Année : 2013
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"La colonisation du Sahara occidental perdure à cause du soutien de la France et des Etats-Unis au Maroc ! " (Christiane Perregaux )
Depuis 30 ans, le Sahara occidental réclame son indépendance vis-à-vis du Maroc, qui contrôle la région. Malgré la pression d’associations civiles, Rabat campe toujours sur ses positions. Pour la Suissesse Christiane Perregaux, Professeure en Sciences de l’Education à l’Université de Genève, membre du comité de soutien suisse du peuple sahraoui, si ce litige n’est toujours pas réglé c’est à cause des soutiens extérieurs dont dispose le Maroc dans ce dossier. Afrik.com l’a rencontrée à Alger, lors de la troisième conférence des femmes sur la cause sahraouie. Entretien.A AlgerPropos recueillis avec Graziella Riou, rédactrice-en-chef du quotidien en ligneBoocanAfrik.com : Pourquoi à ce jour les autorités marocaines refusent toujours d’entendre les revendications du peuple sahraoui ?Christiane Perregaux : Si les autorités marocaines étaient seules, il y a longtemps que ce dossier aurait été réglé. Mais le problème est que le Maroc est soutenu par la France et les Etats-Unis. C’est avec ces deux soutiens extérieurs que le Maroc a pu se permettre cette occupation et tout ce qui en est suivi. La colonisation du Sahara occidental perdure à cause des soutiens extérieurs du Maroc, en particulier la France et les Etats-Unis.Graziella Riou : Lors de son dernier voyage au Maroc, le président français François Hollande a fait un geste en parlant d’autonomie du Sahara occidental. Qu’en pensez-vous ?Christiane Perregaux : La position de la France n’a pas évolué. Le président François Hollande a parlé d’autonomie du Sahara occidental qui est le plan marocain pour contrecarrer le plan d’autodétermination du peuple sahraoui. La France et le Maroc jouent donc sur les mots. Le Maroc a d’ailleurs affirmé que l’autodétermination n’était pas forcément liée au référendum que réclame les Sahraouis. Pour le Maroc, il peut y avoir d’autres formes d’autodéterminations.Graziella Riou : Pourquoi estimez-vous que la position de la France n’a pas évolué vis-à-vis du Sahara occidental ?Christiane Perregaux : Les Etats-Unis soutiennent le Maroc tout en gardant une certaine distance, ce qui n’est pas le cas de la France, qui a énormément de liens avec le Maroc. Il y a des collisions entre les politiciens français et le Maroc. C’est vraiment incroyable ! Même Rocard est allé au Maroc pour faire son gouvernement. Lorsque Sarkozy a perdu les dernières élections, il est aussi allé au Maroc. Il y a même eu des rumeurs, selon lesquelles, il deviendrait conseiller du roi. La seule exception c’est Hollande, qui a été en Algérie avant d’aller au Maroc lorsqu’il a été élu. Mais là encore, il a envoyé un ministre au Maroc pour s’excuser auprès du roi, lui indiquant que son voyage en Algérie était vraiment urgent. Et tout le monde sait que derrière tout cela, il y a des rapports financiers.Afrik.com : Selon vous, quelles seraient les solutions pour que les revendications du peuple sahraoui soient entendues ?Christiane Perregaux : On se rend compte, que lorsque de telles situations sont aussi liées aux politiques, elles sont toujours plus compliquées à résoudre. A mon avis, si les Français disaient aux amis marocains : « cela suffit maintenant ! L’exil ce n’est plus possible pour la population sahraouie ! Maintenant on doit trouver une solution qui réponde aux résolutions de l’ONU ». Ce sera un grand pas en avant.Afrik.com : Vous pensez qu’une telle option fonctionnerait ?Christiane Perregaux : Cela pourrait fonctionner très rapidement. Quand vous voyez des situations internationales aussi engluées, il nous faut ce genre d’initiative. Mais cela va nous demander encore un peu de temps pour qu’on ait ce genre de bouleversement là. Je pense que pour la première fois, il y a des Etats qui montrent qu’on en a assez de cette situation ! Et que ce n’est plus possible de continuer comme cela ! Même la Grande-Bretagne a condamné les autorités marocaines. Ce n’est pas anodin.Graziella Riou : Est-ce pour des bonnes raisons que la communauté internationale commence à s’intéresser au problème du Sahara occidental ? Est ce qu’il n’y aurait pas une crainte de risque de contagion avec le Mali ?Christiane Perregaux : Oui votre question est légitime. La situation du nord-Mali est explosive. Il y a la désespérance d’une partie des jeunes sahraouis et on se demande ce qu’ils vont devenir et vers quoi ils vont se tourner car ils n’en peuvent plus d’attendre. Plus personne ne peut nier les richesses du Sahara occidental. Et Total est déjà sur place en train de creuser dans l’illégalité contre la législation de la communauté internationale. On connait aussi les accords de pêches qui sont en train d’être discutés à l’Union européenne. Le Front-Polisario vient d’ailleurs de faire recours. Le Sahara occidental n’est pas une terre vide.Afrik.com : Est-ce que ces richesses ne nuisent pas au combat du peuple sahraoui ? Tant qu’il y aura des richesses à exploiter, on ne répondra pas à leurs revendications de sitôt ?Christiane Perregaux : Ces richesses appartiennent au peuple sahraoui. La charte de l’ONU sur les pays non autonomes le dit clairement. Le Maroc et la communauté internationale sont en plein contradictions tout simplement parce que ces richesses doivent revenir au peuple sahraoui. Actuellement cet argent qu’on tire des richesses du Sahara occidental va dans les poches du roi du Maroc surtout !Afrik.com : Les violations commises par les autorités marocaines au Sahara occidental sont régulièrement dénoncées. A ce jour connait-on le nombre de victimes de ces exactions ?Christiane Perregaux : Le nombre de morts dans le Sahara occidental est innombrable. On ne connait toujours pas le nombre de victimes de ce conflit qui dure depuis 30 ans. On sait en revanche qu’elles sont très nombreuses depuis la marche verte jusqu’à aujourd’hui ! Sans compter les victimes en prison. Au début de l’arrivée des Sahraouis dans les camps, au moins 12 enfants mourraient de la rougeole par jour.Afrik.com, 25 avril 2013 -
Le jeu «trouble» de Christopher Ross
L’Envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, roule-t-il pour le royaume chérifien ? La question mérite vraiment d’être posée, surtout lorsque l’on se réfère au dernier rapport élaboré par ce haut responsable onusien sur cette question dont nous nous sommes procuré une copie en exclusivité, et qui sera présenté aujourd’hui devant le Conseil de sécurité.Dans le rapport en question dont on détient une copie, Christopher Ross a pris le soin de ne pas exprimer la position des Nations unies par rapport à ce conflit, bien qu’il reconnaisse, en filigrane, que les droits de l’Homme dans les territoires occupés sont bafoués. Et pour maintenir le flou, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental se contente de rapporter et de dresser les comptes rendus des visites qu’il a effectuées en Algérie, au Maroc et au Sahara occidental ainsi que la teneur des discussions qu’il a eues avec les différents responsables et ce, dans le cadre de la mission qui l’a mené dans la région entre le 18 mars et 11 avril dernier.Ainsi donc, et pour ce qui est du Maroc, première halte de son «périple», le responsable onusien a rappelé que les dirigeants du royaume – sachant que le roi était absent-, et à leur tête le chef du gouvernement