Mois : novembre 2016

  • Pourquoi Mohammed VI a séché le XVI sommet de la Francophonie

    Selon le journal News Mada, « la présence d’une lourde délégation marocaine conduite par le roi Mohammed VI a fait couler beaucoup d’encre au niveau de la presse ».
    « L’arrivée du Roi du Maroc à la veille du Sommet de la Francophonie n’a pas échappé aux observateurs de la vie nationale, en faisant notamment le raccourci entre le rendez-vous et cette venue », ajoute le journal malgache.
    Selon le site malgache, Madagascar Tribune, l’OIF avait programmé son discours dans la liste des orateurs, mais il a décidé de ne pas y participer malgré qu’il était le premier arrivé à la Grande Île.
    Un membre de la délégation marocaine a répondu aux commentaires de la presse malgache prétendant que la visité a été entérinée entre les deux pays depuis quelques temps et n’a rien à voir avec le Sommet de la Francophonie.
    «Il existe un certain amalgame au niveau de la presse entre la visite royale et le Sommet de la Francophonie. En vérité, il s’agit d’une visite strictement bilatérale et qui a été décidée de longue date», a-t-il déclaré. 
    Par conséquent, le départ précipité du roi du Maroc, Mohammed VI, la veille du XVI Sommet de la Francophonie vise à convaincre les malgaches que Mohammed VI « a été en visite d’Etat, sur la trace de son grand-père exilé à Antsirabe lors de la colonisation ». Une réalité que certains sites proches du palais royal tentent de cacher en prétendant que le roi du Maroc a boudé le sommet pour protester contre la décision du sommet de ne pas accepter la demande adhésion de l’Arabie Saoudite.
  • Mineur emprisonné et torturé au Sahara Occidental

    Jamal Essallami, enfant sahraoui né le 10 Octobre 1999, a été arrêté le 27 novembre 2016 lors d’un sit-in organisé par des jeunes pour revendiquer le droit à l’autodétermination.
    Jamal se trouvait dimanche dans le quartier Maatalla de la ville d’El Aaiun, capital du Sahara Occidental occupée par le Maroc, en compagnie d’un groupe de jeunes manifestants lorsqu’il a été brutalement arrêté et emprisonné par les forces de police marocaines.
    Le nommé procureur du roi a décidé de l’inculper. En prison, il a été victimes de graves actes de torture en vue de l’amener à signer une confession tissée par la police marocaine. Il sera jugé le 20 décembre 2016 malgré qu’il n’a commis aucun acte de violence et malgré son jeune âge.
    Les organisations internationales des droits de l’homme, Amnesty International, Human Rights Watch, sont appelés à condamner les pratiques marocaines et exiger la libération de Jamal Essallami dans les plus brefs délais.
  • GO : L’Arabie recalée…. en Francophonie

    Le fric ne permet pas tout. Et même quand on en a assez pour pouvoir acheter cash l’amitié indélébile des pays comme la France ou le Sénégal, il se trouvera d’autres pays qui opposeront de la résistance. C’est ce qui vient d’arriver à l’Arabie Saoudite. A Tananarive où les pays de la Francophonie s’étaient réunis pour leur tour de famille biannuel, il y a eu beaucoup de gêne et d’embarras quand on a appris que les riches arabes de la peine voulaient intégrerl’Organisation.
    Sa candidature a été purement et simplement rejetée par des pays comme le Canada, qui se sont même demandé s’il ne s’agissait pas d’une plaisanterie, en évoquant l’affaire de la famille de Raïf Badawi, ce bloggeur saoudien condamné à 1 000 coups de fouet et dix ans de prison, et actuellement justement réfugiée au Québec. Tandis que d’autres qui avaient pourtant admis le Qatar, une autre dictature islamique du golfe Persique, en 2012, ne savaient plus sur quel pied danser.

    Au total ? Cette quête d’une nouvelle zone d’influence avec un statut de membre observateur, n’a pas été pas déclaréerecevable, et l’Arabie saoudite ne pourra pas entrer dans la grande famille de la francophonie. Du moins pas tout de suite, malgré le soutien de petits frères poids légers, comme le Maroc, le Sénégal, le Bénin et le Gabon.

