Année : 2020

  • L’Algérie « prête » à abriter le dialogue inter-libyen

    LE CS DE L’ONU SAISI DES RÉSULTATS DE LA CONFÉRENCE DE BERLIN : Alger « prête » à abriter le dialogue inter-libyen

    Participant à la Conférence de Berlin sur la crise libyenne, où des chefs d’État influents en Libye, certains depuis 2011, avec l’intervention de l’Otan dans ce pays, le président Tebboune a eu d’intenses échanges avec ses homologues, en marge des travaux de la rencontre qui se sont déroulés à huit clos.

    La Conférence de Berlin a connu la présence de cinq États membres permanents au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Notamment la Russie, les états-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni et la France. Étaient également présents la Turquie, l’Italie, l’Egypte, le chef d’État de la République du Congo, le président du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la crise libyenne, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ainsi que le chef de la politique étrangère de l’Union européenne (UE), Josep Borrell.

    Après avoir été au centre d’un ballet diplomatique de haut niveau où des responsables de pays influents sur la scène libyenne ont fait des déplacements à Alger, à moins de dix jours de la tenue de la Conférence de Berlin, le président Abdelmadjid Tebboune a eu des entretiens avec la chancelière Allemande Angela Merkel, le président Turc Recceep Tayip Erdogan, son homologue français, Emmanuel Macron et le président du Conseil européen, Charles Michel.

    La Conférence internationale sur la Libye a pris fin dimanche soir, par un appel au respect de l’embargo, en application de la résolution de l’ONU, adoptée en 2011, selon l’annonce de la chancelière allemande Angela Merkel.

    « Nous avons convenu que nous voulons respecter cet embargo sur les armes et que cet embargo sera plus strictement contrôlé qu’auparavant» avait déclaré Mme Merkel animant une conférence de presse, à l’issue de la conférence, conjointement avec le SG de l’ONU, Ghassen Salamé, le chef de la Manul en Libye et le chef de la diplomatie allemande Haiko Maas.

    Les travaux de la rencontre de Berlin, qui se sont déroulés à huit clos, se sont déroulés sans la présence des deux acteurs rivaux sur la scène libyenne, Fayez El-Serraj et Khalifa Haftar, présents à Berlin sans pour autant s’être rencontrés. C’est ce qui a été affirmé par la chancelière Allemande, Merkel, indiquant que le chef du gouvernement de l’Union nationale libyen, Fayez al-Serraj, et le chef de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, « ne se sont pas rencontrés à la conférence de Berlin et n’ont pas assisté à la conférence » , précisant que nous avons parlé avec eux individuellement, a-t-elle poursuivi « parce que les différences entre eux sont encore si grandes qu’ils ne se parlent pas» a déclaré Angela.

    Poursuivant, elle dira que Al-Serraj et Haftar « n’étaient pas présents dans la salle de conférence, et ils se sont installés dans deux sièges différents », mais elle a souligné en même temps que leur présence à Berlin « leur a permis d’être informés directement de l’avancement des consultations » avant d’ajouter que « chacun d’eux attend de l’autre l’application des obligations ».

    Des efforts à consentir pour un cessez-le-feu durable

    La déclaration finale de la rencontre de Berlin, dans laquel il est question pour les acteurs soutenant l’un ou l’autre acteur libyen dans la crise en Libye, de l’arrêt de tout soutien militaire et de la cessation de l’envoi des armes, ces acteurs se sont engagés, selon Angela Merkel à se conformer à la résolution de l’ONU sur l’embargo des armes en Libye, et d’œuvrer à encourager la trêve en vue d’aboutir à un cessez-le- feu durable en Libye, condition fondamentale pour s’acheminer sur la voie du règlement politique de la crise libyenne, par la relance du dialogue inter-libyen.

    À ce propos, l’Algérie, qui a de tout temps appelé et consenti des efforts diplomatiques en faveur du dialogue politique entre les libyens, à l’abri des ingérences et des interférences d’acteurs étrangers, a exprimé sa disponibilité à abriter ce dialogue.

    Le président Abdelmadjid Tebboune a, en effet, lors de son allocution à la Conférence de Berlin, exprimé « la disponibilité de l’Algérie à abriter le dialogue entre les frères libyens » sans manquer de réaffirmer le rejet «catégorique » de la politique du fait accompli en Libye.

    À l’adresse de la communauté internationale qui n’ a pas été à la hauteur, dans son rôle à épargner, à la Libye, les conflits et les violences dans lesquels est plongé le peuple libyen, depuis 2011, le président Tebboune l’a appelé, à partir de Berlin, à assumer ses responsabilités, notamment en matière de respect de la paix et la sécurité en Libye.

    Réitérant l’appel à « la communauté internationale d’assumer sa responsabilité en matière de respect de la paix et de la sécurité dans ce pays» le président a affirmé que «l’Algérie refuse toute atteinte à son intégrité nationale et à la souveraineté de ses Institutions» soulignant que « nous sommes appelés à arrêter une feuille de route aux contours clairs, qui soit contraignante pour les parties, visant à stabiliser la trêve, à stopper l’approvisionnement des parties en armes afin d’éloigner le spectre de la guerre de toute la région » a-t-il précisé.

    Appelant, plus loin dans son discours à « encourager les parties libyennes à s’asseoir autour de la table pour résoudre la crise par le dialogue et les voies pacifiques et éviter ainsi des dérapages aux conséquences désastreuses ». Le Président dira que « la sécurité de la Libye est le prolongement de notre propre sécurité » et le meilleur moyen de préserver notre sécurité régionale, a-t-il poursuivi «reste la coopération et l’entraide avec nos voisins pour faire face au terrorisme et à l’extrémisme », a-t-il indiqué.

    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 21 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, conférence de Berlin, Angela Merkel, Haftar, Tripoli,

  • Maroc : Bourita tente de cacher son échec au Sahara Occidental

    Le Maroc multiplie les consulats au Sahara Occidental. Une provocation visant les Nations Unies dont les fonctionnaires ont été expulsés au vu et au su du Secrétaire Général de l’ONU. Des provocations organisées par Rabat en vue de dissimuler l’échec de sa politique de tension avec la communauté internationale dans l’espoir de voir le Conseil de Sécurité fléchit en faveur des ambitions expansionnistes marocaines.

    A Berlin, la chancelière Angela Merkel vient de prendre sa revanche. Aidé par la France, le Maroc a poussé l’ancien président allemand Horst Koehler à démissionner. La conséquence de cette guerre déclarée contre la légalité internationale et que Bourita a baptisée « politique de fermeté », selon les documents confidentiels de la diplomatie marocaine révélés par le hacker Chris Coleman.

    La montée de la violence au Sahel a mis à jour le conflit malien et la problématique de la menace terroriste et une de ses principales sources , le haschich dont le Maroc est le premier producteur et premier exportateur au monde.

    Le Maroc continuera à puiser dans le puits des armes de chantage de la migration, la drogue et le terrorisme en espérant réaliser ainsi ses rêves de devenir la premières puissance régionale, titre détenu actuellement par l’Algérie, l’allié du peuple sahraoui.

