Mois : mai 2016

  • Yassine Mansouri est le véritable patron de la diplomatie marocaine

    Mansouri, Bourita, et l’ambassadeur Dwight (DR)
    L’ambassadeur des Etats-Unis a Rabat, Dwight L. Bush, a été convoqué par le ministre délégué aux affaires étrangères, M. Nasser Bourita en présence de Yassine Mansouri, le chef de la Direction générale des études et de la documentations (DGED, contre-espionnage extérieur).
    Bourita avait l’ordre de transmettre au diplomate américain le malaise du régime après la publication du rapport du Département d’Etat, extrêmement négatif sur l’état des droits de l’homme au Maroc. 
    Selon le journaliste marocains Ali Lmrabet, « la présence de M. Mansouri dans une réunion diplomatique de haute importance confirme que le ministère des affaires étrangères est sous la coupe de la DGED. Cela va dans le sens de toute la documentation publiée par le fameux et mystérieux « hacker » Chris Coleman ».
    Selon lui, deux questions se posent : 
    1.- Pourquoi le ministère de l’intérieur et celui des affaires étrangères ont tardé un mois pour réagir après la publication du rapport ? Il y avait grève des traducteurs au Maroc ? 
    2.- Pourquoi et sur quelle base le patron de la Direction générale des études et de la documentations (DGED, contre-espionnage extérieur), Mohamed Yassine Mansouri, était présent dans la rencontre entre Bush et Bourita ? 
    Ce retard et la présence du patron des espions marocains explique le retard pris par le ministère marocain de l’Intérieur à réagir contre ce que son communiqué qualifie de « scandale » en référence au contenu du rapport américain. Il a attendu de recevoir l’ordre du palais. 
    La présence de Mansouri dans l’entretien avec l’ambassadeur américain et les activités de la DGED dévoilées par le hacker Chris Coleman, prouvent que Yassine Mansouri est le chef de la diplomatie marocaine dans l’ombre.
  • Droits de l’Homme: Le rapport américain qui gifle le Makhzen

    Le Royaume de sa Majesté est de plus en plus isolé sur la scène internationale, et le dernier rapport américain est venu consolider cette donne.
    Le rapport en question intervient dans la foulée des tensions entre Rabat et Washington, au sujet de l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental et à la sortie du Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon, qui considère le Sahara Occidental, comme territoires occupés par le Makhzen.
    Il faut noter que le document a été publié le 13 avril dernier par le département dirigé par John Kerry, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, donne des informations détaillées sur l’état des droits de l’homme et critique la situation des droits humains au Maroc. La réaction marocaine ne se fait pas tarder et avec virulence « C’est une pure invention, une appréciation erronée et un mensonge caractérisé », dira Mohamed Hassad, ministre de l’Intérieur, en soulignant que « le Maroc ne peut pas accepter que l’on fabrique des faits, que l’on monte de toutes pièces des cas et que l’on fomente des allégations pour des motivations politiques obscures ».
    Se sentant visé par un “toilettage” que compte opérer la Maison Blanche, le monarque marocain est allé demander de l’aide auprès du Roi d’Al Saoud, guère mieux loti que lui, après l’adoption par le Sénat américain de poursuite judiciaire contre l’Arabie Saoudite,suite aux attentats terroristes du 11 septembre.
    Mais, selon certaines sources, le maître de Ryad, le roi Salman se serait engagé à débourser la mirobolante somme de 20 milliards de dollars, dans le cadre d’un plan d’armement courant jusqu’à 2020 pour que l’administration américaine ferme les yeux sur les violations des droits de l’homme au Maroc
    . L’objectif de Ryad est aussi de sanctionner l’Algérie, opposée à la ligne de conduite des saoudiens dans les dossiers syrien, libyen, yéménite , du Hizbollah et de l’OPEP pour que l’administration .
    Cette opportunité est également saisie par Mohamed VI qui vient de réactiver ses «segments franco-israéliens» qui l’encouragent à «aller au clash» et à entretenir une «diplomatie belliqueuse».
  • Sáhara Occidental: XI Aniversario del Levantamiento de la Independencia contra Marruecos

