Année : 2012

  • La diplomatie des petits pas

    C’est aujourd’hui qu’arrivera à Alger le ministre marocain des Affaires étrangères pour une visite de deux jours.

    Un délai suffisant pour procéder, avec les responsables algériens, à une véritable mise à plat d’une relation qui, constate-t-on des deux côtés de la frontière, n’est pas ce qu’elle aurait dû être.Dans un communiqué annonçant la visite de Saad Eddine El Othmani, les autorités algériennes indiquent que celle-ci s’inscrit dans le cadre de «la dynamique constructive engagée par les deux pays à travers l’échange de visites ministérielles et la concertation pour raffermir les liens de fraternité et de coopération qui unissent les deux peuples frères». La discussion, apprend-on de même source, sera étendue à l’UMA (Union du Maghreb arabe), à l’arrêt depuis 1994, date de son dernier sommet, et condamnée à l’inaction en raison de l’opposition du Maroc qui s’est manifestée en décembre 1995 à la suite d’un vote de l’ONU relatif à la question du Sahara occidental.

    Rabat a, en effet, demandé la suspension du fonctionnement de l’UMA, reprochant à l’Algérie son soutien au peuple du Sahara occidental. On croyait pourtant que cet ensemble régional était suffisamment prémuni contre ce type d’action, puisque sa création, en 1988 à Alger, a été décidée au lendemain dès lors que cette question faisait l’objet de négociations entre les deux parties (Maroc et Front Polisario), et surtout depuis que le défunt souverain marocain Hassan II avait solennellement affirmé en 1987, que ce conflit n’a jamais opposé son pays à l’Algérie. C’est cette mise au point qui a permis un nouveau départ dans les relations bilatérales, élément essentiel dans la construction maghrébine.

    De la même manière, l’Algérie a toujours fait en sorte que les relations bilatérales ne soient en aucun cas liées notamment au dossier sahraoui, Alger soulignant que celui-ci est pris en charge par les Nations unies.
    A l’inverse, bien entendu, des autorités marocaines qui avaient accusé les services algériens d’avoir commis l’attentat de Marrakech en juillet 1994, et immédiatement imposé aux ressortissants algériens, le visa d’entrée sur son territoire. Alger a répliqué en appliquant la réciprocité et surtout fermé sa frontière terrestre avec le Maroc. Même les plus proches alliés des Marocains avaient détruit cette accusation.

    Dans le même temps, les Algériens avaient demandé un examen approfondi des relations bilatérales, ce qui n’a pas été rejeté par les Marocains qui avaient même accepté la mise sur pied de cinq commissions mixtes. Sauf que celles-ci n’ont jamais accompli leur mission, les Marocains refusant d’y siéger. Ces derniers ont même souligné qu’il n’y aura pas de normalisation des relations bilatérales tant que ne sera pas réglée la question du Sahara occidental. Et là, la précision s’impose puisque les Marocains ne voulaient rien d’autre que la reconnaissance de leur occupation du Sahara occidental, celle-ci se faisant, selon eux, dans le cadre de «leur souveraineté nationale».

    Cette même question a été déplacée au sein de l’UMA, pressée elle aussi de reconnaître ce fait colonial. La réplique a été cinglante, puisque, faisait-on valoir, aucune menace ne pèse sur les frontières internationalement reconnues du Maroc, ce qui les distingue clairement de celles que lui-même veut s’octroyer. Encore, devrait-on dire, l’UMA a surtout subi le poids du choix de ses membres, l’Algérie en ce qui la concerne, en faisant un choix stratégique, quant au Maroc qui a décidé de rejoindre le CCG (Conseil de coopération du Golfe) a pendant longtemps privilégié sa relation avec l’Europe. Beaucoup a été dit sur cette frontière terrestre encore fermée, les Algériens refusant d’en faire une question à part. Qu’en sera-t-il alors d’une relation qui, sans être en aucun cas complexe, nécessite une approche globale ?

    Mohammed Larbi

    El Watan, 23/1/2012

  • Egypte : un clash entre l’armée et les islamistes en gestation

    par Kharroubi Habib 
    La révolution de la place «Tahrir», qui a mis fin à la dictature de Moubarak et de son clan, ne doit rien aux islamistes. Pourtant, ce sont eux qui en sont les grands bénéficiaires au terme du scrutin des élections législatives organisées dans le pays après la démission de l’ex-raïs et la chute de son régime. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu des Frères musulmans, et celui d’El-Nour, des fondamentalistes salafistes, ont en effet trusté les deux tiers des 498 sièges de la nouvelle Assemblée populaire égyptienne. 

    Le courant islamiste en Egypte a fait nettement plus fort électoralement que ceux de Tunisie ou du Maroc et va donc théoriquement être en posture d’imprimer sa marque dans la nouvelle constitution du pays, sans être dans l’obligation d’en négocier le contenu avec les partis laïcs ou démocrates représentés au Parlement mais sans capacité de le contraindre aux concessions.

    Le seul obstacle qui se dresse désormais devant les islamistes, ce sont les militaires. Il a pu sembler que ces deux forces ont opéré leur rapprochement en ayant uni leurs influences et poids dans le pays pour désamorcer le potentiel révolutionnaire de l’insurrection populaire. Les militaires ont géré la transition de façon favorable aux islamistes en refusant de procéder aux changements tels que demandés par les insurgés de la place «Tahrir». Lesquels islamistes ont eu ainsi l’opportunité de détourner à leur profit la nouvelle donne politique égyptienne créée par la chute de Moubarak et de son clan. Ce fut leur récompense offerte par l’armée, dont ils ont approuvé et soutenu la prise en charge du pouvoir à ce moment-là, quand les véritables acteurs de la révolution égyptienne exigeaient sa dévolution aux civils.

