Année : 2013

  • Comment le Maroc s’est fait avoir par le "Groupe d’Amis du Sahara Occidental"

    Le Maroc continue à s’adonner à une véritable opération de désinformation sur la résolution 2099 sur le Sahara occidental adoptée, jeudi dernier, par le Conseil de sécurité de l’ONU. La résolution a été arrosée par le palais royal avec de la sauce makhzénienne.
    La décision d’annuler les manoeuvres conjointes des armées américaine et marocaine trahit un état d’esprit sur l’état des relations entre les deux pays. Rabat savait déjà que la position américaine sur le conflit du Sahara Occidental n’était plus favorable au Maroc. D’où la rapidité et la violence de sa réaction. 
    Certes, l’administration Obama n’a pas apprécié le mauvais traitement réservé par les autorités marocaines aux membres du Centre R.F. Kennedy lors de leur récent séjour au Sahara occidental pour enquêter sur les droits de l’homme. Certaines sources jugent l’initiative américaine d’élargir les compétences de la MINURSO comme une correction á l’attitude défiante du Maroc. Mais la réalité est bien différente, selon le site Inner Press City qui reprend les déclations de « deux diplomates bien placés ». 
    Selon eux, la proposition américaine était une réponse aux attaques marocaines contre l’Envoyé Personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, et la décision de Rabat de lui retirer sa confiance. Cela, ajoute le site, donne plus de sense au retrait de l’initiative. « C’était un message », conclue City Press.
    Son retrait a permis le passage doux d’une résolution consensuelle insistant sur l’amélioration la situation des droits de l’homme dans le territoire sahraoui.
  • La résolution du Conseil de Sécurité réécrite à la sauce marocaine

    Sahara occidental : Alger rejette les “interprétations” marocaines
    C’est connu le makhzen est champion dans la manipulation surtout quand il s’agit de l’Algérie. Mais il vient de dépasser les bornes en se permettant même de récrire à sa convenance le texte de la résolution onusienne sur le Sahara occidental.
    La déclaration de Abdelhak Lamrini, porte parole du cabinet de Mohamed VI, est en effet un morceau d’anthologie de contre vérité et d’interprétations très makhzenienne de la résolution pourtant très claire.
    Ce serviteur du roi a ainsi maladroitement interpellé l’Algérie de jouer un “rôle positif” dans le conflit sahraoui qui est décrit comme “régional”.
    Ces imputations et interprétations n’ont pas manqué de faire réagir les hauts responsables algériens qui ont répondu du tac au tac et déconstruit les appréciations «fallacieuses» du secrétaire du roi.
    Notre source n’a pas hésité à mettre le Palais Royal face à ses “mensonges”et ses “confusions”.
    “Cette déclaration évoque fallacieusement un différend régional alors que les deux parties en conflit sont clairement déterminées dans toutes les résolutions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée générale : à savoir le royaume du Maroc et le Front Polisario, en tant que seul représentant légitime du peuple sahraoui”, souligne un haut responsable. Il en veut pour preuve ” qu’à aucun moment la résolution de l’ONU n’a fait référence à une autre partie”.
    Et d’ajouter que “l’interpellation de l’Algérie est totalement arbitraire et injustifiée: elle se fonde sur une lecture volontairement biaisée et tendancieuse. Le nom de l’Algérie n’est évoqué nulle part dans la résolution car il revient, à titre principal, aux parties en conflit et non pas aux pays voisins, à s’impliquer plus résolument pour mettre fin à l’impasse actuelle”.
    La résolution réécrite à la sauce marocaine
    Notre source estime également que “ces tentatives d’impliquer l’Algérie à travers une telle lecture, dont le caractère erroné et unilatéral n’échappe à personne, resteront, comme par le passé, vaines et sans lendemain”
    Sur un autre registre, le haut responsable regrette que le Palais royal mette en avant la prétendue «prééminence» de l’initiative sur l’autonomie comme base de travail du Conseil de sécurité.” En vérité, le conseil de sécurité met, systématiquement et dans toutes ses résolutions, sur le même pied d’égalité la proposition marocaine et celle présentée par le Front Polisario au Secrétaire Général de l’ONU, le 10 avril 2007 », précise-t-il.
    Contre vérités
    Aussi, s’agissant de la déclaration du porte parole du Mohamed VI selon laquelle la résolution de l’ONU ne met pas en demeure le Maroc sur le respect des droits de l’homme dans les territoire occupés, le responsable algérien remet les mots sur les maux : Le Conseil de sécurité, dit-il, «souligne l’impérieuse nécessité d’améliorer la situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés ». Et de rappeler que la résolution onusienne engage les deux parties à «collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international».
    Enfin, le responsable algérien tient à rejeter «tout amalgame factice et tout lien artificiel établi entre la question du Sahara occidental, qui est et demeure une question de décolonisation reconnue et enregistrée en tant que telle par l’ONU, et le contexte sécuritaire régional ou la coopération sous régionale au niveau du Maghreb qui ne peuvent pas servir de prétextes à un déni de justice».
    Voilà qui est clair en attendant une prochaine attaque marocaine, et une autre réaction algérienne…
    Algérie1, 27 avril 2013
  • Un non-lieu à l’ONU