    Sáhara Occidental
    espacioseuropeos(22/5/2016)
    El pueblo saharaui conmemora estos días el XI Aniversario del Levantamiento de la Independencia, la revuelta en la que los ciudadanos saharauis se manifestaron en todo el Sáhara Occidental para expresar su rechazo a la ocupación de su territorio por parte de Marruecos.
    En el histórico levantamiento que se produjo el 21 de mayo de 2005 y que sacudió los cimientos de la ocupación marroquí, los saharauis del El Aaiún salieron, portando banderas saharauis y pancartas, a las calles de la capital ocupada, a la vez que se lanzaban eslóganes en los que se reivindicaba el derecho a la autodeterminación y a la independencia.
  • Makhzen, l’allié encombrant

    Par Rabah Toubal
    Décidément, le monarque alaouite, qui préside aux destinées du royaume marocain depuis juillet 1999, ne sait plus où donner de la tête. En effet, la campagne féroce menée par le Maroc contre M. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, qui n’a fait que décrire une réalité et réitérer une vérité incontestable, montre clairement l’ampleur des élucubrations de Mohammed VI, pour le moins inquiétantes pour la paix et la sécurité régionales. 
    Aveuglé par la haine et la rancune nourries à l’encontre de notre pays et alimentées par ses mentors revanchards français, israéliens et saoudiens notamment, le roi du Maroc ne rate aucune occasion pour agresser avec virulence l’Algérie et ses diverses institutions. Il les accuse d’être les instigatrices des soubresauts qui secouent régulièrement la vie politique, diplomatique, économique et sociale marocaine. 
    Pourtant, ces soubresauts ne sont, en réalité, dus qu’à son onéreuse politique de prestige qui enlise le Maroc dans un endettement extérieur et intérieur alarmant, qui est la principale cause de l’austérité intenable à laquelle font difficilement face le peuple marocain et les populations du Sahara Occidental, encore sous domination coloniale marocaine. Une situation qui provoque des grèves et des manifestations récurrentes qui sont violemment réprimées par les forces de police marocaines. 
    A l’instar de ceux qui ont été promis par l’Arabie Saoudite à l’Egypte et au Liban notamment, les milliards de dollars miroités au Maroc tardent à venir, tout comme les aides promises par le gouvernement français, lui-même en proie à une crise économique et sociale durable. 
    L’étau politique et social se resserre autour du gouvernement islamiste marocain, pro-royaumes et émirats du Golfe, dont il a rejoint les alliances militaires contre le Yémen et la Syrie, et la «sainte alliance» contre l’Iran chiite. Au lieu de faire face objectivement à tous ces défis et contraintes, les autorités marocaines, roi et gouvernement, pratiquent une surenchère démagogique qui enfonce le royaume voisin dans la crise multidimensionnelle, sous l’œil vigilant de Washington et de l’Union européenne, à l’exception de la France et de l’Espagne, dans une moindre mesure, qui rechignent à entériner officiellement les divagations dangereuses de leur allié, de plus en plus encombrant.
    R. T.
  • "Avec ou sans Ban Ki-moon, notre cause est juste et notre conviction inébranlable" (MAE sahraoui)

    Mohamed Salek Ouled Salek, ministre des Affaires étrangères sahraoui «Avec ou sans Ban Ki-moon, notre cause est juste et notre conviction inébranlable»


