », signale le rapport européen. Pour les clandestins qui veulent rejoindre l’Europe, la Libye est cependant devenue un cul de sac.

    Un changement politique rapide dans leur pays

    Il n’y a rien d’étonnant à ce que les Marocains soient de plus en plus nombreux à quitter le royaume. Le baromètre du monde arabe publié par la BBC fin juin indique que 44 % d’entre eux souhaitent émigrer – 17 % de plus qu’il y a trois ans – mais ce pourcentage grimpe jusqu’à 70 % quand la question est posée aux moins de 30 ans. Les Marocains étaient aussi, parmi les Arabes, ceux qui souhaitaient en plus grand nombre (49 %) un changement politique rapide dans leur pays.

    Si les autorités marocaines cherchent à endiguer, surtout depuis février, l’émigration des subsahariens vers l’Europe, elles ne montrent pas le même empressement quand il s’agit de leurs propres citoyens. Les statistiques espagnoles le démontrent, mais aussi les témoignages de certains harragas, surtout des Rifains, qui racontent souvent aux officiers de police qui les interrogent à quel point il leur a été facile de partir par la mer.

    Au ministère de l’Intérieur à Rabat, on doit sans doute tenir le raisonnement suivant : moins les jeunes contestataires resteront au Rif, plus la région la plus frondeuse sera tranquille. C’est dans la baie d’Al Hoceima, la capitale du Rif, que le Badis 1 mouille, avec le roi à bord, depuis la nuit du mercredi.

    « Est-ce qu’après le Soudan et l’Algérie, la prochaine révolte aura lieu au Maroc ? », se demandait la BBC en analysant les résultats marocains de son sondage sur le monde arabe. La question est plus que jamais d’actualité après l’étalage de luxe maritime à M’diq et en mer Égée pendant que d’autres Marocains traversent cette même mer sur des barques de fortune.

    Un peu plus de 200 clandestins, en majorité subsahariens mais aussi quelques Marocains, se sont déjà noyés cette année sur le chemin de l’Espagne d’après Frontex.

    La presse marocaine est discrète sur l’ostentation de la famille royale, quand elle ne l’ignore pas complètement. Elle ne traite presque pas non plus le phénomène migratoire. Les réseaux sociaux foisonnent, en revanche, de commentaires scandalisés qui versent parfois dans l’insulte. Les plus prudents comparent simplement le prix supposé du voilier avec certaines parties du budget de la santé publique ou de l’éducation au Maroc.

    L’image de la monarchie en prend encore un coup, comme ce fut le cas lors des longs séjours du roi à l’étranger ou durant l’épisode de la montre à plus d’un million de dollars que le roi afficha à la fin de l’été dernier. Est-ce suffisant pour que le Maroc suive le chemin du Soudan ou de l’Algérie ? Difficile à dire, même si bon nombre de Marocains vivent depuis février les yeux rivés sur ce qui se passe chez leur voisin de l’est.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Ignacio Cembrero

    Ignacio Cembrero est un ancien journaliste des quotidiens espagnols El País et El Mundo pour lesquels il a couvert le Maghreb entre 1999 et 2016. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres sur les relations entre l’Espagne et le Maroc et sur l’immigration musulmane en Espagne. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @icembrero

    Middle East Eye, Samedi 20 juillet 2019

    Tags : Maroc, migration, Mohammed VI, Lalla Salma, yacht, luxe,

  • Maroc : L’impact médiatique des personnes mesuré par Karim Bouzida

    Bilan médiatique (provisoire)
    Période étudiée : du 12 au 20 novembre (16h00), retombées internationales
    34 leaders d’opinion ont été identifiés dont 20 portent un discours négatif (Harrif x4 occurences).
    Classement des sources par nationalité: Europe x20, MENA x13 (dont 3 algériennes), Espagne x9, Afrique x9, US x7, Iran x5, Asie x3, UK x2.
    A noter une forte présence des leaders du PJD (Benkirane 3x, Daoudi x3, Boulif x1, Qastani x1). Les sept autres formations totalisent un impact chacun (USFP, PAM, MP, MDS, PSU). On relève particulièrement l’intervention de Qastani à Al Alam (Iran) : « l’opposition politique subit actuellement des pressions »
    Eléments du discours antagoniste :
    • Relais des appels au boycott
    • Répression des formations appelant au boycott
    • Taux d’abstention attendu haut
    • Vote des MRE (nbre d’impacts : 4)
    • Remise en cause des acquis de la constitution
  • Maroc : Karim Bouzida, serait-il derrière la disparition de Le Soir Echos et Actuel?