et les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, ont réitéré leur proposition, à savoir l’autonomie du Sahara occidental. Une position rejetée en bloc par le Front Polisario, d’autant qu’elle est inscrite en faux du droit international, et des résolutions déjà prises en ce sens par les Nations unies. Les « porte-paroles » de Sa Majesté ont par ailleurs estimé que le sommet de l’Union du Maghreb arabe ne pourrait intervenir avant 2014, en prétextant cette temporisation par « les conditions instables de la Tunisie ». Il va sans dire que cet argument ne tient pas la route, puisque le Maroc bloque le processus d’édification de l’UMA depuis 1999, faisant de lui un moyen de chantage par rapport à la question sahraouie. Au cours de la rencontre qu’il a finie par avoir avec Mohamed VI en date du 9 avril, Christopher Ross indique que le souverain marocain, qui a donc pas mal de choses à cacher, s’est montré «très déçu après avoir appris la proposition d’inclure les droits humains dans le mandat de la MINURSO». Par ailleurs, Christopher Ross précise que durant les entretiens qu’il a eus avec les hauts responsables algériens, lors de son déplacement en Algérie le 28 mars dernier, il lui a été clairement signifié que « le Sahara occidental est une question de décolonisation qui relève de la responsabilité de l’ONU».«L’Algérie n’est pas et ne sera jamais une partie dans les négociations»D’après le responsable onusien, les autorités algériennes ont également rappelé les positions du président de la République vis-à-vis de cette question, à savoir que l’Algérie n’est pas et ne sera jamais une partie dans les négociations. Toujours dans le même ordre d’idées, Christopher Ross souligne que Abdelaziz Bouteflika a « déploré la position agressive de la presse officielle marocaine sur l’Algérie ». Quant à la visite effectuée aux camps de réfugiés près de Tindouf, en Algérie, le 25 mars écoulé, le responsable onusien a enfin évoqué «violations des droits de l’homme et l’exploitation illégale des ressources naturelles du territoire», au niveau des territoires occupés, mais en mettant cela dans la bouche du président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Ce dernier, dit-t-il, lui a fait part de la frustration des jeunes sahraouis qui, las d’attendre, pourraient reprendre la lutte armée. Une option qui a été même évoquée, souligne-t-il encore, par des chefs militaires du Polisario. Toujours dans le même rapport, il est clairement souligné que le Polisario s’oppose au terrorisme et fait tout son possible, en collaboration avec l’Algérie pour faire en sorte que les Sahraouis restent au-dessus de la mêlée. Allusion faite surtout à ce qui se passe au Mali. D’autre part, Christopher Ross ajoute qu’il a noté, lors du voyage qui l’a mené au Sahara occidental le 22 mars dernier, trois tendances par les Sahraouis : ceux qui sont favorables à l’indépendance, ceux qui sont pro-autonomie et ceux, tout simplement, qui veulent une vie meilleure. Mais, il estime toutefois qu’il «était impossible de mesurer la force relative à ces trois tendances».Il va sans dire qu’il s’agit là d’une dangereuse fuite en avant du responsable onusien, car il est de notoriété publique que les partisans de l’indépendance du Sahara occidental représentent l’écrasante majorité de ce peuple. c’est ce qui explique, d’ailleurs, le fait que le Maroc continue de s’opposer farouchement à la tenue d’un référendum d’autodétermination. Enfin, l’Envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental fait savoir qu’il va se rendre à Addis-Abeba en répondant à l’invitation de l’Union africaine et pourrait même, aussi, programmer des visites à Tripoli et Tunis, si cela s’avère utile. Il faut dire, ainsi, que ces visites suscitent d’ores et déjà moult interrogations car Tunis ou Tripoli n’ont aucune relation avec le Sahara occidental où la situation humanitaire n’a pas changé d’un iota. Christopher Ross clôture son rapport avec une note d’optimisme en espérant un dénouement heureux de ce conflit à travers un engagement concret des parties et des pays voisins avec les Nations unies dans ses efforts pour promouvoir un règlement. Mais, force est de constater que la position de ce dernier, et à travers lui l’ONU, reste ambiguë maintenant, du coup, le statu quo dans la région. Une situation qui n’arrange, il faut le dire, que le makhzen. Il est peut être utile, voire important, de rappeler, en outre, que les Nations unies ont publié le 8 avril dernier un rapport accablant en ce qui concerne les droits de l’homme au Sahara occidental. Pourquoi donc ce «retournement de situation» et de «dernière minute» ? Mystère…Soufiane DadiLe Courrier d’Algérie, 24 avr, 2013http://lecourrier-dalgerie.com/le-jeu-trouble-de-christopher-ross/ -
L’échec cuisant du roitelet du Maroc lâché par tous
La posture du roi lâche et perfide est devenue ces derniers temps très inconfortable. Lui qui n’a pas arrêté de lancer son venin sur l’Algérie, son peuple et son armée, allant jusqu’á instrumentaliser le MUJAO dans le rapt de nos diplomates au Malim se retrouve tout á coup bien isolé.
Nos diplomates, fonctionnaires de l’Etat algérien, auxquels toute la nation algérienne rend hommage et dont on reste sans nouvelles, ont été en effet enlevés par une horde sanguinaire liée à la monarchie archaïque du Maroc. Ce dernier a versé des sommes astronomiques au MAK de Meheni le félon – plus 200 000 euros – pour alimenter le séparatisme, et les chaînes de télévision marocaines ne cessent de s’en prendre quotidiennement à l’Algérie et à son armée, «Al Maghribia» restant l’un des piliers de cette confrérie du mal.Le royaume de l’émir des débauchés est devenu le pays d’accueil par excellence de tous les ratés de la politique et autres larbins des Occidentaux. Les rencontres se multiplient à Paris entre les agents du Makhzen et les mercenaires du sang et de la politique, traîtres de ma patrie, allant du criminel Dehina au diplomate boulanger Zitout. Il est étonnant de constater à quel point les félons et traîtres se lient pour la même cause et l’on se dirige tout droit vers une véritable Internationale de la trahison, celle des fous du roi et des dames de pique avec leurs valets de Cour. Même l’organisation pro-américaine et proche des services américains a étalé le linge sale du roitelet du Maroc au grand jour en prolongeant le mandat de la Minurso, l’une des rares missions de maintien de la paix de l’ONU qui ne comprend pas de mandat d’observation de la situation des droits humains et de rédaction de rapports à ce sujet.
Le Maroc, qui revendique sa souveraineté sur le Sahara occidental et qui l’administre de facto, s’est longtemps opposé, avec le soutien de la France, à ce que la surveillance des droits humains soit incluse dans le mandat de la Minurso. Ce mandat viendra à échéance le 30 avril, mais il a été renouvelé sans interruption depuis que la mission a été créée en 1991. «Le Conseil de sécurité devrait mettre fin à l’anomalie qui veut que la Minurso mène des activités de déminage et des patrouilles frontalières, mais n’a aucun mandat pour rendre compte de la violence policière, des procès injustes ou des restrictions du droit de rassemblement auxquels sont systématiquement confrontés les habitants du Sahara occidental», a déclaré Philippe Bolopion, directeur du plaidoyer auprès de l’ONU à Human Rights Watch. Voilà la preuve que l’on est mieux servi que par les siens.
