Année : 2016

  • Action symbolique contre l’ambassade marocaine à Berlin

    LE MAROC CHIE SUR LE DROIT INTERNATIONAL – LA FRANCE COMME L’ALLEMAGNE ET L’U.E. LUI TORCHENT LE CUL ! Parce que le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter à partir d’aujourd’hui 26/04 le mandat de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental) pour prendre une décision jeudi, nous, le groupe « Sahara libre ! » avons vendredi 22 avril 2016 mené une action symbolique devant l’ambassade marocaine à Berlin : une caricature du roi du Maroc, Mohammed VI, est plantée dans un tas de merde avec la légende « Le Maroc chie sur le droit international » et à la main un rouleau de papier toilette bleu-blanc-rouge – cf. photos. 
    Nous voulons ainsi dénoncer les faits suivants :
    Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon s’est rendu début mars 2016 au Sahara occidental et a parlé d’ »occupation » par le Maroc – la presse en a parlé. 
    Oui le Sahara occidental est occupé depuis 1975 par le Maroc, en violation du droit international ! Alors que la Cour pénale internationale avait statué dans son avis juridique du 16 octobre 1975 : « qu’il n’existe aucun lien juridique de souveraineté territoriale du Royaume du Maroc sur le Sahara Occidental », s’en suivit une occupation illégale et un déplacement massif de la population civile par le Maroc.
    Le roi du Maroc et son gouvernement ont saisi l’occasion de ces propos justifiés de Ban Ki-Moon pour entamer une escalade : Les membres civil/e/s de la MINURSO ont été expulsé/e/s. Et le Maroc exige que le mandat n’ait plus rien avoir avec l’organisation d’un référendum !
    Le front de libération sahraoui Polisario a décidé en 1991 de suspendre la lutte armée contre l’occupant marocain, parce que le plan de paix proposé par l’ONU et de l’Union Africaine et aussi signé par le Maroc contient un référendum d’autodétermination dans un délais de quelques mois. Les sahraoui/e/s attendent cela depuis 25 ans !
    Le Maroc foule aux pied les droits humains et le droit international depuis de décennies ! Toute contestation dans les territoires occupés est réprimée violemment – rien que la semaine dernière, le jeune syndicaliste Brahim Saika est mort des suites de torture par la police marocaine ! Les ressources naturelles sont pillées. Plus de 150’000 réfugié/e/s doivent survivre dans des conditions difficiles en exile.
    Et cependant, la MINURSO reste la seule mission de l’ONU en Afrique sans mandat pour la surveillance des droits humains. Et cependant, le Conseil de sécurité de l’ONU n’oblige pas le Maroc à respecter le plan de paix, à mettre en œuvre des résolution ou même à respecter le Secrétaire générale de l’ONU !
    POURQUOI ? Entre autres parce que la France considère son ancienne colonie comme partenaire historique et menace avec un veto au Conseil de sécurité. Parce que l’UE ainsi que des pays comme la France et l’Allemagne mettent les intérêts économiques avant les droits humains et internationaux (*) et veulent construire le mythe du « pays tiers sûr ».
    C’est pourquoi nous exigeons :
    du gouvernement français, d’arrêter leur soutien inconditionnel au sabotage du processus d’autodétermination par le Maroc, aux violations des droits humains et au pillage des ressources naturelles du Sahara occidental, du gouvernement allemand, de ne pas sacrifier les droits humains au Sahara occidental occupé sur l’autel des intérêts économiques et des alliances stratégiques, du Conseil de sécurité de l’ONU, de prolonger le mandat de la MINURSO dans toute son envergure et de rendre le référendum d’autodétermination enfin possible par tous les moyens. (**)
    La dernière colonie d’Afrique doit enfin pouvoir gagner sa liberté !
    Groupe « Sahara libre ! » (sahara.libre@riseup.net)
    (*) Après la décision en déc. 2016 par la Cour européenne de suspendre l’accord commercial entre l’UE et le Maroc pour cause de pillage du Sahara occidental, le gouvernement fédéral allemand a par exemple promis au Maroc soutenir complètement un recours.