    L’entente entre militaires et islamistes a laissé entrevoir des fissures aussitôt que les seconds ont fait un pas spectaculaire dans la montée au pouvoir avec leur score électoral. Fissures créées par les déclarations du guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, dont est issu le PLJ, grand vainqueur des élections législatives, laissant entendre que la future assemblée populaire, dominée par ce PLJ, pourrait être ferme face à des demandes de l’armée de préserver les privilèges de l’institution militaire, dont celui d’être en dehors des lois ordinaires.

    A moins que l’armée accepte sans broncher de se laisser dépouiller de ses privilèges, l’ont voit mal comment va perdurer le «deal» passé entre elle et les islamistes aux heures chaudes de la révolution de la place «Tahrir». D’autant que ces mêmes islamistes font souffler le chaud et le froid par des déclarations contradictoires sur des questions aussi cruciales que celle des privilèges de l’armée. Notamment celles ayant trait à l’économie, aux droits de la minorité chrétienne et surtout celle concernant le traité de paix en vigueur entre l’Egypte et Israël. Sur tous ces points, les islamistes entretiennent le flou qui risque de faire réagir l’armée, tenue par les assurances qu’elle a données aux Américains, dont les aides financières et autres sont vitales pour l’Egypte et pour elle.

    Les Etats-Unis ont d’ailleurs émis en direction de cette armée égyptienne le signal qu’ils sont inquiets des ambiguïtés contenues dans les déclarations des principaux responsables islamistes. Ils ont multiplié les discussions secrètes avec l’état-major égyptien suite à la déclaration du même Mohamed Badie, guide suprême des Frères musulmans, faisant savoir que son mouvement est pour la tenue d’un référendum qui laissera le peuple décider s’il faut déchirer ou non le traité de paix avec Israël.

    Ces contacts et les frictions qui vont en se durcissant entre l’armée et les islamistes font que les observateurs présagent une rude bataille entre ces forces et d’aucuns même s’aventurent à parler d’un coup d’Etat militaire qui se profile, encouragé en sous-main par Washington.

    Le Quotidien d’Oran, 23/1/2012

  • « Les Marocains doivent prouver leur bonne volonté » (diplomate algérien)

    -Le ministre marocain des Affaires étrangères arrive aujourd’hui en Algérie, avec pour ordre de mission de déblayer le terrain pour la normalisation des relations entre les deux pays…

    Je pense que cette visite traduit le souhait que le nouveau gouvernement marocain puisse normaliser les relations avec l’Algérie, là où ses prédécesseurs ont échoué à cause d’une attitude inamicale, parfois même belliqueuse. Le changement du gouvernement au Maroc offre, de mon point de vue, une opportunité pour aller de l’avant.

    -Les islamistes marocains sont-ils, d’après vous, plus prédisposés à renouer le dialogue avec l’Algérie que le palais royal ?

    Ils ont besoin d’écouter les Algériens, ils ont besoin aussi de connaître le dossier parce qu’ils n’ont pas l’expérience de l’exercice du pouvoir. Ils n’ont pas non plus d’expérience dans le traitement des dossiers diplomatiques. Je pense que la question de la réouverture de la frontière est importante pour eux en raison, notamment, des retombées économiques. Ils arrivent dans une conjoncture de crise économique où il y a moins de touristes occidentaux et moins d’investissements, notamment français et espagnols. Les besoins économiques, aussi bien des Marocains que des Tunisiens, déteignent, aujourd’hui, sur leur politique étrangère vis-à-vis de l’Algérie.

    -Les motivations de cette volonté de réchauffer les relations sont donc essentiellement économiques du côté marocain…

    Je pense que cette prise de contact est tout de même nécessaire pour un gouvernement qui n’a pas d’expérience dans la gestion des dossiers diplomatiques. Les islamistes ont donc besoin de comprendre.

    -Comment cette visite du MAE marocain est-elle perçue à Alger, surtout qu’elle a été annoncée par la partie marocaine puis confirmée en Algérie ?

    Cela est lié à la communication institutionnelle. On est toujours informé par les autres et pas seulement par les Marocains. Je pense, et c’est mon point de vue, que les Algériens vont encore adopter une attitude historiciste vis-à-vis du Maghreb. Ils sont encore dans l’esprit de la conférence de Tanger (1958). Ceci, alors que les Tunisiens et les Marocains ont une conduite plus pragmatique. Ils développent une démarche d’intégration avec l’Europe et l’Occident et une démarche commerciale avec l’Algérie. Ils savent que l’intégration doit se faire au nord, pas à l’est ni à l’ouest.

    -Faudrait-il alors revoir le paradigme algérien de l’intégration maghrébine ?

    Oui, elle est irréaliste et archaïque. C’est une approche liée à l’esprit de Tanger alors que celui-ci n’existe plus. Nous sommes dans un monde nouveau, où l’intégration se fait par l’économie.

    -Mais les contentieux entre l’Algérie et le Maroc sont plus politiques qu’économiques…

    Vous savez très bien que les Marocains sont à l’origine du blocage du processus d’intégration. Depuis 1994, le Maroc développe une approche contradictoire en faisant remarquer que le problème du Sahara occidental plombait ce processus. Or – et j’en suis témoin – l’UMA a été fondée en 1989 à Marrakech, donc elle est postérieure à la question sahraouie.
    En 1989, les Marocains disaient que l’intégration maghrébine était un facteur supplémentaire et favorable pour le règlement de cette question. Aujourd’hui, en 2012, ils reviennent à l’esprit de Marrakech, à savoir que les bonnes relations entre l’Algérie et le Maroc pourraient servir de catalyseur au règlement de la question sahraouie.

