Année : 2012

  • Sarkozy et la Syrie : l’aventure commence à tourner court !

    par Léon Camus

    Le vent tourne indéniablement… Un journaliste meurt tué par des rebelles montrant là leur vrai visage et l’archevêque d’Alep, Mg Jeanbart, accorde deux entretiens grand public simultanés, l’un publié par l’honorable correspondant du Figaro Malbrunot, l’autre diffusé sur la chaîne publique France 24… des propos en rupture de consensus qui constituent peut-être des indices avant-coureurs – certes discrets – d’une éventuelle volte-face française sur le dossier syrien !? Or les états-majors, en France et en Allemagne, semblent désormais passablement défavorables à une nouvelle intervention au Levant alors que la contestation donne des signes d’essoufflement… ne seraient les cruels attentats perpétrés par des hommes de mains encadrés et formés par les Forces et les Services spéciaux de l’axe démoniaque Paris-Londres-Washington-Tel-Aviv.

    Aussi le temps commence-t-il certainement à jouer en faveur du Baas et des Alaouites au pouvoir ! Mais également en faveur d’une modernisation de la Syrie et de ses institutions parce qu’à tout chose malheur est bon, et si la Syrie n’en crève pas, si elle échappe au chaos programmé et à la guerre civile, alors el-Assad pourra certainement faire promulguer une nouvelle Constitution et casser l’hégémonie du Baas sur la vie politique syrienne, intégrant ou associant toutes les composantes sociales, culturelles et confessionnelles sans exclusion – la question de la place des Frères musulmans n’étant pas encore tranchée – dans le cadre d’un pacte Républicain et d’une laïcité que souhaitent ardemment les communautés chrétiennes.

    Au demeurant les militaires occidentaux, américains compris, échaudés par les cuisants fiasco irakien et afghan – chat échaudé craint l’eau froide – ne sont pas emballés par la perspective d’une nouvelle aventure militaire en Syrie, et au-delà, en Iran. Parce que la Syrie, n’est pas la Libye, c’est un gros morceau, qui plus est « équipée » par la Russie revenue depuis peu à ses positions premières de ferme soutien de Damas ! Un nouveau revers donc pour M. Sarkozy, cette fois diplomatique et militaire, après la dégradation peu reluisante de la cotation triple A de l’économie hexagonale. Le ludion élyséen, perdant une à une ses cartes maîtresses, notamment celle, à cent jours de l’échéance présidentielle, d’apparaître une fois de plus en chef de guerre… et de même que l’on ne change pas de cheval au milieu du gué, pendant les hostilités le peuple souverain n’est pas supposé limoger le commandant suprême des armées ! Reste que le président céfran semble ces temps-ci marqué par une féroce scoumoune et qu’il apparaît à présent presque aussi nu qu’un perdant du petit matin sur le perron d’un casino… À tel point, que la question se pose désormais de savoir si oui ou non il pourrait finir par renoncer à briguer un second mandat ? Qui sait ?

    La mort d’un journaliste manipulée et récupérée par les cyniques

    Gilles Jacquier, grand reporter de France 2, est décédé le 11 janvier à Homs, dans le centre de la Syrie, victime d’une roquette antichar, l’attaque ayant causé huit morts et fait 25 blessés. Récit [AFP] : « Devant l’hôpital de Zahira, un attroupement de militants pro-Assad s’était formé scandant des slogans favorables au régime. Brutalement un projectile de lance-roquette antichar a frappé la foule… Les journalistes se sont précipités pour voir, et à ce moment précis une seconde roquette les a touchés tuant Jacquier sur le coup ».

    Les choses semblent simples, et bien non. Dès le lendemain, M. Juppé ci-devant ministre des Affaires étrangères, exigeait qu’une « enquête soit menée afin que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès » ! [Paris soupçonne une manipulation – Le Figaro 13 janv.] Les choses paraissaient pourtant assez claires, mais l’Élysée – pour lequel « tout fait ventre » – au lieu de déplorer la mort d’un fonctionnaire français – Fr2 relève du Service public n’est-ce pas ? – ne pouvait pas ne pas chicaner et chercher des poux dans la tête des autorités syriennes, sous-entendant qu’elles pourraient être les instigatrices des tirs meurtriers 1.

    Le simple bon sens n’impose-t-il pas de voir dans cet incident l’un de ces tristes hasards de la guerre ? Une guerre dont se passeraient bien les Syriens à en croire les témoignages qui se multiplient tel celui de l’archevêque d’Alep, Mg Jean-Clément Jeanbart [Fr24 13 janv.11]. Mais c’est le contraire que nous lisons, voyons et entendons sur ces vecteurs de propagande que sont aujourd’hui nos médias libres, ardents promoteurs de toutes les ingérences et de la guerre à coup de bilans truqués et d’infos biaisées. Car la distance se creuse toujours davantage dans le cas syrien entre les informations « non alignées » et ce que les médias officiels nous disent de la rébellion… nous donnant par exemple, à prendre pour argent comptant, les « 5000 morts dus à la répression ». Chiffre avancé, sans aucune base sérieuse, par le Secrétariat général des Nations unies [dont les hélicoptères de la paix et de l’harmonie universelle participèrent activement au bombardement, en Côte d’Ivoire, du palais président Laurent Gbagbo] et qui n’opère aucun distinguo entre les victimes effectivement dues aux opérations de maintien de l’ordre et celles liées à la violence des factions dissidentes, dont, entres autres, Gilles Jacquier a fait les frais !

    D’ailleurs n’est-ce pas un tantinet indécent d’accuser à la hâte, avant toute enquête, alors qu’il est établi que la France est justement l’un des boutefeux étrangers à l’œuvre, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire syrien, au Liban et en Turquie ? N’est-ce pas là un cas de la plus belle espèce d’inversion accusatoire, soit de « projection » de ses propres intentions et roueries sur autrui ? Ce qui en dirait long sur la duplicité et l’aptitude aux coups tordus de l’équipe aux manettes à Paris. Le jour même de ce tir au but réussi 2, le président Sarkozy avait demandé que les Autorités syriennes « fassent toute la lumière sur la mort d’un homme qui ne faisait que son métier : informer ». Ou désinformer, selon le point de vue auquel on se place : Kossovo, Zaïre, Algérie, Afghanistan, Printemps arabe, Jacquier aura été de tous les fronts chauds de ces douze dernières années… Or nous savons quel a été le travail de tromperie auquel se sont livrés les grands médias. Il ne s’agit pas ici de mettre en cause les lampistes désignés pompeusement sous le vocable « grands reporters », mais qui peut ignorer maintenant que l’on peut tout faire dire, et son contraire, à une caméra ? Filmer en « plan serré » permet ainsi de créer des effets de foules là où n’est rassemblée qu’une poignée de pékins et de figurants… comme à Benghazi pour les 2’ 40’’ du discours triomphaliste de M. Sarkozy après le lynchage du Raïs déchu [Lemonde.fr 16 sept]. Nagy Bocsa, de Gaulle au petit pied, mal à l’aise dans les grandes godasses de son prédécesseur, lançant pour sa part un poussif « Vive Benghazi, vive la Libye, vive l’amitié entre la France et la Libye » 3. Cela pour dire que lorsque l’on parle du « métier d’informer » l’on peut à bon escient se tapoter le menton de façon ultra dubitative… M. Sarkozy, maître ès manipulations, sait de quoi il retourne en ce noble domaine 4.

    Le vent tourne et la Russie, hier hésitante, raffermit ses positions anti-euratlantistes

    Mardi 10 janvier, après une escale de trois jours sur les côtes syriennes face au port de Tartous, le porte-avions Amiral Kouznetsov repartait vers la haute mer. Le navire amiral était accompagné de cinq autres bâtiments et de plusieurs submersibles, d’où furent déchargés des équipements indéterminés ! La Russie, déjà principal fournisseur d’armes de la Syrie pendant la Guerre froide, s’oppose fermement au Conseil de Sécurité à tout un embargo sur les armes qui pourrait être adopté à l’encontre de Damas. Quant à savoir si parmi les matériels débarqués se trouvaient des éléments des fameuses batteries des missiles supersoniques sol-air S-300, il faudrait être dans le secret des Dieux de la guerre…

    Trois jours plus tard, le 13 [AFP] Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, dénonçait vertement les amendements apportés par la Trilogie du mal anglo-franco-américaine à son projet de Résolution relatif aux événements syriens, considérant que les modifications apportées camouflaient l’intention arrêtée de renverser le régime 5. Une tromperie sur la marchandise du même tonneau que, pour la Libye, le détournement de la Résolution 1973 qui avait servi de prétexte à la conduite d’une vilaine guerre de conquête sous couvert d’intervention à populations en danger… Mi-décembre, Moscou avait en effet présenté un projet de Résolution – jugé trop modéré par les interventionnistes va-t’en-guerre de Washington, Londres, Berlin et Paris – condamnant les violences exercées « par toutes les parties, y compris l’usage disproportionné de la force par les autorités syriennes ». Mais cela était trop raisonnable pour ces Messieurs les démocrates à la fleur au fusil !

    Auto-dénonciation des média-mensonges

    Alors que la presse britannique confirme – avec un certain cynisme ou une inconscience certaine – que les Forces spéciales de sa Majesté, la CIA et le MI6 appuient l’insurrection armée et entraînent les rebelles syriens suivant un modus operandi analogue à celui suivi en Libye où les SAS – Special Air Services britanniques – auraient été à l’œuvre au sol bien avant le déclenchement des frappes aériennes de l’Otan 6. De la même façon, les forces spéciales britanniques et françaises forment actuellement les éléments de l’Armé Syrienne Libre… sur le sol turc, mais également vraisemblablement en Libye et au nord Liban, tandis que les Américains lui fourniraient sa logistique en matière de télécommunication !

    Difficile de savoir ce qu’il en est réellement. Les rumeurs vont bon train, dans un sens comme dans l’autre et la guerre des communiqués fait rage. L’ASL revendique quelque 40 000 personnels ayant fait défection – c’est-à-dire en langage courant, ayant déserté – depuis le 15 mars 2011, mais les chiffres paraissent fantaisistes et sont totalement invérifiables… Tout comme la plupart des chiffres assénés avec un aplomb d’enfer par des envoyés très spéciaux habitués à répéter en boucle ce que l’ensemble de leur profession serine à longueur de temps. Sans jamais mentionner bien sûr faits et témoignages qui pourraient corriger, ou écorner, la vision aussi dramatique qu’idyllique d’un peuple en lutte pour sa liberté… Ainsi la rumeur persistante d’un contingent de combattants libyens salafistes venus prêter main forte aux radicaux sunnites locaux. Un retour des Brigades internationales en quelque sorte, cette fois non plus au profit du bolchévisme, mais à celui du Nouvel Ordre Mondial judéo-protestant, libéral et chariatique tout à la fois ! Du déjà vu pour qui se souvient des djihadistes recrutés par Al Qaïda opérant naguère en Afghanistan, au service de la CIA sous couvert de l’ISI pakistanaise et sous la direction éclairée d’Oussama Ben Laden, prosélyte zélé de l’Islam rigoriste et wahhabite saoudien.

