Mois : juin 2014

  • Le Maroc cherche la polémique avec la France

    Le Maroc a bâti ses relations diplomatiques sur la question du Sahara Occidental. C’est la raison de son retrait du prédécesseur de l’Union Africaine, l’OUA. A l’époque le soutien des USA et de la France au Maroc dans sa guerre contre les sahraouis avait rendu ce pays arrogant. Mais c’était sans compter que la situation et les alliances allaient changer 40 ans après.
    Aujourd’hui, ces deux superpuissances ont affiché leur volonté de résoudre le prob lème du Sahara Occidental sur la base des résolutions des Nations Unies. En d’autres termes, dans le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
    La France a lancé plusiers signes au Maroc dans le sens que tout rapprochement avec l’Algérie ne sera jamais en détriment des relations franco-marocaines. En vain. Le Maroc soupçonne Paris de ne plus soutenir les vélleités expansionnistes marocaines. Alors, Rabat cherche à faire monter la tension et la polémique dans le but de faire pression sur son allié traditionnel qui cherche à équilibrer ses relations avec les pays du Maghreb.
    Un citoyen marocain s’est présenté dans un hôpital français pour protester contre la présence d’un criminel de guerre marocain. Un général de l’armér marocaine, en l’occurrence. Le Maroc a voulu en faire une affaire d’Etat. Les autorités françaises connaissent assez bien les méthodes de chantage marocaines. Elles font comme si de rien n’était.
  • Plainte contre le roi et ses généraux à Paris

    Encore une boule puante entre les mains du Makhzen. L’ex-capitaine marocain, Mustapha Adib âgé de 45 ans, met le roi et son armée au box des accusés.
    Il vient de déposer une plainte contre le roi Mohamed VI et le général, Abdelaziz Bennani, aux soins au Val de Grâce, selon son avocat cité par l’AFP.
    Motif ? L’ex capitaine des FAR y affirme avoir été victime de représailles après avoir dénoncé la corruption dans l’armée marocaine.
    Cette plainte contre un dignitaire marocain pourrait rendre un peu plus exécrables les rapports entre Rabat et Paris. Il faut rappeler que ce mauvais feuilleton pour le Makhzen, a commencé quand la justice française avait souhaité entendre il y a trois mois le patron du contre-espionnage marocain, en visite à Paris, dans le cadre d’une autre enquête judiciaire pour tortures.
    Auparavant, l’ambassadeur français à l’ONU avait lâché une bombe en comparant le Maroc à une »maîtresse qu’on aime pas mais avec laquelle vous obligé de coucher ».
    Immense scandale qui jeté le froid entre la France et son ami le roi. Et alors que cette saillie n’est pas encore digérée que survient cette plainte d’un militaire dissident contre l’armée de sa Majesté coupable de corruption.
    Coup de grâce au Val de Grâce !
    Selon l’AFP qui a pu la consulter, la plainte de Mustapha Adib vise le Maroc et une trentaine de responsables militaires et civils.
    Il y dénonce des faits de torture et des « traitements cruels et dégradants ». Elle a été déposée parce que Mustapha Adib a appris que l’un des responsables qu’il attaque, le général Abdelaziz Bennani, était actuellement en France, hospitalisé au Val-de-Grâce à Paris.
    Elle intervient alors que l’ex-officier a été placé hier en garde à vue, le général Abdelaziz Bennani, affirmant avoir reçu des lettres de menaces à l’hôpital.
    « Si M. Adib a pu constater la présence de M. Bennani à l’hôpital, confirmée devant la chambre par les proches de ce dernier, il n’a pu le rencontrer physiquement ni échanger avec lui », a réagi son avocat Me Moutet, réfutant toute « menace écrite ou agression morale ».
    « La garde à vue de Mustapha Adib, orchestrée en urgence absolue par la diplomatie française à la demande de Rabat, est une réponse totalement démesurée, qui prend évidemment sa source dans d’autres dossiers, dont Monsieur Adib est aujourd’hui la victime collatérale » a dénoncé l’avocat.
    Boule puante
    Dans sa plainte, l’officier dissident explique que ses ennuis ont débuté à la fin des années 1990 quand, jeune officier dans une base aérienne, il avait dénoncé des faits de corruption, notamment de détournement de carburant par des officiers.
    Il précise dans sa plainte avoir écrit le 13 novembre 1998 à Mohamed VI, alors prince héritier, pour l’informer. Dès lors, les mesures de rétorsion auraient commencé: placement aux arrêts, reports de congés payés, violences physiques entre autres.
    Fin 1999, Mustapha Adib est cité dans un article du quotidien Le Monde sur la corruption dans l’armée marocaine, selon la plainte. Arrêté, il aurait été interrogé par des officiers, dont Abdelaziz Bennani, qui lui auraient reproché d’être entré en contact avec un journaliste étranger.
    Condamné à deux ans et demi de prison en 2000, qu’il a purgée jusqu’en 2002, il avait reçu le soutien de la Fédération internationale des droits de l’homme. Sa plainte contre le roi et les généraux de l’armée, est en tout cas une autre boule puante entre les mains d’un Makhzen attaqué de toute part.
    http://www.algerie1.com/zoom/plainte-contre-le-roi-et-ses-generaux-a-paris/
  • Le département d’Etat US fait le constat de l’ampleur du trafic sexuel au Maroc

    Le département d’Etat américain a dressé un rapport accablant sur l’ampleur de la traite humaine au Maroc en évoquant notamment les réseaux de prostitution dont sont encore victimes les femmes et les enfants marocains non seulement dans leur pays mais aussi au Moyen-Orient, dont les pays du Golfe essentiellement, et en Europe.
    Dans son rapport mondial 2014 sur le trafic humain publié vendredi, le département d’Etat a observé que le Maroc restait toujours à la fois « un pays pourvoyeur mais aussi une destination et un transit pour les hommes, les femmes et les enfants qui sont victimes du travail forcé et du trafic sexuel ».
    La traite humaine, a-t-il poursuivi, s’étend même à des fillettes âgées de 6 ans ramenées des zones rurales pour travailler comme domestiques dans les villes et sont « victimes de travail forcé, de non-paiement de salaires, de menaces, de restrictions de sorties et de violence physique, psychologique ou sexuelle ».
    Plus grave encore, le département de John Kerry rapporte également que des hommes, des femmes et des enfants marocains « sont exploités dans le travail forcé et le trafic sexuel en Europe et au Moyen-Orient ».
    Il précise, ainsi, que les femmes marocaines « sont forcées à se prostituer » notamment dans les pays tels les Emirats arabes unis, le Bahreïn et la Jordanie et dans les pays européens, sans compter les restrictions aux déplacements, les menaces et la violence psychologique et physique qu’elles subissent.
    Le rapport note aussi la persistance du « tourisme sexuel » touchant les enfants marocains qui sont offerts aux étrangers dans les grandes villes du Maroc.
    Par ailleurs, poursuit le département d’Etat, les réseaux de trafic humain offrent aux hommes marocains des emplois de travail dans les pays du Golfe où leurs employeurs « leur saisissent les passeports et les soumettent à la servitude ».
    Ce rapport américain rejoint celui fait récemment sur le Maroc par la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la traite des personnes, Mme Joy Ngozi Ezeilo.
    Cette représentante de l’ONU a, en effet, indiqué dans son rapport que la traite des femmes et des filles aux fins d’exploitation sexuelle était en augmentation au Maroc, précisant que les Marocains qui travaillent à l’étranger sont surtout des femmes, notamment aux Emirats arabes unis, où les femmes représentent environ 70 % des expatriés marocains.
    Selon Mme Ezeilo, les contrats de travail qui leur sont délivrés ne correspondent pas à l’activité initialement convenue et que de nombreuses Marocaines se retrouvent « piégées dans des situations d’exploitation par des réseaux de prostitution ».
    Depuis 2002, a-t-elle encore rapporté, environ 2.500 filles marocaines avaient été emmenées dans les Etats du Golfe à des fins d’exploitation sexuelle et de prostitution, ajoutant qu’à Rabat et à Casablanca, « des intermédiaires sans scrupule s’emploient activement à trouver de nouvelles recrues pour leurs clients des pays du Golfe ». (Aps)
    http://www.algerie1.com/flash-dactu/le-departement-detat-us-fait-le-constat-de-lampleur-du-trafic-sexuel-au-maroc/
  • Droits de l'Homme au Maroc : Rabat encore épinglé

    « Sans prétendre couvrir toutes les pratiques contraires aux droits humains, les violations relevées en la matière par l’Association marocaine des droits humains (AMDH) donnent une image du non-respect de l’Etat des droits et des libertés en dépit de ses engagements nationaux et internationaux », a souligné M. Ahmed El Haij, président de l’organisation dans une conférence de presse consacrée à la présentation du rapport 2013 sur les droits de l’homme au Maroc. Il a affirmé que l’ensemble des violations relevées dans ce rapport de 234 pages « sont suffisantes pour mettre en évidence l’orientation générale de la politique publique en la matière ».
    Ainsi, dans le chapitre des droits civils et politiques, le responsable de l’AMDH a noté que son organisation a « enregistré de nombreuses violations commises directement ou indirectement par l’Etat (…) dans les locaux de la police, dans les lieux publics, dans les centres hospitaliers à cause de négligences, dans les prisons à cause du surpeuplement, de l’absence des conditions d’hygiène et de la montée de la violence, suite à des évènements de protestation, lors des manifestations et des sit-in ». 
