Mois : novembre 2013

  • Mohammed VI et les dictateurs africains risquent d’être chahutés à Paris

    EN PRÉVISION DU SOMMET « POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE À PARIS
    Un «contre-sommet» annoncé pour dénoncer la politique française
    LE SOMMET sur la paix et la sécurité en Afrique, prévu les 6 et 7 décembre à l’Elysée – Paris – risque d’être perturbé. Une dizaine de partis politiques français et d’associations dont «Survie et Sortir du colonialisme» ont en effet décidé de le «chahuter», en organisant un «contre-sommet» pour contester la venue à Paris de «dictateurs africains dont le roi du Maroc». Ce «contresommet » se déclinera sous deux
    événements : un «Tribunal citoyen», le mercredi 4 décembre, qui traitera la question du Sahara occidental avec la participation de Bachir Moutik,
    représentant en France de l’Association des familles des prisonniers disparus sahraouis. Selon les organisateurs, le «Tribunal citoyen de la Françafrique» visera à établir un bilan de 50 ans de «françafrique et d’interventions françaises sur le sol africain».
    Le lendemain, un rassemblement inter-organisations est prévu place de la République pour dire que «la paix en Afrique ne doit pas se décider à
    l’Elysée avec des dictateurs». Un des organisateurs a affirmé qu’ils vont «demander, à cette occasion, l’annulation du sommet, la fin du soutien diplomatique, économique, militaire, policier et des ventes d’armes aux régimes répressifs ainsi que la suppression des bases militaires françaises en Afrique».
    Selon le secrétaire du Comité pour le respect des libertés et droits humains au Sahara occidental (Corelso), Jean-Paul Le Marec, le mouvement
    associatif de solidarité avec la lutte du peuple sahraoui est «directement concerné» par la manifestation puisque, a-t-il affirmé, le gouvernement français «continue de soutenir le Maroc qui poursuit sa politique de répression dans les territoires occupés, condamne des militants sahraouis à de très longues peines de prison et refuse la mise en oeuvre du référendum d’autodétermination».
    Pour rappel, un sommet «Pour la paix et la sécurité en Afrique» est attendu les 6 et 7 décembre à Paris, en présence d’une quarantaine de
    dirigeants africains, du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, celui de la
    Commission européenne, José Manuel Barrosso, ainsi que la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma. Il sera consacré aux questions de défense et de sécurité dans le continent, qui feront l’objet d’une première table ronde à huis clos le 6 décembre, au cours de laquelle les participants examineront les menaces qui pèsent sur l’Afrique, dont le terrorisme, la piraterie et la sécurité des frontières.
    Y. M.
  • Sahara Occidental : La délation érigée en diplomatie par le Maroc

    Jalousie, envie, haine, sont exactement les sentiments qui animent les dirigents marocains envers l’Algérie à cause de sa défense du principe d’autodétermination au Sahara Occidental.
    Selon Wikipedia, la délation désigne une dénonciation méprisable et honteuse. Elle consiste à fournir des informations concernant un individu, en général à l’insu de ce dernier, souvent inspiré par un motif contraire à la morale ou à l’éthique et donc honteuse.
    Tournée contre un individu ou un groupe d’individus, ajoute la même source, la délation est faite par un délateur, individu ou groupe de personnes, pour son gain propre (s’enrichir et accaparer les biens d’autrui) ou pour lui nuire de manière malveillante (jalousie, envie, haine). 
    Jalousie, envie, haine, sont exactement les sentiments qui animent les dirigents marocains envers l’Algérie à cause de sa défense du principe d’autodétermination au Sahara Occidental.
    La jalousie a été révélée par une note diplomatique américaine du 18 mai 2007 sur une rencontre entre l’assistante du président américain pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend et Khalid Zerouali, responsable de la sécurité des frontières marocaines au ministère de l’Intérieur qui « s’est hérissé » lorsque les responsables américains ont cité l’Algérie comme « un modèle » dans la lutte anti-terroriste en Afrique du Nord. Pour Zerouali, « le Maroc est beaucoup plus stable et sûr alors que je ne peux pas voyager d’Alger à Oran sans crainte ».
    La haine que le régime marocain voue à l’Algérie est palpable dans l’animosité qui caractérise les citoyens marocains envers l’Algérie et dans les discours officiels, même ceux du roi Mohammed VI, qui pointent l’Algérie à chaque que l’échec de leur politique se met en évidence aux yeux du peuple marocain. 
    A cela s’ajoute la rage née d’un sentiment d’impuissance devant la légalité internationale qui s’oppose à offrir le territoire du Sahara Occidental et ses nombreuses richesses dans un plateau d’argent au Maroc. 
    Tout cela a poussé le Maroc à adopter la délation comme arme de guerre contre le voisin de l’Est.
    Dans une révélation de Wikileaks, un câble américain datant du 21 septembre 2006, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Omar Hilale, siffle à l’oreille de l’ambassadeur américain à Rabat que l’Algérie cherche à développer un programme nucléaire militaire. « un Iran doté de l’arme nucléaire serait un désastre pour la région et spécialement pour le Maroc. Cela provoquerait une course à l’armement dans la région et cela accélèrerait la poursuite de ce qu’il a décrit comme un programme nucléaire militaire algérien similaire même s’il n’est que naissant », affirme-t-il. « Si l’Iran réussit, dans les dix ans, d’autres pays du Moyen-Orient auront la bombe et les Algériens suivront peu après, a-t-il dit », ajoute le câble.
    Selon des médias proches du Makhzen, le Maroc envisage de poser une ligne barbelée le long de sa frontière nord avec l’Algérie contre l’inflitration de migrants subsahariens. L’information rapportée par la presse marocaine n’a été ni confirmée ni démentie par une source officielle à Rabat. C’est la manière du Makhzen de dire aux européens que l’Algérie est coupable dans la question de migration. La raison du délire marocain est que Rabat est accusé de maltraiter les subsahariens. Alors, on accuse l’Algérie et on prétend vouloir régulariser les africains qui se trouvent déjà sur le territoire marocain. Comble du mensonge : Au même temps, des subsahariens sont refoulés à la frontière avec l’Algérie et la Mauritanie.
    Photo : France24.com
  • Pour dénoncer l’accord de pêche UE-Maroc – Les Sahraouis en campagne de sensibilisation à Bruxelles

