Mois : septembre 2013

  • Un climat glacial s’installe entre Bamako et Nouakchott

    ALAKHBAR (Nouakchott)– L’absence du président mauritanien à la cérémonie d’investiture du nouveau président malien reflète la dégradation des relations diplomatiques entre Bamako et Nouakchott, confient des sources concordantes à l’Alakhbar. 
    Selon nos sources, les relations diplomatiques entre les deux voisins ont commencé à se dégrader depuis que les autorités de la transition au Mali ont refusé le déploiement de troupes mauritaniennes pour participer à la Munisma sur la frontière entre les deux pays. Cette objection a poussé la Mauritanie de dépêcher son premier ministre mauritanien, et son chef d’Etat major des Armées mauritaniennes pour tenter en vain de convaincre le gouvernement malien à revoir sa position. 
    Le Mali estime qu’un déploiement comme le prévoit la Mauritanie serait non seulement une violation de souveraineté, mais une manière de se rapprocher davantage aux Touaregs et Arabes pour mieux les soutenir. Mais le président Ould Abdel Aziz avait justifié sa décision par le souci de sécuriser ses frontières et d’assurer le ravitaillement de ses troupes. 
    La récente visite de Ould Abdel Aziz au Sénégal est une autre illustration de son mécontentement contre son voisin malien. Le président mauritanien s’est rendu au Sénégal avec une forte délégation de 9 ministres et des conseillers sans signer de nouveaux accords. Les deux parties n’ont fait que paraphraser les mêmes accords sur le gaz mauritanien, les licences de pêche, la transhumance du bétail mauritanien au Sénégal, le pont de Rosso, etc. En réalité, note notre source, Nouakchott voulait par cette visite manifester sa colère à l’égard de Bamako. 
    Il en va de même avec le principal allié de Bamako dans la crise du Nord Mali, à savoir la France. La preuve: le dernier remaniement du gouvernement mauritanien. Il s’agissait bien sûr de nommer des personnalités moins politiques à l’approche des prochaines élections législatives et municipales. Il s’agissait encore de nommer des gens, comme le ministre des Affaires étrangères et le secrétaire général du Gouvernement, qui sont plus favorables à un rapprochement avec les Etats unis qu’avec la France. 
    A cela s’ajoute un autre élément de la crise, il s’agit de l’indignation des autorités maliennes du soutien indéfectible de Nouakchott aux mouvements rebelles de l’Azawad (MNLA, MAA, HCUA). Bamako pense que la Mauritanie est devenue, depuis le déclanchement du conflit armée en mars 2012 au nord du Mali, une terre d’accueil pas seulement pour les refugiés maliens, mais aussi pour les leaders politiques et militaires indépendantistes de l’Azawad. Le MNLA, le HCUA et le MAA tiennent très souvent leurs conférences de presse à Mauricenter, un hôtel situé au cœur de la capitale mauritanienne. Et c’est juste à cet hôtel que le MNLA, le HCUA et le MAA ont fumé le calumet de la paix, deux jours après la fête de Alfitr, à travers la signature d’un accord d’unité et de non agression.
  • Premiers corps de disparus retrouvés au Sahara occidental

    Environ 80% de ces victimes auraient disparu durant les premières années de l’occupation militaire du Sahara occidental par le Maroc, entre 1975 et 1977, après le retrait de la puissance coloniale espagnole. 
    MAGHREB • Une équipe espagnole a trouvé deux fosses communes où l’armée marocaine a enterré des bédouins sahraouis. Quatre cents disparus manquent encore.
    Un berger passait par là en février dernier. Sur le sable du désert sahraoui, des os humains. Quatre mois plus tard, une équipe d’investigation médico-légale espagnole était sur place, à Fadret Leguiaa, dans la région de Samra, à la demande de l’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (Afapredesa). Pas de doute, il s’agit bien de deux fosses communes, avec au total les dépouilles de huit hommes saharaouis, dont deux adolescents d’environ 14 ans. Pour l’Afapredesa, c’est un premier pas vers la vérité quant au sort des quelque 400 disparus dans le cadre du conflit qui oppose le royaume du Maroc aux rebelles du Front Polisario depuis 1975.
    Environ 80% de ces victimes auraient disparu durant les premières années de l’occupation militaire du Sahara occidental par le Maroc, entre 1975 et 1977, après le retrait de la puissance coloniale espagnole. Les experts sont venus témoigner à Genève jeudi dernier.
    Pour l’Institut d’études sur le développement et la coopération internationale (Hegoa) et la société de sciences Aranzandi, du pays basque, qui ont conduit les recherches, ces huit personnes ont été exécutées de manière extrajudiciaire par l’armée marocaine en 1976.
    Un survivant témoigne
    Les papiers d’identité retrouvés sur place, les analyses balistiques et génétiques et les récits des témoins et des familles concordent: «Les victimes étaient des bédouins sahraouis, des civils, qui allaient chercher de l’eau dans un puits proche du lieu des événements, en plein désert, à 400 kilomètres de Tindouf. Ils étaient séparés en deux groupes», assure Carlos Martin Beristain, médecin, enseignant à l’Hegoa, et spécialiste de la question des disparus en Amérique latine.
    Aali Said Da, un bédouin sahraoui qui avait 12 ans à l’époque des faits, a assisté à l’assassinat des deux compagnons qui se trouvaient avec lui. Il raconte aujourd’hui: «Nous avons été arrêtés par l’armée alors que nous marchions. On nous a emmenés dans des véhicules. Puis ces derniers se sont positionnés en cercle et l’on nous a placés au milieu. Un soldat a demandé à l’un de mes codétenus où se trouvait le Front Polisario. Il a dit qu’il ne savait pas, et ils l’ont abattu. Ils ont fait de même avec mon autre compagnon. Quand est venu mon tour, je me suis caché derrière un soldat. On a voulu m’emmener, alors je suis monté sur son dos. Ce soldat s’est retourné et m’a ordonné de dire ‘Vive le roi! (du Maroc ndlr)’. J’ai obéi et ils m’ont épargné.»
    Désinformation marocaine
    Parmi les huit victimes, quatre figuraient sur la liste nominative de 207 personnes disparues donnée en 2010 par l’Etat marocain, par l’entremise de son Conseil consultatif des droits de l’homme. Le rapport publié alors par cet organe mentionne que les quatre hommes avaient été emmenés en juin à la caserne de Smara où ils sont morts durant leur détention.
    Pour les chercheurs, ces informations sont fausses: «Aussi bien les dates que les faits sont totalement réfutés par la recherche médico-légale effectuée. Les arrestations étaient collectives et se sont produites les 12 et 13 février 1976. Les détenus n’ont pas été transférés dans une caserne mais exécutés immédiatement sur le lieu de l’arrestation», décrit le rapport des instituts de recherche espagnols1.
    L’Afapredesa affirme qu’il n’est pas rare que l’Etat marocain donne des informations erronées à la famille. Plus grave, l’association accuse le gouvernement de ne rien faire pour mettre au jour les très nombreuses fosses communes se trouvant sur le territoire marocain, alors qu’il reconnaît au total l’existence de 351 disparus (144 dont le nom est inconnu), et de cacher les circonstances de leur mort. Or, l’association des parents de disparus rappelle que le Maroc a l’obligation de faire la lumière sur les circonstances de ces disparitions forcées et de prendre des mesures appropriées pour retrouver les victimes. D’autant que ce pays a ratifié la Convention des Nations Unies qui porte sur cet objet.
    Le Courrier a contacté les autorités marocaines à Genève, mais celles-ci n’ont pas souhaité réagir dans l’immédiat. I