    Le 3 octobre dernier le Conseil national syrien – CNS – demandait instamment à la communauté internationale d’intervenir en Syrie afin de prodiguer soins et assistance au « peuple assassiné ». De tous temps une poignée de factieux a su se prétendre être et représenter « le peuple » tout entier… les ultra minorités parlent toujours en pareilles circonstances au nom de majorités, lesquelles n’en peuvent mais. Il n’en reste pas moins que la politologue Bassma Kodmani, membre du Secrétariat général du CNS – son Politburo ! – trahissait incidemment [Le Figaro 3 oct.11] une réalité de terrain moins glorieuse, avouant au quotidien de M. Dassault qu’à l’heure actuelle le mouvement de protestation serait en passe de s’essouffler, convenant que « la stratégie de répression du pouvoir est beaucoup plus efficace aujourd’hui qu’au début de la contestation. Les manifestants ont parfois du mal à tenir. C’est pourquoi le Conseil national syrien demande pour le peuple la protection de la communauté internationale ». Et le CNS a été entendu puisqu’il n’a été créé que justement pour cela : exiger de manière pressante, et par-là justifier, une intervention extérieure de la « Communauté internationale » !

    Signalons que les membres de ce fameux CNS, en principe représentatifs – mais en principe seulement – de la nation syrienne, lui sont presque totalement inconnus ou parfois pire, détestés par eux 7… Contrairement à Assad qui n’a jamais été plus légitime à leurs yeux ! Un faux paradoxe, évidemment. Qui d’ailleurs s’interroge ou s’offusque que les médias occidentaux ne relatent jamais les meurtres et les exactions de l’opposition syrienne, nous les présentant exclusivement comme de pitoyables victimes de la vindicte d’un État tyrannique ? A contrario, quand il s’agit d’un journaliste étranger, français en l’occurrence, tous se déchaînent pour jeter la suspicion sur les autorités légitimes coupables a priori des crimes des rebelles ! Comprenne qui pourra ?

    Quant à Mme Bassma Kodmani, celle-ci vit en France depuis en 1968 et peut difficilement prétendre connaître de l’intérieur les évolutions et les événements qui affectent en ce moment son pays d’origine. Elle n’a pas connu l’époque d’Hafez el-Assad, père de Bachar et instaurateur du régime actuel, à telle enseigne qu’elle évoque complaisamment dans l’émission de débat de la Cinq « C dans l’air », le marasme économique syrien alors que l’économie du pays connaît un taux de croissance soutenu tournant autour de 4 à 5% et que le Pib par habitant aurait été doublé depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad en l’an 2000 !

    Le vent commence-t-il à tourner ?

    Reste que quelques certitudes finissent par émerger malgré tout de ce brouillard d’informations contradictoires : les événements syriens n’ont rien, absolument rien à voir avec une révolte populaire : les chiffres sont bidonnés, la révolte est cantonnée au sud-ouest du pays dans des zones où l’emprise des Frères musulmans est avérée – Hama, Homs et Deraa proche de la frontière libano-israélo-jordanienne -, et où a démarré la révolte. Cependant le régime tient bon, bénéficiant d’un indéniable appui populaire et la révolte marque le pas. Elle se serait sans doute déjà éteinte si elle n’était alimentée en armes de l’extérieur et si les démocraties occidentalistes ne s’époumonaient à souffler sur les braises.

    La Russie – elle aussi très proche d’échéances présidentielles – a par contre durci le ton et rejoint dans un front du refus – à toutes sanctions et de toutes mesures de coercition à l’encontre de Damas – la Chine intraitable sur ce dossier… et cela n’est pas de bon augure pour l’agenda atlantiste qui risque d’en être bouleversé.

    Le seul fait que le 11 janvier Le Figaro, puis le 13, France 24 aient donné la parole à Jean-Clément Jeanbart, archevêque catholique d’Alep, est un fait remarquable dans le désert intellectuel du Paf – paysage audiovisuel français. Celui-ci exprime sans ambiguïté et sans précautions oratoires excessives, la peur des Églises syriennes, au vu des persécutions dont les Catholiques assyro-chaldéens et les Nestoriens sont victimes en Irak depuis la chute de Saddam Hussein qui en était le grand protecteur. Les Chrétiens craignent effectivement de subir un sort équivalent à l’occasion de l’éventuelle chute du régime baasiste et de l’inévitable prise du pouvoir par les Frères musulmans, aussi modérés se présentent-ils à présent. Une telle liberté de parole marque à l’évidence un tournant remarquable dans le traitement médiatique du dossier syrien, d’autant que la présentatrice ne présentait aucun des symptômes et tics habituels de désagrément se manifestant lorsqu’un invité outrepasse la doxa dominante ou le politiquement correct de rigueur. Cela mérite réflexion. Mais laissons donc la parole à un témoin crédible et critique s’il en est…

    Qu’en dit Mgr Jeanbart ?

    « Nous sommes très préoccupés par les conséquences d’un renversement du régime, qui pousserait beaucoup de nos fidèles à émigrer comme en Irak depuis la chute de Saddam Hussein… Nous redoutons la domination de Frères musulmans dogmatiques… C’est précisément parce qu’ils ne pèsent pas lourd [15 % de la population] que les islamistes veulent aller vite pour renverser le régime. C’est également pour cette raison qu’ils sont aussi actifs dans les rangs de l’opposition à l’extérieur du pays et qu’ils refusent tout dialogue avec le pouvoir. Les Frères musulmans ne peuvent renaître que dans le cadre d’un renversement brutal auquel ils prétendront avoir participé depuis l’étranger grâce à l’appui des Turcs et des monarchies du Golfe. Comme en Libye ».

    Que faire ?

    « … Il faut une transition démocratique dans le cadre de réformes que le pouvoir doit engager. C’est encore possible. Bachar el-Assad est en train de persuader le parti Baas d’accepter les réformes. Des avancées ont été enregistrées… Une nouvelle Constitution sera annoncée le mois prochain… Il sera stipulé qu’aucun parti ne pourra être fondé sur une base confessionnelle. Le président ne pourra pas non plus être élu plus de deux fois, et l’Article VIII qui garantissait l’hégémonie du Baas, sera supprimé. Malgré les violences il faut encore donner sa chance à Assad… Le régime bénéficie de l’appui des minorités. Les alaouites sont environ 12-13 % et ils soutiennent intégralement le président, les menaces proférées par les Frères musulmans ont uni la communauté dans la peur des règlements de comptes. Les chrétiens sont 10 % environ, avec 90 % d’entre eux derrière le régime ; les Kurdes, les druzes et les ismaéliens dans la même proportion. Et il ne faut pas oublier les 2,5 millions de baasistes qui ont, eux aussi, un intérêt à ce que le régime survive. Si vous y ajoutez les commerçants sunnites de Damas et d’Alep, vous dépassez probablement les 50 % appuyant Bachar. Et les attentats terroristes sont en train de regrouper d’autres Syriens autour du pouvoir. Nous avons peur. Nous avons toujours vécu dans un pays sûr. On ne veut pas ressembler à l’Irak. Et puis l’évolution des transitions en Libye et en Égypte ne nous rassure pas. Tout cela renforce le pouvoir, même s’il réprime certainement trop ».

    L’opposition à l’étranger ?

    « Je l’aurais soutenue si ses responsables n’avaient pas approuvé une intervention étrangère contre mon pays. Mais depuis le début ils refusent tout dialogue. Ils ont le droit de critiquer, mais sans aller jusqu’à vouloir détruire la Syrie. D’autre part, leur représentativité auprès du peuple est faible. Nous n’avions jamais entendu parler de Buhran Ghalioun ou de Bassma Kodmani avant ces événements. Les seuls dont on connaissait le nom sont ceux liés aux Frères musulmans qui avaient des relais anciens en Syrie. »

    L’attitude de la France ?

    « Je ne vous cache pas qu’il y a une équivoque que je ne comprends pas. La position française ne va ni dans le sens de votre pensée républicaine, ni dans le sens de ses intérêts. Jamais la France n’a eu autant la faveur de la Syrie que ces dernières années. À Alep, j’ai réussi par exemple à ouvrir quatre écoles en partenariat avec la France. Pourquoi être aussi en pointe contre la Syrie ? On n’aurait jamais imaginé cela de la France, en particulier nous autres les Chrétiens » 8

    « Le président syrien est loyal, je le connais bien »

    Sur France 24 Jean-Clément Jeanbart, en direct et par conséquent non soumis à quelconque restriction mentale inhérente aux rigides colonnes du Figaro, s’exprime tel qu’en lui-même et non revu et corrigé par le plumitif de service… Ainsi Bachar al-Assad est-il au regard du prélat, qui pèse ses mots et les répète « un homme loyal et sincère » et non le monstre sanguinaire habituellement présenté dans nos médias libre. « Un homme loyal et sincère… auquel il faut laisser une chance de mener ses réformes pour sortir le pays de l’impasse ». Nous sommes ici en direct, un cran au-dessus du différé et du truchement de l’écrit : « Nous, les chrétiens, avons peur. Nous redoutons non seulement une guerre civile mais aussi la domination des salafistes, des fondamentalistes ». Les choses sont dites !

    « Assad tiendra ses promesses »

    Le problème véritable de la Syrie n’est pas « la dictature du président alaouite mais la dictature du parti Baas… Ce régime est dictatorial, il n’avance pas. Il y a du bon et du mauvais dans ce parti, mais aujourd’hui, le mauvais a pris le dessus ». Mgr Jeanbart remonte patiemment le courant : « Les chaînes de télévision ne montrent que les manifestations anti-régime, elles existent, mais je puis vous affirmer que des mobilisations pro-Assad ont également lieu, et elles réunissent quotidiennement des centaines de milliers de personnes ». « …Assad a promis la tenue d’un référendum sur une nouvelle Constitution en mars, laissons-le travailler… J’attends que le président tienne ses promesses. Et je crois qu’il les tiendra » ! Sans doute, s’il le peut, si les Forces spéciales franco-anglo-qattaries lui en laissent le temps et si le Baas, fort des précédents irakiens et libyens ne durcit pas encore une politique de répression apparemment trop souvent indiscriminée.

