Année : 2012

  • La France rejoint la position onusienne

    La position de la France concernant la question du Sahara occidental est «celle défendue par les Nations unies», a affirmé lundi à Alger le ministre français des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius. «Notre position par rapport au problème du Sahara occidental est celle défendue par les Nations unies», a soutenu M. Fabius dans une conférence de presse animée à la résidence de l’ambassadeur de France.
    «Nous nous plaçons dans le cadre de la légalité internationale telle que défendue par l’Onu», a ajouté le ministre français. Adoptée à l’unanimité, le 24 avril dernier, la résolution 2204 stipule que le Conseil de sécurité de l’Onu «appelle les parties (Front Polisario et Maroc) à poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l’Onu, sans conditions préalables et de bonne foi, en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’accords conformes avec les buts et principes de la Charte des Nations unies». 
    Cette résolution, qui a prolongé d’une année le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso), appelle, en outre, les autorités marocaines à «améliorer la situation des droits de l’homme» dans les territoires sahraouis occupés. Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique. Il est considéré comme territoire non-autonome par l’Onu depuis 1966.
    Le Courrier d’Algérie, 17/07/2012
  • Les Etats-Unis continueront à soutenir l’envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara occidental (ambassadeur)

    Photo : Wikipedia
    L’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, M. Samuel Kaplan, a affirmé que son pays continuera à soutenir l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, jusqu’à la fin de sa mission, afin de trouver une solution au conflit du Sahara occidental.
    « Les Etats-Unis continueront à soutenir M. Christopher Ross jusqu’à la fin de sa mission, afin de trouver une solution au Sahara occidental », a déclaré M. Kaplan dans une interview au journal marocain de langue arabe « Al Massae » parue lundi, ajoutant que son pays soutenait « le processus onusien et Christopher Ross en fait partie ».
    Le diplomate américain, qui a notamment rappelé que M. Ross avait été désigné par le secrétaire général de l’ONU, a souligné que « les efforts de l’ONU ne pourraient être concluants qu’à la condition de soutenir l’envoyé onusien ».
    Le Maroc avait décidé, en mai dernier, de retirer sa confiance à Christopher Ross, prétendant que les décisions de ce dernier étaient « partiales et déséquilibrées » et que « ses comportements contrastés s’écartent des grandes lignes tracées par les négociations dans le Conseil de sécurité ».
    Suite à cette décision marocaine, le porte-parole du chef de l’ONU, Martin Nesirky, avait alors affirmé que Ban Ki-moon a « pleinement confiance » en Christopher Ross.
    Un des porte-parole du département d’Etat américain avait également déclaré que les Etats-Unis « soutiennent le processus du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara occidental ainsi que les efforts de son envoyé personnel, Christopher Ross ».
    La semaine dernière, le porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU, Farhan Haq, avait déclaré que M. Ban Ki-moon avait toujours « pleinement confiance » en son Envoyé personnel pour le Sahara occidental.
    Interrogé sur des informations rapportées récemment par un journal arabe paraissant à Londres selon lequel le secrétaire général de l’ONU se serait heurté à plusieurs refus de diplomates internationaux pour remplacer son envoyé personnel pour le Sahara occidental, M. Haq a réitéré, sans autre commentaire, que « le secrétaire général de l’ONU a pleinement confiance en Christopher Ross ». 
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  • Que signifie le « soutien du Maroc à la libération du nord du Mali » ?

    Rabat.- Après sa visite au Maroc de la semaine dernière, le premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra, est retourné au Mali avec la promesse de Rabat de soutenir ce pays africain « dans la résolution de la crise sécuritaire au Nord du Mali ».
    La presse malienne assure que le Maroc a promis d’aider ce pays africain à« libérer » le nord du Mali. On évoque un « soutien de taille ».  Mais que signifie donc ce « soutien de taille » ? S’agit-il d’un banal et pas cher soutien diplomatique ou est-ce que le Maroc compte aller plus loin dans l’aide qu’il compte apporter au Mali ?
    Si le pouvoir marocain n’a pas les moyens de mener la guerre en solitaire aussi loin de ses frontières, il peut parfaitement former une coalition avec d’autres Etats de la région pour lancer des opérations punitives contre AQMI dans cette région du Sahel. Encore que, on voit mal l’Algérie qui considère le Mali comme une arrière-cour laisser son frère-ennemi marocain investir la région.
    Mais même si ce verrou saute sous la pression des Américains, il reste que nos vaillantes forces armées royales devront tout de même en plus d’AQMi essayer de faire la fête aux autres rebelles de la zone : les Touaregs.
    Pour les imprésentables touaregs islamistes d’Ansar Eddine, ça peut passer, mais pour les touaregs de l’Azawad, cela risque d’avoir quelques fâcheuses répercussions à l’intérieur du royaume chérifien.
    C’est que les Touaregs sont des berbères, des Amazighs, et le royaume est considéré comme une nation amazighe, avec une très forte population amazighe et des mouvements revendicatifs amazighs, du nord au sud du pays, qui ne verraient pas d’un bon oeil que « leur » armée s’en prenne à leurs frères de Tamazgha, la nation mythique (et réelle ethniquement) des Berbères.
    En conclusion, il serait bon que notre gouvernement, ou plutôt le Palais, qui mène comme toujours la danse, explique à son peuple adulte et vacciné que signifie ce « soutien du Maroc à la libération du nord du Mali » ?
    Badr Soundouss
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  • Le CPS préoccupé par le gel du processus de paix au Sahara occidental

