Année : 2020

  • Tunisie : Ennahdha optimiste pour le sort du gouvernement Jemli

    Dans une déclaration à la presse, le président de Majless el Choura, Abdelkarim Harouni s’est dit optimiste quant au passage du gouvernement Jemli.

    Le mouvement a finalement opter pour le choix de soutenir le gouvernement proposé par Habib Jemli contre tous les autres courants ayant déclaré s’y opposer.

    Pour les membres d’Ennadha, le gouvernement de Habib Jemli réussira à réunir les 109 voix nécessaire lors du votre de confiance.

    Tuniscope, 9 jan 2020

    Tags : Tunisie, Jemli, gouvernement, Ennahdha,

  • Pourquoi dit-on que Macron est homosexuel

    De nouvelles informations recueillies par des enquêteurs en ligne et publiées par Milo Yiannopoulos dévoilent que Macron est peut-être un toxicomane accro’ à une drogue dangereuse, qu’il se livre à des relations homosexuelles secrètes et aurait vu les factures de fêtes privées arrosées d’alcool payées par la banque Rothschild.

    1. Drogues

    Les e-mails ayant fuité allèguent l’existence d’une conspiration conçue pour cacher hors de vue des acquisitions de drogues par le directeur de campagne haut placé de Macron, Alain Tourret.

    Tourret a passé commande du composé chimique 3-Méthyl-meth-cathinone, aussi connu sous le nom de MMC-3, une drogue que la France classifie dans la même catégorie que l’héroïne.

    Les drogues ont été payées en Bitcoins, une monnaie cryptée, et acheminées vers des adresses gouvernementales. Les courriels expliquent que cette opération a été faite afin que s’ils se faisaient attraper, les gens de Macron puissent prétendre être les victimes d’une farce onéreuse et de mauvais goût.

    Mais les allégations d’usage de drogues dures ne s’arrêtent pas là.

    Un courriel envoyé par un homme dénommé Raphael Coulhon qui travaille étroitement avec Macron, adressé à un associé et contenant cette unique phrase, « ne pas oublier l’achat de la c.. pour le boss » semble signifier un aphorisme propre à la cocaïne, une drogue notoirement dangereuse.

    2. Homosexualité

    Emmanuel Macron aurait reçu des courriels d’un service en ligne intitulé VestiaireGay.

    La liste des abonnés doit être confirmée par l’utilisateur, signifiant qu’un farceur n’aurait pas pu inscrire Macron au service puisqu’il requiert une confirmation personnelle.

    La capture d’écran qui suit a été trouvée dans la boîte de réception de Macron.

    Il a largement été rapporté que le magazine « Closer » est en possession de clichés photographiques de Macron en compagnie d’un homme avec lequel il s’est engagé dans une relation homosexuelle. Ceci n’apaisera en rien ces rumeurs.

    3. L’argent sale des Rothschild

    Après de plus amples vérifications de la part de WikiLeaks, il apparaît que l’ancien employeur de Macron, la Banque Rothschild & Co., a payé pour ses fêtes privées imbibées d’alcool sur les Champs-Élysées. Aucun conflit d’intérêts par là, par hasard…?

    Source

    Tags : Macron, Benalla, Homosexuel,

  • Wikileaks : Bouteflika aurait « punit » le gouvernement Espagnol à cause de sa position vis-à-vis du Sahara Occidental

    De nouveaux câbles de « Wikileaks » ont révélé que le Président Bouteflika était très furieux contre la position « malhonnête » des socialistes Espagnols vis à vis du Sahara Occidental. Le soutien Espagnol au projet de l’auto-gouvernance Marocaine a provoqué une crise des relations Algero-Espagnoles.

    Le quotidien Espagnol « El pais » a révélé aujourd’hui, mardi, à partir du câble « Wikileaks », que la position de l’Espagne, qui soutient la position marocaine, et précisément la proposition de l’auto-gouvernance, que Rabat avait pris comme alternative à l’autodétermination, qui a été décidée dans les résolutions du conseil de sécurité des nations Unies, a provoqué une vraie crise entre les relations Algero-Espagnoles. Ainsi, le Président Bouteflika aurait exprimé aux américains, son mécontentement de la position « malhonnête » du gouvernement socialiste Espagnol quant au conflit du Sahara Occidental. En effet, Bouteflika aurait déclaré au sénateur Américain Richard Logard, qui était en visite en Algérie en 2005, « Les socialistes Espagnoles n’ont pas été honnêtes envers les sahraouis. »

    Les câbles de Wikileaks ont parlé d’une vraie crise entre les relations bilatérales à cause du soutien Espagnol au projet de l’auto-gouvernance, que le Maroc présentait comme alternative aux résolutions des Nations Unies et au conseil de sécurité concernant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination par voie référendaire. Le quotidien Espagnol a, à travers des analyses d’observateurs américains, fait un lien entre la « crise » et « le bras de fer » qui a été engagé entre les deux pays sur l’augmentation des prix du Gaz, décidée par la Sonatrach sur l’Espagne en 2007.

    Quant à la crise des prix du gaz qui a suscitée entre l’Algérie et l’Espagne en 2007 juste après la décision algérienne quant à l’augmentation du prix du gaz, que Sonatrach fournissait à l’Espagne, « El Pais » a révélé que l’ambassadeur d’alors des USA à Madrid avait adressé une correspondance aux affaires étrangères américains, où il dit que « l’augmentation de 20 % du prix du gaz exporté vers l’Espagne est une mesure voulue par Bouteflika, qui voulait exprimer son mécontentement vis-à-vis de la position prise par le chef du gouvernement quant à la question du Sahara. »

    Les câbles de Wikileaks, rapportés par le quotidien Espagnol, ont révélé que le chef de la diplomatie espagnol Miguel Angel Moratinos, avait informé ses amis américains que « le gouvernement Espagnol, et pour éviter que la crise entre les deux pays en 2008 perdure, j’ai essayé de relancer le dialogue entre le Maroc et l’Algérie, en faisant participer la France, mais l’Algérie a refusé de dialoguer à la place des Sahraouis. » les câbles ont ajouté que Moratinos a ficelé un dossier où il a détaillé toutes les propositions espagnoles quant au conflit du Sahara Occidental, et l’a présenté ensuite à 5 membres permanents du conseil de sécurité Onusien.

    Echourouonline, 14 déc 2010

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Bouteflika, ONU, MINURSO, Espagne, PSOE,

  • WikiLeaks : quand Algériens et Marocains se confient sur le Sahara occidental

    Le conflit au Sahara occidental, né il y a une quarantaine d’années, n’est pas près de trouver une solution, à en croire les télégrammes obtenus par WikiLeaks et révélés par « Le Monde ».

    Par Jean-Pierre Tuquoi Publié le 03 décembre 2010 à 22h59 – Mis à jour le 04 décembre 2010 à 14h37

    Le conflit au Sahara occidental, né il y a une quarantaine d’années, n’est pas près de trouver une solution. Les positions sont trop éloignées, les rivalités trop profondes, les procès d’intention trop nombreux entre les deux principaux protagonistes: le Maroc, qui occupe le Sahara occidental en dehors de toute légalité internationale, et l’Algérie sans l’appui de laquelle le Front Polisario, favorable à un référendum pour fixer l’avenir de l’ancienne colonie espagnole (indépendance ou rattachement au Maroc), aurait le plus grand mal à exister.

    La position algérienne est clairement exprimée dans le compte-rendu d’une audience (d’une durée de 3 heures 30) accordée en mai 2007 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika à Frances Fragos Townsend, la conseillère du président Bush pour les affaires de sécurité, obtenu par Wikileaks et révélé par Le Monde.