    Ce sera sans doute pour la prochaine fois.
    Cébé

  • Comment Messahel a mis le Maroc échec et mat au Forum afro-arabe de Malabo

    Derrière l’échec cuisant du Maroc et le succès éclatant du peuple sahraoui au dernier forum afro-arabe réuni à Malabo, en Guinée Equatoriale, il y a un certain Abdelkader Messahel. Les médias ont négligé le rôle central et efficace joué par le ministre algérien pour contrer les manœuvres du Makhzen. En effet, si le 4e Forum afro-arabe a pu mener à terme ses travaux, couronnés de succès, et, surtout, avec la participation de la République sahraouie, c’est grâce au travail titanesque accompli par Abdelkader Messahel. C’est un fait incontestable et il est légitime de le souligner avec fierté : notre ministre a mis en échec les manœuvres du Maroc et de certains de ses protecteurs du Golfe qui ont quitté le sommet en pensant qu’ils allaient produire un effet d’entraînement sur les autres pays, arabes et africains.
    Ce qui s’est passé est connu. Sur les vingt et un membres que compte la Ligue arabe, les délégations de cinq monarchies, dont quatre du Golfe – Arabie Saoudite, Qatar, Emirats arabes unis et Bahreïn – et la Jordanie, se sont retrouvées seules à reprendre l’avion pour retourner dans leurs pays respectifs, laissant derrière elles quasiment l’ensemble des pays arabes et africains qui ont poursuivi leurs travaux dans un climat de sérénité, d’unité et de solidarité, conformément à leurs intérêts communs, uniquement.
    Il n’y a aucune forfanterie nationaliste à le répéter. Ce résultat positif, le Forum afro-arabe le doit à Abdelkader Messahel qui a pu mobiliser, pendant 48 heures de travail laborieux de coulisses, les membres de l’Union Africaine pour faire échouer les manœuvres et le forcing des Marocains qui voulaient exclure la République sahraouie ou, à tout le moins, faire reporter le Sommet arabo-africain. Ce que notre ministre a accompli à Malabo est immense et on ne mesure pas encore l’ampleur et les conséquences de l’échec du Maroc qui vient de ruiner ses propres ambitions en ce qui concerne sa demande d’intégration à l’Union Africaine.
    Loin d’être une opération arithmétique, l’adhésion du Maroc ne sera pas une simple formalité à la lumière de la tournure qu’ont prise les travaux de la réunion afro-arabe. Ce n’est que justice que de mettre le projecteur, une fois n’est pas coutume, sur ce combat homérique engagé par Abdelkader Messahel qui, en permettant à la diplomatie algérienne de remporter cette grande victoire, a parfaitement honoré son titre de ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, qui couvrent des espaces constitutifs de la profondeur naturelle de l’Algérie et l’essentiel de sa dimension géostratégique.
    A un moment, la maladie a failli éloigner Abdelkader Messahel de ce qui est sa véritable vocation, le travail diplomatique sur le continent africain. On se rappelle, en effet, cette sorte d’intermède qui s’est placé dans sa carrière au sein du gouvernement avec sa nomination au poste de ministre de la Communication, un secteur où il n’a pas dû se sentir comme un intrus puisqu’il avait commencé son activité professionnelle en tant que journaliste. Heureusement pour l’Algérie, ce n’était que passager et il a pu reprendre sa place sur le front arabo-africain dont il maîtrise les arcanes dans leurs moindres détails.
    En plus d’être très familier des relations interafricaines, il est également un parfait connaisseur de la question sahraouie. On peut dire qu’Abdelkader Messahel, diplomate aux qualités humaines reconnues par tous, aux convictions patriotiques réelles, et travailleur infatigable et intègre, mérite d’être considéré comme le «Monsieur Afrique» de l’Algérie.
    Houari Achouri

  • Madagascar : Mohammed VI bat en retraite

    Alors que toute la communauté francophone attendait son discours, Mohammed VI a quitté bredouille l’île de Madagascar avec la queue entre les jambes, chassé par les commentaires de la presse malgache sur sa visite.
    Selon le site Zinfos974, « Mohammed VI n’ayant pas assisté au sommet de la Francophonie, de nombreuses spéculations ont circulé sur son absence. Certains commentaires sur les réseaux sociaux évoquent un départ précipité de la délégation marocaine pour des motifs diplomatiques. Le souverain était toutefois représenté au Sommet de la Francophonie par Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la coopération ».
    « C’est le grand absent sur la photo de famille de ce XVIe sommet de la francophonie. Mohamed VI, arrivé pour une visite d’Etat à Madagascar était attendu par les organisateurs. Prévu dans les listes des orateurs. Il n’est finalement pas venu. Selon nos informations, le souverain Marocain a quitté Madagascar dès la nuit de vendredi à samedi », a écrit RFI, sous le titre de « Mohamed VI évite le sommet de la Francophonie« .
    Pour sa part, TV-5 Monde, sous le titre de « Francophonie: XVIème sommet, une absence remarquée », évoquait l’bsence du roi du Maroc dans les termes suivants : « La cérémonie officielle d’ouverture du 16ème Sommet de la Francophonie a eu lieu ce matin à Madagascar… Les chefs d’état des 80 pays membres ou observateurs de la francophonie sont réunis en ce moment même, parmi lesquels François Hollande. Au programme de ce Sommet, notamment le développement durable et la lutte contre la radicalisation dans l’espace francophone. Tout de même une absence remarquée ce matin, celle de Mohammed VI, le roi du Maroc ».
    « Autre absence remarquée, celle de Mohamed VI, roi du Maroc. Bien que présent à Madagascar dans le cadre de sa tournée de lobbying pour réintégrer l’Union africaine, le souverain marocain ne s’est pas présenté au sommet. Le discours qu’il devait prononcer à la cérémonie d’ouverture n’a jamais été tenu », commente le site Africanews.
  • Sur la Question de la Justice Climatique, Qui est mis à l’écart ?

