Année : 2017

  • Panique au Makhzen

    Entretien exclusif avec Amar Belani, Ambassadeur de l’Algérie en Belgique et auprès de l’Union Européenne au lendemain de la visite du Ministre algérien des Affaires Etrangères, RamtaneLamamra, à Bruxelles.
    Afrique Asie : Dans un article récent publié dans la presse marocaine, il est question de la visite du Ministre Lamamra à Bruxelles dont l’auteur tente d’en minimiser l’importance, la qualifiant de « tribulations algériennes ». Qu’en est-il exactement des objectifs de cette visite?
    Amar Belani : Effectivement, cette visite qui s’inscrit dans le sillage des traditions de concertation et d’échanges entre les responsables algériens et européens est importante à plus d’un titre.
    Elle intervient à moins de quatre semaines du Conseil d’association Algérie-UE, qui aura lieu le 13 mars 2017, à l’occasion duquel les deux parties procéderont à l’adoption formelle des priorités de partenariat identifiées conjointement dans le cadre de la nouvelle Politique européenne de voisinage, faisant de l’Algérie le premier partenaire nord-africain de l’UE à adopter ce document, et signeront plusieurs conventions de financement sectorielles. Il s’agit d’une nouvelle impulsion que les deux parties entendent donner au partenariat Algérie-UE, qui traduit en fait la densité et le caractère exemplaire et stratégique des relations bilatérales.
    Elle intervient également au moment où la médiation en Libye enregistre quelques frémissements eu égard à l’intensification des efforts des pays du voisinage de la Libye et de la réactivation du Comité de haut niveau de l’UA, mécanismes au sein desquels l’Algérie joue un rôle de premier plan, ce qui explique pleinement qu’elle soit sollicitée et écoutée par ses partenaires européens.
    Enfin, cette visite intervient aussi au lendemain de la réunion à Bamako du comité de suivi qui a permis, grâce aux efforts persévérants et méritoires de la médiation internationale conduite par l’Algérie, de remettre sur les rails le processus de paix et de réconciliation au Mali.
    S’agissant de la dépêche fielleuse que vous évoquez, elle résume bien la rancœur et la frustration non dissimulées de son auteur et surtout l’angoisse de cercles plus larges de voir l’UE et certains pays membres, se saisir de l’admission du Maroc à l’Union Africaine pour plaider en faveur d’un rôle plus engagé de l’UE pour soutenir de manière plus proactive les efforts en vue de hâter le règlement du conflit du Sahara Occidental. Nos interlocuteurs européens et belges ont effectivement indiqué que l’admission du Maroc au sein de la famille africaine est susceptible d’ouvrir de nouvelles perspectives en ce sens et que l’UE qui ambitionne de jouer un rôle diplomatique global pourrait ne plus se confiner dans une posture passive de simple soutien aux efforts onusiens. Il en sera de même pour les Sommets UE Afrique auxquels la RASD sera appelée à y participer.
    C’est loin d’être le cas du positionnement de l’UE concernant la question du Sahara occidental, notamment à la lumière de l’Arrêt de la Cour de justice de l’UE du 21 décembre 2016, ou sa position est pour le moins ambiguë ne pensez-vous pas?
    Vous savez, le Service européen de l’action extérieure vient de confirmer, une nouvelle fois, en réponse à une question écrite de l’eurodéputé Marcinelesi, que «Les institutions européennes sont liées par les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne et elles sont dans l’obligation de se conformer aux décisions de la Cour»
    Le caractère juridiquement contraignant de cet arrêt, souligné par Nick Wetcott, ManagingDirector au SEAE, devant le parlement européen en date du 9 janvier 2017, est bien là et ce ne sont certainement l’autisme et les vaines bravades de ceux qui excellent dans la méthode Coué qui parviendront à l’occulter.
    Lors de nos interactions avec les responsables européens, nous encourageons l’UE à ne pas se détourner d’une application rigoureuse et conforme au droit international de l’arrêt de la Cour de justice de l’UE du 21 décembre 2016, rappelant que ce dernier stipule clairement que l’UE doit tenir compte du statut distinct et séparé du territoire du Sahara occidental dans ses échanges avec le Maroc.
    Après la déclaration du Commissaire Canete qui a déclaré que l’UE tiendra dument compte du statut distinct et séparé de du territoire du Sahara occidental, la déclaration conjointe entre Mogherini et Bourita évoque des arrangements et des mesures appropriées à prendre si nécessaire. Comment peut-on interpréter ce ton singulièrement conciliant de l’UE après les menaces de représailles proférées par le Ministre marocain de l’agriculture ?
    Il faut relever que le Commissaire Miguel Arias Canete s’est exprimé au nom de la Commission et il n’a fait que rappeler le droit international en partant de l’arrêt de la CJEU. Ce positionnement politique et juridique sera le fondement inévitable des relations entre le Maroc et l’UE chaque fois que le territoire du Sahara occidental sera concerné et ce ne sont pas les propos apaisants de la déclaration conjointe qui changeront quelque chose sur le fond. Il faut d’ailleurs rappeler que le Président de la Commission européenne a réagi, avec véhémence, pour reprouver le ton inacceptable du communiqué du Ministre marocain de l’agriculture qui menaçait ouvertement l’UE, et en particulier un pays européen du sud, de capacités de nuisance notamment en matière de contrôle des flux migratoires. Manifestement, le passage à l’acte n’a guère tardé avec les centaines d’immigrés qui ont forcé ce vendredi la haute barrière entourant l’enclave espagnole de Ceuta.
    En fait, La question qui mérite d’être posée est la suivante: Est-ce que la Commission Européenne peut délibérément prendre ses distances par rapport à la justice et à l’état de droit ? 