    « Si je pouvais résoudre le problème je le ferais, affirme le président algérien. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis . » Ce qu’il faut c’est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains ».

    Les Français, confiera-t-il à une autre occasion, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne ». Pour lui, elle tente de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    LE JUGEMENT DE M. BOUTEFLIKA SUR LE ROI DU MAROC

    Un an plus tard, en février 2008, recevant un diplomate américain, changement de registre. Le président algérien dénonce « le plan d’autonomie » voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination. Celui-ci n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes en ont d’avantage vis-à-vis d’Alger, soutient M.Bouteflika.

    Puis, au fil de l’entretien, le président algérien se laisse aller: il comprend que les Marocains se sentent menacés par la perspective d’un Sahara occidental indépendant mais, dit-il, ils sont les premiers responsables de la situation. Au lieu de faire preuve d’une approche « élégante » en acceptant une indépendance du Sahara occidental qu’ils auraient pu « contrôler » ou « superviser », ils veulent « un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït ». S’ils n’avaient pas été aussi maladroits, les Marocains « auraient pu obtenir ce qu’ils voulaient », assure le président algérien à son hôte.

    L’année suivante, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward, le chef de l’Etat algérien revient à la charge. Selon lui, le projet d’autonomie est à rejeter. « Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental », fait valoir le président algérien.

    Le jugement négatif de M. Bouteflika sur le roi du Maroc n’est pas fait pour arranger les choses. Autant le président algérien apprécie Moulay Rachid, le frère du roi (« On a plaisanté et discuté agréablement » à l’occasion d’une rencontre à Séville, en Espagne) autant le courant ne passe pas avec Mohammed VI. « Il n’est pas ouvert, et manque d’expérience », se plaint-il. Pour M. Bouteflika, aucun dialogue n’est possible entre lui et le roi du Maroc.

    LES APPRÉCIATIONS SÉVÈRES DES MAROCAINS

    Côté marocain, la suspicion n’est pas moindre. Non pas que Mohammed VI se confie un tant soit peu aux très rares interlocuteurs américains qu’il reçoit. Mais ses proches le font pour lui. Or, ils sont sévères dans leur jugement. Selon leur lecture, la clé du dossier du Sahara occidental se trouve non pas à Tindouf, où siège les indépendantistes du Polisario, mais à Alger. Là-bas, expliquent-ils en juin 2009 au représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, le pouvoir est toujours entre les mains de généraux dogmatiques, incapables de bouger et « pétrifiés » à l’idée du plan d’autonomie présenté par Rabat.

    Faut-il miser sur le temps et attendre qu’une nouvelle génération soit aux commandes en Algérie pour résoudre le conflit au Sahara occidental ? Certains conseiller du roi en sont convaincus, mais pas le chef des services de renseignements extérieurs, Mohamed Yassine Mansouri. Dans un « mémo » du printemps 2008, il se dit convaincu qu’un changement de génération « pourrait compliquer la situation ». « L’ancienne génération qui a créé le problème est la mieux placée pour le résoudre », dit-il à son interlocuteur américain.

    Dans un télégramme de juin 2009, le même Mansouri confie que Rabat a demandé au président français Nicolas Sarkozy de faire en sorte « de n’être pas perçu, comme par le passé comme aussi pro-marocain sur le Sahara occidental ».

    C’était aussi le cas de l’administration Bush, « qui apparaissait trop favorable au Maroc ». A l’équipe diplomatique du président Obama, le patron des services d’espionnage fait observer qu’ »il ne serait pas très judicieux d’abandonner ses vrais amis au profit du pétrole ».

    Jean-Pierre Tuquoi

    Le Monde, 3 déc 2010

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Wikileaks, Etats-Unis, ONU,

  • L’Amérique, de l’unilatéralisme au terrorisme d’Etat : l’hyperpuissance s’affranchit du droit et de la raison

    par Abdelhak Benelhadj

    L’assassinat par un drone américain du général iranien Qassem Soleimani est un pas de plus conforme à une évolution entamée dès l’entame des années 2000, avec la réaction américaine à la destruction des Twin Tower en Afghanistan contre les talibans et en Irak contre le régime de Saddam Hussein.

    Récapitulation

    Au début des années 1990, l’effondrement de l’union Soviétique va laisser place à une « hyperpuissance » qui se pose au cœur d’une large coalition internationale dont elle prend la direction.

    L’opération « Tempête du désert » en janvier 1991 a été déployée dans le cadre d’une mission des Nations Unies avec une participation très large d’une « communauté internationale » qui admet à ce que le monde « bipolaire » est terminé.

    Ce faisant, Washington reconnaît les institutions internationales dans l’exacte mesure où elle est convaincue qu’elle en prend le contrôle avec le consentement peu ou prou du reste du monde.

    Mais dès le début des années 2000, cette conviction disparaît pour laisser place au doute. La disparition de B. Eltsine, le retour de la Russie d’un Poutine qui veut redonner à son pays une fierté perdue et l’émergence de la Chine comme puissance dominante sur le plan économique, commercial et technologique, virtuellement première à l’horizon 2030-2040, place l’Amérique sur la défensive.

    Les deux mandats Obama ne sont qu’un intermède trompeur qui cache ce que révèle la gouvernance Trump.

    De nouveau, les institutions internationales deviennent un handicape dont les Etats-Unis vont définitivement s’affranchir pour les remplacer par leur propre droit et leur propre justice auxquels, par la force, ils soumettent indifféremment adversaires et partenaires.

    L’exécution du général iranien Soleimani relève de ce droit que la Maison Blanche se donne sans en référer à personne d’autre qu’à elle-même. Pas même au peuple américain et à ses représentants.

    Non seulement les Etats-Unis ne quêtent plus l’agrément des Nations-Unies, mais en outre ils ne cherchent même plus à se poser en arbitres. « Avec nous ou contre nous » lançait en 2003 G. W. Bush à l’adresse de ceux qui s’opposaient à sa guerre en Irak, entreprise sans mandat, en dehors des Lois et Conventions internationales.

    Au bellicisme et à la mauvaise foi D. Trump ajoute un cynisme pragmatique.

    Pour contourner l’aval du Congrès, il recourt au qualificatif de « terroriste » pour désigner le général iranien afin de se couvrir juridiquement en invoquant les lois antiterroristes votées en 2001. Ces dispositions lui donnent toute liberté d’agir sans consulter le Congrès majoritairement démocrate.[1]

    Convenablement conseillé, et donc loin d’être le farfelu imprévoyant et fantasque que les médias se plaisent à décrire, D. Trump profite aussi du « flou » juridique international entourant l’usage des drones pour noyer d’éventuelles contestations dans des procédures aussi tortueuses, chronophages que dilatoires.

    Toutefois, contrairement à ses adversaires russes, chinois ou iraniens, le président américain, aussi rusé soit-il, s’imagine que la force dont il pense disposer le dispense d’intelligence.

    Stratégie contre-productive

    Depuis 1979 et la chute du Shah, les Etats-Unis commettent erreur sur erreur face à l’Iran des mollahs. Pas seulement : Washington est devenue une machine à se fabriquer des ennemis

    1.- Début décembre, des milliers de manifestants protestaient contre le régime. D. Trump avait alors accusé Téhéran d’avoir tué plus de 1000 manifestants par la répression « brutale » de la contestation qui a éclaté mi-novembre. Ce dissentiment n’est plus d’actualité grâce à l’opération américaine contre le général iranien. Cela renforce et conforte le pouvoir intérieur iranien.