    Brahim Dahane
    Une importante délégation sahraouie de juristes et de syndicalistes est à Bruxelles pour dénoncer l’inclusion des eaux territoriales du Sahara Occidental dans l’accord de pêche qui pourrait être signé en décembre prochain entre l’UE et le Maroc.
    Mardi, Emmaus Stockholm a organisé au sein du parlement européen une audition des Sahraouis venus pour déclarer leur refus de voir les eaux territoriales inclues dans l’accord de pêche. La commission européenne, au grand dam des Sahraouis, tente d’imposer cet accord, alors illégal du point de vue du droit international. Pour exemple, les Etats-Unis ont exclu dans leur accord avec le Maroc, l’espace maritime du Sahara Occidental. M. Brahim Dahane, militant sahraoui défenseur des droits de l’homme et qui vit dans les territoires occupés par le Maroc, a été écouté avec attention par les eurodéputés. Il est notamment revenu sur la réalité des retombées financières des produits de la pêche que la commission européenne met en avant pour tenter de justifier l’illégalité de l’accord.
     
    M. Dahane a déclaré que les Sahraouis ne bénéficient pas de cette richesse naturelle et que les seuls bénéficiaires sont les pontes marocains de la pêche. Animée par l’eurodéputé Isabella Lovin, qui avait été, rappelons-le, expulsée du Maroc avec d’autres eurodéputés en tentant de rejoindre les territoires occupés du Sahara occidental pour s’enquérir de la réalité de la situation des Sahraouis, l’audition a permis aux autres députés européens d’exprimer leur refus de l’accord.
    En outre, Lars Schmidt, journaliste suédois a présenté son livre sur le Sahara occidental dans lequel il dénonce l’exploitation des eaux territoriales sahraouie et pointe du doigt l’injustice que vit le peuple sahraoui sous l’occupation. Rappelons, que cette campagne de sensibilisation menée par les Sahraouis, a été organisée par la Western Sahara Ressources Watch. La délégation sahraouie veut expliquer à Bruxelles, aux responsables européens l’illégalité de l’accord via les aspects juridiques et les conséquences politiques de l’accord.
    Une note anecdotique des Marocains présents, ont tenté de désapprouver Brahim Dahane, en s’exprimant en arabe. Ils ont demandé de l’aide pour l’interprétation en espagnol. Or, l’on sait que les Sahraouis, les vrais, parlent tous espagnol. C’était pathétique.
    De notre bureau à Bruxelles Habib Bensafi
    Ouest Tribune, 28 novembre 2013
  • EUCOCO : Des actions concrètes pour soutenir le peuple sahraoui

    Les 15 et 16 novembre, une délégation gonfrevillaise s’est rendue à Rome pour assister à la 38ème conférence “Eucoco”, le réseau international des individus et des organisations qui militent pour une solution juste et équitable au Sahara occidental.

