Année : 2012

  • Après un sit-in de 60 jours contre les agressions marocaines L’état de santé des femmes sahraouies se détériore

    L’état de santé des citoyennes sahraouies se détériore après un sit-in de 60 jours pour protester contre les conditions de vie difficiles et les agressions corporelles et verbales dont elles ont fait l’objet lors de leur manifestation protestataire dans la ville de Tan Tan, rapporte jeudi l’agence de presse sahraouie (SPS). 

    Malgré la solidarité affichée par les citoyens sahraouis et la société civile à l’égard de ces femmes, les autorités marocaines continuent d’ignorer leurs revendications, indique la même source précisant que les éléments de la gendarmerie marocaine avaient refusé d’appeler une ambulance pour le transport de la citoyenne sahraouie Sakina al Bilal qui s’était évanouie du fait de la forte chaleur. 
    Aussi, le détenu politique sahraoui Yahia Mohamed El Hafedh Izi, âgé de 47 ans, a entamé mercredi une grève de la faim illimitée dans la prison de Ait Melloul au Maroc, a rapporté jeudi l’agence de presse sahraouie (SPS). Cette grève de la faim, la troisième du genre, intervient suite à l’interdiction de l’administration de la prison du droit de visite à des proches et amis du détenu, aux pressions exercées dans l’enceinte de la prison outre l’interdiction de rencontrer d’autres détenus politiques sahraouis et le retard mis quant à l’examen du recours introduit pour la révision du verdict inique prononcé à son encontre par le tribunal de l’occupation marocaine, a indiqué la même source. 
    Le détenu politique Yahia Mohamed Al Hafedh, membre du rassemblement des défenseurs sahraouis des droits de l’homme, a été arrêté en mars 2008 à Tan Tan, Sud du Maroc, et écopé d’une peine de 15 ans de prison ferme pour sa position à l’égard de la question du Sahara Occidental et son militantisme.
  • SUJETS PAS CITOYENS !

    par M. Saadoune
    Au Maroc, ce ne sont pas seulement les «dangereux révolutionnaires» du Mouvement du 20 février qui estiment que le protocole royal de l’allégeance (beia ou moubayaa) est aussi suranné qu’humiliant pour les citoyens marocains. Même dans les monarchies absolutistes du monde arabe, le pouvoir n’a pas besoin de ces signes humiliants de génuflexions, de prosternations collectives pour s’affirmer. Pour eux, ce protocole d’un autre âge n’a pas sa place sous un monarque qui officiellement fait profession de foi de «réforme».
    Les appels à l’abolition de ce protocole se sont multipliés ces dernières années. Certains ont appelé prudemment à son «assouplissement» pour ne pas froisser le Palais. La plupart ont en ligne de mire le «baisemain» qui est devenu, par exemple dans les forums internet, un incessant objet de moquerie contre les Marocains dans les pugilats absurdes qui les opposent aux internautes algériens. Le baisemain n’est plus en théorie une obligation, il est laissé à l’appréciation du sujet qui est «libre» de le faire ou de s’abstenir. Mais comme il n’y a pas d’abrogation officielle de cette pratique, il est clair que cela n’incite pas ceux dont la carrière dépend de la bienveillance royale à s’abstenir.
    La cérémonie d’allégeance rassemble tout ce que compte comme responsables au Maroc dont le chef du gouvernement Benkirane. Cette année, la cérémonie d’allégeance n’a pas eu lieu le 31 juillet, comme il est de coutume. Elle a été reportée, pour «cause de Ramadhan», au 22 août. Ce retard a donné lieu à des spéculations sur une éventuelle réforme. Elle a aussi donné lieu à des polémiques entre ceux qui estiment que la cérémonie d’allégeance donne une image passéiste du Maroc et ceux qui s’y disent attachés. La révision purement cosmétique de la Constitution – en dépit des applaudissements hypocrites des Occidentaux – n’augurait en tout cas pas une révision ou une remise en cause d’un protocole destiné à affirmer, de manière constante et régulièrement, l’assujettissement des acteurs au sein de l’Etat et de la société. D’ailleurs, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Taoufik a tenu avec insistance à faire référence au Prophète. Cette cérémonie où le roi, à cheval, protégé par une ombrelle, reçoit cette allégeance «renvoie indubitablement au symbole de l’arbre sous lequel le prophète Sidna Mohammed (prière et paix soient sur lui) avait reçu la beia, tel que rapporté dans le Saint Coran», a-t-il déclaré.
    La réponse royale est venue également sous le style d’un commentaire en «bois» du directeur de l’agence MAP soulignant que la tenue de la cérémonie était une «réponse claire et sans ambiguïté» de la monarchie. «Le Maroc ne cédera rien face aux sirènes d’un changement qui ne correspond pas aux aspirations et aux intérêts réels d’une nation profondément attachée à ses institutions… Il ne cédera rien non plus face aux injonctions de groupes minoritaires qui veulent imposer leur point de vue à la majorité. Le processus de transition politique au Maroc vers la démocratie est conduit au Maroc sous le leadership de la monarchie et non pas en confrontation ou en concurrence avec elle». Le roi, ajoute-t-il, est «l’acteur, prépondérant et légitime, qui organise le changement et garantit la transition et pas l’inverse». Le message est dénué d’ambiguïté en effet. Les Marocains devront continuer de lutter pour sortir de l’assujettissement à la citoyenneté.
    Le Quotidien d´Oran, 24 août 2012
  • "Qui a opéré le rapt de Tindouf ?"