    Sur le plan politique, la mansuétude et la volonté de trouver des arrangements sont plus que perceptibles mais sur le plan juridique et à moins de recourir à des artifices comme le cumul de l’origine ou autres falsifications des certificats d’origine pour maintenir le régime actuel, il est impossible pour les institutions européennes de remettre en cause l’autorité de la chose jugée et ce en dépit du forcing des «équipes techniques» marocaines qui font le siège de la commission. Celles-ci s’échinent et tentent vainement de faire admettre que l’accord agricole est applicable au territoire non autonome du Sahara Occidental.
    Comme j’ai eu déjà à le déclarer au journal TSA, l’indulgence singulière affichée à l’égard du Maroc ne doit pas être le prélude à un accommodement qui mettra à mal le respect de l’état de droit tel que consacré par l’article 2 du traité sur l’Union Européenne. Les arrêts de la CJUE ont force exécutoire à compter du jour du prononcé et ni le Conseil, ni la Commission, ni le Parlement Européen ne peuvent revenir sur ses jugements.
    Il faut s’attendre à une mobilisation intense au niveau du Parlement européen pour que l’arrêt soit effectivement transposé dans la réalité des rapports que l’UE entretient avec le Maroc notamment en ce qui concerne le champ territorial des accords conclus ou en cours de négociation avec ce pays. L’accord de pêche qui couvre explicitement les eaux du Sahara Occidental dans son champ territorial a fait l’objet d’une saisine de la Cour, et ce sera la prochaine station pour stopper la spoliation des richesses naturelles d’un territoire occupé tant que le consentement du Front Polisario ne sera pas sollicité et obtenu. 
    Par ailleurs, on ne peut que se féliciter de la décision des compagnies danoises de cesser leurs activités illégales à partir du Sahara Occidental. Nul ne doute que dans le sillage du retrait des chaines de distributions suisses, ce désengagement danois fera boule de neige et d’autres compagnies européennes envisagent d’ores et déjà de suivre ce mouvement.
    Dans une interview accordée au journal marocain, le Desk, le Ministre délégué marocain Nasser Bourita qualifie de « non-sens » la déclaration des représentants du Front Polisario soulignant le fait que siéger à l’UA en présence de la RASD, vaut reconnaissance de son existence. Quel est votre commentaire à ce sujet?
    Une attitude professorale et un torrent de sophismes pour fourvoyer et masquer la réalité des faits. Personne n’a évoqué une reconnaissance de jure dont le dernier des collégiens connait les conditions, mais la question concerne la reconnaissance de fait car le Maroc ne peut faire autrement que d’admettre implicitement la présence de la RASD et de reconnaitre que celle-ci lui est opposable.
    Dans cette même déclaration amphigourique, le responsable en question évoquait les réalités géopolitiques et la légalité internationale (sic) dans un assemblage plus que surréaliste. De quelle légalité parlons-nous ? Car il y en a une seule et elle consacre, de manière irréfutable, le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination comme réaffirmé, avec constance, par toutes les résolutions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée Générale de l’ONU.
    Par ailleurs, le fait d’assumer crânement que l’objectif du retour du Maroc dans le giron de la famille institutionnelle vise avant tout, à geler la participation de la RASD, voire à l’exclure de l’UA, en dit long sur le degré de sincérité des plaidoyers passionnés sur les vertus de la coopération Sud-Sud, de l’expansion économique solidaire et commune ainsi que des proclamations sur un engagement fédérateur qui serait loin des débats stériles semeurs de divisions.
    Il convient de rappeler à cet égard que l’adhésion du Maroc à l’UA n’aurait pu être acceptée sans l’abandon de l’exigence du retrait simultané de la République Sahraouie, membre fondateur de l’UA. En outre, la ratification par le Maroc, sans réserves, de l’acte constitutif de l’UA fait que cet instrument lui oppose de manière irréfutable l’obligation de se conformer au principe de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme. L’interprétation saugrenue de ceux pour qui les réserves formulées par le Maroc en 1963 au moment de la création de l’OUA, restent valables est à côté de la plaque vu qu’il s’agit d’une adhésion et non d’une réintégration à une nouvelle organisation.
    Par-delà ces arguments fallacieux, la présence du Maroc au sein de l’UA, aux côtes de la RASD, constitue, comme l’a souligné le Ministre RamtaneLamamra, un changement fondamental de circonstances qu’il faut positiver et à partir duquel il faut ouvrir de nouvelles perspectives, et c’est à cela que l’UE devrait s’atteler prioritairement en appliquant rigoureusement l’arrêt de la Cour de justice de l’UE.
    La partie marocaine affirme que la flamme de l’UMA s’est éteinte et que l’idéal maghrébin se trouve trahi…
    Le constat amer de la faiblesse de l’intégration dans notre région est un constat triste qui s’impose à tous. Cependant, ce constat est excessif et il ne correspond pas tout à fait à la réalité qui nous impose, au contraire, de fournir davantage d’efforts pour consolider le processus maghrébin sur des bases saines. Pour l’Algérie, qui demeure profondément attachée à l’idéal maghrébin en tant qu’objectif stratégique et aspiration profonde des peuples maghrébins, il faut se poser la bonne question : qui a fait en sorte que cette flamme ne soit pas entretenue ?
    Sans rentrer dans le détail, je dois juste rappeler quelques faits historiques: Ce n’est pas l’Algérie qui a gelé officiellement sa participation aux travaux de l’UMA en 1995, ce n’est pas, non plus, le gouvernement algérien qui a déclaré «inopportune» la visite de travail d’un Chef du gouvernement en 2005 et ce n’est certainement pas l’Algérie qui a remis en question le consensus partagé lors du sommet de Zéralda de juin 1988 – qui a servi de plateforme pour le lancement de l’UMA en février 1989 – selon lequel la relation bilatérale et le processus de l’intégration maghrébine doivent être préservés et découplés de la question du Sahara Occidental qui fait l’objet d’un traitement adéquat au sein des Nations unies conformément à la doctrine onusienne de décolonisation.
  • Le retour de Chris Coleman ?