    -Justement, au Maroc, on semble convaincu que le principal facteur intégrateur serait la réouverture de la frontière…

    Vous savez, l’Algérie est vue avant tout comme un marché.

    -Quels sont ces facteurs qui bloquent cette dynamique d’intégration algéro-marocaine ?

    Les Marocains ne peuvent pas prétendre normaliser les relations avec l’Algérie et, en même temps, voire simultanément, faire exercer des pressions sur l’Algérie par la France et les Etats-Unis, essentiellement sur la question des frontières et sur la question sahraouie.

    -Il y a aussi ces nombreux Algériens qui ont été spoliés de leurs biens au Maroc…

    Oui, et cela fait globalement du contentieux. Il faut savoir qu’il y a une convention d’établissement entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie qui a été signée en 1963. Cette convention stipule que les citoyens algériens, tunisiens et marocains qui sont établis dans l’un des trois pays sont considérés comme des nationaux. Le roi Hassan II, quand il avait marocanisé les terres, a nationalisé celles des Algériens ; or, c’est en contradiction avec la convention d’établissement qui disposait qu’il fallait les traiter comme des Marocains et non pas comme des étrangers.

    -Comment tout cela va-t-il être réglé alors qu’en face, les Marocains se montrent impatients de retrouver le chemin d’Alger ?

    Ils sont impatients parce que l’éventuelle réouverture de la frontière va apporter un peu d’oxygène à l’économie marocaine. Cela représenterait, selon les experts, à peu près 1% dans la croissance du Maroc. Les Tunisiens ne sont pas aussi pressés parce qu’ils font l’essentiel de leur commerce avec les Libyens.

    -En tant qu’ancien ministre et diplomate, quelle solution préconisez-vous pour des relations plus apaisées entre le Maroc et l’Algérie ? L’Algérie a-t-elle plus à gagner ou à perdre dans les retrouvailles avec le Maroc ?

    Pour enclencher une dynamique sérieuse et porteuse, il faut que nos amis marocains fassent preuve de bonne volonté. D’abord, une volonté politique sérieuse de régler le problème sahraoui.

    -Il y a aussi l’exigence d’un mea culpa par rapport aux accusations proférées contre les services algériens lors des attentats de 1994…

    Non, non ! Pour les attentats de 1994, ils avaient mis en cause l’armée algérienne puis ils se sont rendu compte que les Algériens n’avaient rien à voir avec ces attentats de Marrakech. Il faut rappeler aussi que c’est Rabat qui avait imposé le visa aux Algériens. Et quand on impose un visa pour un pays en pleine crise sécuritaire, c’est qu’on veut accentuer cette crise.

    -Que peut-on attendre de cette première visite du ministre marocain des Affaires étrangères ?

    Je pense que ce sont plutôt les Marocains qui attendent beaucoup de cette visite. Ce sera tout de même l’occasion de voir si le nouveau gouvernement marocain a la volonté d’assouplir sa position par rapport à la question sahraouie. Même si, on le sait très bien, ce dossier est piloté directement par le palais royal. Ceci dit, il faut se féliciter de cette visite parce que, par principe, nous devons avoir de bonnes relations avec tout le monde, tout en restant attachés aux fondamentaux de notre politique étrangère.
    Hassan Moali

    El Watan, 23/1/2012

  • La MAP altère le contenu d’un rapport de HRW pour le rendre publiable

    Rabat.- Dans une dépêche diffusée aujourd’hui par la MAP, l’agence de presse officielle salue le dernier rapport de l’ONG américaine Human Rights Watch, où il est question « d’importantes » (un adjectif mis entre guillemets par la MAP) « nouvelles garanties constitutionnelles en matière des droits de l’homme au Maroc« .

    Le télétype de la MAP, dirigée depuis peu par le pitbull la presse makhzenienne, Khalil Hachimi Idrissi, évoque bien des « dispositions discriminatoires » relevées dans le rapport de HRW, mais ces dernières concernent uniquement « le droit des maris de répudier leur femme unilatéralement« .

    Tout ce qui est répression policière et droits de l’homme a été sucré par notre agence de la police de l’information.

    Or, dans le communiqué de HRW, que la MAP a passé sous silence, il n’y a pas que ces « dispositions discriminatoires« . Dans son rapport rendu public aujourd’hui et intitulé « Maroc : La répression discrédite les promesses de réforme. Il faut réviser certaines lois et pratiques pour appuyer la nouvelle constitution« , HRW demande au gouvernement de cesser de réprimer les manifestations pacifiques, de libérer le journaliste marocain Rachid Niny, de rejuger les islamistes salafistes dont beaucoup ont été « torturés » ssouligne l’ONG américaine, et de permettre aux citoyens de créer leurs associations sans entraves.

    HRW s’étonne même que le procès du groupe Tamek, ces trois indépendantistes sahraouis accusés de « trahison » et libérés après de longs mois de prison, ne soit pas prévu, ni même souhaité. Ce qui est une gifle à la crédibilité de la justice marocaine.

    Tout ceci n’a étrangement pas été repris par la MAP. Mais sûrement qu’il l’a été dans les fameuses « notes d’information », ces véritables fiches de police rédigées par les agents de la MAP et destinées aux services secrets marocains et aux hautes autorités de l’Etat.

    Pour que les lecteurs se fassent une idée sur comment travaille la MAP, qui doit être une agence d’informations qui doit informer et non déformer, Demain publie le texte de la dépêche de la MAP (reprise de manière complaisante par certains confrères électroniques et qui le sera sûrement demain par toute la presse aux ordres), puis ensuite le communiqué de HRW.