    S’il reste un seul qui coince dans le gosier des marocains, ce serait celui du combat légitime du Front Polisario. Aussi, l’entretien donné par Mohamed Lamine Bouahli, dirigeant du Front Polisario et chef d’une brigade militaire, à un quotidien espagnol à grand tirage, ABC, en l’occurrence, a tout pour mettre le Makhzen sens dessus-dessous. Alors que Mohamed Lamine précise que le combat du Polisario reste attaché au droit international, qui reconnaît la justesse de sa cause, reconnaissant que peut-être deux ou trois pasteurs nomades peuvent avoir eu une relation avec AQMI et le Mujao pour le rapt des trois humanitaires du camp de réfugiés de Hassi Rabouni, près de Tindouf, le Makhzen reprend l’entretien à son compte et affirme que certains des membres du Front sont directement connectés à Al Qaïda. 
    Pour le dirigeant militaire du Front, Mohamed Lamine Bouahli, « il s’agit de nomades n’agissant point dans les camps du Polisario ». Le Makhzen commente dans les journaux qui lui sont proches, la veille de l’Aïd, que « les trois travailleurs humanitaires espagnols et italiens, avaient été enlevés de l’intérieur du camp de Rabouni, à quelques encablures du siège du Polisario », et l’événement donc ne saurait être le fait de nomades isolés. Leur libération des mains du Mujao, qui les avait réceptionnés, remis à lui par des chefs du Polisario, avait été possible après que le gouvernement de Mariano Rajoy ait versé une rançon de 15 millions d’euros. Pour Rabat, « s’en était suivie la décision de Madrid de retirer tous ses travailleurs humanitaires disséminés dans les camps algériens auprès des sahraouis, mesure prise, suite à une mise en garde transmise à l’Espagne, par les services de renseignement US, qui avaient intercepté une télécommunication entre un membre du Polisario et un membre du Mujao, l’avertissant de l’imminence d’un nouvel arrivage de douze otages occidentaux qui allaient être enlevés dans les camps par les membres du Polisario et remis au Mujao ». 
    En cherchant à lier le combat du Polisario à celui d’AQMI, le Makhzen fait amalgame et se perd dans une rhétorique douteuse, mais en choisissant le camp de Hassi Rabouni, près de Tindouf, pour terrain de combat, le Makhzen s’attaque directement à l’Algérie. Le Sahara occidental reste la dernière colonie en Afrique. Ce constat discrédite déjà largement le Maroc. Les artifices dont ils use à longueur de temps n’y changeront rien. L’Algérie reste attachée aux résolutions de l’ONU et au droit international. L’enlèvement de Hassi Rabouni n’a pas livré encore tous ses secrets.Tout comme la création de la Djamaât Tawhid wal Djihad en Afrique de l’Ouest, auteur du rapt en question. C’est une organisation qui a été mise sur pied avec un seul et unique objectif, immuable et opérationnel depuis près d’une année déjà : frapper l’Algérie.
    F. O.
    Le Courrier d’Algérie, 21 AOUT 2012
  • Lavrov compare le problème iranien avec le conflit du Sahara Occidental