    Selon le rapport, « l’Etat a excellé en matière des fausses accusations de droit commun attribuées aux détenus pour camoufler la nature de la détention (…) en leur attribuant des accusations telles le trafic de la drogue, l’obstruction de la voie publique, l’agression ou l’humiliation des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions etc. » 
    Le document a, par ailleurs, fait observer que la situation des libertés publiques a été caractérisée par une « régression notable du fait de la répression croissante exercée lors de manifestations pacifiques, l’agression et l’arrestation des défenseurs des droits humains ». « Les violations touchent aussi le droit de créer des associations, la liberté de la presse, la liberté syndicale, la liberté de circulation et les droits des individus à l’expression et le droit d’organisation des instances politiques », a ajouté le rapport. 
    L’ONG a également relevé la régression du classement du Maroc dans l’échelle de la liberté de la presse de l’organisation Reporters sans frontières le classant 136è parmi 180 pays dans son rapport annuel 2013, et de rappeler « un nombre de cas d’agressions physiques de journalistes, pendant l’exercice de leurs fonctions et notamment pendant les manifestations contre la grâce du pédophile de Galvan »(début août 2013). Daniel Galvan, de nationalité espagnole, a été condamné à 30 ans de prison ferme dans l’affaire de viol de 11 enfants à Kénitra. 
    En outre le rapport a considéré que l’année 2013 s’est caractérisée par la poursuite et l’intensification visant l’activité des défenseurs des droits humains et particulièrement les militants de l’AMDH, en violation, selon M. El Haij, de la déclaration de l’assemblée générale des Nations-Unies adoptée le 9 décembre 1998. « Plus de 70 cas de poursuites judiciaires et d’arrestations à l’encontre des défenseurs des droits humains », ont été suivis par l’AMDH, a-t-il indiqué. 
    S’agissant du chapitre des droits économiques, sociaux et culturels, le rapport a souligné notamment la persistance du chômage qui ne fait que s’aggraver (9,2 % en 2013 soit 1 081 000 chômeurs), une intensification des grèves dans de nombreux secteurs publics et semi-publics et une inquiétante situation dans les secteurs de la santé et de l’éducation. 
    Le rapport a abordé, d’autre part, la situation des droits de la femme qui « n’a pas connu une d’avancée significative par rapport à l’année précédente malgré le discours officiel », les systèmes législatifs relatifs aux droits de l’enfant qui « ne sont toujours pas en harmonie avec la législation internationale ». L’AMDH émet depuis 1995, son rapport annuel sur la situation des droits humains au Maroc.
    http://www.tribunelecteurs.com/fichier/21_6_2014/rabat.html
  • Hassana Duihi, militant sahraoui : « la communauté internationale fait-elle son devoir envers le peuple sahraoui ? »

    Hassana Duihi, rencontré au cours d’un voyage au Sahara occidental sous occupation marocaine, fait partie des Sahraouis qui luttent au quotidien pour revendiquer le droit à l’autodétermination, pour dénoncer l’exploitation des ressources naturelles et pour appeler la communauté internationale à une action volontariste pour que soit réglé le conflit qui secoue ce territoire depuis bientôt 40 ans. Il nous explique ici quelle est la situation actuelle sur place.
    Nouvellesdusahara :
    Quelle est la situation à El Ayoun depuis fin avril et la décision du conseil de sécurité de renouveler le mandat de la mission internationale sur place, la MINURSO, sans lui attribuer la surveillance des droits de l’homme, comme cela est réclamé par des ONG, certains pays et le Front polisario ?
    Hassana Duihi :
    La situation à El Ayoun continue comme toujours : les rues sont pleines de voitures de la police et des forces auxiliaires marocaines. Tout est surveillé ! Les rassemblements pacifiques sont interdits, la ville est fermée à la presse et les militants sont soit intimidés, soit enlevés, torturés ou incarcérés.
    Malgré cette situation, malgré l’oppression et la violence, les militants sahraouis continuent de résister et d’organiser des manifestations pour revendiquer leur droit à l’autodétermination.
    Concernant la décision de ne pas mandater la MINURSO pour faire respecter les droits de l’homme, on est vraiment choqués. On attend un mécanisme onusien pour surveiller ces droits qui sont bafoués, et, finalement, on constate que le Conseil de sécurité donne une autre chance au Maroc pour améliorer son comportement et respecter les droits du peuple sahraoui !!! C’est difficile à comprendre.
    C’est une honte pour ces pays démocratiques comme la France et les Etats-Unis. Je n’accepterai plus les explications qu’avancent les responsables politiques pour justifier leur complicité… A savoir la »raison d’Etat »… Mais, cette « raison d’Etat » n’a-t-elle pas de limites ?
    Nouvellesdusahara :
    Vous et votre femme avaient été blessés il y a quelques semaines. Pourquoi ? Subissez-vous des pressions au travail, sur vos enfants ou votre famille, pour arrêter de militer ?
    Hassana Duihi :
    Moi et ma femme, nous avons l’habitude de participer aux manifestations organisées pour revendiquer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Comme tous les manifestants, on est ciblés par la machine d’oppression marocaine. Surtout que, désormais, nous sommes connus pour nos opinions.
    Depuis mars 2013, on est tabassés et torturés tous les deux. Au moment de la deuxième visite dans les territoires occupés du Sahara Occidental de l’Envoyé personnel de l’ONU, Christopher Ross, le 23 mars 2013, ma femme a été frappée dans la rue et moi, j’ai été enlevé et torturé dans une voiture de la police en présence des supérieurs. Lors de la troisième visite du diplomate américain, le 19 octobre 2013, également, et ainsi de suite dans toutes les manifestations organisées après par la coordination des associations sahraouis à El Ayoun, le 15 de chaque mois, entre janvier et avril 2014, pour revendiquer l’élargissement des compétences de la MINURSO.
    Hassana Duihi, blessé lors d’une manifestation à El Ayoun, le 19 octobre 2013 (envoyée par lui-même)
    Subit-on des pressions directes ? Non, mais à travers d’autres personnes, oui. Elles m’expliquent que si je n’arrête pas de participer aux manifestations, mon salaire sera gelé (1). Les autorités marocaines ont déjà confisqué ma voiture, depuis août 2007. Quant à mes enfants, ils sont comme les enfants des autres militants, ils ne vivent pas une vie normale. Ce n’est pas facile pour un enfant de voir ses parents tabassés, torturés, intimidés, et sa maison sous surveillance.
    Vraiment, c’est très difficile pour nos enfants, mais c’est leur destin !
    Nouvellesdusahara :
    D’un côté, on voit les Sahraouis des territoires occupés par le Maroc se mobiliser ; de l’autre, dans les médias notamment et sur le plan international, on entend parler uniquement des positions du Front polisario.
    Est-ce pour vous un problème, étant donné que le Front polisario est contesté de l’intérieur, est responsable pour certains de l’immobilisme actuel, en ayant signé d’abord le cessez le feu de 91 ?
    Hassana Duihi :
    Nous, dans les territoires occupés, on fait notre devoir. Le Front polisario fait aussi son devoir. La question pour moi, c’est plutôt : est-ce que la communauté internationale fait son devoir envers le peuple sahraoui?
  • Abdelaziz Bennani accusé d'être un criminel dans un hôpital parisien par le capitaine Mustapha Adib

    Le général de corps d’armée Abdelaziz Bennani, (celui que certain opposants au régime dictatorial le décrivent comme le « Pinochet marocain ») a été récemment hospitalisé au Val-de-Grâce, l’hôpital des armées françaises à Paris, se serait plaint d’une tentative d’intrusion de l’ex-capitaine Mustapha Adib dans sa chambre d’hopital. 
    Bennani s’était impliqué dans la guerre du Sahara occidental contre le Polisario en tant que chef d’État-major. En 1975, c’est lui qui a eu l’idée d’ériger un mur de défense qui se nommera mur des sables.
    Il est nommé ensuite chef d’État-major de la « zone Sud » sous le commandement du général Ahmed Dlimi. Après la mort de ce dernier en 1983, le général Bennani devient commandant de la zone militaire du Sahara occidental. Adib s’était renduà l’hôpital Val-de-Grâce et a tenté de pénétrer dans la chambre du général Bennani pour lui remettre une lettre dans laquelle il a accusé le malade d’être un « criminel ». La famille du général se serait interposée. Amusant que cette dénonciation a été faite par un ex officier des forces armées royale. Cette lettre accuse le militaire d’être un tortionnaire du régime dictatorial marocain et cela ne plaît pas aux sbires du régime dictatorial de Mohammed VI:
    « Au criminel le général Abdelaziz Bennani : Vous qui avez tué des milliers d’innocents, qui avez poussé des millions d’orphelins à la rue, qui avez pillé les richesses du Maroc, au lieu que vous mourrez sur le champ de bataille comme un véritable chef, vous voilà entrain de mourir en fuite comme un rat, la mort d’un ignoble, d’un salaud, d’un lâche qui ne mérite pas la moindre décoration. A bas le régime dictatorial de Mohammed VI. Vive le Peuple Marocain libre à jamais. Allez en enfer ! Signature: Mustapha Adib Un ancien capitaine des forces armées marocaines, ayant déjà dénoncé la corruption de nains (minuscule) comme vous. Paris, le 18 Juin 2014″.
    http://musique.arabe.over-blog.com/2014/06/abdelaziz-bennani-accuse-par-le-capitaine-mustapha-adib-d-etre-un-criminel-dans-un-hopital-parisien.html
  • Le « Maroc inutile » redécouvert par l’action publique : les cas de Sidi Ifni et Bouarfa

    Karine Bennafla et Montserrat Emperador
    Depuis dix ans, le Maroc connaît une multiplication des mouvements de protestation sociale dans les bourgs et les villes moyennes. En étudiant les cas des mobilisations à Sidi Ifni (à l’orée du « Sahara occidental ») et à Bouarfa (près de la frontière algérienne), cet article se propose d’éclairer les relations entre l’État marocain et ses périphéries. L’article analyse ainsi la variété des interactions entre mobilisations, appartenances nationales et politiques d’aménagement. Il montre que le pouvoir central, confronté depuis des siècles à des épisodes de dissidence tribale, perpétue des pratiques anciennes pour gérer ces mobilisations des périphéries en alternant mesures de répression et octroi de concessions.