A vouloir jouer avec le feu, le roitelet de poche s’est brûlé les doigts, et pour mieux s’enfoncer, ce génie oublié par l’histoire n’a pas trouvé mieux que d’annuler une manœuvre militaire conjointe avec les USA. Fâché comme un gosse privé de sucette, il montre ses limites d’émir des khorotos. Ce coup-là, même Mozah ne peut rien pour lui surtout que d’après les échos, une guerre de harem fait rage entre elle et le harem de l’émir des débauchés. Et l’argent tant attendu du Qatar n’arrive pas, laissant le royaume dans un état de délabrement économique pathétique. Verrions-nous là les prémices d’un printemps agité au royaume du roitelet ?
Multipliant les absurdités, le ministère de l’Intérieur déclare que les violations des droits de l’homme sont plus courantes au nord du Maroc qu’au Sahara. C’est l’un des arguments utilisés par le ministère de l’Intérieur à la demande du cabinet royal, pour justifier l’opposition à la proposition US d’étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara… «Le conseiller du Roi Azziman a demandé au ministère de l’Intérieur de rédiger un rapport sur les violations des droits de l’homme au Maroc. Ce rapport a montré chiffres à l’appui que les violations des droits de l’homme sont plus fréquentes au nord du Maroc qu’au Sahara». Cette déclaration surprenante a été prononcée par le SG du Parti travailliste, Abdelkarim Benatiq, lors d’un débat mardi sur la chaîne de télévision Al Oula, rendant compte d’une réunion organisée par le cabinet royal à laquelle il avait assisté. Ce n’est certainement pas le meilleur argument pour convaincre la communauté internationale des soi-disant «avancées démocratiques» du royaume ces dernières années.
Ajoutons à cela, la levée de boucliers des organisations très liées à la Maison Blanche telles HRW qui déclare : «La mission de maintien de la paix au Sahara occidental aurait dû inclure depuis longtemps un mandat de surveillance des droits humains, qui améliorerait les mécanismes de protection des droits humains tout en dissuadant les parties en présence de déformer les allégations de violations pour servir leurs propres objectifs politiques», a conclu Philippe Bolopion. «Les membres du Conseil de sécurité ne devraient pas laisser passer cette opportunité historique d’aligner la Minurso avec les autres missions modernes de maintien de la paix, bâties sur l’idée que les droits humains font partie intégrante du travail de l’ONU». Régression du royaume du Maroc.
Depuis la semaine dernière, le Maroc ne peut plus se vanter de n’avoir ni journaliste embastillé ni prisonnier d’opinion. Sans parler du fait que le grand argentier de sa majesté et glouton porte-monnaie royal, Mounir Majidi, en profite pour faire main basse sur les distributeurs de journaux… Rappelons-nous la condamnation du caricaturiste Khalid Gueddar pour ses dessins. La BD qu’il avait publiée «M6, le roi qui ne voulait plus être roi» décrivait un Mohammed VI haut en couleurs : jet-ski, boîtes de nuit, virées shopping à Paris… Ce crime de lèse-majesté risque de lui coûter cher et l’interrogatoire fleuve que lui a infligé la DST marocaine à la fin septembre trahit le vrai motif des poursuites à son encontre. Hélas, les procès contre Gueddar et Bouachrine ne constituent qu’un épisode parmi d’autres.
Tous s’inscrivent dans une vague de muselage sans précédent de la presse depuis l’avènement de Mohammed VI sur le trône alaouite en 1999. Drôle de façon d’inaugurer la seconde décennie de son règne. Khalid Gueddar n’est pas le seul journaliste à être victime de répression. Loin de là. Le 15 octobre, le directeur du journal Al-Michaal, Driss Chahtane, a été condamné à un an de prison ferme. Les deux journalistes Rachid Mahamid et Mustapha Hayran à trois mois fermes. Leurs crimes ? Avoir commenté un communiqué du Palais royal indiquant que le roi serait absent quelques jours pour raison médicale. En l’occurrence à cause d’une «infection à rotarovirus», un terme que tout journaliste digne de ce nom se doit d’expliquer à ses lecteurs. Le directeur du journal Al-Jarida Al-Oula, Ali Anouzla, risque également gros. A cause aussi d’un article sur la santé de Mohammed VI, il est accusé du «délit de publication, avec mauvaise intention, de fausses informations, d’allégations et de faits mensongers».
Autre titre de presse, autre punition. En fin de semaine dernière, les comptes bancaires du Journal Hebdomadaire ont été saisis. Le péché de ce titre-phare de la presse francophone ? Avoir été définitivement condamné le 30 septembre dernier par la Cour suprême du Maroc à 250 000 euros d’amende pour un article de 2005 mettant en cause l’objectivité d’un rapport d’un obscur centre de recherches belge sur le conflit du Sahara occidental. Le Journal Hebdomadaire était à l’époque dirigé par Aboubakr Jamaï qui avait préféré s’exiler aux Etats-Unis pour sauver la publication. Mais ce grand éditorialiste qui n’hésite pas à égratigner de sa plume le roi et son «cabinet secret» reprend du service dans le Journal…
L’armée marocaine en détresse
A l’occasion de la Fête du trône, le roi du Maroc présidait la cérémonie de prestation de serment des officiers lauréats des grandes écoles militaires et officiers issus des rangs. Une festivité clinquante comme on les aime mais qui cachait mal l’amertume des officiers : à la dernière minute, la liste des noms de promus a été épurée, par décision de prolonger le délai nécessaire pour accéder à certains grades. Dorénavant, pour passer de lieutenant à capitaine, de capitaine à commandant et de commandant à lieutenant-colonel, il faut compter une année de plus à chaque étape tout en sachant que l’âge de la retraite a été repoussé de cinq longues années… Résultat : dans les casernes, on accuse le ministre de l’Economie de manger la laine sur le dos des militaires, et on pointe du doigt ces généraux qui n’ont jamais commandé de bataillon mais qui se pavanent le torse couvert de médailles normalement décernées lors de dangereuses opérations militaires.
Le système opaque régissant les promotions dans l’armée marocaine frustre les jeunes officiers et sous-officiers qui le critiquent ouvertement. Il y a en effet de quoi perdre ses illusions à voir tel brillant major de promotion cantonné à des tâches subalternes tandis que les fils de leurs supérieurs et autres nantis raflent tous les stages de perfectionnement à l’étranger. Et de quoi avaler ses rangers de rage quand on se remémore le cas de ce commandant qui, demandant à son colonel-major, pourquoi il n’évoluait pas, se vit répondre que c’était 5 000 euros la promotion, payables en plusieurs mensualités ! Le malaise est également palpable chez les hommes de troupes.
Majoritairement parqués dans la «zone sud», c’est-à-dire au Sahara occidental, les soldats s’ennuient à mourir et baillent aux corneilles à longueur de journée. Selon des témoignages concordants, bon nombre d’entre eux se droguent, fumant du haschich ou s’injectant dans les talons du patchouli ou un soda gazeux bien connu. D’autres s’adonnent à des trafics en tous genres (nourriture, carburant, cigarettes…) avec la complicité de leurs supérieurs, tandis que d’autres se sont mis à prier avec une ferveur inquiétante.
