Année : 2020

  • Comment l’Afrique perçoit la France, d’après le Quai d’Orsay

    Un rapport du Quai d’Orsay – révélé par Le Monde – fondé sur une synthèse des télégrammes de 42 ambassadeurs français en Afrique souligne l’inconfort de la position française en Afrique. Aussi dur de sortir de la « Françafrique » que de s’y cramponner.

    Par Said Djaafer, Alger

    C’est un rapport commandé par le Quai d’Orsay après le discours controversé du président Nicolas Sarkozy à Dakar, en juillet 2007, dans lequel il convoquait un lexique et des référents surannés pour dresser le portrait d’une Afrique, hors de l’histoire, enfermée dans « l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles ». La conclusion du rapport est simple : la France perd pied en Afrique, son image se dégrade fortement et « oscille entre attirance et répulsion (…) au gré du soutien politique, ou des interventions, militaires notamment ». Le soutien à des chefs d’Etats africains inamovibles et la présence de bases militaires françaises accrédite, chez les Africains, l’image d’une France agissant pour des « gouvernements iniques et pour des causes opaques ». Prenant acte de l’émergence de nouveaux acteurs en Afrique (Chine, Inde, Brésil, Etats-Unis…), le rapport note que la « France n’est plus la référence unique ni même primordiale en Afrique ».

    L’idée d’une France vorace persiste


    Paris a tenté ces derniers mois de rattraper les effets du discours de Dakar. Très inspiré des vieilles thèses ethnocentristes de Hegel sur l’Afrique, il avait suscité la surprise indignée des élites africaines. Quelques mois plus tard, en février, au Cap, le président français entamait une correction de tir en annonçant une renégociation des accords de défense en vigueur entre la France et certains Etats africains et, surtout, en présentant les rapports « équilibrés, transparents et décomplexés » avec l’Afrique du Sud comme un modèle devant inspirer « la relation nouvelle entre la France et l’Afrique ». Depuis, il y a eu ce qu’un diplomate français appelle les « dégâts durables » infligés à l’image de la France par l’affaire de l’Arche de Zoé, association qui avait tenté de faire sortir illégalement du Tchad des enfants présentés comme des réfugiés du Darfour. Du coté des Africains, des jeunes notamment, le rapport montre que l’idée d’une France vorace qui pille les ressources naturelles reste prégnante alors que, selon les diplomates, les principaux intérêts économiques français se trouvent en Afrique anglophone. Ce déplacement des intérêts français vers l’Afrique anglophone est ainsi expliqué par les chiffres : la moitié des échanges français avec le continent se fait avec l’Afrique du Sud et le Nigeria et, plus globalement, l’Afrique subsaharienne n’entre plus que pour 0,5% du commerce extérieur de la France contre 40% en 1957.

    Les idéalistes sont réalistes


    Que dire de ces chiffres quand on les croise avec le « désamour » des africains, francophones principalement, avec la France ? Que l’entretien de la Françafrique n’a aucune justification économique, alors qu’elle est la source d’une forte nuisance pour l’image de la France. Il est vrai que l’économie officielle est une chose et que les bénéfices des réseaux en sont une autre. Il est également vrai que la diplomatie française bénéficie d’un apport de voix « automatiques » très utile lors des débats onusiens. Mais ces justifications ont clairement perdu de leur pertinence, depuis la chute du mur de Berlin. Du coup, les « idéalistes » qui, en France, appellent à la rupture et à l’enterrement de la Françafrique pourraient faire valoir des arguments très réalistes pour défendre l’option du changement. Ils peuvent faire valoir, par exemple, qu’il est beaucoup moins risqué de fâcher le Gabon que de déplaire à la Chine.

    Source : ALLIANCE pour la DEMOCRATIE et le PROGRES, 10 mai 2008

    Tags : France, Afrique, françafrique, colonisation, spoliation, pillage, bases militaires,

  • Algérie : L’issue des bravades

    par Abdou BENABBOU


    A différents niveaux, certains responsables officiels algériens sont piégés par les nuances entre l’esprit et la lettre. Absence de la maîtrise du discours ou un manque d’expérience face à la foule ? Peut-être. Le mot et le verbe mis dans la bouche d’un représentant de l’Etat ont les facultés d’un bouquet de fleurs offert ou, au contraire, celles d’un breuvage insipide à boire selon les ambiances et les idées arrêtées de ceux qui les reçoivent.