    http://www.lecourrier.ch/114334/premiers_corps_de_disparus_retrouves_au_sahara_occidental

  • Fosses communes au Sahara occidental : Des experts espagnols rendront un rapport accablant

    Des experts espagnols conduits par Carlos Martin Beristain et Francisco Etxeberria préparent un rapport détaillé concernant les fosses communes découvertes au Sahara occidental. Ce rapport sera ensuite transmis au juge de l’Audience nationale, la plus haute cour pénale en Espagne, Pablo Roz.

    C’est Carlos Martin Beristain, docteur spécialisé au niveau de l’Institut d’études sur le développement et la coopération internationale qui a confirmé l’information, rapportée jeudi par des médias espagnoles après le retour de l’équipe d’experts de Genève, où ils ont participé aux travaux de la 24e session ordinaire du Conseil des droits de l’homme et témoigner de la découverte de fausses communes au Sahara. 
    Carlos Martin Beristain et Francisco Etxeberria, spécialisé dans la médecine légale à l’université du Pays-Basque, se sont entretenus au ministère espagnol des AE avec Cristina Farali, responsable de la division des droits de l’homme et le chargé des affaires nord-africaines et leur ont présenté un exposé détaillé sur la découverte de fosses communes dans la région de Smara et les restes de corps de huit personnes. Pour Francisco Etxeberria, «les ONG sont plus que jamais appelées à s’impliquer davantage dans les opérations d’épuration ethnique commises au Sahara occidental avec et après l’annexion du territoire». Il a précisé que «tant que ces opérations touchaient des victimes de nationalité espagnole, il est légalement du devoir de l’Espagne d’intervenir et d’enquêter ainsi que de punir les responsables de ces crimes contre l’humanité».
     
    A Genève, les deux scientifiques ont présenté un rapport intitulé «Mheriz l’espoir possible: les fosses communes et l’identification du premier groupe de Sahraouis disparus». Ce rapport comporte des données scientifiques émanant de la médecine légale et d’experts généticiens de l’université basque sur les fosses communes découvertes en début d’année 2013 dans la localité d’Amgala, près de Smara et non loin du mur militaire marocain. «Les personnes dans les fosses communes ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires par l’armée marocaine les 12 et 13 février», a confirmé le rapport. Carlos Martin Beristain et Francisco Etxeberria ont souligné que les résultats de l’enquête démentent le rapport présenté par les autorités marocaines sur la situation des disparus sahraouis.
  • Parlement suisse : question sur le Sahara Occidental