    2.- La guerre qu’ils ont poussée l’Irak de Saddam Hussein à déclarer à son voisin en 1979 a renforcé Téhéran au lieu de l’affaiblir, permettant aux religieux de triompher de leurs adversaires politiques intérieurs et en consolidant leur mainmise sur la société iranienne.

    3.- En se débarrassant des Talibans en 2002, qui ont pourtant poussé les soviétiques à quitter l’Afghanistan, ils ont soulagé leurs frontières à Est. Et en détruisant S. Hussein et son régime, les Américains ont servi sur un plateau d’argent le pouvoir aux chiites irakiens qui aujourd’hui basculent dans les bras de l’Iran.

    4.- De plus, en abandonnant leurs frères syriens, les Américains mécontentent les Kurdes irakiens et perdent leur confiance. A supposer qu’ils l’aient eue un jour se souvenant d’avoir été abandonnés par B. Clinton début 1990.

    5.- Pour en revenir à l’actualité, l’attaque américaine pousse les Irakiens dans les bras de leurs voisins. Même Moqtada al-Sadr traditionnellement opposé à l’Iran se rallie à lui contre l’Amérique. Les médias ont minoré le fait que l’attaque américaine a fait d’autres victimes : c’est le cas de l’Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis. Le 4 janvier, des dizaines de milliers de personnes, dont le Premier ministre Adel Abdel-Mehdi et des chefs du Hachd, ont participé à ses obsèques.

    C’est ainsi qu’après le parlement, le gouvernement irakien réclame officiellement le départ des troupes américaines (environ 5200 soldats stationnés en Irak) ce qui ruine tous les efforts laissant accroire à une présence militaire sollicitée par Baghdad.

    Cette demande a fait immédiatement réagir D. Trump qui menace de rétorsions les Irakiens et confirme de ce fait que la présence américaine est bel et bien un acte de violence exercé sur un pays occupé contre sa volonté depuis 16 ans.

    « S’ils nous demandent effectivement de partir, si nous ne le faisons pas sur une base très amicale, nous leur imposerons des sanctions comme ils n’en ont jamais vu auparavant », a-t-il lancé.

    « Nous avons une base aérienne extraordinairement chère là-bas. Elle a coûté des milliards de dollars à construire. Nous ne partirons pas s’ils ne nous remboursent pas ! », a-t-il martelé.

    D. Trump oublie juste de préciser que les milliards de dollars dépensés sont des commandes adressées aux industries militaires américaines et n’ont que peu servi à l’Irak. N’est-ce pas après tout à cela que servent, pour l’essentiel, les guerres entreprises par les empires : créer des ennemis pour offrir des débouchés au système militaro-industriel ?[2]

    Le malheureux peuple afghan en paie le prix tous les jours depuis le XIXème siècle.[3]

    En 2017, les guerres d’Afghanistan, d’Irak et aujourd’hui de Syrie sont estimées cinq fois plus coûteuses que la première guerre mondiale, et deux fois et demie plus que la guerre du Vietnam. Les coûts, s’ils étaient consolidés, pourraient être bien supérieurs, certains chercheurs avançant des chiffres cumulés allant jusqu’à 12 000 milliards de dollars depuis 2001.

    12 000 milliards de dollars, c’est plus de 60 fois le PIB 2017 de l’Irak peuplé de 38 millions d’habitants.

    Pour le seul Afghanistan, de 2001 à 2017, les Etats-Unis ont dépensé plus d’argent que dans le plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe après 1945. Un pays détruit et des centaines de milliers de victimes : jamais, s’il l’avait voulu, Saddam Hussein n’aurait pu se prévaloir d’un tel bilan.

    Quels peuples seraient tentés après ça de supplier les démocraties qui gouvernent le monde de venir les aider à se débarrasser de leurs dictateurs?

    L’annonce du vrai-faux départ des troupes américaines d’Irak a donné lieu à des confusions dont l’administration US a le secret.

    Datée du 06 janvier une lettre a été adressée au ministère irakien de la défense l’informant du prochain départ des forces américaines. Cette lettre, démentie aussitôt par le pentagone, n’est pas venue de n’importe qui. Elle est l’œuvre du général William H. Seely III chef du commandement américain en Irak.

    Après avoir tenté à plusieurs reprises de la déclarer fausse, les autorités américaines ont été contraintes d’en reconnaître l’authenticité, mais en affirmant qu’elle a été envoyée par erreur. Pourquoi donc a-t-elle été rédigée ?

    Comprenne qui pourra

    Dans toute cette pitoyable affaire l’Europe et en particulier la France ont brillé par leur absence, leur irrésolution et leur veulerie.

    Certains membres de la coalition procèdent dans la précipitation comme le Canada au déplacement leurs effectifs. Si l’Allemagne déménage en Jordanie et au Koweit une partie de ses soldats, au demeurant peu nombreux au Proche-Orient et n’occupent pas de fonctions militaires offensives[4], la France macronienne louvoie, donne l’impression d’hésiter, parfois même de critiquer mais finit par se ranger derrière un président américain qui ne manque aucune occasion de se gausser de son homologue français tout à son image et à sa communication et qui plastronne dans le vide.

    Mardi 07 janvier, elle, proclame hautement qu’elle n’a pas l’intention de retirer ses soldats déployés en Irak. Etrange hommage rendu à la mémoire d’un Général de Gaulle, dont la France commémore cette année le 50ème anniversaire de sa mort. Oubliée la condamnation par J. Chirac (disparu il y a peu) de l’agression américaine de l’Irak en mars 2003.

    Il est vrai que ces déclarations imprudentes sont inaudibles. Les Français ont d’autres soucis, confrontés depuis plus d’un an à une crise sociale majeure aggravée par une grève générale d’une durée record de plus d’un mois qui paralyse ses réseaux de communication et trouble ses activités économiques.

    A qui profite le crime ?

    Donald Trump s’est fait beaucoup d’ennemis en très peu de temps. Il conserve cependant un ami unique, avec lequel il partage son sort et son infortune.

    Le président américain, cela n’a échappé à personne, est en année électorale et toute dramatisation qui trouble le monde est à son avantage, selon le réflexe bien connu resserrant autour des dirigeants de leur pays les peuples en guerre.

    Le problème est qu’il est en conflit larvé avec son opposition démocrate qui veut le traduire devant les tribunaux pour des faits remontant aux conditions de son élection (il s’agit notamment de l’utilisation des services de l’Etat pour pousser l’Ukraine à discréditer un des ses adversaires). Cela au point qu’il est sous le coup d’une procédure d’impeachment.

    La situation de son compère israélien est aussi grave. Netanyahu n’arrive pas à se faire réélire. Le système électoral israélien (similaire à celui que la France a connu sous la IVème République) autorise toutes les magouilles et lui permet de retarder l’échéance.

    Sa situation est d’autant plus critique qu’il est menacé par la justice de son pays qui lui demanderait aussitôt des comptes s’il cessait d’occuper ses fonctions. M. Netanyahu joue sa survie politique après avoir été inculpé de « malversation », « abus de confiance » et « corruption ».

    Lui aussi a un intérêt particulier à ce qu’un environnement de crise persiste dans la région.

    Mais derrière ces vaudevilles, il y a des enjeux autrement plus préoccupants.

    Le 04 décembre dernier Benjamin Netanyahu s’est entretenu à Lisbonne avec le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo pour lui demander « d’accroître la pression » sur l’Iran.