    Devenu le pestiféré de la région, le Makhzen multiplie les gesticulations qui expriment le goût amère de la défaite face à la volonté de sacrifice des sahraouis. Son dernier espoir? Jouer les thuriféraires avec des pseudo-personnalités juives et sionistes pour quémander la pitié de Donald Trump qui refuse de rencontrer Mohammed VI à cause de la trahison de dernier lors des dernières élections présidentielles américaines. Le roi du Maroc a offert 28 millions de dollars pour la campagne électorale de Hillary Clinton qui, après l’épisode érotique de Monica Lewinsky, a dû assumer une deuxième humiliation.

    Si le Makhzen souhaite envoyer un message de force et de « fermeté » il doit pousser la France à ouvrir un consulat à El Aaiun. Mais, apparemment, mêmes ses alliés les plus durs l’ont laissé tomber dans le dossier sahraoui : le Sénégal et la Côte d’ivoire. Une grosse perte pour les « tcharmilistes » de Rabat.

    Tags : Etats-Unis, Donald Trump, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU,

  • Au Sahara occidental, le Maroc poursuit sa diplomatie pyromane

    L’ouverture de quatre consulats africains à Laâyoune et Dakhla et l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations de futsal dans cette même ville de Laâyoune montrent que le Maroc persiste dans sa politique du fait accompli au Sahara occidental

    L’année 2019 a été marqué en Afrique du Nord par deux faits marquants : le hirak en Algérie entamé le 22 février de cette même année et la grave crise libyenne qui s’éternise, opposant le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli, reconnu par la « communauté internationale » avec à sa tête Fayez al-Sarraj, aux forces armées du maréchal Haftar basé à Benghazi.

    Pourtant, un autre pays, un autre peuple mérite que les médias s’attardent aussi sur lui, évitant ainsi que de nombreuses importantes décisions et événements ne passent sous les radars dans leurs globalités. Une succession d’événements qui en s’accumulant, pourraient bien rendre la région du Maghreb encore plus explosive qu’elle ne l’est actuellement.

    Les dernières décisions qui suivent pourraient en effet et dans un avenir plus ou moins proche, déstabiliser toute la région de l’Afrique du Nord et par ricochet, les voisins sahéliens déjà dans un état de déliquescence avancé.

    Depuis le mois de décembre 2019, deux faits majeurs se sont en effet produits au Sahara occidental, territoire occupé par le Maroc depuis 45 longues années.

    En l’espace de quelques semaines, et à l’image des États-Unis et du Guatemala, qui ont transféré leur ambassade à Jérusalem, ignorant ainsi le droit international et le statut juridique de cette ville sainte, quatre pays africains, les Comores, la Gambie, le Gabon et la Guinée ont décidé d’ouvrir leur représentation consulaire respective dans les villes occupées de Laâyoune et Dakhla. Quatre États, membres de l’Union africaine !

    Ce sont les Comores qui ont ouvert le bal en décembre, en inaugurant contre toute logique rationnelle, leur consulat général à Laâyoune. Cette décision des autorités comoriennes a été très fortement critiquée au sein même du pays et par l’opposition. Le Conseil national de transition (CNT), a par exemple exprimé ses « vifs regrets suite à la décision prise par le colonel Azali Assoumani d’ouvrir un consulat général de l’Union des Comores au Maroc à Laâyoune ».

    Pour le CNT, « aucun Comorien ne réside sur ce territoire et ne présente donc aucun intérêt diplomatique ou consulaire ». Le CNT va encore plus loin en « condamnant cette provocation, en ce qu’elle est non conforme au droit international ».

    La Gambie suivait aussitôt en procédant à l’inauguration officielle de sa représentation consulaire à Dakhla, le 7 janvier 2020, ignorant elle aussi le droit international ainsi que la résolution 1514 des Nations unies qui stipule que « tous les peuples ont le droit à l’autodétermination ».

    Enfin, ce 16 janvier, c’était au tour de la Guinée et du Gabon d’emboîter le pas aux Comoriens et aux Gambiens, en inaugurant eux aussi un consulat général à Laâyoune pour le Gabon et à Dakhla, grand port de pêche du Sahara occidental situé sur l’Atlantique, pour la Guinée.

    Il va de soi que l’Union africaine ne peut rester silencieuse devant de tels agissements de la part de ses États membres et se doit donc d’agir en conséquence lors du prochain sommet de l’UA qui aura lieu à Addis-Abeba du 6 au 10 février.

    « Prôner la division au sein de la famille de la CAF »

    Un autre fait marquant concernant l’occupation du Sahara occidental a eu lieu ces derniers jours avec l’annonce de l’Afrique du Sud de ne pas participer à la Coupe d’Afrique des nations de futsal, organisée par le Maroc dans la ville sahraouie de Laâyoune du 28 janvier au 7 février et qui sert aussi de tournoi de qualifications à la prochaine coupe du monde de futsal organisée en Lituanie du 12 septembre au 4 octobre 2020.

    En effet, et au risque d’être sanctionnée par la Confédération africaine de football (CAF), la Fédération sud-africaine de football (SAFA) a décidé de se retirer de la compétition. Selon la SAFA, sa décision est motivée par la volonté du Maroc d’organiser cet événement sportif à Laâyoune, ville du Sahara occidental.

    Cette décision de la SAFA est par ailleurs soutenue par la confédération et le comité olympique sportif d’Afrique du Sud pour qui, « l’Afrique du Sud n’a aucun problème pour jouer au Maroc mais afin d’être en concordance avec le gouvernement sud-africain et les résolutions de l’Union africaine ne jouera pas au Sahara occidental ».

    À travers un communiqué, la Fédération algérienne de football (FAF) a, elle aussi, condamné l’organisation de cet événement sportif, adressant une lettre au président de la CAF dans laquelle elle « dénonce et s’oppose à la domiciliation de la Coupe d’Afrique des nations de futsal 2020 par le Maroc dans la ville occupée de Laâyoune ».

    La FAF rappelant dans ce même communiqué que cette ville « relève du territoire de la République arabe sahraouie démocratique [RASD] ».

    Pour la FAF, « la CAF a toujours été aux avant-postes des valeurs universelles et avait vaillamment lutté contre toute forme de colonisation, à commencer par le régime de l’apartheid en Afrique du Sud ». Elle considère ainsi que cette décision d’organiser cet événement sportif « à connotation politique » ne peut que « prôner la division au sein de la famille de la CAF ».

    Menaçant de ne pas prendre part « aux festivités du 63e anniversaire [le 8 février prochain] de la CAF si elle était invitée en marge de la tenue de la réunion du Comité exécutif de l’instance du football africain, la FAF a donc appelé la CAF à ce que « la domiciliation des événements cités précédemment dans la ville occupée de Laâyoune soit reconsidérée, pour ne pas cautionner la politique du fait accompli ».

    À l’image de la politique israélienne d’implantations de colonies illégales dans les territoires occupées, les autorités marocaines persistent donc dans leur politique du fait accompli.

    La toile d’araignée géostratégique marocaine aidée par la diplomatie du portefeuille s’étend tout doucement à travers le Sahara occidental au détriment du peuple sahraoui et en violation flagrante du droit international.