    Chris Coleman est-il de retour ? Un compte sur Twitter se présentant comme celui du hacker qui a publié entre 2014 et 2015 des milliers de documents confidentiels de la DGED de Mohamed Yassine Mansouri et des affaires étrangères marocaines distille encore cette fois d’autres documents.
    Après que certains l’eurent accusé de publier du « réchauffé », « Chris Coleman » a répliqué en publiant sur Twitter des copies du passeport de l’épouse de l’ancien ministre des affaires étrangères et actuel conseiller royal M. Taïb Fassi Fihri.
    Un document que le premier « Chris Coleman » n’avait pas publié.
    D’autres documents, croit-on savoir, devraient suivre.
    C’est une forme de justice divine.
    Quand il était en poste, l’ancien ministre des affaires étrangères et membre de la deuxième famille régnante du Maroc, les Fassi Fihri, s’en est pris gratuitement et méchamment (sûrement sur ordre de Fouad Ali El Himma) aux parents de certains « mal-aimés » du régime qui servaient dans son ministère.
    Ali Lmrabet
  • En s’engageant à sécuriser l’accord agricole UE-Maroc : Mogherini torpille une décision de la justice européenne

    La décision rendue par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), selon laquelle l’accord agricole entre l’UE et le Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental, et donc n’arrangeant pas autant Rabat que la realpolitik promue par des responsables européens, ces derniers s’acheminent à tenter de la surpasser.
    Ce qui sera difficile à entreprendre, car d’autres responsables européens en appellent à l’application des décisions de justice, à l’exemple du président de la Commission des affaires étrangères de l’UE, Elmar Brok, déclarant que «nous sommes dans un État de droit et le premier principe de l’État de droit est d’appliquer les décisions de justice.»
    Si on se réfère, en effet, au communiqué de la haute représentante et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, signé conjointement avec le ministre délégué aux Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, ces derniers comptent œuvrer pour tourner le dos à la décision de justice de l’UE. Si des responsables européens refusent de se plier à leur justice en faisant fi de ses décisions rendues, notamment celles sur les Accords de l’UE-Maroc, illégaux car, incluant le Sahara occidental, l’UE fera preuve aussi d’absence d’éthique. Un précédent, aux conséquences gravissimes, non seulement pour l’UE mais aussi dans ses relations avec ses autres partenaires, à travers le monde, qui seront en droit de s’interroger, sur la place qu’occupe réellement la justice européenne, le droit européen et international, dans la politique de l’UE, dans sa relation avec le monde. Pour la simple raison de sauver leurs accords bilatéraux, lesquels ont été paraphés, par Bruxelles et Rabat, en violation, car incluant le Sahara occidental, du droit européen, comme du droit international, lequel territoire est non autonome, soumis à processus de décolonisation, par l’organisation d’un référendum d’autodétermination. 
    L’UE comme Rabat en signant lesdits accords pensaient pouvoir réussir à exploiter illégalement les richesses naturelles du Sahara occidental, sans être inquiétés ou rappelés à l’ordre, notamment par sa propre justice, laquelle après des années de la conclusion de ces accords, a rendu sa décision, selon laquelle l’accord agricole entre l’UE et le Maroc n’est pas applicable au Sahara occidental. Si pour le Royaume chérifien la violation du droit international du fait de sa colonisation des territoires sahraouis, est une pratique coutumière, à ce jour, depuis son invasion militaire, en 1975, du Sahara occidental, alors qu’il était inscrit aux Nations unies, sur le registre des territoires non autonome, pour l’UE, la décision de la CJUE la somme de mettre un terme à sa réalpolitik dans ses relations avec Rabat, lorsque celles-ci débordent de l’espace géographique marocain, pour inclure le Sahara occidental, ce qui est en violation avec le Droit international. 