    Par : Catherine Constantinides
    Lorsque nous parlons de justice climatique, la première chose qui vient à l’esprit est le sort des petits États insulaires, qui contribuent peu au réchauffement planétaire, mais souffrent de ses plus graves impacts. 
    Ou peut-être nous pensons à des pays vulnérables au climat tels que le Pakistan, où des millions de personnes risquent de se déplacer en raison d’inondations sévères.
    Mais avec la dernière tranche des négociations climatiques de l’ONU en cours à Marrakech, n’oubliez pas le peuple du Sahara occidental juste à côté.
    Le Maroc est devenu un acteur clé de la politique climatique internationale après avoir assumé la présidence de la Conférence des Nations Unies sur le climat cette année, connue sous le nom de COP22.
    Il est troublant et ironique qu’une responsabilité aussi importante ait été confiée à un pays qui a démontré à maintes reprises son profond mépris pour le droit international et les Nations Unies et qui demeure une puissance d’occupation brutale.
    Au cas où tous ceux qui sont impliqués dans la politique climatique internationale – journalistes, diplomates, acteurs de la société civile – oublient : en dépit d’une opinion de la Cour internationale de Justice en 1975 qui juge que le Maroc n’a aucune revendication valable sur le territoire du Sahara occidental, le Maroc a illégalement occupé le territoire, Situé au sud de sa frontière sud, pendant quarante ans.
    Un but admirable, mais le fait que le Maroc accorde activement de nouveaux contrats d’exploration pétrolière à des sociétés étrangères pour forer illégalement à terre et en mer au Sahara occidental remet en question ses véritables intentions.
    Déjà, une partie du développement énergétique du Maroc prend lieu au Sahara Occidental. L’énergie produite au Sahara Occidental – sans le consentement de son peuple – est exportée vers le Maroc. Le palais royal réglemente le marché énergétique marocain et reçoit d’importants contrats énergétiques sur le territoire occupé.
    Cela contrevient à l’avis juridique de 2002 de l’ONU qui affirme que les activités d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental ne peuvent être menées que conformément aux intérêts et aux souhaits du peuple du Sahara occidental.
    Le Maroc n’a pas consulté les populations du Sahara Occidental sur ses projets d’énergie verte sur leur territoire, et le peuple du Sahara occidental n’en profitera pas non plus. Tout simplement: les actes du Maroc violent le droit international. Si on ne le met pas sous contrôle, cela renforcera l’occupation et endommagera le processus de paix. 
    Les Sahraouis n’ont aucun intérêt à perturber la coopération internationale essentielle et urgente nécessaire pour faire face à la crise climatique. Mais il est impératif que tous les acteurs de la politique climatique internationale comprennent qu’aucun pays ne mérite moins l’honneur et la responsabilité de guider ces négociations cruciales que le Maroc: un pays qui a unilatéralement expulsé le personnel de maintien de la paix de l’ONU et refuse à maintes reprises de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
    Lors de la COP22 à Marrakech, la communauté internationale ne doit pas permettre au Maroc de balayer les injustices du Sahara occidental sous le tapis. Les pays responsables, les journalistes et les membres de la société civile peuvent profiter de cette occasion pour faire savoir qu’ils ne tolèrent pas le comportement du Maroc.
    Le Maroc ne commencera à agir en tant que partenaire international responsable des Nations Unies que face à une forte pression internationale. D’abord, en acceptant de revenir aux négociations directes avec le Front Polisario, le représentant internationalement reconnu du peuple sahraoui, pour organiser un référendum aussitôt que possible.
    En tant que militante du climat, j’ai consacré une grande partie de ma vie à la poursuite d’un avenir sécurisé pour tout le monde. La lutte contre le changement climatique est le défi le plus important de notre temps, mais il ne doit pas être utilisé comme un écran de fumée pour masquer les injustices perpétrées contre les peuples les plus marginalisés du monde.
    Traduit par : Khalil Asmar
  • Politique de sécurité de l’UE: le Parlement rejette un amendement faisant référence aux camps de réfugiés sahraouis