    ADDIS ABEBA – Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) s’inquiète du gel du processus de paix au Sahara occidental suite à « l’entêtement » du Maroc qui entrave les efforts du médiateur onusien Christopher Ross pour une solution juste, acceptée par les deux parties du conflit et garantissant l’autodétermination du peuple sahraoui.
    Le CPS a appelé dans son rapport, les pays de l’UA à inciter le Conseil de sécurité à « réunir les conditions nécessaires permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination conformément à la légalité internationale et aux décisions de l’UA dont le plan d’action adopté lors de la session spéciale du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement africains sur les conflits en Afrique le 31 août 2009, a rapporté lundi l’agence de presse sahraouie (SPS).
    Selon la même source, le rapport du CPS adopté par le 19e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement lors de la séance à huis clos lundi, aborde l’évaluation du processus de paix au Sahara Occidental pendant la période entre les deux sommets.
    Le document a averti les dirigeants africains que « la situation s’est aggravée après que Rabat eut retiré sa confiance à l’émissaire onusien alors que le secrétaire général et certains pays membres permanents du Conseil de sécurité ont renouvelé leur appui aux efforts de médiation de Ross ».
    Selon le rapport, les violations marocaines aux droits de l’Homme dans les villes occupées du Sahara occidental et dans les prisons marocaines sont confirmées par les rapports de plusieurs organisations internationales, soulignant que « celles-ci ne doivent pas passer sous silence ».
    APS
  • Election de Zuma à la présidence de la commission de l’UA : "C’est l’Afrique qui a gagné" (Yayi)

    ADDIS-ABEBA – Le président en exercice de l’Union africaine (UA), M. Boni Yayi, a affirmé que c’est l’Afrique qui a gagné, après l’élection de la Sud-Africaine, Mme Nkosazana Dlamini Zuma à la présidence de la Commission de l’UA (CUA), dimanche soir à Addis-Abeba où se déroule la 19e session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (15-16 juillet).
    « Il n’y a eu ni perdant, ni gagnant. C’est l’Afrique toute entière qui a gagné et nous en sommes tous contents », a indiqué le président de l’UA en réaction à l’élection de Mme Zuma (62 ans), ancienne épouse de l’actuel président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma.
    Mettant en exergue la « maturité » des chefs d’Etat et de gouvernement africains, M. Yayi a félicité Mme Zuma et a rendu aussi hommage au président sortant, le Gabonais Jean Ping (69 ans) qui, a-t-il dit, « n’a pas démérité ».
    « Je suis satisfait de tout ce que Ping a entrepris durant les moments difficiles de l’UA car il a toujours pu s’en sortir en consacrant sa vie aux affaires africaines », a ajouté M. Yayi, estimant que Ping, après une carrière de diplomate, a fini sa carrière en « apothéose » en tant que président la Commission de l’UA.
    Pour le président en exercice de l’UA, l’élection de Mme Zuma a permis de régler un problème que l’Union a « traîné depuis longtemps », soulignant que les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de passer aux élections « pour que le droit puisse prévaloir ».
    « La commission étant élue, nous allons à présent pouvoir nous organiser et mettre en place la meilleure gouvernance de gestion de l’Union africaine », s’est réjoui M. Yayi.
    Mme Zuma a été élue présidente de la Commission, au premier jour du sommet de l’UA auquel prend part le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, représentant du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika.
    Elle a été élue au 4e et dernier tour des élections en obtenant 37 voix, soit plus que les deux tiers requis conformément au règlement des élections de CUA, battant ainsi Ping qui était à la tête de la Commission depuis 2008.
    Au premier tour la ministre de l’Intérieur de l’actuel gouvernement sud-africain avait obtenu 27 voix, contre 24 pour Ping, au 2e tour elle a engrangé 29 voix, contre 22 pour son rival, alors qu’au 3e tour elle a obtenu 33 voix contre 18.
    Ce n’est qu’au 4e et dernier tour que Mme Zuma, candidate de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) a pu l’emporter avec 37 voix, alors que Ping avait carrément abandonné la course.
    Sur les 54 pays membres de l’UA, 51 ont voté puisque le Mali, Madagascar et la Guinée-Bissau sont suspendus, en raison des changements anticonstitutionnels intervenus dans ces pays.
    APS, 16/07/2012
  • Des enfants sahraouis hôtes de Tigzirt (Algérie)