    Les conférences européennes de soutien au peuple sahraoui se suivent et se ressemblent. Hélas. Année après année, le droit des Sahraouis reste bafoué par les autorités marocaines qui occupent le Sahara Occidental depuis 1975 en piétinant les droits de l’Homme comme le droit international.
    La conférence Eucoco 2013 présidée par Pierre Galand a réuni à Rome 250 délégués de seize pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique Latine (parlementaires, juristes, syndicalistes, villes jumelées, associations), dont quatre élus gonfrevillais et des représentants du comité de jumelage. Les participants ont travaillé dans divers ateliers concernant des questions multiples allant de l’aide humanitaire aux problèmes de la jeunesse, en passant par le rôle essentiel des femmes, le travail et le syndicalisme, la culture, le pillage des ressources naturelles, les fosses communes où ont été ensevelis des « disparus » assassinés par les forces marocaines…
    La résolution finale de l’Eucoco 2013 réclame notamment la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, l’élargissement du mandat de la Minurso à la protection des citoyens sahraouis dans les territoires occupés, le démantèlement et au déminage du mur de la honte de 2 720 kilomètres érigé par le gouvernement marocain… et, bien sûr, la fin de l’occupation du Sahara Occidental.
    Après avoir salué le 40ème anniversaire du Front Polisario en présence de Mohamed Abdelaziz, président de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), la conférence a appelé l’ONU et le Conseil de sécurité à s’atteler sans délais à la mise en œuvre d’un référendum attaché au processus d’autodétermination du peuple sahraoui. Une urgence à mettre en rapport avec la très légitime colère des jeunes sahraouis qui refusent que leur avenir soit aussi sombre que celui de leurs parents.
    Au cours des débats, rappelant le soutien apporté par le Front Polisario au combat de l’African national congress en Afrique du Sud, un délégué de l’ANC a souhaité que la lutte contre l’apartheid puisse inspirer le soutien à la résistance sahraouie, « la dernière lutte à mener contre le colonialisme en Afrique ».
    “On a beaucoup de résolutions, de rapports, de pourparlers et on tourne en rond, on ne fait pas avancer les choses, a-t-il constaté. Nous devons aller plus loin. Nous devons faire ce qui a été fait pour mon pays. Pourquoi le référendum sur l’autodétermination n’a pas eu lieu ? Parce que l’occupation du Sahara Occidental est rentable pour le Maroc et tant que ce sera rentable on ne mettra pas fin à l’occupation. Tant que des personnes s’enrichiront, il n’y aura pas de résolution. Le Sahara Occidental est la vache à lait du Maroc. C’est quand la communauté internationale a commencé à boycotter l’apartheid que les hommes d’affaires ont commencé à laisser tomber le gouvernement raciste d’Afrique du Sud. Il faut passer aux actions concrètes et élaborer un programme de ce que nous pouvons faire pour que les occupants nous écoutent enfin.”
    Boycotter les produits marocains comme nous avons boycotté les produits sud-africains au temps de l’apartheid… Une idée à prendre en considération.
    Plus d’informations sur la conférence en allant sur le site d’Eucoco.
    En illustration, les élus gonfrevillais et les représentants du comité de jumelage de la commune avec Mohamed Abdelaziz, secrétaire du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (au centre) à Rome.
  • Rabat et ses alliés du Golfe mis à nu par l’accord entre l’Iran et l’Occident

    Encore une fois, le Maroc est tombé victime de sa politique de dépendance des pays qui financent sa guerre au Sahara Occidental. Pour imposer sa colonisation de l’ancienne colonie espagnole, Rabat aura tout fait pour satisfaire les demandes de l’Amérique de Bush, de la France et de l’Arabie Saoudite. En vain.
    Le 6 mars 2009, le gouvernement marocain annonça la rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Iran. Une dépêche de Wikileaks publiée par Le Monde en 2010 révèlera que les saoudiens étaient derrière la décision marocaine.
    Aujourd’hui, au moment où le monde se réjouit de l’accord signé entre les 5+1 et l’Iran, le gouvernement marocain est resté muet sur l’affaire. Hésitant entre soutenir l’accord applaudi par les USA ou le critiquer pour satisfaire les monarchies du Golfe qui voient cet accord d’un mauvais œil. Une position qu’ils partagent, bizarrement, avec Israël.
    L’illégalité de son occupation du Sahara Occidental, territoire reconnu non autonome depuis 1963 par l’ONU, pousse le Maroc à s’allier avec le diable et à soumettre sa politique au suivisme aveugle aux pays qui, hier, ont soutenu, au nom de la Guerre Froide, l’agression contre le peuple sahraoui.
    Aujourd’hui, les anciens alliés du Maroc voient ses ennemis disparaître l’un derrière l’autre. Le communisme est mort, l’Iran est en train de se réconcilier avec l’Occident. Il reste la honte de ceux qui ont cultivé la politique du suivisme au détriment des principes de la diplomatie et de la moralité. A leur tête, le Maroc et ses amis du Golfe.
  • Prisonniers et disparus sahraouis :Un rapport "accablant" contre le Maroc en préparation