    BRUXELLES – La Commission des Affaires étrangères du Parlement européen a rejeté une proposition d’amendement au rapport sur la mise en œuvre de la politique européenne de sécurité et de défense commune visant à introduire une référence aux camps des réfugiés sahraouis de Tindouf qui ont fui leur pays après son occupation par le Maroc en 1975.
    Présenté par l’eurodéputé français, Gilles Pargneaux, qui n’est pas à sa première tentative, le texte de l’amendement dans lequel il a proposé son introduction dans un paragraphe soulignant la nécessité pour l’Union européenne (UE) d’intensifier la lutte contre le terrorisme islamiste a été rejeté par les membres de la Commission qui ont voté pour la suppression de la référence aux camps de réfugiés de Tindouf.
    Cet eurodéputé a prétendu jeudi dernier que « la bande sahélienne est stratégique pour la sécurité de l’Europe et de la région et que les conditions de vie très difficiles de certains lieux, comme les camps de Tindouf, peuvent pousser une partie des populations vers l’alternative du terrorisme islamiste ».
    Interpellé par l’eurodéputée portugaise, Anna Gomes, qui a affiché ouvertement son opposition à l’introduction de cet amendement dans les termes proposés par son collègue Gilles Pargneaux, du même groupe politique au Parlement européen (Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates S&D), le président de la Commission Elmar Brok a invité les membres de cette commission à « se rallier » à la proposition de cette eurodéputée.
    « Nous partons du principe qu’il peut y avoir d’autres cas. Donc, il vaut mieux ne pas avoir de liste exhaustive et le supprimer. Je propose qu’on se rallie à la proposition de Gomez », a-t-il plaidé pour exhorter les membres de la commission à voter contre cet amendement.
    Le rejet de l’amendement proposé par Gilles Pargneaux s’inscrit en droite ligne de la philosophie de l’UE qui soutient les efforts déployés par le secrétaire général de l’ONU pour « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantira l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux principes et aux buts de La Charte des Nations Unies ».
    Dans ses conclusions rendues le 13 septembre dernier, l’avocat général de la Cour de justice de l’UE (CJUE) a souligné que ni l’UE, ni aucun de ses Etats membres ne reconnaissent la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
    « L’Union et ses Etats membres n’ont jamais reconnu que le Sahara occidental fait partie du Maroc ou relève de sa souveraineté », a-t-il affirmé.
    Il a, dans ce contexte, constaté que le Sahara occidental est, depuis 1963, inscrit par l’ONU sur sa liste des territoires non autonomes, qui relèvent du champ d’application de sa résolution portant sur l’exercice du droit à l’autodétermination par les peuples coloniaux.
  • Retrait du Maroc et des monarchies du Golfe du sommet afro-arabe Alger et l’Union africaine réagissent

