Année : 2012
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Manifestation anti royaliste à Casablanca
Ceux qui prétendent que la révolte au royaume chérifien épargne la personne du roi ne pourront plus le soutenir longtemps. De plus en plus de manifestants scandent des slogans anti royalistes, comme dans cette vidéo datant de la soirée du samedi 04 février 2012 où des Casablancais appellent à la chute de « Houbal VI ». Le sobriquet dont les démocrates affublent le monarque souligne le ridicule de la déification qui entoure la personne de Mohammed VI, Houbal étant l’une des principales divinités préislamiques de la Mecque.Les manifestants ont également salué la révolution syrienne et le soulèvement de la ville de Taza et ont appelé les Casablancais à en suivre l’exemple.D’autres villes ont également connu des manifestations visant directement la personne du roi, mais la communication officielle continue à étouffer ces voix. Le makhzen soutient l’image d’un monarque populaire, adulé par son peuple, et imputent la raison des mouvement sociaux au chômage et aux problèmes économiques. Les slogans brandis dans la majorité des villes marocaines prouvent bel et bien que les revendication du peuple sont politiques, et que le pouvoir absolu du roi est au coeur de la contestation.Zineb El RhazouiVoxMaroc, 6/2/2012 -
Il y a 49 ans, mourait Abdelkrim…
Presqu’un demi siècle après sa disparition, l’icône des républicains marocains reste encore un farouche symbole de l’opposition au trône alaouite. Si les médias officiels du royaume enchanté occulteront cette commémoration, la toile, ultime espace de liberté de parole au Maroc, continue à plébisciter le fondateur de la République du Rif.Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi dont l’histoire demeure encore inconnue pour une large partie de Marocains, faute de figurer dans les manuels scolaires, se bonifie de mieux en mieux en ces temps de contestation. Un communiqué de Mohamed El Battiui, président de l’Assemblée mondiale amazighe et ancien exilé politique, a été relayé sur le site d’information indépendantdemainonline. Le texte retrace le parcours de la figure amazighe et appelle le peuple de Tamazgha, ce monde amazighe rêvé, à allumer un cierge à la mémoire d’Abdelkrim El Khattabi.Le tout nouveau site d’information Febrayer a également honoré le Zaïm. La journaliste Maria Moukrim revient également sur les épisodes les plus marquants de la vie de ce héros sans sépulture.Si l’Histoire officielle marocaine n’accorde aucune place aux gloires ne portant pas les armoiries du trône, quelques ressources permettent une meilleure compréhension de l’épopée d’Abdelkrim et de sa république du Rif que le régime actuel veut passer sous silence.Un documentaire de 48 minutes diffusé sur Arte revient sur des épisodes inédits du héros de la bataille d’Anoual, sa prédilection initiale pour les Espagnols et ses démarches pour la construction d’un Etat-Nation rifain.Plus détaillé, le livre de Vincent Courcelle-Labrousse et Nicolas Marmié « La guerre du Rif. Maroc 1921-1926)« , retrace le parcours de ce natif de la tribu des Beni Ouriaghel qui rêvait d’une république à deux pas de Fès.Bonnes feuilles« De son côté, malgré les inimitiés et les vengeances que suscite sa complicité affichée avec les Espagnols, Abdelkrim père, resté dans le village familial d’Ajdir, continue de récolter les fruits de cette authentique collaboration. Outre sa pension mensuelle, les Espagnols le remercient de sa fidélité en le décorant de l’ordre d’Isabelle la Catholique. Dans la logique de cet engagement, Abdelkrim père et fils vont jusqu’à demander la nationalité espagnole en 1910. Une naturalisation qui n’aboutira finalement jamais mais dont on peut pensait qu’elle aurait été lourde de conséquence sur la légitimité des deux hommes à diriger, dix ans plus tard, l’épopée de la rébellion rifaine »« Tout en résistant à l’avancée espagnole, Abdelkrim cherche à garder l’initiative. Il s’attelle même à un ambitieux chantier, auquel personne avant lui n’a jamais véritablement osé s’essayer : fédérer les tribus rifaines. Traditionnellement, le combat contre l’envahisseur a toujours été l’oeuvre d’une organisation temporaire, sous la direction d’un chef qui s’impose pour l’occasion, les tribus retournent ensuite à leur état antérieur d’autonomie. Mais Abdelkrim a de plus hautes ambitions et sa longue fréquentation de l’administration espagnole lui a fait voir que la dispersion bénéficie toujours à l’adversaire. C’est à partir du noyau du de sa tribu, Les Beni Ouriaghel, qu’il commence à imposer à ses proches voisins un embryon de structure centralisée ».« La déroute espagnole place Abdelkrim dans une situation totalement inattendue. Il pouvait envisager de freiner, voire de bloquer l’élan de la conquête espagnole. Mais être en position d’assiéger Mellila, d’avoir repoussé et acculé les Espagnols à la mer, relève du miracle et lui impose désormais d’avoir à gérer beaucoup plus qu’une victoire. Or, Abdelkrim est loin d’être encore le chef de toute la zone espagnole. Pour l’instant, c’est plus le piège successif et spontané des tribus qui s’est refermé sur l’envahisseur chrétien que l’effet d’une force organisée par une direction unique qui a joué. Pour autant, la défaite espagnole a fait retentir le nom d’Abdelkrim dans tous les douars du Maroc et exerce immédiatement une attraction puissante vers les Beni Ouriaghel, ce « tambour autour duquel danse le rif » ».