    (**) Voir aussi la pétition internationale : www.westernsahara-referendum.org
  • Alger, le monde arabe et les principes immuables

    Redéploiement de la diplomatie face à «l’agressivité» des pays du Golfe

    Alger, le monde arabe et les principes immuables
    Messahel a fait part au Président syrien de l’expérience de l’Algérie en matière de réconciliation nationale pour la concrétisation de la stabilité mettant l’accent sur l’inévitable règlement politique des crises qui secouent le monde arabe. Bachar Al-Assad a exprimé ses remerciements pour le soutien et la solidarité. C’est la première posture de coopération officielle et affiché d’un pays arabe avec Damas depuis le début de la crise. Le message est on ne peut plus claire adressé à d’autres capitales arabes. Il faut dire qu’historiquement les monarchies du Golfe ont toujours penché pour le Maroc dans le conflit du Sahara occidental, mais ils veillaient à l’exprimer de manières moins abruptes tout en essayant parfois de jouer les «intermédiaires». Ce qu’Alger a toujours refusé pour des raisons évidentes
    Après un séjour en Libye pour confirmer la réouverture de la représentation diplomatique algérienne à Tripoli la virée syrienne de Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes intervient dans un contexte particulier. Elle se fait dans le cadre de la 2e session du Comité de suivi algéro-syrien. Messahel a été reçu par le président syrien, Bachar al-Assad, et a réitéré le soutien au peuple syrien dans sa lutte contre le terrorisme afin de préserver la stabilité et la sécurité de la Syrie, son union et sa cohésion. Messahel a fait part au Président syrien de l’expérience de l’Algérie en matière de réconciliation nationale pour la concrétisation de la stabilité mettant l’accent sur l’inévitable règlement politique des crises qui secouent le monde arabe. Bachar Al-Assad a exprimé ses remerciements pour le soutien et la solidarité exprimant sa détermination à renforcer la coopération entre les deux pays. C’est la première posture de coopération officielle et affiché d’un pays arabe avec Damas depuis le début de la crise. Le message est on ne peut plus claire adressé à d’autres capitales arabes. Il faut dire qu’historiquement les monarchies du Golfe ont toujours penché pour le Maroc dans le conflit du Sahara occidental, mais ils veillaient à l’exprimer de manières moins abruptes tout en essayant parfois de jouer les «intermédiaires». Ce qu’Alger a toujours refusé pour des raisons évidentes. Le dossier étant du ressort de l’ONU il n’y avait donc pas besoin d’intermédiaire pour discuter des relations bilatérales entre les deux pays voisins. Une sorte de modus vivendi dans les relations entre l’Algérie et les pays du Golfe, Arabie saoudite en tête, s’est installé sur cette question. Des relations qu’on ne peut qualifier de chaleureuses, mais qui n’étaient cependant pas marquées par le sceau de l’hostilité. Riyad respectant la position de principe et jusque là immuable de l’Algérie sur des questions d’ordre régionales et internationales. La crise syrienne semble avoir imprimé un certain changement dans ces rapports particuliers. Les divergences entre l’Algérie et les pays du Golfe, directement impliqués dans le conflit syrien où ils ont mis tout leurs poids en faveurs des opposants à Damas et encouragé l’arrivée de groupes armés de toutes les régions du monde. Dans les réunions de la Ligue arabe, l’Algérie se retrouvait confrontée en compagnie de l’Irak et du Liban à des pressions intenables imposées par les pays du Golfe, les nouveaux décideurs dans les instances panarabes et panislamiques. Ce glissement du pouvoir d’influence a abouti à l’éviction de la Syrie de la Ligue alors que ce pays est un des membres fondateur de l’organisation panarabe.
    Réplique diplomatique
    L’Algérie a tenu à maintenir ses liens avec la Syrie alors que les régimes arabes avaient retiré leurs ambassades et déclaré les ambassadeurs syriens persona non grata. Cette animosité montante va devenir plus forte et plus ouverte avec l’avènement du roi Salmane et surtout la montée en puissance de son fils Mohamed. La démarche diplomatique de l’Algérie qui consiste à gérer des divergences sans aller vers la crise va se heurter à un durcissement saoudien version Mohamed Ben Salmane. Il est évident que le retour de l’Iran sur la scène internationale et son accord avec Washington provoquera un sentiment de «trahison» chez les pays du Golfe. Riyad décide alors de reprendre en main le dossier syrien détenu au début par les Qataris et le lancement d’une «alliance militaire» de pays arabes pour intervenir au Yémen. Et prôner une politique agressive à l’égard du Liban et notamment du Hezbollah considéré par Riyad comme «un outils iranien» au cœur du monde arabe. Sur ces dossiers, l’Algérie, sans faire preuve d’opposition frontale, a tenu à marquer ses réserves voire sa réticence. Elle maintien ses relations correctes avec l’Iran, refuse de prendre part à l’équipée yéménite, et cerise sur le gâteau, refuse d’adhérer au classement du mouvement libanais Hezbollah comme «mouvement terroriste». De quoi agacer les Saoudiens qui avaleront mal le fait de voir le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Moualem, débarquer à Alger au lendemain même de la reprise de Palmyre par l’armée syriennes. Le coup de froid entre Alger et Riyad reçoit confirmation le 4 avril avec la visite de Tayeb Belaiz, ministre d’Etat et conseiller spécial auprès du président Bouteflika, où il a transmis des «explications» au roi Salmane au sujet de «certaines questions sensibles que connaît le monde arabe». Les questions «sensibles» se rapportent évidemment au Hezbollah, l’alliance militaire intervenant au Yémen et l’épineux dossier syrien. Il était évident que la visite de Belaïz apparaissait alors comme une tentative de clarification aux résultats incertains. Le message de Bouteflika transmis par Belaïz se voulait clairement apaisant. Il indiquait que les positions de l’Algérie obéissent à des principes immuable et qu’il ne faut pas y voir une marque d’hostilité envers les pays du Golfe. Mais la diplomatie saoudienne devenue de plus en plus agressive ne pouvait rester sans réplique. 