    Le retrait du Maroc et de neuf autres pays, issus en majorité des monarchies du Golfe, du Sommet afro-arabe pour protester contre la présence d’une délégation sahraouie, a provoqué de vives réactions. L’Union africaine et l’Algérie ont fait savoir au cours de la même journée, jeudi, que le principe de décolonisation du Sahara occidental est un principe intouchable et qu’il ne saurait être remis en cause par des manœuvres quelconques.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – La première réaction à avoir été enregistrée est celle de l’Union africaine qui s’est exprimée à travers la présidente de la Commission présente au Sommet afro-arabe qui s’est ouvert mercredi en Guinée équatoriale. «Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu’à ce qu’ils recouvrent leurs droits nationaux», a-t-elle déclaré tout en mettant l’accent sur la mobilisation africaine enregistrée au cours de cette rencontre. 
    Le retrait du Maroc suivi de neuf autres pays (l’Arabie Saoudite, le Yémen, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Somalie, le Koweït, Bahreïn, Oman et la Jordanie) n’a en effet eu aucune incidence sur le déroulement du 4e Sommet afro-arabe ; tout au contraire, et à en croire les propos de cette responsable de l’UA, l’action a eu pour effet de resserrer les rangs des pays africains. L’organisation africaine n’a, d’autre part, pas démenti l’information selon laquelle elle se trouve à l’origine de l’inscription de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) sur la liste des participants à ce sommet. Selon des informations rapportées par plusieurs médias étrangers, l’Union africaine a insisté pour que les Sahraouis, qui n’avaient encore jamais pris part aux travaux de la rencontre afro-arabe, soient présents, au moment où le Maroc tente coûte que coûte d’adhérer à l’organisation africaine. Cette demande inattendue avait été accueillie avec méfiance sachant que le Maroc s’était toujours fait un point d’honneur de ne jamais prendre part à des rencontres internationales auxquelles est invité le Front Polisario. Aujourd’hui, son retrait du Sommet afro-arabe pour les mêmes raisons compromet très lourdement ses chances de voir sa candidature acceptée par la commission spécialement mise en place par l’Union africaine pour enquêter sur sa demande. L’agence officielle algérienne APS, qui a dépêché des envoyés spéciaux en Guinée équatoriale, rapporte d’ailleurs que les «pays africains ont rappelé à cette occasion unanimement que les valeurs et principes qui gouvernent l’UA ne sauraient en aucun cas être négociables ou matière à compromis et ont réitéré leur attachement aux idéaux de solidarité active avec les peuples luttant pour leur libération ainsi que pour le processus de décolonisation de l’Afrique (…) la mobilisation africaine en faveur de la position et du statut de la RASD en tant que membre fondateur de l’UA a été davantage confirmée car elle s’est étendue à tous les Etats membres de l’Union africaine y compris les alliés traditionnels du Maroc». Le ministre algérien chargé de la Coopération maghrébine, présent en Guinée équatoriale, a lui aussi réagi en déclarant à divers organes de la presse algérienne (dans une interview à TSA) que «l’Afrique a démontré de la manière la plus unanime que les principes et fondements de son union ne sont pas négociables quel que soit le partenaire». Il ajoute : «La RASD est un membre fondateur de l’Union africaine et aucune adhésion ne peut se faire au détriment du principe fondateur de l’UA. Je crois que tout le monde a bien reçu le message et tout le monde doit bien en tirer les conséquences. Le Maroc a demandé le retrait de la RASD avant de se retirer du sommet, il ne l’a pas obtenu. Dans ce forum qui regroupe une soixantaine de pays, sept se sont retirés, mais 54 pays africains et les deux tiers de la Ligue arabe étaient présents.» 
    M. Messahel a, d’autre part, tenu à rappeler que l’Algérie abritera, les 3 et 5 décembre prochain, le Forum d’affaires africain, «le premier du genre à réunir des représentants des gouvernements ainsi que l’ensemble des partenaires économiques».
    Le ministre des Affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra, n’a pas manqué de réagir lui aussi lors d’un point de presse organisé à l’ambassade d’Algérie à Doha. Dans une déclaration très diplomatique, il a souhaité la «bienvenue au Maroc au sein de l’Union africaine à condition qu’il soit traité sur un pied d’égalité que le Sahara occidental (…) le Maroc serait le bienvenu en tant que 54e membre de l’UA sur un pied d’égalité avec les 54 membres actuels en droits et en devoirs». Le fin mot de la demande d’adhésion du Maroc reviendra, dans quelques jours, à l’UA qui semble, cependant, s’être déjà exprimée sur la question…
  • La Cause sahraouie est pour l’Afrique ce qu’est la cause palestinienne pour le Monde arabe