    Paru pour la première fois en février 2009, Le Soir échos est repris en janvier 2010 par NextDayNews, représentée par Saâd A. Tazi.

    Le 30 août 2013, avec le numéro 1399, Le Soir Échos suspend sa parution. Officiellement, pour causes financières.

    Selon cette note confidentielle de Karim Bouzida, ses publications n’étaient pas conformes aux intérêts du Maroc, notamment ses écrits sur la France. Ceci pourrait être la raison derrière les autorités d’étouffer le magazine économiquement en lui privant sa part de publicité.

    Dans cette note révélée par le hacker Chris Coleman, Bouzida dénonce le caractère incendiaire des articles de ce média sur la France. C’ëtait au mois de mai 2010.

    Le magazine francophone Actuel était Édité par Logique Presse, filiale du holding 7 Médias fondé par Rachid Tlemçani (président-directeur général de H2Dev)2, ce magazine se voulait le porte-parole d’un Maroc moderne, dynamique et tolérant. Son slogan était « l’esprit ouvert ».

    Le premier numéro d’Actuel est paru le samedi 30 mai 20093 et le dernier le 5 janvier 20134. Sa cessation d’activité, annoncée par communiqué, a été ainsi expliquée : « [L]a fermeture du magazine est due à un contexte d’exploitation très difficile depuis trois ans. Les annonceurs achètent moins d’espaces publicitaires et la presse papier est remise en cause par le développement des médias sur Internet.

    Les deux magazines ont cessé leur publications presque à la même date et pour les mêmes raisons : la main du Makhzen dévoilée par cette note.

    Texte de la note

    Note d’information

    Traitement du sujet France par LE SOIR ECHOS et ACTUEL

    Nous constatons que les deux supports LE SOIR ECHOS et ACTUEL adoptent systématiquement des positions critiques à l’égard de la France et ce sur tout les registres (politique, économique, social…).

    Nous soulignons qu’une telle couverture, qui se caractérise à de nombreuses reprises par une grande virulence, est susceptible de créer des crispations dans les relations entre les deux pays alliés. A plus forte raison venant de supports auxquels l’imaginaire collectif prête de la proximité avec de hauts décideurs du Royaume.

    Dans ce qui suit nous présentons quelques exemples d’articles illustrant cette attitude vis-à-vis de la France sur les deux supports.

    ACTUEL :

    • Editorial / « L’UMA avant l’UPM ». 17 au 23 avril 2010.

    • Editorial / « Discrimination positive ». Parlant des écoles relevant des missions étrangères, l’éditorialiste affirme que le modèle scolaire dans l’Hexagone est « en pleine déconfiture ». 27 mars au 2 avril 2010.

    • Editorial / « Ascenseur bloqué ». L’éditorialiste évoquant le sujet des expulsions affirme « La politique initiée par Nicolas Sarkozy témoigne en vérité d’un formidable aveu d’impuissance ». 13 au 19 mars 2010.

    • Dossier en Une / « Cette France qu’on n’aime pas », « Eric Besson, ministre des expulsions, né à Marrakech », « Bleu, Blanc, Beurk ».

    • Article en Une / « Essais nucléaires : Les français nous ont-ils irradiés ? ». « France-Maroc : le dossier explosif des essais nucléaires ». 16 au 22 janvier 2010.

    • Fait divers Société / « Marrakech : Arnaques franco-françaises ». Article affirmant que les touristes sont les victimes toutes désignées des escroqueries de leurs compatriotes. 9 au 15 janvier 2010.