    « Le premier sujet que je vais soulever c’est l’Iran, le deuxième aussi et le troisième aussi », disait-il obsédé par ce pays, juste avant l’entretien dans un hôtel de la capitale portugaise. « Nous avons la chance que le président Trump mène une politique cohérente de pression contre l’Iran »

    « Nous voyons l’empire iranien vaciller. Nous voyons des manifestations à Téhéran, à Bagdad et à Beyrouth. Il est important d’accroître cette pression », avait-il dit à son départ pour le Portugal, affirmant vouloir prolonger avec M. Pompeo une discussion téléphonique engagée dimanche 1er décembre avec M. Trump.

    « Nous avons discuté des efforts pour contrer l’influence déstabilisatrice de l’Iran dans la région (…) et d’autres sujets liés à la sécurité d’Israël », a résumé ensuite M. Pompeo sur Twitter.

    Poker menteur

    Certes, les réseaux sionistes influents aux Etats-Unis participent de manière décisive dans ces décisions. Mais on aurait tort cependant de déduire une dépendance totale et unilatérale de Washington à l’égard d’Israël. Tous deux ont des intérêts communs et étroitement imbriqués. Ce sont ces intérêts qui priment.

    Le paysage géostratégique régional n’a pas changé depuis 2010 et le début des événements de Tunisie. Le feu s’est étendu rapidement alors dans tous les pays, du Maghreb à la Syrie.[5]

    L’objectif principal des Etats-Unis et d’Israël et de neutraliser les influences russes et iraniennes dans la région. Ce pourquoi l’axe Hezbollah-Syrie-Iran est leur objectif principal.

    A l’évidence toutes les actions menées ont échoué.

    Toute la question est de savoir si Washington est disposé de faire monter les enchères et prendre des risques qu’il s’est jusque-là abstenu d’oser. L’Iran n’est pas du même calibre que l’Afghanistan, l’Irak ou la Syrie.

    Faire la guerre à l’Iran c’est ouvrir un front dans tout le Proche Orient : Liban, Irak, Syrie, Yémen… avec des impacts imprévisibles et incalculables sur toute la région et au-delà, avec notamment des flux de réfugiés massifs et incontrôlables qu’aucun « mur » ne saurait arrêter.

    Cela fragiliserait les « alliés », les pétromonarchies, l’Egypte, la Jordanie et tous les pays alignés sur Washington et compromettrait l’évolution en cours. Celle de ces pays du Golfe arabo-persique à l’Atlantique qui justement se rapprochent à reculons de l’Etat (désormais) « juif », à l’insu de leurs opinions publiques.

    Pour ce qui concerne le pétrole, il faut dire que la situation n’est plus celle du début ou de la fin des années 1970. Le paysage a beaucoup changé.

    Naturellement, le Proche Orient occupe une place de choix dans la production et l’exportation de l’énergie fossile. Cependant, la géographie des hydrocarbures s’est bien diversifiée.

    1.- l’Amérique est devenue le premier producteur mondial, grâce au pétrole de schiste (suivie par l’Arabie Saoudite et la Russie)

    2.- Elle ne dépend plus du pétrole saoudien

    3.- Il y a une surabondance de pétrole sur les marchés.

    L’économie mondiale a notablement réduit sa consommation d’énergie qui ne dépend plus seulement des hydrocarbures.

    Toutefois, tout événement dramatique a un impact immédiat sur les marchés. C’est d’autant plus dangereux que l’économie mondiale est assise sur un volcan financier débiteur de plusieurs milliers de milliards de dollars dont beaucoup de créances douteuses. Il est rare qu’une crise financière se produise en année électorale américaine. Mais les apprentis sorciers, illusionnés par les pouvoirs que confère la force militaire ne manquent ni d’imagination ni de capacités illimités de faire des bêtises.

    Notes :

    [1] Non pas, cela tombe sous le sens, que les Démocrates auraient été plus amènes envers l’Iran ou la Palestine. Les Américains savent depuis longtemps que rien de particulier ne distingue les Républicains de leurs adversaires, encore moins quand il s’agit de politique étrangère surtout à l’égard des pays du Proche-Orient où le parti pris en faveur d’Israël est proclamé de manière ostentatoire et provocante.

    [2] On se souvient des procès retentissants, aujourd’hui oubliés, contre les marchands de canons après l’élection de Roosevelt au début des années trente, les accusant d’avoir impliqué au regard de leurs seuls intérêts leur pays dans la première guerre mondiale.

    [3] L’armée américaine a trois fois plus d’employés militaires privés que de soldats en Afghanistan.

    [4] Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas avait reconnu que le retrait des troupes occidentales d’Irak était «une réflexion que nous devons tous avoir» au vu du contexte. «Car il n’y a aucun pays membre de la coalition anti-EI qui veuille rester en Irak s’il n’y est pas désiré», a-t-il ajouté, en référence au vote dimanche 05 janvier par le Parlement irakien d’une motion demandant le retrait de la coalition internationale du pays.

    [5] Cf. Abdelhak Benelhadj : « Pourquoi l’Amérique s’attaque à l’Iran ?». Le quotidien d’Oran, J. 16 mai 2019.

    Le Quotidien d’Oran, 9 jan 2020

    Tags : Etats-Unis, Iran, terrorisme,

  • Libye : La Tunisie dit non à la Turquie

    Action militaire contre la Libye: le Non de la Tunisie à la Turquie

    Selon le journal en ligne libanais, al-Masdar News, la Tunisie n’autorisera pas la Turquie à utiliser son territoire pour intervenir en Libye.

    La porte-parole de la présidence tunisienne, Rachida Ennaifer a confirmé ce mardi que son pays refusait « catégoriquement » l’utilisation de son territoire dans le conflit libyen.

    « La Tunisie rejette catégoriquement toute ingérence étrangère en Libye, y compris l’intervention turque, qui est la position de principe de la Tunisie dès le début. Cette démarche n’a pas changé et ne changera pas », a-t-elle réitéré.

    À la question de savoir si la Turquie est autorisée d’utiliser le territoire tunisien pour intervenir militairement en Libye, Rachida Ennaifer s’est exprimée en ces termes :

    « Tunis ne pourra permettre à Ankara d’utiliser le territoire tunisien et la réponse du président tunisien Kaïs Saïed, à l’adresse de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a été explicite à ce sujet ».

    Elle a ajouté que « la souveraineté de n’importe quel pouce du sol tunisien n’est pas soumise à négociation », notant que des consultations sont toujours en cours concernant la possibilité de la participation de la Tunisie à la Conférence de Berlin sur la Libye. Lundi,6 janvier, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu a déclaré que la Turquie enverrait des « experts militaires et des équipements techniques » pour soutenir le gouvernement internationalement reconnu en Libye.

    PressTV

    Tags : Libye, Tunisie, Turquie, Erdogan, Haftar, Tripoli,

  • Tunisie : Ghannouchi espère que le gouvernement Jemli obtienne la confiance du Parlement

    – Pour le président du Parlement, “il faut mettre fin au vide et passer l’étape du gouvernement intérimaire”

    Meher Hajbı |

    09.01.2020

    AA – Tunis – Yemna Selmi

    Le président du Parlement tunisien, Rached Ghannouchi a espéré que le gouvernement Habib Jemli obtienne la confiance du Parlement lors de la session plénière du vote de confiance, vendredi.

    Dans un communiqué rendu public, jeudi, le président du Parlement a prôné “la nécessité de mettre fin au vide et passer l’étape du gouvernement intérimaire”.

    Ghannouchi a appelé les blocs parlementaires à “assumer leur responsabilité de présenter au peuple le gouvernement qu’il mérite”.

    “Aujourd’hui, le vide gouvernementale nuit aux relations étrangères, a-t-il poursuivi. Un éventuel échec de l’obtention de confiance pour le gouvernement Jemli fera que le Président de la République choisisse une personnalité capable de rassembler la majorité autour de lui et d’unir les Tunisiens.”