« ce n’est pas sans un certain plaisir qu’une partie de l’Espagne voit enfin les Français aux prises avec Abdelkrim, et mieux encore, dans la difficulté. Cette attaque fait justice aux Espagnols des quolibets, du mépris qu’ils ont essuyé au gré de leurs défaites. Les Français peuvent ravaler leur condescendance. Ils découvrent enfin l’envergure de l’adversaire, sa force, sa combativité. Cette presse française qui hier encore décrivait le chef rifain comme un de ces droits communs de la dissidence, ne disposant que de moyens limités, victorieux surtout de l’impéritie espagnole, mesure maintenant qu’il est armé et puissant »« Depuis sa montagne berbère, Abdelkrim tente de jouer du nouvel ordre international surgi de la première déflagration mondiale. La paix manquée de Versailles, la révolution bolchevique, la prise du pouvoir de Kemal Ataturk, de Mussolini, l’agitation en Syrie, en Tripolitaine, l’indépendance de l’Egypte : le bouillonnement de l’histoire n’échappe pas à l’émir du Rif qui, malgré le blocus franco-espagnol, continue de se procurer et de lire avidement les journaux internationaux dont il reçoit les correspondants. Et en fin tacticien, il a très vite compris que son bras de fer militaire contre la France peut trouver un écho international de nature à entraver ou, au moins, à encadrer la marge de manoeuvre de la République coloniale »« Gordon Canning, après plusieurs semaines passées dans le Rif, où Abdelkrim lui a confié son espoir de voir l’Angleterre soutenir sa cause ou « tout au moins servir de médiateur », fait à Tanger un retour tonitruant. Il revient porteur d’un mémorandum du gouvernement du Rif pour négocier avec Paris « une paix durable ». Ce document, dont l’original a été partiellement inspiré et rédigé par Grodon Canning lui-même, ouvre, pour la première fois, la voie d’une renonciation à « l’indépendance » du Rif en contrepartie d’une « autonomie ». Les concours de cette autonomie sont toutefois très éloignés de ceux que Paris et Madrid entendent désormais imposer. S’il se dit disposé à reconnaître « l’autorité spirituelle » du sultan, Abdelkrim précise que cette reconnaissance n’emportera (au sultan) aucun droit à diriger par aucun moyen l’administration économique et politique du Rif ».« Mohammed Azerkane, ministre rifain des Affaires étrangères, prend connaissance le 24 mars, dans le bureau de Gabrielli, des conditions françaises. Il accuse le coup. « Une profonde émotion se dissimulait sous un masque impassible », rapportera Gabrielli qui comprend tout de suite que la nouvelle exigence d’un « éloignement » d’Abdelkrim sera rejeté par les Rifains. En présence du général Mougin, chef du cabinet militaire de Steeg, accouru de Rabat, Azerkane accepte néanmoins pour la première fois de « discuter de la paix générale avec les deux puissances », la France et, enfin, l’Espagne. Pour le reste, et en attendant de connaitre la décision de l’émir, il précise que celui-ci pourra peut-être, un jour, « disparaitre de son plein gré ». Mais un exil immédiat est inadmissible car, en outre, fait-il valoir, seul Abdelkrim a la stature, tant pour imposer la paix, que pour continuer le combat ».« La réponse d’Abdelkrim est rédigée le jour-même après une brève discussion avec les émissaires français : « Louange à Dieu seul! A Monsieur le colonel Corap. J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre m’accordant l’Aman. Dès à présent, je puis vous dire que je me rends à vous. Nous demandons la protection de la France pour nous et notre famille ». Le succès de l’offensive de printemps est donc total et fulgurant comme le résume le capitaine Tassin : « en dix-huit jours de campagne, en avance de près de cinq semaines sur les prévisions, notre action militaire liée à celle de nos voisins espagnols a eu raison d’Abdelkrim et de ses farouches janissaires, les Beni Ouriaghel » ».VoxMaroc, 6/2/2012 -
Pour une mobilisation massive au plan international
Les travaux de la 37e Conférence de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui ont pris fin hier en début d’après-midi, à l’hôtel Mélia Lebreros au centre de Séville, par l’adoption d’une feuille de route pour l’année 2012. Globalement, les 500 participants venus de 20 pays vont focaliser leur mouvement futur sur l’action politique à mener endirection des Nations unies et de l’Union européenne, l’une et l’autre étant selon la déclaration finale, intimement liées. Et en toile de fond, réclamer de ces deux instances l’application du droit international concernant la question sahraouie et permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit à l’autodétermination. Les participants ont aussi insisté sur «les alliances nouvelles à établir au sein du mouvement de solidarité» pour une mobilisation intercontinentale tant en Afrique (Union africaine) qu’en Amérique latine. De même que la 37e édition de l’Eucoco élargie à d’autres comités dans le monde a souligné la «nécessité de réajuster la politique de communication tant au sein de l’Eucoco vis-à-vis des interlocuteurs privilégiés au sein des institutions et envers les médias».Un hommage a été rendu à l’Algérie par les participants qui ont salué son «apport particulièrement important» de ce pays d’accueil des réfugiés sahraouis pour soutenir leurs revendications légitimes, précise-t-on. Au sujet des droits de l’homme, la Conférence a retenu l’amplification de la campagne visant la libération de «tous les prisonniers politiques sahraouis» mais aussi pour la protection des ressources naturelles du Sahara occidental. Il a été décidé aussi d’une action en direction du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève et à la Commission des droits de l’homme et des peuples de l’UA et du Conseil de l’Europe. L’atelier solidarité s’est particulièrement attaché à la nécessité d’associer les mouvements sociaux aux mobilisations pour le respect de l’ensemble des droits humains, sociaux et culturels du peuple sahraoui.Cette année, un cinquième atelier a été réservé à la promotion de la culture sahraouie, à la défense du patrimoine de ce peuple.La 38e édition de l’Eucoco aura lieu en 2013 à Rome.Y. M.* Ce compte-rendu est dédié à la mémoire de notre journaliste Mohamed Zaâf, fervent défenseur de la cause sahraouie, décédé cette semaine.Le Jeune Indépendant, 6/2/2012 -
Aminatou Haidar au J.I. : « J’espère que cette édition de l’EUCOCO pourr faire avancer la position espagnole »
La célèbre militante sahraouie des droits de l’homme a exprimé à la fin des travaux de la 37e édition de l’Eucoco son souhait de voir cette conférence participer à faire évoluer la position espagnole au sujet du conflit maroco-sahraoui. «J’espère que cette grande manifestation contribuera à faire avancer les choses tant au sein du gouvernement espagnol, qui demeure la puissance administrant le Sahara occidental, que l’ONU, qui doit se mobiliser pour l’application des résolutions maintes fois réitérées», a-t-il dit.Aminatou Haidar a ajouté que «l’ONU doit faire pression sur le Maroc pour permettre au peuple sahraoui d’exprimer son choix». Elle s’est par ailleurs félicitée de la réussite des travaux de la 37e Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui. Y. M.Le Jeune Indépendant, 6/2/2012 -