    En indiquant dans ledit communiqué signé conjointement par la responsable de l’UE, Federica Mogherini et le marocain Nasser Bourita, au terme de leur rencontre mardi dernier, que Bruxelles «s’engage à prendre les mesures nécessaires afin de sécuriser l’accord agricole qui le lie au Royaume marocain, depuis 2012» Mogherini outre qu’elle se détourne de la teneur de la décision de la justice européenne, elle fait fi de ce qui sécurise le plus tout accord, à savoir sa légalité et sa conformité avec le droit européen et international. Alors s’il s’agit là d’un simple communiqué ne dépassant pas les limites de la consommation politico-médiatique, à Mogherini de se saisir encore une fois, par la teneur et la pertinence de ses message de félicitations adressés à Rabat, suite à son adhésion à l’Union africaine (UA). La responsable européenne n’ignore certainement pas, que le Maroc a dû se conformer aux textes et principes de l’Acte constitutif de l’UA, pour adhérer à l’organisation africaine, qui depuis sa création en 2002, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) y siège, et figure parmi ses membres fondateurs. 
    Alors que Rabat a paraphé l’Acte constitutif de l’UA, donc pour ne citer que son article 4, qui stipule que celle-ci fonctionne conformément aux principes du Respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance et la non utilisation de la force pour l’acquisition de territoires, un des principes fondamentaux de l’Institution africaine. Alors que la justice de l’UE et peu de temps après l’Acte constitutif de l’UA, paraphé par Rabat, oblige le Maroc à se conformer au droit continental dans ses relations avec le monde, la responsable européenne, par sa signature dudit communiqué, invite les autorités coloniales marocaines à ne pas désespérer de voir des jours meilleurs, dans son occupation du Sahara occidental, mais en vain, car l’histoire du colonialisme en a déjà décidé autrement. Et le collègue de la haute représentante et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, le président de la Commission des affaires étrangères de l’UE, Elmar Brok l’a si bien rappelé, dans sa déclaration indiquant que «nous sommes dans un État de droit et le premier principe de l’État de droit est d’appliquer les décisions de justice.»
    Karima Bennour
  • Funcionarios europeos a sueldo de Marruecos

    Después de una ausencia de casi 2 años, el hacker Chris Coleman volvió a la escena el pasado jueves 9 de Febrero. Entre las novedades que trajo la existencia de altos funcionarios europeos que pasan a Marruecos documentos destinados al uso interno de la Unión Europea. Los primeros de la lista de implicados son:
    Pawel BUSIAKIEWICZ, responsable de la Sección A, Estrategia y Asuntos Generales, Dirección General de las Migraciones y Asuntos Internos de la Unión Europea.
    Wolfram Vetter, Embajador actual de la UE en Burundi. Colaboraba con Marruecos cuando ejercía como jefe interino de división, Coordinación de la Cooperación para el Desarrollo en el Servicio Europeo para la Acción Exterioir de la UE. 
    El holandés Diederik Paalman, Jefe de la Unite de la Política de Visados en la DG de Asuntos Internos. Filtraba los documentos cuando trabajaba en la Sección de Immigración y Asilo de la DG de Justicia, Libertad y Seguridad de la Comisión Europea.
    Bertrand Buchwalter, Cónsul general de Francia en Istambul. En auel entonces era Primer Secretario y consejero político de la Representación Permanente de Francia en la UE (2010-2013) 
    Véronique JANSSEN, consejera política en la Delegación de la UE en Rabat.
    Almlof Ingbritt, de la Sección de Africa del Consejo de Europa
    Dr. Rym Ayadi, coordenadora de MEDPRO y experta en Centre de Estudios Europeos (CEPS)
    Luis Maia, responsable de Marruecos en la Comisión Europea.
    Etienne Bassot, Dirección A, de la Dirección General de los Servicios de Investigación Parlamentaria
    Martina Weber, Jefa de Sección, Asuntos Internos en la Representación Permannte de Alemania para la UE.
    Algunos de los documentos filtrados por estos funcionarios : 
  • Fonctionnaires européens à la solde du Maroc : Diederik Paalman