    Badr Soundouss

    La dépêche de la MAP :

    HRW qualifie « d’importantes » les nouvelles garanties constitutionnelles au Maroc en matière des droits de l’Homme

    L’organisation Human Rights Watch (HRW) a qualifié d’ »importantes » les garanties mises en place par la nouvelle constitution, adoptée par référendum en juillet dernier, en matière des droits de l’Homme.

    « Le Roi Mohammed VI a proposé en juin des amendements constitutionnels contenant d’importantes garanties en matière de droits humains » que le peuple marocain a approuvés en juillet, souligne le rapport annuel de cette organisation, lancée pour la première fois depuis la capitale égyptienne.

    Le rapport relève que la nouvelle constitution consacre l’amazigh comme « langue officielle et interdit la torture et les traitements inhumains et dégradants, la détention arbitraire, et les disparitions forcées ».

    La nouvelle constitution « exige également que toute personne arrêtée soit informée ‘immédiatement’ des raisons de cette interpellation et jouisse de la présomption d’innocence et du droit à un procès équitable », précise le document.

    HRW ajoute que la nouvelle constitution « garantit aux femmes l’égalité » de statut, dans le respect des dispositions de la Loi fondamentale, des constantes et des législations, rappelant que d’importantes réformes du Code de la famille, adoptées en 2004, ont relevé l’âge minimum requis pour le mariage et amélioré les droits des femmes en matière de divorce et de garde des enfants.

    Toutefois, l’organisation internationale a relevé que le nouveau code a conservé des « dispositions discriminatoires » concernant notamment « le droit des maris de répudier leur femme unilatéralement ».

    « Le 8 avril, le Maroc a levé ses réserves sur les articles 9 et 16 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, tout en maintenant d’autres réserves », a-t-il poursuivi.

    Pour HRW, cette décision a signalé « l’engagement du gouvernement à éliminer la discrimination basée sur le sexe en matière de droits et de responsabilités conjugaux, et a reflété une loi de 2007 qui accorde aux mères marocaines les mêmes droits qu’aux pères marocains pour conférer la nationalité de ce pays à leurs enfants lorsque le conjoint ou la conjointe est non marocain(e) ».

    Tout en se référant à une étude sur la violence faite aux femmes réalisée à l’échelle nationale par le Haut Commissariat au Plan, le rapport relève que 55 pc des femmes marocaines incluses dans l’enquête et âgées de 18 à 64 ans, avaient subi des violences familiales lors de l’année 2009, 15 pc d’entre elles ont fait état de violences physiques et 48 pc de violence émotionnelle.

    Concernant les employées de maison, HRW a attiré l’attention sur les conditions de vie de cette catégorie, soulignant que le gouvernement marocain a adopté en octobre un projet de loi qui devrait alourdir les sanctions contre les personnes qui violent l’interdiction d’employer des enfants de moins de 15 ans et durcir les conditions d’autorisation du recrutement d’employés de maison âgés de 15 à 18 ans –

    MAP

    Le communiqué de Human Rights Watch

    Maroc : La répression discrédite les promesses de réforme. Il faut réviser certaines lois et pratiques pour appuyer la nouvelle constitution

    (Rabat, le 22 janvier 2012) – Le nouveau gouvernement marocain devrait réviser ses lois répressives, réfréner la violence policière et améliorer l’indépendance de la justice, s’il veut concrétiser les promesses en termes de droits humains contenues dans la nouvelle constitution du pays, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch, à l’occasion de la diffusion de son Rapport mondial 2012. Des progrès tangibles dans ces domaines démontreront la sincérité des réformes annoncées par le roi Mohammed VI en réponse aux manifestations au Maroc et aux grands bouleversements qui ont eu lieu ailleurs dans la région.

    Au cours de l’année 2011, le gouvernement a emprisonné plusieurs personnes pour des motifs politiques, en se servant de lois répressives et à l’issue de procès manifestement injustes. Les autorités ont restreint le droit des Marocains à se rassembler dans les rues, tolérant dans certains cas les manifestations pro-réformes ayant débuté le 20 février, mais dans d’autres cas, dispersant violemment les manifestants. Au Sahara occidental, les forces de sécurité n’ont autorisé aucun rassemblement public organisé par les partisans d’une auto-détermination pour cette région.

    « Les Marocains ont approuvé une nouvelle constitution qui proclame avec force leurs droits en tant que citoyens, mais ils attendent toujours de voir ce que signifieront en pratique ces principes constitutionnels », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Pour commencer, le gouvernement devrait abroger les dispositions du code pénal et du code de la presse qui l’autorisent à requérir des peines de prison pour les cas d’expression non violente, y compris les critiques de la monarchie, de l’islam ou des revendications de souveraineté sur le Sahara occidental exprimées par le Maroc. »

    Dans le Rapport mondial 2012, constitué de 676 pages, Human Rights Watch a évalué les progrès en termes de droits humains, durant l’année précédente, de plus de 90 pays, y compris les soulèvements populaires dans le monde arabe. Vu les forces violentes qui résistent au « printemps arabe », la communauté internationale a un rôle important à jouer pour aider à l’émergence dans la région de démocraties qui respectent les droits, a déclaré Human Rights Watch dans le rapport.

    Parmi les personnes condamnées en 2011 figure un journaliste connu, Rachid Nini, qui purge une peine d’un an de prison en vertu des dispositions du code pénal punissant l’« outrage » à l’encontre de fonctionnaires, le fait d’accuser sans preuve des fonctionnaires de violer la loi, et l’insulte à la justice. Le Maroc devrait abroger ou amender de telles lois, s’il veut garantir la liberté d’expression qui est partie intégrante de sa constitution, a déclaré Human Rights Watch.