Craignant sans doute une contagion islamiste, l’Etat-major a décidé après les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 de fermer les lieux de prière dans les casernes et de libérer de leurs obligations certains hommes dont les épouses militaient ouvertement dans des mouvements islamistes qui renverseraient volontiers la monarchie. D’autre part, les abus d’autorité sont légion. Ce ne sont pas les soldats employés comme bonnes à tout faire aux domiciles privés de gradés peu scrupuleux qui diront le contraire. On recense même des cas d’hommes réquisitionnés pour récurer des WC ou surveiller des poulaillers, travaux peu glorieux accompagnés de mauvais traitements. Au moment où l’armée marocaine fête le Cinquantenaire de sa création, elle n’est tristement plus que l’ombre d’elle-même.
Revenons un peu en arrière pour mieux appréhender l’imposture marocaine. Lors des négociations entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et l’Espagne à propos du Sahara, en 1973, Hassan II imposait sa position selon laquelle «le Sahara doit être marocain, à défaut, il reste espagnol, mais il ne sera jamais ni algérien, ni indépendant». C’est ce que révèlent plusieurs télégrammes diplomatiques américains, rendus publics cette semaine par Wikileaks. Le président algérien de l’époque, le défunt Houari Boumediene, avait proposé que les trois pays soutiennent des mouvements de libération qui collaboreraient pour expulser les Espagnols du Sahara. Un télégramme de Stuart W. Rockwell, alors ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, rendu public par Wikileaks le 8 avril 2013, révèle que le roi Hassan II déclara qu’«il préférait voir les Espagnols rester que d’avoir un Etat indépendant sous contrôle algérien», selon l’ambassadeur dans son télégramme adressé au département d’Etat américain et aux ambassades américaines des Etats concernés, le 27 juillet 1973, suite à sa rencontre avec le ministre marocain des Affaires étrangères Ahmed Taïeb Benhima. Pendant cette entrevue, l’ambassadeur américain demanda à Benhima de raconter les débats qui s’étaient tenus à Agadir quelques jours auparavant, les 23 et 24 juillet, à propos du Sahara, entre Hassan II, le président algérien, et Moktar Ould Daddah, le président mauritanien. En 1973, le Sahara est encore espagnol, mais le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie – que Hassan II estime manipulé par l’Algérie – se le disputent. Lors de la rencontre de juillet 1973 entre les trois chefs d’Etat, Hassan II accuse directement l’Algérie d’avoir trahi sa parole. Hassan II, selon ses propos rapportés par Ahmed Taïeb Benhima à l’ambassadeur américain, «a reproché à Boumediene de réclamer le Sahara après que le Marocain a fait des sacrifices sur l’accord frontalier».
Toujours selon Wikileaks, l’Algérie avait fait comprendre au Maroc qu’elle ne réclamait pas le Sahara. En échange, le Maroc avait accepté de faire les plus grosses concessions territoriales au moment du tracé de la frontière entre le Maroc et l’Algérie lors du traité signé un an plus tôt entre les deux Etats. Depuis, Algérie et Mauritanie ont renouvelé leur intention de récupérer le Sahara devant l’Assemblée des Nations unies. Pour Hassan II, il est impensable que le Maroc ait un nouveau voisin. «Il a dit que si l’Algérie envisageait la création d’un Etat sahraoui indépendant, il devait avoir conscience que les premiers pays à reconnaître un tel Etat ne seraient pas de grandes puissances mais de petits Etats communistes comme l’Albanie, le nord Vietnam…», rapporte Ahmed Taïeb Benhima à l’ambassadeur. Le Maroc «ne peut pas tolérer l’existence d’un Etat affilié au communisme à ses frontières», aurait affirmé le roi devant Houari Boumediene et Mokhtar Ould Daddah.
La disqualification historique de la monarchie moyenâgeuse et archaïque qui règne en maître au Maroc n’a pas hésité à s’allier aux islamistes pour essayer d’échapper à sa propre déchéance et à sa fin programmée. Sa seule planche de salut est de gagner du temps en pactisant avec les intégristes marocains, baignant dans un tagine zitoune bien trop épicé et indigeste, même pour ses propres amis et alliés qui ont commencé à se détourner de lui, y compris son conseiller Azoulay l’Israélien.
La villa offerte par le roitelet du déclin à Madame Clinton ne sert à rien, il aurait pu l’offrir à son peuple qu’il affame. L’équation Kerry est venue précipiter la fin d’un monarque faible et combinard, le secrétaire d’Etat reprenant un thème qu’il défendait au temps où il était sénateur et demandait à Bush de régler la question du Sahara occidental.
Le manque de maturité politique et les comportements dignes d’un gamin qui n’ont rien à voir avec l’exercice de l’Etat ont mis le Maroc échec et mat dans plusieurs dossiers. Que lui reste-t-il à part imiter son père en créant un ennemi imaginaire qui ne peut être que l’Algérie ?
Le serviteur zélé de l’Occident déguste en ce moment le fruit de la trahison de sa monarchie à travers le temps. La fin de la récréation pour le roitelet a été sifflée et l’heure de la déchéance s’approche à petits pas… «Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix des haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales.» Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)
MOHSEN ABDELMOUMENLa Nouvelle République, 24 avril 2013
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Sahara occidental : L’ONU met la pression sur le Maroc
La « victoire morale » de la RASD se dessine. Aujourd’hui, la proposition américaine, légèrement remaniée, a consacré la légitimité du combat sahraoui, reconnu à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité, appelé à se prononcer sur l’avant-projet de résolution portant sur le renforcement des droits de l’Homme au Sahara occidental.Même si, de ce fait, la Minurso reste la seule mission de paix onusienne qui n’est pas encore dotée de mécanisme de surveillance, l’avancée est, toutefois, tangible. Une perception claire du drame humanitaire, fondé sur le déni colonial, caractérise le consensus mondial en gestation, y compis parmi les alliés les plus fidèles du Maroc. Cette réalité, placée en porte-à-faux avec la mondialisation des valeurs humanitaires et démocratiques, a été clairement dénoncée par la famille des organisations internationales de défense des droits de l’Homme et, également, par l’envoyé spécial de l’ONU chargé de la lutte contre le terrorisme, qui ont fait état des actes de torture, des disparitions, des détentions et des jugements arbitraires pratiqués à large échelle par l’occupant marocain, désormais, mis au banc des accusés. C’est le cas, notamment, du département d’Etat qui, dans son rapport 2012, a dénoncé les multiples et massives violations des droits de l’Homme.Pour la première fois, la visite dans les territoires occupés de l’émissaire onusien, Christopher Ross, a contribué à lever le voile sur le génocide à huis clos d’un peuple en lutte par la voie pacifique pour la reconnaissance de ses droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance. C’est dire que, si «l’initiative américaine reste à l’ordre du jour», le Maroc est sous la pression de la communauté internationale, mieux éclairée sur « le vrai visage » de la barbarie coloniale. « C’est une manière d’avertir les Marocains que la communauté internationale surveille davantage la situation au Sahara occidental », estime un diplomate qui relève la nette progression de l’ONU, demandant et contractant l’engagement solennel pour le