    108 enfants du Sahara occidental, âgés entre 6 et 18 ans, dont 27 fillettes, sont, du 20 juin au 20 juillet, les hôtes de la ville côtière de Tigzirt, située à 40 km au nord de Tizi Ouzou.
    Ils sont venus dans cette région pour passer un mois de détente dans le cadre de leur colonie de vacances, et aussi avec la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, indique le directeur du centre, Yakoub Daïri, dit Djelloul, conseiller et formateur de jeunes à la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la wilaya de Médéa. Les animateurs du centre expriment, dans ce contexte, toute leur «fierté», en élisant domicile au lycée Amar Bessalah de Tigzirt, d’avoir associé le nom de Lalla Fatma N’Soumeur à celui de leur colonie, en hommage à cette héroïne des insurrections en Kabylie au milieu du XIXe siècle contre l’armée d’occupation coloniale française.
    La plupart de ces enfants sont des orphelins ou ayant des parents incarcérés au Maroc, ou issus de familles aux conditions sociales très modestes, explique notre interlocuteur pour mettre en exergue la symbolique du geste humanitaire des organisateurs de ce centre de vacances. Scindé en deux sessions, le programme du centre commence quotidiennement, suivant la tendance météorologique du jour, par une baignade matinale pour les enfants, tandis que dans l’après-midi et en soirée, ces derniers s’adonnent à des travaux manuels : dessin, théâtre et sport (football, volley-ball, basket-ball…).
    Dans ce programme figure également une sorte de conte appelé Livre vivant par lequel le narrateur essaie de retracer, dans ses multiples facettes, l’histoire de la Révolution algérienne. Des tables rondes consacrées aux dangers de la toxicomanie se tiennent également, chaque soir, dans l’enceinte du lycée Amar Bessalah, menées par des spécialistes dont des animatrices sahraouies. Dans la soirée du 26 juin, les enfants sahraouis ont eu le plaisir de voir La Bataille d’Alger, un long métrage du réalisateur italien, Gillo Pontecorvo, sur la guerre d’Algérie. En veillée, les vacanciers organisent des chants et danses du folklore traditionnel du Sahara occidental, suivis de concours culturels et humoristiques sur l’histoire du Sahara Occidental, ainsi que des devinettes dont le patrimoine sahraoui compte des plus croustillantes.
    Samedi 30 juin, ces enfants ont bénéficié d’une randonnée en bus jusqu’à Azeffoun. «En préparant la venue de cette colonie de vacances pour les enfants sahraouis en Kabylie, je me disais que c’était un défi que je devais me lancer, car c’est ma première organisée dans cette région. D’autant plus que certains sont démunis et n’ont même pas de chaussures. Nous avons réussi quand même à être prêts en leur achetant nous-mêmes le nécessaire. Aujourd’hui, je pense ne pas pouvoir résister pour ne pas revenir à Tigzirt l’année prochaine, tant l’hospitalité, le caractère avenant du personnel de l’école Amar Bessalah et la beauté de la région fascinent et attirent le visiteur.
    J’appréhende dès lors l’angoisse et la tristesse qui ne manqueront pas de nous saisir au moment de la séparation à notre départ. Aussi, je ne remercierai certainement jamais assez toutes les personnes qui nous entourent depuis notre arrivée ici», nous dira encore Yakoub Daïri, visiblement satisfait et ému à la fois. Placé sous l’égide du wali de Tizi Ouzou, ce centre de vacances, Lalla Fatma N’Soumeur pour les enfants du Sahara occidental, est pris en charge par la DJS, la Ligue des activités de plein air, de loisirs et d’échanges de jeunes (Lapalej) et l’Agence nationale des activités sportives et de jeunes (ANASJ).
    Salah Yermeche