    Dans un autre cas d’emprisonnement pour motif politique, les tribunaux ont gardé en détention préventive les militants indépendantistes sahraouis Ali Salem Tamek, Brahim Dahane et Ahmed Naciri, pendant un an avant de les faire comparaître, puis pendant encore six mois, alors que le procès subissait des retards répétés. Le tribunal a libéré les trois hommes provisoirement en mars 2011 et n’a prévu aucune nouvelle audience dans leur procès.

    « Dans les affaires politiques comme dans les autres, les juges devraient baser leur verdict sur des preuves, enquêter sur les allégations d’aveux obtenus sous la contrainte, et n’imposer la détention préventive que comme une exception, et non une règle », a déclaré Sarah Leah Whitson. « Les droits introduits dans toute constitution ont besoin d’être appuyés par des réformes spécifiques qui expliquent en détail comment les droits des suspects seront protégés, qu’il s’agisse de la façon dont les responsables les traitent ou des poursuites judiciaires contre eux. »

    Des centaines d’extrémistes islamistes présumés, arrêtés soit lors du contrecoup des attentats à la bombe de 2003 soit les années suivantes, sont toujours en prison. Beaucoup d’entre eux ont été condamnés lors de procès injustes, après avoir été détenus au secret, maltraités et parfois torturés. La nouvelle constitution, avec ses promesses d’une justice indépendante, devrait se traduire par un réexamen judiciaire indépendant de leurs condamnations, a déclaré Human Rights Watch.

    Les autorités marocaines devraient garantir la liberté de rassemblement – pas seulement de temps en temps, mais de façon constante, et quelle que soit la raison du rassemblement, a déclaré Human Rights Watch. Les autorités devraient faire rendre des comptes aux policiers devant la loi lorsqu’ils utilisent une force excessive pour disperser des manifestants.

    Les garanties constitutionnelles de la liberté d’association exigent également que l’administration marocaine mette un terme à ses tours de passe-passe habituels visant à priver des associations indépendantes d’une reconnaissance légale, a déclaré Human Rights Watch. Les fonctionnaires empêchent fréquemment l’enregistrement en refusant de reconnaître qu’ils ont reçu les papiers de création de l’association. Parmi les groupes privés de statut légal figurent de nombreuses associations sahraouies ayant une tendance pro-indépendance, des associations culturelles amazighes (berbères), et des associations de charité jugées proches du mouvement islamiste Justice et Spiritualité.

    La télévision publique marocaine laisse peu de place à la critique directe du gouvernement sur les sujets sensibles, même si elle autorise une dose de reportages d’enquête et de débat politique, a déclaré Human Rights Watch. Le 26 mars, des centaines de journalistes travaillant dans les médias contrôlés par l’État ont tenu des manifestations pour exprimer plusieurs revendications, y compris davantage d’indépendance éditoriale. Les journalistes du secteur public, aussi bien que les spectateurs, se demandent si le processus de réforme enclenché par le roi en 2011 se traduira par une décision d’ouvrir l’audiovisuel à des programmes plus vivants, plus provocants, et à des débats sur les sujets décisifs.

    Le 8 avril, le Maroc a levé certaines réserves relatives à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes, marquant ainsi son engagement à éliminer la discrimination de genre dans les droits et les devoirs maritaux. Le Maroc devrait faire de cette promesse une réalité en 2012, a déclaré Human Rights Watch, par exemple en modifiant ses lois pour donner aux femmes marocaines le même droit de conférer leur nationalité à leurs époux non-marocains, qu’ont les hommes marocains.

    « Les autorités marocaines ont été admirées à l’étranger pour leur réponse positive aux manifestations de rue et au printemps arabe, qui s’est traduite par des promesses de réformes, par l’adoption d’une nouvelle constitution et par la tenue d’élections anticipées », a conclu Sarah Leah Whitson. « Mais l’année 2012 révélera si ces promesses signifieront de réels progrès dans les droits humains – notamment la fin des emprisonnements injustes de personnes critiquant le gouvernement de façon pacifique – ou bien s’il ne s’agissait que de promesses en l’air. »

    Human Rights Watch

    Pour lire le chapitre sur le Maroc du Rapport mondial 2012 de Human Rights Watch, veuillez suivre le lien :
    http://www.hrw.org/fr/world-report-2012/morocco

    DEMAIN, 22/1/2012

  • Algérie-Maroc : la réouverture des frontières n’a pas été évoquée entre les deux parties

    « C’est une question qui n’a pas été évoquée lors des différentes réunions entre les parties algérienne et marocaine », a ajouté M. Messahel dans une rencontre avec la presse, faisant observer que cette question « trouvera sa solution un jour ».
    Début janvier, le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, avait déclaré que la fermeture des frontières entre « les deux pays frères n’a jamais été considérée comme une décision définitive », précisant que « le rapprochement qui s’opère depuis plusieurs mois avec le Maroc plaide pour une normalisation des relations à terme avec ce pays ».