respect des droits de l’Homme sahraoui, alors qu’elle s’est contentée, l’année dernière, d’un simple appel à une « amélioration de la situation ».Cet engagement s’interprète, selon le représentant sahraoui à l’ONU, Ahmed Boukhari, comme « un grand soutien à la lutte pour la liberté du peuple du Sahara occidental occupé » et le refus ancré, notamment américain, de la politique de deux poids, deux mesures pratiquée par certaines puissances soucieuses de préserver leurs intérêts économiques et commerciaux conclus avec l’occupant marocain. Pour le représentant sahraoui, « l’initiative américaine restera dans le radar, aujourd’hui et demain, et ne va pas disparaître dans le cadre du suivi par le Conseil de sécurité de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental qui sont bafoués d’une manière systématique et cruelle par le Maroc ».La question incontournable des droits de l’Homme fonde l’urgence ainsi reconnue de la relance du processus de négociations pour dépasser le statu quo jugé inacceptable et improductif. Car, pour le Front Polisario, aussi légitime que soit la dimension humanitaire, cette approche nécessaire et insuffisante, ne saurait se substituer au principe cardinal des « négociations directes » entre les deux belligérants. La bonne foi du partenaire sahraoui, alliée à la volonté de paix jamais démentie, le prédispose à un engagement immédiat en faveur d’un processus « intensifié et assorti d’un délai » mandaté par le Conseil de sécurité et placé sous l’égide de l’envoyé onusien, Christopher Ross.Larbi ChaabouniHorizons, 25 avril 2013 -
L’ONU devant ses responsabilités
C’est aujourd’hui que l’ONU décidera de la nature de la mission de la Minurso. A la suite de sa tournée diplomatique au Sahara occidental, Christopher Ross, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, devait présenter un rapport. Les Etats-Unis proposent d’étendre la mission de l’ONU dans la région à la surveillance des droits de l’Homme. Une initiative qui a irrité le Maroc et Paris. Le jour de vérité arrive. Ce rapport sera observé de très près par les Marocains, alors que les Américains ont proposé, il y a quelques jours, d’étendre la mission de l’ONU dans la région à la surveillance des droits de l’homme. Une initiative qui n’est pas du goût de Rabat qui s’oppose depuis toujours à ce que l’ONU ait un droit de regard sur les droits de l’homme dans la région.Le projet prévoit d’étendre le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l’Homme avec la mise en place d’un mécanisme de surveillance et de compte rendu de la situation des droits de l’Homme, tant dans la partie du Sahara dominée par le Maroc que dans les camps de réfugiés contrôlés par le Front Polisario.C’est sans prévenir personne que les Etats-Unis ont fait cette proposition devant le Groupe des amis du Sahara occidental composé des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Russie, de la France et de l’Espagne. Les autorités marocaines s’opposent à l’extension de la mission dans la région à la surveillance des droits de l’Homme.«Incompréhension», «rejet», «parti pris». «Ces quelques qualificatifs extraits d’un communiqué officiel donnent une idée de l’ampleur de la colère de Rabat», rapporte RFI. Depuis une semaine, la presse marocaine ne parle que de cela : la proposition américaine d’intégrer la surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la mission des Nations unies au Sahara occidental et le rejet viscéral qu’elle suscite. Cela démontre bien le mécontentent du makhzen vis-à-vis des Américains. Le Maroc a aussitôt dépêché un conseiller de Mohammed VI, l’ex-chef de la diplomatie Taïeb Fassi, dans les grandes capitales, dont Paris, Moscou et Pékin. Des manœuvres militaires conjointes américano-marocaines ont été reportées sine die. La France se trouve également dans une position délicate. Opposera-t-elle son veto à la proposition des EtatsUnis ?Dans une récente déclaration, un diplomate français avait indiqué que «Paris n’opposera probablement pas son veto à l’initiative américaine» . Embarrassée, la France, qui vient de réaffirmer par la voix de François Hollande son soutien à la position marocaine, favorable à un plan d’autonomie, craint le «piège» : difficile de s’opposer frontalement à une initiative estampillée «droits de l’homme».Même si les Américains ont la main, les diplomates français s’activent pour trouver une «solution acceptable». À défaut, Paris, qui n’a pas usé seul de son droit de veto depuis 1976, devrait s’abstenir.Mehdi Ait MouloudLe Courrier d’Algérie, 24 avril 2013 -
La France des droits de l’homme et les droits bafoués des sahraouis
Le soutien sans équivoque que tous les pouvoirs en France, qu’ils soient de gauche ou de droite, accordent à l’entreprise marocaine de recolonisation du Sahara Occidental constitue une autre de ces preuves que la France des grands mots sait très bien préserver ses amitiés douteuses quitte à bafouer tous ses principes déclarés et déclamés, quand il s’agit pour elle de préserver ce qu’elle conçoit comme ses chasses gardées et ses amitiés douteuses et intéressées… ce n’est pas nouveau !LA FRANCE DES DROITS DE L’HOMME ET LES DROITS BAFOUES DES SAHRAOUISL’Occident et la France ne défendent pas des valeurs, ils défendent des intérêts.Les gros coups de gueule contre El Bachir et Assad, les menaces de TPI et le « chope-le ! » criés à Ocambo, ne proviennent pas d’une quelconque inquiétude pour la liberté du Darfour ou pour le droit des Syriens à se débarrasser de Bechar et à se faire multipartistes comme les Libyens, les Tunisiens, les Yéménites et tous les autres Arabes qui se sont fait printaniser par BHL & Co…Les silences devant les Malouines, la Palestine, les Rohyingas de Burma et les gros boucans devant l’Afghanistan, l’Iran, le Tibet montrent très clairement le caractère orienté de ces conceptions des droits de l’Homme.L’une des causes qui dévoile le mieux cette ambigüité dans la perception de ces valeurs dont on a fait un cheval de bataille après en avoir abusé à volonté en esclavagisant, colonisant, boycottant, défoliant, génocidant etc , est sans conteste la lutte que mènent les Sahraoui de l’ex Rio de Oro pour se libérer du joug marocain…L’histoire de cette cause est aussi simple et claire que celles de tous les peuples colonisés, sa légitimité ne peut souffrir du moindre doute… Il y’avait un territoire et un peuple qui y vivait… le territoire fut spolié par les « conquistadors » espagnols à l’époque où les pays occidentaux avaient organisé la ruée vers le Sud afin d’y « civiliser » ses habitants… c’est du moins la version qu’on donne aujourd’hui à ce brigandage à grande échelle pour camoufler son ignominie. Après l’avoir dûment « civilisé », l’Espagne s’en est retirée mais sans permettre aux Sahraoui de s’émanciper puisqu’elle a rétrocédé le territoire sans en référer à ses habitants, au Maroc, dans un marché aux clauses très peu soucieuses des droits des peuples… le territoire fut en effet abandonné au Makhzen, contre l’abandon par ledit Makhzen de toute revendication sur deux enclaves qu’occupait et occupe l’Espagne à ce jour en ce pays…Ce marché n’a tenu compte, ni de l’avis des Sahraouis du Rio de Oro ni de celui des Marocains des deux enclaves, un peu comme si ces territoires étaient des no-man’s land et que les Rois des deux pays avaient le droit d’en disposer comme de propriétés privées… Ceci mesure un peu le respect que l’Espagne et le Maroc accordent à ces peuples considérés comme simples occupants d’un