    Durant la décennie 2000, les mouvements de protestation populaire se sont multipliés dans les petites et moyennes villes du Maroc 1. Ces mobilisations à caractère socio-économique et politique suggèrent une évolution de la géographie de la protestation sociale car, après les émeutes urbaines des années 1980 2 et les attentats de Casablanca de 2003, les grandes agglomérations et leurs bidonvilles ont été désignés comme les principaux lieux de la contes- tation de l’État et de l’ordre public. Ces mobilisations exposent le sentiment d’abandon d’habitants vivant dans des espaces-marges, zones montagnardes enclavées ou bourgs des confins, qui dessinent un Maroc qualifié d’« inutile » lors du Protectorat 3. Ces « débordements du social4 » mettent en avant des reven dications pragmatiques : meilleur accès aux services publics, création d’emplois, subventions pour les produits de première nécessité, amélioration des infrastructures. Selon les lieux, les mouvements prennent la forme d’explosions de colère éphémères ou créent une dynamique protestataire sur plusieurs années. Telle est la situation à Sidi Ifni (région Souss-Massa-Drâa) et Bouarfa (région de l’Oriental), deux terrains sur lesquels nous avons réalisé des enquêtes en 2007, 2008 et 2009, individuellement ou en binôme 5 (fig. 1). Sidi Ifni et Bouarfa abritent respectivement 20 000 et 26 000 habitants  selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2004. Ces localités ont été le siège de mouvements populaires entre 2005 et 2009.  
    Des collectifs divers y ont relayé des revendications en recourant à des modes d’action plus ou moins classiques : marches, sit-in, communiqués, lettres  aux médias, mais aussi blocus portuaire et mobilisation des communautés d’immigrés à l’étranger (Sidi Ifni), boycott du paiement des factures d’eau et simulacres d’émigration collective vers l’Algérie (Bouarfa). Les lieux étudiés présentent deux particularités. La première tient au fait que ce n’est pas la libéralisation économique qui détermine leur déclassement ni la perception populaire d’être à l’écart des politiques publiques de développement : ces zones étant faiblement investies par le secteur public, elles sont peu affectées par les réformes libérales. Leur second trait commun, l’inscription dans des espaces excentrés du territoire marocain, invite à étudier les rapports entre l’État central et ses périphéries politiques et économiques. Sidi Ifni est à l’orée de la région des « Provinces du Sud » (ou « Sahara occidental » selon l’ONU 6) et Bouarfa se situe près de la frontière algérienne. Les actuelles « mobilisations de périphéries » ne sont pas nouvelles : les séditions du bled-es-siba 7, épisodes de dissidence tribale, ont jalonné l’histoire du royaume. L’observation croisée des sites permet d’examiner l’interaction entre mobilisations et politique territoriale, celle-ci pouvant être vue comme une cause (du mécontentement), un enjeu politique et un outil de gestion du conflit. Quels sont les modes de gestion publique de l’effervescence sociale en péri- phérie ? Les types de réponse du pouvoir central marocain actuel prolongent- ils des pratiques de gestion anciennes ou témoignent-ils d’une transformation des modalités de discipline et de contrôle territorial avec la politique de libéralisation autoritaire 8 ? L’horizon d’attente des acteurs qui s’affrontent sur la scène publique dépend de l’expérience accumulée et des trajectoires des lieux où ils sont ancrés. Aussi l’étude des « terroirs historiques » et une approche anthropologique ont-elle été privilégiées pour saisir les formes  de production de l’action publique dans les deux villes. La combinaison de disciplines différentes (géographie et sociologie politique) écarte l’adoption d’un positionnement théorique ferme, mais s’enrichit de questionnements pluriels.
    Décrire la « périphérie » : le déploiement problématique des politiques d’aménagement territorial
    Postées chacune à l’extrême sud d’une région administrative, Sidi Ifni et Bouarfa sont éloignées de leur capitale régionale, respectivement Agadir et Oujda. Une moyenne montagne pierreuse constitue l’arrière-pays de Sidi Ifni, petit port de pêche logé sur une côte inhospitalière. Le plateau sec du Rekkam au pied duquel s’étend Bouarfa est une terre de steppe à alfa, dévolue au nomadisme pastoral 9. Si la fixation des frontières d’État a transformé les deux villes en angles morts du territoire national, excentrées par rapport aux pôles politiques et économiques de la conurbation littorale, leur marginalisation progressive depuis quarante ans dépend aussi de paramètres géopolitiques internes et externes. La proximité d’une ou de frontière(s) leur confère une situation stratégique. Localisée entre Oujda (à 260 km au nord) et l’oasis de Figuig (à 70 km au  sud), Bouarfa n’est qu’à 50 km de la frontière algérienne, litigieuse et fermée  depuis 1994 10. Sidi Ifni jouxte également une frontière problématique, celle du Sahara occidental, dont la limite administrative passe à quelques dizaines de kilomètres au sud. Ce voisinage avec une frontière conflictuelle n’échappe pas aux protestataires et éclaire la volonté de l’État central de mettre un terme aux mouvements locaux. Notons que les Ifnaouis jouxtent en outre une fron- tière maritime avec l’Union européenne, le port étant à quelques encablures des îles Canaries.
    Sidi Ifni et Bouarfa sont à l’écart des grands axes structurant le territoire marocain. Cette situation tranche avec la période coloniale, où les deux villes étaient mieux desservies. Aménagée pour consolider l’unité nationale, la route littorale Essaouira-Agadir-Laâyoune contourne Sidi Ifni, qui ne bénéficie même pas d’une bretelle goudronnée jusqu’à Tan-Tan. Bouarfa est devenue un carrefour routier au trafic modeste, à la jonction de l’axe Oujda-Errachidia et de l’axe Oujda-Figuig, jadis économiquement actif mais désormais réduit à une simple voie de liaison intra-régionale. Construite en 1931 puis prolongée jusqu’à Béchar (en territoire algérien), la ligne ferroviaire à vocation minière Oujda-Bouarfa ne fonctionne plus depuis des décennies 11. C’est là un autre point commun aux deux villes, celui d’avoir bénéficié à l’époque du Protectorat d’infrastructures de communication modernes aujourd’hui hors d’usage :  rail construit par les Français à Bouarfa ; aérodrome international et port  doté d’un accès par téléphérique, aménagés par les Espagnols à Sidi Ifni. L’histoire politico-administrative met au jour deux trajectoires urbaines inverses, mais toutes deux productrices d’attentes de développement. Bouarfa naît à l’époque coloniale comme poste administratif et centre minier (manganèse) dans une région sous-peuplée. La fermeture de la mine en 1967 lui vaudra un « plan de sauvetage par la promotion administrative 12 » lors de la création de la province de Figuig en 1974. Bouarfa en devient la capitale, captant institutions, services et emplois publics. Si cette promotion est mue par un souci de rationalité ethno-géographique (Bouarfa est au centre du  pays Beni Guil), le choix est aussi motivé par une volonté de punir Figuig, où des armes introduites par des cellules d’extrême gauche et destinées  au renversement du régime ont été interceptées au début des années 1970 13. La promotion administrative ne fait cependant pas de Bouarfa un pôle régional dynamique. Contrairement à celle de Bouarfa, l’histoire de Sidi Ifni est celle d’une régression administrative et d’une paupérisation entamées en 1969, avec la réintégration au territoire marocain. Cédé en 1860 à l’Espagne par le sultan du Maroc, le « territoire de Santa Cruz de Mar Pequeña » (nom espagnol de Sidi Ifni) est réellement investi par les Espagnols en 1934. L’élévation de la ville au rang de capitale de l’Afrique occidentale espagnole en 1946 lui assure l’attention particulière des autorités, qui entendent l’ériger en vitrine du déve- loppement et de la modernité. Siège de la résidence du gouverneur général 
    d’Espagne jusqu’en 1958, Sidi Ifni est pourvue d’équipements phares pour l’époque (hôpital, imprimerie, théâtre, cinémas…). En 1969, le rattachement au Maroc amorce la décadence : Sidi Ifni, la « perle », devient un simple chef- lieu de cercle 14, rattaché à la province d’Agadir et dépendant de la préfecture de Tiznit (à 60 km), laquelle récupère équipements et emplois administratifs. L’abandon d’une fonction de garnison, la suppression de la franchise douanière et la décision d’un « embargo » sur le développement planifié par Hassan II en 1972 au lendemain d’une tentative d’attentat contre lui en ville, constituent le terreau du déclin. Depuis les années 1980, Sidi Ifni et Bouarfa ont été marginalisées ou négligées par les politiques d’aménagement, comme l’espace rural à leurs alentours. Que l’agitation sociale s’enracine durablement dans les bourgs et villes moyennes est révélateur de la lenteur à réduire le fossé socio-économique entre villes et campagnes, nonobstant la politique de développement rural déployée par Mohammed VI. Dès 1999, le monarque place le développement humain et la question sociale au cœur du discours officiel, rompant avec la négligence qu’ont connue les campagnes depuis l’époque coloniale 15. Lors de la décennie 2000, de lourds investissements sont opérés pour l’électrification, le désenclavement routier, l’équipement sanitaire et médical du monde rural. Les initiatives pour lutter contre la pauvreté foisonnent et de nouveaux dis- positifs institutionnels sont censés permettre une décentralisation admi- nistrative et une gestion déconcentrée des investissements. Citons l’Agence de développement