    Le 6 septembre 2013, le conseiller fédéral Didier Burkhalter a signé au Maroc un accord-cadre de coopération, ayant trait à la transition démocratique et aux droits humains.
    1. Lors de cette visite a-t-il abordé le thème du Sahara occidental?
    2. A-t-il discuté des Sahraouis disparus pendant l’occupation marocaine?
    3. Est-il au courant que des fosses communes ont été retrouvées dans le désert?
    4. Quelles sont les propositions faites aux autorités marocaines pour que la vérité et la justice avancent?
    5. Le Conseil fédéral s’engage-t-il pour que le référendum sur l’auto-détermination du Sahara occidental ait enfin lieu?
    C’était les questions déposées le 10 Septembre 2013, par John-Calame Francine, Conseillère nationale au Canton de Neuchâtel, en Suisse au Parlement suisse 
    Date de dépôt : 10.09.2013, Déposé au Conseil national
    Réponse du Conseiller fédéral Didier Burkhalter , ministre des affaires étrangères suisse
    Burkhalter Didier, conseiller fédéral: La thématique du Sahara occidental a été largement et activement abordée dès les premières minutes de la première réunion lors de la visite officielle de travail qui a eu lieu le 6 septembre 2013 à Rabat. A cette occasion, nous avons une nouvelle fois lancé un appel aux parties à ce différend régional à collaborer avec la communauté et les organisations internationales pour appliquer les mesures indépendantes et crédibles qui garantiront le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit les obligations que leur impose le droit international. 
    Le Conseil fédéral a connaissance de certaines informations – difficilement vérifiables – faisant état de la découverte, au début 2013, de dépouilles humaines dans la région de Smara au Sahara occidental. 
    Quant aux propositions faites aux autorités marocaines pour que la vérité et la justice avancent, le Conseil fédéral rappelle que l’initiative pour la création d’un nouveau rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, des réparations et des garanties de non-répétition, lancée par la Suisse et l’Argentine en septembre 2011 au Conseil des droits de l’homme, a été rapidement soutenue par le Maroc. 
    Le Conseil fédéral salue par ailleurs la ratification récente par le Maroc de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. 
    Le Conseil fédéral reste convaincu que seule la négociation permettra d’aboutir à une solution juste, durable et acceptable par l’ensemble des parties, à la situation actuelle au Sahara occidental. Dans ce but, il favorise le dialogue et la médiation sous l’égide du Conseil de sécurité des Nations Unies et soutient concrètement cette médiation puisque nous avons mis à disposition un expert suisse en médiation qui est aux côtés de l’envoyé spécial. Un collaborateur de Swisspeace est également actif au sein de l’équipe de médiation des Nations Unies. Il y a aussi des experts suisses qui participent au programme de déminage de la Minurso. 
    Dans ce contexte, le Conseil fédéral soutient également les résolutions du Conseil de sécurité et les paramètres qu’elles énoncent pour les négociations.
  • Disparition de Sahraouis : Nouvelles révélations

    Fadret Leguiaa, Sahara Occidental.-
    Amnesty international revient une autre fois sur les violations des Droits de l’homme commises par le royaume chérifien contre les Sahraouis. Se basant sur des révélations publiées cette semaine par une équipe espagnole d’experts médicolégaux, cette ONG confirme la mort de huit Sahraouis, dont deux enfants, qui avaient disparu en 1976. A croire cette équipe d’experts, des preuves inédites ont été établies sur leur exécution extrajudiciaire par les forces armées marocaines. 
    Ces révélations soulignent, écrit Amnesty international, combien il reste nécessaire de faire toute la lumière sur les centaines de cas de disparitions forcées survenues ces dernières décennies et de rendre justice aux victimes et à leurs familles. Avec plus de détails, l’équipe de spécialistes de l’université du Pays basque et de la Société des sciences Aranzadi a exhumé les corps des huit Sahraouis pour procéder à des examens médicolégaux, dont des tests ADN. 
    Parallèlement, elle a enquêté sur les circonstances de leur mort et interrogé leurs proches et des témoins des faits survenus en 1976. Ces spécialistes avaient été contactés en avril 2013 par des familles sahraouies de victimes de disparitions forcées après la découverte par un berger de restes humains dans la zone de Fadret Leguiaa, près d’Amgala, au Sahara occidental. 
    Amnesty International demande que les éléments de preuve laissés par l’équipe de spécialistes espagnols soient préservés, qu’une enquête indépendante, impartiale et minutieuse soit menée sur la mort de ces huit Sahraouis, et que les responsables présumés soient traduits en justice. Compte tenu du lieu où se trouvent les ossements et de la défiance entre les autorités marocaines et celle du Polisario, l’organisation appelle les Nations unies à faire le nécessaire pour que ce soit le cas. Il est probable, note encore Amnesty, que d’autres corps restent à découvrir dans cette zone et dans d’autres parties du Sahara occidental. Ceux-ci doivent être recherchés, exhumés, identifiés et rendus à leurs familles.  » Ces nouvelles informations révélées par l’équipe d’experts montrent, note encore Amnesty, les limites du travail mené par l’IER et le CCDH pour établir la vérité sur les centaines de disparitions forcées survenues au Maroc et au Sahara occidental sous le règne de l’ancien roi Hassan II, ainsi que la nécessité de mener de nouvelles enquêtes indépendantes, impartiales et approfondies « , écrit encore cette ONG soulignant que de nombreuses familles attendent toujours de connaître toute la vérité sur le sort de leurs proches disparus et d’obtenir justice pour les crimes dont ils ont été victimes .
    Pour rappel, le roi Mohammed VI a mis en place l’IER il y a près de 10 ans pour enquêter sur les atteintes aux droits humains commises par les services de sécurité marocains entre 1956 et 1999. Deux ans plus tard, à l’issue des travaux de cette Instance, il a chargé le CCDH, organisme national de protection et de promotion des droits humains, d’assurer le suivi des travaux et des recommandations de l’IER, ce que celui-ci a fait jusqu’en 2010. C’était la première expérience de ce type dans le domaine de la justice de transition dans cette région, et elle a suscité beaucoup d’espoirs en termes de vérité, de justice et de réparations. Mais toutes les promesses d’alors n’ont pas été tenues.
  • La Mauritanie face à ses islamistes… et à ceux des autres

    La renonciation de Nouakchott (en 1979) au partage de l’ex-Sahara espagnol (Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975, ndlr) avec Rabat paraît avoir été guidée par la volonté d’éviter le réveil d’une revendication chérifienne…sur la Mauritanie. A cet égard, les gens du fleuve ne seraient pas les derniers à refuser une «marocanité» susceptible de les couper de leurs congénères sénégalais et à s’accrocher à cette identité «mauritanienne» qui n’est pas incompatible avec leurs aspirations. Après tout, la constitution assure à tous les citoyens une égalité complète en droits et en devoirs et les minorités sont désormais reconnues