espace ouvert à tout négoce…Cette absence de toute considération pour l’Homme et cette fixation exclusive sur ce que recèlent les terres et leurs prolongements maritimes en richesses et ce qu’elles offrent comme atouts stratégiques sont des constantes de l’occident, depuis le génocide des Incas et des Apaches jusqu’à la ruée coloniale…Mais si la réserve est de mise chez la plupart des pays occidentaux qui refusent de faire partie du problème tout en évitant de s’impliquer dans la recherche d’une solution, il n’en est pas de même de la France qui n’a jamais caché son penchant pour l’option annexionniste du royaume alaouite, fidèle en cela à son pêché mignon pour l’amalgame et l’ambigüité… et la gauche débridée qui lui tient la bride, contrairement à tout ce qu’on peut penser n’est ni moins vicieuse ni moins hargneuse que la droite mais seulement plus hypocrite et plus cynique en matière de défense du droit des peuples … Si on a vu de quelle manière la mère Fafa a géré les problèmes de la Côte d’ivoire, du Tchad, du Rwanda et de Centrafrique, on voit aujourd’hui, avec quelle gymnastique sémantique, logistique et militaire elle défend la chose et son contraire en soutenant l’intégrisme en Syrie et en le combattant au Mali…Le soutien sans équivoque que tous les pouvoirs en France, qu’ils soient de gauche ou de droite, accordent à l’entreprise marocaine de recolonisation du Sahara Occidental constitue une autre de ces preuves que la France des grands mots sait très bien préserver ses amitiés douteuses quitte à bafouer tous ses principes déclarés et déclamés, quand il s’agit pour elle de préserver ce qu’elle conçoit comme ses chasses gardées et ses amitiés douteuses et intéressées… ce n’est pas nouveau ! On se souvient, pour l’exemple, des safaris que se permettait un de ses présidents, des diamants qu’il se faisait offrir et peut être même des repas anthropophagiques qu’il aurait partagés avec l’empereur Bokassa 1er, ex-sous-officier de l’armée française…Devant cette cause qui ne souffre pourtant d’aucune ambigüité sur sa justesse, sa légitimité et sa légalité au regard du droit universel, la France, habituellement si prompte à envelopper ses méfaits d’analyses et d’explications souvent emberlificotées pour passer la pilule ne s’embarrasse pas de justifications car elle sait qu’il lui sera impossible d’en trouver. Cette réputée championne du respect de la légalité, manifeste un arrogant parti-pris pour le Maroc qui viole le principe consacré du respect des frontières héritées du colonialisme, le principe consacré du droit des peuples à l’autodétermination et celui du respect de droits de l’Homme et du citoyen dont la déclaration universelle fut faite, il faut le rappeler, en terre de France …Si des doutes subsistent encore sur l’immense supercherie qui fait de la France un pays de la défense des droits de l’Homme, ils sont aujourd’hui levés par son opposition déclarée à la décolonisation du Sahara Occidental et par le soutien qu’elle apporte aux options annexionnistes du Makhzen, soutien qui l’encourage à persévérer dans ses exactions graves qu’il commet à ciel ouvert sur un peuple qui ne revendique que son droit à reprendre possession de sa patrie…Rictus, 23 avril 2013 -
Guéguerre médiatico-politicienne
La question de l’ouverture des frontières doit faire l’objet d’un traitement global, lié notamment aux questions du Sahara occidental, de la contrebande, du trafic de drogue, de l’émigration clandestine et du processus d’édification de l’UMA (Union du Maghreb arabe).L’AFP vient d’en remettre une couche. Décidément, l’agence de presse française n’en finit plus de chercher des poux sur la tête de l’Algérie, nous prouvant chaque jour un peu plus qu’elle se montre, on ne peut plus subjective, dès lors qu’il est question du Maroc et de la question sahraouie.On se souvient encore que l’AFP, citant une source sulfureuse en la personne de son chef de bureau à Bamako, avait osé prétendre que des terroristes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) auraient trouvé refuge dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf.Bien sûr Alger, mais aussi le Front Polisario, s’étaient tous deux empressés de démentir de pareilles sornettes. Le porte-parole des Affaires étrangères algériennes avait rappelé à cette occasion que ce bonhomme n’en était pas à son premier coup d’essai. Il faut dire en effet que le sieur Serge Daniel doit très certainement être un mercenaire à la solde du Makhzen, pour qui il loue les services de sa «plume». Nul besoin de rappeler ici que la diplomatie marocaine a toujours usé et abusé de la corruption pour acheter les consciences, les voix et les plumes des diplomates et des journalistes. Me Farouk Ksentini nous a même appris que la position de Washington était demeurée partiale vis-à-vis de la question sahraouie simplement parce que le roi Mohamed VI finance une fondation au nom de la famille des Clinton, dont une des membres, Hillary, était secrétaire d’État jusqu’à un passé très récent.L’on se souvient, par ailleurs, que le chef de la diplomatie sahraouie avait jeté un véritable pavé dans la mare en révélant, il n’y a pas bien longtemps de cela, que le Mujao est en fait une création des services secrets marocains. Ces derniers, qui soutenaient déjà le GIA durant les années 90, espéraient ainsi faire d’une pierre plusieurs coups. D’une part, ils voulaient poser le pied enfin au Sahel, car l’Algérie les en avait toujours empêchés à cause de leur esprit retord et de leurs liaisons sulfureuses avec les mouvements terroristes islamistes. De l’autre, cela leur permettait de se livrer à leur sport favori, celui du commerce de la drogue, sans jamais risquer d’attirer l’attention sur eux, puisque ce sont les terroristes du Mujo qui s’en chargent, désormais, pour eux. Enfin, ils pouvaient carrément passer aux actes criminels les plus abjects qui soient sans risquer, là encore, de se voir accuser de quoi que ce fut. C’est, au reste, la raison pour laquelle le Mujao n’a jamais commis d’actes terroristes que contre l’Algérie et le Sahara occidental. Il s’agit, on s’en souvient, des deux sanglants attentats commis contre les sièges des brigades de gendarmerie de Ouargla et Tamanrasset, ainsi que l’enlèvement de militants humanitaires européens au niveau du camp de réfugiés sahraouis de Rabouni, à Tindouf. Et, pour la petite histoire, qui permettrait aussi d’établir de nouveaux liens entre la France et le Maroc, signalons que le patron du Mujao, un certain Ould Kheiro, fait partie des dangereux terroristes libérés par Bamako sur demande instante de la France afin d’obtenir en échange la libération de son agent secret, Pierre Camatte.Bref, si des criminels du Mujao ont pu trouver refuge quelque part dans le monde, cela ne saurait être que sur le sol chérifien.Mais revenons aux manipulations médiatiques de l’AFP, qui tendent ces derniers temps à se démultiplier.Une dépêche, pour le moins énigmatique, vient en effet d’affirmer que l’ouverture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc serait imminente. Pour comprendre le caractère tendancieux et intéressé d’une pareille sortie médiatique, vite reprise par pas mal de journaux et de chaînes satellitaires, il conviendrait de rappeler que c’est le Maroc qui avait procédé de manière unilatérale à la fermeture de ces frontières en 1994, au plus fort du terrorisme qui frappait l’Algérie, un pays également sujet à un embargo qui ne disait pas son nom. Rabat a donc choisi ce moment pour nous