    En vertu de la Constitution tunisienne, si le chef du gouvernement désigné par le parti vainqueur des élections échoue à obtenir la confiance du Parlement, le Président de la République nommera une personnalité indépendante pour former un nouveau gouvernement.

    En effet, le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, avait dévoilé, jeudi dernier, sa formation gouvernementale incluant 28 ministres et 14 secrétaires d’État, alors que le gouvernement actuel (sortant) compte 30 ministres et 10 secrétaires d’État.

    Samedi, le Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a décidé de tenir une séance plénière, vendredi 10 janvier, pour un vote de confiance aux membres du gouvernement Jemli.

    Pour ce faire, le gouvernement Jemli aura besoin de la majorité absolue de 109 voix sur 217, toutefois, son sort demeure mystérieux alors que la majorité des blocs parlementaires ont annoncé leur intention de ne pas voter pour lors de la séance de vote de confiance au Parlement.

    Il est à rappeler que l’ARP compte 8 blocs parlementaires, à savoir : Ennahdha (54 sièges), le Bloc démocrate (41 sièges), Au cœur de la Tunisie (38 sièges), la coalition Al-Karama (21 sièges), le Parti destourien libre (17 sièges), la Réforme nationale (15 sièges), Tahya Tounes (14 sièges), Al-Moustaqbal (9 sièges), ainsi que 29 députés indépendants.

    Anadolou

    Tags : Tunisie, Habib Jemli, gouvernement, Parlement,

  • Algérie : Tripoli, une «ligne rouge» à ne pas franchir

    Un marathon diplomatique pour proposer de nouvelles initiatives

    L’Algérie a entamé un marathon diplomatique pour proposer de nouvelles initiatives politiques en vue d’une solution à la crise libyenne, alors que les bruits de bottes en Libye font craindre un embrassement de toute la région.

    Dans la foulée de l’escalade militaire en Libye, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu lundi le chef du Gouvernement d’Union nationale (GNA), Fayez El- Seraj, pour discuter d’une solution politique en Libye, «loin de toute ingérence étrangère».

    Le tête-à-tête Tebboune-Serraj a permis d’évoquer «les vues sur les outils et moyens idoines» pour rétablir rapidement la paix en Libye, a indiqué un communiqué de la Présidence algérienne.

    L’entretien a été l’occasion pour l’Algérie d’appeler la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité de l’ONU, à assumer leurs responsabilités pour imposer un cessez-le-feu immédiat.

    Le président Tebboune qui a rappelé la position constante de l’Algérie vis-à-vis de la crise libyenne, reposant sur le principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats, a réitéré son «attachement à préserver la région de toute ingérence étrangère».

    Alger qui s’inquiète des conséquences des multiples interventions en Libye, a exhorté «les parties étrangères à cesser d’alimenter» le conflit en mettant fin au soutien militaire accordé aux belligérants libyens en violation de l’embargo sur les armes décrété par l’ONU.

    A New York, juste après l’appel d’Alger à mettre fin aux interférences étrangères en Libye, l’émissaire de l’ONU, Ghassan Salamé a exprimé sa colère en demandant à «tous les pays de rester hors du conflit».

    A l’issue d’une réunion de deux heures au Conseil de sécurité, M. Salamé a réclamé une énième fois «l’arrêt des interférences étrangères sous différentes formes».

    «Ce que je demande à ces pays est très clair : restez hors de la Libye», a-t-il déclaré à la presse qui l’a interrogé sur le déploiement militaire turc en Libye.

    Alors que la situation se complique sur le terrain, l’Algérie a considéré «Tripoli comme une ligne rouge à ne pas franchir».

    De son côté, le GNA, par la voix de son chef, a exprimé sa pleine confiance dans les efforts déployés par l’Algérie pour parvenir à une solution politique au conflit libyen. La visite du chef du GNA a coïncidé avec l’arrivée à Alger du chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, pour discuter des moyens pour transcender la crise actuelle. M. Cavusoglu a été reçu mardi par le président Tebboune pour discuter des derniers développements survenus sur la scène libyenne.

    La veille, le président Tebboune a échangé avec la chancelière allemande Angela Merkel, sur la situation en Libye.

    L’entretien téléphonique entre les deux dirigeants a porté sur les perspectives de paix en Libye et la nécessité de trouver une solution politique à la crise libyenne. La chancelière allemande a adressé une invitation officielle à l’Algérie pour prendre part à la Conférence de Berlin sur la Libye, présentée par l’ONU comme la réunion de la dernière chance. La date de cette rencontre prévue en janvier n’est toujours pas arrêtée.

    Au demeurant, la position de non-ingérence dans les affaires internes des Etats, réaffirmée lundi par le président Tebboune, est puisée de «la Constitution algérienne qui définit les éléments de la doctrine militaire de la défense nationale», a commenté le Pr Mhend Berkouk, spécialiste dans les études stratégiques et sécuritaires.

    «Il y a une convergence de convictions et de positions entre les institutions de l’Etat algérien : l’armée nationale est une armée républicaine qui a pour tâche de défendre la République, son intégrité territoriale et son unité nationale», a -t-il expliqué dans une intervention sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.

    «L’Algérie, qui privilégie les solutions politiques, a toujours refusé de se faire entraîner militairement dans des conflits régionaux», dira-t-il en substance.

    «Le passage de l’Algérie à la légitimité démocratique à la faveur de la présidentielle du 12 décembre 2019 conforte l’Algérie, lui permettant de reprendre rapidement son rôle diplomatique à l’échelle internationale et sa position incontournable dans la région», a-t-il ajouté.

    Les Débats, 9 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, Tripoli, Haftar,

  • Le Maroc et le Mossad (4 épisodes du Journal Hebdo)

    Le Maroc et le Mossad 

    Dès le début des années 60, le Maroc et les services secrets israéliens ont tissé des liens. Ils débutèrent avec la question de l’exode des juifs marocains vers Israël pour s’étendre à une coopération plus étroite.

    L´histoire des relations entre l’un des services secrets les plus emblématiques du monde, le Mossad israélien, et le royaume chérifien remonte aux premières années de l’indépendance du Maroc. A l’époque, Israël, polygone territorial façonné par les grandes puissances au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, recherche à tout prix des moyens de survivance dans un environnement arabe en ébullition et forcément hostile. L’Etat hébreu est conscient que son avenir dépend avant tout de sa démographie et de sa capacité à entretenir des relations stratégiques avec nombre de jeunes nations encore non-alignées. Le Maroc correspond aux desseins des sionistes.

    Selon Agnès Bensimon, auteur du célèbre « Hassan II et les Juifs », c’est parce que les services secrets israéliens ont fourni des renseignements très précis quant à un complot visant à tuer le prince héritier en février 1960 que les relations entre le Maroc et Israël ont débuté. L’historien Yigal Bin-Nun dément une telle version des faits. Pour lui, c’est en 1963 que la coopération officielle entre les deux pays a commencé.

    Quel intérêt pour Hassan II ?