    Écrit par Meriem Kaci


    Reporters : Mercredi dernier, le président du Conseil de la nation sahraoui, Khatri Addouh, a affirmé à la presse que le Front Polisario est prêt à reprendre la lutte armée dans le cas où le référendum pour l’autodétermination des Sahraouis tarderait à venir. Quelle lecture doit-on faire de sa déclaration, sachant que ce n’est pas la première fois qu’un responsable sahraoui menace d’un retour aux armes ? 
    Mohamed Salek Ouled Salek : Il y a un temps pour tout : pour la paix comme nous l’avons choisie, comme pour la guerre que nous sommes prêts à reprendre contre l’occupant marocain dans le cas où le Conseil de sécurité ne parviendrait pas à organiser, comme il est indiqué depuis des années dans son agenda, un référendum d’autodétermination et que le peuple attend impatiemment depuis 1991, année, comme vous le savez, de la signature du cessez-le-feu. Pour répondre à votre question, l’annonce de la possibilité d’un retour aux armes n’est pas une menace en l’air. C’est un rappel que les Sahraouis ont tout donné pour que la paix garde ses chances d’aboutir. Aujourd’hui, je le répète, par lassitude et perte de confiance vis-à-vis des instances onusiennes et internationales, ils exercent une pression sur leurs responsables politiques et militaires pour la reprise de la lutte armée. Voilà la réalité aujourd’hui. Et il faut qu’on en tienne compte. Le Front Polisario a préféré donner sa chance à la paix, aux négociations, aux Nations unis et à la communauté internationale pour régler le conflit. Mais il ne peut continuer à le faire indéfiniment et sans résultat, en continuant à calmer la volonté populaire d’un retour aux armes. 
    La visite du secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf a été un évènement important, voire un tournant dans l’histoire du conflit maroco-sahraoui. Il a eu le courage de nommer les choses telles qu’elles sont. Il a parlé, comme vous le soulignez, d’«occupation». Sauf qu’il est en fin de mission. Ne pensez-vous pas que son départ du secrétariat général de l’ONU, à la fin de l’année, ne sera pas un coup dur pour la cause sahraouie ? 
    Ecoutez, en considérant le Polisario comme un mercenaire et en niant l’existence du peuple sahraoui, le Maroc a, depuis toujours, piétiné les résolutions onusiennes et du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 4-37 de 1979 et 35-19 de 1980. La position de l’ONU et du Conseil de sécurité a toujours été de déplorer l’occupation marocaine. Le nouveau, en effet, est d’avoir un secrétaire général, Ban ki-Moon, qui, par émotion et indignité, a préfère nommer les souffrances des Sahraouis autrement que par des mots diplomatiques. Il a dit les choses telles qu’il les a vues, avec courage. Et c’est ce qui n’a pas plus au Maroc et à ses soutiens internationaux, dont la France. Son départ ouvrira sans doute une nouvelle page pour l’ONU et son histoire ; pour les Sahraouis, avec ou sans Ban Ki-moon, il est évident qu’ils poursuivront la lutte abstraction des changements qui peuvent avoir lieu aux Nations unies ou ailleurs. Notre cause est juste, et notre conviction pour la défendre est inébranlable. 
    Le Conseil de sécurité a voté pour le retour de la Minurso dans les territoires sahraouis. Quelle appréciation en faites-vous ? 
    La tentative marocaine de vouloir éliminer et expulser la composante civile et administrative de la Minurso a échoué, tout comme sa stratégie à vouloir changer le mandat et la nature de cette mission onusienne. De ce point de vue, la résolution adoptée le 30 avril dernier est un pas positif que nous saluons. C’est un indicateur qui montre que la cause sahraouie est entendue. Mais ce n’est pas le mot de la fin. Les Sahraouis veulent, sur la base de la légalité internationale et des résolutions du Conseil de sécurité, que la Minurso fasse ce qu’elle doit faire : aller jusqu’au bout de son mandat dont la logique est la tenue d’un référendum d’autodétermination. L’enjeu, maintenant, est que le Conseil de sécurité parvienne à fixer une date pour ce référendum. 
  • Le cannabis marocain menace la sécurité de l’UE