Le Polisario mise sur le gouvernement espagnol
par Notre Envoyé Spécial A Séville (Espagne) : Z. MehdaouiLa 37ème édition de la Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui (Eucoco) devait clôturer, tard dans la soirée d’hier, ses travaux. Plusieurs ateliers sont installés, depuis samedi dernier, pour discuter des thèmes liés notamment à la «résistance pacifique des Sahraouis dans les villes occupées», «la communication et les villes jumelées», «le respect des droits de l’homme» et «le pillage des richesses naturelles du Sahara Occidental par le Maroc».Mais ce qui a incontestablement retenu l’attention des participants à la conférence, organisée dans la ville de Séville, c’est le discours prononcé par le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz. Ce dernier, avait clairement mis en garde contre une éventuelle reprise des hostilités militaires si le royaume chérifien persistait dans ses «tergiversations». Le chef du Polisario qui précise qu’il était attaché aux «voies pacifiques», a appelé le nouveau gouvernement marocain afin de dépêcher une nouvelle délégation animée d’une nouvelle vision, lors de la prochaine rencontre (11, 12, 13 février) à Manhassat, aux Etats-Unis. «Nous espérons que la partie marocaine vienne à ces négociations avec une vison conforme à la légalité internationale», avait-il déclaré à l’ouverture des travaux de l’Eucoco. Le président de la RASD a par ailleurs, critiqué sévèrement les Nations unies pour leur gestion du dossier sahraoui, en soulignant que « l’échec des Nations unies dans l’application de ses propres résolutions, vingt années durant, à propos d’une question simple et claire, ne peut être compris, lorsque l’on constate la célérité et l’efficacité qui ont caractérisé les mécanismes du Conseil de sécurité de l’ONU à propos d’autres questions et conflits bien plus tardifs que la question sahraouie», avait-il déclaré, non sans appeler les Nations unies à «assumer leurs responsabilités» dans ce qui va suivre dans un proche avenir si la situation de pourrissement persistait toujours. Le président Abdelaziz a exhorté dans le même cadre, l’Europe à participer efficacement dans la recherche d’une «solution juste et définitive» du conflit au Sahara Occidental. «L’Europe ne doit pas contredire ses propres valeurs et principes en se précipitant pour protéger les droits de l’homme et les civils par tous les moyens, y compris militaires, dans plusieurs régions du monde, en feignant de ne pas voir que les droits de l’homme et la légalité sont bafoués au Sahara Occidental, par la force d’occupation marocaine», s’est élevé le président sahraoui devant quelque 600 délégués venus d’une vingtaine de pays de tous les continents.Mohamed Abdelaziz mise par ailleurs beaucoup sur la nouvelle équipe dirigeante en Espagne pour peser de tout son poids au sein de l’Union européenne pour amener le Maroc à de meilleurs sentiments dans un conflit qui dure depuis l’année 1975. «Nous prédisons un rôle positif des nouvelles autorités espagnoles, issues du Parti populaire (PP) pour résoudre la question sahraouie, à travers un référendum d’autodétermination», a indiqué Mohamed Abdelaziz qui rappelle que le PP s’est clairement exprimé sur la question sahraouie, lors des élections législatives en Espagne, en rappelant par ailleurs la «dette historique» de l’ancienne puissance coloniale à l’endroit du peuple sahraoui. En tous les cas, Pierre Galland, le président de l’Eucoco paraissait cette année (37ème édition) très serein quant à l’issue du conflit qui dure depuis plusieurs années. Pour preuve l’ancien sénateur de Bruxelles n’a cessé de rappeler, quand il est interpellé par les journalistes en marge des travaux de l’Eucoco, la décision historique du Parlement européen de ne pas reconduire l’accord de pêche sur les eaux territoriales sahraouies avec le Maroc. Pierre Galland est convaincu qu’il existe désormais, à l’intérieur des centres de décisions en Europe, une sorte de prise de conscience en ce qui concerne le Sahara Occidental.Le Quotidien d’Oran, 6/2/2012 -
« L’Espagne a un intérêt particulier dans cette affaire (Sahara) car elle a une certaine responsabilité historique » (ambasadeur Busquets)
Le Jeune Indépendant : Le début de l’année est pratiquement la période des bilans. Quel est celui des relations entre les deux pays ?G. Busquets : C’est effectivement un bon moment pour faire ce bilan, particulièrement cette année 2012, c’est connu, c’est le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays. C’est aussi le dixième anniversaire de la signature du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération entre l’Algérie et l’Espagne, le premier de ce type signé par l’Algérie avec un pays européen. Ce traité définit un schéma de coopération et de dialogue politique au plus haut niveau, avec des sommets gouvernementaux. Le prochain sera le cinquième sommet et nous espérons qu’il aura lieu cette année. Il aurait dû avoir lieu à la fin de 2011, mais il a été reporté à cause des élections en Espagne. Ce report nous permettra maintenant de faire le bilan de dix ans.L’Algérie est un pays voisin, c’est le premier avantage qu’il faut souligner dans nos relations. C’est un pays avec lequel nous n’avons ni des hypothèques du passé ni des ressentiments historiques. Nous n’avons pas non plus des contentieux. Ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas de temps en temps des différends, nous ne pouvons pas être d’accord sur tout !Le cadre favorable à une coopération amicale est déjà là. Je peux dire que nos relations sont excellentes, mais nous voulons qu’elles soient exemplaires. Pour cela, il nous faut plusieurs choses : d’abord, sortir un peu de cette fixation sur les rapports énergétiques entre les deux pays. L’énergie a été le vecteur principal de nos relations, nous sommes le deuxième client européen de l’Algérie. Nous avons réalisé, l’année passée, un deuxième gazoduc qui a une importance énorme. Il va alimenter en gaz non seulement l’Espagne, mais aussi le réseau européen.C’est un créneau qui restera certes très important, mais d’autres créneaux existent, aussi bien dans le domaine économique que dans d’autres domaines. Les entreprises espagnoles ont les capacités qui s’adaptent aux besoins de l’Algérie. Dans le domaine des infrastructures, la performance espagnole est connue mais pas seulement dans ce domaine. Il y a bien d’autres exemples de sa présence en Algérie. Le plus important secteur à mon avis est celui des PME. Dans ce domaine, il nous reste beaucoup à faire, et il nous faut aussi mieux nous connaître.L’Algérie est-elle considérée comme exclusivement un partenaire économique ?Pas seulement ! L’Algérie est aussi un partenaire politique très important, voire incontournable, pour nous : la Méditerranée, 5+5, processus de Barcelone, son poids au sein de la Ligue arabe, son rôle dans le groupe des 77, les questions globales. Tout ce qui est coopération régionale au Maghreb. Nous pensons que de nouvelles perspectives peuvent s’ouvrir maintenant dans la région. C’est vrai que ces mécanismes, 5+5, Méditerranée… méritent, suite aux nouvelles données de la région, une nouvelle réflexion, mais comme je disais, des perspectives existent et nos deux pays doivent s’y pencher. Il y a aussi cette profondeur et cette dimension africaine de l’Algérie qui est très importante pour nous sans oublier le Sahel.Il y a également un passé historique qui est très important. Nous ne sommes pas seulement liés par la géographie, mais aussi par l’histoire. A ce propos, le chapitre culturel est très important à relever. Nous avons deux centres culturels en Algérie, ils sont des plus actifs de tout notre réseau culturel à l’étranger.Tout ceci pour dire que nos relations sont globales. Je pense que cette année 2012 sera une année de relance des relations. Un nouveau souffle animera nos relations. L’année dernière, nous avons été très penchés sur nos situations intérieures. En 2012, nous allons assister à une relance. Il y a encore du potentiel à exploiter. Je suis certain que cette année nous allons effectuer un saut qualitatif dans nos relations.Vous évoquiez les PME. Un axe d’avenir à entendre parler les responsables algériens. En quelque sorte préparer l’après-pétrole. La présence étrangère dans ce secteur est très timide et elle est liée aux contraintes de la régulation du marché algérien. Le crédoc, la LFC, le système bancaire où les sociétés étrangères aimeraient bien avoir des banques étrangères de leur pays… Comment voyez-vous tout cela ?Je peux vous donner un avis d’un point de vue espagnol. C’est d’ailleurs un point de vue similaire pour les autres pays européens, je pense. D’abord, les PME sont énormément importantes. Elles sont celles qui génèrent le plus d’emplois et apportent le plus de transfert de technologie. Elles sont importantes du point de vue économique mais aussi des relations commerciales et humaines. Une des premières mesures qu’a prise le nouveau gouvernement espagnol est un ferme soutien aux PME.Les PME sont des entreprises en majorité à caractère familial. Elles sont basées sur la confiance et la continuité. Cette relation de confiance est très importante vis-à-vis des partenaires étrangers. Elles veulent maintenir ce caractère familial dans la direction et le contrôle de l’entreprise, l’entreprise appartient à celui qui l’a créée.C’est ce genre de problèmes qui se posent lorsque l’entreprise sort à l’étranger. Nous constatons de plus en plus l’intérêt des PME espagnoles à s’installer en Algérie. Le marché algérien, en cette phase de la crise économique en Espagne, est un marché à fort potentiel et offre des opportunités intéressantes pour les PME espagnoles.En même temps, je constate que les PME espagnoles qui s’installent en Algérie sont celles qui ont des rapports avec l’Algérie depuis des années. C’est un long processus de confiance personnelle. Pour mieux attirer les PME ici, il faudrait tenir compte, je pense, de ces données.Il faut faire preuve d’imagination et de pragmatisme car leur contribution dans le transfert de technologie et dans la création d’emploi est incomparable.Et concernant la législation algérienne actuelle ?La loi de finances complémentaire 2009 a décidé un nouveau cadre juridique et les PME qui veulent s’installer en Algérie s’adaptent au partenariat 51 /49 mais nous serions mieux servis si la législation tenait compte des spécificités des PME.La rigidité peut parfois produire des effets contraires. Je sais que des industriels et des hommes d’affaires algériens ont déjà fait des propositions très intéressantes à cet effet. Il faudrait peut-être trouver des modèles spécifiques qui permettent aux PME plus de flexibilité pour maintenir la majorité ou le contrôle de l’investissement. Ceci dit, un investissement n’est jamais sans risque, partout dans le monde.Il ne s’agit pas de minimiser les risques mais de faciliter leur présence ici.Dernièrement, la Banque d’Algérie a refusé d’agréer 6 banques étrangères. Y aurait-il dans le lot du refus une banque espagnole, sachant que les banquiers espagnols s’intéressent à s’implanter en Algérie ?Une banque étrangère est un instrument très utile pour la présence des compagnies et des entreprises étrangères. Elle est utile dans la recherche des partenaires, en plus d’être habituée à leur façon de travailler. L’une des questions qui nous préoccupe est justement de renforcer les instruments qui facilitent la présence des entreprises espagnoles et le contact entre les entreprises espagnoles et algériennes. Les banques et les chambres de commerces sont des instruments très importants. Il y a un groupe de chefs d’entreprises algéro-espagnol qui est en train de travailler sur ce type d’instruments. La présence d’une institution financière est très demandée aussi.L’intérêt existe depuis longtemps. Je sais que des démarches auprès de l’administration algérienne ont été faites.Les mésententes existant entre les deux pays sont exclusivement le problème du prix du gaz, le différend commercial et le problème sahraoui, la position dépend des gouvernements espagnols. Que pouvez-vous dire pour ces deux sujets ?Concernant le gaz, pour nous l’Algérie est un fournisseur fiable et stable. L’Algérie est notre principal fournisseur. Il peut arriver facilement à la limite de ce que la réglementation espagnole permet pour un seul fournisseur.Cela reflète un énorme degré de confiance, je dirais une confiance totale. Les contrats à long terme du gaz qui sont du ressort des compagnies privées, pas de l’Etat, ont des mécanismes de révision des prix.Chaque certaine période, (tous