    Nucléaire iranien : problème pas plus dangereux que beaucoup d’autres (Lavrov)

    Le problème du programme nucléaire iranien n’est pas plus dangereux que beaucoup d’autres problèmes internationaux, a estimé samedi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov dans une interview accordée à la chaîne d’information en continu Sky News Arabia.

    Les divergences qui persistent entre les Six médiateurs pour le dossier nucléaire iranien (Russie, USA, Royaume-Uni, France, Chine et Allemagne) et l’Iran sont très graves, mais je ne dirais pas qu’elles sont plus graves que les divergences dans les règlements palestino-israélien et arabo-israélien ou les divergences sur le Sahara Occidental et les problèmes liés à la création d’une zone libre d’armes de destruction massives au Proche-Orient, a fait remarquer le ministre.

     Interrogé sur les menaces militaires d’Israël à l’égard de l’Iran, M.Lavrov a déclaré ne pas croire que l’on puisse par la force parvenir à une résolution stable et à long terme du problème.

  • Khaled Nezzar révèle comment Hassan II a voulu se servir de Layada

    La huitième partie des entretiens accordés par le général-major Khaled Nezzar à la chaîne algérienne de télévision privée En Nahar, comporte, notamment, les péripéties qui ont conduit à l’arrestation du chef du GIA, Abdelhak Layada. D’abord sa localisation dans un hôtel à Oujda, au Maroc, où il s’était enfui, puis les laborieuses discussions avec les responsables marocains pour obtenir son extradition vers notre pays. Le général Nezzar revient sur son entrevue avec le roi Hassan II à la demande de ce dernier, l’objet étant le sort de Layada, avec en toile de fond, l’affaire du Sahara Occidental. 
    L’intention des Marocains était d’utiliser la «carte» Layada pour faire pression sur l’Algérie à propos du Sahara Occidental. Le roi renonça vite à cette sorte de marchandage devant la fermeté du général Nezzar sur ce point mais aussi en prenant connaissance d’informations données par l’Algérie sur l’activité terroriste au Maroc. Le général Nezzar commence par rappeler que Layada était responsable du GIA à Alger et qu’il était localisé et sous contrôle des services des renseignements algériens. Puis, soudainement, Layada a disparu. «Trois ou quatre jours après, nos services l’on localisé Oujda, dans un hôtel où nous avons confirmé sa présence», raconte le général Nezzar. «Il y avait, souligne-t-il, deux voies pour le récupérer : soit par nos propres moyens et sans que les Marocains le sachent – c’était possible -, ou en informant les Marocains. 
    Nous avons préféré prendre contact avec les Marocains et c’est moi-même qui l’ait fait en appelant au téléphone Driss Basri (ministre marocain de l’Intérieur à l’époque, aujourd’hui décédé, ndlr) avec qui j’ai parlé en faisant allusion à un problème de sécurité concernant les deux pays». Après cette conversation téléphonique, le général Smaïn s’est déplacé au Maroc pour évoquer le cas Layada. «De plus, ajoute le général Nezzar, nos services ont découvert qu’il y avait sur le territoire marocain deux dépôts d’où partaient des armes qui entraient en Algérie». 
    Quand le général Smaïn a donné aux responsables marocains toutes ces informations, Driss Basri a contacté le général Nezzar pour lui dire que le roi souhaitait le voir. «Dans quel but ?», se sont interrogés les responsables algériens. La question du Sahara Occidental est apparue comme le principal motif de cette demande du roi de rencontrer le général Nezzar, «ou alors voulait-il faire la connaissance des officiers de l’ANP qui étaient en face de son armée à Tindouf ?», s’est interrogé l’ancien ministre de la Défense. Le général Nezzar est donc allé voir le roi : «Il m’a reçu durant deux heures dans son bureau dont j’ai retenu la simplicité de l’ameublement, local, de fabrication marocaine», raconte-t-il. Il relève que «le roi a commencé par dire que la sécurité est un tout, allusion au Sahara Occidental». «On en a beaucoup parlé, j’étais préparé à cette discussion», ajoute-t-il. Le général Nezzar rassure le roi : «Notre génération ne fera jamais la guerre au Maroc, un pays voisin, qui nous a aidés durant la lutte armée pour l’Indépendance». 
    La position algérienne sur le Sahara Occidental exposée par le général n’avait pas l’air de plaire au roi : «Il se leva, mettant fin brusquement à la discussion», raconte le général Nezzar. Hassan II accompagna son hôte jusqu’à la villa où devait être pris le repas. «En marchant, je lui ai dit que ce type (Layada) n’était qu’un tôlier et qu’il fallait nous le livrer», poursuit le général dans son entretien à En Nahar TV. Le roi a, alors, appelé Driss Basri pour lui donner ses instructions. «Je suis resté avec Driss Basri et lui ai rappelé les instructions du roi. Il m’a répondu que le cas Layada n’était pas facile. Je suis alors rentré au pays. Quinze jours plus tard, je fus informé que Layada n’était pas en prison mais dans une villa. J’ai appelé Driss Basri au téléphone pour le lui dire, il répondit que c’était un problème humanitaire et qu’il fallait que Layada contacte sa famille. En même temps, je voulais lui signifier que nous savions ce qui se passait chez eux». 
    De passage à Alger, Boutros Ghali (ex-secrétaire général de l’ONU) fit part verbalement au général Nezzar d’un message du roi : «Patience, vous recevrez votre amana (allusion à Layada)». Effectivement, poursuit le général Nezzar, «trois mois plus tard, le parlement décida de livrer Layada à l’Algérie». Le roi voulait exploiter la «carte» Layada pour une sorte de chantage sur le Sahara Occidental, mais d’autres données l’en ont dissuadé, notamment l’existence de dépôts d’armes utilisés par les terroristes et l’implication de Marocains complices d’Algériens dans l’envoi d’armes vers l’Algérie.
    A propos du Sahara Occidental