    L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, Qatar, le Sultanat d’Oman, la Jordanie, le Yémen, et la Somalie, se sont retirés en compagnie du Maroc au 4ème sommet arabo-africain qui s’est tenu à Malabo (Guinée Equatoriale) mercredi et jeudi derniers, à cause de la présence de l’emblème de la République arabe sahraoui démocratique (RASD). Ces pays soutenant la colonisation du Sahara occidental par le Maroc pensaient à travers leur geste influencer sur la tenue de ce sommet. Ils n’ont pas eu raison de cela. Preuve, ils ont une nouvelle fois prouvé leurs grandes manœuvres à ne point vouloir de rapprochement entre Arabes et Africains et qui serait pour eux un risque de perdre leur influence économique et politique dans les deux régions. Cette tentative d’avortement du sommet de Malabo n’a pas eu d’impact sur les règles du quorum pour la tenue de ce Forum arabo-africain. Puisque, outre l’Algérie, d’autres pays arabes dont l’Egypte, la Tunisie, le Soudan, la Mauritanie et Djibouti ont refusé de se retirer du sommet qui a finalement abouti à la  » Déclaration de Malabo « , qui a reçu le soutien d’une soixantaine de chefs d’Etat africains et arabes présents dans la capitale équato-guinéenne.
    Le Maroc qui, à l’occasion de la tenue de ce sommet, a refait une étrange formule diplomatique et politique qui se révèle par le choix de la chaise vide dans les rencontres et autres forums que ce soit dans le monde arabe ou en Afrique. Une pratique qui dure depuis plus de quatre décennies. Il suffit pour cela de comptabiliser les absences et les boycotts de Rabat au sein de l’UMA, la Ligue arabe ou encore l’UA. Le retrait des monarchies arabes du sommet de Malabo suivi par deux pays en proie à des guerres internes, le Yémen et la Somalie ne saurait surprendre. A moins de se méprendre totalement sur les réalités de ces derniers. Ce boycott avait pour but de mieux faire laisser la déplorable terminologie coloniale du Makhzen à se maintenir au Sahara occidental. Ce retrait est aussi une énième manœuvre des stratèges de la diplomatie royale qui, après le sommet improvisé et imposé aux chefs d’Etats africains, présents à Marrakech, dans le cadre de la COP 22, avec la complicité de la France, est une fuite en avant et un  » hors la loi  » afin qu’il ne se conforme pas à la légalité internationale. En clair, le rejet total du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Les chefs d’Etats et de gouvernement qui ont pris part aux travaux de cette 4ème édition regroupant Arabes et Africains semblent avoir enfin fait comprendre les vrais visées du Maroc et de ses alliés à savoir en premier, l’implosion de l’UA et ensuite porter un coup sévère aux relations arabo-africaines. Cela fait dire à un diplomate égyptien que ce retrait du Maroc et de certains pays arabes du Forum Afrique-Monde arabe à Malabo est  » un faux pas politique qui relève d’une complaisance plutôt que d’une position politique. Le quotidien égyptien  » El-Watan  » a cité les propos d’un membre du Conseil égyptien des Affaires étrangères à savoir :  » Ceux qui ont dicté au Maroc de se retirer dans le but d’exercer une pression sur l’Union africaine (UA), doivent savoir que les Africains ne tolèrent pas une telle attitude, et que cela influerait négativement sur l’image des Arabes chez les Africains qui nous considèrent comme des royaumes agissant par complaisance « .
    Sur la même position égyptienne, les pays africains présents à Malabo ont dénoncé cette manœuvre du Maroc qui a tenté en vain de perturber le bon déroulement de ce sommet arabo-africain, en refusant de siéger aux côtés de la délégation de la RASD qui sort ainsi renforcée par un indéfectible soutien des pays africains qui ont réaffirmé leur « attachement à l’acte constitutif de l’UA, et leur soutien à la cause du peuple sahraoui « . Dans ce renouvellement africain de leur soutien à la cause sahraouie, il est dit aussi que  » la Cause sahraouie est pour l’Afrique ce que la Cause palestinienne est pour le monde arabe, et que sa sacralité relève des principes de l’UA « . Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UA ont réaffirmé cet engagement suite à la décision du Maroc de conditionner sa participation par son refus de siéger aux côtés de la RASD, membre fondateur de l’organisation panafricaine, à ce sommet.
    A l’occasion de cet événement, l’Algérie a réaffirmé de manière plus claire et convaincante la continuité de soutien à la cause du peuple du Sahara occidental et la tenue d’un référendum d’autodétermination sous les auspices de l’ONU. Une position qui reste pétrie de bon sentiment totalement vouée à la légalité du droit internationale et au principe du bon voisinage avec le voisin de l’Ouest. A ce propos, le ministre des Affaires maghrébines, de l’UA et de la Ligue arabe Abdelkader Messahel a affirmé que  » la cohésion, qui a marqué le 4eme SOMMET Afrique-Monde arabe face aux tentatives du Maroc d’exclure la RASD des travaux du sommet  » montre que le Continent africain demeure uni face à toutes tentatives visant la déstabilisation de l’Afrique et l’Union africaine.
    Ce résultat traduit la cohésion de l’Afrique et réaffirme que le Continent africain est toujours prêt à déjouer toute tentative visant sa déstabilisation. Il s’agit là d’une réponse cinglante à tous ceux qui veulent diviser le continent « , a-t-il souligné dans une déclaration à  » Radio Algérie Internationale « .  » Les manœuvres du Maroc étaient vouées à l’échec face à la ferme volonté africaine, a encore indiqué M. Messahel précisant que  » Le Maroc en tant que pays voisin, veut adhérer à l’UA, mais il vient de démontrer encore une fois qu’il n’affiche pas une réelle volonté pour ce faire « .
    B. C.
  • Forum Afrique – Monde arabe: Le Makhzen joue et perd