    La Mauritanie face à ses islamistes… et à ceux des autres
    Écrit par Michel RAIMBAUD*
    Avant d’aller dormir, les Mauritaniens aiment, dit-on, contempler leur désert sous le ciel étoilé. Mystérieux et majestueux, le spectacle invite au rêve. Avant l’indépendance, dans les années 1950, quand la population était encore à 70% nomade, la Mauritanie avait été baptisée « le pays au million de poètes ». Mais le temps a passé et il n’est pas sûr que les images romantiques comblent encore les attentes des 3,3 millions de citoyens (et de citoyennes) de la République islamique de Mauritanie d’aujourd’hui. 
    Certes, sur la terre des hommes chantée par Saint-Exupéry, on adore toujours les grands espaces et les horizons infinis. Dispersés sur un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés (soit près de deux fois la France métropolitaine), les Mauritaniens ne vivent pas à l’étroit, mais ils sont pour la plupart sédentarisés. En effet, il n’y a plus qu’un nomadisme résiduel de 15%. En outre, plus de la moitié d’entre eux (55%, selon des évaluations récentes) sont urbanisés. Nouakchott, la capitale, appelée jadis « la Brasilia des sables » en référence à sa création au milieu de nulle part dans les années 1950, abrite à elle seule un mauritanien sur quatre. Nouadhibou, capitale économique et centre des industries de la pêche, Zouerate, la ville du fer, Atar, qui fut la principale base française du pays au temps de la colonisation, les villes du Sud, qui s’égrènent au long du fleuve Sénégal (Rosso, Boghé, Kaedi), regroupent de leur côté un petit tiers de la population. Malgré les mutations sociales, le taux de croissance démographique reste assez élevé, s’élevant à 2,9% par an.
    A dominante aride ou désertique, le territoire est cependant pourvu de ressources naturelles non négligeables. L’agriculture, concentrée sur les terres arables de la vallée du fleuve Sénégal et dans les oasis ainsi que l’élevage sur les vastes zones de pâturage de l’est du pays font vivre – chichement le plus souvent – 50% de la population. Au long des 700 kilomètres de la façade atlantique, les eaux sont particulièrement poissonneuses, mais ces richesses halieutiques sont concédées pour l’essentiel à des sociétés étrangères, européennes ou japonaises. Par ailleurs, l’extraction du fer de la région de Zouerate, évacué par train vers le port de Nouadhibou, constitue toujours un appoint important pour l’économie mauritanienne, l’or et plus récemment le pétrole sont venus compléter l’inventaire minier et énergétique. Au total, le secteur primaire qui occupe sans doute 50 ou 55% de la population active (agriculture, pêche, activités minières) n’assure que 19% du Produit Intérieur Brut. L’industrie, y compris celle de la pêche, n’emploie que 5 à 10% de la population active, mais le secteur secondaire contribue à hauteur de 30% du PIB. Enfin, 40% des actifs travaillent dans les services et le secteur tertiaire représente 51% du PIB.
    Ces chiffres sont biaisés par la présence d’un chômage massif, fluctuant et sûrement mésestimé, concernant 30 à 50% des actifs potentiels, les jeunes et les diplômés ayant du mal à trouver un emploi, et un tiers des entrants sur le marché du travail n’en trouvant pas, ni dans l’économie formelle, ni dans le secteur informel. Là comme ailleurs, les statistiques ne reflètent que très imparfaitement la situation sociale, marquée par la précarité des conditions de vie de la majorité et par une économie restée assez traditionnelle hors deux ou trois secteurs modernes (fer et pêche). 42% des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté et la Mauritanie est classée 155ème sur 186 pays pour l’Indice de Développement Humain du PNUD pour 2013.
    Arabes, africains, musulmans, les Mauritaniens