    • Information Brève / « Protectorat français au Maroc ». Commentant l’information sur la tenue d’un colloque sur le protectorat le journaliste affirme « Histoire de revenir sur les exactions telles que les terres spoliées, le clientélisme ambiant, le soutien à la féodalité et au népotisme qui a confisqué le pouvoir au profit des notables, sans oublier les milliers de marocains tués pendant cette période ». 14 au 20 novembre 2009.

    • Dossier en couverture / « Nom : Aicha Mokhtari, Décédée : le 15 août 2009, Motif visa refusé. Jusqu’à quand ? ». L’éditorial sur le même sujet est intitulé « Une double faillite » 12 au 18 septembre 2009.

    • Information Brève / Soulignant que Veolia a failli à ses obligations dans le cadre du dossier de transport à Rabat et estime que le Maire est en droit de lui retirer l’agrément. 12 au 18 septembre 2009.

    • Reportage Société / « France, la galère des étudiants marocains ». 1er au 28 août 2009.

    • Histoire Société / « Les oubliés de la république ». Article sur les anciens combattants marocains. 25 au 31 juillet 2009.

    • Information Brève / « Francophonie, Israël veut être de la partie ». L’hebdomadaire insinue le soutien de la France pour cette candidature. 13 au 19 juin 2009.

    LE SOIR ECHOS :

    • Editorial / « Niqab ». L’éditorialiste affirme « Au sud, mais quand même au nord de chez nous, la France, sous la houlette de son fébrile président, se lance sur ce le même sujet ». 3 mai 2010.

    • Article / « France : La grogne des mineurs marocains ». 22 avril 2010.

    • Article / « Marchés des énergies renouvelables : Borloo vient en éclaireur ». Le journaliste affirme « Rarement, un ministre français, surtout dans le gouvernement Sarkozy, a été aussi élogieux envers le Maroc, son roi et son gouvernement. De telles déclarations peuvent être interprétées comme un témoignage d’amour et de respect pour le Maroc. Mais, en politique, rien n’est gratuit. » 26 avril 2010.

    • Article / « France régionales : Vote-sanction confirmé contre Sarkozy ». 23 mars 2010

    • Article / « France : 25 gendarmes interviennent pour… des enfants qui jouent à la guerre! ». 17 mars 2010.

    • Article / « Mahmoud Abbas en France ». Le journaliste affirme « Bernard Kouchner a plaidé pour la proclamation immédiate d’un Etat palestinien et a été désavoué par Nicolas Sarkozy ». 24 février 2010.

    • Article / « Affaire Mcili : Volte-face de la justice française ». 12 février 2010.

    Article / « Affaire Mcili : Volte-face de la justice française ». 12 février 2010.

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  • Algérie : Abdelaziz Djerad veut regagner la confiance du peuple

    Le nouveau Premier ministre Abdelaziz Djerad aura certainement la lourde tâche de rétablir la confiance qui se trouve en rupture entre le peuple et son gouvernement depuis plusieurs années.

    D’ailleurs, en tant que politologue, Abdelaziz Djerad a eu déjà s’exprimer sur la crise que traverse le pays, en estimant nécessaire «la levée des verrous constitutionnels qui empêchent la satisfaction des revendications du Hirak» et «la mise en place de mécanismes permettant l’organisation d’une élection ouverte». Il était également contre le maintien du gouvernement Bedoui.

    Aussitôt après sa nomination, le nouveau Premier ministre affirme vouloir regagner la «confiance» du peuple algérien. Dans sa première déclaration, il a insisté sur la nécessité de «travailler ensemble pour relever les défis socioéconomiques auxquels se heurte le pays». «J’ai été reçu par le président de la République qui m’a chargé de former le gouvernement et je le remercie infiniment pour la confiance qu’il a placée en ma personne», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «Nous sommes aujourd’hui devant un défi majeur qui consiste en le recouvrement de la confiance en notre société».

