Année : 2012

  • Sahara Occidental : Le retour en force de Christopher Ross

    par Kader Hannachi 
     
    L’envoyé spécial des Nations unies revient dans la région après s’être sorti renforcé de son épreuve avec le Maroc en mai dernier. Sa marge de manœuvre et d’action vis-à-vis de l’ensemble des protagonistes semble plus élargie.

    L’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara Occidental Christopher Ross fait son come-back dans la région. A première vue, le retour du diplomate américain missionné par les Nations unies ne devrait pas provoquer des changements ni une évolution significative dans ce vieux dossier de décolonisation et dont la genèse remonte à 1975.

    Les parties belligérantes campent toujours sur leurs positions respectives. Le Maroc défend comme avant le principe d’une «large autonomie» des territoires qu’il dispute au Front Polisario tandis que les indépendantistes sahraouis ne veulent rien d’autre qu’un «référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui». A Rabat, lundi dernier, le roi Mohammed VI a, en effet, rappelé cette réalité en déclarant après l’audience accordée à M. Ross que son pays considère que le conflit sahraoui est «artificiel» et qu’il demeure «attaché à sa proposition d’une large autonomie».

    Dans une longue tribune publiée vendredi dernier par le journal El Pais, le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, Ahmed Boukhari, a, pour sa part, expliqué que «le référendum pour le peuple sahraoui doit être au centre des négociations».

    «La troisième voie» proposée par Rabat, a écrit le diplomate sahraoui, «n’est en fait qu’une solution unilatérale, conçue pour légitimer un butin de guerre. Son péché capital réside dans l’hypothèse irréaliste que la communauté internationale et le Polisario accepteraient, d’emblée et d’évidence, son principe de base, c’est-à-dire la souveraineté marocaine unilatéralement proclamée sur le Sahara Occidental».

    Rien de nouveau, donc, sous le soleil du Sahara Occidental sous contrôle marocain ? On pourrait être tenté de le croire. Mais le retour de Christopher Ross dans la région, après son épreuve avec le Maroc qui avait commis une faute diplomatique grave en le rabrouant en mai dernier après une résolution critique du Conseil de sécurité, s’effectue cette fois-ci avec le soutien du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et de l’appui ferme de Washington où il jouit d’un grand respect auprès du département d’Etat et de la diplomatie américaine. Cet atout n’est pas anodin aux yeux de ceux qui ont appris que les nuances à propos du conflit sahraoui sont importantes à décrypter. Il permet à M. Ross de reprendre en main le dossier dans une position de force qui le rend plus persuasif face aux belligérants marocains et sahraouis.

    Aucune des deux parties, soulignait hier un observateur avisé, ne peut désormais aller dans la confrontation avec l’émissaire onusien. En particulier où il tenterait cette fois-ci de faire bouger les lignes et de sortir du statuquo dans lequel le dossier sahraoui s’enlise depuis cinq ans. «Je suis venu faire le point sur cinq ans de négociations», a déclaré à ce propos M. Ross. Cette précision n’est pas anodine et indique bien que sa volonté, à l’issue de la mission qu’il effectue actuellement et qui devrait se terminer en Europe le 15 novembre prochain avant un rapport qui devrait être publié à la fin du même mois, est de dégeler le dossier. Mais dans quelle direction ? Si l’on s’en tient aux positions affirmées de Paris et aux préférences de Washington, et qui ne semblent avoir été contredites depuis, cela devrait se faire dans le sens des thèses marocaines de «large autonomie».

    Il reste que depuis le printemps dernier et depuis un mois principalement beaucoup de choses se sont produites dans la région. Le Sahel et la crise malienne peuvent inciter le département d’Etat et le Quai d’Orsay à déplacer le curseur de leurs priorités vers une solution rapide et efficace à la crise au Sahel. L’intervention annoncée au nord du Mali peut alors faire apparaître de nouveaux éléments importants qui peuvent contribuer une nouvelle fois au gel du dossier. Il ne sera pas forcément au bénéfice du Maroc. 

     
    Le Quotidien d’Oran, 31 Oct 2012
  • Pourquoi maintenant ?