    M. B.
  • «L’UE ne reconnait pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental»

    Me Gilles Devers, avocat du Front Polisario :
    «L’UE ne reconnait pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental»
    Le 10 décembre dernier, une décision du Tribunal de l’Union européenne annulait l’accord agricole signé entre l’UE et le Maroc car il intégrait le Sahara occidental au sein du royaume marocain, alors qu’en droit international, l’ex-colonie espagnole demeure un territoire à décoloniser. Mais l’affaire n’est pas pour autant close. Le Maroc ne digère pas sa défaite et le Conseil de l’UE a formé un pourvoi devant la Cour de Justice de l’Union européenne. Pour bien comprendre cette bataille juridique à dimension politique importante pour la suite de la lutte du peuple sahraoui pour la mise en œuvre de son droit à l’autodétermination conformément aux résolutions des Nations unies, Maître Gilles Devers, avocat au barreau de Paris, avocat du Front Polisario, a bien voulu nous donner un éclairage, des informations pour bien comprendre les données du problème et la procédure en cours.
    La Tribune : Tout d’abord, quelles sont les procédures engagées par le Front Polisario ?
    Me GILLES DEVERS : Le Front Polisario a introduit deux procédures demandant l’annulation d’accords de coopération entre l’Union européenne et le Maroc : l’accord agricole et l’accord de pêche. La procédure a été engagée contre le Conseil de l’Union européenne, qui est l’organe politique décisionnaire. Dans un second temps, la Commission européenne, qui est l’organe administratif, est intervenue dans la procédure. Le Maroc n’est pas partie au procès : il n’y a aucune instance judiciaire entre le Front Polisario et le Maroc.
    Où en est la procédure ?
    Par arrêt du 10 décembre 2015, le Tribunal de l’Union européenne a annulé la décision approuvant l’accord de rehaussement agricole de 2012, au motif que l’Union européenne applique cet accord sur le territoire du Sahara occidental. Cela a été une magnifique victoire pour le peuple sahraoui. Le Conseil de l’Union européenne a interjeté un appel, et l’affaire sera donc à nouveau plaidée, cette fois-ci par la Cour de Justice de l’Union européenne, sans doute d’ici la fin de l’année. De ce fait, la procédure «pêche» va être mise en attente, car certaines problématiques sont communes et doivent être d’abord tranchées par la Cour.
    Sur quels principes repose cette procédure ? Et pourquoi maintenant ?
    L’état du droit est inchangé, mais ce sont les procédures qui changent, surtout en droit européen. Depuis 1963, le Sahara occidental est inscrit par l’ONU sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser, et en 1975, la Cour internationale de justice a dit que le Maroc n’était pas souverain, et qu’il fallait organiser un référendum d’autodétermination. L’arrêt rendu le 10 décembre 2015 par le Tribunal de l’Union européenne reprend les mêmes principes, mais, et c’est toute la différence, nous les faisons inscrire dans le droit européen, qui est immédiatement applicable. Ainsi, nous agissons sur la base des principes de la décolonisation, mais nous pouvons les rendre opposables à toutes les entités publiques et privées présentes au Sahara occidental.
    Une action du Front Polisario devant la justice européenne, cela ne paraît pas évident… Pourtant l’action a été jugée recevable.
    Le Front Polisario a passé avec succès toutes les étapes de la recevabilité. Ainsi, il a été jugé que le Front Polisario est un sujet de droit international, qu’il a la possibilité d’agir en justice, et qu’il est recevable à agir contre les décisions prises par le Conseil de l’Union européenne. Ce dernier critère était très discuté, car les conditions fixées par les Traités européens sont très restrictives. Le tribunal, de manière pragmatique, a jugé qu’effectivement seul le Front Polisario est en mesure de conduire cette action, car il était «individuellement et directement» concerné, selon les termes du Traité.
    Sur le fond, pour quels motifs le tribunal a-t-il donné raison au Front Polisario ?
    Ce qui s’est passé lors de la procédure est vraiment très intéressant. Avant d’analyser le raisonnement juridique du tribunal, il faut d’abord s’arrêter sur les faits, c’est-à-dire les points sur lesquels les parties sont d’accord.
    Mais il n’y a aucun accord entre le Front Polisario et le Conseil de l’Union européenne !
    Bien au contraire ! Et c’est le principal apport du procès. Lors de la procédure, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne ont été amenés à reconnaître eux-mêmes que le Maroc n’est pas souverain au Sahara occidental, que le Maroc n’a pas de mandat international sur le Sahara occidental, et que le Front Polisario est le seul représentant du peuple Sahraoui. Ce sont des avancées considérables! A huit reprises, le Tribunal souligne dans l’arrêt du 10 décembre : «Comme l’ont reconnu le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne…». Dans ces conditions, le Tribunal tire ensuite les conséquences logiques de ces reconnaissances : l’accord conclu avec le Maroc ne peut s’appliquer que sur le territoire du Maroc, il ne pourrait y avoir d’application sur le territoire du Sahara occidental qu’avec l’accord exprès du Front Polisario.