    Il faut voir la joie de la délégation marocaine aux Nations Unies, le 25 avril, pour le croire :
    Est-ce qu’ils ont obtenu la libération d’un des leurs ? Un prix honorifique récompensant leur pays pour son courage, sa compétence, sa vertu ? Ont-ils appris la victoire de leur équipe nationale de football ?
    Non, ils ont obtenu que la mission des Nations Unies au Sahara Occidental ne surveille pas les droits de l’homme dans ce territoire que le Maroc a annexé et occupe depuis 1975… N’est-ce pas une belle victoire en effet ? Parce que, c’est bien connu, les ONG telles Amnesty International ou Human Right Watch « instrumentalisent la question des droits de l’homme », comme l’a dit Mohammed VI, quand elles dénoncent les tortures que subissent les Sahraouis détenus avec ou sans jugement, ou simplement enlevés au coin d’une rue.
    Des civils sahraouis condamnés à perpétuité par un tribunal militaire qui n’offre aucune possibilité d’appel, et alors qu’aucune preuve n’a pu être apportée de leur culpabilité (jugement du 17 février dernier à Rabat), qu’est-ce en effet sinon une occasion d’« instrumentaliser » les droits de l’homme ?
    Cette joie, c’est celle de l’avoir échappé belle.
    Car les États-Unis ont failli faire passer une résolution réclamant cette surveillance des droits de l’homme par la Mission des Nations Unies, au Sahara Occidental occupé par le Maroc comme dans les camps de réfugiés de Tindouf administrés par le Front Polisario (lequel, au passage, ne s’est pas offusqué d’une telle initiative…, n’avait-il rien à cacher ?).
    Pour le Maroc, le danger était triple :
    – celui de mettre en lumière le système répressif qu’il a instauré depuis tant d’années, avec tous ces vieux réflexes de brutalité qu’il est si difficile de faire disparaître (qui sont les mêmes au Maroc contre le peuple marocain, mais avec un petit plus au Sahara, parce que l’on a vraiment pas de gants à prendre avec des gens que l’on colonise et, qui plus est, qui ne veulent pas être colonisés !) ;
    – celui justement de voir la liberté d’expression des Sahraouis s’établir sous les yeux de l’ONU, les manifestations de rue pro-indépendance se multiplier ;
    – celui, surtout, de voir s’écrouler la fiction de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, et ainsi de perdre la face aux yeux de son propre peuple. Le peuple marocain que le régime alaouite a entraîné dans ce « pacte faustien » énoncé par Moulay Hicham, le cousin du roi : « En échange de ses provinces du Sud, la Nation a vendu son âme à une monarchie prétendument éternelle » ; et perdre la face, c’est perdre la légitimité.
    Il y avait bien péril en la demeure…
    …du roi, mais comme tout le monde est lié, le péril était aussi dans la maison de la classe politique du royaume,
    et, au-delà, chez tous les amis qui ont tant d’intérêts à voir le Royaume enchanté perdurer : la France bien sûr, mais aussi l’Espagne qui a vendu le Sahara au Maroc en 1975 contre 30 % des revenus des phosphates de Boucrâa, et qui a besoin aujourd’hui de développer ses échanges commerciaux et sécuritaires avec son voisin du Sud.
    La France, celle de Hollande. Comme elle n’aurait pas pu, idéologiquement, opposer son veto à une résolution présentée par les Etats-Unis demandant la surveillance par l’ONU des droits de l’homme dans le territoire, elle a préféré, avec l’aide de l’Espagne et dit-on de la Russie (!), négocier un texte qui certes fait mention du respect nécessaire des droits humains au Sahara Occidental, mais qui est assorti de félicitations au Maroc pour le « dialogue qu’il entretient avec les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU » (n’est-ce pas la moindre des choses ?), bref, de la pommade sur le pauvre petit cœur du Maroc…
    Le plus inquiétant dans le texte approuvé à l’unanimité par le Conseil de Sécurité le 25 avril, c’est le parti pris en faveur de ce dernier pays : « Se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller vers un règlement… » (Quels sont-ils ? On ne le saura pas), alors que le Polisario n’a pas droit à de tels compliments : le Conseil se contente de prendre « note également de la proposition du Front Polisario présentée au Secrétariat général le 10 avril 2007 ». Il est vrai que continuer à réclamer l’application d’un référendum d’autodétermination pour les Sahraouis (soumettre à leur choix les options d’indépendance, d’autonomie à l’intérieur du Maroc ou d’annexion pure et simple) ce n’est pas faire « des efforts crédibles pour aller vers un règlement » !!! La mission de l’ONU, la MINURSO, s’appelle pourtant bien la « Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental »…
    Quand on lit entre les lignes, on voit bien que l’option du référendum n’est plus retenue par le Conseil : celui-ci incite les « parties » (le Maroc et le Polisario) à « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principesénoncés dans la Charte des Nations Unies… ». Arrangements, cela ne veut pas dire référendum. Cela veut dire la petite autonomie discrétionnaire que le Maroc veut bien, dit-il, accorder aux gens du Sahara Occidental (à condition qu’ils ne s’expriment pas sur leur volonté éventuelle d’indépendance). Il n’y a pas d’équilibre dans cette résolution du Conseil.
    Alors pourquoi les États-Unis ont-ils accepté de retirer leur projet, qui était une proposition de principe claire et juste, pour ce galimatias?
    Difficile de se mettre à leur place, évidemment. Mais on peut repenser au péril en la demeure du roi évoqué plus haut.
    Quand on passe en revue tous les articles émis par la presse marocaine indépendante – il y en a une sur Internet, et fort intéressante –, on voit bien qu’il y a plein de choses qui ne vont pas : la situation économique, assez catastrophique, d’une part, et la situation politique. Car le PJD, au gouvernement depuis plus d’un an, n’a pas fait la preuve de sa compétence, et il vient de se faire humilier proprement dans le traitement de l’affaire du Sahara (voir http://fr.lakome.com/index.php/chroniques/666-l-humiliation ). Après avoir usé tous les pans de son opposition en les amenant aux responsabilités gouvernementales (USFP puis PJD), après avoir vainement tenté de promouvoir un parti croupion comme le PAM, que reste-t-il au régime alaouite comme perspective politique ? Pas grand-chose semble-t-il.
    C’est cela qui peut faire peur, y compris aux États-Unis, et les décider à sauver le soldat Maroc. Et tant pis pour le peuple sahraoui ?
    Niko