les 3 ans d’habitude), les compagnies doivent se mettre d’accord pour la révision des prix. Ces dernières années, la révision des prix a été plus difficile et les compagnies ont fait recours à un arbitrage.Même dans ce contexte des solutions ont été trouvées dans un esprit de partenariat. Aujourd’hui, Sonatrach est actionnaire de son client espagnol Gaz Natural, bien sûr aussi dans le gazoduc Medgaz. Cela donne une nouvelle qualité à la présence de l’Algérie en Espagne et au rapport entre les compagnies. Elles sortent du simple rapport client-fournisseur. L’interdépendance est mieux que la dépendance, c’est une bonne solution pour certaines questions.D’autre part, les deux gouvernements, conscients de l’importance de cette relation, ont essayé d’apporter leur contribution pour que les problèmes soient résolus à la faveur du bénéfice mutuel.Mais le prix du gaz n’est-il pas sous la bannière de ce qu’on appelle aujourd’hui le cartel du gaz ?Bien qu’en Algérie on apprenne beaucoup de choses, je ne suis malheureusement pas un expert en gaz. Les contrats pour le gaz sont différents des contrats pour le pétrole, bien que le prix du gaz soit indexé sur d’autres produits pétroliers. Ce qui fait que le gaz a une spécificité. Il y a une approximation mais ce sont des contrats à long terme qui n’existent pas exactement dans le marché pétrolier. Ce forum des pays exportateurs de gaz n’est pas encore une OPEP du gaz mais plutôt un groupe de concertation, de coopération, d’échange de données et d’expériences, je pense.Pour clore ce chapitre de coopération, quel est le chiffre d’affaires entre les deux pays ?C’est autour des 10 milliards de dollars. Cela varie selon le prix du gaz (rire).Il y a un déficit structurel pour l’Espagne qui importe beaucoup plus de l’Algérie qu’elle ne lui vend. Une raison de plus pour nous de nous efforcer à être plus présents ici.Nous sommes le troisième client de l’Algérie après les Etats-Unis et l’Italie et le quatrième fournisseur après la France, l’Italie, la Chine. L’Espagne est l’un des principaux investisseurs ; entre 2005 à 2008, le premier investisseur européen.Les produits agricoles espagnols ont été refoulés, l’an dernier, aux frontières françaises. L’Espagne a une tradition agricole certaine. Les colons en Algérie étaient dans leur majorité des Espagnols. Aujourd’hui, la coopération dans ce secteur est insignifiante. Pourquoi ?L’Europe est le marché traditionnel des produits agricoles espagnols. Il ne faut pas oublier qu’il y a un marché unique et une politique agricole commune en Europe. Mais, il est vrai que l’Algérie devrait faire l’objet d’un intérêt plus sérieux dans le domaine de l’agriculture.Il existe déjà une coopération dans certains domaines : irrigations, agrumes, l’olivier, qu’il faudrait élargir. Il y a des questions par rapport à la propriété des terres agricoles qui ne sont pas très bien comprises par les agriculteurs espagnols : participation, cession. Il y a un travail à faire et c’est pour cela que je vous ai dit que le secteur de l’énergie est important, mais il n’est pas le seul. Pas seulement l’agriculture, il y aussi la logistique, surtout celle liée à l’organisation des marchés, distribution, etc.Pourquoi l’Espagne n’a pas initié une sorte d’UPM. A-t-elle renié une partie de son histoire ?Votre question nous ramène à un autre aspect : La Méditerranée et la culture. La Méditerranée est l’affaire de tous. C’est très important de le dire. Nous avons toujours défendu cette position. Elle n’est pas seulement l’affaire des pays riverains. Elle doit être l’affaire de tous les Européens. Les défis sont tellement importants, mais aussi les conséquences de ce qui peut arriver en Méditerranée qui peuvent affecter non seulement les pays riverains mais l’Europe entière. Il est normal que les pays riverains soient à l’origine de toutes les initiatives qui se tiennent en Méditerranée. C’est le cas de l’UPM, c’est le cas du 5+5, du Forum méditerranéen, du processus de Barcelone… Nous avons toujours adhéré ou même initié ces initiatives parce que la Méditerranée est notre sphère commune. Nous devons faire en sorte que cette Méditerranée nous unisse.Voyez-vous, moi-même, je suis né aux Baléares, c’est-à-dire plus près d’Alger que ceux qui sont originaires d’Oran. Mais cette proximité est mesurée parfois d’une façon différente. C’est cela notre grand défi en tant que Méditerranéens. Unir et rapprocher. En tout cas, on revient toujours à cette réalité car on revient toujours à ses origines. L’Europe sans la Méditerranée serait autre chose.Le Sahara occidental ?L’Espagne a un intérêt particulier dans cette affaire car elle a une certaine responsabilité historique. Elle a tout intérêt à ce que ce problème soit résolu définitivement.La position de l’Espagne a été constante depuis 1976. Il est vrai que l’on a tendance à interpréter les déclarations d’un gouvernement ou autre dans un sens ou dans l’autre dans la mesure où il peut y avoir des nuances ou des accents dans la recherche de la solution à un moment donné. Mais la position sur les principes a été la même pour tous les gouvernements et pour plusieurs raisons. Il s’agit d’une affaire qui concerne tout le monde en Espagne, le gouvernement, l’opposition, le Parlement. Le Parlement espagnol se prononce à ce sujet de façon unanime. C’est une affaire très sensible aussi pour la société civile.Sans oublier les implications pour la politique étrangère espagnole dans la région. Tout gouvernement espagnol doit tenir compte de toutes ces données. Tous les gouvernements qui se sont succédé ont recherché un consensus autour de cette question qui est entre les mains des Nations unies.L’Espagne est pour une solution juste et définitive accordée par les parties, dans le cadre des Nations unies, et qui tient compte du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.A partir de cette position, l’intérêt de l’Espagne est de sensibiliser la communauté internationale, d’aller dans le sens de l’urgence de trouver une solution, de donner son appui, permanent et constant, aussi bien politique que logistique, à l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies. Les parties et les partenaires maghrébins le savent très bien.Le «printemps arabe» domine la situation dans le monde. La Libye, la Syrie…Ce qui s’est passé dans certains