    Les Israéliens avaient contacté Emile Benhamou, un ami d’enfance de Mohamed Oufkir, afin qu’il les fasse entrer en contact avec le chef des services de sécurité marocains. Après plusieurs tentatives, la rencontre est finalement arrangée en février 1963 chez Benhamou lui-même, rue Victor Hugo à Paris, entre l’agent Yaakov Karoz et Oufkir. Les Marocains craignent qu’un membre de l’opposition ne se fasse passer pour un représentant du Palais pour acheter des armes. Le Mossad confirmera plus tard qu’il s’agissait d’une fausse alerte. Les relations entre le Maroc et Israël deviennent dès lors officielles. Hassan II craignait que son trône ne soit menacé par le panarabisme. Il faisait mine de sympathiser avec la vague nassérienne qui submergeait le monde arabe ; en réalité, il le faisait pour ne pas se laisser distancer par l’opposition. Selon Yigal Bin-Nun, le Roi a peut-être voulu se rapprocher d’Israël parce qu’il était attiré par ce qu’on appelait alors le « miracle israélien ». Beaucoup étaient fascinés par la capacité qu’avait eu ce jeune Etat à « fleurir le désert », selon l’expression consacrée. L’inexistence des relations israélo-arabes était propice à un rapprochement entre le Palais et les dirigeants israéliens, d’autant plus que Ben Gourion avait décidé d’opter pour la politique dite des Etats périphériques : il fallait développer une ceinture d’Etats lointains mais conciliants.

    L’intrusion du Mossad au Maroc s’est faite par des voyages clandestins de nombreux agents du Mossad et de leur chef Isser Harel, entre 1958 et 1960. Le premier eut lieu le 1er septembre 1958. Si les autorités marocaines eurent vent de sa visite, elles n’en laissèrent rien paraître, préparant ainsi le terrain à « l’accord de compromis » conclu entre le Palais et Israël favorisant l’exode des Juifs marocains. Plus tard, les officiers Oufkir, Dlimi et bien d’autres se rendirent clandestinement en Israël et des politiques et militaires israéliens firent durant de longues années le chemin inverse.

    Des liens ambivalents

    Les archives nationales d’Israël regorgent de documents historiques qui retracent ces liens. Les Marocains auraient souvent demandé aux Israéliens de les renseigner sur les Etats arabes favorables à un renversement de la monarchie alaouite. Israël aurait aussi soutenu le Maroc dans sa « Guerre des Sables » avec l’Algérie en livrant des blindés . Des officiers de Tsahal et du Mossad ont formé et encadré la jeune armée royale et les services de sécurité dont le célèbre Cab-1, l’embryon de la DST. En retour, et malgré l’envoi de troupes au Golan jugé « anecdotique », le Maroc n’a eu de cesse de normaliser l’existence de l’Etat hébreu auprès du monde arabe, en jouant par exemple un rôle capital dans l’accord de paix avec l’Egypte qui coûta la vie à Anouar Sadate ou encore d’ouvrir à Rabat et à Tel-Aviv des antennes diplomatiques. Plus récemment, Israël aurait continué à aider « technologiquement » le Maroc au Sahara, notamment dans la sécurisation du Sud par la construction du Mur de défense, ceinture modernisée de la fameuse ligne Barleev expérimentée dans le Sinaï ou diplomatiquement via le lobby pro-israélien aux Etats-Unis.

    Hassan II, Descartes et l’Etat hébreu

    La longue et tumultueuse histoire des relations entre Israël et le Maroc est marquée par une émigration progressive des Juifs marocains vers la « Terre promise ». Une émigration tolérée à la veille de la création de l’Etat d’Israël dans les années 48-49, clandestine à l’orée de l’indépendance marocaine et monnayée à partir de 1961 par le gouvernement marocain néo-indépendant. Un processus ayant pour corollaire les circonvolutions inhérentes à la politique interne marocaine et à l’analyse du phénomène par un homme, le défunt Roi Hassan II.

    De 1956 à 1961, le gouvernement marocain est dans une logique de durcissement quant à la liberté de circulation de ses ressortissants israélites. Des mesures restrictives accompagnées de brimades administratives (fin des relations postales entre les Etats) inquiètent fortement les gouvernements israéliens à cette période. Si les exactions commises à l’encontre de la minorité juive sont rares, Israël est dans une logique de peuplement de ses territoires, une logique dans laquelle la communauté marocaine constitue un réservoir important. C’est dans ce climat tendu que le prince Moulay Hassan, Premier ministre de fait, accomplit une visite au Caire, où il y rencontre le raïs Gamel Abdel Nasser qui lui promet soutien et collaboration, un rapprochement qui agace fortement l’Etat hébreu. Imaginer des solutions pour exfiltrer les ressortissants juifs devient dès lors une priorité pour Israël, mais la voie diplomatique devait être maintenue coûte que coûte. C’est dans ce cadre que l’éditeur français René Julliard organisa le 2 décembre 1959 une rencontre entre le consul d’Israël à Paris, Mordekhay Shneurson, et l’ambassadeur marocain Abdellatif Benjelloun.

    Une discussion tendue s’engagea entre les deux hommes et le consul israélien, dans une lettre adressée au directeur de cabinet de la ministre des Affaires étrangères, conclut de la manière suivante : « Cet entretien prouve qu’il n’y a aucun bénéfice dans nos tractations actuelles avec les Marocains. Tous nos efforts n’aboutissent à rien, il ne reste que l’action ». La solution politique s’éloignait, elle sera ravivée quatre mois plus tard par un canal inattendu. L’opposant marocain Mehdi Ben Barka prendra attache avec les Israéliens dans un contexte politique national extrêmement tendu. En mars 1960, Ben Barka assurera les Israéliens de sa défiance envers le régime de Nasser et de son admiration pour le modèle socialiste israélien. Il demandera un soutien moral et financier dans sa lutte contre le régime de Hassan II. Dès lors, les officiels israéliens demeureront quatre mois durant dans une logique dubitative. Fallait-il maintenir le contact avec un gouvernement marocain fermé aux discussions ou envisager une solution alternative mais plus risquée avec l’opposition au régime ? La réponse viendra du prince Moulay Hassan qui jeta les ponts à une ouverture progressive des frontières pour les ressortissants juifs marocains. Moulay Hassan exigea la discrétion absolue sur le sujet et rencontra à Rabat l’envoyé officieux du gouvernement israélien, le représentant du Congrès juif mondial Alexandre Easterman. Le prince eut alors l’analyse suivante, une analyse à deux niveaux qui permettra d’amorcer les modalités définitives d’un accord entre les deux parties. D’un côté, il craignait que si les portes de l’émigration s’ouvraient, les Juifs ne quitteraient en masse le pays et par conséquent un grave problème économique se déclenche. Même si un petit nombre seulement de Juifs quittait le Maroc, ils seraient rapidement imités par d’autres, ce qui risquait de provoquer « une force grégaire ». Mais le futur Roi contrebalança cet argument par une analyse pragmatique sur l’avenir de la communauté juive au Maroc : « soyons réalistes, l’expérience nous a appris que dans le processus de développement de pays venant d’accéder à l’indépendance, la classe défavorisée de la population, désenchantée par les difficultés, s’attaque d’abord aux étrangers, ensuite elle s’en prend aux minorités religieuses »(1). Avec cet argument, Moulay Hassan rejoignait les thèses alarmistes du Mossad sur la précarité à long terme de la communauté. Dès lors un accord dédommageant le pays de la perte d’une partie de ses forces vives, d’une élite productive mais qui aurait du mal à s’intégrer dans le Maroc indépendant, pouvait sérieusement être envisagé. Cette attitude permit au futur Roi de s’installer de manière pérenne dans un sillage moderniste. Analysant la position paternaliste de son père le roi Mohammed V à Easterman, le prince décrivit à froid son futur positionnement quant à la question israélienne : « Il ne pense pas comme vous et moi. Nous sommes des Occidentaux et lui, contrairement à nous, n’examine pas la question d’une manière cartésienne ». Une position confortable pour les deux parties. Pour Israël, elle permettait d’asseoir les relations avec un pays arabe éloigné du Proche-Orient et qui pourrait faire office d’intermédiation en cas de conflit (il en sera ainsi de même avec la Turquie et la Jordanie).Ben Barka était dans la même logique mais l’éviction quelques mois plus tard du gouvernement socialiste d’Abdallah Ibrahim et l’arrivée officiellement aux affaires du prince comme Premier ministre sonneront le glas d’une option qui avait très peu de chances d’aboutir.