social, créée en 2001 avec 16 coordinations régionales,  les Centres régionaux d’investissement, en place depuis 2002 et, surtout, l’Initiative nationale pour le développement humain, lancée en 2005. Présentée dans le discours royal du 18 mai 2005 comme le « chantier du règne », celle-ci est menée aux échelons régional et provincial par les walis et gouverneurs 16, chargés d’en superviser les actions grâce à la mise sur pied d’un comité technique provincial. Cette priorité accordée au social a valu au monarque le qualificatif de « roi des pauvres », une formule moins employée au fil des ans. La plupart des foyers de protestation sociale ne sont pas concernés par les politiques de développement territorial et sont situés hors du périmètre d’intervention des trois Agences publiques de développement régional : celles du Sud, du Nord et de l’Oriental, respectivement nées en 2002, 2006 et 1996. L’aire de compétence des agences couvre 75 % du territoire marocain, mais laisse à l’écart tout le centre montagneux du pays. Sidi Ifni est à l’extérieur du territoire de l’Agence du Sud – qui correspond aux Provinces du Sud – et ne peut donc pas bénéficier du dispositif d’aide au développement. Quand elles sont insérées dans les mailles du filet territorial de ces agences publiques, maintes bourgades, comme Bouarfa, ne reçoivent que les reliquats des projets et des enveloppes financières, soit qu’elles ne disposent pas d’une élite locale dotée de l’entregent politique nécessaire pour capter les aides, soit qu’elles constituent des « bouts du monde » au sein de ces espaces privilégiés par les pouvoirs publics. La médiatisation à outrance des discours et des actions de développement (inaugurations, lancement de programmes, signatures de conventions ou de partenariats doté(e)s de budgets pluriannuels au montant faramineux) fait partie de la politique de communication du monarque. Nimbée de dévelop- pementalisme, cette stratégie alimente la représentation populaire d’une pro fusion de dépenses et de projets, tout en suscitant des interrogations critiques sur la part de fiction et les modalités d’application desdites actions.  À cet égard, la turbulence des petites et moyennes villes questionne les modalités de ciblage des politiques d’aménagement du territoire et l’efficacité, voire le dysfonctionnement au niveau de la maîtrise d’ouvrage, des initiatives de développement appuyées sur le triptyque élus locaux/État/associations. Le passage à l’action protestataire à Sidi Ifni et Bouarfa s’inscrit dans un contexte de décompression autoritaire, qui réduit le coût associé à l’action collective 17, et en arrière-plan d’une politique de développement national inégale dans sa mise en œuvre spatiale. L’irruption et la durée exceptionnelle des mobilisations en ces lieux ne s’expliquent pas qu’en termes de frustration relative. D’autres paramètres interfèrent, tels que la perte d’audience des partis et syndicats, l’institution de nouveaux relais politiques locaux (associations), l’effet boule de neige des premières actions protestataires et les déceptions qui ont suivi l’annonce de changement.
    Les mouvements revendicatifs de Sidi Ifni et Bouarfa
    À Bouarfa, le 12 mai 2007, la Coordination locale contre la hausse des prix et la dégradation des services publics 18 organise une manifestation à l’occasion de la visite de dizaines d’employés de l’Office national de l’eau potable (Onep). 
    17. T. Belghazi, M. Madani, L’Action collective au Maroc, de la mobilisation des ressources à la prise de parole, Rabat, Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, 2001. 18. La Coordination émane de l’initiative nationale lancée par le bureau de l’Association marocaine des droits humains en octobre 2006.
    LE DOSSIER
    Le Maroc de Mohammed VI : mobilisations et action publique74
    Ceux-ci viennent exiger le paiement des arriérés des factures d’eau et arracher les compteurs des abonnés retardataires car, depuis septembre 2006, les citadins boycottent le règlement d’eau. Le nombre élevé de participants (10 000 selon les organisateurs), qui vaut à la manifestation le qualificatif d’« historique », est motivé par la peur de se voir retirer l’accès à l’eau potable et par la tolérance accordée, depuis le début de la décennie, à divers mouvements protestataires, tels ceux des diplômés chômeurs 19. Après la démonstration populaire, des négociations se déroulent entre représentants de la Coordination et de l’Onep qui débouchent sur l’octroi aux Bouarfis de la gratuité de l’eau. Pour la Coordination, cette concession des autorités est interprétée comme une victoire qui couronne les actions revendicatives menées depuis 2005, dans un contexte de difficultés socio-économiques aiguisées par des années de sécheresse. Cette année-là, une première tentative de départ collectif vers l’Algérie a lieu après un désaccord entre des habitants d’un quartier populaire et le gouverneur sur les critères de distribution de la farine donnée par des touristes du Golfe. Des tentatives d’exil ultérieures sont mues par d’autres revendications, telles que celle de l’accès à l’emploi ou aux services de base. Dans un cas d’émigration collective en avril 2005, les militants traversent la frontière, mais sont refoulés par la police algérienne. Ces actes sont symbo- liquement forts au vu de la lourdeur du contentieux maroco-algérien. À la même période (2005-2007), différents groupes de chômeurs, diplômés ou non, s’activent, telle la section de l’Association nationale des diplômés chômeurs (ANDCM). En 2009, la Coordination organise deux à quatre actions par mois, pour conserver l’acquis de la gratuité de l’eau et entretenir la disponibilité revendicative des habitants. À Sidi Ifni, la première mobilisation massive a lieu le 22 mai 2005 : environ 7 000 personnes marchent devant la pachawiyya 20, la municipalité et l’hôpital pour déplorer l’état de la situation socio-économique et demander une enquête sur la gestion des affaires municipales. L’appel a été lancé par le Secrétariat local Sidi Ifni-Aït Baamrane, une coalition hétéroclite née un mois plus tôt et regroupant des associations locales, des partis politiques et des syndicats. L’utilisation d’un référent ethnico-tribal, les Aït Baamrane (une confédération de sept tribus berbères 21), distingue la mobilisation de Sidi Ifni de celle de Bouarfa. La marche « brise le mur du silence » et « libère de la peur » selon les 
    19. En 1990, la création de l’Association nationale des diplômés chômeurs à Casablanca inaugure un mouvement national de protestation contre le chômage. 20. La pachawiyya est le siège du pacha, représentant local du ministère de l’Intérieur. 21. Voir M. Naïmi, La Dynamique des alliances ouest-sahariennes. De l’espace géographique à l’espace social, Paris, Éditions de la MSH, 2004 ; R. Simenel, L’Origine est aux frontières. Espace, histoire et société dans une terre d’exil du Sud marocain, Paris, Éditions du CNRS, 2010.
    Politique africaine
    Le « Maroc inutile » redécouvert par l’action publique : les cas de Sidi Ifni et Bouarfa75
    organisateurs qui, surpris par le succès, appellent à une seconde manifestation le 7 août 2005. Les deux tiers de la population (14 000 personnes) défilent avec des drapeaux marocains pour protester contre la marginalisation de la ville, non sans affrontements avec les forces de l’ordre. Une vingtaine de personnes sont arrêtées puis relâchées. La délégation reçue par le gouverneur de Tiznit expose les cinq revendications principales : promotion de l’emploi ; amélioration des infrastructures de base (santé, éducation) ; achèvement des travaux du port ; désenclavement routier avec le bitumage de la route jusqu’à Tan-Tan ; création d’une province Sidi Ifni-Aït Baamrane, éventuellement rattachée à la région de Guelmim-Smara. La protestation se poursuit en 2006 (la voiture du gouverneur essuie des jets de pierres lors de la cérémonie commémorative de rétrocession) et en 2007 (sit-in organisés par des collectifs contre le chômage et pour le droit à la citoyenneté espagnole 22). Le 30 mai 2008, cette dynamique franchit un cap avec le blocus du port décidé par de jeunes chômeurs, encadrés ou non, exas- pérés par les promesses non tenues. L’action, qui porte atteinte aux intérêts économiques de hauts responsables du secteur de la pêche, provoque une répression d’une disproportion telle qu’elle propulse Sidi Ifni sur la scène médiatique nationale et internationale. Les atteintes aux droits de l’homme commises par les forces de l’ordre le 7 juin 2008 créent un tollé et une guerre de l’information, dont la chaîne qatarie Al Jazeera est victime 23. Des caravanes de solidarité organisées depuis Rabat (15 et 22 juin) par des associations (Attac, Association marocaine des droits humains – AMDH) et des manifestations de soutien à l’étranger attestent du retentissement de l’affaire, tandis que trois commissions d’enquête (parlementaire et associatives) livrent des rapports divergents et controversés sur les abus de violence 24. Malgré la poursuite des arrestations pendant l’été 2008, le mouvement protestataire maintient des sit-in et des grèves pour exiger le jugement des responsables des exactions du « samedi noir » et la libération des prisonniers. L’annonce par le Premier ministre marocain, en décembre 2008, d’un plan de développement d’urgence pour la ville, puis sa promotion au rang de préfecture en janvier 2009 et, enfin, la libération, en avril, des principaux leaders ont abouti à une phase de relative accalmie, surtout après l’élection au conseil municipal de prisonniers libérés (juin 2009), leaders ou simples militants.