    Toutefois, ces décisions irresponsables de la part des autorités marocaines mais aussi de leurs alliés africains, ne sont aussi rien d’autres que des provocations visant in fine, à saper le processus de règlement de la question du Sahara occidental mené sous l’égide des Nations unies, transgressant ainsi le droit imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Question récurrente des droits de l’homme

    À cela s’ajoute la question récurrente des droits de l’homme constamment bafoués par les autorités marocaines. À cet égard, des organisations des droits de l’homme, telles que le Robert F. Kennedy Centre for Justice and Human Rights, tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur la situation des Sahraouis vivant au Sahara occidental.

    Leurs différents rapports sur la politique marocaine sont unanimes, citant de nombreux exemples d’exécutions sommaires, de disparitions, de tortures, d’intimidations ainsi que d’arrestations arbitraires.

    Ceci dit, la politique d’occupation et de violations des droits de l’homme conduite par Rabat depuis 1975 est due à une parfaite maîtrise des outils de communication du Makhzen, complétée par un lobbying efficace, comme l’indiquent ces dernières inaugurations consulaires ainsi que la Coupe des nations de futsal.

    Mais elle est surtout rendue possible grâce au support indéfectible franco-américain, qui s’explique par le fait que le Maroc a toujours été considéré comme un allié privilégié des Occidentaux.

    Les différents présidents français ne manquent d’ailleurs aucune occasion de rappeler les liens très étroits qui lient la France et le Maroc, qui selon l’ancien président François Hollande, est un « pays de stabilité et de sérénité », ce qui a permis de nouer une « amitié d’une qualité rare pour ne pas dire exceptionnelle entre les deux pays ». Ce que cette « diplomatie de connivence » comme souligné par le professeur français Bertrand Badie, fit dire un jour à Philippe Bolopion, directeur adjoint de Global Advocacy de Human Rights Watch, « entre Paris et Rabat, c’est business as usual ».

    En cette période de très grands risques d’instabilité pour toute la région du Maghreb, ces différentes décisions pyromanes émanant du royaume chérifien ne peuvent qu’attiser la colère des plus impatients au sein de la population sahraouie, fatigués d’attendre depuis 45 ans pour les plus anciens, et depuis leur naissance pour les plus jeunes, leur droit à se prononcer sur leur devenir.

    Pourtant, ces derniers pourraient bien finir par perdre patience et prendre les armes contre l’occupant marocain, comme ils menacent de le faire régulièrement dans leurs profonds moments de désespoir.

    Ces ouvertures de bureaux consulaires ainsi que l’organisation de la Coupe des nations de futsal risquent en effet de lancer un signal négatif supplémentaire à la population sahraouie, en particulier les jeunes, de plus en plus radicalisés et sans espoir d’une solution pacifique.

    Les affrontements réguliers avec les forces de l’ordre marocaines dans différentes villes du Sahara occidental occupé ne sont qu’un prélude, et Mohammed VI serait bien avisé d’y réfléchir enfin.

    Il est donc primordial de rappeler que l’occupation du Sahara occidental par le Maroc est en totale infraction des lois internationales et la résolution 1514 des Nations unies qui stipule que « tous les peuples ont le droit à l’autodétermination ».

    Cette résolution 1514 est également soutenue par la Cour internationale de justice (CIJ) qui, en octobre 1975, déclarait que le Sahara occidental n’était pas un territoire sans maître (terra nullius, signifiant qui peut être habité mais qui ne relève pas d’un État) au moment de sa colonisation par l’Espagne.

    Pour la CIJ, Rabat n’a donc pas de revendications valides sur le Sahara occidental basées sur une quelconque historicité, les lois internationales contemporaines accordant la priorité d’autodétermination aux Sahraouis.

    Ce dossier demeure donc une question de décolonisation inachevée. Et toute activité économique, politique, ou sportive relève in fine de l’illégalité et du non-respect du droit international.

    Dans l’intervalle, les Sahraouis attendent toujours que soit organisé le référendum pour l’autodétermination prévue pour 1992, mais qui, à ce jour, n’a toujours pas eu lieu.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Abdelkader Abderrahmane
    Chercheur en géopolitique et consultant international sur les questions de paix et de sécurité en Afrique

    Source : Middle Eats Eye, 21 jan 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, RASD, Afrique, consulats,

  • Algérie : Des ambassades demandent des explications sur la non-suppression de la règle 51-49

    Des ambassades et des entreprises étrangères activant en Algérie ont demandé des explications sur les secteurs stratégiques concernés par la suppression de la règle d’investissement 51-49 incluse dans la loi de finances (LF 2020).

    En effet, Jordaniens, Pakistanais, Turcs et Français se sont tous interrogés pourquoi des textes d’application régissant l’opération n’ont pas suivi, sachant que la décision devrait entrer en vigueur le 1er de ce mois.

    A cet égard, Abdelkader Gouri, président de la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie (CACI), a indiqué à Echorouk qu’un certain nombre d’ambassadeurs et des responsables commerciaux étrangers avaient bel et bien demandé des explications quant aux secteurs concernés par la levée de la règle régissant les investissement (51-49), tel que la LF 2020 le prévoit. «Bon nombre d’homes d’affaires étrangers demandent des explications et on ne sait comment leur répondre dans la conjoncture actuelle», a indiqué le président de la CACI.

    Pour Gouri, les textes définissant les secteurs stratégiques doivent être fin prêts le 1er janvier, mais en raison de multiples considérations, les choses semblent traîner.

    Notre interlocuteur a ajouté que certains ministères devraient formuler leurs propositions devant contribuer à la définition des secteurs stratégiques et non stratégiques avant la publication du décret exécutif. Un processus qui devrait, à ses yeux, prendre un certain temps.

    «J’ai été interrogé vendredi sur ce sujet par des investisseurs jordaniens et la veille par des Pakistanais », nous a-t-il révélé.

    Outre ceux-ci, les Turcs veulent eux-aussi avoir plus d’idées concernant les facilitations inclues dans la LF 2020, notamment la règle 51-49 que les partenaires étrangers ont presque souvent critiquée et jugée comme une entrave à leurs investissements en Algérie.

    Echouroukonline, 18 jan 2020

    Tags : Algérie, loi 51/49, investissement,

  • Libye : Macron dit comprendre pourquoi la Tunisie n’a pas participé à la conférence de Berlin

    Lors d’un entretien téléphonique entre Macron et Saïed, le président français a souligné la nécessité pour la Tunisie de participer à toute initiative à venir.

    Mourad Belhaj | 20.01.2020

    AA / Tunisie / Adel Thabti

    Le président français, Emmanuel Macron, a déclaré comprendre pourquoi son homologue tunisien, Kaïs Saïed, n’a pas participé à la conférence de Berlin sur la Libye.

    C’est ce qui ressort de l’entretien téléphonique qu’ont eu, lundi, les deux chefs d’Etat, selon un communiqué de la présidence tunisienne, dont Anadolu a reçu copie.

    Le communiqué a souligné que « le président français a informé le président de la République (Tunisienne) de sa compréhension des raisons qui ont fait que la Tunisie n’a pas participé à la conférence de Berlin, tenue dimanche, et l’a informé de ce qui avait été discuté et conclu lors de la conférence ».

    Dans un contexte connexe, l’entretien a porté sur « la nécessité de la participation de la Tunisie à toute initiative à venir ».