    Le cannabis est la drogue illicite la plus consommée dans l’UE, souligne un rapport sur les marchés des drogues dans l’UE 2016 élaboré par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) et d’Europol.
    Le rapport présente l’étendue des retombées des marchés des drogues; leurs liens avec ’autres activités criminelles, la pression que ces marchés exercent sur les institutions gouvernementales et leur profond impact sur le commerce légal et sur l’économie en général, sans parler de leurs effets délétères sur les communautés et les quartiers, les familles et les personnes. Nous montrons l’influence qu’exercent le trafic de drogues et les organisations criminelles qui le contrôlent sur de nombreux secteurs de la société: des migrants vulnérables exploités comme main-d’œuvre pour la culture du cannabis, aux fonctionnaires des administrations publiques exposés à l’influence de la corruption.
    Selon ce rapport, “le cannabis est la drogue illicite la plus consommée dans l’UE. La valeur estimée du marché du cannabis est proportionnellement élevée, s’élevant à plus de 9 milliards d’euros. Il semble qu’environ 1 % des adultes européens consomment du cannabis quotidiennement ou quasi quotidiennement, et c’est ce groupe qui suscite le plus de préoccupations quant au risque de problèmes sociaux et de santé connexes”. 
    “Il ne fait aucun doute que les marchés des drogues illicites sont l’une des principales menaces pour la sûreté de l’UE” du fait que “les marchés des drogues s’articulent à d’autres formes de criminalité et au terrorisme”, affirme le rapport soulignant que “les ramifications du marché des drogues illicites sont diverses et se propagent bien au-delà des dommages causés par la consommation de drogue. Elles comprennent l’implication dans d’autres formes de criminalité et dans le terrorisme; les impacts sur le commerce légal et l’économie en général; la pression exercée sur les ressources des institutions gouvernementales et leur corruption; et les impacts sur la société dans son ensemble”. 
    Selon la même source, « au plan international, il existe des éléments probants de certains liens entre des GCO (groupes criminels organisés) impliqués dans le trafic de drogue et des organisations terroristes. Il en ressort qu’en général, ces liens ont un caractère principalement fonctionnel, les organisations terroristes utilisant le commerce de drogue pour financer leurs activités. bon nombre des personnes impliquées dans des activités terroristes, souvent des jeunes récemment radicalisés, ont un passé de petit délinquant, notamment via la consommation ou la vente de drogues, et exploitent de diverses façons leurs connexions avec le milieu criminel pour leurs activités terroristes ». 
    Le Maroc, premier fournisseur de résine de cannabis en Europe est pointé du doigt . « Les GCO marocains, qui exploitent les liens avec les communautés marocaines établies en Europe et travaillent en partenariat avec les groupes européens, jouent de longue date un rôle dans l’importation de grandes quantités de résine de cannabis », affirme le rapport.

    Rabat jouit de la protection de Paris et la complaisance des pays européens à cause de la carte de l’immigration que le Maroc possède pour faire pression sur le Vieux Continent.