    Le roi Mohammed VI est-il revenu à de meilleurs sentiments à propos des relations avec l’Algérie ? Il vient de souligner l’attachement, qu’il qualifie de «constant», du royaume «à l’instauration de relations fraternelles et exemplaires avec l’Algérie». C’est «un préalable, insiste-t-il, à l’édification d’un Maghreb uni». Il prend visiblement conscience, en même temps, de ce qu’il appelle la «menace sécuritaire» grandissante émanant du Sahel sur l’environnement régional. 
     
    Le souverain marocain a fait cette déclaration en recevant, hier lundi, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. Mohammed VI ne change rien à sa position sur le Sahara Occidental, puisqu’il maintient la proposition marocaine de large autonomie comme solution à ce conflit alors que l’Algérie est favorable au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, via un référendum. C’est dans ce conflit que les changements de politique marocaine doivent être cherchés et non pas dans les déclarations d’intention. Or, sur ce point, recevoir Christopher Ross est, sans doute, déjà un indice de changement puisque les médias marocains se font moins diserts sur «la marocanité» du Sahara. 
     
    Le revirement du royaume à propos de l’envoyé spécial des Nations unies reste inexpliqué mais il pourrait annoncer un recul sur la thèse traditionnelle marocaine à propos du Sahara Occidental. Celle-ci ne peut ignorer indéfiniment les enjeux stratégiques de la région qui vont à contrecourant de l’entêtement marocain. 
     
    La position officielle du Maroc sera-t-elle infléchie par les considérations géostratégiques qui se traduisent par un ballet diplomatique incessant dans la région ? Rien, pour le moment, ne permet de l’affirmer. Il reste que l’appel du pied de Mohammed VI à l’adresse de l’Algérie, même s’il n’est pas le premier, donne à réfléchir. On sait que les capitales occidentales sont impatientes de voir le Maghreb se construire et devenir un interlocuteur de poids.
    Cherif Brahmi
     
    Algérie Patriotique, 30. octobre 2012
     
     
  • Le destin du Sahara occidental entre les mains de Ross

    Par Baya Ouramdane

    L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui se trouve depuis samedi au Maroc dans le cadre d’une tournée en Afrique du Nord et en Europe a rencontré des personnalités marocaines non gouvernementales pour recueillir leurs points de vue sur le conflit du Sahara occidental.
    Dans une déclaration à la presse, à l’issue de cet entretien, Ross a indiqué que son séjour avait pour but de faire le point sur les cinq dernières années de négociations directes et de recueillir des idées sur les meilleures façons de réaliser un progrès réel dans le processus de négociation. Il a exprimé la volonté de l’ONU d’aider à parvenir à une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable.
    Il a également annoncé qu’à son retour à New York, il transmettra ses conclusions au secrétaire général des Nations unies et présentera son rapport au conseil de sécurité vers fin novembre. Outre sa rencontre avec le roi du Maroc, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU a eu une série d’entretiens politiques à Rabat avec les autorités marocaines et des personnalités non gouvernementales sur le conflit du Sahara occidental.
    Pour rappel, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU devait se rendre dans la région à la mi-mai dernier avant que le gouvernement marocain ne décide, unilatéralement, de lui retirer sa confiance, et ce, quelques semaines après la publication d’un rapport de l’ONU qui avait critiqué les autorités marocaines.
    Dans ce rapport adressé en avril dernier au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon avait dénoncé les obstacles posés par le Maroc à la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO), en citant les entraves qui empêchent cette dernière d’accomplir pleinement sa mission et de s’acquitter de son mandat de manière crédible dans les territoires sahraouis occupés.
     » La MINURSO n’est pas dans la capacité d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d’observation, et ne dispose pas de toute l’autorité lui permettant d’empêcher l’érosion de son rôle », avait affirmé Ban Ki-moon.
    Suite de la décision marocaine de retirer unilatéralement sa confiance à M. Ross, le secrétaire général de l’ONU avait à plusieurs reprises réitéré sa confiance et son total appui à son envoyé personnel au Sahara occidental, rappelle-t-on.