    Saïed a, pour sa part, rappelé l’initiative qu’il avait prise dans ce contexte, lorsqu’il a réuni un certain nombre de représentants tribaux et de la société civile libyenne pour parvenir à une solution Libo-libyenne, selon le communiqué.

    Saïed a déclaré que « la Tunisie est le pays le plus touché par la situation qui règne en Libye, car elle supporte plus que tout autre pays, en raison de sa situation géographique, les effets de cette guerre, notamment sur le plan de la sécurité, ainsi que sur tous les autres plans ».

    La Tunisie avait annoncé, samedi, qu’elle ne participerait pas à la conférence de Berlin sur la crise libyenne, arguant qu’elle n’avait reçu l’invitation à y assister que tardivement.

    La conférence de Berlin sur la Libye s’est tenue dimanche, avec la participation de 12 pays: les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume Uni, la Chine, l’Allemagne, la Turquie, l’Italie, l’Égypte, les Émirats, l’Algérie et le Congo, ainsi que 4 organisations internationales et régionales: les Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine et la Ligue arabe.

    Les forces de Haftar ont lancé, depuis le 4 avril, une offensive pour contrôler la capitale, Tripoli, siège du gouvernement d’entente nationale internationalement reconnu, ce qui a fait échouer les efforts des Nations Unies pour organiser une conférence de dialogue entre les Libyens.

    Anadolou

    Tags : Libye, Tunisie, France, Macron, conférence de Berlin,

  • Erdogan: "La présence de la Turquie en Libye a permis d’équilibrer l’équation"

    – Le Président turc expliqué que la Turquie s’est opposée lors de la Conférence de Berlin à un rôle de « coordinateur de l’UE » en Libye alors que l’ONU est engagée dans ce processus.

    Mehmet Tosun,Tuncay Çakmak |20.01.2020
    AA – Ankara
    Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a expliqué que l’intervention de la Turquie auprès du Gouvernement d’Entente Nationale en Libye a permis d’équilibrer l’équation dans ce pays et ainsi de renforcer les espoirs de paix.
    Le Chef de l’Etat turc a répondu aux questions des journalistes, dans la nuit de dimanche à lundi, dans l’avion qui le ramenait de Berlin où il a participé à la conférence sur la Libye.
    Il a commenté les conclusions de cette conférence qui avait pour but de consolider le cessez-le-feu pur permettre une reprise du processus politique pour une solution à la crise libyenne.
    Il a rappelé qu’une déclaration finale contenant 55 points a été adoptée par les pays participants.
    Pour Erdogan, l’essentiel de ces conclusions est le fait qu’une feuille de route sous l’égide des Nations Unies a été établie.
    « Si le cessez-le-feu pour lequel nous avons lancé un appel avec Poutine est respecté, le chemin pour une solution politique sera ouvert », a-t-il estimé.
  • Le dossier n’a pas figuré dans l’ordre du jour du Conseil : Quid des problèmes financiers de l’Algérie ?

    Le Conseil des ministres de samedi dernier a été consacré à l’examen des dossiers commerce, logement, industrie, santé, start-up et, donc, à des questions urgentes. La réunion présidée par le chef de l’Etat ne s’est pas limitée à des constats, mais à l’exposé de feuilles de route sectorielles jusqu’à l’horizon 2024, en particulier pour les branches habitat, industrie, commerce, agriculture. Mais le plus étonnant dans ce premier Conseil des ministres, à la veille de la finalisation du plan d’action du gouvernement, est l’absence d’examen du volet financier qui constitue l’urgence des urgences sur le plan économique.

    Un large cercle d’économistes avait pourtant affirmé que les mesures les plus urgentes du gouvernement Djerad, au chapitre économique, s’avère celles qui tendent à redresser la situation financière marquée par un déficit important du Trésor, estimé à plus de 2 000 milliards de dinars en 2020, de la balance commerciale et de la balance des paiements. En un mot, l’urgence des urgences est d’abord l’annonce de nouvelles décisions pour faire face au déficit budgétaire important et aux nouvelles dépenses budgétaires induites par la mise en oeuvre du programme présidentiel. Il s’agit là de mesures à court terme qui pourraient soulager le pays en attendant d’autres remèdes, la mobilisation de nouvelles ressources financières pour couvrir les besoins d’investissements publics à moyen terme.

    Paradoxalement, pour plusieurs économistes, parmi les urgences figure la réduction des dépenses publiques, en particulier le train de vie de l’Etat. Pour un économiste, le volet financier reste en outre à la marge dans ces premières semaines de gouvernance Tebboune. Pour preuve, l’absence d’un Secrétaire d’Etat ou d’un ministre délégué à la réforme bancaire et financière dans le gouvernement Djerad. Quand on sait l’importance de cette réforme structurelle sur la redynamisation de l’économie du pays, cette omission demeure surprenante. Parallèlement, l’un des chantiers les plus urgents est la définition d’une trajectoire à moyen terme qui donnerait plus de lisibilité ou de visibilité aux investisseurs. C’est du reste un préalable au recours à l’endettement extérieur (recours aux crédits multilatéraux, c’est-à-dire consentis à des conditions favorables) en vue de couvrir une partie des besoins de financement du pays.

    Il convient ici d’adopter cependant la prudence. La feuille de route en matière de réforme fiscale avec ses mesures à court et moyen termes n’est pas prête aujourd’hui. Idem probablement pour la trajectoire budgétaire. On en saura davantage quand le programme du gouvernement Djerad sera rendu public dans quelques jours, voire au cours des prochaines semaines.

    Ce qu’il faut noter, au chapitre rose, lors de ce Conseil des ministres, c’est une série de recommandations pertinentes du Président de la République telles que la lutte contre le gaspillage du pain, l’imposition de normes aux frontières pour empêcher la commercialisation de produits non conformes, dont les appareils de chauffage qui seraient à la source de la mort de dizaines de citoyens par inhalation de monoxyde de carbone depuis le 1er janvier 2020, le traitement en urgence du dossier véhicule SKD-CKD en vue de mettre fin à l’importation déguisée de véhicules qui a profité à certains oligarques aujourd’hui emprisonnés.

    A noter que le caractère dépensier de l’Etat semble perdurer au regard de la déclinaison d’un programme de réalisation de 1 million de logements d’ici à 2024 en contexte de crise financière. Cette politique de l’habitat, qui consiste à donner le logement à des catégories sociales qui peuvent épargner pour obtenir le logement aidé, est-elle soutenable ? s’interrogent plusieurs économistes. Selon eux, le logement devrait aller aux catégories sociales les plus démunies. Pour les couches moyennes des formules de location plus souples et plus accessibles qu’aujourd’hui, conjuguées à des formules d’épargne logement (effort d’épargne consenti) seraient plus appropriées. En un mot, l’Etat peut-il continuer à donner gratuitement un logement à des bénéficiaires qui vont, pour certains, le revendre ou le louer une année ou quelques années plus tard ? En attendant le plan d’action proprement dit, sur le volet dépenses, jusqu’ici, le chef de l’Etat ni le Premier ministre ne nous disent, quitte à le rappeler, comment financer toutes ces dépenses.