    L’Association des familles des prisonniers et détenus sahraouis (AFAPREDESA) s’apprête à rendre public, le 10 décembre à l’occasion de la journée internationale des droits de l’homme, un rapport « accablant » sur les pratiques du Maroc relatives aux « disparitions forcées » et aux « détentions arbitraires », a déclaré à l’APS son président, Abdesslem Omar. 
    Soulignant que le quotidien des Sahraouis dans les territoires occupés est fait d’exactions « permanentes » et de « graves » violations des droits de l’homme, le président de l’AFAPREDESA note que les « disparitions forcées » ainsi que les « détentions arbitraires » font partie des pratiques du Maroc en vue de « brimer » toute « voix » revendiquant l’indépendance du territoire sahraoui. 
    L’Association, se basant sur les témoignages des proches des détenus et des disparus, s’attelle depuis quelques temps à rassembler toutes les « pièces à conviction » accablant le Maroc sur les conditions « inhumaines » dans les prisons, les tortures et les humiliations subies par les détenus. 
    Mieux, affirme Abdesselem Omar, le Maroc s’emploie à « brouiller » les cartes en endossant des charges à caractère « politique » à l’encontre de Sahraouis accusés de délits relevant du droit commun. 
    Actuellement, informe-t-il, ils sont pas moins de 75 détenus politiques sahraouis à croupir dans les geôles marocaines, dont 5 enfants incarcérés dans la prison d’Agadir. 
    Les autorités marocaines avaient fait état de 34 cas de décès dans les prisons du royaume, relève Abdesslem Omar, un fait contesté par les familles des concernés dans la mesure où aucune preuve matérielle concernant les décédés ne leur a été présentée. 
    Depuis le début du conflit avec le Maroc, le Front Polisario a enregistré 4.500 disparitions forcées, dont 500 non encore retrouvées et dont le sort demeure inconnu par les proches. 
    En 2010, le Maroc reconnaissait l’existence d’ »un total de 940 disparus, dont 638 détenus parmi lesquels 351 sont décédés au cours de leur détention, le reste ayant été libéré ». 
    « Des chiffres complètement erronés, en totale contradiction et qui sont bien loin de la réalité des faits », soutient Abdesslem Omar qui relève l’absence de dépouilles mortelles ou de certificats pouvant attester des décès annoncés. 
    « Il a fallu que l’ex-envoyé spécial des Nations-Unies pour le Sahara occidental, James Baker, fasse pression sur le Maroc pour que celui-ci évoque cette question », précise le président de l’AFAPREDESA. 
    La découverte, en février dernier, de deux fosses communes contenant les ossements de huit cadavres (dont ceux de 2 adultes) dans les territoires libérés démontre l’ampleur des atrocités commises par le régime marocain contre les droits humains des Sahraouis, déplore le président de l’Association qui milite pour la « dignité » des détenus et pour que la vérité sur le sort des disparus soit connue.
  • ENNAAMA ASFARI, portrait d’un militant pacifiste

    Un film de Marion Martane écrit par Marion Martane produit par Lise Tregloze, Julien Mast et avec la collaboration de David Babonneau, Julien Babonneau, Jean-Baptiste Plassiard: 

    Pitch
    MC_20130717
    Enaama, est Sahraoui. Résidant en France, juriste et diplômé de la Sorbonne, il a été condamné le 20 février 2013  à 30 ans de prison par un tribunal militaire marocain. Depuis sa cellule, ce militant pacifiste nous conte l’histoire de son peuple, de son combat pour la liberté, de la situation des droits de l’homme dans ce conflit historique au Sahara Occidental.


    Edito
    SYNOPSIS :

    Ennaâma Asfari est Sahraoui. Résidant en France, juriste et diplômé de la Sorbonne, il est condamné le 20 février 2013  à 30 ans de prison par un tribunal militaire marocain, accusé d’avoir participé à une grande action de résistance populaire pacifique en octobre 2010, comme 24 autres de ses compatriotes sahraouis.

    Militant, aujourd’hui enfermé à la prison noire de Salé au Maroc, Ennaâma nous fait partager son histoire et celle de son peuple, les Sahraouis, ainsi que leur lutte pour le respect de leurs droits et libertés.

    Des spécialistes, observateurs, et militants nous rappellent également des références au droit international et aux droits de l’homme importantes pour comprendre la situation du peuple sahraoui et nous font partager leur vision de ce conflit caché, sur ce territoire méconnu du grand public :  le Sahara Occidental.

    Nous reviendrons sur la capacité de résistance pacifique de ce peuple en attente d’un règlement diplomatique et de l’application tant attendue de leur droit à l’autodétermination de leur territoire.
    Illustration principale du projet : David Babonneau
    ENNAAMA ASFARI, portrait d’un militant pacifiste aujourd’hui emprisonné et fil rouge du documentaire :

    Je suis né à Tan Tan au sud du Maroc en 1970.
    Mon père comme mon grand-père paternel sont des grands nomades, des hommes libres qui n’ont jamais fait allégeance à personne, ni au colonisateur français ni au colonisateur espagnol. Mon père est enlevé dans son magasin sous mes yeux, alors que je n’ai que 6 ans. Il disparaît pendant 16 longues années dans des bagnes de la tristement célèbre  » Vallée des Roses » à l’est du Maroc près de Ouarzazatte.

    Poussé par l’envie d’apprendre et de rentrer dans la vie active, je pars faire des études de droit à Marrakech – matière que beaucoup d’étudiants et d’étudiantes sahraouis choisissent encore aujourd’hui.  En 1999, j’obtiens une bourse du gouvernement français, j’apprends le français à l’Alliance Française de Paris et poursuis  mes études de droit et prépare un doctorat à Nanterre.

    En  2005, je participe en France à la création du Comité pour le Respect des Libertés publiques et des Droits de l’Homme au Sahara Occidental (CORELSO), dont je suis élu le coprésident,
    J’accompagne des groupes d’observateurs internationaux (députés, journalistes, militants) au Maroc et au Sahara Occidental, à la plupart des procès politiques de militants sahraouis et à la rencontre de notre peuple.

    Je suis arrêté à plusieurs occasions, à Smara (territoires occupés du Sahara Occidental) en 2006 et en 2007, à Marrakech en avril 2008, condamné à 2 mois de prison et en août 2009, condamné à 4 mois de prison pour motifs politiques en relation avec ma prise de position sur la question du Sahara Occidental.