    Le hacker Chris Coleman frappe de nouveau et cette fois-ci ce sont de hauts fonctionnaires de l’Union Européenne qui son mouillés par ses révélations. Ils s’adonnaient à la pratique illicite de remettre au Maroc des documents confidentiels de l’Union Européenne destinés à un usage interne. 
    Diederik Paalman
    Le premier document date du 22 mai 2006 et porte le titre de « Projet d’accord entre le Royaume du Maroc et la Communauté Européenne sur la réadmission des personnes en séjour irrégulier ». Il a été fuité par le hollandais Diederik Paalman, fonctionnaire, à l’époque, dans la Section d’Immigration et Asiles de la Direction Générale de Justice, Liberté et Securité de la Commission Européenne. 
    Paalman exerce depuis mars 2011, en tant que chef de l’Unité de la Politique des Visas à la DG des Affaires Intérieures.
    Le document a été remis par mail à Omar Amghar, chef de la division des relations Maroc-UE dans le Ministère des Affaires Etrangères marocain.
    Dans un autre email envoyé le 7 janvier 2009, Paalman remettait un autre document sur le même sujet sous le titre de « PROJET DE PROTOCOLE ANNEXE À L’ACCORD ENTRE LE ROYAUME DU MAROC ET LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE CONCERNANT LA RÉADMISSION DES PERSONNES EN SITUATION IRRÉGULIÈRE ». 

    Six jours plus tard, Paalman a envoyé « une version consolidée de l’accord incluant les résultats des négociations, ainsi que Le Protocole« , selon les termes utilisés dans un email envoyé le 13 janvier 2009. « Les modficacations sont visibles en gras. J’ai également procédé à des changements mineurs de mise en page du texte afin de le rendre compatible avec le format requis dans l’UE pour de tels accords ». a-t-il ajouté.
    Je vous remercie d’avance pour vos commentaires que nous attendons dans les 10 prochains jours, comme Mr Aziz Sighir l’a dit », conclua-t-il.
    Et encore une version consolidée du projet d’accord dont l’usage est strictement interne.



  • Moroccoleaks : Jordi Pujol hacía lobbying para Marruecos

    Parece ser que Jordi Pujol fue encargado por Marruecos para reanimar el proyecto de la organización por el Mediterráneo.
    En una carta envíada por Pujol a las autoridades marroquíes al principio de los eventos de la denominada Primavera Arabe, el antiguo presidente de la Generalitat de Cataluña elogia el régimen marroquí y las falsas reformas hechas en aquel entonces para frenar la protesta de los jóvenes marroquíes para luego excusarse por le fracaso en reanimar las actividades de una organización cuya base sería las relaciones entre los países de las dos rivieras del Mediterráneo.
    « Debo hablar de una decepción que fue, desde mi punto de vista, la evolución negativa del Proceso de Barcelona iniciado en 1995 -ampliamente impulsado por el Presidente Felipe Gonzalez con el firme apoyo de Cataluña- pero abandonado y más tarde neutralizado por la Unión por el Mediterráneo. Una iniciativa debida, a mi parecer, a un reflejo de « grandeur » francesa y de la voluntad de jugar los primeros roles del Presidente Sarkozy que al fruto de una reflexión y de un proyecto sólidos », afirma Pujol en la carta en defensa del proyecto mediterráneo que, según él, podrá ser propuesto cuando el PP y el PSOE ganen las elecciones y cuando las relaciones entre España y Cataluña mejoren. « No sé si el resultado (de las elecciones, ndlr) reforzará o no la influencia de Cataluña sobre la política española que, en ciertos momentos de los últimos 20 años fue realmente importante. Si esta influencia aumenta, favorizará sustancialmente la colaboración con Marruecos y el reconocimiento del esfuerzo de democratización y progreso social de Marruecos », dice Pujol.
    « Desde finales de los años 80, cuando yo era el Presidente, el Gobierno de Cataluña adoptó una serie de iniciativas para hacer comprender a Europa la importancia del Mediterráneo. Pero ni Europa en general ni la Unión Europea se interesaron por el tema y ahora tampoco muestran el suficiente interés », añade.
    Pujol deplora que « aunque hayamos dado conferencias y seminarios de Estocolmo a El Cairo y de Casablanca a Roma y Hamburgo, y que hayamos contactado políticos del más alto nivel, no tuvimos mucho éxito. Europa Central y del Norte no se ha sentido muy concernida. Tampoco -muy poco- Gran Bretaña. Incluso en Francia, de manera sorprendente, no tuvimos ningún eco. Sí tuvimos éxito en hacer que el gobierno español de Felipe Gonzales se interese. Actúó de manera eficaz, lo cual dió lugar, en 1995, al Proceso de Barcelona. Con una actitud mucho más comprometida por parte del Gobierno español. Pero como os decía, todo eso se ha calmado, en cierto modo a causa de todo el mundo. En parte, por un cambio de actitud del Gobierno español que ha transferido hacia el Atlántico y los EEU el centro de gravedad de su política exterior y que desconfió de Marruecos. También a causa del desinterés mostrado por numerosos países europeos y la lentitud en la adopción de decisiones de muchos países de la riviera Sur del Mediterráneo. A causa, también, de la creciente conflictividad israelo-palestina. Pero ahora, la Unión por el Mediterráneo, que hasta ahora ha sido un fracaso, podría tal vez ser relanzada con el nuevo gobierno español, aunque, como sabeis, Europa tiene grandes preocupaciones de carácter urgente. De todas maneras, no olvideis que la Unión por el Mediterráneo tiene ahora un nuevo secretario general, marroquí precisamente, el señor Youssef Amrani, mucho más activo que su predecesor », concluye Pujol.
  • Le Maroc loue le "rôle positif" dans le conflit du Sahara Occidental du HCR sous la direction d’Antonio Guterres