    En demandant à une assistance de se contenter de se plier à une situation présente ou de changer de pays, le jeune ministre de la Jeunesse a laissé sa langue devancer son esprit dosant son élan patriotique expéditif sans réelle densité. Dans la précipitation de son langage, il n’a pu éviter une maladroite circonvolution cérébrale qui allait buter contre la dramatique parabole des harraga. Ceux-là, bien évidemment, n’ont pas attendu un nouveau jour pour s’aligner sur la droite lignée du ministre qui a mis le doigt sur une constante dont il a occulté la mesure.

    L’ex-président déchu avait utilisé l’égocentrisme par le verbe et le comportement allant jusqu’à affirmer qu’il pouvait être roi s’il ne s’était pas appliqué à bouder un trône que le peuple lui offrait. L’issue de ses puériles bravades est connue.

    On assiste malheureusement de plus en plus à une marmelade verbale officielle de la part de responsables, plongés dans un océan de problèmes pour lesquels ils n’ont pas été aguerris et leurs discours toujours spontanés se présentent comme un aveu d’impuissance.

    On aurait grandement tort de trop leur en vouloir car la crise multiforme ne peut se suffire d’un radotage usé et que le verbe et la parole, quels que soient leurs parfums, ne sont plus que des témoins à charge. Nos gouvernants seraient mieux avisés d’insister sur leurs insuffisances pour réclamer aux bras de se tendre pour que les responsabilités se généralisent.

    Une charge ministérielle n’a de conséquent que dans l’action. Si elle ne s’en tient qu’au verbe et aux recommandations, elle devient démagogie, populisme et se transforme aux yeux du peuple en fuite en avant.

    Le Quotidien d’Oran, 25 oct 2020

    Tags : Algérie, Sid Ali Khaldi, Messaoud Djari,

  • Algérie : Tebboune en confinement préventif

    Le président, Abdelmadjid Tebboune, 72 ans ‘‘est entré à partir d’hier et pendant cinq jours en confinement volontaire préventif, sur recommandation de l’équipe médicale de la présidence de la République’’, a indiqué samedi un communiqué de cette dernière reprise par la télévision. ‘‘La décision est prise suite à l’apparition des symptômes du Covid-19 chez plusieurs hauts cadres de la Présidence de la République et du Premier ministère’’, ajoute la même source.

    La médiatisation de cette information par la présidence de la République, surtout que le président Tebboune n’a pas de symptômes, vaut son pesant d’or en termes de communication de la part de la présidence de la République qui entend ainsi jouer à fond la carte de la transparence. Une démarche qui, au premier degré, permet déjà d’anticiper les éventuelles rumeurs sur les réseaux sociaux qui n’auraient pas, à coup sûr, raté un tel « scoop » pour flamber la Toile, surtout que le contexte, gros de rumeurs ces derniers temps sur ces mêmes réseaux sociaux, y est très propice.

    Mais l’enjeu véritable de cette médiatisation de l’information est bien au-delà du simple calcul de court-circuiter les réseaux sociaux, car il s’agit surtout de marquer à ce niveau une rupture radicale par rapport à la manière dont les informations sur l’état de santé de l’ancien président de la République étaient gérées.

    Du temps de l’ex- président Bouteflika, souvent en délicatesse avec sa santé, dont le fameux AVC en 2014, la présidence de la République, quand elle avait le feu vert pour le faire, intervenait toujours en retard et souvent en réaction aux rumeurs de bouche à oreille. Il s’agit donc pour le président Tebboune de marquer sa différence et, pour le coup, « l’Algérie nouvelle » qu’il entend incarner trouve dans la médiatisation de l’information du « confinement volontaire et préventif » du président une traduction concrète et palpable qui confère à ce slogan une certaine dose de bonne foi et de véracité.

    Au-delà du fait que sa médiatisation se veut comme un marqueur de la nouvelle stratégie de communication de la présidence de la République, on se demande aussi si l’information rendue publique à travers l’APS et les télévisions publiques et parapubliques n’est pas orchestrée dans le but de faire oublier les bourdes successives du wali d’Oran, mais surtout de l’excité ministre de la Jeunesse et des sports qui, par leurs attitudes zélées et arrogantes, ont causé un tort à la démarche du président en pleine campagne électorale.

    Le premier pour rappel, a fait preuve d’impertinence, voire même de goujaterie, à l’égard d’une brave enseignante qui se plaignait légitimement de la vétusté du mobilier scolaire et des produits désinfectants.

    Le second, poussant le bouchon plus haut, a prodigué de précieux conseils aux jeunes Algériens qui ne sont pas d’accord avec « la constitutionnalisation de la Déclaration du 1er Novembre » d’aller se trouver des pays de rechange.