    La construction par les Marocains du mur (avec des mines, des obstacles électrifiés et divers moyens électroniques) a été, selon le général Nezzar, «le grand tournant qui nous a mis dans la situation actuelle». «Le problème du Sahara Occidental, estime-t-il, aurait peut-être été réglé à ce moment-là». Le Maroc ne pouvait pas construire le mur sans avoir eu recours aux forces qui étaient dirigées contre l’Algérie. Alors, poursuit le général Nezzar, «le roi a mis en œuvre ce que nous avons appelé la politique de charme pour pouvoir déplacer ces forces en évitant de créer des risques sur son flanc nord». «Nous étions, dit-il, opposés à la construction du mur par le Maroc. Pour cela, il y avait des actions à mener. Nous avons demandé des renforts. Chadli était venu à Béchar et nous lui avons présenté notre démarche qu’il a acceptée. Il nous a envoyé les renforts demandés, mais cette démarche n’a finalement pas été appliquée». Il rappelle qu’au début du conflit entre le Maroc et le Front Polisario, le Maroc ne maîtrisait pas la situation et les Sahraouis étaient plus forts au point de réussir à faire un grand nombre de prisonniers marocains.
    Ramdane O. 
    Algérie Patriotique, 18 août 2012
  • Syrie : Pourquoi un émissaire algérien et non pas un marocain?

    Ceci est un article interactif. Une question dirigée aux lecteurs qui peuvent exprimer leur point de vue sur la question qui tourne autour de la décision de l’ONU de désigner le vétéran de la diplomatie algérienne, Lakhdar Ibrahimi, pour remplacer  Koffi Annan. Celui-ci avait démissionné suite à son manque de soutien du Conseil de Sécurité.