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    Tags : Algérie, Hirak, Tebboune, gouvernement, économie, situation financière,

  • Maroc – Tintin et « Miloud »​, la Liberté de la Presse et encore et toujours l’Affaire Ben Barka…

    Jean-Yves Serrand

    « TINTIN ET MILOUD »… Une histoire surréaliste!

    Hier la Cour d’Appel de Paris a encore passé tout l’après-midi à examiner le nouveau recours (en appel cette fois) d’un certain Miloud Tounsi, ancien commissaire des services secrets marocains, contre le journaliste Joseph Tual auteur du documentaire « Ben Barka, l’obsession » diffusé sur F3 en 2015.

    Miloud Tounsi y est désigné par un de ses collègues comme étant Larbi Chtouki, condamné par contumace depuis 1965 pour l’enlèvement de Mehdi Ben Barka. Et le documentaire rappelle que suite à une longue instruction toujours en cours, la justice française a émis en 2007 un mandat d’arrêt international contre lui pour pouvoir l’entendre.

    Effectivement c’est grave. Et si M. Tounsi se sent injustement accusé, il devrait accepter d’être entendu par le juge. Mais zut, depuis 12 ans la police marocaine ne le trouve pas pour exécuter le mandat d’arrêt… Pourtant M. Tounsi semble être domicilié à Rabat et jouir de tous ses droits, puis qu’il a même le culot de mobiliser la justice française qui le recherche … pour juger les journalistes qui en rendent compte! Et celle-ci, bonne fille, s’exécute!

    L’an dernier la 17ème Chambre correctionnelle a déjà relaxé Joseph Tual du délit de diffamation, en notant le sérieux de son enquête. Hier le journaliste a à nouveau été soumis à un interrogatoire croisé sur chaque terme employé dans son documentaire, pendant que Miloud Tounsi devait siroter un thé à la menthe au Maroc! Enfin… s’il existe, comme l’a finement fait remarquer l’avocate de Joseph Tual à la présidente de la Cour, car après tout personne ne l’a jamais vu, ou pu vérifier l’identité de ce M. Tounsi!

    Joseph Tual on le sait, tient de Tintin: il ne lâche jamais ses enquêtes, serait-il le dernier en France à vouloir connaître la vérité de cette « subalterne » (comme disait De Gaulle) affaire Ben Barka. « Tintin et Miloud » aurait donc pu être un titre amusant, et pour les plus de 77 ans, si ne se profilait derrière l’ombre terrible d’un meurtre politique, une ombre occultée par tous nos gouvernements depuis 1965. Mehdi Ben Barka était alors la cheville ouvrière de la formation de la Tricontinentale, l’union des peuples du tiers-monde contre le néocolonialisme et le néolibéralisme. On ne saura jamais comment, resté en vie, il aurait pu infléchir le cours de l’Histoire.
    Le paradoxe est que si l’on parle encore de Ben Barka devant un tribunal aujourd’hui, c’est seulement grâce aux commanditaires de sa disparition, et à leur haine archaïque envers la liberté de la presse.

    Egalement, Les Brûlures de l’Histoire, Patrick Rotman : https://www.youtube.com/watch?v=vrYvGmml6KU

    Interpol diffuse quatre mandats d’arrêts internationaux

    Par LEXPRESS.fr le 01/10/2009

    Ils visent le chef de la gendarmerie marocaine et des membres des services secrets marocains, tous soupçonnés d’être impliqués dans la disparition de Ben Barka en 1965.

    Quatre mandats d’arrêts internationaux émis par la France et visant notamment le chef de la gendarmerie marocaine pour la disparition de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka en 1965 à Paris, ont été diffusés par Interpol après accord du ministère de la Justice.

    Ces mandats, signés par le juge parisien Patrick Ramaël le 22 octobre 2007 au premier jour d’une visite d’Etat de Nicolas Sarkozy au Maroc, ont été notifiés ces derniers jours par Interpol, selon une source proche du dossier.

    Leur diffusion, via le Bureau central d’Interpol en France, fait suite à un récent feu vert du ministère français de la Justice, selon cette source.

    Ils visent le général Hosni Benslimane, chef de la gendarmerie royale marocaine, le général Abdelhak Kadiri, ancien patron de la Direction générale des Etudes et de la Documentation (DGED, renseignements militaires), Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, un membre présumé du commando marocain auteur de l’enlèvement, et Abdlehak Achaachi, agent du Cab 1, une unité secrète des services marocains.

    « Ces mandats avaient été diffusés à l’époque sur le territoire national mais avaient été bloqués au niveau européen et mondial », a expliqué à l’AFP l’avocat de la famille Ben Barka, Me Maurice Buttin.

    Leur diffusion a lieu alors que le ministre français de l’Intérieur Brice Hortefeux est revenu mardi d’une visite de trois jours au Maroc, où il s’est notamment entretenu avec son homologue Chakib Benmoussa.

    Ces mandats d’arrêt ont été relayés par Interpol au niveau international sous forme d’ »avis de recherche internationaux à des fins d’extradition », communément appelés « red notices ».

    « Nous nous demandons qui est derrière cette annonce »

    Leur conséquence immédiate est que les personnes visées risquent l’arrestation dès qu’elles quittent le territoire marocain.

    Jeudi soir, le gouvernement marocain n’avait pas réagi officiellement à cette information.

    « C’est une surprise mais aussi une ancienne histoire qui revient à la surface chaque fois qu’une ‘partie occulte’ veut salir les relations excellentes entre le Maroc et la France », a toutefois déclaré à l’AFP une source proche du ministère de la Justice ayant requis l’anonymat.

    « Nous nous demandons qui est derrière cette annonce, qui ressemble à celle diffusée en 2007 », a ajouté une autre source, également proche du ministère de la Justice.

    L’Association marocaine des Droits humains (AMDH) a pour sa part immédiatement appelé les autorités marocaines « à communiquer les informations en leur possession pour faire toute la lumière » sur cette affaire.

    Le juge Ramaël avait émis au total cinq mandats d’arrêt en octobre 2007, mais le cinquième, visant un autre membre de Cab 1, n’a pas été relayé au niveau international en raison d’un problème de vérification d’identité, a confié une source proche du dossier.

    « Réveiller les esprits endormis »

    Leur émission en 2007, en pleine visite de Nicolas Sarkozy au Maroc, avait plongé la délégation française dans l’embarras. Le président français s’était retranché derrière le principe d’une justice « indépendante ».

    Elle visait, selon Me Buttin, avocat de la famille depuis 44 ans, à « réveiller les esprits endormis » sur une affaire qui « fait partie des relations entre la France et le Maroc ».

    Ben Barka, chef de file de l’opposition marocaine en exil et figure emblématique du tiers-mondisme, a disparu le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp à Paris, lors d’une opération menée par les services marocains du roi Hassan II avec la complicité de policiers et de truands français.

    ***

    L’IMPOSSIBLE PROCÈS DE L’ASSASSINAT DU LEADER MAROCAIN BEN BARKA

    Vendredi, 2 Septembre, 2016

    Gilles Manceron

    Le 5 septembre 1966, s’ouvre à Paris le procès de l’assassinat de l’opposant Mehdi Ben Barka, enlevé en plein Paris en octobre 1965. Les services du roi Hassan II sont directement mis en cause. Malgré la volonté du général de Gaulle, la vérité ne surgira pas.