    Malgré les excuses du bout des lèvres du wali d’Oran et du ministre de la Jeunesse et des sports, le mal est fait, à en juger par le caractère viral des deux vidéos montrant ces deux responsables.

    La médiatisation de la mise en confinement volontaire du président Tebboune fera-t-elle oublier les pas de clerc du wali et du ministre, dont les jours sont désormais comptés.

    L’Est Républicain, 25 oct 2020

    Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune, coronavirus, v¡covid 19,

  • Algérie : Abdallah Djaballah appelle au boycott des produits français

    par Ilhem Tir

    En réaction aux dernières déclarations provocatrices du président français, Emmanuel Macron, et aux atteintes au prophète Mohamed (QSSSL), le président du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdallah Djaballah, en campagne contre le projet de la Constitution, appelle au boycott de tous les produits français.

    En meeting hier au Centre culturel Ibn Badis de Constantine dans le cadre de sa campagne contre le projet constitutionnel, Abdallah Djaballah a préféré endosser la abaya du cheikh que le costume du politique en prononçant un discours purement religieux profitant de la circonstance des événements islamophobes en France.

    Un pari gagnant puisqu’il a su capter l’attention de toute la salle acquise à sa cause lorsqu’il parla du prophète et de sa position dans le cœur de tous les Algériens. Tout en se référant au Coran et à quelques versets, le leader islamiste a appelé les citoyens à s’exprimer face à ces attaques provocatrices contre leur prophète avant de proposer une campagne de boycott de tous les produits français et en invitant l’État à prendre des mesures concrètes comme la convocation de l’ambassadeur de la France à Alger.

    Après une heure de prêche, le chef de file des islamistes a convergé vers la principale raison de la tenue de son meeting à savoir la Constitution et «le devoir d’aller voter et dire non à ce projet», dira-t-il. Sans verser dans les détails, il a accusé, lors de son intervention, la commission chargée de l’élaboration de ce projet d’être composée majoritairement de membres «laïques».

    «Cette Constitution sera une malédiction, pour le pouvoir et pour les Algériens qui voteront par oui, a-t-il affirmé.

    Affirmant avoir étudié le projet de manière explicite, le chef du FJD a considéré la nouvelle Constitution comme une «menace pour les constantes» avant d’énumérer les prérogatives élargies du président de la République dans cette nouvelle mouture de la loi fondamentale.

    Il a regretté que le chef de l’État se soit accaparé tous les pouvoirs contrairement à ses promesses.

    Ilhem Tir

    Le Soir d’Algérie, 25 oct 2020

    Tags : Algérie, France, Islam, Samuel Paty, islamophobie, boycott, Abdallah Djaballah,


  • Sahara Occidental : El Guergarate dans la presse Mauritanienne

    Dans une dépêche, l’agence Al Akhbar rappelle que le passage d’El Guergarate est fermée depuis 5 jours « anticipant ainsi la publication le 29 de ce mois, du rapport du Conseil de sécurité de l’ONU sur la question du Sahara occidental ».

    Al Akhbar indique que « cette fermeture a fortement affecté les légumes sur les marchés mauritaniens, qui dépendent principalement des matières en provenance du Maroc. Ce qui a entraîné une hausse de leurs prix », mais qu’elle a mobilisé les mauritaniens sur les réseaux sociaux dont les voix appellent le gouvernement mauritanien à investir dans le domaine de l’agriculture afin d’en assurer les besoins du pays.

    De son côté, l’agence Anbaa indique que, jusqu’à présent, c’est le silence radio de la part des autorités mauritaniennes sur la fermeture d’El Guergarate « qui approvisionne les marchés du pays en denrées alimentaires de base, et la menace de la reprise de la guerre du Polisario avec le Maroc. « En cas de guerre, la frontière nord de la Mauritanie sera son principal théâtre ».

    Pour Alanbaa, les autorités mauritaniennes peuvent « ouvrir une voie de communication avec le Front Polisario pour désamorcer la nouvelle crise, qui nuira grandement à l’économie mauritanienne, laquelle fait face aux conséquences de la pandémie du coronavirus ».

    « Selon les observateurs, la réaction de la diplomatie mauritanienne doit être immédiate, afin que la situation ne glisse pas dans les frictions ou dans la confrontation directe, car on ne sait pas combien de temps le Maroc maintiendra la politique de retenue », ajoute la même source.