    Pourquoi un algérien et non pas un marocain pour les bonnes offices dans le conflit syrien? Pourtant, le Maroc est membre non-permanent du Conseil de Sécurité. Cela devrait offrir à ce pays l’occasion de se positionner sur la scène internationale et gagner des points dans son conflit avec le peuple sahraoui sur le Sahara Occidental.

    L’Algérie s’est distinguée par des succès dans plusieurs médiations : libération des otages américains enlevés à Tehran en 1979, de la guerre civile libanaise, l’Erythrée, Mali, etc…

    Le Maroc s’est distinguée plutôt pour ses expéditions guerrières aux côtés de troupes françaises en Afrique et les forces de l’OTAN en Irak et en Lybie.

    Merci de vos réponses. La meilleure réponse sera publiée en article exclusif.

  • Le service de clônage du Makhzen

    Le système qui gouverne le Maroc, appelé Makhzen, veille sur l’adhésion du peuple marocain à ses ambitions expansionnistes. Dans ce but, le Makhzen se bat contre tout média qui risque d’influencer l’opinion publique marocaine, même si celle-ci s’est avérée, en ce qui concerne le conflit du Sahara Occidental, plus royaliste que le roi. Les marocains doivent continuer à voir le Sahara Occidental comme une propriété du Maroc et ils ne doivent pas non plus protester contre l’atteinte aux droits de l’homme des sahraouis. Au contraire, ils doivent sentir du plaisir à voir comment les « Croatia » tabassent les sahraouis sans défense qui se trouvent dans les territoires occupés par le Maroc. 
    Rabat veille à tout prix à garder ce sentiment anti-sahraoui dans la société marocaine. Ainsi, pour interférer sur leur recherche sur Internet, les services secrets marocains ont créé toute une série de pages web qui portent le nom des pages web du Front Polisario.
    L’équivalent en clônage de l’agence de presse sahraouie, SPS, est Sahara Press, Sahara News,Sahara Now, Agence de Presse Sahraouie (en arabe) et d’autres. Un détail qui ne trompe pas sur leur appartenance : leur moyens et leurs sources. Certains jouissent même de revenus de publicité.
    Et pour lutter contre notre blog, Rabat a crée un autre blog qui porte le même nom : Diaspora Saharaui. Depuis quelques jours, notre clône est devenu un site avec un nom de domaine :diasporasaharaoui.com. L’administrateur de ce blog se fait appeler Lahouari Boulayoun, un clônage entre le nom du défunt président Houari Boumediène et la ville de Laayoune.
  • Au Maroc, les rebelles du ramadan suscitent les critiques