    par Ghania Oukazi

    Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe estime que le partenariat Afrique-Monde arabe doit se construire «d’égal à égal», doit être « gagnant-gagnant » mais, regrette-t-il, «certains pays ont des comportements qui ne reflètent pas cet esprit.» 
    C’est ce qu’il nous a déclaré hier après son retour de Malabo, tard dans la nuit de jeudi dernier. Représentant le président de la République au 4ème forum Afrique-Monde arabe qui s’est tenu mardi et mercredi derniers à Malabo en Guinée Equatoriale, Abdelkader Messahel est rentré à Alger après avoir accompli une mission diplomatique d’envergure à la mesure de l’engagement permanent, continu et constant de l’Algérie vis-à-vis de l’Afrique. Il s’agit bien sûr de la bataille diplomatique qu’il a menée avec succès contre les tentatives du royaume du Maroc de faire capoter ce rendez-vous afro-arabe. La genèse des faits repose, pour rappel, sur les tractations menées par le Maroc pour faire exclure du forum la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Les «envoyés spéciaux» du roi Mohamed VI pour une telle mission inintelligente devaient ainsi convaincre les pays membres de l’Union africaine et ceux de la Ligue arabe présents à Malabo, à défaut de réussir l’exclusion des Sahraouis, de reporter le forum. Il fallait compter sans le respect intransigeant de l’Union africaine des valeurs et des principes consacrant l’unité de ses rangs et de leur cohésion ainsi que sa solidarité active avec les peuples luttant pour leur libération. La présidente de l’UA n’a pas hésité à le rappeler à Malabo après le complot déjoué du Maroc. «Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu’à ce qu’ils recouvrent leurs droits nationaux,» a-t-elle soutenu. 
    Dlamini Zuma a rappelé les fondamentaux de l’UA face aux représentants des 54 pays africains et des 21 moins 7 de ceux de la Ligue arabe. Les 7 absents sont en évidence ceux qui se sont alliés à la décision du Maroc de quitter le forum après avoir échoué à en exclure la RASD. Aux côtés du Maroc, on retrouve ainsi quatre pays du Golfe qui sont l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabies Unis et le Bahreïn ainsi que le Yémen et la Jordanie. 
    L’offensive ratée du Maroc 
    Ces chaises vides n’ont en rien fait basculer les travaux de Malabo au regard de celles nombreuses qui sont restées occupées par les pays membres de l’UA et par les deux tiers de ceux de la Ligue arabe. Le royaume du Maroc a donc joué mais a perdu sur toute la ligne. Toutes ses offensives de faire retourner l’Afrique contre la RASD n’ont pas réussi. L’UA ne pouvait céder à ce caprice absurde du Makhzen en piétinant ses propres statuts et règlement. La RASD est, faut-il le rappeler, membre fondateur de l’UA et la charte constitutive de l’Union consacre sa solidarité et son soutien indéfectible aux peuples luttant pour leur libération. La résolution que ses pays membres ont adoptée lors du sommet tenu en Afrique du Sud en 2015, précise, elle, davantage le soutien africain à la lutte du peuple sahraoui. Les élucubrations du Maroc ont montré, si besoin est, que la politique « d’offensive » de Mohamed VI vis-à-vis de l’Afrique est un véritable leurre. « S’il était aussi présent en Afrique qu’il ne le prétend, il serait arrivé à ses fins, » affirment des diplomates africains. Le Maroc avait même tenté un dernier coup fourré en proposant aux Africains présents à Malabo d’enlever tous les drapeaux des pays présents et pancartes désignant leur emplacement dans la salle abritant les travaux du forum. Ce délire, une ministre d’un pays africain l’a qualifié de «compromis». Mais en vain, le refus des pays présents a été catégorique. Jalouse de son indépendance et des sacrifices de son peuple pour la liberté, portant haut la main sa souveraineté nationale et son emblème, l’Algérie a été en évidence, la première à rejeter l’offre de ce «compromis». Son rapprochement et sa connaissance de l’Afrique ne datent pas d’aujourd’hui. Ils jalonnent de larges pans de son histoire dont l’un des plus importants l’a consacrée comme la Mecque des mouvements de libération. Mouvements dont la plupart sont nés au cœur de l’Afrique combattante contre la colonisation, l’apartheid et les complots. 
    Son soutien indéfectible à la cause palestinienne et sahraouie la place en pole position des pays qui luttent contre l’oppression des peuples. L’Algérie et l’Afrique, c’est une longue histoire d’échanges, d’aides, de soutiens, d’écoute et de conseils. Ce ne sont pas moins de 22 chefs d’Etats qui ont rendu visite au président Bouteflika en une année seulement. 