    Le ministre délégué a indiqué, par ailleurs, que la visite lundi et mardi en Algérie du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du royaume du Maroc, M. Saâd-Eddine El Othmani, à l’invitation de son homologue algérien, s’effectue dans le cadre du « renforcement » des relations entre les deux pays.
    Elle s’inscrit également dans un contexte marqué par des changements dans le monde et à la veille d’une « volonté partagée » de tous les pays de la région de « dynamiser » l’Union du Maghreb arabe (UMA).
    M. Messahel a rappelé qu’une série de visites avait été effectuée ces deux dernières années par des ministres des deux pays.
    « Les réunions sectorielles aboutissent beaucoup plus », a-t-il dit, rappelant qu’en novembre 2011 à Marrakech (Maroc), l’Algérie et le Maroc avaient convenu d’élargir ces visites à plusieurs secteurs.
    « C’est cette densification qui va donner plus de visibilité aux rapports entre les deux pays », a souligné M. Messahel.
    Le Maroc est le premier partenaire de l’Algérie dans la région et en Afrique en termes d’échanges commerciaux, a-t-il rappelé.
    La dernière visite d’un ministre marocain des Affaires étrangères en Algérie remonte à 2003.
    FAXDZ, 22/1/2012
  • Prélude à une refondation des relations intermaghrébines ?

    Sadek Belhocine
    Le Midi Libre : 22 – 01 – 2012

    Les deux pays pivots du Maghreb ont décidé de regarder vers l’avenir. La brouille qui a duré de longues années sera-t-elle un «souvenir» du passé ? Le réchauffement des relations bilatérales enregistré depuis ces derniers mois sera, sans nul doute, consolidé par la venue à Alger du chef de la diplomatie marocaine.

    Les deux pays pivots du Maghreb ont décidé de regarder vers l’avenir. La brouille qui a duré de longues années sera-t-elle un «souvenir» du passé ? Le réchauffement des relations bilatérales enregistré depuis ces derniers mois sera, sans nul doute, consolidé par la venue à Alger du chef de la diplomatie marocaine.
    Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du royaume du Maroc, Saâd-Eddine El Othmani, effectuera demain et mardi une visite en Algérie à l’invitation de son homologue algérien, Mourad Medelci a confirmé vendredi le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères. Une visite très attendue dans les deux pays et dans les pays du Maghreb arabe et qui symbolise le rapprochement entre les deux pays amorcé depuis le déclenchement du printemps arabe. Dans une déclaration à l’agence APS, Amar Belani, a souligné que cette visite permettra de «raffermir les liens de fraternité et de coopération qui unissent les deux peuples frères». De son côté le ministère marocain des Affaires étrangères avait indiqué, vendredi, que «cette visite s’inscrit dans le cadre de la consolidation du processus des rencontres et des concertations entamé par les deux pays pour hisser leurs relations au niveau des aspirations des deux peuples frères». Cette visite s’inscrit également dans un cadre plus large. Selon Amar Belani, les deux chefs de la diplomatie «examineront les voies et moyens susceptibles de relancer l’Union du Maghreb arabe (UMA) en réorganisant certaines de ses institutions et de ses mécanismes en vue d’une meilleure efficacité». Fondée en février 1989, l’UMA regroupe cinq pays : Maroc, Tunisie, Algérie, Libye, et Mauritanie, mais cette organisation est en panne depuis des années en raison notamment de différends entre ses membres.
    Le dernier sommet qui a réuni tous les dirigeants remonte à 1994. Il n’y avait pas eu de visites officielles d’un chef de la diplomatie marocaine en Algérie depuis plusieurs années. Il s’agit de la première visite officielle à Alger d’un chef de la diplomatie marocaine depuis 1989. La courte parenthèse des relations «apaisées» entre Alger et Rabat dans le sillage de l’acte fondateur de l’UMA, s’est refermée en été 1994. Les deux pays s’opposent également sur la question du Sahara occidental occupé illégalement par le Maroc depuis 1975. L’Algérie sera donc la première destination étrangère du ministre, issu du parti islamiste Justice et Développement. Il sera reçu par le président Abdelaziz Bouteflika. Le Maroc et l’Algérie se préparent-t-ils à se réconcilier après une brouille de plus de deux décennies ? Tout indique que la visite du chef de la diplomatie marocaine à Alger aura un impact positif sur les relations algéro-marocaine dont l’aspect le plus visible est la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays.
    La frontière entre les deux pays qui court sur plus de 1 500 km a été fermée, rappelons le, en 1994 suite à un attentat islamiste à Marrakech (dans le sud du Maroc). Un acte terroriste que Rabat avait imputé aux services secrets algériens. Les relations entre le Maroc et l’Algérie sont tendues depuis des décennies en raison de l’occupation du Sahara occidental par les forces armées marocaines. Un dossier qui est entre les mains de l’ONU et qui sera traité conformément à la légalité internationale. Une position toujours défendue par Alger et dont Rabat ne veut pas entendre parler. Le nouveau chef du gouvernement marocain, l’islamiste Abdelilah Benkirane, serait un pragmatique. Il a appelé en décembre dernier à un rapprochement avec l’Algérie. Il a déclaré qu’un rapprochement avec l’Algérie, est susceptible de résoudre le problème du Sahara occidental. « Si nos différends avec l’Algérie sont réglés avec l’ouverture des frontières, le problème du Sahara sera résolu. La fraternité avec l’Algérie résoudra tous les problèmes», avait-il déclaré. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du royaume du Maroc, Saâd-Eddine El Othmani, est-il porteur de nouvelles propositions visant à assainir le climat politique? Il y a lieu de le croire en ces temps difficiles et incertains que traversent les pays arabes. La real-politik a fini par l’emporter sur toutes les autres considérations. Du côté algérien, on laisse les portes ouvertes à une réconciliation. Mourad Medelci a expliqué dans une récente déclaration que la fermeture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc «n’a jamais été une décision irréversible» et que «la réconciliation avec le Maroc sera consolidée avec le nouveau gouvernement marocain». En tout état de cause, les deux pays affichent leur détermination à œuvrer pour donner un nouveau souffle aux relations bilatérales qui sont susceptibles d’enchaîner sur un départ nouveau pour la construction de l’Union du Maghreb Arabe.
  • Nueva protesta en la ciudad de El Aaiún por la justicia a los presos políticos

    El viernes 20 de enero de 2012, sobre las 17h, en la ciudad ocupada de El Aaiún, se intentó realizar una protesta pacífica ante la Sede del partido marroquí de Justicia y Desarrollo, convocada por el Comité coordinador de Gdeim Izik, exigiendo justicia para los presos políticos saharauis apresados tras el desalojo de Gdeim Izik y el cese inmediato del expolio de los recursos naturales del Sahara Occidental, por parte del Estado marroquí..