    A l’heure qui précède le chant du muezzin et le coucher du soleil qui sonne le moment de la rupture du jeûne, le silence tombe sur la ville et les cafés sont déserts. Mais un groupe de Marocains est bien décidé à ne pas se conformer à la tradition du ramadan.
    Par Simon Martelli de l’afp
    Le groupe «Masayminch» («nous ne jeûnons pas» en arabe marocain) a été récemment créé par de jeunes Marocains déterminés à défendre le droit de ne pas jeûner pour les non-croyants. Ils veulent pouvoir manger, boire et fumer en public durant le mois sacré du ramadan. «L’idée est de dire à la société que nous sommes différents et que nous n’avons pas à nous cacher», affirme à l’AFP Imad Iddine Habib, 23 ans, co-fondateur de ce groupe dont la page Facebook compte quelque 350 membres.
    Les grandes villes du Maroc, un pays très touristique où se pratique un islam tolérant et modéré, regorgent de bars qui ferment néanmoins durant le ramadan. Quelque 89% des Marocains considèrent la religion comme «très importante» dans leur vie, selon une récente étude de l’institut américain Pew research Center, et pour la grande majorité des gens, ne pas jeûner pendant le ramadan relève du sacrilège. «La plupart des gens sont choqués de voir quelqu’un manger dans la rue», convient Omar Benjelloun, un avocat de défense 
    Au Maroc, les rebelles du ramadan suscitent les critiques des droits de l’Homme. L’article 222 du code pénal stipule qu’une rupture du jeûne en public est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à six mois. A ce sujet, le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi, issu du parti islamiste Justice et Développement (PJD, modéré), arrivé au pouvoir fin 2011 pour la première fois dans l’histoire du pays, a prévenu que les autorités feraient montre de «fermeté dans l’application de la loi». Une société hypocrite La presse a rapporté récemment plusieurs incidents impliquant des récalcitrants. 
    Des médias ont fait état de l’arrestation de quatre jeunes – deux hommes et deux femmes – à Beni Mellal (centre), qui attendent leur jugement après qu’un fermier les a aperçus en train de manger et de fumer sur la route. Dans un autre incident du même genre, rapporté par le quotidien indépendant Akhbar Al-Youm, deux jeunes gens ont porté plainte contre le fils d’un député, l’accusant de les avoir renversés avec sa voiture, après qu’ils lui ont reproché de fumer en public. M. Habib y voit le signe de l’»hypocrisie» de la société marocaine.
    «Nous voulons que la loi soit abrogée. Nous ne sommes pas croyants et la société n’a pas le droit de nous imposer ses croyances », ajoute-t-il. Cependant, même les esprits libéraux qui craignent l’imposition de nouvelles restrictions et souhaitent plus de libertés, estiment que ces jeunes font fausse route. M. Benjelloun estime qu’en agissant ainsi, le groupe «ne sert pas la cause de la modernité et de la laïcité ». «Ils font un cadeau à leurs ennemis », ajoute-t-il. De fait, sur la toile, les groupes hostiles au mouvement comptent de nombreux adhérents. «Nous sommes un pays musulman, pas laïc, ceux qui veulent manger dans la rue pendant le ramadan n’ont qu’à demander un visa pour l’Europe et aller manger là-bas», écrit un de leurs détracteurs sur la page Facebook «Contre mouvement masayminch». 
    Pour d’autres internautes, il y a des combats plus importants à mener au Maroc où la pauvreté touche de nombreux habitants. Sur le blog «anti-masayminch », on peut lire: «quand vous criez que vous allez Manger et Boire tout au long du ramadan, il y a des enfants (…) qui n’ont pas mangé tout au long de l’année».
  • EMBARRAS ROYAL