  • Les EEUU réculent et le Sahara Occidental reste sans mécanisme de surveillance des droits de l’homme

    Un projet de résolution sur le Sahara Occidental présenté par l’ambassadrice américaine auprès des Nations Unies a fait sonner l’alarme à Rabat la semaine dernière. L’initiative américaine envisageait d’élargir le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) pour qu’il puisse surveiller le respect des droits de l’homme par le Maroc mais aussi par le Front Polisario, qui contrôle la frange orientale de ce territoire et les camps de réfugiés de Tindouf (l’Algérie).
    Cette initiative, applaudie par des prestigieuses ONG de droits de l’homme tels qu’Amnesty International et Human Rights Watch, a été rejetée par la France, la Russie l’Espagne et, bien sur, par le Maroc qui a même annulé un exercice militaire conjoint avec les États Unis.
    La résolution qui a été finalement adoptée est un triomphe diplomatique de Rabat, qui avait dénoncé une ‘instrumentalisation des droits de l’homme’, avec le soutien de quelques ONGs. Il s’agit d’une résolution diluée et édulcorée qui élargie le mandat de la mission de l’ONU mais qui la préserve comme une des rares missions de l’ONU dans le monde sans mandat dans le domaine des droits de l’Homme.
    Le conflit du Sahara remonte à 1975, quand une Espagne en transition n’as pas été capable de gérer la perte d’une colonie qui pendant presque quarante ans a lutté a la fois militairement (jusqu’en 1991) et diplomatiquement. En effet, le Front Polisario a du lutter au début contre le Maroc et la Mauritanie, une guerre pour laquelle avait le soutien de l’Algérie. L’absence d’une solution pour ce conflit qui dure déjà presque quarante ans a deux causes essentielles : les positions antinomiques des Marocains et des Sahraouis, d’une part, et les enjeux économiques et géopolitiques d’autre part (1).
    En effet, le Maroc s’est toujours opposé à tout processus référendaire basé sur l’autodétermination et les positions restent irréconciliables. L’ « autonomie » que le Maroc offre est rejetée par les sahraouis qui se sont même engagés, en cas d’indépendance, à offrir au Maroc des avantages sur le plan économique et culturel.
    Concernant les enjeux économiques, le Sahara Occidental est un territoire très riche en phosphates (le territoire possède les deuxièmes réserves mondiales après la Chine) et en ressources halieutiques (pêche) . L’Union Européenne participe à cette exploitation, grâce à l’accord de pèche avec le Maroc. En outre, il faudrait y ajouter des futurs revenus de pétrole, qui sont en ce moment en cours de prospection.
    Les enjeux géopolitiques sont diverses et ils ont beaucoup évolué depuis le commencement du conflit, en particulier la position des États Unis, qui veulent actuellement voir ce conflit résolu le plus tôt possible. En effet, si au début, l’évolution de la Guerre Froide marquait le rythme du conflit, aujourd’hui c’est la lutte antiterroriste au Maghreb-Sahel qui pousse les américains à trouver une solution.
    Pour l’instant, sa dernière initiative n’a pas été bien accueillie par le reste des acteurs.
    Félix Pernas Ramírez
    (1) LE CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL : ENJEUX REGIONAUX ET INTERNATIONAUX. YAHIA H. ZOUBIR
    http://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/art_yz.pdf
    MEDEA, 27 AVRIL 2013
  • Sahara occidental : le coup de force de la France et de la Russie