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, El Guergarate, ONU, MINURSO, Mauritanie, marchandises,

  • Maroc – Sahara Occidental: Radi Ellili met à nu le mythe de « De Tanger à Lagouira »

    L’activiste sahraoui Mohamed Radi Ellili a déclaré dans une vidéo posté ce matin sur Facebook que la fermeture de la brèche illégale de El guergarate a mis à nu le mythe de « De Tanger à Lagouira » utilisée par les marocains pour réaffirmer leurs ambitions expansionnistes et cacher la vérité sur la localité de La Güera qui se trouve sous l’administration des autorités mauritanniennes.

    Après avoir montré des vidéos et des images des marchandises pourries à bord des camions qui ont fait demi-tour du poste d’El Guergarate fermé par les sahraouis, Ellili a mis en exergue les mensonges qui entourent ces fameux slogans qui visent à duper l’opinion publique marocaine en lui présentant une image on ne peut plus trompeuse et lointaine de la réalité sur le contrôle de la situation au Sahara Occidental par le Maroc. Parmi ces slogans : « Le Maroc, de Tanger jusqu’à Lagouira », « Le Maroc se trouve dans son Sahara et le Sahara dans son Maroc », « l’intégrité territoriale », etc.

    Selon M. Ellili, incapable d’agir autrement, le Maroc n’a pas trouvé d’autre réponse à donner pour la consommation de son opinion publique interne que la farce de l’ouverture de nouveaux consulats africains dans les villes sahraouis. « Vous pouvez ouvrir tous les consulats que vous voulez, mais vous ne pouvez rien faire pour empêcher le pourrissement de vos légumes et fruits à El Guergarate », martèle-t-il.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=1KQLKwPBsXA&w=560&h=315]

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, El Guergarate,

  • Selon Erdogan, L’Europe prépare sa propre fin

    Intervenant à l’occasion du 7e congrès du Parti de la justice et du développement (AKP) à Kayseri, le Président turc Recep Tayyip Erdogan a violemment critiqué la politique des pays européens à l’égard des musulmans allant même jusqu’à évoquer un «fascisme européen».

    Pour lui, l’Europe a «ouvert un front contre les musulmans» ce qui signifie le début de sa fin. «Le fascisme européen est entré dans une nouvelle étape avec ce type d’attaques contre les droits des citoyens musulmans. L’Europe prépare sa propre fin avec le front qu’elle a ouvert contre les musulmans. S’ils n’y mettent pas fin, cette maladie rongera toute l’Europe de l’intérieur», a-t-il affirmé.

    Les propos d’Erdogan arrivent à un moment où le président français a décidé de rappeler l’ambassadeur de la France à Ankara suite aux déclaration du président turc mettant en question “la santé mentale” d’Emmanuel Macron en raison des mesures adoptées par ce dernier dans le contexte qui a suivi l’assassinat de Samuel Paty.

    Pour rappel, les événements en France ont laissé place à une forte campagne visant à boycotter les produits français dans le monde musulman en réponse à la publication des caricatures du prophète Muhammad sur les murs de certains immeubles en France.

    Tags : France, Turquie, Europe, Islam, musulmans, caricatures, Charlie Hebdo,

  • A l’ONU, le Yémen annonce la découverte de documents sur la relation de l’Arabie Saoudite avec Al Qaïda et Daech.

    Selon le site HyspanTV, le Yémen a révélé au Conseil de Sécurité de l’ONU, les liens de l’Arabie Saoudite avec les groupes terroristes d’Al-Qaïda et Daech.

    Dans deux lettres envoyées simultanément à l’Assemblée Générale et au Conseil de Sécurité des Nations Unies, le minstre yéménite des affaires étrangères a mis en exergue les récentes réalisations de l’armée yéménite, soutenue par des comités populaires, face aux terroristes d’Al-Qaïda et de Daech opérant dans la province sud-ouest d’Al-Bayda.

    D’après les lettres, lors d’une opération menée dans cette province, des dizaines d’éléments d’Al-Qaïda et de Daech ont été tués ou capturés. Parmi les morts figurent des chefs de ces gangs et des éléments de nationalité arabe et occidentale, pour la plupart des Saoudiens.

    Les forces armées et les comités populaires ont confisqué de grandes quantités d’armes de qualité et d’équipements militaires à des terroristes appartenant à seulement quelques pays, tels que l’Arabie saoudite et les États-Unis, confirmant leurs liens avec les deux gangs Takfiri, selon les lettres. .