    Le référendum doit être au centre des négociations

    Le représentant du Front Polisario auprès de l’ONU, Ahmed Boukhari, a indiqué de son côté, que le référendum pour le peuple sahraoui « doit être au centre des négociations » lors de la tournée de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’Onu au Sahara occidental, Christopher Ross, dans la région et en Europe, a estimé lundi l’agence de presse sahraouie (SPS).
     » La tournée de Ross aura pour but, selon l’Onu, d’échanger les points de vue entre les acteurs principaux sur la manière d’accélérer le processus afin de parvenir à la réalisation de son principal objectif identifié par les résolutions successives du Conseil de sécurité à savoir une solution politique mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental « , a déclaré Boukhari.

    Le CNASPS s’organise à partir d’aujourd’hui en soutien au peuple sahraoui

    Le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) organisera du 31 au 2 novembre une série d’activités pour réaffirmer son soutien au peuple sahraoui en lutte et dénoncer les violations massives » des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, a déclaré lundi le président du CNASPS, M. Mahrez Lamari.
    Le CNASPS s’honore d’accueillir à Alger une série d’activités pour commémorer l’histoire anti-coloniale de la révolution populaire algérienne par fidélité aux principes historiques hérités de « la glorieuse révolution du 1er novembre 1954, à la noblesse de l’engagement, la détermination et de la générosité de l’Algérie d’un million et demi de chouhadas morts pour la liberté, la dignité, l’honneur et la réhabilitation dans un combat certes national mais à dimension et au bénéfice de notre continent africain.
     » Ces activités seront une tribune pour nos honorables invités qui participeront à cette rencontre pour réaffirmer leur soutien au peuple sahraoui en lutte et dénoncer les violations massives des droits de l’Homme par l’administration marocaine d’occupation, violations vérifiées et établies par les institutions internationales « , a déclaré à l’APS Lamari.
    Pour lui, cette rencontre sera une occasion d’exiger de l’ONU que soit organisé rapidement un référendum honnête et transparent comme réclamé par les multiples résolutions du Conseil de sécurité.
     » Un message fort sera délivré par la société civile et le mouvement citoyen du monde épris de paix et de justice et attaché aux principes du droit des peuples de disposer d’eux-même. Surtout que Cristopher Ross visite la région, donc la responsabilité des Nations unies reste entière et complète jusqu’au parachèvement de la décolonisation du Sahara occidental « , a affirmé Lamari. 

     
     
     
     
     
  • Forte mobilisation marocaine dans la ville d’El Aaiun

    Les autorités d’occupation marocaines ont mobilisé un fort contingent de forces de sécurité dans la ville de El Aaiun, rapportent des sources des territoires occupés du Sahara Occidental.
    Plus de 100 véhicules de l’armée sont arrivés dans la capital sahraouie occupée par le Maroc en provenance de la région sud du territoire, en plus de 81 voitures de police et des forces auxiliaires.
    Les habitants ont remarqué aussi une présence sans précédent des foules dans les rues et cafés de la ville. Des personnes soupçonnées d’appartenir aux services de sécurité marocains.
    Les mêmes sources ont indiqué que le Maroc a rassemblé plus de 10.000 colons de chaque région du Sahara Occidental pour organiser une manifestation géante pendant la visite de l’Envoyé Spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental, M. Christopher Ross dont l’arrivée est attendue aujourd’hui.
    Auparavant, d’autres sources avaient informé sur l’arrivée lundi de 30 camions militaires et deux autobus portant du personnel de la police et des forces auxiliaires.
  • Ross à l’écoute de la société civile Sahara Occidental

    Christopher Ross, qui a mené sans grands succès neuf rounds de pourparlers informels, réussira-t-il, le 15 novembre prochain, à l’issue de son actuelle tournée de trois semaines dans la région et en Europe, à « faire le point sur les cinq dernières années de négociations directes et recueillir des idées sur les meilleures façons de réaliser un progrès réel dans le processus de négociation » pour parvenir à « une solution qui renforcerait la sécurité et la stabilité de l’Afrique du nord et dans la région du Sahel et permettrait l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Pari difficile, selon les observateurs, qui ont déjà le regard fixé sur le rapport que l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental présentera au conseil de sécurité « fin novembre ». 
     
    En mars dernier, Christopher Ross a exprimé un souhait : visiter El Ayoune, au Sahara occidental occupé. Le Palais royal, qui l’a désavoué deux mois plus tard pour, argue-t-il, « sa partialité », s’est opposé radicalement à cette demande. Sept mois plus tard, Rabat cède, mais campe encore sur sa fameuse proposition d’« autonomie ». 
     