    Expériences collectives partagées, réseaux militants clivés
    Alimentées par des attentes déçues, les mobilisations collectives expriment des revendications dont la nature et l’expression sont commandées par la trajectoire de développement local et la représentation (plus ou moins héroïsée) du passé régional portée par les militants. Cet imaginaire militant n’est pas le même pour tous ; sa fabrication dépend d’éléments sociologiques et des parcours individuels et collectifs.
    Des collectifs composites en proie à des divisions
    Initié au milieu des années 1990, le processus de décompression autoritaire 25 stimule l’éclosion d’associations et de manifestations sans crainte de repré- sailles aussi lourdes qu’au temps des « années de plomb ». L’essor du mili- tantisme des droits de l’homme et d’autres formes de mobilisation dans les grandes villes (diplômés chômeurs), au long des années 1990 et 2000, banalise le risque associé à la protestation publique et a un effet désinhibant. Malgré les limites du processus d’ouverture politique, celui-ci altère le regard porté par la base sur les partis et syndicats. En 1998, l’entrée dans le gouvernement de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), qui avait été pendant des décennies le chef de file des revendications socio-économiques et politiques, érode la crédibilité des partis historiques « de gauche », usés par leur participation aux affaires. Ce phénomène se répercute sur les syndicats. Aux scissions partisanes font écho des divisions syndicales qui fragmentent le mouvement ouvrier 26. Désormais focalisés sur le dialogue social, les syndicats désertent le terrain des revendications populaires, laissé aux acteurs associatifs 27. De fait, la déconsidération des syndicats et partis signale moins 
    une crise de la participation politique, corroborée par le faible taux de par- ticipation électorale, qu’un renouvellement des modes d’action politique. Le rôle clé des acteurs associatifs se voit à Bouarfa, où la Coordination s’appuie sur cinq groupes présents en ville : la Confédération démocratique du travail (CDT), l’AMDH et trois groupes de chômeurs. À Sidi Ifni, la configuration d’acteurs est plus complexe en raison du foisonnement d’associations locales. Issu d’un Forum social associatif tenu en 2004 avec une cinquantaine de membres, le Secrétariat local Sidi Ifni-Aït Baamrane a vu s’agréger lors de sa formation des partis politiques, des syndicats et des associations (Maison des Jeunes, Association Mar Pequeña pour le tourisme culturel). Le poids des composantes de chaque collectif local est inégal ; leur mode de fonctionnement interne et leur culture politique diffèrent. La préférence pour des styles protestataires différents et la défense d’intérêts collectifs divergents contribuent à la fragmentation des mouvements. L’absence de statut écrit et de chef désigné est symptomatique des dissensions innervant le Secrétariat local à Sidi Ifni. Dès 2005, ce dernier voit son aile gauche lui réfuter le statut de porte-parole représentatif du collectif protestataire ; parallèlement, le mouvement des chômeurs, représenté par la section locale ANDCM, se scinde en trois associations (licenciés ; techniciens ; Aït Baamrane). L’éparpillement du mouvement des chômeurs est identique à Bouarfa après l’obtention d’une embauche collective, en 1998, par l’ANDCM. Ce succès aboutit à un boom des adhésions ; or certains militants jugent cette hausse des effectifs handicapante pour l’objectif de recrutement : un groupe indépendant de licenciés se détache alors de l’ANDCM, puis un groupe de chômeurs non-diplômés. En outre, dans les deux mouvements protestataires étudiés, la participation des partis politiques pose problème : à Bouarfa, les partis, dépourvus de bases militantes significatives, sont écartés de la dynamique protestataire. À Sidi Ifni, les représentants de partis impliqués dans la création du Secrétariat local les quittent à l’issue des manifestations de 2005 (parti Istiqlal) ou de 2006, après que des représentants nationaux du Parti de la justice et du développement ont émis une interprétation discutable de la vague protestataire, assimilée à une agitation séparatiste. Ce décalage avec le siège central rabati conduisit des militants ifnaouis à démissionner de leur parti. L’observation des parcours des groupes qui intègrent le noyau de la Coor- dination à Bouarfa révèle le partage de modes d’action et de références idéo- logiques généralement issus de la gauche et du syndicalisme universitaire. Ceux qui participent à la Coordination en tant que syndicalistes ou membres de l’AMDH affichent souvent un engagement dans des partis de gauche. Les membres de l’AMDH réinvestissent un savoir-faire militant acquis au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc (Unem), ce qui enracine l’espace 
    LE DOSSIER
    Le Maroc de Mohammed VI : mobilisations et action publique78
    protestataire de Bouarfa dans le militantisme universitaire 28. À Sidi Ifni, les mêmes référents idéologiques lient les membres qui forment l’aile gauche ou dissidente du Secrétariat local (ANDCM, Attac) : beaucoup, passés par les uni versités de Marrakech ou d’Agadir, ont acquis un savoir-faire militant à la faculté. Mais ils en ont aussi ramené de vieilles rivalités. Le principal clivage entre militants ifnaouis aurait ainsi, dès le début, opposé, d’un côté, ceux qui « travaillent avec le makhzen » (les notabilités politiques et économiques sans base populaire), jugés trop modérés ou enclins aux négociations et, de l’autre, ceux qui affirment être l’écho d’une vox populi et prônent des manifestations massives. Ce clivage renvoie à une logique de qualification de l’Autre qui sert des objectifs de légitimation et a des implications tactiques. La première caté- gorie de militants est surtout préoccupée par le rattachement administratif de la région de Sidi Ifni aux Provinces du Sud afin de bénéficier des aides étatiques. Usant d’un discours tribaliste, ces militants tentent de contenir ou de dissuader les mouvements de rue, et privilégient une négociation plus feutrée et opaque, fondée sur leurs relations personnelles avec le gouvernement et le Palais. Quelles qu’elles soient, les pratiques revendicatives doivent néanmoins être contenues dans des limites signalées par les autorités publiques – limites progressivement éprouvées et élargies sur le terrain, non sans risques 29. Sidi Ifni témoigne d’une situation où l’équilibre instable entre pratiques mani- festantes et sécuritaires se brise. Les raisons de cette rupture tiennent aux clivages internes au Secrétariat local (entre les deux groupes évoqués ci-dessus) et à une action protestataire audacieuse décidée « par le bas », spontanément et sans concertation avec les leaders 30. Même après l’intervention du « samedi noir », les sit-in continuent à Sidi Ifni, avec des slogans comme « as siyâssa  bi zerouata ila imta ? » (« la politique de la matraque jusqu’à quand ? 31 »). Actions protestataires et action publique se remodèlent dans l’interaction. Du côté de l’appareil d’État, la permissivité à l’égard des expressions de mécontentement sert de paravent à un redéploiement des pratiques autoritaires ; pour les militants, le verrouillage complet de la rue apparaît impensable à cause du démenti qu’il infligerait à la rhétorique officielle de la « démocratisation » mais le risque d’un tel verrouillage les condamne à la contention 32.
    28. K. Karam, V. Geisser et F. Vairel, « Espaces du politique. Mobilisation et protestations »,  in É. Picard (dir.). La Politique dans le monde arabe, Paris, Armand Colin, 2006, p. 193-213. 29. M. Emperador, « Les manifestations de diplômés chômeurs au Maroc : la rue comme espace de négociation du tolérable », Genèses, n° 77, 2009, p. 30-50. 30. Le bouclage du port diffère des marches pacifiques de 2005-2006 qui rassemblaient des milliers de personnes suivant un itinéraire respecté. Le blocus rompt un accord tacite sur les modalités de protestation. 31. Sit-in du 20 juillet 2008. 32. F. Vairel, « La transitologie, langage du pouvoir au Maroc », Politix, n° 80, 2007, p. 109-128.