tourner le dos, nous laissant livrés à nous-mêmes, allant carrément jusqu’à proposer des aides militaires, financières et logistiques aux criminels du GIA (comme révélé par l’émir fondateur de ce groupe criminel, Abdelhak Layada), quand le défunt roi Hassan II voulait faire de l’Algérie un «laboratoire grandeur-nature et à ciel ouvert» en matière d’islamisme terroriste et radical.Plus tard, lorsque l’Algérie a fini par s’en sortir avec brio, et que rabat a commencé à ressentir les douloureux retours de flamme de cette politique suicidaire, elle s’est également rendu compte qu’elle enregistrait un manque à gagner de l’ordre de plusieurs milliards de dollars chaque année à cause de la fermeture de ces frontières.D’où ses multiples sollicitations et suppliques afin que l’Algérie procédât enfin à leur réouverture. Or, la position algérienne n’a jamais dévié d’un iota. Cette question doit faire l’objet d’un traitement global, lié notamment aux questions du Sahara occidental, de la contrebande, du trafic de drogue, de l’émigration clandestine et du processus d’édification de l’UMA (Union du Maghreb arabe).C’est dire que ce n’est pas parce que Ould Kablia s’est rendu à Rabat, et qu’il s’est montré un tantinet conciliant (diplomatie oblige) que la position algérienne concernant l’ouverture de ses frontières terrestres avec le Maroc va dévier, ne serait-ce que d’un iota. C’est à Rabat de faire les concessions qu’il faut. Tout le reste n’est que littérature de bas étage, aussi insipide que celle que commet de temps à autre le sieur Serge Daniel…Mohamed Abdoun -
Sahara occidental : Lorsque l’Onu retrouve sa voie
Plus de deux décennies après les accords de paix de septembre 91, prévoyant au bout d’une année la tenue d’un référendum d’autodétermination, l’espoir renaît. Dans la dernière colonie africaine, dûment inscrite dans l’agenda onusien dans le chapitre des territoires non autonomes, le retour de la confiance, entamée par la volonté de perpétuer un ordre colonial anachronique et la complaisance avérée des puissances tutélaires avides de marchés juteux, remet sur orbite un processus dévoyé et dérouté de ses fondements légaux.Par Larbi ChaabouniDeux décennies d’errements et de reniements du Maroc outrancièrement engagé dans le déni légal et de la légitimité sahraouie, reconnue pourtant de jure et de facto dans les négociations avortées de Houstan I et II et de Manhassat, usant des artifices qui font croire au fils, imbu du plan d’autonomie, les vieilles chimères mortes et enterrées du défunt souverain abandonnant de guerre lasse le rêve perdu du « référendum confirmatif ».Deux décennies d’engagement en faveur de la paix que la jeune République sahraouie et le Front Polisario ont érigé en choix stratégique et en dogme quasi immuable, privilégiant la mobilisation et la lutte par des moyens pacifiques, lorsque la répression au quotidien dans les territoires occupés et la violence coloniale ont consacré l’autre Ghaza du génocide silencieux, de la torture institutionnalisée et des pires sévices jamais exercées sur un peuple sans défense. Au cœur de la tragédie coloniale, la bataille des droits de l’Homme, consacrée par le recours aux manifestations pacifiques dans les territoires occupés, ont fait vaciller dans ses certitudes les plus ancrées l’occupant marocain submergé par la déferlante du « printemps sahraoui », en prélude au mouvement de révolte dans le monde arabe.Au banc des accusés, le Maroc colonial est désormais l’expression antinomique de la revendication démocratique et humanitaire portée à bout de bras, sous d’autres cieux, par les puissances occidentales alliées excellant dans l’art de pratiquer la démocratie à double standard. L’enfer du camp Gdeim Izik, provoquant des émeutes dans la plupart des villes du Sahara occidental occupé, a profondément laminé le fameux mythe de la « marocanité » des provinces du Sud et conforté une rupture radicale avec les composantes de la société sahraouie, notamment la jeunesse et la famille des humanitaires, en quête de meilleurs conditions de vie, de reconnaissance identitaire et, bien sûr, politique s’agissant du droit consacré à l’autodétermination et à l’indépendance.De la 1re Intifada (septembre 1999) à la seconde intifada (mai 2005 jusqu’au début de l’année 2006), la volonté de résistance a mué dans des formes de lutte inscrites, aujourd’hui, dans les campements de la protestation généralisée contre la marginalisation sociale (emploi, logement, taux de chômage très élevé) et politique. Osman, un jeune témoin privilégié de Gdeim Izik, incarcéré plusieurs mois, dresse le tableau noir de la condition sahraouie. « Les jeunes Sahraouis… deux mots liés au désespoir, au manque d’opportunité et au chômage. Nous n’avons pas de travail dans les mines de phosphate, ni dans la pêche, l’assistance sociale favorise les colons marocains, l’accès à l’éducation et, surtout, la formation universitaire est pleine d’entraves…Nous, les jeunes, nous avons l’impression que le but est de nous appauvrir, de nous marginaliser jusqu’au point d’accepter la situation. C’est un jeu de pouvoir et de résistance. Si tu veux manger, travailler, avoir une vie digne, tu dois renoncer à tes idées. Si tu ne le fais pas, tu es destiné à la pauvreté, à passer toute ta vie en prison ou à la migration irrégulière », dit-il dans un entretien réalisé à Madrid le 11 septembre 2011 (CNRES, l’année du Maghreb).Gdeim Izik a été le puissant mouvement révélateur de l’injustice coloniale dans toutes ses formes décriée par les organisations des droits de l’Homme. Cette réalité longtemps occultée a refait surface à la faveur de la visite tumultueuse de l’émissaire onusien, Christopher Ross, effectuée pour la première fois dans les territoires occupés. Une visite rédemptrice qui a contribué à briser le mur du silence imposé à la société internationale, privée de toute liberté de circulation, et, surtout, rétabli la force de la légalité sur le déni colonial gravement appliqué, y compris à la Minurso mise en coupe réglée et sous étroite surveillance.Dans le bras de fer avec les autorités coloniales que l’émissaire onusien a brillamment remporté, l’Onu, qui retrouve sa voie originelle, fait consensus dans le traitement de la question des droits de l’Homme sahraouis au centre de la session du conseil de sécurité du 22 avril 2013. Cette exigence sera ainsi formulée par le secrétaire général de l’Onu, appelé, selon certaines informations parues dans la presse internationale, à insister, dans son discours inaugural, sur « le besoin nécessaire et urgent pour une supervision impartiale, indépendante, globale et durable de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental ». Elle rejoint également la proposition américaine de résolution, proposée au groupe des « Amis du Sahara occidental ».L’initiative de Washington vise, outre la prorogation du mandat de la Minurso d’un an, la constitution d’une « composante de surveillance des droits de l’Homme pour le Sahara occidental ». La revendication de l’élargissement de la mission onusienne, plaidée par le Polisario, trouve sa juste consécration dans l’accomplissement des droits fondamentaux du peuple sahraoui.La bataille réussie des droits de l’Homme fragilise le Maroc accablé par le rapport de l’émissaire onusien et le verdict sans complaisance des organisations internationales, régionales et continentales, à l’image de HRW (Human Rights Watch), Amnesty, du rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, la délégation