    par M.Saadoune
    La décision du Maroc de retirer sa «confiance» à Christopher Ross, l’émissaire personnel du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara Occidental, est devenue encombrante pour Rabat. Le gouvernement islamiste de Benkirane – qui vient de s’excuser platement auprès du roi et de ses conseillers pour des «excès» de langage – est contraint d’assumer, à la place du Palais, une fort mauvaise décision. Des hommes politiques marocains, qui savent qu’une telle décision n’aurait pu être prise sans l’aval du roi, en ont profité pour porter des coups au gouvernement du PJD. 
    Ce choix unilatéral, «sans consultations avec les alliés du Maroc», pour reprendre la formule de Mohamed El Yazghi, ancien ministre et ancien secrétaire général de l’USFP, pose en effet des problèmes. Le gouvernement ou, à tout le moins, le ministre Saad Eddine Al-Othmani se retrouvent dans la posture de fusibles potentiels au vu de l’incapacité de la diplomatie marocaine à le faire passer chez ses «alliés». Si cette décision est passée sans encombre auprès des Français qui soutiennent tout ce que décide le Maroc sur la question du Sahara Occidental, il n’en est pas de même pour les autres pays où la pilule n’est pas passée. Certes, les Etats-Unis ont exprimé sans animosité leur rejet de la décision marocaine de retirer la confiance à Christopher Ross. Ils n’ont pas cherché à brusquer Rabat, mais ils n’en ont pas moins réitéré avec fermeté leur soutien au diplomate américain dont l’action est trop injustement flétrie par Rabat sous l’accusation de partialité. 
    C’est l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, Samuel Kaplan, qui s’est chargé, à la mi-juillet, d’envoyer un message dénué d’équivoque : «Les Etats-Unis soutiennent le processus onusien au Sahara et Christopher Ross en fait partie». L’ambassadeur réitérait, mot pour mot, la déclaration du secrétaire d’Etat adjoint William Burns en mai dernier alors que les responsables marocains menaient une intense activité de lobbying à Washington. «Les Etats-Unis continuent d’appuyer les efforts visant à trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara Occidental, ainsi qu’au processus de négociation des Nations unies dirigé par l’envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara Occidental, l’ambassadeur Christopher Ross». 
    Le message des Américains est tellement net que le ministre marocain des Affaires étrangères ne peut se permettre de l’ignorer. S’il fait l’éloge de la qualité des relations avec les Etats-Unis, il n’en admet pas moins que l’affaire Ross a créé un «nuage» dans les relations avec Washington. Et ces nuages, dit-il, sont en «voie de dissipation». La formule est diplomatique à souhait. Mais la lecture simple est que les nuages ne sont toujours pas dissipés. Et que la diplomatie marocaine, après avoir pris sur instruction royale une décision irréfléchie – personne ne croit sérieusement à la thèse de la «partialité» de Christopher Ross -, en est à déployer des efforts importants pour en atténuer l’impact. L’effort paraît peu concluant quand on observe le chef de la diplomatie marocaine essayer d’exploiter la situation au Sahel et tenter de faire un amalgame avec les camps de réfugiés sahraouis. C’est un vieux tic de propagande qui ne marche pas même si Rabat a arrosé inutilement dans le passé un présumé «centre d’études» farfelu basé en Europe pour essayer d’accréditer l’existence d’un lien entre le Polisario et Al-Qaïda. A l’évidence, l’épisode Ross embarrasse Rabat au plus haut point. C’est un embarras gouvernemental. Il est aussi un embarras royal. Al-Othmani payera peut-être la facture. Voire Benkirane lui-même puisque, paraît-il, «il a cessé d’amuser le roi».
  • Al-Othmani fait feu de tout bois et fait des amalgames : Rabat tente de minimiser «l’impasse» Christopher Ross

    par Salem Ferdi
    Constat implicite que l’affaire Christopher Ross a créé un problème avec Washington, tentative de nier l’existence d’une impasse avec l’Onu, amalgame entre les camps sahraouis et les menaces sécuritaires au Sahel et «enthousiasme» intact pour développer les relations avec l’Algérie. Le chef de la diplomatie marocaine fait feu de tout bois. Parfois avec de la grosse propagande.

    Le ministre marocain des Affaires étrangères, Saad-Eddine Al-Othmani, a admis, implicitement, dans un entretien publié par le journal saoudien Acharq Al-Awssat que le retrait de confiance à l’encontre de Christopher Ross, émissaire du secrétaire général de l’Onu sur le Sahara Occidental, a affecté les relations du Maroc avec Washington. La décision du retrait de confiance avait été fraîchement accueillie par Ban Ki-moon et la communauté internationale à la seule exception de la France qui s’est contentée d’en «prendre note». Outre Ban Ki-moon qui a réitéré sa confiance en Christopher Ross, la diplomatie américaine a apporté son soutien à l’action de l’émissaire onusien. La décision marocaine, qui n’aurait pas pu être prise sans l’aval du Palais, était hasardeuse au point de susciter des critiques au sein de l’opposition marocaine. Au journaliste, plutôt complaisant et faible en relance, qui lui demandait si les «nuages» apparus entre Rabat et Washington après le retrait de confiance en Christopher Ross étaient «dissipés», Saad-Eddine Al-Othmani a répondu, prudemment, qu’ils étaient «en voie de dissipation». Une prudence qui reste de mise puisqu’au niveau officiel Washington n’a pas changé de position et soutient toujours le diplomate Christopher Ross. Le même embarras s’exprime s’agissant du secrétaire général de l’Onu qui défend fermement son émissaire au Sahara Occidental. Pour le chef de la diplomatie marocaine, il est «difficile de parler d’impasse» sur le sujet.

    BAN KI-MOON A BESOIN DE TEMPS… !