    Les Maures constituent environ 75 à 80% de la population. Arabophones et musulmans (le hassaniya est la forme dialectale arabe utilisée dans la vie quotidienne), ils relèvent de deux communautés à peu près égales en nombre mais différentes par leurs origines ethniques : les maures « blancs » de souche arabo-berbère (les « Beidhan ») et les maures «noirs» (les «harratin», appellation désignant les travailleurs de la terre), descendants des esclaves africains de souches diverses, arabisés depuis des siècles mais ayant gardé la conscience de leur statut social inférieur. Les 20% restants, les «négro-mauritaniens» appartiennent à plusieurs ethnies africaines de la sous-région. Hal Pularen (peulh ou Fulanis), ouolof ou soninké, ils sont tous musulmans. Bien que les «gens du Fleuve» partagent nombre de coutumes (y compris une certaine pratique de la polygamie et de «l’esclavage de case») avec leurs compatriotes arabo-berbères, ceux-ci feignent souvent de les considérer comme des «sénégalais», façon de les ostraciser. En retour, l’une des stratégies traditionnelles des opposants «négro-mauritaniens» consiste à tenter d’agréger les «harratin» à leurs communautés sur une base raciale.
    Les problèmes internes qu’a connus la Mauritanie dans les années 1990 dans le contexte d’une crise très aigüe avec le Sénégal (et la France) sont liés à cette question identitaire : comment la Mauritanie peut-elle assumer cette double appartenance, arabe et africaine ? La réponse a souvent été ambigüe, et chargée d’arrière-pensées. Les dirigeants maures de la Mauritanie indépendante ont privilégié de manière récurrente l’identité arabe, souvent escamotée par les Français, et ils ont réduit au strict minimum les références à l’«africanité», une manière de prendre leurs distances avec le passé colonial. La Mauritanie est donc membre de la Ligue des Etats Arabes, de l’Union du Maghreb Arabe et s’est éloignée des organisations de l’Afrique de l’Ouest. Quant au lien avec l’ex-métropole, il doit être relativisé. La pénétration française débute en 1902, mais le territoire des Maures ne devient colonie qu’en 1920, la résistance armée ne s’éteignant qu’en 1934. Dès 1958, la Mauritanie recouvre son autonomie avant d’accéder à l’indépendance : 25 ans ou 38 ans, selon les critères, de domination française, une griffure presque anecdotique à l’échelle de l’Histoire…
    Il n’est pas objectif d’imputer aux militaires ce choix de «l’arabité», en laissant entendre qu’il aurait été dicté par un désir de revanche. 
    Mokhtar Ould Daddah, Premier Ministre au tournant de l’indépendance, puis Président de 1961 à 1978 et tenu pour le « Père de la Nation », est couramment présenté comme le partenaire francophile de l’âge d’or. C’est pourtant lui qui rompra un à un les liens trop exclusifs avec l’ancienne métropole : retrait de la CEAO (héritière de l’AOF et ancêtre de la CEDEAO), refus d’intégrer la zone franc (avec la création d’une monnaie nationale, l’ouguiya), annulation des accords de coopération avec la France, nationalisation de la MIFERMA (la société française exploitante du fer mauritanien), etc… Ses militaires de successeurs suivront la même ligne. Mais c’est sous le long règne de Maawiyya Sid Ahmed Ould Taya (1984 – 2005) que les liens avec Paris seront normalisés, la transition démocratique entamée et la question des rapports avec le Sénégal mise sur la table dans le sillage de la grave crise de 1989. Toutefois, malgré des avancées, la Mauritanie ne semble pas avoir réussi à mettre au point le pacte de cohabitation entre «maures» et «africains» qui aurait réglé une fois pour toutes le problème de «l’unité nationale». Si ce problème d’équilibre intercommunautaire n’a pas mis en danger, jusqu’ici du moins, l’unité de l’Etat, souvent mise à mal dans la bande saharo-sahélienne, c’est sans doute que l’appartenance religieuse commune constitue dans ce pays fervent un ciment particulièrement efficace. Les Mauritaniens sont quasiment tous musulmans, sunnites de rite malékite, et l’islam tolérant qu’ils professent, influencé par les confréries soufies, Qadiriya et Tidjaniya notamment, tient dans la vie sociétale une place éminente, inscrite dans la constitution. La Mauritanie est une République Islamique, l’islam est la religion du peuple et de l’Etat, et le Chef de l’Etat doit être musulman. La religion du Prophète entretient contre vents et marées une identité nationale insoluble dans les ambitions marocaines. La Mauritanie a longtemps redouté d’être incorporée contre son gré dans un Grand Maroc allant de Tanger au Sénégal, le royaume chérifien refusant de reconnaître son voisin du Sud jusque vers 1967. La renonciation de Nouakchott (en 1979) au partage de l’ex-Sahara espagnol avec Rabat paraît avoir été guidée par la volonté d’éviter le réveil d’une revendication chérifienne…sur la Mauritanie. A cet égard, les gens du fleuve ne seraient pas les derniers à refuser une «marocanité» susceptible de les couper de leurs congénères sénégalais et à s’accrocher à cette identité «mauritanienne» qui n’est pas incompatible avec leurs aspirations. Après tout, la constitution assure à tous les citoyens une égalité complète en droits et en devoirs et les minorités sont désormais reconnues (cf. infra).
    En tout état de cause, la prédominance d’un islam modéré et «soufisant» est telle qu’il faudra attendre 1993-1994 pour qu’apparaissent à Nouakchott les premiers islamistes, peut-être « formés » chez les wahabites. Bien qu’ils soient alors tenus sous contrôle étroit du gouvernement, ils manifesteront assez vite un penchant pour l’action violente. Deux prêtres français sont attaqués sauvagement et blessés grièvement dans la cathédrale de Nouakchott en 1994. Réprimés par Ould Taya, très hostile aux thèses fondamentalistes, ils accroîtront peu à peu leur audience, sans pour autant faire de percée décisive. En partant assister à Riyad aux obsèques du Roi Fahed d’Arabie, en août 2005, Ould Taya ne se doute pas qu’il ne pourra pas revenir. L’Armée lui reprend le pouvoir, début d’une transition qui va durer deux ans. C’est Ould Cheikh Abdallahi, premier civil à être élu à la Présidence depuis la chute d’Ould Daddah, qui autorise en 2007 la création d’un parti islamiste, avant d’être renversé à son tour en août 2008 par le général Ould Abdelaziz. Celui-ci reçoit un an plus tard l’onction du suffrage universel. Autoritaire ou autocrate, il est soutenu par l’Occident, car une réalité nouvelle s’est installée dans la région : « Al Qaida pour le Maghreb Islamique », la fameuse AQMI, fait son apparition. Avec Ould Abdelaziz, la Mauritanie s’implique résolument dans la lutte contre le terrorisme islamique, au point que des avertissements sont bientôt lancés au gouvernement mauritanien, assortis de deux ou trois coups de semonce.
    La contestation de 2011 : printemps «arabe» ou «alerte islamiste» ?