    La grande bataille des coulisses 
    La tenue et la poursuite des travaux du forum après l’échec du Maroc d’en exclure la RASD ou de le reporter, sont l’aboutissement d’une grande bataille de coulisses menées avec doigté par le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe. Rompu à la gestion des questions les plus épineuses qui se posent au continent, fortement apprécié par de nombreux «camarades» et leaders africains, Abdelkader Messahel a réussi à convaincre les invités de Malabo de ne pas céder aux délires du Maroc. L’on remarque que même ses alliés comme le Gabon, la Côte d’Ivoire ou la Guinée ne l’ont pas suivi. « Le forum s’est tenu dans la sérénité comme voulu par Messahel et grâce à l’offensive diplomatique qu’il a menée, » témoignent des diplomates. « Les Marocains et ceux qui les ont suivis ont eu la leçon de leur vie, » disent encore nos sources africaines. La présence de l’Algérie et de l’Egypte à eux seuls comme pays arabes et en même temps africains au forum de Malabo, « ce sont 150 millions de citoyens, » est-il précisé. Les deux tiers des pays membres de la Ligue arabe qui y ont participé, «ce sont des centaines de millions de consommateurs, » est-il ajouté. 
    De telles précisions laissent reconnaître nos interlocuteurs que «l’Union africaine s’est toujours sentie très proche du monde arabe.» Elle a rompu ses relations diplomatiques avec Israël, en 1973 en soutien à l’offensive militaire arabe contre l’entité sioniste. « Le soutien africain au monde arabe n’a jamais été conditionné par quelque chose en retour, » précisent des diplomates. L’on déplore cependant, le manque d’intérêt des pays arabes à l’égard d’un continent aux potentialités importantes, aux territoires généreux et aux marchés vierges. L’Afrique est un continent émergent qui enregistre 6% de croissance chaque année. Occidentaux et Asiatiques ont saisi son importance sur l’échiquier pour la cibler comme zone aux potentialités prometteuses. Le Japon, la Chine, l’Union européenne et les Etats-Unis y ont déjà lancé des investissements à coup de milliards de dollars. Les pays arabes viennent juste d’en prendre conscience même s’ils n’ont véritablement pas intégré l’importance du tournant qu’ils se doivent d’opérer vers l’Afrique. La Ligue arabe s’est vu d’ailleurs rejeter son plan d’action par le forum de Malabo en raison de sa non-conformité avec les ambitions du partenariat Afrique-Monde arabe. L’Algérie a été l’un des pays qui a provoqué ce rejet obligeant ainsi la Ligue arabe à revoir sa copie en fonction des réalités, des opportunités et des besoins du continent. 
    Messahel dénonce l’arrogance envers l’Afrique 
    Les insipides projections arabes ajoutées aux velléités marocaines d’ignorer la grandeur morale de l’UA, ont poussé l’Algérie à déplorer «cette arrogance» de pays qui doivent, pourtant, de part leur histoire, être les premiers à se rapprocher étroitement de l’Afrique. L’on n’omet pas d’inscrire dans ce chapitre de « l’arrogance » la fausse note « jouée » par le secrétaire général de la Ligue qui a déploré le retrait du forum des 7 pays arabes. « Les règles de la diplomatie auraient voulu qu’il reste neutre ou plus justement de se faire l’expression des deux tiers (la majorité) des pays membres de la Ligue qui ont choisi de ne pas quitter le forum, » estiment nos sources. 
    «Dans le partenariat, il faut toujours agir d’égal à égal, il doit être gagnant-gagnant, il ne se construit pas sur l’arrogance et le mépris des autres notamment face à l’Afrique qui est un continent émergent qui a son poids dans le monde, ses ressources, ses potentialités, » nous a affirmé hier Abdelkader Messahel que nous avons contacté par téléphone. «Nous déplorons le fait que des comportements de certains pays ne reflètent pas du tout ces exigences et cette réalité des choses,» nous dit-il. C’est cette vision que l’Algérie compte faire valoir en organisant du 3 au 6 décembre prochain à Alger le forum Algéro-Africain, premier du genre. 
    Messahel nous rappelle qu’il a appelé le Front Polisario et le Maroc à reprendre les négociations conformément aux résolutions onusiennes, aux fins de trouver un règlement « juste, mutuellement acceptable et durable » à cette question de décolonisation. Il faut savoir que pendant que Messahel menait une bataille diplomatique à Malabo, Ramtane Lamamra entamait des discussions avec des pays du Golfe. « On a d’excellents rapports avec les pays du Golfe, » nous disait hier Messahel. C’est ce qui a été confirmé par le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale lors de la conférence de presse qu’il a animée jeudi à Doha.

    Le Quotidien d’Oran