    Le jour où Antonio Guterres a été déclaré favori dans la course pour le poste de Secrétaire Général de l’ONU, la presse marocaine, qui ne fait qu’exprimer la position officielle du gouvernement, n’a pas caché sa satisfaction. 
    « Un « ami » du Maroc bien placé pour succéder à Ban Ki-moon », titrait les principaux journaux marocains.
    Selon Yabiladi, Gueterres se trouve derrière la décision de diminuer le chiffre des réfugiés sahraouis en Algérie, avec en conséquence la réduction des aides qui leur sont destinées. « Son passage à la tête du programme onusien (2005-2015) a connu l’ «officialisation» du chiffre de 90 000 «Sahraouis» vivant à Tindouf et ce depuis début 2010, mettant ainsi définitivement un terme à la version des «160 000» soutenue par la direction du Polisario », souligne Yabiladi.


    D’après les documents de la diplomatie marocaine révélés par le hacker Chris Coleman, le chef de Cabinet de Guterres, le pakistanais Sultan Athar Khan, transmettait des informations confidentielles et sensibles à Omar Hilale, ambassadeur du Maroc à Genève à l’époque. Athar Khan manipulait le diplomate marocain pour que le Maroc propose sa nomination comme Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental, à la place de Christopher Ross, qu’il avait qualifié dans l’une de ses rencontres d’alcoolique et raté dans sa mission.
    Le 17 juillet 2012, le ministre des affaires étrangères ne cachait pas sa satisfaction envers la position d’Antonio Guterres. Dans une lettre adressée à celui-ci, El Othmani louait le « rôle positif » dans le conflit du Sahara Occidental.
    « Votre institution joue, incontestablement, un rôle positif dans le différend régional sur le Sahara marocain. L’action du HCR a un impact tangible, en allégean les souffrances des populations des camps de Tindouf, en Algérie, qui continuent de subir depuis plusieurs décennies, les affres de l’exil imposé, de la privation et de la séparation », affirme le chef de la diplomatie marocaine à l’époque.
    En parlant de « rôle positif », le ministre fait, sans doute, allusion, au fait que Gueterres a réduit le nombre de réfugiés sahraouis de 160.000 à 90.000 sous pression des autorités marocaines. Il a toujours éte très attentif à la complicité de son chef de cabinet avec le Maroc.
    L’ambassadeur du Maroc à Genève, Omar Hilale, a réussi même à introduire des corrections dans le rapport conjoint du HCR-PAM.
    Le 9 juillet 2012, Hilale a rencontré M. Yacoub El Hillo, Directeur du Bureau MENA au HCR pour lui transmettre les protestations marocaines au sujet du rapport conjoint HCR-PAM intitulé « Evaluation conjointe des besoin des réfugiés sahraouis en Algérie » (octobre 2011) publié le 7 juin 2012.
    Les points sur lesquels protestent les marocains sont :
    – « L’indépendance du Sahara de l’Espagne » (Part 1, Chapter 2)
    – « L’occupation du Sahara par le Maroc » (Part 1, Chapter 2)
    – « le croissant rouge sahraoui, partenaire », du HCR et du PAM (Partie : recommandations)
    – « L’accord bilatéral Croissant rouge algériem/CRSahraoui, complète l’accord tripartite CRA/PAM/HCR » (Exécutive Summary).
    – La conduite de cette mission par un agent en charge du Sida, au Bureau du HCR, au Caire, un autre du Bureau à Bagdad, n’ayant aucun rapport avec le dossier du Sahara.
    Dans une autre lettre datée du 31 juillet 2012, Omar Hilale informe que ses démarches « ont été payantes ».
    Selon lui, M. Yacoub El Hillo, lui a confirme que « comme souhaité par le Maroc, le rapport consacre, dans sa dernière version corrigée, la référence ‘a « 90.000 réfugiés », au lieu de la référence à « 90.000 rations », défendue mordicus par Dany Belgacemy, Directeur du Mena au PAM ».
  • Le hacker Chris Coleman démasque un espion américain au service du Makhzen