    Le diplomate américain, qui inscrit sa visite dans la continuité de la mission que lui a confiée le secrétaire général des Nations unies, il y a trois ans, était, hier, dans cette ville-martyre pour s’entretenir, aujourd’hui et demain, avec l’administration coloniale locale et, peut-être, des associations dites proches du Front Polisario. 
     
    Dimanche, à Rabat, le diplomate américain a rencontré, pour la première fois, des personnalités « en dehors » du gouvernement marocain et ce, pour recueillir leurs points de vue sur le dernier conflit colonial en Afrique, avant de rencontrer, le lendemain, le roi Mohammed VI. 
     
    Les Sahraouis, qui l’attendent avec espoir dans les territoires libérés, estiment que le référendum qui leur a été promis depuis 1979, doit être au centre des négociations. Une « attente » qui serait possible, selon eux, si le diplomate américain passe au crible les causes qui ont conduit à l’impasse actuelle et les différentes propositions posées sur la table du conseil de sécurité.
     
    Vitaminedz, 30 Oct 2012
  • Ross : ma visite s’inscrit dans la continuité de la mission confiée par le SG de l’ONU

    RABAT – L’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’Organisations des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross qui se trouve depuis samedi au Maroc dans le cadre d’une tournée en Afrique du Nord et en Europe a indiqué, lundi à Rabat, que sa visite s’inscrivait dans la continuité de la mission que lui a confiée le secrétaire général des Nations unies.
    « Ma visite s’inscrit dans la continuité de la mission que m’a confiée le secrétaire général des Nations Unies il y a trois ans » a déclaré M. Ross à l’issue de l’audience que lui a accordée le roi Mohammed VI du Maroc.
    Il a ajouté qu’il était venu dans la région pour « faire le point sur les cinq dernières années de négociations directes, de recueillir des idées sur les meilleures façons de réaliser un progrès réel dans le processus de négociation, et examiner l’impact des récents développements du dossier du Sahara occidental ».
    Il a également annoncé qu’à son retour à New York, il transmettra ses conclusions au secrétaire général des Nations unies et présentera son rapport au conseil de sécurité « vers fin novembre ».
    Outre sa rencontre avec le roi du Maroc, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU a eu une série d’entretiens politiques à Rabat avec les autorités marocaines et des personnalités non gouvernementales sur le conflit du Sahara occidental.
    Il a notamment eu des entretiens avec le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ainsi qu’avec le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Saâd Dine El Otmani, le ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser et le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Charki Draiss.
    Dimanche, il avait rencontré cinq personnalités du monde politique et associatif afin de recueillir leurs points de vue sur le conflit du Sahara occidental, a-t-on appris de sources concordantes. Il s’agit de la première fois qu’un envoyé onusien rencontre des personnalités « en dehors » du gouvernement marocain, relève-t-on.
    La tournée en Afrique du Nord et en Europe se prolongera jusqu’au 15 novembre prochain.
    Pour rappel, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU devait se rendre dans la région à la mi-mai dernier avant que le gouvernement marocain ne décide, unilatéralement, de lui retirer sa confiance, et ce, quelques semaines après la publication d’un rapport de l’ONU qui avait critiqué les autorités marocaines.
    Dans ce rapport adressé en avril dernier au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait dénoncé les obstacles posés par le Maroc à la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (MINURSO), en citant les « entraves » qui empêchent cette dernière d’accomplir pleinement sa mission et de s’acquitter de son mandat de « manière crédible » dans les territoires sahraouis occupés.
    « La MINURSO n’est pas dans la capacité d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d’observation, et ne dispose pas de toute l’autorité lui permettant d’empêcher l’érosion de son rôle », avait affirmé Ban Ki-moon.
    Suite de la décision marocaine de retirer unilatéralement sa confiance à M. Ross, le secrétaire général de l’ONU avait à plusieurs reprises réitéré sa confiance et son total appui à son Envoyé personnel au Sahara occidental, rappelle-t-on.
    APS, 30 =ctobre 2012
  • Christopher Ross au Maroc: Le silence gêné des médias marocains