    L’enlèvement de l’homme politique marocain Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965, en plein Paris, boulevard Saint-Germain, par deux policiers français, puis son assassinat ont suscité une vague d’indignation dans le monde entier. Le ministre de l’Intérieur marocain, le général Oufkir, aussitôt prévenu, est arrivé à Orly le 30 octobre, accompagné du directeur de la sûreté marocaine, le colonel Dlimi, et d’un homme de leurs services, et ils sont repartis une fois leur mission accomplie.

    Le chef du service secret français du SDECE, le général Jacquier, le ministre de l’Intérieur, Roger Frey, et le préfet de police de Paris, Maurice Papon, étaient informés de leur présence et de leurs actes, sans qu’ils mettent au courant le chef de l’État. Le général de Gaulle devait recevoir Mehdi Ben Barka durant son séjour et, quand il a eu connaissance des faits, il en a été furieux. Il écrit aussitôt à sa veuve, le 4 novembre, que « la justice exercera son action avec la plus grande rigueur et la plus grande diligence ». Mais, après l’élection présidentielle de décembre 1965, lors de sa conférence de presse du 21 février 1966, il choisit de qualifier l’implication française de « vulgaire » et « subalterne », et de tenir le gouvernement marocain pour seul responsable de la disparition de Ben Barka. La France a lancé des mandats d’arrêt contre le général Oufkir, le colonel Dlimi et l’un de leurs agents.

    La promesse de De Gaulle ne sera suivie d’aucun effet lors du procès ouvert le 5 septembre 1966. En l’absence des accusés marocains et des quatre membres de la bande du truand Georges Boucheseiche, chez qui Ben Barka a probablement été assassiné, seuls comparaissent l’agent du SDECE à Orly, Antoine Lopez, et le policier Louis Souchon. Les responsables policiers et politiques français qui étaient au courant et avaient prêté main-forte aux tueurs ne sont pas inquiétés.

    L’un des avocats de la partie civile, Maurice Buttin, accuse directement le roi du Maroc, Hassan II, d’avoir voulu faire revenir de force Ben Barka dans son pays, où il avait été condamné à mort à deux reprises, et d’être responsable de son assassinat. Pour éviter une dénonciation du crime qu’il a commandité, le roi a ordonné au chef de la sûreté, le colonel Dlimi, de se rendre à Paris pour interrompre le procès en demandant la cassation de son renvoi devant les assises. Après 37 jours d’audience, l’arrivée de Dlimi à Paris, le 19 octobre, a reporté la suite du procès au mois d’avril 1967.

    Dès la reprise, l’argumentaire de l’avocat de Dlimi, François Gibault, connu pour avoir défendu les hommes de l’OAS, a été clair : il a plaidé que ce n’était pas une affaire marocaine mais une affaire française, que Ben Barka avait été enlevé dans une voiture de police française, par deux policiers français en exercice et par un agent des services secrets français. Il a laissé entendre que si la justice française condamnait le chef de la sûreté marocaine, il pourrait en dire davantage sur les responsables français, le chef du SDECE, le ministre de l’Intérieur et le préfet de police, qui avaient aidé le roi du Maroc dans son projet.

    Tous les témoins gênants pour le roi disparaîtront

    Pour rendre l’avertissement plus clair, deux agents du SDECE envoyés par le nouveau chef de ce service pour enquêter au Maroc sur l’enlèvement de Ben Barka y ont été assassinés, le commandant Borel, le 6 février 1966, et Yves Allain, en mission pour le SDECE sous couverture de l’ORTF, le 15 octobre 1966, à Kénitra. Le message d’Hassan II a été entendu puisque le procès s’est achevé le 5 juin 1967, sur l’acquittement du colonel Dlimi, aussitôt accueilli triomphalement.

    Seuls des sous-fifres, Lopez et Souchon, sont condamnés à six et huit ans de prison. Les autres accusés, tous au Maroc sous la protection des services de la monarchie, le général Oufkir, l’agent des services marocains Miloud Tounsi alias Chtouki, et les truands Boucheseiche, Le Ny, Palisse et Dubail sont condamnés pour la forme, par contumace, à la réclusion à perpétuité. Tous ces témoins gênants pour le roi disparaîtront ensuite : les quatre truands seront liquidés plus tard par ses services, Oufkir sera abattu en 1972 après sa tentative de coup d’État et Dlimi mourra à son tour en janvier 1983 dans un « accident de la circulation ».

    Lors de Conseils des ministres, de Gaulle, lui, a fustigé l’implication du chef du SDECE, du préfet de police de Paris et de Roger Frey, il les a démis plus ou moins rapidement de leurs fonctions, tout en continuant à se taire en public sur leurs lourdes responsabilités. En déclarant les complicités françaises « vulgaires » et « subalternes », en ne voulant pas les mettre en cause publiquement, de Gaulle, dont la volonté de rendre justice, aussitôt exprimée à la veuve de Ben Barka quelques jours après l’assassinat, était probablement sincère, s’est trouvé dans l’impossibilité de tenir sa promesse.

    Gilles Manceron historien

    Publié par Laurence BRUGUIER CRESPY
    Cabinet d’avocats Maître Lauren…

    Source

    Tags : Maroc, Ben Barka, Miloud Tounsi, Joseph Tual, Hassan II, Mossad,

  • A Berlin, le Maroc paye la facture de son alignement inconditionnel avec Paris

    Le Maroc a exprimé officiellement son rejet de sa marginalisation de la conférence de Berlin sur la Libye organisée par l’Allemagne que Rabat accuse de vouloir «  la transformer en instrument de promotion de ses intérêts nationaux ».

    Pour prétendre à sa part du gâteau libyen, le Maroc a voulu rappeler aux autorités de Tripoli le rôle qu’il a joué dans le dossier avec les accords de Skhirat qui ont permis la création d’un Gouvernement d’Union national accepté en façade par l’Occident, mais trahi par ceux qui soutiennent le général Haftar, la France à leur tête, le véritable artifice de ces accords.

    A Tripoli, les responsables libyens sont conscients que la diplomatie de Rabat ne peut se dissocier de celle de l’Elysée, son premier allié dans le contentieux du Sahara Occidental et sa politique extérieur a toujours été caractérisée par un alignement aveugle aux aventures africaines des gaulois. Il semble que le président du gouvernement libyen a demandé, à la dernière minute à la chancelière allemande Angela Merkel d’inviter la Tunisie tout en écartant le Maroc. Al Sarraj est bien conscient que les autorités de Rabat se mettront du côté de leur alliés français. En d’autres mots : avec Haftar. C’est cela le Maroc, un pays qu’on appelle en cas de besoin, mais qui n’a aucun poids réel en raison du manque d’indépendance de sa diplomatie et notamment sa responsabilité dans la production de haschich, une drogue devenue une des principales sources du financement du terrorisme dans la région du Sahel.