pays est une sorte de deuxième indépendance. C’est l’impression que donnent les peuples de ces pays-là. Ces peuples ont le sentiment que leur indépendance avait été séquestrée par des castes bureaucratiques, militaires, etc. et veulent la récupérer et bannir les régimes «patrimonialistes». Ce sont des processus qui sont en train de se consolider à travers la démocratie. Mais la démocratie n’est pas seulement des élections. Elle implique aussi la bonne gouvernance et l’état de droit. Je crois que les aspirations des peuples vont dans ce sens-là. Ce qu’ils souhaitent, c’est la bonne gouvernance, chacun avec sa spécificité. Ni les rapports de force ni les situations ne sont pas les mêmes dans tous les pays. A mon avis, l’important est la participation des peuples dans la vie démocratique de chaque pays. Ce que la communauté internationale demande et plus particulièrement l’Union européenne, et le respect de certaines valeurs. Nous n’avons pas à imposer un modèle déterminé.Certaines hypothèses supposent que le Qatar soutien les islamistes dans ces pays-là ?Les islamistes sont une donnée dans tous ces pays. Il faut être réaliste. Mais il y a aussi les démocrates et nous avons tendance à les oublier, on ne parle pas d’eux. Nous n’allons pas dire que les islamistes ne sont pas des démocrates. Les islamistes ont accompagné ces soulèvements, mais ils ne sont pas à leur origine, en Tunisie ou en Egypte, par exemple.Mais toutes les interprétations sont possibles, il nous faut encore un peu de temps pour mieux comprendre ces développements, car nous sommes devant un défi historique, ils vont avoir une longue durée et évoluer différemment.L’Europe qui a refusé l’adhésion de la Turquie, juste parce qu’elle est gouvernée par une équipe islamique, soutient ces mouvements et a donné la Tunisie comme modèle… quelle lecture en faites-vous ?L’Union européenne n’a pas refusé l’adhésion de la Turquie. L’Europe n’est pas unanime sur cette question et certains pays européens verraient très bien la Turquie comme l’un de ses membres. Il y a un processus de négociation dont le but est l’adhésion, mais le résultat reste ouvert.D’ailleurs, le succès économique de la Turquie et beaucoup de réformes qui ont eu lieu en Turquie ne s’expliquent pas sans cette proximité avec l’Union européenne. J’ai déjà signalé que nous n’avons pas à imposer un modèle déterminé, mais si celui-ci est le modèle, la voie suivie est connue.Sur les réformes en Algérie ?Nous les avons saluées avec satisfaction, les encourageons et nous croyons qu’elles sont substantielles. Nous pensons que chaque pays a ses spécificités mais il faut être conscient que l’on doit répondre aux aspirations du peuple.Nous souhaitons que les prochaines élections soient libres et transparentes avec une participation importante. Cela sera un grand pas en avant. Ceci n’est qu’une étape, tel qu’il a été indiqué par le président de la République. La prochaine étape sera la révision de la Constitution.Pour ceux qui crient au loup et demandent des observateurs en masse ?Nous nous félicitons du fait que l’Algérie ait décidé d’inviter des observateurs et plus particulièrement de l’Union européenne. C’est une preuve de la volonté de tenir ces élections dans les meilleures conditions. L’observation électorale est aussi un élément du processus de réformes et un encouragement.Votre dernier mot !N’oublions pas la culture. Pour moi c’est très important, car nous avons un déficit de connaissance mutuelle.La compréhension de l’autre demande un minimum de connaissance et de sensibilité culturelle. Ce volet nous permet de mieux gérer les problèmes et de coopérer plus étroitement sur des bases solides sans avoir peur des surprises.En Algérie, nous avons tendance à regarder plutôt son passé récent et pas l’avenir, c’est aussi une contribution que la culture peut faire. Pour nous la culture est aussi une priorité.D’autres pays mettent 13 millions d’euros en Algérie pour la culture…On ne peut que s’en réjouir, mais même s’il y a des parallélismes, il ne s’agit pas seulement de comparer des chiffres. Nous devons mettre l’accent sur la culture comme un sujet nécessaire, voire indispensable, à caractère permanent, qui nous permettra aussi de mieux nous connaître.Chacun doit apporter sa contribution et cela à tous les niveaux.Entretien réalisé par Samir MéhallaLe Jeune Indépendant, 5/2/2012 -
Escroquerue : Le Maroc vend des fraises en Europe avec un label espagnol
L’association des producteurs et des exportateurs de fraises de Huelva (Freshuelva) a signalé la présence d’une grande quantité de fraises produites au Maroc, portant des étiquettes comme si elles étaient espagnoles, sur les marchés européens. La plainte a été faite lors d’une conférence de presse, qui a rapporté le « la présence à Huelva dans la Foire Internationale pour le Marketing des fruits et légumes Fruitlogistica 2012» qui aura lieu la semaine prochaine.Alberto Garrocho, président de l’association a dénoncé que ce sont les producteurs de fraises de Huelva qui ont découvert cette supercherie, puisque les variétés de fraises marocaines ne sont pas produites en Espagne. Le président de Freshuelva a demandé aux autorités espagnoles et européennes de contrôler ce type de pratique, qui et, en plus de fraude, peut provoquer une grave menace pour la sécurité alimentaire étant donné que les fraises du Maroc ne sont pas «produites avec les mêmes normes de qualité et de traçabilité que les espagnoles. «
Garrocho a ajouté que, à titre d’exemple, au Maroc l’on utilise encore pour la désinfection des plantes des produits chimiques interdites en Europe, tels que le bromure de méthyle. Par conséquent, il a appelé aujourd’hui les autorités européennes à exiger du Maroc le respecter des normes qui sont imposées aux producteurs espagnols.
Aujourd’hui, l’Andalousie est le plus grand producteur de fraises en Europe (33%), à savoir la province de Huelva, qui représente 94% de l’Espagne.
Nous ne seront pas étonnés de voir qu’une autre histoire similaire à celle du concombrese repète à nouveau, cette histoire qui a porté un préjudice grave à notre agriculture. Nous ne seront pas non plus étonnés de voir qu’une partie très importante de la fraise qui arrive en Europe provenant du Maroc ait été produites par des sociétés espagnoles installées au royaume alaouite.