    La presse marocaine qui était montée au créneau pour “chasser” l’émissaire de l’ONU est devenue subitement muette. Un black-out à décrypter.
    L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui se trouve depuis samedi au Maroc, n’entamera qu’aujourd’hui ses entretiens avec la partie marocaine, et ce, après un week-end consacré au “repos”, dixit Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères du royaume chérifien. Pressé par la presse étrangère, notamment par l’agence espagnole Efe, de donner quelques détails autour de cette visite, Amrani a révélé que Ross aurait dès aujourd’hui des contacts avec le gouvernement et le Parlement marocain. Le ministre n’a toutefois rien divulgué des détails et de la nature de ces contacts. Aucune indication précise sur l’agenda de cette visite n’est fournie. Le mutisme est de rigueur. 
    Les autorités marocaines restent évasives, et le silence est soigneusement gardé sur les noms des personnalités marocaines que le représentant de l’ONU aura à rencontrer ainsi que sur les sites qu’il aura à visiter dans le cadre de sa tournée qui se prolongera dans la région jusqu’au 15 novembre prochain. On ignore, ainsi, pour l’heure, si Christopher Ross sera reçu par le roi Mohammed VI et s’il se rendra à El-Ayoune à l’issue de ses entretiens. “Christopher Ross est arrivé à Casablanca, en provenance de New York, pour une visite de travail au royaume”, se sont bornées à indiquer les autorités marocaines dans un communiqué laconique annonçant cette visite peu médiatisée. Il est vrai, cela dit, qu’il est difficile de revenir sur un parti pris. 
    La presse marocaine, qui était en première ligne pour “chasser” Ross, est devenue soudainement muette. On s’en souvient pourtant qu’il y a peu la plupart des médias marocains s’étaient épuisés à présenter une litanie reprise en boucle, une tentative désespérée qui a consisté à faire croire à la “partialité” supposée du représentant de l’ONU. L’appel à dénoncer le “méchant” Ross avait été suivi, pour ainsi dire, à la lettre. Dans certains cas, il a même été embelli et imposé à l’opinion marocaine qui, au vu des derniers développements, compte vraiment pour du “beurre”. Aussi, les médias marocains, qui adoptent actuellement un profil bas, ne peuvent se dédire du jour au lendemain et venir parler de “défaite”. 
    Il est tout de même étonnant de constater que ces mêmes médias, si prompts à défendre “la marocanité” du Sahara, se taisent à ce point. “Ils ont peut-être compris qu’il est inutile de faire croire que les thèses marocaines sur le Sahara occidental font toujours recette, alors que ce n’est pas le cas. De même qu’il ne suffit plus de claironner, matin et soir, ces thèses pour qu’elles deviennent un tantinet crédibles”, tente de nous expliquer un spécialiste algérien des médias. Il faut croire, par ailleurs, que la source s’est également tarie. Sollicités sur le retour de Ross dans la région, des membres du cabinet royal et du gouvernement Benkirane se sont tous refusé à donner la moindre information et ont tous préféré garder le silence. Le mot d’ordre est d’éviter, semble-t-il, d’entretenir la polémique. Car même si aucun commentaire officiel n’est venu éclairer l’opinion marocaine sur ce revirement inexpliqué de la position officielle du Maroc, plusieurs voix se sont élevées pour affirmer que “le statut d’allié stratégique des USA” accordé au Maroc fait, en réalité, de ce pays “un assujetti” de l’Oncle Sam. Un constat inacceptable pour le Palais royal qui laisse courir le bruit que c’en est fini des efforts du diplomate américain, dont la mission arrive à terme en janvier 2013. Il semble que les Marocains, qui se sont souvent répandus en invoquant un soutien de l’ONU dont ils étaient pourtant à l’évidence désespérément privés, veulent aujourd’hui changer leur fusil d’épaule. Après avoir brandi un carton rouge à Ross, il reste peu probable qu’ils lui accordent, à l’occasion de cette nouvelle (et ultime ?) visite, carte blanche.
    Par : Mohamed-Chérif LACHICHI
    Liberté, 30 Octobre 2012
  • La ville de El Aaiún blindée devant l’arrivée de l’Ambassadeur Ross

    El Aaiún (Sahara Occidental).- Des informations provenant de sources d’El Aaiun signalent l’arrivée, aujourd’hui lundi, provenant du Maroc, d’au moins 30 véhicules de police et des forces de sécurité auxiliaires, quatre gros camions de transport militaire et  des éléments de la sécurité privée à bord de deux autobus.