    «C’est un envoyé personnel dont une partie lui a retiré sa confiance. Le secrétaire général de l’Onu examine la question actuellement. Il ne fait pas de doute qu’il a besoin d’un temps suffisant, nous attendons sa décision», a-t-il déclaré. Le ministre marocain s’est évertué à montrer que les relations entre Rabat et Washington n’ont pas été affectées par l’affaire Ross. Il cite à cet égard les échanges entre diplomates, l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis et la préparation d’un accord de partenariat stratégique. Le chef de la diplomatie marocaine a tenté surtout d’exploiter politiquement la décision du gouvernement espagnol de retirer les travailleurs humanitaires espagnols des camps de réfugiés sahraouis. Parlant pratiquement au nom des autorités espagnoles, il affirme qu’il y avait des «menaces réelles pour les citoyens espagnols dans la région de Tindouf». Pour rappel, des ONG espagnoles ont critiqué la décision de Madrid et ont estimé que les mesures de sécurité prises après l’enlèvement d’humanitaires sont suffisantes. Le chef de la diplomatie marocaine tente de faire l’amalgame entre les trafics de drogues, d’armes et de marchandises dans la région sahélo-sahélienne avec les camps de réfugiés. Il laisse entendre, ce que la présence des ONG dans les camps dément, que l’aide humanitaire envoyée dans ces camps fait l’objet de trafics. Le discours marocain sur ce sujet n’a jamais été crédible mais apparemment le ministre marocain croit que les événements récents dans le Sahel «pourraient convaincre la communauté internationale qu’elle s’est trompée» et que cela l’incitera à «prendre des mesures fortes dans la direction opposée» de celle qu’elle a pris jusqu’à maintenant.

    AMALGAMES

    Al-Othmani se risque à un autre amalgame à partir du fait, établi, que la guerre contre la Libye a ouvert les arsenaux et renforcé les groupes armés qui déstabilisent le Sahel. «N’oublions pas de rappeler que la cause de la crise au Sahel et le drame sécuritaire vécu par le Sahel et le Sahara sont les armes de Kadhafi et son argent… Ce sont les mêmes armes et argent qui ont créé et renforcé le Polisario…», affirme en usant de la grosse artillerie propagandiste Al-Othmani. Le déferlement des armes sur le Sahel n’est même pas le fait de Kadhafi mais un effet de la guerre livrée par l’Otan en Libye. A l’évidence, Saad Al-Othmani est bien en panne d’arguments pour se lancer dans des amalgames qui ne leurrent personne. Sur le sommet maghrébin, Al-Othmani s’en tient au fait qu’il s’agit d’une décision maghrébine commune et au fait que les Tunisiens ont fixé la date du 10 octobre et n’ont pas signifié officiellement un changement de date. Un journaliste, moins complaisant que celui d’Asharq Al-Alwssat, aurait pu lui faire remarquer que c’est le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, qui a semé le doute en affirmant que les conditions de la tenue du sommet de l’UMA n’étaient pas «mûres». «Tant que les frontières entre le Maroc et l’Algérie ne sont pas rouvertes, ce sera seulement une réunion de pure forme », avait-il déclaré en introduisant un préalable qui ne pouvait être accepté par Alger. Al-Othmani affirme qu’il conservait le «même enthousiasme» qu’au début de sa mission pour renforcer et développer les relations avec l’Algérie.

    «C’est un choix stratégique et nécessaire», a-t-il dit en mettant en avant les échanges de visites et les accords signés depuis son premier voyage à Alger. «Des perspectives de coopération économique à plusieurs niveaux se sont ouvertes, pourquoi ne conserverais-je pas mon enthousiasme ?». Al-Othmani relève que les gens ont tendance «à voir ce qui ne s’est pas réalisé et ne voient pas ce qui se réalise en raison de dossier en suspens comme la réouverture des frontières». «Nous avons dit à maintes reprises qu’il faut développer les relations indépendamment des points des divergences en attendant leur solution définitive. C’est ce que nous espérons réaliser très prochainement». 

    Le Quotidien d’Oran, 13/08/2012