    Initiative contre la guerre : résistants de tous pays unissez-vous

    In fine, il existe tout, il y a un « bon et un mauvais cholestérol » une bonne gauche et une gauche détestable, une droite de l’argent et une droite des valeurs… Lancé à l’initiative de Domenico Losurdo, communiste italien professeur d’histoire de la philosophie à l’université d’Urbino, un appel international multilingue à destination des gouvernements occidentaux quémande l’arrêt d’urgence de la machine à broyer les peuples que nos gouvernements ont mis en marche au Proche-Orient et dans le Golfe arabo-persique… Un dispositif dont le tic-tac infernal est chaque jour davantage amplifié par le concert des caisses de résonnance médiatiques.

    En substance, ce que dit l’appel et que nous pouvons faire nôtre : « À présent que se prépare sans vergogne une guerre contre l’Iran et la Syrie, deux pays stratégiquement importants, riches en matières premières et qui refusent, en toute indépendance politique, de se soumettre aux diktats atlantistes. Une agression de l’Otan en Syrie ou en Iran serait susceptible de provoquer un conflit direct avec la Russie et la Chine avec des conséquences inimaginables »…

    « De continuelles menaces de guerre, le déploiement de troupes aux frontières de l’Iran et de la Syrie, sans parler d’actions terroristes et de sabotage par des unités spéciales infiltrées, tout cela fait partie de l’arsenal avec lequel les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France cherchent à imposer leur imperium à ces deux États. Ainsi les États-Unis et l’Union européenne entendent-ils de façon cynique et inhumaine paralyser par l’embargo le commerce extérieur et les transactions financières de ces pays. De manière délibérée, ils veulent précipiter les économies iranienne et syrienne dans le marasme le plus grave, multiplier le nombre de chômeurs et compromettre l’approvisionnement de la population. Pour trouver un prétexte à des interventions armées planifiées depuis belle lurette, ils cherchent à attiser les conflits ethniques et sociaux internes et à provoquer la guerre civile ». Nous ne saurions mieux dire !

    Notes

    (1) Figaro 13 janv. Paris, selon « une source proche du président Sarkozy », soupçonne « une manipulation » des autorités syriennes qui les impliquerait dans la mort du journaliste de France 2 compte tenu que « les responsables syriens étaient seuls à savoir qu’un groupe de journalistes occidentaux visitait Homs ce jour-là ». Si ce n’était aussi grotesque, ce serait risible, cela nous rappelant l’acharnement de Chirac – et de la Communauté internationale ! – à imputer à Bachar el-Assad l’assassinat en février 2005 de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. Cela rappelle également l’exploitation de l’attentat de Markalé, le marché principal de Sarajevo, le 5 février 1994, laquelle apporta le prétexte nécessaire à l’Otan pour resserrer son emprise sur les Serbes accusés d’en être les auteurs… Alors que de nombreux témoignages démentaient la version attribuant aux « milices Serbes » cet acte de terrorisme, M. Juppé déjà déclarait à l’émission télévisuelle 7/7 : « Au fond peu importe qui a tiré, la question n’est pas là ! Les coupables ce sont les responsables de la situation de violence qui règne à Sarajevo, c’est à dire les Serbes » ! Sentence évidemment applicable ou réutilisable dans les circonstances actuelles et la mort du journaliste français.

    (2) Malgré l’ironie apparente du propos nous compatissons bien entendu à la douleur des proches du preneur d’images défunt, victime de la déplorable politique d’un gouvernement fauteur tous azimuts de guerres civiles au profit d’un nouvel empire califal et de l’unification de l’aire islamique convertie aux bienfaits de la démocratie universelle concocté à Manhattan, Brooklyn et Chicago.

    (3) Le 24 juil. 1967 le chef de l’État lançait à Montréal un « Vive le Québec libre » devant cinq cent mille personnes, cri du cœur qui allait déclencher une extraordinaire crise diplomatique entre Paris et Ottawa.

    (4) Sans doute n’est pas pur hasard si l’article 27 (modifié en sept. 2000 et dont l’utilisation ressort de la seule initiative du procureur de la République) de la loi de 1881 sur la presse sanctionnant le délit de « fausses nouvelles » n’a jamais été adapté aux mutations de la société de l’information et à ses capacités surmultipliées de falsifications en tous genres. Pourtant on ne sait que trop bien qu’une information déformée, biaisée peut être cause de troubles graves et dans certains cas peut constituer un acte de haute trahison. Souvenons-nous de la « Dépêche d’Ems » – télégramme envoyé par le chancelier Bismarck le 13 juillet 1870 – dont la transcription tronquée fut à l’origine de la désastreuse guerre franco-prussienne, elle-même origine de la Grande guerre.

    (5) L’opposition russe aux « projets » belliqueux des Atlantistes concerne autant la Syrie que l’Iran qui devrait être prochainement soumis à un nouvel embargo renforcé – notamment pétrolier portant sur ses exportations de brut – de la part des Vingt-Sept. La Russie a jusqu’à aujourd’hui, accepté quatre trains de sanctions, mais désormais, à l’instar de la Chine populaire, elle entend s’opposer catégoriquement à toutes « nouvelles sanctions contre l’Iran ainsi qu’à une éventuelle opération militaire ». Notons que ce sont les huiles moscovites qui parlent à cette heure de guerre potentielle et non un quelconque bloggeur atteint de paranoïa aiguë ! L’UE, après l’adoption à la suite des É-U du principe d’un embargo pétrolier contre l’Iran, prépare en outre pour le 23 janvier un dispositif de sanctions supplémentaires, soit le garrotage complet de l’Iran rétif, voire son asphyxie définitive… ne serait le cordon ombilical qui le relie à la Chine par le truchement du Pakistan.

    (6) Cf. Michel Chossudovsky, professeur Université d’Ottawa, « Global Research » 7 janvier, s’appuyant sur l’article « British Special Forces Training Syrian Rebels ? » – UK Forces 5 janv. Source non vérifiée.

    (7) Les Américains avaient utilisé pour l’Irak, selon un procédé identique Ahmed Chalabi, escroc notoire – voir la faillite de l’établissement bancaire jordanien Petra – en cheville avec les Likoudniki les plus influents de Washington, enseignant à l’Université de Chicago et au MIT (?), il fut mis à la tête du fantomatique Congrès national irakien ayant pour mission de valider le mythe dévastateur des armes de destruction massives. En récompense il fut nommé ministre du pétrole par intérim en 2005 puis vice-premier ministre de mai 2005 à mai 2006. Démasqué, il s’évanouit finalement dans la nature, cependant Ahmed Chalabi continuerait d’être membre du Groupe de Bilderberg !

    (8) Propos recueillis par Georges Malbrunot – Le Figaro 11 janvier 2012

    GEOPOLINTEL, 20/1/2012

  • L’accord de pêche entre l’UE et le Maroc était au cœur de la visite de Mariano Rajoy à Rabat

    (Agence Ecofin) – L’accord de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc, non renouvelé par le Parlement européen en décembre dernier, a fait l’objet de nouvelles discussions, notamment à l’occasion de la première visite du nouveau Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, à Rabat.

    En décembre dernier, suite au rejet par les parlementaires européens de la prorogation de l’accord de pêche bilatéral de 2007 entre le Maroc et l’UE, le gouvernement marocain a exhorté la flotte européenne de quitter ses eaux territoriales. Les marins espagnols ont été les principales victimes de ces décisions.

    Mariano Rajoy s’est rendu mercredi 18 janvier à Rabat pour sa première visite officielle à l’étranger depuis son entrée en fonction le 21 décembre dernier. Il semble évident que la question de l’accord européen de pêche sera une préoccupation majeure du premier ministre espagnol et de son hôte, le premier ministre Abdelilah Benkirane. Le renouvellement de l’accord fait l’objet de nombreuses discussions et contestations notamment au sein des professionnels marocains de la pêche.

    Le 17 janvier dernier, un communiqué de la Chambre des pêches maritimes de l’Atlantique-Centre a ainsi affirmé la « ferme opposition » des professionnels au renouvellement de l’accord de pêche notamment en raison de « l’état de surexploitation avancée de nos ressources constaté et confirmé par les études de l’Institut national des ressources halieutiques et la régression des volumes débarqués ». Mohamed Alalou, secrétaire général de la Confédération nationale de la pêche côtière au Maroc considère qu’ « un éventuel renouvellement de l’accord de pêche Maroc-UE porterait atteinte au secteur de la pêche au Maroc ». Les professionnels s’affirment davantage en faveur d’un partenariat « touchant aux activités liées à la pêche: aquaculture, recherche scientifique, valorisation, notamment avec l’Espagne, premier partenaire économique du Royaume ».

    A l’inverse, la Commission mixte des professionnels maroco-espagnols de la pêche, qui s’est réunie mercredi 18 janvier, dénonce le blocage du renouvellement de l’accord de pêche appelant à un réexamen de la décision. L’enjeu des discussions entre les deux premiers ministres s’annoncent important mais la décision finale reviendra au Parlement européen.

    Le Parlement européen a refusé la prorogation de l’accord de pêche Maroc-UE en décembre dernier en raison de la jouissance des ressources des eaux territoriales du Sahara occidental, considéré comme « occupé par le Maroc ». C’est donc pour des raisons géopolitiques que le Parlement s’est prononcé ainsi considérant que signer l’accord serait cautionner « l’occupation marocaine ».

    AGENCE ECOFIN, 21/1/2012

  • Le Qatar, fer de lance de la diplomatie étasunienne, et la France plurielle

    Unique pays wahhabite hors l’Arabie saoudite, l’émirat qatari est une péninsule de 11 437 Km2 soit un peu plus que la Corse, indépendant depuis 1971, peuplé d’un million et demi d’habitants dont seuls 200 000 sont des qataris de souche ! Pétrole et gaz naturel y abondant (3e producteur mondial), le revenu par tête de pipe y est l’un des plus élevés au monde, nul ne payant d’impôts, tous disposent de transports et d’un système de santé gratuits… aucun Qatari – parce que riche avant de naître – ne se voit donc contraint de travailler pour gagner son pain à la sueur de son front, la main d’œuvre servile s’en charge.

    Une pétro-monarchie absolue [dirigée depuis 1995 par l’émir (commandeur) Hamad bin Khalifa al-Thani, lequel a déposé son père en profitant de son séjour en Suisse, ce dernier ayant au préalable évincé son cousin en fév. 1972] sans parti politique et moins encore sans l’esquisse d’une once de symbole démocratique, les révolutions arabes n’ont apparemment en rien affecté le pouvoir… même s’il existe de tout évidence des contre-pouvoirs actifs dans la péninsule comme semble l’indiquer un coup d’État avorté en juillet 2009. Un pays où les quatre cinquième de la population n’étant pas des nationaux, les minorités iranienne, chiite, pakistanaise, arabe pourraient quelque jour avoir la velléité de réclamer les droits élémentaires dont elles se voient privées aujourd’hui.