    Il est supposé que tout ce déploiement est du à l’éventuelle visite de l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui a inclus dans son agenda la visite de la ville occupée d’El Aaiun dans les prochaines heures.

    Ross est au Maroc où, selon EFE, a pris des contacts avec des personnalités de la société civile auxquelles il a exprimé sa volonté de continuer son programme de consultation avec les personnalités civiles dans la ville de El Aaiun, capitale occupée du Sahara occidental, et à Tindouf, où se trouve le siège du Front Polisario et les réfugiés sahraouis.

  • Christopher Ross renforcé par le soutien de la communauté internationale Sahara occidental

    L’objectif de Christopher Ross est de pouvoir organiser un neuvième round de négociations informelles entre les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui, le Maroc et le Front Polisario, reporté en mai dernier à la suite du « retrait de confiance » que lui avait signifié le Roi Mohamed VI. Une fois sa tournée maghrébine complétée par les escales dans les capitales des deux parties de la région intéressées par ce conflit, la Mauritanie et l ‘Algérie, et des entretiens avec le mouvement sahraoui à Tindouf, le représentant personnel de M. Ban Ki-moon se rendra en Europe. 
    D ‘abord, en Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara Occidental dont la voix est écoutée aux Nations unies, puis en France, pays membre permanent du Conseil de Sécurité qui, depuis 1995, avait systématiquement mis son veto, sous les mandats de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, à la tenue d ‘un référendum d ‘autodétermination au Sahara Occidental. Le soutien inconditionnel de la droite française encouragera la diplomatie marocaine à bloquer définitivement le processus d ‘identification des électeurs qui laisserait les habitants de l ‘ex-colonie espagnole choisir entre le rattachement de leur territoire au Maroc ou l’indépendance. 
    L ‘option indépendantiste du peuple sahraoui ne faisant plus aucun doute, les gouvernements français de l’époque, avec la complicité du gouvernement socialiste espagnol, présidé par José Luis Zapatero, avaient alors vendu au Maroc l ‘idée d ‘un « Plan d ‘autonomie » pour le Sahara Occidental. C’est cette option que Mohamed VI a mis sur la table comme « unique base de négociation » à Manhasset, après avoir été encouragé par Madrid et Paris à rejeter le « Plan Baker », du nom de l ‘ancien Secrétaire d ‘Etat américain, et qui prévoit une période d ‘autonomie de 5 ans suivie d ‘un référendum d ‘autodétermination. 
    Rabat a tenté d ‘imposer son plan d ‘autonomie au nouveau diplomate américain, chargé depuis 2010, par le Secrétaire général de l ‘Onu de promouvoir une solution politique négociée de la question du Sahara occidental. Christopher Ross avait, d ’emblée, montré les lignes rouges des négociations entre les deux parties impliquées dans ce conflit : une solution fondée sur le respect du droit du peuple sahraoui à l ‘autodétermination. 
    Pour n’avoir pas emprunté la même voie que son prédécesseur hollandais au poste de représentant de l ‘Onu pour le Sahara occidental, Peter van Walsum, qui avait outrepassé sa mission, en 2009, en sacrifiant ce principe majeur du droit international pour suggérer au Front Polisario la « realpolitik » (entendre annexion du territoire sahraoui), M. Ross a été désavoué par Rabat, en mai dernier. Or, M. Ban Ki-moon ne s’est pas laissé intimidé par le chantage marocain. Depuis mai dernier, il a multiplié ses déclarations de soutien à M. Ross. 
    Cette fois, la donne a changé. Au pouvoir en France, depuis cette date, la gauche entend jouer la légalité internationale. En Espagne, les Socialistes ont perdu le pouvoir depuis décembre 2011, et le nouveau président, Mariano Rajoy, a apporté son soutien à M. Ross. C ‘est donc, un représentant de l ‘Onu pour le Sahara, fort du soutien plus large de la communauté internationale, qui effectue cette nouvelle tournée afin de faire avancer le dialogue informel vers des négociations en vue d ‘une solution définitive du conflit au Sahara accidental, qui sera vieux de 37 ans, le 15 novembre prochain.
    Vitaminedz, 28 Oct 2012
  • le Maroc se déjuge et reçoit Christopher Ross