    Une vicitime de l’intervention policière marocaine à El
    Aaiun contre des manifestants sahraouis qui
    manifestaient pour célébrer la Résolution 2099 du 
    Conseil de Sécurité de l’ONU
    La France et la Russie sont finalement parvenues à faire vider le projet de résolution américain sur le mandat de la Minurso de sa substance essentielle portant sur l’élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme dans l’ancienne colonie espagnole.
    Washington a fini par céder aux pressions de ces deux pays en acceptant de remanier fondamentalement le texte originel qui ne fait plus mention de l´octroi de cette mission à la Minurso, ni même de la mise en place d’un quelconque autre mécanisme onusien à cet effet.
    Sans faire valoir le droit de veto
    Seuls le Royaume-Uni et la Chine n’ont apparemment pas formulé d´objection sur l’initiative présentée par l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Susan Rice, au groupe des Amis du Sahara occidental, composé des Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine, en plus de l’Espagne en sa qualité d’ancienne puissance coloniale du territoire sahraoui. La France et la Russie, avec la complicité discrète de l’Espagne qui ne voulait pas trop se mettre en avant, ont donc réussi à faire avorter le projet sans être obligées d’aller jusqu’à l’usage du droit de veto. A la fin de la semaine dernière, Mme Susan Rice avait présenté, une première fois, un nouveau texte suggérant d´élargir au Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) la mission de surveillance des droits de l´homme au Sahara occidental. Même cette alternative à la Minurso, «plus souple» aux yeux des observateurs et qui pouvait favoriser le consensus au sein du groupe, n´a pas été acceptée par Paris et Moscou, pour des raisons qui leur sont propres. Pourtant, cet organisme onusien (le HCR) ne dispose pas des mêmes moyens de surveillance sur le terrain qui sont aux mains de la Minurso.
    Une simple référence au respect des droits de l´homme 
    Le Conseil de sécurité de l´ONU, dont les travaux ont été ouverts le 22 avril, a donc été saisi d´un texte sans consistance qui se limite à recommander d´«encourager le respect des droits de l´homme» dans l´ancienne colonie espagnole. Toutes les modifications introduites par Mme Rice auront suscité la colère de Rabat dont le vice-ministre des Affaires étrangères, Youssef Amrani, qui a protesté, mardi, contre «ce qu´il a appelé une violation de la souveraineté» de son pays à travers une initiative «qui fait le jeu d´une organisation terroriste», en allusion au Front Polisario. Parallèlement à l´activisme diplomatique de la France, derrière lequel s´est confortablement retranchée l´Espagne, le roi Mohammed VI avait dépêché, ces derniers jours, le ministre des Affaires étrangères, Saadine El Othmani, le patron des services de renseignements,Yassine Mansouri, et son proche conseiller et ami Fassi Fihri, à Moscou, Londres et Pékin, des capitales de pays membres du groupe des Amis du Sahara occidental supposées soutenir l´initiative américaine. Usant du double langage, la diplomatie espagnole était acquise à la démarche marocaine depuis la visite effectuée par M. Youssef Amrani au début du mois à Madrid pour tenter de convaincre le gouvernement Rajoy de ne pas soutenir l´initiative américaine.
    Entre les intérêts et la crainte des représailles
    L´annulation à l´initiative de Rabat – en représailles contre l´initiative de Washington – des manœuvres militaires conjointes pour 2013 entre le Maroc et les Etats-Unis a fait réfléchir l´Espagne. Ce pays, qui a délogé la France de la première place des clients du Maroc, a choisi la préservation de ses intérêts économiques à ses responsabilités historiques envers son ancienne colonie. Le ministre des Affaires étrangères, Gracía-Margallo, soutenait, encore récemment devant le congrès des députés la mise en place d’un mécanisme sur la surveillance des droits de l´homme au Sahara occidental. Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait sans difficultés adopter à l´unanimité de ses quinze membres le projet de résolution américain, à la fin du mois d´avril. Que sera donc la réaction de la Fondation Kennedy qui a bataillé jusqu´au bout pour la surveillance des droits de l´homme au Sahara occidental ? Le Parlement européen aura sans doute son mot à dire à ce propos. Quant aux organisations humanitaires internationales, qui avaient applaudi l´initiative américaine, elles ont déjà eu un début de réaction même si elles préfèrent attendre la réponse finale du Conseil de sécurité. Pour Eric Goldstein de Human Righs Watch (HRW) il est scandaleux que les Etats-Unis aient «cédé aux pressions marocaines».
    Les Echos d’Algérie, 25 avril 2013
  • Santiago Jiménez : "Obama est sensible à la protection des droits de l’homme au Sahara"