    La protesta fue impedida por la fuerza, por la policía marroquí que cercó toda la zona.

    A continuación, los manifestantes realizaron una marcha que comenzó en la calle Mezuar y acabó ante la Sede del Consejo marroquí de Derechos Humanos, donde se concentraron repitiendo lemas con sus exigencias.

    Sahara Tierra Mia, 21/1/2012

  • Pour un approfondissement du dialogue politique

    Karima Bennour
    La Nouvelle République : 21 – 01 – 2012

    Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Saâd-Eddine El-Othmani, sera, dès demain, à Alger. Cette visite, la première qu’il effectue à l’étranger, intervient à l’invitation du chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci.

    Elle intervient aussi quelques jours après la présentation devant le Parlement marocain, jeudi dernier, du programme du gouvernement du nouveau Premier ministre Benkirane et la rencontre, vendredi à Rabat, qui a réuni M. Othmani avec le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain chargé du Maghreb, Raymond Maxwell. rappelons qu’à l’issue de sa rencontre, lundi dernier, avec les ambassadeurs arabes et africains accrédités à Rabat, M. Othmani a, au cours d’une conférence de presse, indiqué en réponse à une question sur les relations algéro-marocaines que Rabat «fera tout son possible pour hisser le niveau des relations maghrébines, particulièrement avec l’Algérie». 
     
    Le Maroc lors des dernières élections législatives tenues après le scrutin référendaire sur la nouvelle Constitution du royaume chérifien a vu le Parti de la justice et du développement remporter le scrutin. Une nouvelle étape dans la gestion politique, de gouvernance et du traitement des questions et des dossiers sur les plans national, régional et international marqués par les mutations en cours dans les relations internationales sur fond de la crise économico-financière et des évènements dans le Monde arabe. Même si le dégel des relations entre Alger et Rabat est au centre des lectures politico-médiatiques sur la visite du responsable marocain en Algérie, d’autre questions seront certainement au menu des discussions, dont l’ouverture des frontières terrestres entre les deux pays, fermées suite à la décision prise par Alger en réaction à celle prise unilatéralement par Rabat instaurant le visa aux Algériens en 1994. A ce propos, le Maroc, qui n’a cessé ces dernières années de multiplier ses appels en direction d’Alger pour la réouverture de la frontière terrestre entre Rabat et Alger, compte par le biais de la visite de M. Othmani discuter concrètement de la question, d’autant plus que du côté d’Alger, les préoccupations et les attentes quant à toute réouverture des frontières sont liées à des questions déterminantes, pour ne citer que le lourd dossier de la drogue (le Maroc est classé premier producteur du kif au monde). Par ailleurs, Alger et Rabat ont été en mesure, récemment, de hisser leurs relations économiques à un niveau plus élevé. 
     
    Le Maroc qui a été l’invité d’honneur à Alger du 7e Salon internationale de l’agriculture, avec la présence de 150 opérateurs économiques, et la visite du ministre algérien de l’Agriculture au Maroc, sanctionnée par la signature d’accords, montrent la volonté politique d’Alger de consolider davantage la coopération bilatérale. A ce propos, Mourad Medelci a eu à déclarer début janvier sur les ondes de la Chaîne III que «la fermeture de la frontière entre les deux pays frères que sont l’Algérie et le Maroc n’a jamais été considérée comme une décision définitive», indiquant plus loin que «le rapprochement qui s’opère depuis plusieurs mois» entre Alger et Rabat «va être consolidé avec le nouveau gouvernement marocain ; toutes ces évolutions travaillent à la normalisation des relations avec le Maroc à terme». Aussi, l’économie marocaine étant liée fortement à celles de ses partenaires occidentaux, dont l’Espagne et la France frappés de plein fouet par la crise économico-financière, n’est pas à l’abri. Devant le Parlement marocain, jeudi dernier, le Premier ministre a annoncé qu’il prévoyait une croissance de 5,5% pour les quatre années à venir. Ce qui illustre les défis qui se posent au Maroc en termes de consolidation de son économie, création d’emplois et baisse du taux de chômage qui concerne en grand nombre les diplômés. 
     
    Le chômage, qui a atteint un taux officiel de 9,6% et touche près de 31,4% des jeunes de moins de 34 ans, constitue un souci majeur pour le gouvernement de Benkirane, l’opposition ayant vite fait d’afficher son scepticisme. Il est par ailleurs utile de noter que si le volet économique arrive à enregistrer des avancés entre Alger et Rabat, le volet politique, lié aux questions de l’actualité régionale et internationale, connaît des divergences de fond, citons l’immigration clandestine, l’Union pour la Méditerranée, la crise en Syrie… et le statut avancé accordé au Maroc par l’Union européenne du fait de la convergence politique entre le royaume chérifien et les membres de l’UE, principalement la France, sans oublier celui accordé au Maroc pour accéder au Conseil de coopération des pays du Golfe. 
     