    En octobre 2010 s’installe le campement de Gdeim Izik, près de El Aaïun baptisé « campement pacifique de la protestation ». Plus de 20 000 Sahraouis s’y retrouvent pendant 1 mois. Je fais partie du comité de coordination et d’autogestion du campement et je suis en charge d’accueillir les observateurs internationaux.

    Je suis arrêté  le 7 novembre 2010 chez un ami à El Aaïun, par des agents de « l’intelligence » marocaine. Tabassé jusqu’à évanouissement, j’ai disparu quelques jours avant d’être transféré en avion militaire à Rabat : à la prison noire de Salé.

    Le lendemain, le 8 novembre, le campement de Gdeim Izik est démantelé dans la violence par les forces de police et militaires marocains et une révolte s’en suit dans la ville de El Aaïun.
    Je passe alors 28 mois en détention provisoire, comme 24 autres de mes compatriotes condamnés : on nous appelle «  les 25 prisonniers de Gdeim Izik ». Durant cette période nous pouvons tous témoigner des mauvais traitements subis. J’ai même fait une grève de la faim.

    Après plusieurs reports du procès, celui-ci a lieu en février 2013. Je suis finalement condamné le 18 février 2013 à 30 ans de réclusion dans un procès entaché de nombreuses irrégularités…  
    J’aimerais maintenant témoigner de ce que j’ai vécu aux côtés de mon peuple et tenter d’expliquer pourquoi et comment ce conflit perdure et quelles perspectives d’espoir nous avons pour qu’il se règle un jour.

    LE CONTEXTE HISTORIQUE :

    Situé entre le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie, le Sahara Occidental est reconnu par 83 pays principalement africains, et considéré par l’ONU comme un «territoire non autonome». Ancienne colonie espagnole, occupée par le Maroc depuis 1976, le Sahara occidental est aujourd’hui le dernier territoire en Afrique à ne pas avoir abouti dans son processus de décolonisation et dont le peuple attend toujours l’application de son droit « à disposer de lui-même ».  En effet, en 1991, après des années de conflit armé avec le Maroc, un cessez-le-feu est conclu sous l’égide de l’ONU contre la promesse  d’un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui de leur territoire… qui ne s’est toujours pas organisé.

    Depuis lors, les Sahraouis résistent pacifiquement pour revendiquer le respect de leurs droits sur leur territoire. Mais ils sont victimes au quotidien de discriminations, d’arrestations arbitraires, d’emprisonnement et de tortures. Les ONG et l’ONU rapportent régulièrement ces violations des droits sans que pour autant une mission indépendante de surveillance des droits de l’Homme soit mise en place.

    Le Sahara Occidental est un territoire riche en ressources minières, notamment le phosphate, et dispose d’eaux parmi les plus poissonneuses du monde. Porte d’entrée sur le continent africain, carrefour de l’immigration vers l’Europe, voisin de pays en proie à des conflits et au terrorisme… les intérêts économiques et stratégiques des grandes puissances semblent primer sur les libertés fondamentales et expliquent sans doute le peu d’empressement au règlement de ce conflit et le silence médiatique.
    L’INTENTION :

    Impliquée depuis plusieurs années dans la solidarité internationale, je travaille également avec une équipe au sein d`une agence de production, e-graine d’images  à la réalisation d’un documentaire de 52 min sur le Sahara Occidental.

    Je me suis lancé dans cette aventure, à la suite  de la rencontre avec Lise et Tony qui reviennent du Sahara Occidental avec des images impressionnantes du campement de Gdeim Izik, des photos qui leur ont valu le prix ‘’découverte’’ du festival de photojournalisme Visa pour l’image OFF 2011.

    Ils témoignent de nombreuses violations en termes de droit international et droit de l’homme au Maroc et au Sahara Occidental qu’ils ont vécu et constaté durant leur voyage.  
     Ils m’ont parlé d’un ami à eux, Ennaâma , un juriste sahraoui, militant pacifiste de 40 ans, rencontré pendant leur séjour clandestin dans le camp de Gdeim Izik et qui a été arrêté par les forces marocaines pour motifs politiques en relation avec sa prise de position sur la question du Sahara Occidental.

    Son arrestation les avait beaucoup touchés et de retour en France ils ont continué à vouloir sensibiliser l’opinion publique française sur la situation du peuple sahraoui et des prisonniers politiques, en lien avec diverses associations.

    Puis il y a la rencontre avec Claude qui me raconte son combat aux côtés de son mari et des associations militantes. Elle me parle des pressions constantes exercées par le Maroc sur les Sahraouis, alors que le droit international prévoit l’autodétermination des Sahraouis et que le Maroc s’y est engagé.