    Tags : Maroc, Libye, Sahara Occidental, France, Sahel, Cannabis, conférence de Berlin,

  • Yennayer, le retour aux sources des banu mazigh: l’Algérie retrouve ses repères amazighs

    par Boudjemâa Haichour*

    Voilà consacré enfin dans les textes officiels en Conseil des ministres, Yennayer, Nouvel An amazigh le 12 janvier de chaque année, comme journée chômée et payée. Cette décision historique confirme l’attachement de notre Nation aux sources plusieurs fois millénaires de notre amazighité. Elle met fin à une situation qui a duré depuis la crise berbère de 1949 appelant les dirigeants du Mouvement national de libération à reconnaître les éléments de notre identité nationale. Le temps a fini par reconnaître cette légitime revendication grâce à la clairvoyance et au sens des responsabilités de tout un chacun.

    Depuis la ville de Constantine, ville de Massinissa, l’imam Abdelhamid Ibn Badis ne signait-il pas ses contributions dans les journaux de l’époque El Mountaqid, Echiheb et El Bassaïr sous la plume d’Ibn Badis le Senhadji, une des tribus berbères de notre arbre généalogique et socle identitaire de l’Algérie en lutte contre toute forme d’oppression et d’atteinte à sa personnalité ? Abdelhamid Ibn Badis, cet infatigable messager de la foi, qui a scruté de son temps les pages de notre histoire, sait combien nous devrions revenir à nos sources, lui qui a trouvé cette Nation formée et existante, qui a sa propre culture, ses habitudes, ses rites, ses mythes et ses mœurs.

    YENNAYER AU PALMARES DE NOTRE HISTOIRE MILLENAIRE

    Et si l’Algérie vient d’inscrire dans le palmarès de notre histoire pluriséculaire une des revendications légitimes de notre peuple en effaçant d’une manière irréversible ce déni aux racines amazighes de notre peuple, elle tire aussi sa généalogie des référents identitaires qu’a énoncés Ibn Badis dans son tryptique doctrinal. Après avoir constitutionalisé la langue amazighe et son officialisation, l’Algérie vient de réhabiliter un des fondements de sa personnalité nationale.

    Et pour exprimer aux générations futures cette appartenance généalogique, se confirme en plus l’entrée en vigueur de Yennayer comme jour de l’An amazigh, avec les préparatifs pour la création d’une Académie de la langue amazighe en plus du Commissariat à l’amazighité qui existe déjà depuis plus de trois décennies.

    Ainsi, aux confluences des grandes civilisations qui ont marqué notre histoire, notre pays est l’un des rares dans le monde à célébrer trois fois le nouvel an, marquant à la fois notre attachement à nos valeurs mais également s’inscrivant dans l’humanité. Nous venons de fêter le nouvel an dit grégorien le 1er janvier du calendrier grégorien devenant universel ou civil, institué par le pape Grégoire XIII en 1582. Evidemment, avec l’arrivée des Romains, l’empereur Jules César avait instauré le calendrier Julien dès l’an 45 av. J.-C.

    YENNAYER CELEBRE DANS LA CONVIVIALITE FAMILIALE

    Tout ceci a fait que le calendrier amazigh qui intervient chaque année le 12 janvier, avait été gommé pour laisser place au nouvel an grégorien. Presque partout dans nos régions, Yennayer, qui est le nouvel an amazigh, a été toujours célébré dans la convivialité familiale.

    S’il faut revenir à l’histoire, on note que l’avènement de Yennayer est intervenu en l’an 951 av. J.-C. En effet, les Imazighen ont eu à s’affirmer aux rois pharaons, notamment le rite organisé à la mort de Namart, père de Sheshanq I, fondateur de la 22e Dynastie des Pharaons. Il faut dire qu’en l’an 950 av. J.-C., à la mort du pharaon Psoussenses, un Amazigh nommé Sheshnaq a été élevé au rang de Pharaon d’Egypte. Il devient la première autorité de toute la région du Nil en fondant sa capitale Bubastis. Yennayer est une fête qui plonge ses racines au profond des millénaires d’histoire. Comme toute fête, les gens se soumettent à des rites.

    YENNAYER SYMBOLE DE LA RICHESSE ET DE LA FERTILITE

    Yennayar est symbole de la richesse. Le rituel « asfel » purifie les lieux et expulse les forces maléfiques. A ce jour en Kabylie, chez les Beni Snous dans la région du Khemis, région de Tlemcen, dans les Aurès, Yennayer est célébré avec un couscous à la viande provenant d’un animal sacrifié dans le strict respect des croyances marquant l’événement. Un bon signe des retrouvailles d’une bonne année qui commence. Des sept légumes cuits avec de la viande et les pieds de l’animal égorgé, la nouvelle année apporte son lot de moissons. Mais on prépare des crêpes (sfendj) et des trids dans certaines localités. En ce jour, on casse les noix, les amandes et on fabrique des gâteaux avec des œufs. Toute cette tradition plusieurs fois séculaire est suivie dans les hauts lieux de notre pays où la population reste attachée à cette pratique rituelle.

    AZUL YENNAYER-ASSUGAZ AMAGAZ

    YENNAYER-2970- LA KABYLIE

    AU FIRMAMENT DES ZAOUIAS

    Dans ce moment du nouvel an amazigh, nombreux sont ceux qui se rendent dans les zaouïas qui sont nombreuses dans la région de la Kabylie telles que : zaouiat Ben Abderrahmane d’Aït Smaïl, de Sidi-Sahnoun de Djamaâ Saharidj, celle du cheikh Mohand Ould Hocine d’Aïn El-Hammam ou de Sidi-Ali Moussa des Maâtkas, de Sidi Mansour de Timizart, de Sidi-Bahloul d’Azazga, de Sidi Khelifa d’Azefoun, de Cheikh Ouhadj de Djemaâ Saharidj, de Sidi-Beloua de Tizi-Ouzou, la Zaouia de Ouled Ouali Cherif d’Akbou, de Sidi M’hand Ouhedad de Tifra, de Sidi Ahmed Ouyahia d’Amalou, de Sidi Saïd de Seddouk, de Sidi-El-Djoudi dans la contrée du Guergour et d’Amizour, Zaouia Boukharouba des Ouled Rachid, Zaouiat El-Amoura de Sour El-Ghozlèn, etc.

    En ce nouvel an, il y a beaucoup de chants, de medhs. Le peuple qui fêtera l’année hégirienne, considère Yennayer comme une fête qui s’inspire de nos valeurs ancestrales, de l’amour de la terre depuis la Numidie. Signe de prospérité et de renouveau, Yennayer apportera avec l’aide de Dieu, paix et sérénité de l’âme. Une pieuse pensée à tous ceux de nos morts qui ont milité pour l’avènement de cette reconnaissance par la Nation. Ainsi se construisent les Nations qui fondent leur existence au respect de leur histoire et de leurs héros.

    YENNAYER PREMIER MOIS DE L’ANNEE DANS LE CALENDRIER AMAZIGH

    Enfin les douze mois du calendrier amazigh : Yennair, Forar, Meghras, Ibrir, Mayyou, Yunyou, Ghuchit, Chtember, Ktober, Wambarr, Djember. Tout cela correspond aux activités agricoles, à la fertilité et aux moissons. Ceci pour exprimer que le Nouvel An est une symbolique annonciatrice de l’abondance. Yennair est un retour aux sources, un ressourcement au profond de nos origines amazighes.

    Le peuple algérien fête le Nouvel An Hégirien en tant que musulman selon le cycle lunaire, c’est l’avènement de l’ère musulmane appelée Awwal Mouharam.