    El Watan, 16/07/2012

  • Rester dans "notre pays"

    Photo: Le Temps.ch
    Des «territoires libérés» sans âmes ni eau

    Le conflit avec le Maroc est enlisé dans les sables depuis plus de vingt ans. Reportage avec une patrouille sahraouie
    A peine la frontière algérienne franchit à Tindouf, que la route disparaît sous le sable. Il faut s’enfoncer 20 kilomètres plus loin dans le désert avant de tomber sur un panneau indicateur qui nous accueille enfin dans la République arabe sah­raouie démocratique. Un homme en tenue de camouflage émerge alors d’une maison entourée de douilles pour vérifier nos passeports, sans toutefois les estampiller.
    Balafre dans le désert
    La République arabe sahraouie a beau être reconnue par 82 pays, l’ONU la considère toujours comme «un territoire non autonome, dont la décolonisation n’est pas terminée». Le processus s’est arrêté en 1976 quand l’Espagne – son ancienne puissance coloniale – a laissé cette terre aride aux mains du Maroc et de la Mauritanie. Depuis l’accord de cessez-le-feu de 1991, la plupart du territoire est tombé sous le contrôle de Rabat. Seule une petite portion de désert, les «territoires libérés», sont restés sous domination du Front Polisario. Un espace quasiment vidé de toute âme humaine: près de la totalité des 250 000 habitants de la région vivent dans les camps de réfugiés algériens de Tindouf, à 1500 km au sud-ouest d’Alger.
    Au siège du deuxième bataillon, à Bir Lehlou, la capitale administrative située à 400 km à l’ouest de Tindouf, un soldat scrute attentivement l’horizon au sommet d’un des rares et minuscules arbres de la région. D’un coup, sur ordre de son commandant, il se jette à terre et disparaît dans un trou avant d’émerger, une minute plus tard, d’une autre cavité à 50 mètres de là. «Si les forces aériennes marocaines nous attaquent, nous n’avons nulle part où aller, sauf sous terre, comme ces lézards noirs et orange que vous avez dû voir un peu partout», plaisante Sidi Mohamed Baaya, l’un des hauts responsables du bataillon. «Le maintien et l’expansion du réseau de galeries souterraines est l’une de nos plus hautes priorités.»
    A l’intérieur d’une caserne, qui ressemble plutôt à un musée sur l’histoire du Front Polisario, Sidi Mohamed Baaya revient sur la plus grande «infrastructure» jamais construite au Sahara occidental. Le «mur», une structure de conception française bâtie dans les années 1980 par les Marocains, qui balafre sur 2500 km le Sahara occidental du nord au sud. Un réseau complexe de clôtures, de tranchées et de barbelés qui encercle les terres les plus rentables de la région. «Nous entraînons nos hommes à se faufiler à travers cette barrière et à prendre à revers les forces marocaines», confie le responsable du Polisario.
    Né dans le camp de réfugiés de Tindouf, Mohamed Murad, 23 ans, est membre d’une unité motorisée qui surveille la frontière mauritanienne. «Depuis l’enlèvement de trois travailleurs humanitaires [deux Espagnols et un Italien] il y a sept mois, nous patrouillons constamment, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Nous suspectons des terroristes qui pourraient bientôt attaquer des journalistes et des travailleurs humanitaires étrangers», lance la jeune recrue, alors qu’il regarde à travers ses jumelles un horizon clair et vide.
    Rester dans « notre pays »
    L’enjeu est de taille, l’aide internationale est le principal moyen de financement du Front Polisario. Pour éviter toute nouvelle attaque, ses soldats patrouillent dans la région dans des camionnettes de fabrication japonaise équipées de canons antiaériens. «Le Polisario a été le premier à monter de l’artillerie lourde sur ces véhicules légers, bien avant la Somalie ou la Libye», se souvient avec fierté Salama Abdallahi derrière le volant. A plus de 60 ans, il a rejoint le mouvement en 1974, avant le retrait de l’Espagne. Il est aujourd’hui l’un des nombreux anciens combattants qui ont choisi de rester.
    Plantée en plein désert, à des centaines de kilomètres au nord-est de Bir Lehlou, la tente de Nuna Bumra Mohamed apparaît tel un mirage. Assise au milieu de son m2 avec sa melfa verte, une tenue sah­raouie, elle offre à ses convives un bol de lait de chèvre frais. «Nous avons entendu parler de ces terroristes qui se faufilent chez nous depuis le Mali et la Mauritanie, mais nous nous sentons en sécurité sous la protection du Polisario.» Derrière elle, se dresse un immense drapeau sahraoui aux rayures vertes, blanches et noires et orné d’une étoile rouge et d’un croissant. «Plus que les attaques terroristes, ce qui nous inquiète, c’est le manque d’eau.»
    Les seuls habitants de la région sont des Bédouins comme elle, des familles nomades qui survivent grâce à leurs troupeaux de chèvres et de chameaux. Malgré les dures conditions de vie, elle jure n’avoir jamais envisagé de déménager vers les camps de réfugiés à la frontière. «Je ne pourrais pas vivre dans un pays étranger. D’ailleurs, comment pourrions-nous abandonner la seule partie de nos terres encore sous notre contrôle?»
    Karlos Zurutuza / InfoSud-IPS Bir Lehlou
    Le Temps.ch, 13/07/2012
  • Par delà les symboles, par Mohamed Abdoun