    Abdelaziz Djerad émet le souhait de travailler avec l’ensemble des compétences nationales, des cadres du pays et des citoyens et citoyennes en vue de «relever les défis socioéconomiques et sortir de cette période délicate que traverse notre pays.» «La situation que traverse le pays nous interpelle, plus que jamais, à parfaire notre gouvernance pour corriger les points faibles de notre pays, réunir les conditions nécessaires à la relance de la croissance économique, au développement de notre pays et à la consolidation de sa place dans le concert des Nations»

    Selon de nombreux observateurs, l’Algérie, à travers ses différentes composantes sociales, ne sera plus jamais comme avant malgré quelques turbulences. Djerad a plaidé, à ce propos, pour un climat apaisé, du fait des importants défis économiques, sociales et géostratégiques qui attendent l’Algérie, saluant au passage la grande maturité de l’ANP et des forces de sécurité pour la protection des biens et personnes sans compter la défense des frontières. Dans ce sens, Tebboune s’était engagé à ouvrir de nombreux chantiers impératifs à l’édification d’une Algérie nouvelle et à la satisfaction des profondes aspirations du peuple.

    A travers son programme, Tebboune prône une nouvelle politique de développement hors hydrocarbures, la substitution des produits importés par d’autres locaux en vue de préserver les réserves de change, la promotion des start-up et le renforcement du rôle économique des collectivités locales dans le développement et la diversification de l’économie nationale. Une amélioration du climat des affaires, l’encouragement de l’investissement, notamment extérieur direct sont aussi prévus dans ce programme.

    Le chef de l’Etat avait, d’autre part, relevé que l’Algérie avait besoin en cette période délicate de classer ses priorités pour éviter des lendemains incertains, assurant que l’Etat «sera à l’écoute des aspirations profondes et légitimes de notre peuple au changement radical du mode de gouvernance et à l’avènement d’une nouvelle ère, fondée sur le respect des principes de la démocratie, de l’Etat de droit, de la justice sociale et Droits de l’Homme».

    Il avait également souligné que la situation que traverse le pays «nous interpelle, plus que jamais, à parfaire notre gouvernance pour corriger les points faibles de notre pays, réunir les conditions nécessaires à la relance de la croissance économique, au développement de notre pays et à la consolidation de sa place dans le concert des Nations». Le président de la République a mis l’accent sur un amendement de la Constitution dont les principaux contours porteront sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du Président pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs et la consécration de la protection des Droits de l’Homme, des libertés individuels, collectives, de la presse et de manifestation

    Dans l’objectif de lever ces défis, «nous devons dépasser, le plus vite possible, la situation politique actuelle pour entamer l’examen des questions essentielles pour le pays, à travers l’adoption d’une stratégie globale fondée sur une vision politique claire à même de rétablir la confiance du peuple en son Etat et assurer sa mobilisation (peuple) afin de garantir sa stabilité et son avenir», a-t-il estimé, soulignant que cette stratégie vise à «restaurer l’autorité de l’Etat, à travers la poursuite de la lutte contre la corruption, la politique d’impunité et les pratiques relatives à la distribution anarchique des recettes pétrolières». Il avait, en outre, mis l’accent sur l’impérative relance du développement économique à travers de grands projets et infrastructures de base, en sus de l’encouragement de l’investissement productif, la diversification du tissu industriel à travers la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) et de l’activité économique créatrice de postes d’emploi.

    Dans cette perspective, Tebboune a souligné que l’Algérie avait besoin d’établir des priorités. Parmi les points figurant sur sa feuille de route, le président de la République a cité la lutte contre la corruption et l’esprit de distribution anarchique de la rente. Rappelant ses engagements contractés durant la campagne électorale, le président de la République a mis l’accent sur un amendement de la Constitution dont les principaux contours porteront sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du Président pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l’équilibre des pouvoirs et la consécration de la protection des Droits de l’Homme, des libertés individuels, collectives, de la presse et de manifestation.

    Le chef de l’Etat se fixe également pour priorité de moraliser la vie politique et de restituer la crédibilité aux institutions élues à travers la révision de la loi électorale, notamment les conditions relatives à l’éligibilité. Sur un autre chapitre, Tebboune devrait prendre des mesures d’urgence pour sauver les entreprises algériennes en difficulté et, dans cette optique plus précisément, il a été interpellé récemment par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) qui a mis l’accent sur la gravité de la crise économique qui s’est installée dans la plupart des filières en Algérie, notamment le BTPH, l’industrie pharmaceutique, les services, les TPE/PME. Selon lui, 60% du tissu économique algérien est sinistré avec plus de 650 000 emplois perdus dans les différents secteurs d’activités.