    Al-Jazira – La Péninsule.

    Fort d’une réserve de 700 mds de $ en fonds souverain, l’émirat à eu l’astuce géniale de se doter en 1996 d’un prodigieux outil d’influence international avec la CNN du Monde arabe, al-Jazira la bien nommée puisque son nom signifie l’île… chaîne de télévision d’information en continu – anglo et arabophone – al-Jezira est sans contestation possible le canal satellite le plus influent du monde musulman. Il n’en demeure pas moins qu’al-Jazira couvre tous les pays sauf un… le Qatar !

    Mais le temps est désormais révolu où les Yanks faisaient bombarder et assassiner ses journalistes 2, depuis tout est rentré dans l’ordre du Meilleur des Mondes Globaux, et comme WikiLeaks nous le confirme, al-Jezira s’est opportunément placé sous la bannière étoilée et gratifiante de la diplomatie armée nord-américaine… ce qui ne l’empêche nullement de relayer les communiqués d’Al-Qaïda, assurant par ce biais à la nébuleuse terroriste un canal de communication hors pair. L’Émir à ce propos, en janvier 2010, admettait benoîtement devant le Conseil de coopération du Golfe, que l’outil politique al-Jezira lui était utile à se ménager les bonne grâces de l’organisation takfiriste ! Mais al-Qaïda et la CIA, n’est-ce pas du pareil au même 3 ?

    Quand le  » Printemps arabe  » se déclenche, le Qatar dispose ainsi de tous les atouts pour y jouer un rôle déterminant : une chaîne satellitaire suivie par 50 millions de téléspectateurs, des soutes pleines à craquer de pétrodollars et des liens étroits avec les futurs dirigeants islamistes durs qui vont s’imposer à l’issue de processus démocratiques destinés à donner le change.

    Al-Jazira est basée, à Doha, la capitale du Qatar. C’est également le Qatar qui a  » hébergé  » le CentCom, le commandement opérationnel américain ayant supervisé l’invasion de l’Irak en mars 2003.

    Tête de pont et fer de lance de la diplomatie armée nord-américaine.

    En vertu d’accords de défense signés en juin 1992, nous trouvons à une quarantaine de Km de Doha, el-Oudeid, principale base aérienne des É-U dans la région sur laquelle se trouve prépositionnés quelque 120 chasseurs bombardiers F-16 et divers autres aéronefs de combat. L’armée américaine dispose là d’une formidable capacité de  » projection  » sur l’ensemble du Proche-Orient, le Bassin de la Mer Caspienne et l’Asie centrale… C’est à partir d’El Oudeid que les É-U ont, en mars 2003, bombardé l’Irak. Le Qatar est donc, à ce titre et de toute évidence, un État de première ligne dans la stratégie de conquête et suprématie holistique conduite depuis 1991 par les ÉUA 4.

    Une politique fourre-tout d’influence tous azimuts…

     » L’émir n’est pas un grand démocrate, mais il a été parmi les premiers [dans le monde arabe] à comprendre qu’il fallait aller dans le sens de l’histoire « . Anonymous !

    Alors Doha s’efforce, avec l’aide assidue du Département d’État, de mener un jeu diplomatique subtil consistant à être dans tous les camps simultanément. En février 2010, le Qatar signe un pacte de défense avec la Syrie et l’Iran et se fait le tour operator avec le président syrien Bachar el-Assad – contre lequel l’Émirat conspire activement à l’heure et militairement parlant – de la visite triomphale que le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad fera au Liban en juil. 2010… L’émir s’est quant à lui rendu en Israël lors d’une visite discrète la même année, en mars selon Wikileaks. En ce qui regarde les transferts de fonds au profit des organisations djihadistes [New-York Times  » Follow the Money  » 8 déc.2010] et de tous les islamistes, des plus modérés aux plus radicaux, tel le parti tunisien islamiste Ennahda en la personne de son chef Rached Ghannouchi, le Qatar ferait preuve de beaucoup de laisser-aller, laisser-faire, pour ne pas parler d’une bienveillante indulgence…  » Ici je puis défendre ma cause sans contrainte… Le Qatar m’assure une liberté d’action et une large couverture médiatique internationale  » dira le fondateur du FIS algérien, Abassi Madani, réfugié à Doha depuis 2003 et souvent reçu au palais. Qui ne doute d’ailleurs que l’Algérie à bout de souffle, ne perde rien pour attendre ?!

    Égypte, Tunisie, Libye, Syrie… un rôle central dans les révolutions arabes.

    Lors de la révolution de palais de 1995, les gardes du corps égyptiens qui assuraient la protection rapprochée de l’émir déchu s’étaient vilainement battus jusqu’au bout. Al-Thani s’est alors convaincu qu’ils avaient suivi des ordres pris au Caire… Hosni Moubarak sera par conséquent la première cible de l’Émirat à l’heure des révoltes arabes. De son côté, le Raïs égyptien Moubarak n’appréciait guère que le Qatar multiplie les missions de bons offices au Liban ou au Soudan, sa chasse gardée diplomatique. Dès les premières émeutes populaires au Caire, al-Jazira prend fait et cause pour la foule. Au fait des méthodes et techniques éprouvées empruntées aux journalistes occidentaux, les correspondants d’al-Jezira gonflent outrageusement le nombre des manifestants et la violence de la répression, suscitant un surcroît de colère et de révolte dans les opinions publiques arabes par le truchement de son auditorat… Le prédicateur islamiste, vedette de la chaîne, l’Égyptien Youssef al-Qaradawi, exilé à Doha depuis cinq décennies, animateur de l’émission à très large audience  » La Charia et la Vie  » excite alors les foules à bouter dehors le  » Pharaon  » … La messe est dite !

    Passons rapidement sur la Tunisie. Une chose est certaine : le financement d’Ennahda, nouveau parti islamiste au pouvoir par le Qatar est un secret de Polichinelle. Le 2 janvier dernier, Rached Ghannouchi son chef -qui se déplace considérablement sans excepter les États-Unis of course -et apporte un soutien sans réserve à la noble cause du Conseil national syrien – était à nouveau reçu au Qatar appelé à lui fournir les moyens nécessaires pour  » que la Tunisie nouvelle puisse devenir un exemple en matière de progrès et de démocratie authentique sur la base des valeurs de l’Islam et de ses enseignements « . Pourquoi pas, mais que ce message soit envoyé depuis le Qatar, bastion du radicalisme wahhabite, laisse quand même songeur, pour ne pas dire pantois !

    Pour ce qui est le Libye, le cas est exemplaire. Selon le Figaro 6 novembre 2011, Doha aurait engagé 5000 commandos des Forces spéciales qataries sur le front libyen ! Il ne s’est donc pas agi d’un soulèvement populaire, voire d’une cruelle guerre civile, mais bien – comme tout le laissait supposer – d’une intervention armée extérieure et d’une guerre sans uniforme !  » Chargées d’épauler les rebelles, les troupes de Doha se sont d’abord déployées à Tobrouk puis ensuite à l’ouest dans le djebel Nefoussa, où le chef d’état-major qatarien, le général Hamad ben Ali al-Attyiah s’est rendu à plusieurs reprises « . La participation du Qatar au cours de l’intervention menée contre la Jamahiriya libyenne, aura été ainsi particulièrement plus conséquente qu’avouée et ne se sera pas limitée au soutien logistique et aérien revendiqué de prime abord… l’émirat ayant mis quand même à disposition de l’Otan huit Mirage 2000 sur les douze qu’ils possèdent ! Mais les guerres modernes ne sont-elles pas avant toute chose, voire essentiellement, des guerres du mensonge, ne serait-ce que par omission ?

    D’après d’autres sources [27-12-2011 Le Nouvel Observateur] :  » Les Qatariens sont arrivés avec des valises remplies d’argent, ce qui leur permit de retourner des tribus « , ajoutons de recapitaliser les groupes et factions djihadistes [notamment les surgeons du Groupe islamique combattant en Libye – GIGL] en sommeil depuis leur répression par Kadhafi il y a une petite dizaine d’années, mais dont certains éléments libérés en 2008 on joué un rôle central dans la chute de la Jamahiriya, tel Abdelhakim Belhaj, chef de troupes de chocs qui firent tomber Tripoli, puis commandant militaire de la capitale libyenne avant de partir – selon toute vraisemblance 5.

    Dans un entretien accordé à la chaîne panarabe Al Arabiya, le président démissionnaire du bureau exécutif du Conseil national de transition libyen, Mahmoud Jibril, avait corroboré que les pétrodollars qataris avaient servi à alimenter  » les rivalités et les motifs de désaccords existant entre les rebelles et les divers courants gérant l’après Kadhafi, dans le but explicite de diviser et de monter les uns contre les autres les frères libyens  » 6. Au total ce sont 400 millions de $ qui auraient été versés par l’émirat. Quand on aime, on ne compte pas !

    Pour ne pas conclure sur le très sanieux chapitre libyen, il s’agit de garder en mémoire que les Qataris ont largement favorisé, approvisionné et abondé les groupes islamistes 7. Dans le Djebel Nefoussa, au sud de Tripoli, les Moukhabarat, les services spéciaux qataris en liaison directe avec leur Cheikh, ont présidé à la distribution très sélective des missiles antichars généreusement offerts par la France. Ce n’est pas moins de neuf cargaisons qui furent ainsi réparties au seul profit des combattants islamistes. Une partie des armes devait par la suite s’évanouir dans la nature en complément des  » 10 000 missiles sol-air  » engloutis dans les sables libyens selon l’amiral Giampaolo Di Paola, chef du Comité militaire de l’Otan assurant la coordination entre les différents états-majors opérationnels en Libye.

    Or, à présent, c’est le Qatar – qui sait apparemment à merveille tirer les marrons du feu – qui a pris le relais de l’Otan sur le sol libyen, en assurant la suite des opérations puisque contrairement à ce que n’en dit pas la grande presse, la situation y est encore loin d’être complètement stabilisée… État de fait qui confirme indirectement le rôle central que le Qatar a occupé dans le déroulement des opérations d’une guerre qui n’a jamais dit son nom 8 !