    Mais c’est une remise en cause totale de la position du Maroc par les dirigeants politiques européens !
    Oui, fondamentalement. Devant le Tribunal, le Conseil de l’Union européenne a adopté une position franche, conforme au droit international, mais qui dénie la réalité d’un Maroc souverain sur le Sahara occidental. Ainsi, s’il y a actuellement un débat entre le Maroc et les instances européennes, c’est en réalité en fonction de cette prise de position et non pas des conséquences qu’en a tirées le tribunal.
    Dès lors qu’ils contestent la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, comment les dirigeants européens acceptent-il que l’accord s’applique sur le territoire du Sahara occidental.
    Cela ressort de la lecture de l’arrêt du 10 décembre. Le Conseil et la Commission ont soutenu que le Maroc prenait ses initiatives, et qu’ils n’avaient pas à répondre de la politique du Maroc au Sahara occidental. Mais nous avons démontré, preuves à l’appui, que le Conseil et la Commission sont totalement impliqués, et pour deux raisons : d’abord, ils ne peuvent ignorer que le Maroc applique directement sa législation au Sahara occidental, car il s’y considère souverain ; ensuite, les instances européennes sont directement présentes, pour assurer des contrôles vétérinaires ou agréer des exportateurs. Finalement ce que dit le Tribunal est simple : pour qu’il puisse y avoir une activité économique au Sahara occidental, cela doit être fait avec l’accord exprès du Front Polisario.
    Le Conseil a formé un pourvoi devant la Cour de Justice de l’Union européenne, et le Maroc s’affirme satisfait des arguments du Conseil.
    C’est à n’y rien comprendre. Les actes de procédure sont secrets, nous n’en parlons pas. En revanche, comme le Conseil a formé un pourvoi, il a dû en publier le résumé au Journal Officiel, (JO du 29 mars 2016, C 111/17) et donc tout le monde peut lire les arguments du Conseil…et à aucun moment le Conseil n’évoque une souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Tout son argumentaire est de trouver des solutions pour que l’accord UE – Maroc puisse s’appliquer au Sahara occidental alors que le Maroc n’y est pas souverain.
    Comment analyser le point de vue européen ?
    Il y a un double discours, destiné à l’opinion publique, mais ça ne pourra pas durer éternellement. Et dans la procédure, le Conseil et la Commission soutiennent des argumentaires qui ignorent les principes fondamentaux de la décolonisation. Pour notre part, nous mettons en avant ce que représente la décolonisation dans l’histoire de l’Afrique, et le soutien constant apporté par l’Union Africaine. Le Sahara occidental est le dernier territoire à décoloniser d’Afrique : l’Union européenne cherche à nous enfermer dans le juridisme et nous opposons le droit des peuples à l’autodétermination.
    C’est-à-dire ?
    Notre réponse est nette : le Maroc est puissance occupante selon la IV° Convention de Genève, et à ce titre, il n’a aucun droit pour exercer une activité économique quelconque au Sahara occidental. Je rappelle que le Front Polisario est partie à la IV° Convention de Genève, sa signature ayant été acceptée par les autorités confédérales suisses, et aucun Etat au monde n’a protesté…à part le Maroc. De plus, le Secrétaire général de l’ONU s’est clairement exprimé sur le sujet.
    Comment se présente la procédure devant la Cour de Justice qui va donc juger le recours ?
    Le débat est assez ouvert,…mais essentiellement sur la question de la recevabilité. En revanche, il n’y a plus de débat sur l’absence de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ce qui était notre objectif principal. Sur le plan de la recevabilité, la question est : le Front Polisario peut-il attaquer directement un acte du Conseil de l’Union européenne pris dans le domaine de la politique étrangère ? Le Tribunal avait répondu oui, et nos argumentaires sont donc plutôt renforcés, mais objectivement le débat est assez ouvert. Ceci dit, c’est une question de procédure, et si la recevabilité directe n’était pas admise, nous avons déjà mis en place des procédures pour une recevabilité indirecte, en passant d’abord par les juridictions nationales. Un arrêt de la Cour de Justice qui n’admettrait pas la recevabilité directe du Front Polisario ne ferait que reporter le débat. D’une manière ou d’une autre, et le plus tôt sera le mieux, il faudra répondre à la question : «dans quelles conditions le Maroc, qui n’est pas souverain au Sahara occidental, peut-y appliquer un accord européen ?»
    Quelle devrait être l’attitude de l’Europe ?
    L’Europe n’admet pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et elle l’a confirmé devant la Cour comme le montre le résumé de son recours. Aussi, l’Europe doit se mettre en cohérence avec cette prise de position : elle doit renoncer à sa présence au Sahara occidental, annuler les licences qu’elle a concédées à des sociétés exportatrices basées au Sahara occidental et refuser tous les produits qui viennent du Sahara occidental et sont exportés avec un certificat d’origine marocain.