    Le hacker Chris Coleman vient de déterrer un document prouvant qu’un ambassadeur américain, Edward Gabriel en l’occurrence, a pendant longtemps servi d’informateur au Maroc. Edward Gabriel a été ambassadeur des Etats-Unis à Rabat à la fin des années 1990. C’est sans aucun doute à cette période qu’il a été retourné par les services spéciaux marocains.
    Durant l’opération de renversement de Mouammar Kadhafi menée par l’Otan et le Qatar en 2011, Edward Gabriel est ainsi identifié comme étant la fameuse source qui informait régulièrement le Makhzen sur les développements de la situation dans la région. Dans l’un de ses mémos, le diplomate américain, qui cite des sources des plus approximatives, avait même accusé des élèves officiers sahraouis d’avoir combattu aux côtés des unités de l’armée libyenne.
    Le rôle d’Edward Gabriel ne se limitait pas à refiler des «tuyaux» au gouvernement marocain. A ses heures perdues, il passait le clair de son temps à tresser des lauriers au roi Mohammed VI et sa politique dans la presse marocaine et internationale. Mieux encore, il se faisait à chaque fois un devoir de démonter en pièces les rapports du Département d’Etat dans lesquels le Maroc était traîné dans la boue sur la question des droits de l’Homme au Sahara Occidental occupé. Edward Gabriel se permet parfois même de suggérer au ministère marocain des Affaires étrangères la conduite à tenir à l’égard de l’Administration américaine.
    A un moment où toutes les ONG des droits humains de la planète dressent un tableau noir de la situation des droits de l’Homme au Maroc, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à Rabat a soutenu contre vents et marées dans une récente déclaration à un journal marocain que «les réalisations du Maroc dans le domaine des droits de l’Homme méritent sans aucun doute d’être applaudies». Sans la moindre gêne, il a expliqué que les autorités marocaines ont œuvré sans relâche dans le but de consolider les droits de l’Homme dans le pays, «en allant de l’avant dans le cadre d’un processus démocratique robuste». Un diplomate qui défend publiquement les positions d’un pays dans lequel il a eu à servir… du jamais vu dans les annales de la diplomatie, d’autant qu’il s’agit d’un pays qui ne rate pas une occasion pour fouler au pied la légalité internationale.
    Et comme par hasard et peu avant la publication de cette déclaration, le ministre délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, et Mohamed Yassine Mansouri, directeur général des Etudes et de la Documentation (les services de renseignements extérieurs marocains), avaient convoqué l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, Dwight Bush… pour lui remonter les bretelles à propos d’un rapport du Département d’Etat sur les exactions commises par le Makhzen au Sahara Occidental occupé illégalement par l’armée marocaine. Lors de cet entretien, dit-on, il avait été exposé à l’ambassadeur américain de supposés cas confirmant «la manipulation avérée et les erreurs factuelles flagrantes qui entachent le rapport du Département d’Etat». Le pire est qu’Edward Gabriel continue toujours de sévir. Il ne rate pas une occasion à chacune de ses interventions publiques à faire une «brosse» magistrale à Mohammed VI. Cela n’étonne pas ! Le Maroc est connu pour rémunérer grassement les félons et autres fripouilles.
    Khider Cherif
  • Sahara occidental : grandes manœuvres en vue dans l’Union africaine