onusienne aux droits de l’Homme, Front Line, le Parlement européen, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. Toute la famille humanitaire unie dans la dénonciation des violations commises à l’encontre des populations sahraouies des territoires occupés.Dans un nouveau rapport, publié vendredi 19 avril 2013, l’ONG américaine, Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme (RFKennedy Center), est revenue sur l’urgence de la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental, relevée déjà dans un rapport préliminaire publié en septembre dernier à l’issue de la visite mouvementée de la délégation d’experts mondiaux et de juristes. « Des centaines de milliers de vies sont en jeu et nous ne pouvons pas attendre plus », a affirmé Mme Kennedy qui a déploré la persistance des violations marocaines « sous le regard des forces de la paix des Nations unies ». A l’approche de l’examen de la question sahraouie par le Conseil de sécurité, l’appel de RFKennedy Center conforte la « mesure historique » des Etats-Unis. « Si l’Onu veut faire valoir que les droits de l’Homme constituent un pilier de ses missions, les membres du Groupe des « Amis du Sahara occidental » et le Conseil de sécurité doivent créer un mécanisme au sein de la Minurso lui permettant de recevoir, d’enquêter et d’instruire les plaintes individuelles », précise le directeur des partenaires de RFKennedy, Santiago Canton.Au pied du mur, le Maroc vit le temps de l’isolement international davantage accru par le lâchage en règle de ses alliés les plus sûrs. Sur les traces de Washington, Paris n’entend pas bloquer le projet de résolution. L’agence Reuter à Londres, citant une source, a indiqué qu’il est « peu probable que la France, protecteur traditionnelle du Maroc au Conseil de sécurité de l’Onu, utilise son droit de veto une proposition américaine qui prévoit de confier au casques bleus la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental. Acculé dans ses derniers retranchements, Rabat fait feu de tout bois. Le Roi a convoqué le gouvernement, le Parlement et les forces politiques pour décréter le « consensus national » ébranlé par le consensus onusien en gestation. Il a procédé à l’annulation des manœuvres conjointes américano-américaines. Des délégations sillonnent les capitales pour tenter de vendre une cause abandonnée de tous.Le Royaume, présenté par le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, comme le terrain de prédilection de la drogue et « l’un des créateurs des mouvements terroristes qui activent dans la région du Sahel », est aux abois. Pour toute alternative, le recours à la diversion est la seule chose la mieux partagée pour cultiver la cécité politique et historique qui lui permet de continuer à ignorer ce que le monde reconnaît comme une réalité devenue incontournable.Horizons, 21 avril 2013 -
France-Sahara Occidental : la diplomatie du mensonge
Au moment où le Conseil de Sécurité entame les débats sur le Sahara Occidental, le représentant permanent de la France, Gérard Araud a déclaré à la presse qu’il « n’est pas au courant » de négociations sur le projet de résolution présenté par les USA proposant l’inclusion de la surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO.Le jour avant, le ministre des affaires étrangères espagnol a dévoilé l’opposition de la France et l’Espagne au projet de résolution américain sous prétexte qu’il n’est pas approuvé par le Maroc.C’est un projet de résolution présenté par les Etats-Unis au groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Espagne et Russie). C’est donc dans ce cadre que les discussions se tiennent. Ce projet est présenté pour adoption fin avril. La France n’en est pas aujourd’hui à dire si on va voter pour ou contre. La France en est à examiner le projet », a affirmé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Philippe Lalliot dans des déclarations rapportées par Xinhua News.Boukhari Ahmed a déclaré au site Press City que la France se trouve bien sûr, « derrière les coulisses ». -
Fondation Kennedy, le joker qu’on n’attendait pas
Si la question sahraouie est loin de trouver son épilogue, elle prouve au moins la validité de la théorie de Nietzsche, laquelle énonce que le diable est dans le détail. Et à propos du Sahara occidental, il n’y en a pas qu’un de nouveau.Mais plusieurs. Sinon comment expliquer que depuis son annexion manu militari au Maroc, jamais ce territoire et le débat politico-diplomatique qui le concerne depuis près de 40 ans n’ont reçu autant d’échos et d’appui auprès de la communauté internationale, et à plus forte raison à la Maison-Blanche. En effet, dans son dernier rapport mondial 2013, publié vendredi, sur la situation des droits de l’Homme, le département d’Etat n’a pas fait dans la dentelle pour dénoncer la politique liberticide et du reste répressive pratiquée par le Makhzen contre les Sahraouis. En matière des droits de l’Homme, il est catégorique, autant que l’est sont chef, John Kerry.S’agissant des indépendantistes sahraouis, le rapport qu’il a signé présente les autorités marocaines comme coupables d’actes de torture, de viols et de pratiques inscrites dans la chronicité coloniale : du jamais vu dans les positions américaines, qui, bien que jamais explicitement non alignées sur celles de Rabat, restaient depuis longtemps nuancées et n’accablaient pas le palais. Pour les observateurs de la scène internationale, la position de la diplomatie américaine marque un tournant vertigineux, dont l’explication se trouve sans doute dans la Fondation Robert Kennedy, les constats accablants qu’elle établit depuis plus de deux années sur la situation des droits de l’Homme en territoires contrôlés par le Maroc, et la relation de proximité dont elle jouit auprès du successeur de madame Hillary Clinton, dont l’administration n’a jamais eu des jugements aussi sévères.A l’issue de sa dernière visite, en août dernier, dans les territoires sahraouis occupés, puis dans les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie, la Fondation Kennedy a établi son rapport, dans lequel elle a dressé un véritable réquisitoire contre le Maroc, en dénonçant la politique de l’arbitraire. Etant proche des démocrates et du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, elle a su donner à la cause sahraouie une nouvelle audience après des Nations unies et du Conseil de sécurité. Elle est en passe de faire bouger les lignes si Washington parvient à faire admettre sa résolution d’élargir le mandat de la Minurso à la supervision des droits humains à Laâyoune et ailleurs dans les territoires occupés par Rabat. Et si, aussi, Paris n’oppose pas son veto, comme il est prédit. Selon Régine Villemont, secrétaire générale de l’association Les amis de la RASD, le nouveau son de cloche de Paris est celui d’un soutien et d’une aide à… l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross.Dans une déclaration faite hier à Reporters, Mme Villemont nous a fait part de la réunion qui s’est tenue vendredi au Quai d’Orsay entre le tissu associatif français en faveur du Sahara occidental et la sous-direction chargée de l’Afrique du Nord. Selon Mme Villemont, le mot d’ordre étant soutien et solidarité pour Christopher Ross, qui n’est pas en odeur de sainteté avec Rabat. Du côté officiel, notre interlocutrice a ajouté que tel que prononcé par M. Hollande à Rabat, il est fait cas de respect de la France au projet marocain dit d’autonomie, mais pas d’adhésion…Reporters.dz, 21 avril 2013