    Désormais, il sera parfaitement loisible de voir dans le Qatar un  » acteur majeur  » de la scène orientale et plus encore, à travers les liens politiques et économiques tissés avec la France, un protagoniste de l’espace euroméditerranéen.  » Un cas unique ! Nous avons assisté à la naissance d’une puissance régionale de la taille d’une tête d’épingle  » s’était exclamé le chantre belliciste Bernard-Henri Lévy… et même une  » puissance internationale  » faudrait-il ajouter en tant que – ultima ratio – bras armé du Pentagone et agitateur au service du Département d’État dans les banlieues du Tiers-Monde hexagonal.

    Reste qu’il est parfaitement cocasse – et pas uniquement pour les esprits chagrins – de voir une monarchie réellement absolue, animée par un puritanisme religieux fanatique, œuvrer au triomphe de la démocratie… ou de ce que l’on nomme tel !

    Le PSG, les banlieues, l’émir et le Sarkoland.

    Depuis quelques années Washington s’immisce insidieusement, sournoisement mais sûrement dans les affaires intérieures françaises, notamment celles de nos périphéries et autres  » banlieues « , sous couvert de nous donner des leçons de démocratie plurielle et en accusant aimablement les Frenchies d’être d’infâmes  » réacs  » pratiquant d’odieuses exclusions à l’égard du sel de la terre… C’est ce modèle made in America qu’entendent aujourd’hui appliquer également les Qataris bien décidés à déverser les millions par brassées sur nos gentils discriminés sous le regard attendri des supporteurs du PSG. Le Qatar, micro État et vibrion polymorphe, a en effet racheté la majorité du capital du PSG tout en intervenant militairement aux côtés de l’Otan pour démocratiser la Libye, et bientôt la Syrie – c’est-à-dire l’offrir aux islamistes radicaux – et en se faisant désigner dans la foulée, contre monnaie sonnante et trébuchante il va de soi, comme organisateur en 2022 de la Coupe du monde de football !

    Des banlieues  » céfrans  » choyées et convoitées.

    Le Qatar a depuis longtemps emboîté le pas aux Yanks en matière d’ingérence dans les affaires intérieures hexagonales : son ambassadeur n’a-t-il pas annoncé en décembre la création d’un fonds d’investissement de 50 millions € en vu de financer des projets économiques portés par des habitants des banlieues de France ? Dix élus périurbains – cinq hommes, cinq femmes, parité oblige – ont de la sorte été invités au Qatar où ils ont été reçus à l’instar de chefs d’État (futurs peut-être) par l’émir Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani dans le but officiel d’établir des partenariats économiques entre l’émirat et les quartiers populaires où des entrepreneurs se disent  » victimes de discrimination et bloqués  » 9.

    Le Qatar en France : un État dans l’État et le généreux financier de nos politiques.

    Une question se pose crûment : les fonds souverains qataris sont-ils en passe d’acheter la France en pièces détachées à l’instar de ces organisations sionistes qui s’implantèrent en Palestine – pour finir par y créer un État, pour l’heure toujours sans frontières ! – en rachetant morceau par morceau, des terres, des lopins, des domaines, des champs et des maisons à qui voulaient leur vendre ?

    Commençons par l’achat en gros et en détail de notre classe politique. Des faits et ils sont évocateurs ! Nos politiques sont tous autant qu’ils sont, de modernes jet-setteurs passant le plus clair de leurs temps dans les avions pour aller se dorer la pilule qui à Marrakech, qui en Tunisie (Alliot-Marie), qui en Égypte (Juppé) et ne parlons pas de notre agité-du-bocal ! En vrac parmi les habitués de l’émirat : Villepin, Delanoë, Douste-Blazy, Dati, Royal, Amara, Guéant, Debré, Larcher, Védrine, Mitterrand, Morin, Chevènement, Baudis, Lang 10. Pas un qui manque à l’appel !

    Trois semaines après son élection, en 2007, le premier chef d’État arabe reçu à l’Élysée est l’émir al-Thani. Celui-ci, le 14 juillet suivant, assistait au défilé de nos troupes au côté du président de la République. Lorsque M. Sarkozy occupait la place Beauvau, il avait eu à connaître de la formation des forces de sécurité qataries, d’où des contacts privilégiés… Ce serait par ailleurs le Qatar qui serait intervenu de façon décisive dans la libération en août 2009 du libyen al-Megrahi, l’un des auteurs présumés de l’attentat de Lockerbie, puis surtout, en juillet 2007, dans celle des infirmières bulgares détenues en Libye ; pourtant, curieusement, ce furent Cécilia Sarkozy et son mari qui en récoltèrent tous les lauriers.

    De la même mauvaise manière quand le président français – en bonne compagnie : celle du Premier ministre britannique David Cameron et du plumitif Bernard-Henri Lévy alors promu Ministre bis des Affaires étrangères et de la Guerre – paradent à Tripoli le 14 septembre, après la mort ignominieuse – pour les vainqueurs – du Raïs déchu, le grand allié qatari est exclu du triomphe… Et il en concevra un ressentiment durable à l’égard du chef de l’État français 11. Précisons que le Qatar joua un rôle discret, pour ne pas dire occulté – mais essentiel car unique dans le monde arabe – dans la destruction libératoire de la Lybie assortie de ses 150 000 morts  » humanitaires « , lesquels auront évité, il est vrai, par leur sacrifice  » un véritable bain de sang  » 12 ! Il en sera vraisemblablement de même, lorsque les nouveaux Alliés anglo-franco-turco-quataris en auront fini avec la Syrie, mais la démocratie est à ce prix et l’on ne peut faire d’omelette sans casser des œufs, n’est-ce pas ?

    Pour revenir à la noria de personnalités françaises qui vont chercher quelque fraîcheur à l’ombres des méga buildings et palmiers qataris, réservons une mention spéciale aux membres ou ex membres du gouvernement : Claude Guéant missi dominici de M. Sarkozy, Fadela Amara et Rachida Dati qui, lorsque cette dernière était encore Garde des sceaux, se rendait deux ou trois fois par mois à Doha ! Il est vrai, ceci expliquant cela, que sa sœur est ou était l’une des proches collaboratrices du procureur général du Qatar… On comprend mieux ainsi les bâillements de la susdite sur les travées du Parlement européen de Strasbourg et ses savoureux fourchages de langue dus évidemment aux décalages horaires ! Chirac président effectua neuf visites officielles dans l’émirat, un client avantageux et assidu du cabinet de conseil de l’ancien Premier ministre Villepin dont les déplacements se font apparemment sur les avions personnels de l’émir !

    On jugera également du poids de l’émirat dans la vie politique française, sachant qu’à partir de 2008 il s’est vu octroyer des privilèges fiscaux tout à fait exorbitants – par la grâce des votes de la Chambre et du Sénat – afin de faciliter ses investissements dans notre belle République bananière 13. Ainsi les investissements immobiliers qataris ne sont pas imposables sur les plus-values et ses ressortissants en France ne sont pas astreints à l’ISF durant les cinq premières années de résidence. Notons que le groupe d’amitié France/Qatar ne compte pas moins de 49 députés à l’Assemblée nationale… en contrepartie Doha a passé avec Paris des accords pour la formation de ses marins et de ses policiers, ce pourquoi le Qatar devrait voir la création d’annexes de certaines de nos grandes Écoles telles HEC, Saint-Cyr ou l’École nationale de la magistrature… mais de là à dire que le palais de Élysée et celui de Doha seraient cul et chemise, subsiste un pas que nous ne saurions franchir !

    Quant aux liens économiques…

    Les entreprises françaises sont comme de bien entendu représentées en force dans l’émirat, au premier rang desquelles Total, GDF-Suez (5,8%), EDF, Veolia, Vinci, Air Liquide, EADS, Technip… Reste que le Qatar en tant que détenteur d’un prodigieux fonds souverain – la Qatar Investment Authority – dont les avoirs tournent autour de 700 milliards de dollars, s’intéresse de près à nos secteurs stratégiques : par exemple le groupe d’industries de défense et de presse Lagardère (7,6 %), Veolia (5%), de Suez Environnement (1%), Vinci (5,8%), ou la compagnie maritime d’affrètement CMA CGM, et plus encore à Areva et au nucléaire. Fin 2010, ce n’est qu’in extremis que fut bloquée par le gouvernement – et non par la présidence évidemment – l’entrée du Qatar dans le capital du groupe nucléaire français. Un activisme boursier et des offres d’achat représentatifs de l’agressivité et du volontarisme des mercenaires de l’ingénierie financière qui conseillent la famille régnante du Qatar ou œuvrent au service de ses hommes d’affaires.

    Un cas intéressant : l’immobilier et le patrimoine.

    L’immobilier donne également une assez bonne mesure de l’influence et des ambitions qatarie en Hexagonie : l’émir possède personnellement à Marnes-la-Coquette, dans les Hauts-de-Seine, une résidence couvrant 4.000 m2 ainsi que l’hôtel d’Évreux, place Vendôme, assorti des deux autres hôtels particuliers y attenant. Quant au fonds souverain émirati, il s’est octroyé à Paris plusieurs grands hôtels tels le Royal Monceau… ou encore le Majestic de Cannes.

    Plus emblématique encore, le cas de l’Hôtel Lambert, fleuron du patrimoine parisien du XVIIe siècle sis à la pointe est de l’île Saint-Louis, acquis en 2007 des mains des héritiers de Guy de Rothschild par le propre frère de l’émir et dont les travaux de  » restauration  » (lire aménagement façon pétromonarchique) ont fait beaucoup de bruit, et pour cause. Des travaux considérables et illégaux qui ont suscité une polémique, or pour l’étouffer, Christine Albanel ministre de la Culture (dont le digne prédécesseur, Jean-Jacques Aillagon, faisait accrocher en sept. 2008 un homard rouge géant à Versailles au plafond de la Salle des batailles), s’est à l’époque bien gardée de saisir la Commission nationale des monuments historiques mais avait créé de toutes pièces un Comité scientifique ad hoc… Passez muscade !

    2012 l’année du Qatar en France ?