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    Répertoires d’action et rapports à la « nation »
    Les formes concrètes de protestation révèlent un répertoire d’action local, historiquement constitué 33. La mise en scène des protestations à Sidi Ifni et Bouarfa diffère dans la formulation des slogans, l’utilisation des symboles nationaux ou le rapport au territoire étranger. Les références tribalistes à Sidi Ifni et la proximité avec l’Algérie à Bouarfa sont des variables autour desquelles s’articulent les formes d’action qui s’y déploient. À Sidi Ifni, toutes les manifestations depuis 2005 sont filmées par les mili- tants et donnent lieu à des montages vidéo. Marches, sit-in, discours, répression policière et fêtes de retour des prisonniers sont archivés comme des événements historiques et consignés dans des films documentaires amateurs dont les cédé- roms sont prêtés, vendus ou diffusés sur le site internet YouTube. Complétés par des surtitrages, du texte, des caricatures et parfois mis en musique avec des chansons empruntées au répertoire classique de l’opposition politique des années 1970, les épisodes protestataires sont vus dans les foyers. Cette diffusion a une valeur pédagogique et sert à transmettre la flamme militante ou à entretenir la mobilisation. Ces technologies de communication constituent des « dispositifs de sensibilisation » au sens où l’entend Christophe Traïni 34. Elles sont aussi un ressort pour contourner les velléités étatiques de filtrage de l’information et pour faire connaître hors de la région la contestation et la réponse violente des autorités (en juin 2008, les exactions des forces de l’ordre ont été filmées en caméra cachée depuis les terrasses ou maisons). Les pouvoirs publics ont bien saisi en quoi la diffusion de tels documents amateurs pouvait écorner l’image de libéralisme politique du pays et mobiliser des soutiens en faveur des protestataires. En témoignent les arrestations de photographes ou de propriétaires de cybercafés auxquelles ils ont procédé. L’archivage vidéo des épisodes de protestation à Sidi Ifni participe à la réélaboration d’une histoire locale narrée dans le registre de la résistance.  La rhétorique militante ifnaouie dénonce l’oubli dont les habitants sont l’objet de la part de l’État en le mettant en regard de leur contribution au combat pour l’indépendance. L’histoire locale, reconstruite et colportée par les leaders, est en effet focalisée sur la lutte anticoloniale et la participation baamranie à l’armée de libération nationale 35. Le discours sur la rébellion et la bravoure au combat, qui forge le mythe identitaire des Aït Baamrane depuis l’époque 
    33. C. Tilly, From Mobilization to Revolution, Reading, Addison-Wesley, 1978. 34. C. Traïni (dir.), Émotions… Mobilisation !, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p. 13. 35. Le siège d’Ifni en 1957 est l’épisode fort de cette résistance nationaliste. Il entraîna en rétorsion des bombardements aériens avec des lâchers de napalm lors de l’opération franco-espagnole Écouvillon (1958).
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    Le Maroc de Mohammed VI : mobilisations et action publique80
    coloniale 36, est fabriqué de l’intérieur mais aussi entretenu à l’extérieur par les autorités et des médias marocains qui usent du stéréotype d’un « peuple réfractaire au pouvoir central » pour réduire le mouvement ifnaoui à un avatar de révolte tribale et justifier la répression. À Bouarfa, la rhétorique de la protestation évite les accusations directes et opte pour une responsabilité diffuse. Les slogans sont choisis par une commission spéciale. L’une des phrases les plus entendues dans une marche en mars 2008 était : « Hukumat Ali Baba, Ali Baba wal ‘arbayn, kullum shifarine ! » (« Gouvernement d’Ali Baba, Ali Baba et les quarante, tous sont des voleurs ! »). Une critique de la corruption était également proférée en 2008 à Sidi Ifni  avec la formule : « Bnaou villa, zadou ‘imâra, rekbou siyyara bi flouss el fouqara’ » (« Ils ont construit une villa, ajouté un immeuble, pris la voiture avec l’argent du pauvre »). À Bouarfa, d’autres slogans usent de métaphores pour décrire la hausse des prix. Cette dernière est ainsi qualifiée de mounkar, un concept religieux qui désigne l’inconnu, l’indicible, le mal qu’on ne peut pas nommer. Alors que les slogans de Bouarfa sont dénués de référence à la tribu ou au territoire local, à Sidi Ifni, l’énonciation des revendications en termes ethno- régionalistes est mal perçue par plusieurs militants 37, qui y décèlent une manœuvre de notables pour (ré)investir la scène politique locale en évacuant tout positionnement idéologique. En « baamranisant » le discours revendicatif, certains leaders ifnaouis entérinent une conception du royaume comme assem blage de tribus, qui permet de donner au pouvoir central l’assurance de négociations avec les chefs tribaux selon un mode ancien de gestion ter – ritoriale par délégation. Ils rappellent aussi, par cette pirouette discursive,  la fidélité du groupe tribal envers le souverain et son attachement au terri- toire marocain. Le caractère équivoque du rapport au territoire national est caractéristique des mouvements de Bouarfa et Sidi Ifni, lesquels ne portent pas de velléité séparatiste mais instrumentalisent le thème de l’affiliation nationale dans  leur argumentaire et la mise en scène de leurs actions. À Sidi Ifni, l’exaltation d’une communauté identitaire locale n’est pas incompatible avec l’exhibition de drapeaux marocains et de photos du roi – une démonstration de natio- nalisme absente à Bouarfa. Dans l’ancienne enclave espagnole, la marocanité des habitants est affichée pour brocarder les lacunes de la politique d’amé- nagement et l’ingratitude des autorités marocaines vis-à-vis d’une population ayant combattu pour l’indépendance. Les images du roi et les drapeaux visent 
    36. Ce fut l’un des arguments du général Franco pour mobiliser les habitants de l’enclave lors de la guerre civile espagnole. 37. De nombreux Ifnaouis sont d’origine rifaine ou sahraouie, leurs (grands-)parents étant venus intégrer l’armée espagnole de l’enclave.
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    Le « Maroc inutile » redécouvert par l’action publique : les cas de Sidi Ifni et Bouarfa81
    aussi à éviter l’amalgame entre les revendications socio-économiques locales et les mobilisations au Sahara occidental – un raccourci emprunté par certains journalistes et hommes politiques pour dénoncer les manifestations de  Sidi Ifni comme une manœuvre du Front Polisario. De prime abord, les expressions de protestation sociale à Bouarfa paraissent plus provocantes quant aux questions d’allégeance nationale et d’intégrité territoriale. Les opérations d’« émigration collective » vers l’Algérie mettent en scène un exil forcé vers le territoire voisin, niant de la sorte une marocanité ou agitant la perspective de s’en dépouiller. Le conflit maroco-algérien permet aux militants d’attribuer à leur acte une valeur de « motivation négative 38 », susceptible de provoquer une réaction chez les élites décisionnelles. Néan- moins, la valeur transgressive des marches vers l’Algérie est à relativiser à l’aune des pratiques transfrontalières intenses et routinières favorisées par les liens familiaux et la faible démarcation territoriale 39. La dimension sub- versive est aussi atténuée par la mise en récit du départ, qui plaint « ceux qui sont obligés à partir ». Lié à un enjeu de survie matérielle, l’exil est présenté comme la seule alternative possible pour les habitants mais n’est accompagné d’aucune revendication d’ordre culturel ou territorial. Pour les autorités marocaines, Sidi Ifni possède une position et une identité liminaires assurément plus problématiques que celles de Bouarfa, ce qui justifie à leurs yeux des politiques publiques différenciées. En sus de leur proximité avec le Sahara occidental, les habitants de Sidi Ifni peuvent réellement fuir à l’étranger, soit en s’embarquant clandestinement vers les Canaries, soit en jouant d’une double nationalité européenne ou des cartes de résident espagnol dont beaucoup disposent. Quelle que soit leur interprétation, les actions locales qui rassemblent les foules ou qui obtiennent des acquis ont valeur d’« événements transforma- teurs 40 » et contribuent à redéfinir les représentations de l’engagement dans une action protestataire. À Bouarfa, la valse des gouverneurs entre 2004 et 2005 (quatre sont remplacés) est pour les militants la preuve que leur action gêne et qu’elle influence le cours des institutions et les prises de décision publique. La même conviction pénètre les leaders du mouvement protestataire 
    38. D. McAdam, « Tactical Innovation and the Pace of Insurgency », American Sociological Review, vol. 48, n° 6, 1983, p. 735. 39. M. Berriane et H. Hopfinger, « Nador (Maroc). Petite ville parmi les grandes », Villes du monde arabe, vol. 4, 1999, p. 1-219. 40. D. McAdam, W. H. Sewell, « It’s About Time : Temporality in the Study of Social Movements and Revolutions », in R. R. Aminzade, J. A. Goldstone et al. (dir.), Silence and Voice in the Study of Contentious Politics, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, p. 100.
    LE DOSSIER
    Le Maroc de Mohammed VI : mobilisations et action publique82
    à Sidi Ifni, qui répètent à l’envi être les pionniers et les aiguillons d’un processus de démocratisation 41.
    La gestion du « stress territorial » : entre répression et octroi de ressources
    Appréhender les mouvements revendicatifs des petites et moyennes villes en termes de mobilisations de périphéries permet d’aborder la politique déployée en retour par l’État comme une gestion du « stress territorial ». For- mulée par Mohammed Naciri 42, l’expression renvoie à l’instabilité multi- séculaire des marges du royaume, où les rebellions tribales sont récurrentes et l’allégeance au monarque fragile, que ce soit en montagne ou aux portes des villes. Parce que l’histoire, l’organisation sociale, la situation géographique et les enjeux politiques des deux sites sont spécifiques, le traitement des mouvements revendicatifs par les autorités varie. Toutefois, des similitudes existent. Un élément ressort des négociations de l’État avec les protestataires :  le contournement de l’équipe municipale. À Bouarfa, lors du sit-in devant le siège provincial en mai 2007, les leaders de la Coordination exigent de discuter directement avec les responsables du ministère de l’Intérieur et les cadres de l’Onep venus de Rabat et Oujda. Ce souhait de la Coordination de présenter directement les doléances des habitants est accepté et le conseil municipal est tenu à l’écart des discussions. À Sidi Ifni, on constate le même court-circuitage des élus, dont la plupart sont moralement discrédités ou considérés comme impuissants (car sous tutelle du ministère de l’Intérieur) par les leaders de la protestation. Qu’il s’agisse des campements de chômeurs ou des manifestations de 2005-2006, à chaque fois les pourparlers s’effectuent entre représentants d’associations ou du Secrétariat local d’une part, et le gouverneur ou le pacha d’autre part. La sélection des interlocuteurs par les agents d’autorité alimente, de façon calculée, les clivages entre meneurs. L’une des raisons de l’implosion du Secrétariat local tient ainsi aux divergences de position quant à l’accep- tation des négociations et à leurs modalités, certains militants en jugeant d’autres trop proches du gouverneur. À Sidi Ifni, la victoire aux élections municipales d’une liste dominée par des militants du mouvement protestataire, en juin 2009, écarte les leaders de « la rue » et multiplie les fractures. Formée 
    41. Du fond de leur cellule à Inezgane, des membres fondateurs du Secrétariat local déclaraient vivre leur incarcération comme le prix à payer de ceux qui « font l’Histoire » (entretiens  téléphoniques, juillet 2008) 42. M. Naciri, « Territoire : contrôler ou développer… », art. cit., p. 12.