    Quels sont les moyens d’action du Front Polisario ?
    La procédure n’est pas une fin en soi : elle vise simplement à rétablir les conditions pour des solutions diplomatiques et politiques correctes. Ceci étant, nous sommes sur un plan d’action à long terme. Les avocats savent que les procédures sont toujours compliquées, et nous ne pouvons pas garantir que nous n’aurons que des succès. Mais à partir du moment où l’Union européenne ne reconnaît plus la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, nous savons que nous nous inscrivons dans une perspective de victoire.
    M. M.
  • Sahara occidental: l’hypocrisie des responsables français

    La politique est la science du tout possible, mais aussi du mensonge et de l’hypocrisie. Les politiciens mentent comme ils respirent. Chacun à sa manière et à des degrés différents.
    Bien que la position de la France ait toujours été pro-marocaine, beaucoup de responsables français ont exprimé leur sympathie pour les sahraouis mais ont très vite changé de veste une fois accédé à des postes de ministres ou à la magistrature suprême de leur pays.
    Jean-Marc Ayrault était un des rares maires socialistes à avoir reçu des enfants sahraouis dans les colonies de vacances quand il était maire de Nantes, mais une fois devenu ministre, il s’est aligné sur la position officielle de son pays.
    Lors de sa visite en Algérie en 1976, François Mitterrand, alors premier secrétaire du PS, a parlé du droit à l’auto-détermination du Sahara occidental, mais une fois élu président il a changé d’opinion.
    Jacques Chirac n’a pas dérogé à la règle : premier ministre il a évoqué le droit du peuple sahraoui à Tripoli, mais une fois à l’Elysée il n’a rien fait de concret.
    François Hollande n’avait jamais caché ses sympathie pour les sahraouis mais, à l’image de ses compères, il s’est rangé à la position officielle de la France une fois devenu président.
    Tous ces revirements ont une explication économique : dans l’intérêt (économique) de leur pays, les responsables français ont tous menti et, naïfs que nous sommes, nous les avions tous crus.

  • Maroc : Ban Ki-moon défend la " neutralité " de ses collaborateurs

    Par l’intermédiaire de son porte-parole, le Secrétaire général des Nations unies réplique au discours du roi Mohammed VI de Ryad. Ban Ki-moon a en effet défendu la  » neutralité  » de ses collaborateurs, prouvant une fois de plus que la tension entre le Maroc et Ban Ki-moon est encore loin de retomber.
    Le discours du roi Mohammed VI prononcé à l’occasion du premier sommet Maroc-Etats du Golfe, tenu mercredi 20 avril 2016 à Ryad n’est pas passé inaperçu chez Ban Ki-moon qui n’a pas tardé à répondre. Stephan Dujarric a défendu, lors d’un point de presse tenu jeudi à New York, l’ » objectivité  » et la  » neutralité  » des proches collaborateurs du Sud-coréen, relève Yabiladi.
    En réponse à une question d’un journaliste, le porte-parole a précisé que  » leur unique allégeance est à la charte des Nations unies. Ils sont au service du Secrétaire général. Et c’est dans ce cadre-là qu’ils prodiguent leurs conseils  » à Ban Ki-moon. Stephan Dujarric a révélé que le Maroc et l’ONU avaient négocié durant les dernières semaines une issue à la crise mais qu’actuellement c’est le Conseil de sécurité qui a la main.
  • Message de journalistes algériens au Conseil de sécurité de l’ONU

    Le Collectif des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui (CJASPS) «lance un appel urgent aux membres du Conseil de sécurité en leur demandant d’assumer leur responsabilité, en étant fermes à l’endroit de l’occupant marocain», dans un message adressé au Conseil de sécurité de l’ONU, à la veille de la présentation du rapport de Ban Ki-moon sur le Sahara Occidental. 
    Le collectif «exige» du Conseil de sécurité de «sanctionner» le Maroc pour le «non-respect de ses engagements envers la communauté internationale et envers le peuple du Sahara Occidental». Il interpelle le Conseil de sécurité sur la réhabilitation de la pleine mission de la Minurso, pour le retour de son personnel dans les territoires sahraouis occupés et sur l’élargissement du mandat de cette Minurso à la surveillance des droits de l’Homme afin que cessent les violations des droits humains perpétrées par les autorités coloniales marocaines ainsi que l’exploitation illicite des richesses naturelles du Sahara Occidental». 
    Le Collectif dénonce la volonté de «l’occupant marocain» qui «veut profiter de la conjoncture régionale difficile pour imposer le fait accompli colonial dans le territoire non autonome du Sahara Occidental». «Nul ne peut nier, à présent, que le Maroc, cité nommément dans le rapport du secrétaire général de l’ONU, est la seule partie qui bloque le processus de règlement de la question de l’ancienne colonie espagnole, en foulant le droit international et en violant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance», note le Collectif qui relève que le Maroc cherche à «empêcher la recherche d’une solution pacifique». 