    D’un côté l’émirat comble de bonheur des supporteurs du PSG en recrutant joueurs et entraîneur à prix d’or, de l’autre, il offre à Arnaud Lagardère une magnifique assurance-vie en devenant le premier actionnaire de l’empire familial (7,6 %) ! Quant à la chaîne qatari al-Jazira, celle-ci vient d’acquérir la majeure partie des droits de retransmission de la Ligue des champions de 2012 à 2015, soit quatre lots sur cinq relatifs aux droits audiovisuels de la Ligue des champions pour la France sur la période 2012-2015. 14

    Amorcé en 2006, le rachat du PSG par Qatar Sports Investments, a conclu au final quinze ans de rapprochement et d’intrication d’intérêts politiques et économiques entre la France et le Qatar 15. À l’origine, Jacques Chirac avait eu l’habileté – ou un pragmatisme en béton teinté d’un franc mépris pour l’état de droit en général – d’avoir été en 1995 le premier chef d’État a reconnaître officiellement l’émir al-Thani qui venait justement de pousser dehors son propre père parce que jugé inapte à la gestion de son micro et richissime royaume… Quant à Nicolas Sarkozy, il a pour sa part, en quelque sorte, assuré la continuité du service public – certes d’abord au profit du despotisme sportif – en se démenant pour faire aboutir la reprise du club par l’émirat. Chantal Jouanno, alors ministre des Sports, avait failli payer cher et se faire virer pour avoir déclaré publiquement – la folle – qu’elle eût préféré des investisseurs français !

    Pour compléter le tout, Doha a obtenu – à coup de dessous de tables ! – l’organisation de la Coupe du Monde 2022. Le recrutement de Zinedine Zidane – il aurait reçu dit-on entre un et dix millions €… ce que l’intéressé s’est bien gardé de contredire – en tant qu’ambassadeur d’un pays n’ayant jamais organisé un tournoi international de ce type et de cette envergure, aura été aussi un maître coup en matière de communication. Au demeurant, le Royaume-Uni et l’Allemagne auront contesté une décision – pourtant rationnelle selon les critères en vigueur de nos jours : la loi d’airain du pognon – et demandé de façon assez peu réaliste que le choix en faveur de Doha soit réexaminé… Qui vivra verra !

    Notons que l’intérêt du Qatar pour le  » foot  » déborde largement la Coupe du monde, l’acquisition du PSG et d’une brochettes de joueurs peoplisés et dorés sur tranche parce que mieux payés que les plus super traders de salle de marchés… Ainsi les clubs de football européens deviennent des proies qui tombent les unes après les autres : Malaga en Espagne et le FC Barcelone, maintenant le Paris Saint-Germain avons-nous dit, le seul grand club de la capitale française dont Nicolas Sarkozy – comme par hasard – est, ou est supposé être, un fervent supporteur.

    Alors, le PSG, les banlieues, l’Émir et le Sarkoland ?!

    Que recherche le Qatar en France ? L’analyse de sa stratégie d’influence reste à faire, à commencer par comprendre quels sont les effets directs et indirects que recherche le Qatar par le biais d’un tel activisme ? Activisme d’ailleurs irréductible à une simple compulsion frénétique… Au fond le Qatar n’est-il pas une sorte de chancre se nourrissant des chairs mortes qui l’entourent ? Au demeurant force est de constater que la présence et l’influence du Qatar en France grandissent de façon démesurée. L’annonce d’un fonds d’investissement au profit exclusif des banlieues,  » oubliées et délaissées « , intervient quelques jours à peine après l’acquisition par le Qatar, via la chaîne al-Jazira Sport, de quatre des cinq lots des droits audiovisuels de la Ligue des champions pour la France sur la période 2012-2015. Il se répète enfin, et de façon particulièrement insistante, que l’Élysée n’aurait pas ménagé ses efforts – comme si cela constituait une priorité dans la conjoncture actuelle ! – pour convaincre l’émir de donner au PSG les moyens de ses nouvelles ambitions. Mais en contrepartie de quoi ?

    Washington en terrain conquis : politique d’ingérence et d’influence !

    Les banlieues françaises sont aujourd’hui des cibles prioritaires de l’influence culturelle américaine… au vu au su de tous et sans que nul ne songe à s’en offusquer, bien au contraire. Le Japon, l’Inde et la Chine se partagent à vil prix les dépouilles de notre ex empire industriel, la Grande Amérique quant à elle, nous passe sur le ventre et guigne les faveurs de nos banlieues musulmanes. Tout cela est cependant en parfaite cohérence avec la vague de pouvoirs islamistes militants qui s’installent inexorablement sur le pourtour méditerranéen avec la bénédiction ou l’aide de Washington et de son bras armé qatari.

    Depuis le printemps 2008 l’Administration américaine envoie, par le truchement de sa représentation diplomatique à Paris, ses chasseurs de talentsrecruter des Young leadersou leur équivalent dans les banlieues françaises, mais dorénavant non plus parmi les futures élites autochtones. Des actions dites d’influence culturelle qui sont largement montées en puissance avec l’arrivée à Paris d’un nouvel ambassadeur en août 2009 16.

    Dès 2008 les Américains s’intéressent en effet à nos banlieues et surtout à leurs responsables musulmans : des séjours dans l’Amérique de Bush et d’Obama, son digne successeur, sont organisés au profit d’associatifs qui en reviennent conquis. Une opération de séduction qui vise aussi ceux qui sont entrés dans notre paysage existentiel sous la dénomination de  » Jeunes « , éléments phares de nos cités, entrepreneurs intrépides et capitalistes naturels qui prospèrent dans l’économie noire et les trafics illicites ( ?) de drogues réputées douces. Des lycéens et des collégiens du 9-3 ont été à ce titre généreusement invités à dîner par l’ambassadeur d’alors, Craig Robert Stapleton et son épouse dans l’imposant hôtel particulier du Faubourg-Saint-Honoré abritant l’ambassade des ÉUA.

    Le maire communiste de Vénissieux, banlieue lyonnaise, André Gérin se déclarait encore à cette époque  » curieux de connaître la posture du gouvernement français et du président de la République sur ces actions. Un problème se pose d’un point de vue de l’autorité de nos institutions et de l’indépendance de la France vis-à-vis des États-Unis « . Une bonne question restée depuis sans réponse et c’est bien là que le bât blesse.

    En mars 2008 un colloque  » Médias et nouvelles générations urbaines : exclusion ou intégration ?  » organisé en partenariat avec l’ambassade américaine et le groupe de média américain Trace, nous apportait quelques éléments de réponses en illustrant la collusion sans équivoque entre le Département d’État et nos institutionnels : y figuraient entre autres, Jean-Louis Missika (vice président de Free et ancien haut fonctionnaire du Secrétariat général du gouvernement), Robert Namias (président de l’information de TF1) et Philippe Tassi (directeur général de Médiamétrie), et Claude Grunitzky, Français d’origine togolaise habitant à New York, fondateur de la chaîne de culture urbaine Trace TV et auteur de  » Transculturalismes  » ayant fait carrière sur la promotion des métissages urbains…  » Les États-Unis [disait-il] savent que le rêve américain est bien présent dans les consciences collectives [des banlieues] et veulent l’entretenir… Les évènements à l’ambassade rue du Faubourg-Saint-Honoré sont fréquents où sont invitées des personnalités culturelles, souvent Africaines, issues de l’immigration, qui s’expriment sur les États-Unis  » !

    À présent, merci au décrié Wikileaks 17 qui a rendu public un rapport du 19 janvier 2010 destiné à Mme Clinton, Secrétariat d’État américain et rédigé par l’actuel ambassadeur des É-U en France, Charles Rivkin, sous le titre évocateur  » Embassy Paris. Minority engagement strategy – Stratégie d’engagement envers les minorités  » dont le chapitre 4 se propose de  » lancer un programme agressif de mobilisation de la jeunesse[des banlieues] « . En substance :  » l’Ambassade de Paris met en œuvre une stratégie d’approche des Minorités notamment musulmane… Notre objectif est de mobiliser la population française à tous les niveaux afin d’amplifier les efforts de la France pour réaliser ses propres idéaux égalitaires, ce qui par suite fera progresser les intérêts nationaux américains. Alors que la France est à juste titre fière de son rôle moteur dans la conception des idéaux démocratiques et dans la promotion des droits de l’homme et de l’État de droit, les institutions françaises ne se sont pas montrées elles-mêmes assez souples pour s’adapter à une démographie de plus en plus hétérodoxe « .

    Le 2 avril 2010, Charles Rivkin 18 en déplacement à Bondy à la rencontre des jeunes de banlieue, leur déclarait solennellement  » Chez moi, c’est différent. Tu peux être africain, indien, mais tu es avant tout américain. […] J’aime parler avec tous les Français. Je sais, et je suis sûr, que le prochain leader français est en banlieue « . On appréciera (diversement) la prétention – voire l’arrogance – américaine à nous donner des leçons de savoir-vivre républicain. Mais cela vient de loin, les GI’s débarqués sur les côtes normandes, quand ils ne lutinaient pas les french girls après avoir carbonisé les villages au phosphore, jetaient nos camembert car ceux-ci entraient, à leur grand dégoût dans la catégorie du  » putride  » !

     » Rééduquer, réinformer le public français me semble être la tâche la plus fondamentale aussi bien que la plus urgente pour la politique démocratique américaine en France, et dans ce domaine presque rien d’efficace n’a encore été fait « . Ainsi donc s’exprimait Sydney Hook, membre fondateur en 1950 à Paris du Congrès pour la Liberté de la Culture l’un des faux-nez de la CIA, dans le rapport de 1949  » Report on the International Day of Resistance to Dictatorship and War  » ! L’Amérique ne nous avait pas seulement envahis, selon sa propre terminologie qui n’a jamais mentionné une quelconque  » libération « , elle entendait en outre nous  » rééduquer « … elle y est d’ailleurs presque parvenu vu l’actuelle atonie de la France populaire.

    Bref, l’immixtion dans la nos affaires et nos zones périurbaines ainsi que le but clairement affiché d’y découvrir les prochains Obama  » rebeu « , est impressionnant pour qui n’est pas totalement aveuglé en raison d’une contemplation trop assidue et addictive du cyclope télévisuel. Plus précisément, il s’agit d’un exercice inédit de soft power – autrement dit une opération minutieusement planifiée, suivie et évaluée de manipulation des minorités ethno-confessionnelles – qui ne saurait se développer sans la complicité active, ou la veulerie, de nos dirigeants et des oppositions compradores.

    Autre temps, autres mœurs. Autrefois chasser en plein jour en terre étrangère eut été difficilement imaginable et même dangereux : un État étranger court-circuitant les institutions d’un pays pour venir recruter sans intermédiaire ses agents d’influence, incroyable et jamais vu mais aujourd’hui banal – notre siècle n’est-il pas celui de tous les miracles ? – dans un pays lobotomisé, alcoolisé au Vingt Heure et apparemment – ce qu’à Dieu ne plaise – en état de quasi mort cérébrale.

    par Léon Camus in Geopolintel

    NOTES

    (1) Locution du pays d’Oc  » Qu’es aquò ?  » Qu’est-ce ?  »

    (2) Wiki. Les locaux de la chaîne sont bombardés par les Etats-Unis à deux reprises : une première fois en Afghanistan, la seconde fois en Irak. Un journaliste, Tarik Ayyoub, trouve la mort à Bagdad sous les bombes libératirce. Le Daily Mirror annonce le 22 nov. 2005 à la Une que le président G.W. Bush avait eu l’intention de faire la source mère dans ses locaux de Doha ce à quoi se serait opposé le Premier ministre anglais Tony Blair. En déc. 2001, un autre journaliste de la chaîne de nationalité soudanaise, est arrêté en Afghanistan et emprisonné à partir de juin 2002 à Guantanamo, il sera libéré six ans plus tard en juillet 2008 sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui.