    Politique africaine
    Le « Maroc inutile » redécouvert par l’action publique : les cas de Sidi Ifni et Bouarfa83
    de militants fraîchement sortis de prison, de chômeurs jamais arrêtés et de personnes sans passé militant, la nouvelle équipe municipale s’est vite déchirée, principalement à cause du caractère controversé du maire élu 43. La particularité de la gestion du mouvement local ifnaoui est aussi liée à l’utilisation d’une vieille pratique makhzénienne pour juguler le conflit : celle des tournées royales (mehalla ou harka), destinées à s’assurer le contrôle du territoire et l’allégeance des sujets. La mobilité régulière du sultan est l’une des réponses anciennes au « stress territorial », le déplacement du roi ayant pour but d’empêcher désordre et anarchie dans le pays, comme ce fut le cas de la visite effectuée par Mohammed VI le 1er décembre 2007 à Sidi Ifni. La mehalla vise à renouveler le contrat entre le souverain et ses sujets, à manifester la puissance monarchique et donc à raffermir la cohésion territoriale, notam- ment en périphérie. Jocelyne Dakhlia souligne que « l’itinéraire de la mehalla se dirige toujours vers les marges, celle des zones montagneuses, du désert et des frontières », là où les populations sont « situées dans une mou vance indécise et peuvent jouer sur deux allégeances 44 ». L’attraction de l’Espagne sur les Ifnaouis, ainsi que leur hypothétique allégeance (redoutée par le pouvoir central) envers les indépendantistes sahraouis ont sans doute influencé la décision d’effectuer des tournées royales dans la ville, en 2000 puis 2007.  Sidi Ifni avait auparavant été tenue à l’écart des expéditions royales durant vingt-huit ans, une éviction vécue comme un châtiment. La visite du roi en 2000 fut donc interprétée non comme une démonstration de force mais comme la fin d’une période d’ostracisme, signifiant apport de baraka (bénédiction, signe de l’élection) et perspectives d’aides publiques au développement. La seconde visite royale, en 2007, a constitué un mode de réponse aux mouvements protestataires de 2005-2006. Certes, le passage-éclair (vingt-quatre minutes) et la programmation des haltes du monarque n’ont pas permis que les doléances des habitants soient exposées, mais le séjour royal de quinze jours à Guelmim a été l’occasion, pour l’un des leaders du Secrétariat local, d’aller plaider le dossier « Sidi Ifni-Aït Baamrane » devant le roi. Si l’entrevue a été bénéfique, Mohammed VI étant ainsi averti directement des problèmes locaux 45, la démarche a fourni le prétexte à de nouvelles querelles entre militants, car elle consacrait le leadership du porte-parole et reproduisait une relation État/groupe apparentée à une médiation tribale.
    43. Il appartient à une famille de notables locaux et des membres de sa famille étaient élus au conseil municipal. 44. J. Dakhlia, « Dans la mouvance du prince : la symbolique du pouvoir itinérant au Maghreb », Annales, vol. 43, n° 3, 1988, p. 749. 45. Les lettres de doléances et le dossier ifnaouis déposés en août 2007 par certains leaders de la contestation ne sont jamais parvenus au roi car ils ont été bloqués par le chef du cabinet royal (entretien avec le leader ayant rencontré le roi, Sidi Ifni, janvier 2008).
    LE DOSSIER
    Le Maroc de Mohammed VI : mobilisations et action publique84
    Sidi Ifni révèle que la pratique multiséculaire de la mehalla reste un recours pour gérer les mobilisations de périphérie. Cette stratégie n’est cependant pas systématique. Bouarfa n’a jamais été concernée par ce procédé, probablement parce que les « débordements du social » y sont contenus et les enjeux politiques moins lourds. La bourgade ne figurait pas au nombre des étapes de la tournée régionale du souverain en mars 2008, marquée par le coup d’envoi des travaux de la centrale thermo-solaire d’Ain Beni Mathar, à 200 km au nord. La combinaison entre répression et octroi de ressources ou privilèges demeure le moyen le plus sûr de discipliner les mouvements revendicatifs. Les mesures d’embauche ou les avantages matériels dispensés lors des négo- ciations entretiennent une dynamique de scissiparité entre militants et les affaiblissent. Le traitement des revendications à Bouarfa est un cas d’école en matière de prodigalité : gratuité de l’eau concédée aux habitants ; recrutement exceptionnel de diplômés chômeurs en fonction des besoins et des ressources provinciales 46. Mais le mouvement revendicatif local n’a pas modifié la politique nationale d’allocation des ressources : Bouarfa ne figure dans aucun des projets de développement de l’Agence de l’Oriental. Les habitants pour- suivent donc les mobilisations, en limitant leurs formes d’action dans les marges du faisable. Le mouvement de balancier entre sanctions et concessions est flagrant à Sidi Ifni, où les mobilisations de 2005 ont généré la création d’emplois muni- cipaux, ainsi que l’attribution de terrains et de kiosques (à Agadir), et l’octroi de licences de barques de pêche à des conditions avantageuses. Cepen dant, l’assaut de la ville par les forces de l’ordre en juin 2008 et l’arrestation de meneurs, emprisonnés sans procès pendant des mois, ont rappelé la puissance et l’agressivité du pouvoir central, une fois les ressorts de la négociation épuisés et les limites du tolérable jugées franchies par les autorités. Sept mois après cette démonstration de force, la ville bénéficie d’un programme de développement d’urgence (2009-2012) qui implique plusieurs ministères et vise à la promotion du tourisme, de la pêche et de l’artisanat, ainsi qu’au développement des infrastructures de transport et des équipements urbains. Marquante et symbolique est l’élévation de la ville au rang de préfecture en janvier 2009, une décision considérée par de nombreux militants comme venant répondre à la plus centrale de leurs revendications. Cette promotion administrative donne l’assurance de ressources financières, d’équipements de base et d’emplois administratifs ; elle signifie la fin de la tutelle et des
    46. M. Emperador, « Diplômés chômeurs en campagne. Formes d’investissement militant et de gestion d’une cause revendicative en période électorale », in L. Zaki (dir.), Terrains de campagne au Maroc. Les élections législatives de 2007, Tunis/Paris, IRMC/Karthala, 2009, p. 193-216.
    Politique africaine
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    prélèvements de la préfecture de Tiznit. Mais le maillage territorial étant un « mécanisme de production d’une élite administrative et politique 47 », le statut de préfecture préfigure aussi une densification des allégeances et des alliances et, ce faisant, une démultiplication des dysfonctionnements et des contrôles. Le nouveau dispositif institutionnel risque de rendre la conception et la  mise en œuvre des projets de développement local plus complexes, en raison de la multiplication des acteurs impliqués et de cheminements politico- administratifs rendus plus buissonnants.
    Dans les périphéries du territoire marocain, le passage à l’action de citoyens parfois non-expérimentés résulte d’une reconfiguration du champ politique, d’espoirs déçus après les promesses de développement et d’une hausse des contraintes immédiates (retrait de ressources, perte de statut social, etc.). La visibilité de ces mouvements locaux tient aux nouvelles marges de manœuvre accordées par l’État, qui veille à traduire en actes sa rhétorique de la démocratisation. Le discrédit et l’éclatement des partis, la réduction de la capacité de mobilisation syndicale et l’essor associatif ont pour corollaire l’affirmation des petites et moyennes villes, parallèlement au rôle protestataire des grandes agglomérations, habituels lieux d’ancrage syndical et partisan. Souvent délaissées par les leaders des syndicats et partis, qui les considèrent comme de médiocres tremplins pour acquérir une position de pouvoir à l’échelle nationale, les villes d’envergure modeste ont été investies par d’autres acteurs et structures, venus soutenir les aspirations socio-économiques et relayer le mécontentement rural. La réévaluation du pouvoir coercitif de l’État favorise le passage au politique de collectifs à vocation sociale ou culturelle, surtout quand les liens d’interconnaissance personnelle sont étroits48. L’implication, à Sidi Ifni, d’associations culturelles ou sportives dans la fondation du Secrétariat local illustre ainsi la mobilisation politique de liens a priori sans teneur politique. La politisation de l’engagement collectif devient aussi effective quand les citadins se sentent directement agressés dans leur bien-être collectif, comme à Bouarfa, ou quand les abus ou la concentration excessive de pouvoir atteignent un seuil insupportable au regard de l’application annoncée d’un « nouveau concept de l’autorité 49 ».
    47. M. Naciri, « Territoire : contrôler ou développer… », art. cit., p. 27. 48. A. Bayat, « From “Dangerous Classes” to “Quiet Rebels”. Politics of the Urban Subaltern in the Global South », International Sociology, vol. 15, n° 3, 2000, p. 533-557 ; M. Bennani-Chraïbi et O. Fillieule (dir.), Résistances et protestations dans les sociétés musulmanes, Paris, Presses de Sciences Po, 2003. 49. Discours royal devant « les responsables des régions, wilayas, préfectures et provinces du Royaume, cadres de l’administration et représentants des citoyens », Casablanca, 12 octobre 1999.