    Que cette nouvelle année amazighe soit pour notre peuple, l’année de la prospérité, toujours dans la réconciliation nationale et le grand pardon.

    RESSOURCEMENT RENOUVELE DE NOS RACINES

    Des Béni Snous aux confins de la Kabylie en passant par les Aurès et la région Sud de notre pays, les familles algériennes fêtent Yennayer en guise de ressourcement renouvelé à nos racines. Une fête où on remet au goût du jour les plats de l’art culinaire lié avec le rituel ancestral qui l’entoure dans toute la spiritualité, la baraqa des saints et l’allégresse. Yennayer ce premier mois du calendrier amazigh remonte ses origines depuis les millénaires dans cette contrée nord-africaine.

    Il faut dire que le calendrier Julien officialisé à Rome par Jules César en l’an 45 avant J.C, inventé par l’astronome et philosophe grec Sogicène d’Alexandrie, s’inspirant partiellement de l’antique calendrier égyptien, qui organise l’année civile en tentant de l’identifier à la seule année tropique ou année solaire. Au 2ème siècle avant J.C l’année se compose d’environ 365,242 jours et l’année julien en compte 365,25 jours lesquels se décomposent en 12 mois de 28, 30 et 31 jours ainsi qu’un jour intercalaire tous les quatre ans (année bissextile).

    Le calendrier julien est le premier construit selon une observation fine de l’écliptique solaire. Il est considéré aujourd’hui comme calendrier universel ou calendrier grégorien né d’une réforme par le pape Grégoire XIII le O4 octobre 1582.

    1- (Pour d’amples détails se référer aux computs calendaires, leurs histoires, leurs modes de calcul, leurs correspondances dans l’ouvrage complet de Dershowitz Nachum, Edward M. Reingold Cambridge Université Press 2007).

    2-Henri Genevois « Le calendrier agraire et sa composition » Le Fichier périodique Alger 1975.

    3- Jeannine Droein « Calendriers berbères » études berbères et chamito-sémitiques Louvain 2000.

    Il faut dire que Rome projeta sa puissance en Afrique du Nord dans le cadre d’une politique d’expansion impériale de colonisation de la conquête de Carthage (146 avant J.C) au démembrement du royaume numide de Juba 1er (46 avant J.C) et enfin l’administration directe de la Maurétanie suite à la mort du roi Bocchus 2 (33 avant J.C), Rome établit son empire à travers toute l’Afrique du Nord.

    Cette conquête est restée cinq siècles jusqu’à la prise de Carthage par le roi vandale Genséric (439 après J.C). Donc il existe en Afrique du Nord des traces anciennes de la célébration de la fête du Nouvel An Yennaer appelé calendes de janvier chez les romains.

    C’est Tertulien de souche africaine qui nous fournit cet élément, né et mort à Carthage dans son ouvrage « De l’Idolâtrie » composé en 212 après J.C a éprouvé le besoin de décrire ces réjouissances.

    Cette illustration concrète de la célébration des calendes d’Ianiarius se trouve parmi les mosaïques du calendrier mural retrouvé sur le site de l’antique Thysdrus (El Jem Tunisie) daté entre 222 et 235 remarquablement bien conservé, représente les quatre saisons et les mois.

    La figure symbolisait Ianiarius qui représente deux hommes se donnant l’accolade. A l’arrière-plan on distingue une «galette, le reste étant des fruits». (Voir Christophe Hugoniot dans «Rome en Afrique» Paris Flammarion 2000) et «Œuvres de Tertulien, tome deuxième d’Eugène Antoine Genoude Louis Vives Paris 1852 ainsi que le «calendrier de Thysdrus» de Louis Foucher Paris CNRS 2000).

    Enfin une troisième attestation de l’ancrage des célébrations de la fête de Ianus dans l’Afrique du Nord de l’époque romaine, nous est donnée un siècle et demi plus tard par Saint Augustin d’Hippone 354/430) qui condamne les Calendes de Janvier en tant que fête du Nouvel An comme étant des survivances de cultes paiens à éradiquer dans «la Cité de Dieu».

    IANIARIUS EST’IL L’ANCETRE DE YENNAYER ?

    Il s’avère donc que durant plusieurs siècles d’occupation romaine, les fêtes d’Ianiarus, ancêtre de Yennayer, ont été célébrées en Afrique du Nord. Saint Augustin est la dernière source latine africaine évoquant les calendres de Janvier.

    Avec les «Fatihines», les adeptes de la «Rissala mohamadia» ramènent avec eux le calendrier dit de «l’Hégire» dont l’An 1 correspond à l’An 622 de l’ère chrétienne. Le calendrier musulman exclusivement lunaire correspond à 12 mois soit 354 jours ou 355 jours tous les dix ans, soit 11 de moins que l’année tropique. Ce calendrier est déconnecté du rythme des saisons, qui dépendent du soleil.

    Le premier jour du premier mois de l’année sont appelés « Al Mouharam ». Mais la première trace systématique de la transmission du calendrier julien latin chez les lettrés arabophones musulmans se rencontre dans le célèbre calendrier de Cordoue (Voir l’ouvrage de Charles Pellat « le calendrier de Cordoue » Leiden, Brill 1961) connu sous le nom arabe de Rabi Ibn Zayd conseiller dans la cour des califes cordouans Abd Rahman III et Al Hakam II, traduit en latin au XIIème siècle par Gérard de Crémone.

    Contrairement au calendrier lunaire, c’est le calendrier solaire qui est le plus utilisé par les agronomes musulmans d’El Andalous qui permet de suivre les saisons déterminées par la révolution de la Terre autour du Soleil.

    Qu’en est-il alors du vocable ‘Yennayar» ? Ce dernier apparait pour la 1ère fois dans les poèmes rédigés par Mohamed Ibn Quzman (1078/1116), considéré comme le maître du genre poétique « zajal » par opposition à la prosodie ou le Mouwachah.

    IBN QUZMAN LE MAITRE POETIQUE DU ZAJAL ET YANNAYER

    Ibn Quzman n’hésite pas de puiser dans l’arabe populaire andalous d’où il utilisa le terme « Aïd Yannayar » pour évoquer la célébration Yannayer et décrit les différents fruits consommés par les Cordouans pour l’occasion. Il faut dire qu’à partir du XI siècle l’Andalousie est intégrée aux grands empires amazighs almoghavid puis almohad.

    Pour contredire la contribution publiée en ligne par Yidir Plantad sur le site «Tamazgha.fr» (Yennayer-histoire d’un mot), il faut qu’il sache que le terme Yennayar qui intervient le 12 Janvier de l’ère grégorienne est bel et bien d’origine et de filiation amazighe dont les premiers fatihines partis sous le commandement de Tarek Ibn Ziad étaient comme lui des Imazighen.

    Cette fête de Yennayar ne peut être que berbère depuis 950 avant J.C, date à laquelle Chechnaq aurait remporté la bataille décisive contre les pharaons, soit la 22ème dynastie, pour faire correspondre le 1er jour de Yennayer.

    * Chercheur Universitaire – Ancien ministre

    Le Quotidien d’Oran, 19 jan 2020

    Tags : Algérie, amazigh, yennayar, culture berbère,