    Fatma Daoudi, victime de la répression du 26 avril 2013. La police marocaine
    lui a coupé les doigts qui faisant signe de victoire.
    L.T.A : Comment expliquez-vous l’initiative engagée par les Etats-Unis en faveur de l’élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental sachant que le Maroc est leur allié traditionnel ? 
    Santiago Humberto Jimenez : L’attitude des Etats-Unis s’explique, d’une part, par une plus grande sensibilité de l’Administration Obama et de son actuel Secrétaire d’Etat John Kerry par rapport à la légitimation et à la protection des droits de l’homme, conformément aux principes de base du droit international. Elle s’explique, d’autre part, par les pressions exercées sur les Etats-Unis, à travers la publication des rapports (sur la situation au Sahara occidental), par les Nations unies et par le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme animé par Mme Kerry Kennedy, la fille de Robert Kennedy. Ces informations convergent avec les propres conclusions du Représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et avec celles de membres de l’ambassade des Etats-Unis à Rabat. Toutes ces informations ressortent dans le rapport du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon au Conseil de sécurité. L’entretien de l’alliance traditionnelle des Etats-Unis avec le Maroc ne passe pas nécessairement par un soutien aveugle des Etats-Unis aux thèses marocaines, à plus forte raison quand elles n’avancent pas vers la recherche de solutions (au problème du Sahara) mais prolongent plutôt le statu quo, favorable au Maroc, qui engendre un climat de tension et de déstabilisation de la région. 
    Pourquoi donc Susan Rice a-t-elle modifié son projet de résolution ? 
    Comme vous le savez, il est nécessaire que la proposition formulée par ledit groupe des Amis du Sahara, dont peu d’entre eux, soit dit au passage, sont vraiment capables de ce sentiment d’amitié et sont disposés à favoriser les instruments de médiation, mais sont, en revanche, plutôt soucieux de la sauvegarde des intérêts des grandes puissances, soit consensuelle et acceptée par tous ses membres. Les réticences de l’Espagne et la fermeté de la France et de la Russie ont imposé la recherche de solutions alternatives. La modification introduite ne faisait que la recommandation générique d’exprimer la préoccupation de tous pour le respect des droits de l’homme et d’octroyer la mission de surveillance des droits de l’homme au HCR. Or cet organisme n’a pas la compétence, ni d’ailleurs les moyens d’accomplir une tâche de cette importance, et encore moins la capacité opérationnelle face à d’éventuelles violations des droits de l’homme qui, il faut le rappeler, se produisent quotidiennement sous silence de la communauté internationale. C’est là que se situe la coupable responsabilité de tous. 
    François Hollande semble avoir emboîté le pas à la droite française qui soutient l’occupation du Sahara !
    A mon avis, s’il y a un changement dans le discours du gouvernement Hollande, dans la pratique il n’y a rien de changé. La France continue de défendre à outrance ses intérêts au Maroc, à travers la protection d’un fidèle allié de la francophonie face au peuple sahraoui qui n’a jamais accepté la domination française sur la région. Durant la période coloniale, il avait opté pour un rapprochement de l’Espagne, ce que la France a perçu comme un acte d’animosité envers elle. D’où la vision répandue que ce peuple a été placé sous protection de l’Algérie avec laquelle la France n’a même pas été capable de panser les blessures du passé et de s’engager dans une politique mutuelle de respect et de convivialité. Tant que la France n’opérera pas avec audace un changement dans ses positions sur le Maghreb pour qu’elles soient plus équilibrées et continuera d’user de son droit de veto aux Nations unies, il ne faudra pas espérer de solution juste, équitable et conforme au droit international pour la question du Sahara occidental.