    J’ai été rapidement touché par son histoire, par l’injustice dont son mari et les siens sont victimes, par les prises de position de la France, par la colonisation visible du Maroc.
    C’est alors que Claude me propose de participer à un voyage en juillet 2013 au sud du Maroc et dans les territoires occupés. Elle coordonne une délégation internationale de 15 personnes qui pendant 10 jours vont aller à la rencontre des familles de prisonniers politiques, d’anciens prisonniers, d’associations et de militants sahraouis. Ce voyage, extrêmement surveillé par la police marocaine, les services secrets,  la gendarmerie royale et l’armée, fut en quelque sorte la révélation. Accueillis par plusieurs centaines de Sahraouis qui attendaient notre visite, ils nous ont livré leur témoignage, montré leurs rapports, leurs photos, ont partagé leur colère, leur peine, et leurs revendications.  Au cours de ce voyage, Ennaâma  revient énormément dans les discussions, Claude qui est en connexion quotidienne avec lui, nous fait partager leurs échanges, et leur façon de lutter encore aujourd’hui. J’en apprends beaucoup plus sur lui, nous rencontrons sa famille, son père –grand résistant-, ses amis, ses compagnons de lutte, et d’anciens codétenus…

    De la rencontre entre ces différents intervenants naîtra peu à peu l’idée d’un documentaire sur le Sahara Occidental, qui au fil de l’actualité (notamment suite au procès des prisonniers de Gdeim Izik) deviendra une nécessité. Faire connaître en France la situation des Sahraouis, par le récit de Ennaâma Asfari, est le défi que cette équipe souhaite relever ensemble.

    Nous voulons lui donner la parole,  faire entendre sa voix, une voix qui porte par-delà la prison, une voix qui pourrait résonner en France, au Maroc ou ailleurs, une voix pour dévoiler la réalité de ce conflit et l’aberration de cette situation au plus grand nombre.

    Ce film mettra en lumière un homme emprisonné, un peuple réprimé, mais pas soumis, un conflit qui perdure, mais encore loin d’être perdu.
    SOUTIENS ET PISTES DE DIFFUSION :

    À l’heure actuelle, le projet est soutenu par les associations et réseaux membres de la Plateforme française pour la Solidarité avec le Peuple du Sahara Occidental et d’ONG françaises de défense des droits :
    – Association Francaise de Solidarite avec les Peuples d`Afrique (AFASPA)
    – Association des Chrétiens pour l`Abolition de la Torture (ACAT)
    – Mouvement contre le Racisme et pour l`Amitié ente les Peuples (MRAP) 
    – Droits et Solidarité – (Association adhérente à l’Association Internationale des Juristes Démocrates)
    – FATSI (Fédération des associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés)

    Nous avons actuellement des pistes de diffuseur télé que nous espérons pouvoir vous annoncer très prochainement.
    FICHE TECHNIQUE ET BESOINS :
    Titre provisoire : Paroles d`un prisonnier sahraoui
    Auteurs : Marion Martane, Lise Trégloze 
    Inspiré des témoignages et des récits de  Ennaâma Asfari
    Réalisatrice : Marion Martane
    Production : e-graine d’images
    Durée envisagée : 52′
    Format de tournage : HDV 16/9eme
    Lieux de tournage : France, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Suisse
    Dates de tournage : Juillet 2013 – mars à aout 2014 
    Images d’archives (notamment Gdeim Izik octobre 2010)
    Langue du film : Français, Arabe sous-titré, sans doute Espagnol
    Date prévisionnelle de PAD : Novembre 2014
    Nous mettons en place ces démarches pour nous permettre de disposer d’un premier capital pour lancer concrètement ce documentaire,  nous souhaitons mobiliser nos réseaux  par un financement participatif via « TOUSCOPROD » . 
    Les  5000 euros collectés apporteront une contribution précieuse et indispensable afin de participer aux frais de tournage en France, au Maroc, au Sahara Occidental occupé et en Algérie dans les campements de réfugiés sahraouis, ainsi que la location d’un studio son (7 jours) et d’une régie de montage (23 jours).
    Un apport de 8000€ permettrait la prise en charge totale des frais de tournage (hors transport).

    Nous prévoyons une sortie pour novembre 2014.
    LA PRODUCTION : e-graine d’images
    Jeune société de production, convaincue que l’image est un vecteur essentiel pour sensibiliser le grand public, spécialisée dans les documentaires sur les thématiques de solidarité internationale et de développement durable.  Du droit à l’eau au commerce équitable, e-graine d’images s’intéresse à ce qui forge un monde plus solidaire et responsable.
  • LES PASSAGES QUI CHAGRINENT