    «Ces dernières années, alerte le CJASPS, les territoires du Sahara Occidental sous occupation marocaine ont connu une dégradation inquiétante des droits de l’Homme et un pillage à grande échelle des ressources naturelles.» 
    Le Collectif estime que le Makhzen est «pris au piège» et que, face à ses louvoiements, «le risque de reprise de la lutte armée du peuple sahraoui, comme l’ont signifié les responsables du Front Polisario (…) si le Conseil de sécurité n’assume pas ses engagements et ses responsabilités» est élevé. 
    Les membres du CJASPS s’élèvent, enfin, contre la position des monarchies du Golfe qui, «pour couvrir les dérapages répréhensibles du royaume chérifien, attisent les tensions en s’alignant sur les thèses de la colonisation marocaine, notamment par leur soutien à la proposition d’autonomie».
    Lina S.
  • Moroccoleaks : La France et le Sahara Occidental- Entretien avec l’ambassadeur Delattre

    Dans une note envoyée le 1er juin 2012, Rachid Bouhlal, ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis fait part de son entretien avec François Delattre, Ambassadeur de France à Washington dans lequel, celui-ci lui déclare que « la France partage tout à fait les préoccupations du Maroc quant à l’évolution de la question du Sahara » Occidental et « comprend parfaitement la position » du Maroc « au sujet du retrait de la confiance à M. Ross ».
     » Il m’a assuré, à cet égard, du soutien de son pour traverser cette période délicate » ajoute-t-il. 
  • Moroccoleaks : Entretien de Loulichki avec l’ex-président Joachim Chissano

    Dans un fax envoyé le 7 avril 2014, l’ex-représentant du Maroc auprès de l’ONU, Mohammed Loulichki fait part d’un entretien avec M. Chissano, Envoyé spécial de l’UA pour le Sahara Occidental qui s’apprête à briefer le Conseil de Sécurité le 26 avril.
    M. Chissano fait part de l’intention de l’UA de lui confier le dossier du Sahara Occidental « non pas pour pointer du doigt la partie ayant raison ou celle ayant tort, mais pour trouver une solution définitive à cette question ».
  • La balle est dans le camp du Conseil de sécurité

    C’est ainsi qu’un journaliste d’El Watan, concluait son article, rédigé à l’occasion de la tenue de la conférence internationale à Paris ce 19 avril 2016, à l’initiative de l’association des Amis de la RASD avec l’appui du député Patrick Mennucci, également président du groupe d’amitié France-Algérie.
    Comme souvent, l’actualité du Sahara occidental n’a pas intéressé la presse française au contraire de la presse algérienne très présente. Et pourtant beaucoup se joue entre ce 5 mars, déplacement du Secrétaire général dans les camps de réfugiés sahraouis et ce 28 avril, date à laquelle se tiendra la réunion du Conseil de sécurité consacrée au renouvellement du mandat de la MINURSO. Les termes utilisés par Le Secrétaire général, lors de son passage dans les camps, en particulier celui « d’occupation », pourtant simple énonciation d’une situation qui est reconnue et dénoncée depuis 1976, a provoqué la violente réaction marocaine : dénonciation du Secrétaire général et surtout renvoi du personnel civil de la MINURSO. Perdant sur plusieurs fronts tant à Genève qu’à Bruxelles, le Maroc a choisi l’épreuve de force avec l’ONU jusqu’à vouloir saborder le plan de règlement et prendre le risque d’une escalade dangereuse.
    Aussi les participants à cette conférence, se tenant à l’Assemblée nationale à une telle date, ont mesuré toute son importance comme celle des interventions juridiques qui toutes s’accordent pour dire que le Front Polisario a gagné les batailles juridiques qui l’ont opposé au Maroc ces quarante dernières années.
    Dans un tel contexte la Conférence a souhaité s’engager dans l’actuel débat en adressant à l’Ambassadeur chinois, SEM LIU Jieyi, qui préside en avril le Conseil de sécurité, une lettre ouverte dont voici le texte signé par Pierre Galand, Président de la Coordination européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui et par Régine Villemont, Présidente de l’association des Amis de la RASD, France.
    « Cher Ambassadeur LIU Jieyi,
    Ce 19 avril 2016, à l’Assemblée Nationale française, plus de 200 personnalités parmi lesquelles des parlementaires de France, d’Europe et d’Afrique, des ambassadeurs, des juristes, des représentants de plusieurs villes françaises ainsi que de nombreuses associations, ONG et syndicats ont participé à une rencontre internationale sur le thème : « le règlement du conflit du Sahara occidental, une question de droit international. Aux côtés de l’ONU, quel rôle pour l’Europe ? »
    La Conférence vous adresse en urgence un appel pour que le Conseil de sécurité des Nations Unies soutienne fermement l’appel du Secrétaire général Ban Ki-Moon à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, qui doit pouvoir s’exprimer sans retard, par un référendum d’autodétermination libre et sous contrôle international, sur l’avenir de son pays.