    Ils indiquent également qu’à Al-Bayda, les forces yéménites ont trouvé une partie des archives d’Al-Qaida et de Daech. Ces documents montrent que les ministères saoudiens de la défense et ceux de leurs alliés apportent un soutien financier aux terroristes, y compris le paiement de salaires mensuels, et ont émis des cartes militaires identifiant les terroristes comme des membres militaires de la coalition saoudienne.

    Selon le ministère yéménite des Affaires étrangères, même certains des dirigeants de ces groupes extrémistes occupent des postes de haut rang dans le gouvernement de l’ancien président yéménite en fuite, Abdu Rabu Mansur Hadi, et parmi eux plusieurs figurent sur la liste noire américaine, ajoute-t-il.

    Par ailleurs, la note remarque, lors des pourparlers sur l’échange de prisonniers, les affiliés de Mansur Hadi ont appelé à la libération de 96 membres d’Al-Qaïda et de Daech qui sont sous l’arrestation du gouvernement de salut national du Yémen à Sanaa, la capitale.

    Par conséquent, le ministère yéménite des Affaires étrangères appelle le CSNU et l’ONU à condamner la coopération entre l’Arabie saoudite et ses partenaires avec des organisations terroristes.

    Tags : Yémen, terrorisme, Al Qaïda, Daech, Etats Islamique, ISIS, Arabie Saoudite,



  • Maroc : Nasser Bourita ou le visage de la défaite retentissante

    En vue de plaire à ses sujets endoctrinés par des décennies de propagande noire sur le Sahara Occidental, le Makhzen aime se bomber le torse et exhiber ses muscles de silicone. Mais à El Guergarate, il a été mis devant la réalité des faits : Le Maroc est un tigre de papier incapable de réagir face à une poignée de civils sahraouis qui ont été capables de quelque chose d’inimaginables : fermer le passage aux milliers de camions marocains qui transportent les produits marocains destinés à l’Afrique.

    Suite à cette victoire historique remportée par le peuple sahraoui, le ministre marocain des affaires étrangères Nasser Bourita s’est prononcé sur la question et il l’a fait d’une manière pitoyable. Les lèvres tremblaient et les insultes sortaient telles des éclairs.

    Incapable de contrôler ses impulsions, Bourita est tombé dans la pire des vulgarités, sortant les mots des fonds des cloaques d’un Makhzen blessé dans son orgueil et dans son arrogance légendaire qui l’a conduit à l’impasse du Sahara Occidental.

    Profondément frustré, Bourita cherche désespérément un argument à présenter à son opinion publique nationale habituée à consommer des plats de la mythomanie du roi et ses acolytes. Une opinion publique déçue par l’incapacité de ses autorités à prendre des mesures visant à rouvrir la brèche illégale d’El Guergarate.

    Tel un chien battu par son maître, Bourita avait la queue entre les jambes au même temps qu’il aboyait encore et encore. L’épopée d’El Guergarate l’a mis dans une situation embarrassante, lui qui ne cesse de se présenter comme le héros des prétendus succès de la diplomatie marocaine dans le dossier sahraoui.

    Hors de lui, Bourita est sorti des préceptes de la diplomatie en qualifiant le Front Polisario de « bandits » et de « coupeur de routes ». Des insultes adressés à ceux avec qui il sera obligé de s’asseoir dans quelques mois pour négocier une solution basée sur leurs droits légitimes à l’autodétermination et à l’indépendance.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, El Guergarate, Nasser Bourita,

  • Hijab, séduction et coquetterie féminine en terre d’Islam

    Par Ikbel AL Gharbi*

    Un spectre hante les deux rives de la méditerranée : c’est le Hijab ou voile islamique. Certains gouvernements l’interdisent comme la Turquie, la Tunisie et la France, d’autres le tolèrent. Le Hijab est devenu une affaire d’Etat.

    Au-delà des polémiques et des controverses, il est utile d’interroger les représentations culturelles et l’imaginaire arabo- musulman pour mieux cerner cette problématique.

    La culture musulmane est marquée par une représentation stéréotypée d’un éternel féminin caractérisé par la ruse, la coquetterie et la séduction. Et vue que le mot Fitna désigne à la fois désordre, guerre civile , tentation et séduction, le corps féminin se trouva, tout le long de l’histoire musulmane inscrit dans le champs de pouvoir.

    Le désir de cacher ce corps apparaît comme une obsession chez la plupart des

    Fuquahas au point que leurs écrits soient marqués par une invasion massive de la «Charia » dans la vie privée.