    D’autre part, la décolonisation du Sahara Occidental, inscrite à l’ONU depuis 1966, est un processus jusqu’à l’heure inachevé depuis l’invasion par le Maroc des territoires sahraouis en 1975. L’attachement de l’Algérie à faire valoir le respect et l’application du droit international pour le Sahara Occidental s’inscrit dans l’esprit et les textes de la Charte onusienne. A ce propos, il est à rappeler que le Premier ministre marocain, dans une déclaration sur le rapprochement entre Alger et Rabat, a déclaré que «si nos différends avec l’Algérie sont réglés avec l’ouverture des frontières, le problème du Sahara sera résolu». Ce qui renseigne sur l’absence de toute nouvelle donne dans la politique étrangère de Rabat, signifiée plus explicitement avec la désignation de l’ex-ministre des Affaires étrangères TaIb Fassi Fihri au poste de conseiller du roi Mohammed VI.
  • «Bienfaits» marocains à Laâyoune

    Les forces marocaines ont réprimé sauvagement avant-hier une manifestation pacifique des populations autochtones à Laâyoune, la capitale occupée du Sahara occidental, indiquait-on hier de source sahraouie.

    Les rassemblements dans les artères les plus importantes de la ville à l’instar de Maatallah, réclamaient deux choses : 

     
    1) le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui, 
     
    2) la libération sans delai et sans conditions des prisonniers politiques sahraouis dont ceux arrêtés lors du démantèlement meurtrier du camp de Gdeim Izik. 
     
    Le vendredi d’avant, il y a exactement une semaine de cela, les forces marocaines avaient fait des dizaines de blessés parmi les Sahraouis lors d’un sit-in convoqué pour les mêmes objectifs. Juppé et la France qui parlent de tous les cas de viol des droits humains par les dictatures arabes, turque et iranienne notamment, ne disent pas un seul mot sur les «bienfaits» que dispense leur protégé marocain à ses colonisés. Rabat ne fait que du bien, ne propose que du bien aux Sahraouis et c’est le Polisario, le mouvement qui se bat depuis 1973 pour arracher les droits imprescriptibles à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui qui fait figure de trouble-fête, voire d’un mouvement néo-fellaga aux yeux de Paris. Un parti pris à contre-courant de l’histoire qui suscite la réprobation un peu partout, comme ce fut le cas récemment en Espagne où plusieurs organisations locales ont saisi l’occasion de la visite de Sarkozy pour l’exhorter à accorder une priorité dans sa politique étrangère au droit international en ce qui concerne le conflit du Sahara occidental. Peut-être qu’on demande au prochain partant pour Marrakech d’envisager une «modération» à l’image de celle qu’on réserve au cinquantenaire de notre ¾ d’indépendance. Une date qui va être «votre fête», nous apprend-on d’Alger. Pour le moment, on fait la fête aux Sahraouis. Au Sahara occidental, les répressions se suivent et se ressemblent : les Marocains tapent sur les Sahraouis et la France couvre au Conseil de sécurité. Comme ses alliés sionistes, le commandeur des croyants est assuré de l’impunité. Le comble, c’est que Juppé dit sans complexe les préoccupations françaises sur la situation des droits humains dans les camps sahraouis de la Hamada.

    M. Z.
    mohamed_zaaf@yahoo.fr

     
    Le Jeune Indépendant, 21/1/2012
  • Un marché de dupes

    Mohamed Chérif LACHICHI
    Liberté : 21 – 01 – 2012

    Un des objectifs prioritaires de la visite de Mariano Rajoy au Maroc est très certainement la reconduction de l’accord de pêche que l’Union européenne vient de rejeter arguant de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental. Le Parlement européen avait, en effet, rejeté en décembre la prolongation d’un an d’un accord de pêche entre les 27 et Rabat. L’essentiel de la flotte communautaire opérant sur les côtes marocaines est espagnole. Sur 119 licences de pêche attribuées à la flotte européenne 100 reviennent à des opérateurs espagnols. Aussitôt ce refus notifié, le Maroc a alors interdit aux pêcheurs majoritairement espagnols d’opérer dans ses eaux. Aussi, les pêcheurs espagnols, la plupart originaires de l’Andalousie, mettent actuellement la pression sur leur gouvernement pour qu’ils puissent soit reprendre leurs activités ou que la Commission européenne les indemnise des préjudices subis. Dans cette affaire, les premières victimes sont d’abord les pêcheurs espagnols qui se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage. Nonobstant la crise économique qui fait rage en Espagne. De toute évidence, Rajoy tient à la reconduction de cet accord de pêche avec l’Union européenne. Benkirane serait, pour sa part, disposé à conclure un nouvel accord fondé sur de nouvelles bases.
    Ce qui n’est pas du goût des pêcheurs et des écologistes marocains qui, décidément, ne veulent plus mordre à l’hameçon européen. Pour le Collectif pêche et développement durable, “l’accord n’a pas contribué au développement de la pêche marocaine, contrairement aux engagements pris”. Il n’y aura eu, pour ainsi dire, aucune valeur ajoutée apportée à l’industrie marocaine, ni de respect de la clause de débarquement des captures dans les ports marocains, ni de l’obligation de la présence d’un contrôleur scientifique marocain sur les navires européens. Au-delà de la problématique de la préservation des ressources halieutiques, d’autres considérations financières viennent se greffer à ce dossier.
    Des estimations ont évalué les pertes provisoires du secteur de la pêche en Espagne à plus de 300 millions d’euros. À titre de comparaison, la contrepartie versée au Maroc sous l’ancien accord ne dépassait pas les 36 millions d’euros par an. Un énième échange inégal entre les deux rives de la Méditerranée.
    M-C.L.