  • Molenbeek, symbole d’une Belgique pour longtemps dégradée – Sombres les jours

    De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
    Le métro s’arrête quelques secondes, quelques passagers, trois, montent dans la rame et puis, sifflement vers une autre station.
    Personne n’est descendu. Est-ce un hasard ? Une peur de ne pas s’aventurer dans ce coin horrible ? Une façon de conjurer le sort en ne visitant pas les lieux du crime, des crimes ? Sans doute, de tout cela. Une passagère parle d’une voix qu’elle veut audible par tout le monde : «J’espère que les salauds qui ont fait ça resteront en prison le restant de leur vie.» Les voisins du siège et les autres assis un peu plus loin ne veulent pas entrer en discussion sur cette thèse. Personne n’a envie de parler de l’attentat de Molenbeek ni ne veut en entendre parler. C’est le même sentiment, partout, en Belgique. Le gouvernement Charles Michel, Alliance des Libéraux francophones et des nationalistes, les Flamands, droite pur-jus, n’intéresse pas grand monde lorsqu’il évoque les mesures prises ou à prendre pour lutter davantage contre le terrorisme. Dès les premiers instants qui ont suivi les descentes punititives sur Molenbeek et l’aéroport de Bruxelles, Zaventem, l’exécutif a multiplié les couacs, les erreurs, les déclarations à l’emporte-pièce et les approches bidon. Mis sous tension par ses pairs européens et, particulièrement, par la France qui lui reprochent son peu de vigilance qui a causé les attentats de Paris du 22 novembre 2015, il a, depuis, navigué à vue. Molenbeek, la cité d’où tous les meurtres sur Paris ont été conçus, planifiés et réalisés, est devenue une triste attraction pour les médias du monde entier. Les résidents Belges d’origine marocaine ou belgo-marocaine dans une écrasante majorité ne veulent plus parler aux journalistes, français notamment. Il faut relever que ces derniers ont rivalisé d’ardeur et d’inventivité en production de clichés, de contre-vérités, d’absurdités et de sentences à la clef sans nuances, sans précaution de style. Molenbeek devient, hélas, le lieu de tous les phantasmes, la cité où toutes les approximations sont permises. La bourguemestre (maire) Françoise Schepmans, libérale, a tenté au début de résister à cette déferlante, mais depuis quelque temps, elle semble avoir changé de plan. Les associations, les habitants et les élus municipaux de cette banlieue au cœur même de la ville prennent le relais de la cheffe de la maison communale, montent au créneau pour mettre en exergue les actions menées pour la déradicalisation et les résultats obtenus, ça ne suffit pas, ça ne suffit plus. Le modèle belge a pris un sérieux coup et les sondages font apparaître une avancée, sans pécédent, de l’extrême droite tant au nord qu’au sud du pays. L’opposition au fédéral, socialiste et chrétienne, ne semble pas récolter les fruits de la néfaste gestion des affaires du pays par l’exécutif Michel… 
    Ici comme un peu partout en Europe, les vieux démons reviennent au galop et renvoient le Vieux Continent à ses heures les plus sombres, à sa triste histoire de colonisation, de faschisme, de nazisme, de pétainisme et de et de… Bruxelles, capitale de cet ensemble en voie d’évaporation qu’est devenue l’Union européenne, n’en est que le reflet…
    A. M.
  • L’ambassadeur des USA au Maroc convoqué: Le makhzen pris de panique

    Le récent document établi par le département d’Etat sur la liberté de la presse et les droits de l’homme au Maroc n’a pas été apprécié par le palais royal marocain.
    Ce dernier a dénoncé les critiques exprimées par le département d’Etat américain sur la situation des droits de l’homme et de la liberté de la presse au Maroc. Ce document, qui accable Rabat dans ce domaine, démontre l’accès de colère du palais alaouite face aux critiques. Dwight Bush, ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, a été convoqué mercredi au ministère marocain des Affaires étrangères après la publication, le mois dernier, du document annuel du département d’Etat sur les droits de l’homme au Maroc, jugé «scandaleux» par les autorités du royaume. D’après le ministère des Affaires étrangères, les autorités marocaines ont informé Dwight Bush, l’ambassadeur américain, que «le Maroc est un Etat d’institutions (…) dont la crédibilité et le sérieux sont largement reconnus (…)». «Des allégations graves, comme celles contenues dans le rapport du département d’Etat, donnent l’impression que ces institutions ne remplissent pas leurs tâches», ajoute le document de ce ministère, écrit l’AFP. Le Maroc parle de «caractère décalé de ce document avec la réalité (et) est prêt à aller jusqu’au bout pour confronter, y compris devant les instances américaines appropriées, les données et passer en revue chaque cas évoqué».
    «Depuis quelques années, le gouvernement marocain n’a cessé d’attirer l’attention des autorités américaines sur le manque de rigueur et le caractère biaisé et décalé des réalités du document (annuel du département d’Etat)», avait dit le ministère de l’Intérieur. Ce document indique notamment que «les forces de sécurité commettent des violations des droits de l’homme en de multiples occasions», faisant état d’informations sur des «cas de torture en détention». «La justice a manqué d’indépendance et parfois a empêché les accusés d’avoir le droit à un procès équitable», est-il encore indiqué dans le document américain. «Le gouvernement (marocain) a enfreint les libertés d’expression et de la presse, y compris en harcelant et en arrêtant des journalistes pour leur travail sur des sujets qu’il juge sensibles», d’après le document du département de John Kerry. Le Maroc prouve qu’il accède facilement à la colère quand des critiques sont exprimées à son encontre.
    L’actuel secrétaire général de l’ONU en a fait les frais. «Coupable», aux yeux du Palais, «de partialité» parce qu’il a séjourné dans les territoires sahraouis, Ban Ki-moon a été descendu en flammes par le Maroc, lui reprochant sa position en faveur de l’autodétermination. Pourtant, une résolution de l’ONU consacre le droit du peuple du Sahara occidental de disposer de lui-même. Le makhzen a même tenté de mettre fin à la mission de la Minurso (Mission onusienne). Le Conseil de sécurité de l’ONU a désavoué le Maroc en décidant la prolongation du travail de la Minurso. Il s’agit d’un triomphe pour le peuple sahraoui et la légalité internationale.
  • Divorce ou répudiation