    (3) Donald Rumsfeld, Secrétaire à la Défense sous George Walker Bush, s’était fait remarquer à ce propos en saluant  » la parfaite et excellente coopération entre le Qatar et les É-U dans la guerre contre le terrorisme  » !

    (4) Le Qatar hébergeait également le  » CentCom « , à savoir le commandement opérationnel ayant supervisé l’invasion de l’Irak. Quant au nombre de militaires américains stationnés au Qatar, ils seraient plus de 10 000 hommes, dont 5 000 présents sur la base d’el-Oudeid !

    (5) cf. Réseau Voltaire – combattre avec l’Armée syrienne Libre contre le nationalisme arabe et laïc de Syrie

    (6) 18-11-2011 Alger. Le Temps  » Mahmoud Jibril accuse le Qatar d’alimenter la zizanie  »

    (7) A commencer par ceux d’Abdelhakim Belhaj, d’Ismael Salabi, la Katiba des Martyrs d’Abu Salim, dirigée par Abu Sofiane Qumu, un ancien de Guantanamo ou encore la Katiba Obaida Ibn Jarrah, soupçonné d’avoir assassiné, le 27 juillet 2011, le général Abdul Younes. Cf. Ibid. NouvelObs

    (8) Slate Afrique 07/12/2011

    (9) Le Point.fr – Publié le 09/12/2011

    (10) On lira l’article très fouillé – mais cependant muet sur certains points cruciaux – auquel nous avons emprunté une grande partie des matériaux utilisés ici :  » Comment le Qatar a acheté la France (et s’est payé sa classe politique) « . Eric Leser 6 juin 2011. Slate.fr

    (11) 27-12-2011 Le Nouvel Observateur

    (12) Alain Juppé 22 mars et 16 sept. 2011 Le Point.fr

    (13) http://www.bladi.net/forum/183275-f…

    (14) Ibid. Slate juin 2011  » Comment le Qatar a acheté la France (et s’est payé sa classe politique)  »

    (15)  » PSG-Qatar  » Le Nouvel Observateur 5 août 2011

    (16) le Parisien 21 avril et 22 Avril 2008 Marianne 2  » Banlieues : OPA américaine sur les beurs et les blacks  »

    (17) 27 fév. 2011

    (18) Jeudi 16 septembre 2010- Gestion des Risques Interculturels

    GEOPOLINTEL, 14/1/2012

  • Recherche position du gouvernement marocain au sujet de Sebta et Melilla, désespérément…

    Qui d’entre nous pourrait véritablement définir la position du gouvernement Benkirane à propos de Sebta et de Melilla, les deux villes occupées par l’Espagne depuis plus de 5 siècles ? Bien évidemment, on ne trouvera rien de tel, ni de précis, dans les déclarations des ministres PJD à l’occasion de la première visite du nouveau président du Conseil espagnol Mariano Rajoy. Lorsque la question de savoir la position du gouvernement marocain au sujet des déclarations espagnoles, excluant la question des deux présides de l’ordre du jour de Rajoy au Maroc, a été posée, Mustapha el Khalfi, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, a eu cette réponse : « la position du Maroc sur cette question des deux villes occupées est claire, immuable, historique, et elle ne changera pas », avant d’ajouter que cette affaire entre dans le cadre des orientations stratégiques qui sont du ressort du chef de l’Etat, mais sans plus exposer en détail cette position « claire et immuable ».

    Quant au ministre des Affaires étrangères, Saâdeddine el Othmani, il a répondu à la même question par la nécessité de « ne pas aborder les sujets qui fâchent » entre l’Espagne et le Maroc. Sans doute en attendant 5 autres siècles ! Et, pour la première fois, le chef du gouvernement n’a pas eu une de ses déclarations qu’il a coutume de lancer à l’opinion publique, qu’il a même habituée à entendre parler de « ses blagues osées » qui lui sont venues à l’esprit lors de sa rencontre avec le roi ; ainsi, lorsque Benkirane a été informé du « veto » préalable espagnol sur toute discussion sur les deux villes du Nord, il a opposé un refus de s’exprimer sur des questions qu’il allait aborder avec son homologue espagnol, comme s’il s’agissait d’un secret d’Etat, et comme si les agences de presse et les médias du monde entier, marocaine comprise, n’avait pas développé nombre de sujets qui pourraient faire l’objet de discussions lors de cette première visite du président du Conseil espagnol à Rabat !

    Aussi, face au refus de nos responsables gouvernementaux d’évoquer la question des présides, refus qui va jusqu’à ne même pas prononcer le nom de Sebta et Melilla, nous avons des dirigeants espagnols qui, eux, ont fait des déclarations explicites quant au fait que cette question des deux villes ne sera pas soulevée entre Rajoy et les responsables marocains, partant du principe que la souveraineté espagnole sur ces deux villes est « claire et définitive » !

    En novembre 2010, l’ensemble des partis politiques marocains, dont le PJD, avaient participé à la plus grande manifestation jamais organisée par le pouvoir marocain contre le Parti populaire espagnol, en guise de protestation contre « la campagne tendancieuse menée par le PP contre les intérêts supérieurs du Maroc »… et aujourd’hui, voilà que le leader du même parti vient chez nous et est reçu par le chef de l’Etat, sans que personne ne se donne la peine d’expliquer aux trois millions de Marocains qui ont été, qui se sont, mobilisés le 28 novembre 2010 dans les rues de Casablanca pour vilipender le PP, ce qui a changé dans la position de ce parti espagnol concernant « les intérêts supérieurs du Maroc » pour justifier les honneurs présentés à son leader au palais royal de Rabat !

    Lire l’article, en arabe, sur lakome.com

    Panoramaroc, 19/1/2012

  • Primera proyección del documental El maestro Saharaui

    La primera proyección pública del documental El maestro Saharauis. Océanos de exilio, del realizador español Nicolás Muñoz, tuvo lugar en el Centro de Promoción Cinematográfica Fresa y Chocolate de la capital cubana.
    Primera proyección del documental El maestro Saharauis. Foto tomada de Internet
    El maestro Saharauis es un docudrama de 76 minutos de duración, en los idiomas español y árabe, que fue producido por la empresa cinematográfica española Toma 24, con la colaboración de varias entidades y organizaciones de ese país europeo.
    La República Árabe Saharaui Democrática sufrió durante un siglo el colonialismo español, es el segundo país africano donde se habla español y es considerado la segunda lengua.
    Decenas de miles de saharauies viven desde hace más de treinta años en campamentos provisionales, refugiados en el desierto argelino.
    Muchos de los niños se han visto imposibilitados de estudiar en dichas condiciones y han realizado en Cuba estudios hasta el nivel universitario. 

    AJOSAC

  • Maroc : Le gouvernement de l’ombre peut ralentir les réformes

    Peu de temps après que le leader de l’opposition islamiste ne soit nommé Premier ministre du Maroc à la suite d’élections historiques, son rival et ennemi a été désigné comme conseiller spécial du roi.

    Le Roi Mohammed VI a effectué une série de nominations au sein de son cabinet durant les dernières semaines, des hommes disposés à défier le pouvoir du nouveau gouvernement et constituant, d’après les observateurs, une menace pour le progrès démocratique déclenché par le printemps arabe.

    Le Parti islamiste de la Justice et du Développement (PJD) a formé le 3 janvier, après avoir remporté les élections en novembre, le nouveau gouvernement du Maroc, qui promet un changement du statu quo. Mais les analystes et les militants disent que c’est le nouveau « cabinet de l’ombre » du roi, qui inclut certains ministres sortants, qui va réellement gouverner le Maroc et empêcher toute véritable réforme dans ce royaume d’Afrique du Nord, peuplé de 32 millions d’habitants.

    Comme de nombreux pays de la région, le Maroc a été secoué l’année dernière par des manifestations en faveur de la démocratie, que le roi a apaisé par une réforme de la Constitution et par la tenue d’élections anticipées en novembre.

    Le Maroc, pays apprécié par les Européens pour ses villes exotiques et ses plages ensoleillées, se présente comme le pays qui a su esquiver les troubles qui se sont produits ailleurs dans la région, en gérant avec soin les réformes démocratiques.

    Cette impression a été renforcée lorsque le parti d’opposition islamiste, connu par son acronyme français du PJD, a remporté les élections et obtenu droit de former un nouveau gouvernement. Maintenant des doutes s’installent quant à savoir si le nouveau gouvernement sera en mesure de changer quelque chose dans le pouvoir des conseillers du roi, pouvoir qui n’a jamais été défini dans aucune des constitutions qu’a connu le pays.

    Le palais a annoncé publiquement la nomination de nouveaux conseillers, dans ce que certains n’ont pas hésité à considérer comme une menace intentionnelle envers le nouveau gouvernement.

    « Dans l’ensemble de ses grandes décisions, ce gouvernement (élu) ne sera pas en mesure de prendre des initiatives parce qu’il ne sera pas l’unique décideur », a déclaré Nabila Mounib, un haut responsable d’un parti de gauche, le Parti Socialiste Unifié (PSU).

    La plus remarquée parmi ces nominations royales a été celle de Fouad el-Himma, un ancien camarade de classe du roi, qui avait fondé le Parti Authenticité et Modernité (PAM) en 2009 pour, précisément, garder les islamistes en dehors du pouvoir. Le Parti d’El-Himma a réalisé un faible score aux élections, mais quelques semaines plus tard, l’homme a été nommé conseiller du roi.

    Le ministre sortant des Affaires étrangères, Taieb Fassi-Fihri, un excellent technocrate, a également rejoint le cabinet royal, qui comprend des experts en économie, en affaires sociales, en diplomatie, en commerce extérieur et en droit constitutionnel.

    « Le cabinet royal, avec son renforcement accéléré et marquant de conseillers de grand calibre, commence sérieusement à ressembler à un deuxième gouvernement », a déclaré Karim Boukhari, rédacteur en chef du magazine hebdomadaire TelQuel, dans un éditorial nerveux, accusant le palais de revenir sur ses promesses de réformes. « La monarchie gouverne sans partage, soit directement, soit à travers les hommes qu’elle a choisi, et la volonté populaire, incarnée par les partis politiques victorieux, est toujours délaissée ».