    par M. Saadoune
    Un grand média public algérien a fait le tour de force de traiter le communiqué commun sanctionnant la rencontre entre le roi Mohamed VI et Barack Obama en sautant une phrase importante ; celle où il est mentionné que les Etats-Unis considèrent que le plan d’autonomie marocain est «sérieux, réaliste et crédible» et qu’il représente une «approche potentielle» pouvant satisfaire les aspirations des Sahraouis. 
    L’APS, c’est d’elle qu’il s’agit, a mis en exergue le fait que le président américain s’est engagé à poursuivre les efforts pour trouver une solution «pacifique, durable et mutuellement acceptable» sur la question du Sahara Occidental. En réalité, ce sont des phrases qu’il faut mettre côte à côte et que l’on peut décrypter de plusieurs façons. Il y a bien un soutien au plan marocain et le roi Mohamed VI peut rentrer à Rabat en clamant qu’il a obtenu une «grande victoire» diplomatique. Les médias du Makhzen ne manqueront d’ailleurs pas de le marteler en ignorant la phrase mise en exergue par l’APS, à savoir qu’il faut une solution «pacifique, durable et mutuellement acceptable». Mutuellement acceptable, cela veut dire que le Maroc et le Polisario l’acceptent «ensemble». 
    Dans l’histoire, déjà longue, de la gestion onusienne de la question du Sahara Occidental, il y a eu en 2003 un second plan Baker, approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité qui prévoyait la mise en place d’une Autorité au Sahara Occidental pour une durée de cinq ans suivie d’un référendum où même les Marocains établis au Sahara pouvaient voter. L’adoption du projet a provoqué une forte panique au Maroc et Paris est monté au créneau pour imposer une «règle» : aucune solution ne sera «imposée». Le mot «mutuellement acceptable» cité dans le communiqué renvoie à cette «règle» de non contrainte qui fait que les Sahraouis n’ont pas à craindre de se voir imposer «l’approche potentielle» que constitue, selon Washington, le plan d’autonomie marocain. 
    La neutralisation des mécanismes de l’Onu sur le dossier du Sahara Occidental ne peut pas jouer seulement en faveur du Maroc. Il y a donc nécessairement une obligation à trouver une «solution mutuellement acceptable». Et c’est cela qui fait que la «victoire» diplomatique du roi Mohamed VI restera sans incidence. Et c’est cela qui fait que «l’échec» du Polisario ou d’Alger est, lui aussi, sans conséquence. Washington s’est livré ainsi à un exercice remarquable qui consiste à satisfaire le roi du Maroc sans que cela l’engage à rien. Et ce n’est pas une nouveauté. C’est un classique américain qui consiste à dire ce qui plaît à la fois à Rabat et à Alger… A charge pour la MAP (agence marocaine de presse) et l’APS (agence de presse algérienne) d’ignorer les passages qui chagrinent. 
    COMME LE NOTAIT UN FIN OBSERVATEUR, LE MAROC EST UN ALLIE DES ETATS-UNIS MAIS L’ALGERIE N’EST PAS LEUR ENNEMI ; C’EST MEME DEVENU UN GRAND «AMI» DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE. AUCUNE SOLUTION NE SERA IMPOSEE MEME SI WASHINGTON A UNE PREFERENCE. LE STATUQUO SUR LE DOSSIER DU SAHARA OCCIDENTAL RISQUE DE PERDURER LONGTEMPS… A MOINS QU’UNE SOLUTION MAGHREBINE NE PRENNE LE RELAIS… MAIS, ON LE SAIT, CELA RELEVE DE LA POLITIQUE-FICTION. A L’IMAGE DE L’UMA.
  • Barack Obama à l’heure de george W. Bush

    Mohammed VI rentre satisfait de sa virée américaine
    Les Etats-Unis reculent sur la question du Sahara. La visite effectuée ce week-end par Mohamed VI à Washington a permis au royaume de s’assurer un précieux soutien américain. Un soutien qui risque de replonger le conflit du Sahara dans le statu quo.
    Aussi ambiguë soit-elle auparavant, la nouvelle position exprimée hier dans le communiqué conjoint ayant sanctionné la rencontre de vendredi à la Maison-Blanche, entre Mohammed VI et Barack Obama, est favorable au Maroc. 
    «Le Président (américain Ndlr) s’est engagé à continuer à soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara «, a indiqué de prime abord le communiqué de la Maison-Blanche qui ne fait aucune mention à l’autodétermination. La suite est cependant claire comme de l’eau de roche. Barack Obama, en difficulté sur le plan interne, semble ne pas vouloir rajouter des soucis à son administration. 
    Le communiqué a estimé que la politique de Washington vis-à-vis de ce dossier vieux de 38 ans n’a pas changé. «Conformément à la politique américaine constante durant plusieurs années, les Etats- Unis ont clairement indiqué que le plan d’autonomie présenté par le Maroc est sérieux, réaliste et crédible, et représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations de la population du Sahara à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité». Voilà qui donnera pleine satisfaction à Mohamed VI, qui a traversé la plus dure année depuis son intronisation en 1999, sur la question du Sahara. D’ailleurs, l’agence officielle marocaine MAP ne s’est pas gênée à diffuser le communiqué intégralement, rompant ainsi avec la tradition de couverture sélective quant il s’agit d’aborder la très sensible question sahraouie. 
    Le président américain a tenu quand même à souligner que «les Etats-Unis soutiennent les négociations menées par les Nations unies, dont l’action de l’envoyé personnel du secrétaire général, Christopher Ross». Il a exhorté les parties à «œuvrer pour une solution politique». Point de chute des discussions, les deux dirigeants ont réaffirmé, ajoute le communiqué, leur «attachement partagé» à «l’amélioration des conditions de vie des populations du Sahara et à travailler ensemble pour poursuivre la protection et la promotion des droits de l’homme dans la région».
    Obama, sur les traces de George W. Bush, lâche John Kerry
    S’il y a un homme qui doit se sentir trahi par la position d’Obama c’est bel et bien son secrétaire d’Etat John Kerry. Lui qui a demandé en avril 2013 au Conseil de sécurité à ce que la mission onusienne de la Minurso soit dotée d’un mécanisme de protection des droits de l’homme. 
    Une véritable bombe désamorcée par la France, allié du Maroc. L’Amérique a dû finalement abandonner sa demande tout en exigeant à travers la résolution 2099 du Maroc l’amélioration des droits humains au Sahara. 
    John Kerry, ami de longue date de la Fondation Robert Kennedy qui milite en faveur des indépendantistes sahraouis, se retrouve en position assez complexe. Car l’exhortation d’amélioration de la situation des droits de l’homme faite au Conseil de sécurité en 2013 n’a pas été respectée par le Maroc de l’avis même de son département, qui a rendu un rapport fin septembre de cette année, exprimant ses «inquiétudes» quant aux violations des droits de l’homme au Sahara et considérant le Sahara occidental comme «territoire non autonome». Mohamed VI a décidément bien calculé son coup. Eviter à tout prix un rebondissement du cauchemar de 2013 au sein du Conseil de sécurité qui doit se réunir en avril prochain pour adopter une nouvelle résolution sur le Sahara. Cette position d’Obama rappelle bien celle de George W. Bush qui n’a pas caché son soutien à l’option d’autonomie.
  • Le lobby sioniste abat ses cartes