    Septembre 2010 semble marquer un tournant à cet égard. Suite à l’enlèvement de cinq Français et de deux Africains, l’Armée mauritanienne livre de violents combats contre l’organisation terroriste, entreprenant un raid en territoire malien du côté de Tombouctou. La coopération avec le Mali est renforcée, tandis qu’une coordination quadripartite est mise en place entre l’Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger au niveau des chefs d’état-major. L’AQMI accuse « le régime mauritanien », qui « tue des civils», d’être «l’agent de la France».
    Dès le début de 2011, alors que la Tunisie, l’Algérie et la Libye sont déjà touchées par la vague des « printemps arabes », la contestation démarre à Nouakchott, avec une première manifestation qui rassemble, le 13 janvier 2011, quelques milliers de personnes, demandant des réformes économiques et sociales, la fin de la corruption et le départ du Président Mohamed Ould Abdelaziz. Deux jours plus tard, un jeune s’immole par le feu devant le palais présidentiel. Les manifestations s’étendent et gagnent tout le pays et toutes les couches de la société. On se croirait à Tunis ou au Caire, sauf que les foules sont modestes, que les jeunes restent pacifiques. Chaque semaine, durant plusieurs mois, des mardi (ou vendredi) de la colère seront organisés avec marches et sit-ins, sans répression très vigoureuse.
    Sur le front social, les syndicats regroupés au sein d’une « coordination » vont organiser des grèves sectorielles (santé, enseignement, mines, transports, pêche, administration, médias) et deux ou trois grèves nationales. Soucieux d’éteindre la contestation, le pouvoir fait des concessions (plan social, baisses de prix, hausses de salaires) et tente de nouer le dialogue avec les opposants. Ce qui n’empêchera nullement un certain raidissement et une politisation des slogans. Le 25 avril 2011, lors d’une manifestation plus violente qu’à l’accoutumée, les protestataires réclament le départ du 
    Premier Ministre Ould Laghdaf…
    Au plan politique, l’autoritarisme du président et l’incompétence du gouvernement sont les cibles du «Mouvement du 25 Février», fer de lance de la contestation. Formés sur Internet, les jeunes «cyber-résistants des sables» prennent l’habitude de se réunir sur un terrain vague transformé en «place Tahrir» version mauritanienne. Leur programme en 28 points est éclectique. A part quelques demandes concernant le marché du travail (créations d’emplois, augmentation du salaire minimum) et la moralisation de la vie publique (annulation de la vente de leur lieu de rassemblement, qualifiée de frauduleuse), les slogans, endossés par l’ensemble des partis, y compris les islamistes du «Tawassol», sont politiques (système électoral plus juste, démission du gouvernement, fin de l’ingérence des militaires dans les affaires du pouvoir). Les autorités réussiront néanmoins à désarmer la contestation avant qu’elle se radicalise ou soit manipulée par les islamistes. Les concessions porteront d’abord sur les médias. En mai-juin 2011, la libéralisation de l’audiovisuel, notamment privé, est engagée (élargissement du nombre des chaînes radio (de deux à sept) et TV (de deux à sept). Nouveauté, les délits de presse sont dépénalisés. Des négociations sont entamées entre le parti au pouvoir et l’opposition en septembre/octobre 2011. 
    Plusieurs mesures symboliques, mais importantes, sont prises : reconnaissance des minorités, interdiction de l’esclavage (pour la troisième fois au moins – NDLA), deux principes qui seront inscrits dans la Constitution, instauration au Parlement de sièges réservés aux femmes, et enfin, mesures emblématiques, la criminalisation des coups d’Etat et l’exclusion des militaires en activité de la vie politique. 
    A l’automne 2011, le printemps de Nouakchott est fini. Si le mouvement ne s’est pas transformé en soulèvement, c’est que les islamistes mauritaniens y ont participé sans prendre les commandes dans le train en marche comme à Tunis ou Alger, laissant sans doute à leurs collègues de l’AQMI le soin de maintenir la pression sur le pouvoir, en synchronisation avec l’éclosion des printemps arabes. Un coup d’œil au calendrier suffit à confirmer ce «partage des tâches». Dès janvier 2011, 
    «Al Qaïda pour le Maghreb Islamique» hausse le ton à l’encontre du président mauritanien. Le 7 février 2011, l’organisation menace à nouveau «d’assassiner Ould Abdelaziz», l’accusant de «mener une guerre par procuration contre les «Moudjahidine, pour le compte de la France», «une guerre qui n’est pas la sienne, en alliance avec les croisés». AQMI appelle l’Armée mauritanienne «à déposer le Président». Plusieurs tentatives d’assassinat sont déjouées, suivies de représailles. Durant le premier semestre 2011, de nouveaux raids des forces mauritaniennes sont lancés vers le territoire malien et des opérations conjointes sont menées avec les Français pour tenter de délivrer des otages. En novembre 2011, les autorités de Nouakchott démantèlent une filière «Polisario/Mauritanie» de recrutement qui s’apprête à envoyer 300 djihadistes vers le Mali et le «Sahélistan» en voie de formation.
    L’implication des forces de Nouakchott semble se faire plus discrète en 2012 quand la pression de l’AQMI se concentre sur le Mali. Ce qui n’empêche pas le Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique Occidentale (MUJAO) d’envoyer un avertissement…Avec l’intervention française au Nord-Mali, les cartes sont rebattues. La Mauritanie, qui n’appartient pas à la CEDEAO, paraît décidée, dans un premier temps, à se retirer du jeu. 
    Toujours menacée par un retour de printemps, dans la mesure où elle a soutenu à plusieurs reprises la Syrie contre les visées qatariotes et golfistes, elle souhaite sans doute éviter l’envoi de forces au Mali. N’a-t-elle pas déjà des dizaines de milliers de réfugiés maliens à gérer, au camp de Fassala, près de la frontière ? C’est apparemment le ministre Laurent Fabius qui va réussir à convaincre Ould Abdelaziz de faire ce qu’il ne voulait pas, à savoir promettre l’envoi de soldats pour combattre l’AQMI et s’engager davantage dans un règlement politique au Mali, si règlement il doit y avoir. 
    Le Président, au pouvoir depuis cinq ans, n’est pas à la fête. Il aura besoin de toute sa détermination (il n’en manque pas), de son sens politique (il n’en semble pas dépourvu), de sa «baraka» (il en a eu jusqu’ici) et de sa santé. 
    Eh oui, car ses opposants font semblant de s’en préoccuper, s’inquiétant de ses voyages sanitaires et réclamant un bulletin périodique : entre 
    Nouakchott et Paris, les gadgets politiques apparaissent comme étant la part la plus résistante de l’héritage colonial. L’histoire ne dit pas si cette opposition attentionnée s’intéresse aussi à la santé de l’AQMI, qui s’est évaporée dans les sables du Nord-Mali, mais dont les combattants pourraient bien ressurgir du côté de Nema, d’Atar ou de Kaedi… 
    * Michel Raimbaud est ambassadeur de France. Durant trois ans, il a été en poste à Nouakchott en Mauritanie. Son intérêt se porte plus particulièrement sur les problématiques du monde arabo-musulman et de l’Afrique.