    Le Hijab ou voile féminin, dérivé du verbe « hajaba » qui veut dire cacher, protéger, séparer ; était destiné, sur un conseil d’Omar Ben Khattab semble- t -il, à dérober les femmes aux regards des hommes.

    L’islam a justifié le port du Hijab comme étant le plus simple moyen pour les épouses du prophète de se faire reconnaître afin qu’elles ne soient point offensées.

    Cette coutume fut presque unanimement suivie par les citadines, surtout de la classe aisées qui désiraient s’identifier aux mères des croyants, cependant ni les paysannes ni les ouvrières ne purent l’adopter complètement.

    Il parait évident que le port du voile ne constitue pas un pilier de l’islam, il est, de plus et depuis les origines l’objet d’infinies controverses qui prennent leur source dans trois passages du Coran.

    La sourate du hijab concerne uniquement les épouses du prophète. Le hijab y apparaît comme un signe distinctif et honorifique : « Quand vous demandez à ses épouses quelque chose, adressez vous à elle derrière un rideau (hijab). C’est plus décent pour vos cœurs et pour les leurs » (Sourate 33, les Coalisés, verset 53).

    Une évocation plus explicite du voile se trouve au verset 59, qui élargit la recommandation aux femmes proches du prophète et à toutes les croyantes.

    Quant au troisième passage il est situé dans la sourate 24, la Lumière, verset 30, 31 qui fixe aux musulmanes la conduite idéale à tenir pour ne pas exciter la convoitise des hommes.

    Pour les musulmans tolérants, ces versets loin d’imposer le voile aux femmes instaurent plutôt une nouvelle attitude de décence en public et rompent avec certains rituels antéislamiques qui poussaient les femmes, par exemple, à se dénuder les seins pour encourager les combattants qui partaient en guerre.

    Pour d’autres musulmans, adeptes d’une lecture littérale du texte sacré, la recommandation concernant les femmes du prophète a valeur d’obligation.

    Pour ces penseurs, la sharia doit imprégner toute la vie du croyant. Ses directives doivent ériger toute son expérience quotidienne. C’est pour cette raison qu’en parcourant certains textes , on s’aperçoit avec surprise que mille et un détails que l’on pensait relever de la sphère de la vie privée relèvent en fait de la vie publique et politique : intimité du couple, comportement amoureux , tenue vestimentaire parure et ornements, etc.

    Toutefois, et en dépit des interdits et des restrictions, le conformisme a toujours été une affaire de culture et de milieu.

    Certaines femmes musulmanes ont toujours voulu être libres et séduisantes.

    Elles ont affirmé leur personnalité avec leurs allures.

    – A l’image de Aicha B Talha petite fille de Abu Bakr, compagnon du prophète et nièce d’Aicha mère des croyants qui refusa le Hijab. Cette aristocrate alliait à la noblesse de sa naissance une fierté d’esprit et une grande beauté, qu’elle tenait d’ailleurs à laisser admirer. En effet, Aicha refusa de se voiler en déclarant avec malice que Dieu dans sa miséricorde l’a créée belle et qu’elle désirait montrer son œuvre.

    Très coquette, Aicha recherchait les hommages des poètes et savait tirer parti des sentiments qu’elle inspirait, au point qu’elle provoqua la destitution du gouverneur de la Mecque Al Hareth el Makhzoumi , qui avait consentit à retarder l’heure de la prière pour lui permettre de terminer son « Tawaf » (la circulation rituelle autour de la Kaaba).

    – Umm Hani, cousine du prophète et sœur d’Ali, était très coquette. Elle se paradait dans la rue mi-voilée « On apercevait ses boucles d’oreilles » relatent les historiens. Omar Ibn Khattab réprobateur lui dit « ton cousin Mohamed ne pourra rien pour toi si tu continues à te parer de la sorte ». L’envoyé de Dieu, loin de blâmer sa cousine, rétorqua avec tendresse : « j’ai le pouvoir d’intercéder pour tous les membres de ma famille ».

    – Sukeina, fille de l’imam Hussein le martyr de Kerbela, arrière petite fille du prophète Mohamed ne s’est jamais voilée et cela malgré sa jeunesse, sa beauté et la noblesse de son rang. Elle refusa également d’abdiquer sa personnalité et ne consentit jamais au principe d’obéissance au mari « Taa », ni au droit de ce dernier à la polygamie. Elle stipulait cette contestation de l’autorité masculine dans ses contrats de mariage.

    En outre ; en récusant l’institution du Hijab, cette féministe d’avant garde sapa son symbolisme en tant que séparation institutionnelle de deux espaces distincts, un espace privé réservé à la femme et un espace public géré par l’homme.