L’UE – jusqu’à présent, le Ministère de l’Agriculture sous la direction de Arias Cañete- n’a rien dit, et les autorités espagnoles doivent procéder à une enquête approfondie sur cette frause et la violation de la réglementation européenne
Espacios Europeos, 2/2/2012 -
L’auteur du «Printemps des Sayanim» interdit à Casablanca: Le tabou du conseiller de M6
par Salem FerdiL’inamovible conseiller royal au Maroc, André Azoulay, a toujours été un sujet de controverse sur ses liens présumés ou réels avec le Mossad. Mais le sujet est rarement abordé par les médias marocains en raison d’un système de protection efficace. L’écrivain marocain d’origine juive, Jacob Cohen, auteur du «Printemps des Sayanim» paru chez l’Harmattan, vient d’en faire l’expérience.Jacob Cohen devait présenter son livre, le 26 janvier dernier, à l’Espace Tayeb Saddiki de Casablanca mais l’évènement a été annulé à la dernière minute. Le directeur de l’espace, Baker Saddiki, a invoqué des «travaux urgents» pour éviter que M. Jacob Cohen ne vienne présenter son livre, consacré aux juifs de la diaspora qui travaillent, ponctuellement ou durablement, pour le Mossad. Dans un entretien publié par Alter-Info et reproduit par Palestine Info, Jacob Cohen définit ce que veut dire Sayan, singulier de Sayanim. «Les Sayanim – informateurs en hébreu – sont des juifs de la diaspora qui, par «patriotisme», acceptent de collaborer ponctuellement avec le Mossad, ou autres institutions sionistes, leur apportant l’aide nécessaire dans le domaine de leur compétence». Quel rapport entre les Sayanim et l’interdiction, de fait, de la présentation du livre à Casablanca ? Outre le franc-parler de Jacob Cohen, son positionnement à gauche et son refus de suivre la propagande officielle sur l’harmonie entre juifs et musulmans, il a eu l’outrecuidance de désigner le puissant André Azoulay, comme un «Sayan». Progressiste et défenseur des droits de Palestiniens, Jacob Cohen ne tient pas en grande estime le Conseiller royal qu’il qualifie de «Sayan» mais ce n’est pas la seule raison qui explique qu’on ne veuille pas qu’il s’exprime au Maroc. Dans un article publié sur son blog et intitulé «Autocensure : la maladie infantile de la démocratie marocaine», Jacob Cohen énumère les raisons qui motivent son interdiction de la part d’institutions culturelles marocaines qui ont réalisé leur «erreur» après des recherches internet et ont décidé d’annuler la conférence. Il raconte ainsi comment l’enthousiasme initial de Baker Saddiki s’est refroidi.«JE NE SUIS PAS UN JUIF DE COUR»«Son 1er mail du 21 décembre 2011 était absolument enthousiaste. Grande soirée en perspective, avec médias et large communication. Echange de mails et de documents divers. Date fixée pour la conférence : le 26 janvier 2012. Et puis le 13 janvier, 2 jours avant la campagne de promotion dans la presse, changement brutal. Annulation pour cause de «travaux urgents» et «durables». Des amis assurent à l’écrivain que le 26 janvier, à l’heure prévue pour la conférence, il n’y avait pas de travaux particuliers. Jacob Cohen dit comprendre leur panique. Il n’a pas la langue dans sa poche. «Je ne suis pas du genre à reprendre les «vérités» assénées par l’establishment sur l’harmonie et la coexistence parfaites entre juifs et musulmans. Les juifs marocains ont toujours été des sujets mineurs, au sens «arendtien» du terme. Le juif marocain n’a pas à ouvrir sa gueule. Mais je ne suis pas un «juif de cour», expression empruntée à Abraham Serfaty ». Jacob Cohen estime aussi que l’establishment marocain n’aimerait entendre que ce que disait Serfaty : la campagne menée dans les journaux de l’Istiqlal en 1961 et qui fut rééditée en 1967 était du racisme. Elle alimentait fortement les desseins de la bourgeoisie juive et du sionisme».LIVNI, LA «BOUCHERE DE GAZA»Outre sa propension à contester le mythe de l’harmonie, Jacob Cohen souligne que son engagement politique à gauche n’est guère apprécié. «Je suis engagé politiquement. A gauche. Mon blog et mes 2 pages Facebook en font foi. Je milite pour une Palestine unie et démocratique. Je ne défends pas – et je critique durement – la politique de «dialogue» avec un Etat qui continue, impunément, agressivement, cyniquement, à coloniser et à détruire les structures sociales, économiques et culturelles de la société palestinienne. Cette politique de «dialogue», bien servie par un autre «juif de cour», le Sayan André Azoulay, n’a eu pour résultat jusqu’à présent qu’à légitimer la mainmise sioniste sur toute la Palestine. Que des dirigeants sionistes, comme la «bouchère de Gaza», arrivent au Maroc, à Tanger, comme en terrain conquis, et reçus avec les honneurs, je trouve cela indigne d’un pays arabe et musulman». Cohen parle de l’ancienne ministre des Affaires étrangères israélienne, Tzippi Livni, invitée en 2009 par un Think Tank de Brahim Fassi Fihri, le fils de l’ex-ministre des Affaires étrangères. Bref, Jacob Cohen est trop libre.Le Quotidien d’Oran5/2/2012 -
Sahara : Le Polisario veut coopérer avec l’ONU mais…
«Nous souhaitons que la nouvelle délégation marocaine, désignée par le gouvernement du Premier ministre Abdelillah Benkirane, arrivera à Manhasset avec une nouvelle vision qui rompt avec l’attitude négative affichée par le Maroc lors des différents rounds de négociations entre les deux parties», déclare Mohamed Abdelaziz, le SG du Front Polisario, dans un point de presse qu’il a tenu en marge des travaux de la 37e conférence européenne de coordination de la solidarité avec le peuple sahraoui qui s’est ouverte vendredi à Séville (Espagne).Cette énième montée du Front du Polisario à l’approche des neuvièmes négociations de Manhasset (New York), prévues du 11 au 13 février, trouvera-t-elle un écho au Maroc ? Jusqu’à présent, Rabat refuse d’avoir une vision conforme avec la légalité internationale et de coopérer sérieusement avec les Nations unies pour résoudre le dernier conflit colonial en Afrique. Le gouvernement du Parti de la justice et du développement de M. Abdelillah Benkirane mettra-t-il fin à cette vision en optant pour le respect des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés ? Le doute est permis. Le Front Polisario a toujours fait preuve de son attachement à une solution juste et démocratique au conflit, à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui permettra au peuple sahraoui de s’exprimer librement sur tous les choix qui lui seront soumis. Y compris l’autonomie que préconise, depuis 2007, le Royaume comme seule et unique solution. Une position sahraouie que ne manqueront pas d’appuyer logiquement tous les gouvernements issus des révoltes populaires et l’envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara occidental, Christopher Ross qui sera prochainement à Strasbourg pour s’expliquer devant les eurodéputés sur «la liberté des peuples à se libérer des dictatures et des régimes répressifs». Autrement dit, il sera exigé de l’ONU de profiter du climat du printemps arabe pour trouver une solution à ce conflit dont que le camp de Gdeim Izik qui a été «violemment réprimé par les autorités marocaines» pourrait être considéré comme «un détonateur » pour le printemps arabe. Comment ? En tenant avec Rabat le discours qu’elle a tenu avec Tripoli, Damas, Sanaâ. «Si ces pourparlers échouaient, le retour aux armes serait presque inévitable», prévient le président sahraoui dans une interview à la revue italienne de géopolitique Limes parue jeudi. Précisant que le Polisario a éprouvé, lors du dernier congrès, beaucoup de peine pour convaincre la base qui a émis le désir de reprendre les armes de faire confiance à la voie diplomatique.Horizons, 5/2/2012 -
José Bové : Nous ferons tout pour stopper l’accord agricole UE-Maroc
L’agriculteur et parlementaire français, José Bové, déclare dans une interview avec le journal L’économiste qu’il travaillera dur pour faire barrage à l’accord qu’il qualifie de « catastrophe pour l’agriculture ».Dans le journal marocain L’économiste de la semaine dernière, l’eurodéputé français José Bové explique pourquoi il est contre l’accord agricole avec le Maroc. lire l’interview complète ci-dessous.