  • Le Maroc, acculé par la fermeture des frontières, multiplie les sorties contre l’Algérie

    Selon l’hebdomadaire marocain Ma waraâ el-hadeth
    L’Algérie craindrait un dépôt de plainte du Maroc à La Haye
    La guerre de succession, si succession il y aura au président Bouteflika, semble avoir donné du tonus à certains dirigeants qui, via des relais médiatiques marocains, tentent de brouiller les cartes en avançant une fragilité de l’Etat algérien.
    Les responsables algériens, occupés à se tirailler, seraient en mauvaise posture, à en croire un journal au service du Makhzen. La guerre clanique dont a fait écho ces derniers jours la presse algérienne et qui opposerait le Département du renseignement et de la sécurité à la Présidence aurait fragilisé le pays ; une bonne occasion, semblent vouloir dire certains porte-étendards de la vision colonialiste de la monarchie chérifienne, pour faire passer le projet concernant l’application immédiate du régime d’autonomie du Sahara occidental sans passer par un référendum, comme souhaité par nombre de pays, dont l’Algérie. En effet, une récente virée du ministre des Affaires étrangères marocain, Saad Eddine Otmani, au royaume des Pays-Bas, plus exactement à La Haye où fut célébrée, à la fin du mois passé, la cérémonie commémorant le 100e anniversaire du palais de la Paix, aurait, selon le journal marocain Lemag, donné des sueurs froides au pouvoir algérien. Saad Eddine Otmani aurait été porteur d’une lettre prônant l’appui de son pays à un renforcement du rôle de la Cour internationale, notamment son l’arbitrage, dans les conflits interétatiques. Le rédacteur, citant son confrère d’un autre journal arabophone, l’hebdomadaire Ma waraâ el-hadeth, n’a pas manqué de préciser qu’il aurait suffi de «cette proposition de Otmani aux dirigeants onusiens pour que le pouvoir d’Alger prenne froid et soit profondément ébranlé «. 
    Le journal va plus loin, en avançant que le régime algérien aurait, de son côté, tenté de contrecarrer l’initiative du ministre des Affaires étrangères marocain en rédigeant pas moins de 17 rapports dans la perspective de détailler la stratégie de Otmani. Le périodique arabophone a conclu que le régime algérien éprouve «une forte crainte que le Maroc ne dépose une plainte devant le Cour internationale de justice concernant, cette fois-ci, le Sahara algérien et non celui réclamé par le Front Polisario depuis 1975, date de son annexion par le royaume. 
    S’étalant de la Saoura jusqu’au mont Ghar Djbilet dans la wilaya de Tindouf, ces territoires chèrement recouvrés par les Algériens auraient été spoliés par l’Algérie, selon le journal, qui va plus loin en précisant que le pouvoir algérien aurait demandé soutien à l’ex-colonisateur français pour plaider sa cause auprès de l’ONU. 
    Une tentative de diversion marocaine qui ne laisse plus aucun doute sur sa stratégie médiatique par une exacerbation de ses propos à l’endroit de son seul voisin maghrébin. Se sentant acculé, le Maroc s’enfonce dans son isolement après le refus du pouvoir algérien de céder aux multiples sollicitations de rouvrir les frontières entre les deux pays, fermées, faut-il le rappeler, depuis l’été 1994 par la partie marocaine à la suite des attentats dont a été la cible la ville de Marrakech.
  • El Aaiun : Des portes blindées contre les incursions de la police marocaine

    Le problème de l’insécurité est un phénomène qui s’est généralisé dans les derniers temps. Même en Europe. Aucune maison n’est à l’abri des cambrioleurs. Encore moins au Maroc. Mais El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental, se distingue des autres villes du monde. Les portes des maisons sont fortifiées. Chaque maison a deux portes. L’une de bois, la deuxième de fer. Pourquoi, ai-je demandé? Est-ce par crainte des incursions des voleurs? « Oui, mais surtout par crainte des incursions du Makzen » m’a-t-on répondu.
    Depuis quelques années, les forces de police ont pris pour cible l’intérieur des maisons des familles sahraouies pour casser et piller leurs biens. C’est la méthode suivie par les autorités marocaines pour s’en prendre aux familles des jeunes qui participent dans les manifestations contre l’occupation marocaine.
    Ainsi, les forces de police marocaine sont devenues beaucoup plus nocives que les malfaiteurs qui sévissent partout au Maroc à cause de la misère imposée par la politique du Makhzen basée sur la corruption, le népotisme et l’injustice. Au Sahara Occidental, l’ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975, les voleurs et les bandits sont des anges comparés aux policiers marocains dont le saccage des maisons sahraouies est devenue une habitude. Rien ne leur fait plus plaisir que casser du sahraoui. Les membres des forces de sécurité marocaines sont intouchables. Aucune loi ne chatie leurs agissements ni leurs méfats. Seule alternative restant : Des portes blindées pour minimiser les dégâts lors des incursions des policiers.
  • Mohamed VI, Emir des Fumeurs de Haschich, selon AQMI