    François Hollande donne véritablement l’air de vouloir effacer le sentiment  » exécrable  » laissé par son prédécesseur à l’Elysée, Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne les relations algéro-françaises. Ce n’est, en effet, pas un hasard s’il a choisi l’Algérie, comme première destination vers un pays arabe, pour les sorties à l’extérieur de son ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius. Il est, par exemple, établi que le Maroc a déployé de gigantesques efforts de diplomatie et  » persuasion  » pour essayer de se placer sur la liste avant notre pays. 
    Mais la symbolique de ce geste, que tout un chacun peut quand même apprécier à sa juste valeur, peut-elle se suffire d’elle-même ? 
    La réponse est bien entendu non. 
    Trop de sujets de discorde et de pierres d’achoppements continuent, en effet, de diviser les deux pays. 
    Le premier, et le plus important sans doute, car coïncidant avec la célébration du cinquantenaire de notre indépendance, réside dans le refus catégorique de la France de reconnaitre ses crimes coloniaux et de s’en repentir. Or, il s’agit là d’un préalable posé par l’Algérie avant toute  » normalisation totale  » des relations entre les deux pays. Il serait curieux, du reste, de voir de quelle manière le chef de la diplomatie française va répondre aux questions qui ne manqueront pas de lui être posées par les journalistes lors de la conférence de presse qu’il devait animer, durant la nuit de dimanche à lundi, en compagnie de Mourad Medelci, son homologue algérien. 
    L’autre sujet de discorde important a trait à la position française par rapport à la crise qui secoue le nord du Mali et qui risque de déborder sur toute la bande sahélo-saharienne. Alger se montre particulièrement hostile à toute ingérence et/ou intervention militaire étrangère dans la région. S’il est certain que les évènements finiront par lui donner raison, Paris n’en continue pas moins de défendre une position diamétralement opposée à celle d’Alger, au point, dit-on, que le retrait précipité des troupes françaises d’Afghanistan aurait pour principal but de préparer celui de leur implication dans une éventuelle intervention armée dans le Nord-Mali. 
    S’agissant d’économie, Paris continue, encore et toujours, de privilégier le commerce aux investissements créateurs d’emplois et de richesses, et permettant le transfert de technologie et de savoir-faire vers l’Algérie. 
    Passons sur la libre circulation des personnes, les procédures souvent humiliantes de délivrance des visas et même la volonté clairement affichée par Paris de dénoncer l’accord de 1968, relatif au statut particulier des Algériens déjà établis en France. 
    C’est dire que la visite de Fabius, qui doit préparer celle de Hollande, prévue pour la fin de cette année, risque d’en rester au simple stade de la… symbolique. 
    En a-t-on vraiment besoin ? Là est la vraie question…
  • La France perd du terrain au Mali, au profit des thèses algériennes