    Trois lourds exemples d’une brouille appesantie par d’autres dossiers comme le Sahara occidental et l’alignement inconditionnel de Paris derrière les options marocaines qui ont fini par compromettre le couple Algérie-France le poussant à la limite d’un divorce consommé.

    par Moncef Wafi
    La situation est telle que Paris a décidé de dépêcher un pompier, déjà rompu à l’exercice, pour tenter d’éteindre le feu qui est en train de consumer la maison algéro-française. En effet, les Français jouent gros en se mettant à dos le gouvernement algérien après une série de «maladresses», pour paraphraser Chevènement, et le moindre petit grain peut gripper une relation privilégiée et un partenariat loin, très loin même, d’être un exemple du win-win. 
    Connaissant la susceptibilité de nos dirigeants, l’actuel gouvernement français, dépouillé des diplomates historiques et des professionnels du dossier algérien, a multiplié bourdes sur sorties hasardeuses et déclarations malencontreuses. Qu’on en juge: une photo gratuite illustrant la Une du Monde sur les Panama papers, ce qui lui a valu des poursuites en justice. Un tweet de Valls montrant Bouteflika diminué et malade déclenchant un concert de réprobations de la classe politique algérienne. Une déclaration de l’ambassadeur français à Alger sur la délivrance des visas privilégiant la région de la Kabylie dans un contexte interne particulier allant jusqu’à soupçonner le diplomate de comploter contre l’unité nationale. 
    Trois lourds exemples d’une brouille appesantie par d’autres dossiers comme le Sahara occidental et l’alignement inconditionnel de Paris derrière les options marocaines qui ont fini par compromettre le couple Algérie-France le poussant à la limite d’un divorce consommé. Ce qui fait courir les Français est connu: contrats, favoritisme et cash. Les présidentielles de 2017 également comme c’est de coutume tous les quinquennats. Ce qui fait par contre galoper les Algériens reste pour le moins incompréhensible aux yeux du commun des citoyens à l’exception du visa Schengen. 
    Que gagne de son côté l’Algérie à s’accommoder d’un partenaire vexant, jaloux et revanchard ? Sur le plan économique, celle de la France n’est pas un exemple de réussite, loin s’en faut. Alors pourquoi nos ministres s’entêtent à signer des contrats exclusifs avec des entreprises françaises, à croire qu’elles sont les seules à être performantes ou du moins à offrir des opportunités de partenariat ? Pourquoi ne pas se tourner vers le modèle allemand ou anglais ? Tout le monde s’accorde à reconnaître une certaine vulnérabilité de nos décideurs envers la France puisque pas mal de leurs affaires et patrimoines immobiliers s’y trouvent. Certains d’entre eux à des postes clés du pouvoir possédant même la double nationalité, eux ou leurs proches parents. Ouyahia, avec tous les travers qu’on lui prête, sait pertinemment le danger d’une telle situation en insistant sur l’article 51 bis de la nouvelle Constitution. Doit-on alors changer de partenaire, se réconcilier avec la France pour le bien de nos décideurs ou fermer nos frontières ?
  • L’étrange offensive de Mohammed VI