    par Akram Belkaïd, 8 février 2017

    L’affaire était entendue depuis le mois de juillet dernier, date à laquelle le roi Mohammed VI a officiellement demandé la réintégration de son pays au sein de l’Union africaine (UA). Rien ne pouvait empêcher ce retour, pas même les dernières tentatives d’obstruction menées par la diplomatie algérienne et ses alliées.
    Lire aussi Olivier Quarante, « Si riche Sahara occidental », Le Monde diplomatique, mars 2014.Le 30 janvier dernier, le royaume chérifien a donc réintégré une entité quittée en 1984 — il s’agissait alors de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) — pour protester contre l’admission, en tant que membre de cette instance, de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Pour mémoire, depuis 1975, date du retrait du colonisateur espagnol, Rabat et le Front Polisario (1) (lequel a proclamé la RASD en 1976) n’ont jamais cessé de revendiquer chacun leur souveraineté sur l’ex-Sahara espagnol, bande de terre de 266 000 kilomètres carrés que l’on appelle aujourd’hui Sahara occidental. Il s’agit de l’un des plus vieux conflits au monde (Rabat administre 80 % du Sahara et un cessez-le-feu est en vigueur entre les deux parties depuis 1991) et les différents plans de paix n’ont jamais pu déboucher sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
    En obtenant le soutien de 39 pays africains sur 54, le Maroc reprend donc sa place au sein de l’organisation panafricaine. Ses dirigeants revendiquent une victoire diplomatique majeure contre l’Algérie, soutien de première date de la RASD. Il est vrai qu’Alger n’a pu empêcher ce retour, malgré l’aide active de l’Afrique du sud mais aussi du Nigeria, du Zimbabwe et de l’Angola. Ces alliés traditionnels de l’Algérie sont demeurés fidèles à leur lecture « coloniale » du conflit sans parvenir à convaincre d’autres pays du continent.
    Il faut dire que, de l’autre côté, le Maroc a déployé une stratégie de bulldozer, incarnée notamment par les multiples périples africains de Mohammed VI, accompagné par d’imposantes délégations d’hommes d’affaires. « Il y a quatre ans, le Maroc a compris que le contexte était idéal pour passer à l’offensive », confirme un diplomate tunisien, bon connaisseur des coulisses de l’UA. De fait, le rival algérien était pénalisé par l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika, incapable de faire la tournée des capitales africaines indécises sur la question saharaouie. « En Afrique, le relationnel entre chef d’État compte beaucoup. Quand un président ou un roi vous rend visite pour vous convaincre de le soutenir, ce n’est pas la même chose que lorsque c’est un ministre des affaires étrangères qui le fait ».
    Du coup, le discours algérien concernant le retour du Maroc au sein de l’UA consiste désormais à présenter ce dernier comme une… victoire algéro-sahraouie. En effet, Alger pointe avec raison le fait que rien n’a changé depuis 1984 : la RASD n’a jamais quitté l’OUA et fait toujours partie de l’UA dont elle a été membre-fondateur en 2002. « Le roi Hassan II a toujours déclaré que son pays ne reviendrait dans cette institution que si la RASD en était exclue », rappelle ainsi un diplomate algérien. Pour ce dernier, et c’est d’ailleurs le message délivré par nombre d’officiels de son pays, le retour du Maroc au sein de l’UA équivaut donc à une reconnaissance de la RASD par le Royaume. Bien entendu, tel n’est pas l’avis de la partie marocaine pour qui faire partie d’une organisation ne signifie pas en reconnaître tous les membres. Et de citer la majorité des pays arabes qui ont adhéré à l’Organisation des Nations unies (ONU) mais qui n’ont pas de relations diplomatiques — du moins pas officiellement — avec Israël.
    Nasser Bourita, le ministre marocain délégué aux affaires étrangères, affirme d’ailleurs que son pays ne reconnaîtra jamais la RASD, qu’il qualifie d’« entité fantoche » et assure que Rabat « redoublera d’efforts pour que la petite minorité de pays, notamment africains, qui la reconnaissent encore, fassent évoluer leur position dans le sens de la légalité internationale et des réalités géopolitiques ». Un propos qui laisse entrevoir une longue bataille de positions au sein de l’UA. Il faut s’attendre à ce que le Maroc tente de délégitimer la présence de la RASD au sein de l’organisation. Déjà, certains de ses représentants ont avancé un premier argument en affirmant que l’UA ne pouvait admettre en son sein que des États reconnus par la communauté internationale et l’ONU. Or, la RASD n’est pas membre des Nations unies. Cela augure de multiples arguties juridiques et de manœuvres en coulisses. Fort du soutien sud-africain et nigérian, Alger, de son côté, ne cèdera pas sur une position qualifiée « d’intangible ».
    Lire aussi Françoise Bouchayer, « Sahara occidental : la paix en suspens », Le Monde diplomatique, novembre 1994.Du coup, l’inquiétude monte quant aux tensions que cette guérilla diplomatique pourrait engendrer au Maghreb. Qualifiées de « paix froide », les relations algéro-marocaines risquent de se dégrader alors que les deux pays sont confrontés à d’importantes difficultés sociales et politiques. Des deux côtés de la frontière, les ingrédients pour alimenter une escalade ne manquent pas. Des dépenses militaires en hausse, des journaux toujours prompts à jeter de l’huile sur le feu plutôt que d’appeler à la détente, des classes politiques, oppositions comprises, enclines à la surenchère sur la question du Sahara et, enfin, des internautes qui s’écharpent en permanence sur les réseaux sociaux. Même les intellectuels de deux pays, y compris ceux qui vivent en Occident, notamment en France, rechignent à la moindre initiative conciliatrice. Et ce ne sont pas les déclarations du Front Polisario qui rassurent. En déclarant que « toutes les options restent ouvertes » au Sahara depuis le retour du Maroc dans l’UA, Brahim Ghali, chef du Polisario, a laissé entendre que la reprise de la lutte armée n’est pas à exclure.
    Si les autorités algériennes affirment de leur côté qu’elles privilégieront toujours une solution pacifique, elles viennent néanmoins d’impliquer l’Union européenne (UE) qui a toujours cherché à se tenir aussi loin que possible de ce conflit. Le 21 décembre dernier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu une décision selon laquelle l’accord agricole et de pêche entre l’UE et le Maroc n’est pas applicable au Sahara occidental. La perspective que Bruxelles estime que le Sahara mérite un « statut séparé » pousse le Maroc à mettre en garde l’UE, en la menaçant de trouver d’autres partenaires économiques. Pour Rabat, ces atermoiements européens sont dus à l’activisme diplomatique des Algériens auprès de la Commission. À moins d’une initiative surprise de l’Algérie ou du Maroc pour régler ce contentieux, la bataille pour le Sahara est loin d’être close.
    Akram Belkaïd

    http://blog.mondediplo.net/2017-02-08-Sahara-occidental-grandes-manoeuvres-en-vue-dans