    Les rois du Maroc ont toujours détenu le vrai pouvoir dans le pays, mais avec la réforme constitutionnelle de l’année dernière, le nouveau premier ministre devrait avoir plus d’influence que dans le passé.

    Le roi a toujours eu un cabinet de conseillers, et le précédent souverain, Hassan II, avait utilisé une formule restée fameuse pour les décrire comme de proches confidents, en disant : « Je peux les recevoir confortablement dans ma chambre, pendant que je suis encore au lit ».

    Cependant ,sous le règne de son fils , le cabinet a grandi en taille et en expertise, employant quelques hautes personnalités dans leurs domaines de spécialité pour superviser un ensemble d’institutions et d’organes qui ne sont pas responsables devant le gouvernement élu.

    Son influence se fait souvent sentir dans les coulisses mais il est parfois direct. Ainsi, en 2007, le Premier ministre avait publié un décret plaçant un ensemble d’organismes indépendants de développement du Logement, fonctionnant avec de l’argent public, sous l’autorité d’un seul ministère, et le cabinet du roi est intervenu pour reprendre la main sur ces organismes.

    « Le cabinet royal est devenu beaucoup plus puissant dans l’élaboration des politiques », a expliqué Anouar Boukhars dans son livre de 2011, « La politique au Maroc », dans lequel il décrit la prolifération des responsabilités et du budget de la cour royale.

    Le regain en puissance du cabinet royal, est expliqué en partie par Fouad Abdelmoumni, économiste et fondateur d’une association de droits de l’homme, qui explique que Mohammed VI ne se prononce pas aussi clairement que son père le faisait. Alors qu’Hassan II a publiquement pris lui-même de nombreuses décisions, son fils n’a pas osé le faire aussi ouvertement.

    « Il ne veut pas vider l’arène politique de son influence et de sa présence mais, en même temps, il ne veut pas non plus s’engager personnellement », a déclaré Abdelmoumni.

    Beaucoup de ces conseillers, comme le puissant el-Himma, ont été critiqués personnellement par les manifestants lors des manifestations pro-démocratie, qi les accusaient d’être responsables des inégalités dans le pays.

    Tous les regards seront désormais dirigés vers Abdelilah Benkirane, le nouveau Premier ministre, et analyseront sa réaction face à la montée en puissance des hommes du roi.

    Après avoir dit tout d’abord qu’il ne traiterait pas avec les conseillers royaux, mais uniquement avec le roi en personne, Benkirane s’est par la suite docilement soumis aux négociations avec son rival El Himma au sujet de la formation du nouveau gouvernement.

    « En tant que conseiller du roi, nous n’avons aucune raison de critiquer el-Himma », a déclaré le chef du gouvernement après la nomination de ce dernier.

    Cependant, Abdelmoumni prévoit que le nouveau gouvernement ne sera pas aussi soumis à la couronne que ses prédécesseurs, en raison des pressions de la rue et du mouvement pro-démocratie qui reste actif au Maroc.

    « Le fait que les gens ont de moins en moins peur et croient de plus en plus dans leur capacité d’imposer leur volonté à l’Etat mettra davantage de pression sur les acteurs politiques », a-t-il dit.

    The Washington Times

    Panoramaroc, 19/1/2012

  • Le Maroc et l’Espagne discutent du litige sur la pêche

    Le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane a rencontré son homologue espagnol Mariano Rajoy le mercredi 18 janvier à Rabat pour discuter des répercussions du litige sur la pêche entre le Maroc et l’UE, a fait savoir l’AFP.

    Le parlement européen a annulé le mois dernier un accord permettant aux chalutiers de l’Union de pêcher dans les eaux marocaines en échange de redevances annuelles, incitant Rabat à interdire immédiatement tous les bateaux de pêche européens. Les parlementaires européens ont indiqué vouloir attendre que les intérêts du Sahara occidental soient pris en compte avant d’envisager une prolongation de douze mois de cet accord.

    Aux termes de cet accord, le Maroc aurait reçu 36 millions d’euros en échange de l’autorisation donnée à quelque 120 bâtiments de pêche, en grande majorité espagnols, de pêcher dans ses eaux territoriales.

    Mercredi par ailleurs, le commissaire européen à l’Elargissement Stefan Fule a entamé une visite de deux jours au Maroc pour discuter d’un accord de libéralisation des échanges concernant les produits agricoles, du « statut avancé » du Maroc avec l’Union, et d’autres questions encore, a fait savoir l’agence Ansa. Aux termes des accords financiers devant être signés lors de cette visite, l’Union européenne apportera 30 millions d’euros pour la centrale électrique solaire d’Ouarzazate et 7 autres millions pour un programme d’alimentation en eau potable.

    Magharebia, 19/1/2012

  • La CE cherche un nouvel accord de pêche avec le Maroc

    Le 5 janvier, la Commission Européenne a publié une demande aux États membres de l’UE, sollicitant leur appui pour mener des négociations avec le Maroc afin de parvenir à un nouveau protocole de pêche à long terme. Les zones de pêche couvertes par l’accord envisagé incluent aussi les eaux du Sahara Occidental.

    La Commissaire Européenne pour la pêche Maria Damanaki a indiqué qu’elle cherche à établir un nouveau protocole de pêche « en ligne avec la position exprimée par le Conseil de l’UE et le vote au Parlement Européen« .

    Le Parlement Européen a voté le 14 décembre contre la prolongation d’un an du protocole précédent, suivant des préoccupations juridiques, environnementales et économiques. Les services juridiques du Parlement avaient conclu que l’accord était en violation avec le droit international, puisque le Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc, et que le peuple de ce territoire n’a jamais approuvé la pêche. En outre, un rapport d’évaluation externe a montré que l’accord était un complet gaspillage de l’argent des contribuables de l’UE, et contribuait à la destruction de la vie marine au large des côtes du Sahara Occidental.

    La Commissaire Damanaki a déclaré que le nouvel accord comprendra des garanties juridiques environnementales et économiques en cohérence avec les préoccupations du Parlement et du Conseil. Le commissaire propose que le Maroc se conforme au droit international et fasse des rapports réguliers sur son utilisation des fonds de l’UE pour la population concernée, y compris le peuple du Sahara Occidental.

    Selon l’avis juridique de l’ONU de 2002, les activités économiques au Sahara Occidental ne peuvent être considérées comme licites que si le peuple Sahraoui est consulté, y consent et bénéficie de ces activités. Encore une fois, la Commission européenne ne porte aucun intérêt à la volonté du peuple Sahraoui.

    Le commissaire a déjà repris des contacts informels avec Rabat.

    L’Espagne pousse pour un nouvel accord

    Le 5 janvier, la Commission Européenne a publié une demande aux États membres de l’UE, sollicitant leur appui pour mener des négociations avec le Maroc afin de parvenir à un nouveau protocole de pêche à long terme. Les zones de pêche couvertes par l’accord envisagé incluent aussi les eaux du Sahara Occidental.

    Mis à jour le: 19.01 – 2012 16:46Imprimez cette page

    La Commissaire Européenne pour la pêche Maria Damanaki a indiqué qu’elle cherche à établir un nouveau protocole de pêche « en ligne avec la position exprimée par le Conseil de l’UE et le vote au Parlement Européen« .

    Le Parlement Européen a voté le 14 décembre contre la prolongation d’un an du protocole précédent, suivant des préoccupations juridiques, environnementales et économiques. Les services juridiques du Parlement avaient conclu que l’accord était en violation avec le droit international, puisque le Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc, et que le peuple de ce territoire n’a jamais approuvé la pêche. En outre, un rapport d’évaluation externe a montré que l’accord était un complet gaspillage de l’argent des contribuables de l’UE, et contribuait à la destruction de la vie marine au large des côtes du Sahara Occidental.

    La Commissaire Damanaki a déclaré que le nouvel accord comprendra des garanties juridiques environnementales et économiques en cohérence avec les préoccupations du Parlement et du Conseil. Le commissaire propose que le Maroc se conforme au droit international et fasse des rapports réguliers sur son utilisation des fonds de l’UE pour la population concernée, y compris le peuple du Sahara Occidental.

    Selon l’avis juridique de l’ONU de 2002, les activités économiques au Sahara Occidental ne peuvent être considérées comme licites que si le peuple Sahraoui est consulté, y consent et bénéficie de ces activités. Encore une fois, la Commission européenne ne porte aucun intérêt à la volonté du peuple Sahraoui.

    WSRW, 19/1/2012

  • Image insoutenable : Le premier immolé par le feu de l’ère Benkirane

    Rabat.- Cela fait des années qu’ils menaçaient de s’immoler par le feu. On ne les a jamais crus. Maintenant, on sait qu’ils en sont capables. Quatre diplômés chômeurs se sont immolés par le feu aujourd’hui à Rabat, en face de la Chambre des représentants, la chambre basse du parlement marocain. D’autres témoignages parlent d’immolation devant le ministère de l’enseignement supérieur. Résultat : deux d’entre eux sont dans un état grave.
    Dans cette vidéo on voit l’un des quatre immolés, la peau brûlée et en lambeaux, crier de douleur et de résignation : « La ilaha illa allah ». (Il n’y a qu’un seul dieu et c’est Allah)
    Le Maroc bouillonne. C’est le moins que l’on puisse dire.
  • Des parlementaires africains demandent l’envoi de missions pour suivre la situation au Sahara Occidental, enTunisie, en Egypte et en Libye

    Le groupe parlementaire « Afrique du nord » a demandé au bureau du Parlement africain l’envoi de missions pour le suivi de la situation enTunisie, en Egypte, en Libye et au Sahara occidental, a indiqué hier uncommuniqué de l’Assemblée populaire nationale (APN). 
    Le groupe parlementaire a décidé, à l’issue de sa réunion tenue lundi à Adis Abeba(Ethiopie) sous la présidence du député Azeddine Abdelmadjid, membre du parlement africain, d’adresser une correspondance au bureau du parlement africain « lui demandant de poursuivre ses efforts dans le cadre du soutien aux réformes institutionnelles initiées en Tunisie, en Egypte et en Libye ». 
    Le groupe parlementaire a également demandé au bureau « d’exprimer sa solidarité avec le peuple sahraoui afin de lui permettre d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance ». Cette réunion qui s’inscrit dans lecadre des travaux de la 6ème session ordinaire de la deuxième législaturedu parlement africain a été consacrée à l’évaluation de la situation politique en Tunisie, en Egypte, en Libye et au Sahara occidental.
    El Moudjahid, 19/1/2012