    Sa visite «s’inscrit dans le cadre des efforts déployés pour relancer le processus visant à trouver une solution politique définitive et consensuelle au différend régional autour du Sahara».
    Rabat lui avait unilatéralement retiré sa confiance au mois de mai dernier. Indifférent aux pressions marocaines, Ban Ki-moon n’a toutefois rien voulu savoir et l’a maintenu à son poste. Il faut dire aussi que Washington qui, à ce jour, observe une certaine neutralité sur le dossier du Sahara occidental, l’a âprement défendu. Lui, c’est l’actuel émissaire spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross. Le Maroc – qui n’a visiblement pas l’habitude d’être remis aussi brutalement à sa place – l’avait désavoué quelques semaines après la publication d’un rapport de l’ONU qui l’avait longuement critiqué. Mais face au niet tranchant de la communauté internationale, Rabat se voit aujourd’hui contraint de se déjuger et d’accueillir l’ancien diplomate américain dans ses palais.
    Christopher Ross est, en effet, arrivé samedi au Maroc pour de nouvelles négociations. Ce fut palpable, ce n’est pas de gaieté de cœur que les autorités marocaines l’ont reçu, lui qui a réussi à leur provoquer une crise de nerfs et à mettre fin à l’impunité dont elles bénéficiaient jusque-là.
    Contrairement aux usages marocains qui veulent que les responsables importants doivent être reçus en grande pompe, les autorités marocaines ont d’ailleurs été peu disertes sur cette visite. Elles se sont contentées de l’annoncer via un bref communiqué diffusé par l’agence de presse officielle MAP, sans fournir d’explication sur leur revirement. Un revirement que de nombreux observateurs n’ont pas hésité à qualifier de «déculotté». La visite de M. Ross «s’inscrit dans le cadre des efforts déployés pour relancer le processus visant à trouver une solution politique définitive et consensuelle au différend régional autour du Sahara», a indiqué jeudi le MAE marocain. La tête visiblement ailleurs, la presse marocaine – qui a également soigneusement évité de reparler du revers diplomatique essuyé par le royaume en avril au Conseil de sécurité de l’ONU – s’est limitée à relayer mécaniquement la dépêche de la MAP. L’ONU avait annoncé, il y a une semaine, que l’émissaire onusien allait se rendre «en Afrique du Nord et en Europe du 27 octobre au 15 novembre».
    La solitude du roi Mohammed VI
    De quoi sera-t-il question lors des discussions qu’aura Christopher Ross avec les responsables des pays concernés de manière directe ou indirecte par le Sahara occidental ? Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Martin Nesirky, avait indiqué que «l’accent sera mis sur les échanges de vue avec les interlocuteurs-clés sur la manière d’accélérer les progrès vers l’objectif central énoncé dans les résolutions successives du Conseil de sécurité, en d’autres termes, une solution politique mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».
    Y a-t-il vraiment une chance que les choses bougent maintenant que les principaux facteurs de blocage ont été identifiés ? Si les responsables du Front Polisario ont réitéré jeudi qu’ils ne feront aucune concession concernant le principe de l’autodétermination, le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Youssef Amrani, a affirmé, de son côté, dans un entretien au quotidien Le Soir Echos, que le Maroc demeurait «engagé de bonne foi» à négocier «à partir de l’initiative d’autonomie (…)».
    Dans une tentative de sauver la face et, surtout, de montrer que le Maroc n’a pas été ébranlé par la série de camouflets diplomatiques essuyés par le roi Mohammed VI, M. Amrani a cru important de dire que «la communauté internationale la qualifie de sérieuse, crédible et réaliste». Dans les faits, il se trouve que plus personne ne soutient vraiment le «plan marocain d’autonomie». La remarque vaut peut-être aussi pour la France de François Hollande qui estime le moment venu de passer à autre chose eu égard à la situation de blocage qui caractérise le dossier du Sahara occidental. C’est précisément l’élément qui, actuellement, provoque des nuits blanches aux décideurs marocains. Tout cela ajouté à un profond sentiment de solitude.
    Zine Cherfaoui
    El Watan, 29 oct 2012