    Loin de se soumettre aux lois de la claustration, la pétillante Sukeina tenait, en effet, un salon littéraire à Médine et organisait des soirées interminables où se côtoyaient artistes, poètes et hommes de Lettres de diverses tendances et de différentes religions. Très fréquemment, les grands poètes de « ghazal », poésie érotique, de l’école du Hijaz venaient à la résidence de Sukeina réciter leurs poèmes, vanter leurs talents et écouter les critiques.

    Aux cotés du célèbre Omar Ibn Abi Rabiaa on cite al Awas, Djarir mais surtout al Farazdak semble s’y être rendu quand il se trouvait dans les lieux.

    Sukeina ouvrait les discussions, stimulait les débats littéraires, émettait des remarques, des commentaires sur l’emploi inadéquat d’un terme, d’un croisement, ou d’un motif inclus dans les vers cités.

    Les interventions de Sukeina relevaient une bonne connaissance de la poésie et de la culture de son époque.

    Elle a ainsi réussi à préserver l’école de la poésie « Ghazal » puisque ses adeptes étaient protégés et encouragés en bénéficiant de la caution des plus hautes sphères de la société médinoise.

    Ces femmes musulmanes auraient pu cristalliser des modèles qui nous auraient aidées à bâtir des sociétés où les femmes seraient pleinement épanouies.

    Ces récits authentiques redéfinissent les rapports de ces sociétés avec les femmes. Séduire est ici pris dans le sens de charmer, de fasciner, de plaire.

    Dans la séduction on entre dans un autre enjeu : prendre conscience de son corps pour plaire à l’autre.

    Freud a toutefois apporté une contribution ingénieuse à ce sujet.

    Il reconnaît au narcissisme un grand pouvoir d’attraction sur les autres. Il démontre par ailleurs que le narcissisme féminin est un moyen qu’utilisent les femmes pour compenser leur manque et leur infériorité « Pour se dédommager de leur oppression, elles se consacrent à leur beauté. Elles retournent sur leur propre corps un désir qui leur était interdit d’extériorise.

    Or, la relative égalité des sexes qui a régné à cette époque a permis à la femme musulmane d’accéder à une certaine autonomie affective et c’est pour cette raison que la coquetterie fém inine revêt ici un autre sens :

    Sukaina l’artiste et Aicha la séductrice, en contestant l’institution très ambiguë du Hijab ont senti que si on méconnaît les couleurs et les nuances, si on ne perçoit plus le chatoiement des étoffes, quand on ne s’habille plus qu’en uniforme : Bluejean, tenue Mao ou Tchador noir, c’est qu’on est prêt à subir tous les conditionnements et toutes les manipulations. C’est qu’on n’est plus un être libre. Car lorsque la norme disciplinaire réussi à pénétrer le quotidien pour quadriller et stériliser l’expérience de l’individu jusqu’à dans son corps, son désir, sa sensibilité esthétique, bref sa disposition innée au plaisir, elle permet toute les dérives totalitaires.

    Et quand la vie quotidienne est à ce point appauvrie, l’individu n’a même plus la force de demander des comptes à une réalité mauvaise car il n’a plus le désir du bonheur. Évidemment cela rend toute désaliénation improbable.

    D’instinct, les femmes musulmanes se sont toujours opposées à l’uniformisation vestimentaire, sous le khalifat de l’intransigeant Omar B Khattab, elles ont détourné les lois et ont inventé la mode « Kabati ». Le Kabati était une longue robe moulante et ajustée qui ne dévoile aucune partie du corps féminin mais qui épouse ses formes comme une seconde peau.

    A ce propos l’Imam Malek écrit « j’ai appris que Omar B Khattab a proscrit cette mode féminine qui bien qu’elle ne laisse rien transparaître dévoile Tout ».

    Ce qui est bien plus séduisant car comme l’observe Barthe c’est la chemise béante qui provoque le désir bien plus que la nudité du corps.

    A la même époque d’Omar -et désirant toujours plus de fantaisie- les femmes musulmanes ont dévoilés leurs jambes et ont opté pour l’audacieuse mode de la « mini jupe ». Les Fuquahas s’insurgèrent contre cette mode qu’ils qualifièrent de « Bidaa » [Innovation].

    On voit bien que déjà à l’aube de l’islam la mode féminine s’est libérée de la rigueur de l’orthodoxie et s’est caractérisé par la recherche de ligne et de volume.