    LE DOSSIER
    Le Maroc de Mohammed VI : mobilisations et action publique86
    L’approche des arènes protestataires de Bouarfa et Sidi Ifni montre que  les modalités de l’action étatique à l’échelle régionale et les mobilisations s’influencent réciproquement50. Si les expériences de Bouarfa et Sidi Ifni font figure de modèles dans les rhétoriques militantes nationales, la mobilisation sociale y reste focalisée sur des revendications locales, matérielles et prag- matiques. Ce choix limite leur portée politique et leur résonance avec d’autres mobilisations au Maroc. Il relativise aussi le danger que représentent pour le pouvoir central les turbulences issues du « Maroc inutile ».
    Karine Bennafla Institut d’études politiques de Lyon
    Montserrat Emperador Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et Université Lyon 
    II
    Abstract « Useless Morocco » rediscovered by the state : the cases of Sidi Ifni and Bouarfa Over the course of the last decade, social protests have been on the increase in Morocco, especially in the small and medium-sized cities. The cases of protest movements in Sidi Ifni (located on the border of the contested Western Sahara) and Bouarfa (near the Algerian border) illustrate the tense relationship between the central state and peripheral areas. From these cases, this article analyses the various interactions between social mobilizations, national belonging, and development policies. It shows that the central state, which has been confronted with tribal dissidence over centuries, continues to manage social unrest by combining repression and the granting of privileges.
    50. C. Dupuy et C. Halpern, « Les politiques publiques face à leurs protestataires », Revue française de science politique, vol. 59, n° 4, 2009, p. 701-722.
    https://www.academia.edu/7353051/Le_Maroc_inutile_redecouvert_par_laction_publique_exemples_de_Sidi_Ifni_et_Bouarfa
  • RSF appelle à un contrôle de l’export des moyens de surveillance au régime autoritaire de Rabat

    A l’occasion de la 26e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies et de la tenue, ce jeudi, d’un panel sur la responsabilité sociale des entreprises, Reporters sans frontières (RSF) a demandé à l’ONU de «favoriser l’adoption de règles claires et contraignantes sur la surveillance et la censure en ligne», lit-on dans un communiqué publié sur le site de cette ONG française. «Des sociétés privées vendent à des régimes autoritaires des technologies permettant de mener une surveillance en ligne à grande échelle de leur population», dénonce RSF qui cite le Maroc.
    «Ces technologies ont été et sont encore utilisées pour arrêter, enfermer et torturer, ce que ne peuvent prétendre ignorer les entreprises qui les fournissent», relève Reporters sans frontières qui se réfère à un rapport daté du 28 avril 2014, dans lequel le Groupe de travail des Nations unies sur la question des droits de l’Homme et des sociétés transnationales et autres entreprises présente les résultats de son enquête, menée auprès de 153 entreprises dans 39 pays, lesquelles «invoquent les mécanismes internes, telles que les codes de conduite ou les comités d’éthique». 
    Pourtant, regrette RSF, «ces mesures ne sont pas suffisantes pour empêcher la vente de technologies de surveillance à des régimes autoritaires». «Près de la moitié des entreprises interrogées lors de cette enquête ont souligné qu’une réglementation contraignante instaurée par les Etats serait de nature à favoriser le respect des droits de l’Homme dans le cadre de leur activité professionnelle, note l’organisation non gouvernementale française, qui estime que «si un tel règlement existait, les entreprises exportatrices de technologies de surveillance seraient dans l’obligation de suspendre leur commerce avec certains pays utilisant leur technologie pour surveiller leurs citoyens et de rendre des comptes sur les matériels vendus». 
    RSF, qui appelle à «passer des principes à l’action», rappelle que dans sa soumission écrite envoyée le 26 mai 2014 au Conseil des droits de l’Homme, l’organisation a demandé «la création d’une convention internationale relative à la responsabilité des entreprises en matière de droits de l’Homme [qui] imposera aux Etats d’appliquer un contrôle strict de l’exportation des technologies de surveillance». 
    Ces Etats devront également «mettre en place des recours pour les individus victimes de surveillance et des conséquences qui peuvent en résulter», c’est-à-dire les arrestations, l’emprisonnement, les violences physiques et les tortures. Le Maroc compte un grand nombre de prisonniers politiques, dont des journalistes et des militants de la cause sahraouies.
    Karim Bouali
    http://www.algeriepatriotique.com/article/rsf-appelle-un-controle-de-l-export-des-moyens-de-surveillance-au-regime-autoritaire-de-raba
  • Oceana dénonce la pêche illégale aux filets dérivants au Maroc

    Des espadons pêchés illégalement au filet dérivant par le Maroc transitent par l’Espagne pour être réexportés vers le marché italien, a révélé l’ONG Oceana le 17 juin.
    Le Maroc a interdit les filets dérivants en 2010, grâce aux aides financières européennes et américaines. Mais cette pêche a repris pour l’espadon, constate l’ONG de conservation marine, qui a collecté des preuves au port de Tanger ces derniers jours. Elle a constaté que « des bateaux de petite taille pêchent en collaboration avec des plus gros navires en totale impunité dans le détroit de Gibraltar ».
    Xavier Pastor, directeur exécutif d’Oceana en Europe, a fermement appelé « une réaction immédiate des autorités pour éradiquer cette pêche inacceptable » : interdire l’accès au marché à ces espadons ; prendre des sanctions dissuasives contre le royaume du Maroc pour stopper cette pratique. Le secteur espagnol de la pêche a aussi appelé à une réaction du gouvernement car ces espadons font chuter les prix des espadons « légaux ».
    Selon Oceana, ce poisson acheté à la première vente autour de 5 euros/kg au Maroc peut être acheté plus de 15 euros/kg en Italie, rendant cette pêche illégale très rentable pour les intermédiaires. Des espadons sous la taille réglementaire sont vendus à Tanger.
    http://www.lemarin.fr/articles/detail/items/oceana-denonce-la-peche-illegale-aux-filets-derivants-au-maroc.html
  • La tragédie marocaine est celle d’ une élite pourrie jusqu’aux os

    Le tribunal de première instance d’Ain Sbai à Casablanca vient de rendre son verdict concernant deux médecins qui ont été condamnés à huit mois de prison avec sursis et une indemnisation de huit millions pour les victimes d’après le quotidien AlAkhbar.
    Le commerce de la honte
    B .T , 74 ans , venait juste de quitter la prison après avoir purgé une autre peine de pison ferme quant il a reçu sa nouvelle condamnation. Il est jugé pour deux délits liés à deux affaires différentes relevant de la falsification des certificats médicaux.
    Le certificat bidon qu’il avait fourni auparavant , lors d’un litige de travail, avait conduit un patron en prison . Lors d’un piège tendu par la police ,ce médecin a été arrêté en flagrant délit quand on l’avait contacté par l’intermédiaire d’un gardien de voiture en vue de lui « payer » un certificat médical.
    Des certificats médicaux pour une poignée de dirhams
    Quant à son collègue A.A âgé de 67 ans , il a reçu son verdict alors qu’il est toujours derrière les barreaux pour avoir fourni un certificat bidon qui a servi à une épouse d’obtenir une condamnation ferme de son mari envoyé directement en prison .
    L’époux , dès sa libération , était allé chez ce même médecin « chez qui il a acheté » un certificat bidon qui contenait la même date et les mêmes faits que ceux inscrits dans celui délivré avant à l’ épouse et qui était à l’origine de son arrestation. Le médecin est poursuivi en même temps pour deux actes de falsifications …
    A quoi servent ces médecins?
    Il s’agit là d’une pratique courante au Maroc .C’est la pourriture incarnée. On est en droit de nous interroger sur ce qui manque à pareilles personnes pour que leur conscience s’ étouffe ainsi et leur abus de pouvoir atteigne la répugnance
    En apprenant des nouvelles de ce genre, on est obligé de laisser tomber nos outils d’analyse et nos postulats de départ. La pourriture est devenue chez nous une règle. Les médecins honnêtes exceptés, ce secteur est devenu emblématique de la tragédie marocaine moderne . D’après ce qu’on peut constater , tout se fait dans les cerveaux et les consciences du corps médical et paramédical. Les drames se multiplient ,de nombreux cas d’accouchement dans la rue ou devant les porte des hôpitaux à cause de l’absence totale de toute déontologie voire humanité chez ce corps . 
    La guerre civile marocaine est déjà en cours
    La « guerre civile » marocaine , vous pouvez y assister dans nos hôpitaux et nos dispensaires, vous allez voir que des marocains écrasent d’autres marocains en bafouant leur dignité , en leur ôtant leur droit fondamental à la vie…Dans la plupart du temps , les médecins ne prennent même pas la peine de connaitre la fièvre ou la tension du malade, une question et on lui prescrit les médicaments…Malgré les efforts de l’Etat pour approvisionner les centres de santé de beaucoup de médicaments , ceux –ci ne parviendes malades indigènes .
    S’il y a un drame qui puisse engendre le désespoir au Maroc , ce sera la santé et ses gestionnaires. C’est une mascarade.
    http://roseausage.unblog.fr/2014/06/18/la-tragedie-marocaine-est-celle-d-une-elite-pourrie-jusquaux-os/