    Par quoi peut s’expliquer la position de la Russie qui soutient, pourtant, le droit à l’autodétermination du Sahara ?
    Je ne suis pas un expert de la politique russe. Je ne dispose pas d’éléments pour faire une évaluation objective à ce propos. Il me semble, toutefois, que la Russie (qui s’est opposée à la proposition américaine aux côtés de la France) a voulu, d’une part, préserver des intérêts économiques concrets, dans le secteur de la pêche notamment, avec la présence de sa flotte dans la zone située entre les Canaries et le Sahara d’où elle a été sommée de lever l’ancre par les organisations non gouvernementales qui défendent la préservation des ressources naturelles du Sahara occidental. D’autre part, au plan politique, la Russie s’est opposée à l’initiative américaine pour empêcher les Etats-Unis de jouer un rôle protagoniste dans la région avec de possibles répercussions sur la politique globale au Sahel et au Sahara et, dans une plus large mesure, en Afrique et dans le monde entier. 
    Selon la presse espagnole, l’Espagne développe un double langage. Margallo soutient que la mission de surveillance des droits de l’homme par la Minurso «n’est pas fiable». Qu’en pensez-vous ?
    S’agissant de la question sahraouie, tous les gouvernements espagnols, y compris celui d’aujourd’hui, se sont retranchés derrière un langage ambigu, et n’ont pas mené d’action adéquate au règlement de ce conflit. Cette attitude qui se prolonge encore s’explique par des intérêts géostratégiques du puissant lobby pro-marocain et la défense d’intérêts particuliers au détriment de ceux de l’Etat en tant que collectivité. Les politiques de groupe ou de faction s’opposent aux grands principes et aux intérêts généraux. L’Espagne a éludé ses responsabilités légales comme puissance administrative au Sahara occidental et les engagements pris en matière de décolonisation de ce territoire. Toute autre attitude favorise la conquête militaire et l’annexion de l’ex-colonie espagnole par le Maroc qui refuse au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination et de disposer de son destin. Ceci dit, je ne crois pas que M. Margallo (le ministre espagnol des Affaires étrangères) ait insinué (comme l’a rapporté la presse) que la Minurso est un organisme inefficace, au moment où son mandat est prorogé d’une année. L’idée est que les droits des Sahraouis ne doivent pas être protégés et doivent rester soumis à l’arbitraire de la justice de l’occupant, soumis donc à la domination des autres et non pas garantis par la justice et le droit. Les craintes du gouvernement Rajoy sont, en définitive, les mêmes que celles de tous les gouvernements qui l’ont précédé depuis 1975 (date de la mort du général Franco), avec quelques nuances peu significatives. Le problème de Ceuta et Melila, le trafic de drogue vers l’Europe à travers des routes africaines, la collaboration dans la lutte contre le terrorisme, spécialement le terrorisme djihadiste, sont autant de raisons qui expliquent cette attitude passive et peu responsable. Ni les préoccupations pour les droits de l’homme, ni l’aide au développement ou dans les cas de catastrophe, ni la garantie de la sécurité internationale ne doivent être soumises au jeu des intérêts des Etats, mais doivent dériver de la pratique commune du respect, de la solidarité et du soutien mutuel en cas de danger. Toute autre attitude commue à la communauté internationale d’aujourd’hui ne fera qu’accroître les tensions et les malentendus dans un monde où priment la convivialité et le bien-être de tous.
    Santiago Humberto Jimenez est professeur à l´Université de Santiago de Compostelle 