    Ben Barka et Israël

    « Je sais qui a tué Ben Barka, je sais pourquoi et je sais où son corps se trouve aujourd’hui ». Yigal Bin-Nun dit ce qu’il veut bien dire de « l’affaire Ben Barka ». L’historien prépare un livre sur l’icône de la gauche marocaine et dit ne pas souhaiter voir ses révélations faire la Une des journaux sans véritable appareil argumentatif. Tout ce que l’on saura, c’est que Mehdi Ben Barka a été tué par erreur et que son corps repose quelque part en France. Que la fameuse histoire de la cuve est fausse et que le livre de Boukhari est un tissu de boniments. Qu’il n’y a rien sous la mosquée de Courcouronnes. Que Mohamed Oufkir n’a probablement rien à voir avec l’enlèvement et l’assassinat et que le seul nom récurrent est celui de Dlimi. Que tout a été organisé par Miloud Ettounsi, alias « Chtouki »…

    Bien plus que « saheb lihoud »

    Mais ce n’est pas tout. Yigal Bin-Nun veut bien donner quelques détails sur un autre sujet explosif : les relations de Mehdi Ben Barka avec Israël et le Mossad. Il affirme que Ben Barka était bien plus que « Saheb Lihoud » ; il aurait eu des contacts presque quotidiens avec le Mossad, notamment avec le numéro 2, Yaakov Karoz. Des relations idylliques qui commencèrent à se ternir lorsque Ben Barka parla ouvertement de prendre le pouvoir au Maroc et demanda non seulement de l’argent, mais aussi des armes à Israël. De là date la rupture supposée entre le Mossad et lui, qui explique les propos véhéments contre la présence d’Israël dans les pays d’Afrique et d’Asie lors d’un discours qu’il a tenu au Caire en 1963. Mehdi Ben Barka, tel que le décrit Yigal Bin-Nun, était également attiré par le modèle de développement israélien. Il aurait demandé à ses interlocuteurs du Mossad des livres pour apprendre l’hébreu ainsi que des manuels concernant le développement rural et agricole en Israël afin de s’en inspirer au Maroc. Le chercheur israélien s’est basé sur des témoignages d’acteurs de l’époque toujours en vie, mais aussi et surtout sur les archives déclassifiées de l’Etat hébreu. La relation de Mehdi Ben Barka avec Israël, daterait de mars 1960. Deux documents des comptes rendus classés aux archives nationales du ministère israélien des Affaires étrangères Israélien, dont l’auteur est André Chouraqui, dirigeant de l’Agence juive, rapportent le contenu des rencontres entre ce même André Chouraqui et Mehdi Ben Barka à Paris en Mars 1960. Le contexte politique marocain est pour le moins tendu. Le gouvernement Abdallah Ibrahim et Mehdi Ben Barka sont en conflit ouvert avec le prince héritier Moulay Hassan. Dans l’un des comptes rendus, Chouraqui écrit : « Au cours de son voyage en Orient, le sultan a mis Ibrahim à l’écart des conversations avec Nasser et les autres souverains du Proche-Orient ».

    Le Sultan est revenu transformé au moins sur ce point. Il sait qu’on peut gouverner un Etat seul et « au besoin » en mettant en prison des milliers de personnes. Ibrahim, par contre, a vu que la politique arabe dont il était l’instigateur n’est plus payante et qu’elle se retourne actuellement contre lui ; d’où, pour lui et ses amis, la nécessité de trouver de nouvelles alliance. Il les cherche alors du côté de l’Occident, des juifs et des forces de gauche.

    « Selon ce document, Mehdi Ben Barka affirmait à ses interlocuteurs que le gouvernement Ibrahim avait pris position pour le général Kassem, président de l’Irak dans le conflit qui l’opposait à Gamal Abdenasser au sein de la Ligue Arabe. Mehdi Ben Barka aurait dit lors de ces rencontres que le mouvement qu’il représentait avait fait le choix de la démocratie que pouvait représenter le général Kassem et les pays africains qui se démocratisaient, plutôt que de suivre le modèle nassérien anti-démocratique.

    Rencontres soutenues

    D’après le document, Ben Barka aurait proposé une solution pratique à un problème qui embarrasse Israël et la communauté juive marocaine : la rupture des rapports postaux entre Israël et le Maroc. Résultat de l’adhésion du Maroc à la Ligue Arabe, cette rupture avait suscité la mobilisation des organisations juives. Un intense travail de lobbying avait été effectué.

    Pourquoi le leader du progressisme marocain fait-il autant d’efforts vis-à-vis des lobbies pro-israélien et d’Israël lui-même ? Dans ce fameux document, André Chouraqui écrit : « La deuxième chose qui résulte de ce premier entretien avec Ben Barka est que celui-ci a, avec empressement, accepté l’invitation de visiter Israël. Si cela se réalise, cela aura des conséquences lointaines non négligeables. Ben Barka, en s’ouvrant à nous, attend de nous un appui moral auprès des Juifs marocains et, très probablement aussi, un appui matériel s’il entre en guerre ouverte contre la monarchie. Il aura besoin d’argent et d’armes. Il m’a laissé entendre cela d’une manière assez claire ». Selon les archives israéliennes, André Chouraqui organisera, le 26 mars 1960 à Paris, une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Yacoov Karoz , numéro deux du Mossad. Yigal Bin-Nun produit à l’appui de sa thèse un autre document d’archives provenant du Congrès mondial Juif (CMJ). Il s’agit là aussi d’un compte rendu d’une rencontre entre Mehdi Ben Barka et Alexandre Easterman du CJM, à Paris le mardi 5 avril 1960. Selon ce document, c’est à la demande du leader marocain que la rencontre eut lieu. Easterman y rapporte l’argumentaire déployé par Ben Barka pour s’assurer l’aide du CJM dans son combat contre le pouvoir réactionnaire représenté par la monarchie marocaine. Ben Barka aurait évoqué une fois encore, l’opposition de son mouvement à la politique anti-démocratique de Nasser, et le soutien dont il jouit auprès de nombreux pays africains. Alexandre Easterman écrit avoir questionné Ben Barka sur la rupture des rapports postaux entre le Maroc et Israël, le refus de permettre de délivrer des passeports aux Juifs marocains pour leur permettre d’émigrer en Israël et le refus d’Abdallah Ibrahim de le recevoir quand il s’était rendu au Maroc. Ben Barka aurait évoqué là aussi les forces réactionnaires qui rendent toute politique d’ouverture impossible vis-à-vis d’Israël. Il aurait promis à son interlocuteur qu’il s’arrangerait pour que Abdallah Ibrahim le rencontre lors de sa prochaine visite au Maroc.