    Il appartiendra au Conseil de fixer un calendrier pour la mise en œuvre négociée de ce référendum promis à la population du Sahara occidental voici près de 25 ans.
    Dès à présent, sous peine de disqualifier les mandats des missions des Nations Unies, il faut que le conseil, comme le demande le Secrétaire général, réhabilite la MINURSO, en particulier sa composante civile afin qu’elle soit en mesure d’exercer pleinement sa mission.
    Nous insistons pour l’extension du mandat de la MINURSO à la surveillance du respect des droits de l’homme au Sahara occidental, comme c’est l’usage pour les missions de maintien de la paix des Nations Unies. »
    Association des Amis de la RASD 356 rue de Vaugirard 75015 Paris
  • Par-delà la participation du Maroc au Sommet des pays du CCG, quels messages en direction de l’Algérie ?

    par Benattallah Halim
    La participation du Maroc au Sommet des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) véhicule-t-elle des messages en direction de l’Algérie? 
    A mon sens, un premier message a été adressé par l’Arabie Saoudite à l’Algérie suite à celui porté au Roi par l’envoyé spécial du président de la République. Ce message avait pour finalité de tempérer le mécontentement de l’Arabie Saoudite au sujet des positions adoptées par l’Algérie sur le Yémen, la Syrie et le Hezbollah libanais. Je pense que la suite réservée à ce message présidentiel est venue au travers la participation du Maroc à ce sommet du CCG. 
    L’Arabie Saoudite qui a tendance à regarder des pays comme l’Algérie comme pays satellites lui devant une solidarité aveugle dans le cadre de ses règlements de compte politiques et militaires, hier en Irak, aujourd’hui en Syrie et au Yémen, et dans le cadre de la lutte d’influence qui l’oppose à l’Iran, s’est élevée contre la position algérienne. Or, toutes les aventures politico-militaires saoudiennes sont désastreuses pour le «monde arabe» et ne font qu’aviver le terrorisme. Les intérêts de nos deux pays sont objectivement divergents. La position exprimée par l’Algérie est fidèle à ses intérêts et à son analyse des conflits géopolitiques au Moyen-Orient et dans le Golfe. Si, par exemple, l’Arabie Saoudite avait engagé un bras de fer avec Israël pour sauver la mosquée d’El Aqsa de la mainmise israélienne, nul doute que le soutien de l’Algérie aurait été parmi les premiers. Malheureusement, il faut croire que les premiers ennemis de la famille régnante sont des Arabes et des musulmans. Le Maroc, en revanche, s’est solidarisé avec l’Arabie Saoudite, considérant que c’était là son intérêt national, et il en attendait un retour. Ce retour s’est soldé à ce sommet par un triple bénéfice pour lui: une «alliance stratégique», comme cela a été qualifié, qui a été tissée de longue date avec ces puissances financières; un camouflet pour l’Algérie, au passage, en réponse au message porté par l’envoyé spécial, peu avant le sommet du CCG; l’appui franc apporté par le CCG au Maroc sur la question du Sahara Occidental au moment où celui-ci a engagé un bras de fer avec le SG/ONU. Enfin, il faut y ajouter les capacités de lobbying de certains de ces pays du Golfe qui vont servir le Maroc auprès de certains membres permanents du Conseil de sécurité pour son projet d’autonomie régionale. 
    A ce propos, posons-nous la question du timing du message qui a été porté par l’envoyé spécial du président de la République. Si le gouvernement algérien était au courant de la participation du Maroc au sommet du CCG, alors ce message était voué à n’être qu’un coup d’épée dans l’eau parce qu’il était vain de vouloir amadouer l’Arabie Saoudite sur des questions aussi primordiales pour elle. Les positions exprimées par l’Algérie ne souffraient quant à elles d’aucune ambiguïté et ne pouvaient être source d’aucune incompréhension comme on a pu le faire accroire. Il n’y avait pas lieu à mon sens de tenter cette opération de récupération; s’en tenir fermement à la position exprimée sans devoir se justifier eût été plus approprié. La presse publique a eu beau répéter qu’une invitation a été adressée au roi d’Arabie Saoudite, ce n’était là qu’une instrumentalisation très primaire visant à camoufler une opération de «réconciliation» à blanc avec l’Arabie Saoudite. A travers l’accueil réservé par le CCG au roi du Maroc, l’Arabie Saoudite, comme chef de file, a rendu la monnaie de la pièce à l’Algérie pour son manque de soutien à la politique saoudienne au Moyen-Orient et dans le Golfe et plus précisément suite aux déclarations de notre ministre des Affaires étrangères et de la position adoptée à Tunis sur la décision de la Ligue arabe de déclarer le Hezbollah libanais «organisation terroriste». 