    Cette situation exige «un engagement de très haut niveau, rompre avec les pratiques du passé et écouter ce que la communauté d’affaires réclame», selon le FCE qui a invité le nouveau président à «porter un message d’espoir aux entreprises pour la préservation des postes d’emploi et le maintien du processus de création de richesse». Dans ce sens, il a plaidé pour des «actions courageuses destinées à réformer profondément l’ensemble de l’encadrement juridique de l’économie et à faciliter davantage l’acte d’investir, tout en associant les acteurs économiques dans la prise de décisions ».

    L’Echo d’Algérie, 1 jan 2020

    Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune, gouvernement, Abdelaziz Djerad,

  • Maroc : Le roi encourage le peuple à l’assistanat

    Par Mohammed Raji

    Le roi se baladait comme d’habitude en voiture et avec lui son fils ainé le prince héritier. Au rond point le roi s’arrêta devant le policier chargé de réguler la circulation et demanda à son fils, âgé de cinq ans, s’il veut être policier quand il serait grand. Au lieu du fils du roi, c’est le policier qui répond en disant qu’il souhaite que le prince hériter accèdera au trône de ses glorieux ancêtres. Puis le policier se fend d’éloges du roi. Le roi a bien entendu apprécié ce qu’a dit le policier et en retour il lui a fait immédiatement d’un cadeau d’une Grima [agrément d’exploitation d’un taxi ]. Le roi en question est Mohamed VI.

    Si cette histoire, rapportée par le journal Al Jareda Al Aoula, est véridique, les Marocains doivent de rendre compte qu’il n’y aura pas de changement même si on attend l’ère de Hassan III.

    Force est de reconnaître que ce qui a détruit notre pays et lui a valu des rangs honteux dans les classements mondiaux, c’est l’économie de rentiers qui profite aux nantis et non au peuple. Bien sûr on n’a pas besoin ici des gros mots de politiciens pour définir ce qu’est l’assistanat. Ca signifie tout simplement s’approprier injustement les droits des autres. Il en va des agréments des transports, les GRIMA, que le roi distribue aux citoyens qui demandent son aide dans des lettres écrites de la même façon qu’un mendiant implore la charité des passants. Les états qui respectent leurs citoyens ne font pas d’eux des mendiants qui implorent la charité du glorieux trône mais construisent pour eux des usines et des industries à même de leur permettre de gagner leurs vies avec dignité et respect. A supposé, ce qui est bien entendu n’est pas le cas, que ces agréments ne sont distribués qu’à ceux qui les méritent des pauvres et laissés pour compte, il n’en demeure pas moins que ceci n’honore pas du tout le citoyen marocain. L’emploi, la santé et l’enseignement sont des droits garantis par la constitution et l’Etat se doit d’assurer aux citoyens des conditions de vie dignes au lieu de l’humilier de cette façon.

    Mais encore, le roi ne peut attribuer ces agréments à son bon vouloir sans contrôle ni supervision en les offrant à quiconque lui fasse un éloge. Car ceci contribue à fabriquer des armées de courtisans qui au lieu de gagner leurs vies à la sueur de leurs fronts le font en débitant des acclamations et des éloges souvent non crédibles. Le roi encourage ainsi son peuple à l’assistanat.

    Ceci fait des Marocains un peuple sans dignité, qui vit sur les dons et les offrandes alors qu’on n’a pas besoin de quelqu’un qui ait pitié de nous mais de quelqu’un qui assure le partage des richesses du pays d’une manière équitable. Songez au président algérien qui disait que contrairement aux marocains lui ne distribue pas la soupe de ramadan aux pauvres mais des clés d’appartements meublés. Et même si on sait que marocains et algériens vivent la même situation il convient quand bien même que les responsables marocains méditent ce que dit le président Bouteflika et arrêtent de se comporter avec nous comme si nous étions des minables mendiants à la merci de la moquerie des amis et des ennemies.