    Les Echos d’Algérie, 27 avril 2013
  • La résolution du Conseil de sécurité a le mérite de s’attacher à l’autodétermination (F. Polisario)

    NEW YORK – La nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental a le mérite de souligner ’’l’attachement du Conseil au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination comme fondement de la solution politique au conflit créé par l’occupation marocaine’’, a déclaré à l’APS le représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari.
    Cette déclaration du représentant sahraoui vient en réaction à l’adoption jeudi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution sur le Sahara occidental dans laquelle cet organe de décision des Nations unies a réitéré son appel à une ’’solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental’’, tout en soulignant ’’l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme’’ au Sahara occidental occupé par le Maroc.
    Prenant note de cette résolution, M. Boukhari a observé que la question des droits de l’homme avait occupé une ’’grande place’’ dans le débat qui a eu lieu entre les membres du Conseil de sécurité et dans les médias.
    Il a également rappelé que cette question avait été au centre des recommandations du rapport du secrétaire général de l’ONU comme elle avait été mise en relief par l’initiative des Etats-Unis visant l’élargissement du mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) pour y inclure l’observation et le suivi de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental occupé.
    A ce propos, il a soutenu que l’initiative américaine, en cohérence avec la position officiellement exprimée par l’Union africaine et par des pays membres et non membres du Conseil de sécurité, avait été ’’une contribution louable aux efforts que déploient, depuis de nombreuses années, des institutions et organisations internationales crédibles pour mettre fin aux violations graves des droits de l’homme que le Maroc perpètre dans la partie occupée du Sahara occidental’’.
    Dans ce cadre, a-t-il poursuivi, ’’il est patent que la panique, qui s’est emparée du Maroc devant la possibilité que le Conseil de sécurité élargisse les prérogatives de la MINURSO, prouve bel et bien l’existence de graves violations des droits de l’homme que le Maroc veut cacher à la communauté internationale’’. Mais pour le représentant sahraoui à l’ONU, ’’l’impunité ne peut perdurer’’.
    Saluant la démarche du gouvernement américain, M. Boukhari a indiqué que le Front Polisario espère que ’’l’esprit et l’objectif de l’initiative des Etats-Unis primeront dans l’avenir’’ et, partant de là, que le Conseil de sécurité ’’mette ainsi un terme à la politique des deux poids deux mesures en matière des droits de l’homme au détriment du peuple sahraoui, qui porte atteinte à la crédibilité’’ du Conseil.
    Sur ce point, il est à souligner qu’en dépit du retrait de l’initiative américaine de l’avant-projet de résolution du Conseil, qui prévoyait l’introduction au sein de la MINURSO du mécanisme de la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental occupé, l’organe de décision de l’ONU a souligné dans sa résolution « l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental » par les autorités marocaines et a appelé « à élaborer et à appliquer des mesures indépendantes et crédibles pour assurer le plein respect des droits de l’homme » des Sahraouis.
    Par ailleurs, M. Boukhari a estimé que la résolution du Conseil avait le mérite de souligner son ’’attachement au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination comme fondement de la solution politique au conflit créé par l’occupation marocaine’’.
    Aussi, selon lui, elle offre à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, ’’tout l’appui aux efforts qu’il entreprend pour l’avènement d’une solution juste qui demeure une nécessité, à la fois, pour le peuple sahraoui, victime de l’occupation coloniale marocaine, et pour toute la région du Maghreb ainsi que pour l’ONU dont les nobles principes et résolutions sont violés par la poursuite du conflit’’.
    Dans ce contexte, le représentant sahraoui a affirmé que le peuple sahraoui, convaincu de la justice de sa cause et du soutien de la communauté internationale à son droit inaliénable à l’autodétermination et indépendance, ’’poursuivra sa légitime lutte pour la liberté et la dignité’’.
    Inscrit depuis 1964 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc lequel est soutenu par la France.
    APS, 26 avril 2013
  • Le Conseil de Sécurité prorroge le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2014

    Un vol organisé par le HCR entre Laayoune au Sahara

     occidental et et Tindouf en Algérie pour permettre aux 

    familles des réfugiés de se réunir Photo: UNHCR

    New York, Apr 25 2013. – Le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé jeudi de proroger d’un an le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu’au 30 avril 2014.

    Le Conseil de sécurité, par la résolution 2099 (2013), adoptée à l’unanimité, a demandé à toutes les parties de « coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interaction avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat, au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’;exécution de leur mandat ».


    Les membres du Conseil ont également demandé aux parties de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, « sans conditions préalables et de bonne foi », en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.


    « Le Conseil affirme son soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et à l’action qu’il mène pour faciliter les négociations entre les parties, et se félicitant à cet égard des initiatives qu’il a prises récemment et des consultations qu’il mène actuellement avec les parties et les États voisins », a précisé la résolution.


    Les membres du Conseil de sécurité ont salué l’application du programme renforcé de protection des réfugiés élaboré par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en coordination avec le Front Polisario et qui comprend des activités de formation et de sensibilisation aux droits des réfugiés et aux droits de l’;homme.


    Le Conseil de sécurité s’est également félicité des mesures que le Maroc a prises pour renforcer les commissions du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et Laâyoune et du dialogue qu’il entretient avec les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.