    Le problème que cela pose est relatif à notre capacité de réaction ou d’anticipation à des évènements annoncés. Il ne suffit pas de constater ces jeux d’alliances géopolitiques, ou de s’indigner des «complots fomentés de l’étranger», cela est monnaie courante dans les relations internationales. Il s’agit surtout de savoir s’il y a une réponse diplomatique en préparation sous quelque forme que ce soit, ou s’il y a eu anticipation, à partir du moment où l’on a eu vent de cette jonction Maroc-CCG. C’est en effet une pratique diplomatique courante que de demander des clarifications par des voies appropriées sans pour autant mettre en cause le droit souverain de quelque pays que ce soit d’agir comme il l’entend. Je crains néanmoins que dans le contexte national d’aujourd’hui, notre pays ne doive encaisser en silence des revers à répétition. Ce dernier contrecoup sur notre pays est symptomatique d’une érosion de nos capacités de dissuasion et de réaction, car en d’autres temps l’Algérie se serait fait fort de prévenir ou de défaire toute manoeuvre de contournement d’où qu’elle vienne. 
    Autre message: le CCG reconnaît en la personne du roi du Maroc un interlocuteur dans le Maghreb avec qui on peut négocier, personnellement.. C’est malheureusement devenu une tendance générale depuis le retrait de notre président de la scène internationale pour raison de santé. De nos jours, les chefs d’Etat sont les premiers acteurs diplomatiques. Ils sont tout le temps en première ligne, sur tous les fronts, où que ce soit. J’ai comme le sentiment que nombre de pays sont en train d’exploiter ce retrait involontaire du chef de l’Etat de la scène internationale pour «avancer leurs pions» ou marquer des points. 
    Nombre de situations ne se seraient pas produites du temps où le président de la République avait toute sa santé parce qu’il avait l’oeil à tout. Le cauchemardesque épisode politico-médiatique algéro-français mais surtout algéro-algérien qui a rabaissé l’honneur du pays à un niveau jamais atteind, a été un symptôme dévastateur. N’eût été cet état de faiblesse, il n’y aurait pas eu ce tweet du Premier ministre français. L’instrumentalisation en interne de l’image du Président s’est retournée cette fois-ci contre le pays tout entier lorsqu’il s’est agi de s’en servir en présence d’un hôte étranger qui, je pense, semble s’être vengé, à sa manière, sans doute pour raison d’Etat. Il n’y a pas eu de réaction «d’indignation» sur ce fait précis. Mais pouvait-il y en avoir lorsque le Premier ministre français sait par le détail les intérêts personnels détenus en France par nombre de nos hauts responsables ou ex-responsables, ou leur dépendance du système de santé français. Comment réagir lorsqu’on apprend par des voies détournées que des Etats étrangers auraient leurs hommes dans le système, sinon dans le gouvernement? La simple insinuation de cette nature, jamais démentie par des faits, est gravissime. Pareille atteinte à la dignité de la Nation aurait dû déclencher enquête en interne et des sanctions. Avec cet épisode, on a une idée de l’estime dans laquelle est réellement tenu notre pays, et de quoi sont à présent capables les partenaires étrangers d’une manière générale du Nord, du Sud, de l’Est. 
    En effet, on évoque ce sommet du CCG, mais on semble perdre de vue que dans le Sahel une «alliance» au sommet de cinq pays, le G5, dont quatre pays frontaliers, s’est constituée au mois de novembre 2015. Cela a été passé sous silence. Pourtant, cette autre alliance a constitué un revers grave qui entre une série de contrecoups pour notre politique étrangère, africaine en particulier. Qui plus est, cela s’est déroulé devant notre porte, dans notre voisinage de sécurité le plus immédiat. Cet autre axe sahélo-sahélien ostensiblement défiant envers l’Algérie est aussi préoccupant que l’axe Maroc-CCG. Ce regroupement emporté par la Mauritanie, membre de la soi-disant UMA, veut mettre l’Algérie hors jeu dans le Sahel. 
    Cette autre «alliance» dans le Sahel au niveau des chefs d’Etat intègre le Mali pour qui l’Algérie a tout fait pour l’aider à conclure un accord de paix. Dans le contexte de voisinage, ne perdons pas de vue une autre donnée: les décisions importantes concernant la Libye sont toujours prises au Maroc et en Tunisie, et aucune ne l’a été en Algérie. Pareilles options sont prises au plus haut niveau des Etats, ce qui a pour effet direct d’évincer l’Algérie au moment des prises de décisions capitales pour le devenir de la Libye. Le reste en ce qui nous concerne n’est que gesticulation diplomatique dans le sillage de la «communauté internationale». Dernière donnée: la question du Sahara Occidental. Limitons-nous à relever que le roi Mohamed VI mène en personne une campagne offensive, et tisse des alliances tous azimuts pour renverser une tendance qui était défavorable pour le Maroc il y a quelques années. Résultat: le gel du processus de référendum par le Conseil de sécurité. 
    L’addition de tous ces contrecoups n’est-elle pas à mettre en rapport avec la fatigue du leadership national ?