Accord agricole Maroc-UE
Bové: «Nous ferons tout pour faire barrage»
Vote favorable de la commission du commerce international du Parlement européen Le Vert français prépare une riposte pour la plénière du Parlement en février : «Ma position n’est absolument pas dirigée contre le Maroc»
C’est sans surprise que la commission du commerce international du Parlement européen (INTA) a voté, le 26 janvier, en faveur de l’accord agricole Maroc/UE (23 pour, 5 contre et 1 abstention). En votant massivement, les membres de cette commission ont donc rejeté le rapport du Vert français, José Bové. Aux yeux de ce dernier, l’accord en question n’est bon ni pour le Maroc ni pour l’Europe dans la mesure où celui-ci ne ferait que renforcer une «agriculture industrielle exportatrice aux dépens de l’agriculture familiale et paysanne des deux côtés de la Méditerranée». L’ex-paysan du Larzac se promet maintenant de batailler ferme pour que cet accord soit rejeté lors de la plénière du Parlement européen à la mi-février. A l’issue du vote de la commission, L’Economiste a rencontré José Bové.
-L’Economiste: Contrairement aux recommandations de votre rapport sur l’accord agricole, la commission INTA a voté en faveur de cet accord. Comment réagissez-vous? Etes-vous déçu par cet échec?
– José Bové: Je ne pense pas que l’on puisse parler d’échec. En vérité, je m’attendais à cette décision, je ne suis pas naïf, je sais très bien que les tenants du libre-échange sont très nombreux au sein de la commission du commerce international du Parlement. Le libre-échange est une catastrophe pour l’agriculture. C’est l’échec déjà avec l’OMC depuis dix ans et on sait très bien que libre-échange et agriculture ne font pas bon ménage, cela ne fonctionne pas. Ceux qui connaissent vraiment les sujets agricoles sont les membres de la commission de l’agriculture du Parlement qui, eux, ont voté très clairement contre l’accord avec le Maroc en juillet 2011. Dans ce cas-ci, la commission du commerce international, qui est là pour faire du libre-échange partout dans le monde et qui se moque des intérêts des populations, vote systématiquement en faveur de tous les accords de libre-échange. Je ne suis absolument pas étonné de ce vote, c’est plutôt l’inverse qui m’aurait surpris.– Cet accord agricole a connu des péripéties entre les eurodéputés et la Commission européenne. Avez-vous une explication particulière à ce sujet?
– Personnellement, je suis en faveur d’un débat de fond sur cet accord agricole et le problème pour les eurodéputés avec ce type d’accord est que l’on ne peut pas introduire d’amendement. A mon avis, la seule façon de renégocier, dans l’intérêt des producteurs des deux côtés de la Méditerranée, est de voter «non» à cet accord afin de pouvoir par la suite discuter en profondeur des tenants et aboutissants de cet accord. Pour l’instant, le Parlement ne participe à aucune négociation des accords avec les pays tiers, c’est uniquement la Commission européenne qui le fait et nous sommes à chaque fois mis devant le fait accompli. Il y a énormément de choses qui peuvent être améliorées dans le cadre de cet accord avec le Maroc et pour cela, il faudrait que le Parlement soit de plus en plus impliqué dans les négociations.– Pour quelles raisons refusez-vous obstinément cet accord avec le Maroc ?
– Parce que c’est un très mauvais accord pour les petits paysans marocains qui sont spoliés par les grandes entreprises, pour les paysans français, espagnols et italiens qui voient les importations augmenter et détruire leurs capacités à vendre et vivre de leurs produits à l’intérieur de l’Europe. Cet accord est une catastrophe pour l’agriculture, une catastrophe pour l’emploi des deux côtés de la Méditerranée et c’est aussi une catastrophe écologique, car on sait qu’il faut 10 fois plus d’eau pour produire des tomates au Maroc qu’en Europe. Ma position n’est absolument pas dirigée contre le Maroc, ma position est «petits producteurs marocains et agriculteurs européens main dans la main contre la logique de libre-échange des multinationales» qui va les broyer systématiquement.– Qu’allez-vous faire d’ici la plénière de février qui devrait procéder à un vote final sur cet accord?
– Nous allons maintenant mener la campagne au niveau de la plénière à Strasbourg d’ici la mi-février pour que cet accord soit rejeté. C’est en effet la plénière qui va prendre une décision finale et là, j’espère que l’on aura un vrai débat de fond et on verra comment les gens se situeront. Le 7 février prochain, je serais à Madrid pour rencontrer les organisations agricoles espagnoles pour une conférence de presse appelant à la mobilisation contre l’accord.– Quelles sont vos chances pour renverser la tendance le mois prochain?
– C’est sûr que cela ne va pas être facile. Parce que nous avons tous les gouvernements européens contre nous. Tous se battent dans ce sens et, personnellement, j’ai subi des pressions de partout. Ce n’est pas grave, j’y suis habitué. Cela ne m’étonne pas outre mesure. On va mener la bagarre loyalement et on verra bien. De toutes les façons, ce n’est qu’une partie de l’histoire, l’histoire continue …Propos recueillis par Aziz BEN MARZOUQ
APSO INFO, 4/2/2012