  • L’ONU demande « des mesures indépendantes et crédibles » pour protéger les droits de l’homme

    Le Conseil de Sécurité vient d’adopter la résolution autorisant le prolongement pour un an du mandat de la Minurso. Il souligne la nécessité de « mesures indépendantes et crédibles » pour protéger les droits de l’homme mais ne prévoit aucun mécanisme international au Sahara et à Tindouf.
    Le Conseil de Sécurité a adopté ce jeudi à New York une résolution autorisant le prolongement pour une année du mandat de la Minurso («Mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental»). Le texte final est quasiment le même que l’année dernière, appelant les deux parties à poursuivre leurs efforts en vue de «parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies».
    Au Maroc, cette résolution est perçue comme une « victoire ». Un communiqué lu par le porte-parole du Cabinet royal, Abdelhak Lamrini, indique que « Le Royaume du Maroc prend note avec satisfaction de cette résolution qui confirme, avec vigueur, les paramètres incontournables de la solution politique, préserve fortement les perspectives d’une relance prometteuse des négociations et clarifie, de manière précise et définitive, le cadre de traitement des autres aspects de ce différend régional. »
    « Mettre au point et appliquer des mesures crédibles et indépendantes »
    Concernant les droits de l’homme, objet des négociations ces derniers jours, la résolution du Conseil de Sécurité souligne « qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf ». Comme l’année dernière, le Conseil juge que ces droits ne sont pas respectés. Il engage « les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international ». 
    Après la marche arrière des Etats-Unis ces derniers jours, aucun mécanisme international de surveillance n’est toutefois évoqué dans la résolution finale. 
    Libre accès de la Minurso
    La Conseil de Sécurité redemande de prendre en considération sa requête pour un recensement des réfugiés sahraouis de Tindouf. Il appelle également les deux parties à coopérer pleinement avec la Minurso, notamment en respectant la libre interaction entre la Mission et ses interlocuteurs et en lui accordant un accès immédiat et sans entrave dans le cadre de son mandat. C’est le Maroc qui semble ici visé, après les accusations d’espionnage portées officiellement par Ban Ki Moon en 2012 contre Rabat et l’interdiction d’accès au camp de Gdim Izik en 2010. Si les drapeaux marocains qui entouraient le bâtiment de la Minurso à Laâyoune ont tous (sauf un) été retirés récemment, le problème des plaques d’immatriculation des véhicules de la Minurso est aujourd’hui toujours en cours de négociations (Rabat leur impose des plaques marocaines sur la partie du territoire contrôlée par Rabat, une mesure contraire au règlement de l’ONU).
    « Réalisme et esprit de compromis », comme en 2008
    La résolution votée aujourd’hui par le Conseil de Sécurité demande aussi au Maroc et au Polisario d’appuyer la recommandation faite par le Conseil en 2008, selon laquelle « il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis afin de maintenir l’élan imprimé au processus de négociation».
    Un câble diplomatique américain publié par Wikileaks et daté d’avril 2008 révèle que cette résolution était en fait le fruit d’un désaccord entre les Etats-Unis et la France : le gouvernement Bush souhaitait accélérer la résolution du conflit en qualifiant l’option d’indépendance d’ «irréaliste». Les Français avaient toutefois refusé de soutenir cette proposition à cause, selon les diplomates américains, du poids du lobby algérien en France.
    Lakome, 25 avril 2013
    Lire ici le projet final de résolution US adopté aujourd’hui par le Conseil de Sécurité (en français)
  • Résolution sur le Sahara occidental: Un avertissement en termes très édulcorés

    Le Conseil de sécurité a encouragé jeudi le Maroc à mieux respecter les droits de l’Homme au Sahara occidental mais sans charger la mission de l’ONU sur place d’enquêter dans ce domaine comme le voulait Washington.
    La résolution adoptée jeudi à l’unanimité « encourage les parties à poursuivre leurs efforts respectifs pour promouvoir et protéger les droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf » (Algérie). 
    Elle prolonge, comme tous les ans, le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso), jusqu’au 30 avril 2014.
    Les Etats-Unis avaient d’abord présenté un texte qui, pour la première fois, chargeait la Minurso de « surveiller et de faire un rapport sur » le respect des droits de l’Homme, au grand dam des Marocains. La proposition américaine défendue par l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, était pourtant en cohérence avec les pratiques onusiennes. La Minurso est en effet la seule mission de l’ONU n’incluant pas de volet sur les droits de l’homme. 
    Ceux-ci avaient réagi très vivement, allant jusqu’à reporter sine die un exercice militaire conjoint avec des soldats américains et faisant intervenir leur lobby auprès du Groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Espagne). 
    Finalement Washington a renoncé à inclure les droits de l’Homme dans le mandat de la Minurso. La proposition américaine défendue par l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, était pourtant en cohérence avec les pratiques onusiennes. La Minurso est en effet la seule mission de l’ONU n’incluant pas de volet sur les droits de l’homme. 
    Loin d’être une victoire remportée par la diplomatie marocains, la nouvelle résolution est un avertissement en termes très édulcorés.