    AQMI a qualifié le roi du Maroc d’Emir des Fumeurs de Haschich.
    Dans une vidéo publiée fin juin 2013, un des idéologues de la nébuleuse terroriste au Maghreb AQMI a dénoncé l’opération menée par la police espagnole contre une cellule chargée de recruter et envoyer des djihadistes en Syrie. « Ce qui est vraiment triste dans ces opérations est que son exécution était entièrement coordonnée avec l’armée de l’Emir des croyantes, pardon, de l’Emir des Fumeurs de Haschich », a écrit l’auteur en allusion au souverain marocain.
    Une nouvelle vidéo vient de paraître sous le titre de « Maroc : le royaume de la corruption et du despotisme » dans laquelle AQMI demandent aux jeunes marocains d’émigrer vers Allah plutôt que dans des pateras.
    Al-Andalus, le média d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI),vient de diffuser une vidéo sur internet, la première à être consacrée intégralement au Maroc et à Mohammed VI. Elle intervient quelques jours après l’annonce par le ministère de l’Intérieur du démantèlement au Maroc d’une nouvelle cellule terroriste liée à AQMI.
    Intitulée «Maroc : le royaume de la corruption et du despotisme», la vidéo s’attaque pendant 40 minutes aux points noirs du régime marocain.
    AQMI commence par la corruption et l’affairisme du palais royal, citant les câbles diplomatiques révélés par Wikileaks et en faisant référence au livre «Le Roi prédateur» de Catherine Graciet et Eric Laurent. AQMI mentionne le rôle de Mounir Majidi et Fouad Ali El Himma aux côtés du roi et revient sur le classement Forbes de 2009 qui classe Mohammed VI parmi les monarques les plus riches de la planète. AQMI fait le parallèle avec la pauvreté de la population en montrant pendant plusieurs minutes des images des bidonvilles ou des douars reculés du royaume.
    Relations Palais-Israël
    AQMI s’attaque également aux relations entre le palais royal et Israël depuis l’époque d’Hassan II. La vidéo parle notamment du «comité de judaïsation de Jérusalem» à propos du Comité Al Qods, présidé par Mohammed VI.
    La vidéo s’arrête ensuite longuement sur la participation du Maroc à la «croisade contre le terrorisme» des Etats-Unis de Georges Bush : vols secrets de la CIA, sous-traitance de la torture à Rabat, Guantanamo. AQMI publie un extrait de la rencontre entre Mohammed VI et Georges Bush à la Maison-blanche en 2002, durant laquelle Mohammed VI exprime (en français) son plein soutien à la guerre contre le terrorisme.
    La vidéo revient aussi sur la fermeture des écoles coraniques de Marrakech du cheikh Maghraoui et sur la répression des islamistes au Maroc. AQMI diffuse également une intervention au Parlement de Bassima Hakkaoui, aujourd’hui ministre de la Famille, lorsqu’en tant que députée PJD elle dénonçait le festival Mawazine.
    «Émigrez vers Allah»
    Viennent ensuite des images de pateras et des témoignages de jeunes harragas. La vidéo montre alors le leader d’AQMI, l’algérien Abdelmalek Droudkel, appelant les marocains à «émigrer vers Allah au lieu d’émigrer dans des pateras», avant de montrer des images d’entraînement de jihadistes.
    AQMI conclut sa vidéo en diffusant des images de manifestations du 20 février en 2011, où les participants dénoncent la nature dictatoriale du système marocain.
    SOURCES:
  • Ramtane Lamamra maîtrise également un autre dossier sensible pour la diplomatie algérienne : le Sahara occidental (Jeune Afrique)

    Portait : Ramtane Lamamra, un spécialiste des conflits africains nommé ministre des AE
    Elle est une des vraies surprises de ce remaniement. L’arrivée au poste de ministre des Affaires étrangères de Ramtane Lamamra, 56 ans, natif d’Amizour, dans la région de Béjaïa. Il était jusqu’à présent commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité. Un poste qu’il occupait depuis le 28 avril 2008.
    Il a, à ce poste, contribué à la constitution de forces de la paix. « C’est un développement de portée historique dans la mesure où jusque-là, le principe que l’Afrique mette en œuvre des solutions africaines aux problèmes africains était accepté, reconnu et mis en évidence, mais il n’y avait pas d’instruments pour la mise en œuvre de ce principe au-delà des instruments pacifiques », déclarait-il en mai dernier à l’APS, en marge des travaux du 21e Sommet de l’Union africaine. 
    Technocrate au ministère des Affaires étrangères dont il a notamment été le secrétaire général, il a entamé sa carrière d’ambassadeur en 1989, à Djibouti et en Éthiopie, où il était également accrédité auprès de l’OUA et de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA). Il a ensuite été envoyé spécial de l’Union africaine au Libéria entre 2003 et 2007. Mais c’est surtout en tant qu’ambassadeur auprès de l’ONU de 1993 à 1996 qu’il a marqué son époque. Il a, en effet, participé à la médiation de plusieurs conflits africains. Il fut ensuite ambassadeur à Washington (1996-1999). Auparavant, entre 1992 et 1993, il a été gouverneur au Conseil de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et a représenté l’Algérie auprès de l’Onudi. 
    Le magazine Jeune Afrique rapporte que Ramtane Lamamra maîtrise également un autre dossier sensible pour la diplomatie algérienne : le Sahara occidental. Il a ainsi dirigé la délégation algérienne invitée à titre d’observateur lors des trois premiers rounds de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, à Manhasset, entre juin 2007 et janvier 2008. 
    « Pour avoir longtemps sillonné le continent, Ramtane Lamamra dispose d’un carnet d’adresses fourni. Et, de l’aveu de ses anciens collaborateurs, il a fait ses preuves en matière de travail en équipe », rappelle Jeune Afrique.