    APRÈS L’ONU, LE MAROC S’EN PREND À LA TUNISIE ET AUX USA
    Le roi du Maroc a décidé de foncer tête baissée dans une stratégie de confrontation à l’issue peu probable. Effrayé à l’idée de perdre la bataille du Sahara occidental, il croise le fer de manière parfois violente avec tout ce qui contredit ou peut contredire sa logique sur le dossier.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Pour ce, Mohammed VI n’a pas hésité à se lancer dans une véritable guerre contre les Nations-Unies d’abord, puis contre les institutions américaines qu’il accuse d’avoir changé de cap dans leur gestion du Sahara occidental. Les derniers jours ont d’ailleurs démontré la logique folle dans laquelle s’est embarqué le monarque à travers les réactions qui ont suivi la publication d’un rapport du département d’Etat américain dénonçant de graves atteintes aux droits de l’Homme dans ce pays. Dans ce document annuellement publié, l’institution évoque la persistance de problèmes tels que la corruption, le recours quasi systématique à la force, la pratique de la torture, ainsi que les mauvaises conditions de détention dans les prisons marocaines. Le même rapport indique que la justice marocaine a parfois «manqué d’indépendance et parfois accusé les accusés d’avoir droit à un procès équitable (…) le gouvernement marocain a d’autre part enfreint les libertés d’expression et de la presse y compris en harcelant et en arrêtant des journalistes pour leur travail sur des sujets jugés sensibles». Il n’en fallait pas plus pour que le roi s’emballe et crie à la «manipulation». 
    La première réaction s’est fait entendre du côté de la direction générale des prisons. Le responsable des établissements pénitentiaires, qui n’a pu à l’évidence réagir de son propre chef face à un département américain d’une telle envergure, s’est déclaré outré par des propos qualifiés de mensongers et infondés. Quelques heures plus tard, le ministère de l’Intérieur marocain réagit à son tour en publiant un communiqué qualifiant le rapport de «scandaleux» et basé sur les propos de «parties hostiles au régime marocain». 
    Le même communiqué fait, par ailleurs, savoir que «le royaume est prêt à aller jusqu’au bout pour dévoiler les dérapages de ce rapport». Mais de simples textes ne suffisent pas à apaiser le courroux royal. Dans la même journée, l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat est convoqué par le ministre marocain des Affaires étrangères. Celui-ci dénonce auprès du représentant américain les «manipulations et les erreurs flagrantes contenues dans le rapport du département d’Etat». 
    En fait, l’ambassadeur des Etats-Unis venait ainsi de faire l’objet d’une seconde convocation de la part des autorités marocaines puisqu’il avait été, une journée auparavant, convoqué par le ministre de l’Intérieur qui lui avait tenu des propos similaires.
    La violente réaction du royaume constitue réellement une première, un antécédent même dans les annales de la politique du Maroc qui n’avait encore jamais réagi d’une telle manière à des rapports de ce genre en particulier lorsqu’ils émanent d’institutions américaines. L’offensive a inévitablement attiré l’attention d’un grand nombre d’observateurs étrangers qui voient en cette réaction une panique certaine chez le roi déjà désabusé par l’attitude des Nations-Unies face au dossier du Sahara occidental. Un bras de fer avait déjà été entrepris avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, accusé de partialité pour avoir utilisé le terme de Sahara occidental et prôné la nécessité de laisser aux Sahraouis le droit de statuer sur leur sort en organisant un référendum d’autodétermination. L’évènement avait entraîné une réaction très violente du Maroc qui a soulevé y compris les foules à Rabat. Le Maroc est décidé à ne rien concéder ni laisser passer. Au cours de ces derniers jours, deux ministres tunisiens qui ont utilisé eux aussi la terminologie «Sahara occidental, un territoire à décoloniser» ont été à leur tour pris à partie par les autorités marocaines qui y ont vu une provocation et une manœuvre destinée à déstabiliser le royaume. 
    Fort du soutien de la France et des monarchies du Golfe, Mohammed VI s’est engouffré dans une logique qui risque pourtant de coûter cher à son pays. Celle qu’adoptent généralement les personnes acculées qui s’enfoncent en ouvrant plusieurs fronts à la fois…
    A. C.