    Une solution pragmatique de la crise malienne se met laborieusement en place, alors que le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius effectue une visite en Algérie. Mais si la première phase de cette solution envisagée réunit un consensus, les divergences restent entières pour la suite, avec notamment deux démarches nettement distinctes. L’une, prônée par la France, s’appuie sur une intervention militaire ; la seconde, défendue par l’Algérie et ses alliés africains, privilégie la négociation.
    La France perd la main au Mali. La solution préconisée par Paris, envisageant clairement une intervention militaire, ne trouve guère de supporters en dehors de ses clients africains les plus proches. Et au moment où le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius effectue une visite à Alger, pour défendre la vision française de la solution de la crise au Mali, l’Union africaine, qui tient son sommet à Addis-Abeba, apporte un large soutien à une solution politique.
    Pour la France, une reconquête du Nord du Mali par les armées de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) constituait la seule alternative pour contrer l’avance des rebelles touareg. Jouant fortement sur l’émotion, Paris a tenté d’imposer cette démarche et de la faire avaliser par la communauté internationale.
    Ainsi, ont été mises en scène les destructions de mausolées traditionnels à Tombouctou, au nord du Mali, par les islamistes du groupe Ansar Eddine, qui contrôlent le nord du pays. De même, les déclarations de dirigeants rebelles affirmant leur volonté d’appliquer la chariaa, ou punissant ceux qui l’ont enfreinte, ont provoqué une radicalisation de l’opinion contre les rebelles maliens.
    Mais la démarche française était visiblement inapplicable. Elle butait sur deux grands obstacles. Aucune solution n’était viable tant qu’il n’y aurait pas à Bamako un pouvoir central crédible, capable de respecter un accord politique et de le faire respecter. De plus, la France ne voulait pas intervenir directement au Mali au moment où elle se retirait précisément d’Afghanistan. Elle voulait une participation de l’armée algérienne à l’opération, ce qui a donné lieu à de curieux hommages à la puissance de l’armée algérienne, flattée par les spécialistes et les chroniqueurs français.
    La diplomatie algérienne marque des points
    Mais l’Algérie s’est refusée de participer à ce qu’un diplomate a qualifié d’aventure. Pour l’Algérie, la solution est politique. Elle l’a inlassablement répétée, affirmant qu’il est possible de négocier avec Ansar Eddine et le Mouvement National de Libération de l’Azawed (MNLA). Ramtane Lamamra, un des meilleurs connaisseurs algériens de la diplomatie africaine, a ainsi déclaré dimanche qu’une solution politique était toujours possible, en menant une double action. D’un côté, isoler le mouvement Ansar Eddine d’Al-Qaïda et des mouvements jihadistes, et de l’autre côté, en invitant le MNLA à abandonner l’idée séparatiste pour aller vers une solution démocratique basée sur la reconnaissance des droits économiques et culturels des Touareg maliens.
    Abdelkader Messahel, ministre délégué aux affaires maghrébines et africaines, prenait le risque, de son côté, d’affirmer sa conviction que la négociation pouvait tout apporter alors que les islamistes d’Ansar Eddine étendaient encore leur contrôle au Mali. « On peut négocier avec le MNLA et avec Ansar Eddine, oui », a-t-il affirmé. « Les membres d’Ansar Eddine ne sont pas des salafistes », et Iyad Ag Ghali, chef du mouvement, a été « l’un des négociateurs du Pacte national. C’est un interlocuteur comme les autres », a-t-il rappelé.
    Les choses semblent, pour une fois, donner raison aux diplomates algériens. Ceux-ci obtenaient, dans un premier temps, la libération du consul et des six employés consulaires algériens enlevés à Gao, avant que l MNLA n’annonce publiquement sa décision de renoncer à l’idée d’indépendance. Dans le même temps, l’Union Africaine, réunie en sommet à Addis-Abeba, affirmait sa préférence pour la solution politique.
  • Les arabes du nord-Mali contre-attaquent

    Selon des sources qui suivent de très près l’évolution, plus qu’inquiétante de la situation sécuritaire dans le nord du Mali, mais aussi dans toute la vaste bande sahélo-saharienne, nous apprenons que les arabes barabicha et kounta auraient tenu un congrès rassembleur quelque part en Mauritanie. Il en aurait résulté la création du FANLA (Front Arabe National de Libération de l’Azawad).
    Mené par un certain Ould Souleimane, ce front, lourdement armé, est partisan d’une réunification du Mali et d’une guerre sans merci aux terroristes islamistes qui en ont pris le contrôle. Nos sources s’attendent ainsi à ce qu’un nouveau conflit armé éclate dans le nord du Mali, mais aussi à ce que le FANLA soit soutenu par les populations locales ainsi que par le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) une fois que ce dernier aura renoncé à son «indépendance» pour adopter une position plus conciliante, consistant à revenir aux accords de paix d’Alger et à l’instauration d’une relative autonomie dans la partie septentrionale malienne, une fois que l’AQMI (Al Qaïda au Maghreb Arabe), Ançar Dine et le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité
    et le Jihad en Afrique de l’Ouest) auront été défaits.
    Les Débats, 16/07/2012