    La sortie de cette responsable du Pentagone relative à l’importance géostratégique de l’Algérie sur le plan de la lutte contre le terrorisme n’était que de la poudre aux yeux. Washington et Alger divergent foncièrement dans leurs méthodes d’approche, même si le 11 septembre a permis un début de rapprochement stratégique entre les deux États. Le roi Mohamed VI reçu par Obama au Bureau ovale de la Maison-Blanche. 
    Un communiqué commun signé entre les États-Unis et la monarchie absolue et colonialiste du Maroc portant sur les questions sécuritaires et économiques. Des allusions à un possible soutien américain au plan d’autonomie lancé par le makhzen à partir de Paris à propos du Sahara occidental. C’est plus que ne peut supporter l’entendement. Une sorte de scénario surréaliste qui montre bien que le lobby sioniste est hyperpuissant. Celui-ci, plaçant la barre très haut, a décidé d’abattre ses cartes et de jouer littéralement à visage découvert. Et c’est en effet la seule raison pouvant expliquer qu’Obama, le pragmatique Obama, ait pu se plier aux caprices d’un souverain en train de ruiner son pays, tout en poursuivant sa fuite en avant concernant sa politique colonialiste et déstabilisatrice de toute la sous-région maghrébine et sahélo-saharienne. 
    Certes, Obama a mis en avant la question du respect des droits de l’homme au Sahara occidental, comme l’a souligné l’ancien ambassadeur sahraoui en Algérie, et actuel représentant de la RASD à Washington, Mohamed Yeslem Baysset. Or, il n’est plus question d’étendre cette question aux missions de la Minurso, comme avait souhaité le faire il n’y a pas si longtemps de cela Washington en soumettant un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU. Il ne faut quand même s’y tromper. La « victoire diplomatique » de Mohamed VI est tout aussi artificielle que l’ont été les « concessions » US faites concernant des questions de principe, directement liées au droit international. 
    En clair, Rabat, avec l’aide du puissant lobby sioniste, qui garde la mainmise sur la plupart des circuits décisionnels américains et mondiaux, ne fait que retarder des échéances inéluctables. Le Maroc, ne nous y trompons pas non plus, est un État vassal de l’Occident. Le royaume ne fait pas qu’accepter sur son territoire la présence d’une base militaire américaine, et proposer que l’Africom (ce pendant du GMO que Washington a tenté pendant un temps d’imposer au continent africain), soit également basé chez lui. Il va encore plus loin en mettant en place des centres de rétention, véritables camps de concentration, en vue de juguler l’émigration clandestine vers le vieux continent. Il est normal, dès lors, que l’Occident ferme les yeux sur ses « incartades » en matière de non-respect des droits de l’homme, sa politique colonialiste menée au Sahara occidental et ses fausses réformes prétendument venues démocratiser une monarchie plus dictatoriale que jamais. Les cadeaux marocains faits aux Occidentaux sont tellement importants (il a par exemple été un des rares pays à soutenir la politique catastrophique menée par la France en Libye puis au Mali avec toutes les conséquences qui ont découlé et que l’on subit aujourd’hui), que les puissants de ce monde vont même jusqu’à fermer les yeux sur le fait qu’il soit régulièrement et systématiquement épinglé par l’ONU en sa qualité de premier pays producteur et exportateur de drogue dans le monde. 
    Quant aux relations entre l’Algérie et les États-Unis d’Amérique, force est de relever que les motifs de discorde sont encore plus importants que ceux pouvant les rapprocher, cela même si Washington a fini par mettre pas mal d’eau dans son vin au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2011. Preuve en est le report sine die de la visite à Alger du secrétaire d’État US, John Kerry, suivi de très près par celle à Washington du souverain marocain. Voilà pourquoi il ne faut pas s’en formaliser, en retenant surtout le fait qu’il ne fallait surtout pas s’attendre à des miracles de la part d’un pays qui ne peut oublier, ni pardonner, les multiples positions courageuses et révolutionnaires de l’Algérie, y compris du temps où Bouteflika était notre chef de la diplomatie.
    Kamel Zaïdi