    Les tenues féminines étaient étincelantes. Les matières utilisées étaient des plus nobles, les tissus étaient raffinés : soie mousseline, taffetas, chantoung satin damassé, brocart broché d’or et d’argent.

    Les couleurs étaient chatoyantes : rose orange et jaune safran, embellissantes, elles étaient à elle seules un maquillage éclatant.

    Les tuniques étaient ajustées, parfumés de musc ou ambrés, décorés de poèmes langoureux et brodées de fils d’or et d’argent …

    Les traînes étaient interminables.

    On superpose, on ose, on s’amuse …

    La fabrication de tissus brodés spéciaux avait lieu dans les ateliers de tissage des palais.

    Cette activité qui débuta sous les Umayyades devint un trait courant de la civilisation matérielle de l’islam médiéval. Ces créations étaient multiples et variées : brocart « dibaj » , satin « istabrak » ; soie fine « harir » , soie diaprée « wachy » et autre tissu de luxe ornaient les gardes robes des nantis.

    Les vêtements brodés étaient donnés en témoignage de la faveur royale et faisaient partie des cadeaux diplomatiques courants.

    La «Khilaa » offerte par les émirs était un vestiaire complet. De beaux vêtements étaient importés de tout le monde islamique : De l’Inde venait la Futa, sorte de sari, de la chine venaient les vêtements de plie en tissu huilé, Mimtari, sorte d’imperméable ainsi que toute sorte de tissus nobles tels que le Sharab, Dimyati , Dabiki… tous en lin.

    Les chaussures et les sandales devaient être choisis parmi un certain nombre de cuir de couleur et de forme, et il était permis d’en porter qui présentent des combinaisons de couleurs telle que le noir et le rouge ou le noir et le jaune.

    La mode des bas empruntée aux persans était aussi bien établie. La lingerie de la musulmane élégante devait être fine et de couleur pastel ou noire.

    Le vêtement féminin s’introduit au double jeu de l’ordre et du désordre, de la soumission à la contrainte et de la liberté. Fidèle à son essence, il joue subtilement entre l’exhibition et le masque.

    Flugel compare en ce sens le vêtement à un symptôme névrotique et notamment à la rougeur. Celle ci est à la fois un signe excessif de honte, mais en même temps comme le montre la psychanalyse, c’est une façon d’attirer l’attention sur soi.

    Selon Flugel, le vêtement est une rougeur perpétuelle sur le corps de l’humanité. En isolant un corps ou une partie du corps il portait immanquablement l’attention sur elle. Par cette dialectique singulière tout vêtement même le hijab cache en même temps qu’il désigne.

    La fantaisie féminine s’est aussi manifestée au niveau de la coiffure. Dés l’époque du prophète les femmes utilisaient du vin comme laque pour donner plus de volumes à leur chevelure.

    Sukaina fille de hussein le martyr de karbala, qui affichait une coquetterie toute féminine, mettait en valeur sa beauté par une coiffure spéciale qui portait son nom « al turra al sukeyniya » (les cheveux bouclés à la Sukeina). Cette coupe à la mèche rebelle fit fureur aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Jugeant la « coupe Sukaina » trop efféminée, le pieux Khalife Omar B Abdelaziz l’a interdite aux hommes et punissait tout homme coiffé à la Sukaina à être rasé et flagellé.

    L’Histoire atteste que l’élan de vie et la vitalité des femmes musulmanes se sont toujours opposés à la rigueur de l’orthodoxie. En militant pour reconquérir socialement leur corps, elles affirment l’unité indissoluble de l’être humain : esprit libre dans un corps réapproprié.

    Ces pratiques si souvent vilipendées dont les textes n’ont gardé que des traces partielles et partiales nous en donnent la preuve.

    Ici point de jugement moralisateur, de systématiques querelles entre Anciens et

    Modernes, comme le voudraient le faire croire bon nombre de chroniqueurs nostalgiques d’un passé mythique, mais seulement un incessant bricolage qui fonde le phénomène vestimentaire féminin en une dynamique, parfois turbulente, toujours soumise à des réaménagements.


    * Ikbal al Gharbi est professeur de psychologie et des sciences de l’éducation à L’Institut supérieur des sciences religieuses, ainsi que directrice du Centre de l’innovation pédagogique, à l’université Ezzeytouna en Tunisie. Elle est aussi psychologue, docteur en anthropologie, consultante auprès des Nations Unies et elle s’occupe de la réforme dans le monde arabe.

    Source : Islamiqua, 15 déc 2008

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