    Lors la finale de la coupe du trône du football opposant le MAS de Fès et l’équipe des FAR , l’entraîneur Rachid Taoussi a endossé ses habits d’homme sans scrupules en offrant au prince Moulay Rachid qui présidé la rencontre un cadeau sous forme de maillot de foot. Le maillot a été mets dans un sac et plusieurs lettres de demande d’aide à destination du prince y ont été glissées. Après cela qu’on ne vient pas s’interroger pourquoi le sport marocain dans toutes ses disciplines vit des crises successives. Si même les sportifs, censés savoir que gagner sa vit se fait à la sueur de son front , considèrent qu’il n’y a aucune raison de travailler dur pour gagner dignement du moment que la charité d’un membre de la famille royale peut assurer un revenu constant pour toute une vie. Sans trimer et sans souffrir.

    Toujours à propos des sportifs, il est à noter que beaucoup de chanceux anciens joueurs possèdent des agréments de transport qu’ils louent pour des millions alors qu’ils ne les méritent pas. Il y en a même qui possèdent des milliers d’hectares de terres agricoles comme cadeau pour avoir « honorer » le Maroc dans les manifestations internationales. Comme Hicham El Guerrouj qui s’est fait attribué de larges terrains agricoles fertiles dans la région de Berkane

    Cette politique de l’Etat envers ses enfants est une maladie chronique qui a besoin d’un remède rapide. N’importe quel sportif qui entre en compétition le fait en premier pour intérêt personnel et ce n’est qu’après qu’il pense à faire honneur à la nation. Preuve en est que plus de 300 sportifs marocains se sont fait naturalisés dans d’autres pays et courent désormais sous d’autres couleurs . Non pas parce qu’ils sont moins patriotes mais parce qu’ils ont découvert que leur avenir est incertain s’ils continuent à conquérir pour le drapeau marocain.

    Ainsi Hicham El Guerrouj ne mérite pas les terres que l’Etat lui a attribuées parce que tout d’abord il a déjà accumulé beaucoup de millions en gagnant des médailles dans les meetings parce que ensuite la fédération lui verse une rémunération sous forme de salaire et parce que enfin ce que Hicham El Guerrouj a fait pour le Maroc était de son devoir attendu que c’est le Maroc qui lui a offert des équipements, l’a nourrit et logé pendant sa préparation , lui a payé des billets d’avion et des chambres d’hôtels…. Encore une fois servir la nation est un devoir de tous et celui qui n’apprécie pas cela n’a qu’à chercher une autre nationalité au lieu de s’approprier injustement les terres de l’Etat.

    Et soit dit en passant, savez-vous que quand la Suisse, un des pays les plus riches au monde, a voulu honorer Roger Federer, le champion qui a hissé le drapeau helvétique des dizaines de fois dans divers manifestations internationales, la fédération suisse ne lui a pas attribué des hectares de terres agricoles ni des agréments de transports ni même un petit terrain , mais elle s’est contenté de lui offrir comme petit cadeau une vache croisée. Et bien entendu c’est à la charge du tennisman de nourrir la vache.

    Les pays développés sont arrivés là où ils sont , non pas en étant complaisants avec certains de leurs citoyens mais en le traitant dans le cadre de la loi égale pour tous . Non pas en distribuant les richesses du pays aux chanceux comme ça se fait chez nous, mais en le mettant au profit de tous sans distinction. Et c’est ça qui nous manque au Maroc pour mettre fin aux égarements de sa politique boiteuse.

    Quand le prince héritier régnera un jour et verra comment son père a distribué dons et offrandes aux gens pour le moindre mot d’éloge et d’acclamation, il gouvernera sans doutes en suivant la même logique. En conséquence on n’a qu’à ajourner nos rêves d’un Maroc de justice et d’égalité des chances jusqu’au règne du roi Mohamed VII qui arrivera après celui de Hassan III, l’actuel prince héritier.

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    Tags : Maroc, Mohammed VI, monarchie marocaine, assistanat,