    Selon ce compte rendu, Mehdi Ben Barka a réitéré sa demande d’assistance. « Il (Mehdi Ben Barka) espérait que le CJM allait se joindre aux autres éléments libéraux pour soutenir son groupe par tous les moyens, et que c’était dans l’intérêt des Juifs que le Congrès devait le faire. Je lui ai demandé ce qu’il entendait par soutien, et il a répondu :  »Soutien moral et matériel ». Il n’a pas précisé ce qu’il entendait par là et je ne lui ai pas demandé », rapporte Easterman dans ce document. En conclusion, le dirigeant écrit très cyniquement : « J’ai appris à Paris que Ben Barka avait rencontré nombre de personnes et de délégations juives durant ces dernières semaines. Il apparaît donc qu’il ne m’a pas accordé un privilège spécial en me rencontrant si ce n’est le fait de s’être déplacé chez moi plutôt que le contraire. » Et d’ajouter : « La nouvelle, et sans précédente sollicitude de Ben Barka à l’égard des Juifs, montre indubitablement sa volonté de nous rassurer, à la lumière de ce qui s’est récemment passé au Maroc. Ses promesses de tout arranger signale son souhait d’obtenir un soutien juif, quel que soit le sens qu’il donne au mot soutien. D’un autre côté, tout ceci suggère que sa position est bien plus faible qu’il ne veut nous le laisser croire. »

    « Affirmations gratuites »

    « Tout cela est ridicule. Ce sont des affirmations gratuites qui ne se fondent sur aucune analyse historique ou sociale correcte. Tous ceux qui connaissaient Mehdi Ben Barka savent que c’est faux. Il a été l’un des premiers à ériger le problème palestinien en problème national. Nous n’accordons aucun crédit à ces élucubrations ». Béchir Ben Barka n’a pas de mots assez durs pour qualifier les affirmations de Yigal Bin-Nun. Même réaction chez Brahim Ouchelh, l’ancien adjoint du Fkih Basri, qui refuse catégoriquement l’éventualité d’une telle relation entre Mehdi Ben Barka et les Israéliens.

    « Hoche », l’agent du réseau de la Misgeret

    « Faire partir les gens ». C’est avec sobriété qu’il décrit l’émigration clandestine des juifs du Maroc vers Israël. Il ne semble pas prendre la mesure de ce qui s’est passé, ni en évaluer l’importance. Il souhaite pourtant garder l’anonymat : une peur, ou plutôt une prudence héritées des années où il a travaillé comme agent actif de la branche du Mossad qui s’occupait de « l’évacuation ». Il accepte qu’on l’appelle « Hoche », l’un des nombreux noms de code qu’il a dû porter à cette époque.

    Hoche est né à Fès en 1932. Fils d’un militaire français (« nous, on n’est pas des Français du décret Crémieux ») et d’une mère marocaine, il fait son service militaire pour « voir du pays ». De retour au Maroc après être passé par l’Indochine, l’Egypte et le Liban, il est recruté, par l’intermédiaire de l’un de ses amis, pour faire partie du Mossad et aider à évacuer les juifs du Maroc vers Israël. « Je devais garder le secret absolu. On devait jurer sur la Torah qu’on ne dévoilerait rien de nos activités ; c’était un véritable rituel, une cérémonie où l’on ne voyait pas le colonel de l’armée israélienne qui supervisait tout ça ». En 1955, il est envoyé un mois et demi en Israël pour participer à un stage de formation collectif. « On nous a mis dans des camps isolés et clandestins, dont personne ne connaissait l’existence. On nous apprenait à nous battre et à nous défendre, à mener les opérations sans jamais nous faire repérer par la police. Nous étions une cinquantaine en tout et nous ne devions pas nous parler, ni connaître nos vrais noms ». Il se souvient que Moshé Dayan et Isser Harel sont venus les voir pour leur parler et les encourager. De retour au Maroc, il est affecté à « l’Etat-major », à Casablanca, dont les réunions se déroulent dans un appartement de l’immeuble Liberté.

    C’est là qu’il reçoit les premiers ordres : superviser les opérations d’évacuation toutes les deux semaines environ, sans intervenir lui-même, sauf en cas de problème. « Nous arrivions la nuit sur une plage isolée. Nous attendions que le bateau nous envoie des signaux lumineux pour lui renvoyer un message codé. Les gens qui voulaient partir venaient de partout, de Marrakech, d’Essaouira. On en a fait des choses… ». Mais l’événement dont il est le plus fier s’est déroulé une nuit où il a utilisé sa voiture personnelle et a refusé de la faire entrer trop avant vers la plage, de crainte que quelqu’un ne note le numéro de sa plaque d’immatriculation et ne découvre son identité. Cette nuit-là, le reste des voitures des agents du Mossad a été encerclé par des Marocains -« les Arabes », comme les appelle Hoche-qui avaient observé le va-et-vient des bateaux et des véhicules et qui pensaient qu’il s’agissait de contrebandiers. Ils avaient donc bloqué la sortie en l’obstruant à l’aide de gros rochers. Il se trouve que cette nuit est celle qu’a choisie Isser Harel, le chef du Mossad en Israël, pour voir comment se passait l’émigration clandestine au Maroc. Sans la voiture de Hoche à l’extérieur, Harel était découvert. Hoche et le chef du Mossad se sont donc faufilés jusqu’au véhicule et ont réussi à se diriger vers l’aéroport où Harel est parti pour la France, puis pour Israël.

    Mais après le démantèlement du réseau de la Misgeret, Hoche décide de s’installer en Israël après un séjour de quelques mois en France. Il effectue un stage au ministère de la Défense israélien pendant deux ans mais est très vite confronté à la réalité de la société israélienne de l’époque : « J’étais suivi par une Polonaise, alors, moi évidemment, qui venais du Maroc… Aujourd’hui, il paraît que ça a changé. Mais je peux vous dire que pour les juifs d’Afrique du Nord, ce n’était pas facile. Un jour, on m’a même dit « Ici, on n’aime pas les Noirs ». C’est comme ça qu’ils appelaient les sépharades ». Hoche perd l’illusions d’une vie paisible en Israël et s’installe en France. Aujourd’hui, il nie avoir agi pour l’unique intérêt d’Israël : « On m’accuse d’avoir fait tout cela contre le Maroc ; mais à l’époque, on croyait vraiment qu’il était urgent de faire partir les gens parce qu’on craignait un danger futur ».

    (1) rapport d’Alexandre Easterman. Archives sionistes centrales Jérusalem Z6/1763

    Source : Le Journal Hebdomadaire, juillet 2005

    Tags : Maroc, Mossad, espionnage, juifs, Israël, lobby juif, lobby sioniste,

  • Le Maroc, pointé du doigt dans le financement du terrorisme au Sahel

    Dans une vidéo diffusée ce matin, le collectif africain « Stop Sahel Info! » a accusé le haschich marocain d’être une des principales sources du financement du terrorisme dans la région du Sahel.

    Voici le contenu intégral de cette vidéo

    Le Sahel est une zone où transite le haschich produit au Maroc, premier producteur mondial, selon les Nations Unies.

    La cocaïne, provenant d’Amérique du Sud et transitant par le Sahel par les côtes ouest-africaines, constitue également une source de financement pour les acteurs terroristes.

    L’emplacement des groupes armés au Sahel rejoint les voies de transit de la drogue. Les groupes armés se battent afin de maîtriser ces voies et ainsi d’en tirer bénéfice.

    Les frontières concentrent les zones de violence à l’égard des populations. Le contrôle des frontières est un enjeu crucial pour les Etats afin de lutter contre les trafics et ainsi les violences.

    Les groupes terroristes récupèrent de l’argent en dehors d’activités illicites parfois, en organisant la transhumance dans les zones sous leur contrôle par exemple.

    Le centre de recherche Crisis Group recommance aux Etats de réintégrer dans le tissu économique ces activités afin de détruire les sources de financement non-illicites des groupes terroristes.

    Tags : Maroc, haschich, Sahel, Mali, terrorisme, Niger, Daech, ISIS, Tchad, Nigeria, Burkina Faso, financement du terrorisme, 

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