Mois : juin 2012

  • La sortie de crise au Sahel passe par une refondation de la relation franco-algérienne

    Cette analyse reprend l’essentiel des éléments d’une intervention faite à Alger par Richard Labévière le 3 juin 2012 à l’initiative de l’Institut national des études de stratégie globale (INESG). Spécialiste des questions diplomatiques et expert du monde arabo-musulman, Richard Labévière [1] est rédacteur-en-chef du site espritcorsaire.com (Observatoire de la défense et de la sécurité). Cartes Hugues Dumont. Paris le 18 juin 2012.© 
    Les derniers événements survenus dans la région sahélienne s’inscrivent dans l’arc traditionnel des crises méditerranéennes. A titre de rappel, on peut les formaliser à travers cinq dimensions constitutives d’une « zone grise » :
    Premièrement, on finit toujours par revenir aux effets déstructurants du conflit israélo-palestinien dont le dernier avatar concerne les gisements gaziers disputés – dits du « Léviathan » – dans les eaux territoriales libanaises.
    Deuxièmement, nous avons la question de Chypre qui met aux prises Turcs et Grecs depuis 1974 avec sa ligne verte qui coupe l’île en deux, la fameuse « ligne Attila ».
    Troisièmement, la question du Sahara occidental qui n’est pas directement méditerranéen, mais qui bloque, qui empêche, l’émergence d’une Union du Maghreb unifié.
    Quatrièmement, nous avons tous les flux du crime organisé, drogues, armes et êtres humains dont le port de Tanger constitue l’une des principales têtes de pont.
    Enfin, cinquièmement, nous avons tous les produits dérivés des « mal nommées « révolutions arabes », en provenance de Tunisie, d’Égypte, du Yémen et de Libye.
    Cette cinquième menace – service après-vente des dites révolutions arabes – fonctionne désormais comme le catalyseur de toutes les autres. Elle s’impose, en tout cas, comme la contradiction principale d’un espace méditerranéen plus que jamais problématique.
    Le Sahel s’étend entre le Sahara au nord, les savanes du domaine soudanien au sud et d’est en ouest, de l’Atlantique à la mer Rouge
    On assiste à un grand basculement « géographique » qui fait – qu’en termes sécuritaires – la région sahélienne est en train de basculer dans la Méditerranée en devenant la principale de nos préoccupations de proximité.
    Par conséquent, il s’agit de se concentrer sur ce grand chambardement géographique et géopolitique, avant de revenir sur les sorties de crises possibles…
    I) Trois niveaux de menaces
    Il y a d’abord le triptyque criminalités/ rébellions/ et terrorisme sur lequel prospèrent trois géopolitiques morbides et anomiques qui se superposent – celle des États dits « faillis » permettant le développement de différentes formes de crime organisé ; celle des rébellions et des irrédentismes qui contestent les frontières stato-nationales et, enfin, celle du salafisme armé.
    Ces trois géopolitiques prospèrent de manière « interactive ».
    Il y a, ensuite, cette fameuse « coupure libyenne », convergence de deux dynamiques : les mal nommées « révolutions arabes » et la dernière guerre néo-coloniale de Benghazi, trop hâtivement baptisée « guerre humanitaire ».
    Enfin, face à la nouvelle configuration de menaces qui s’est redéployée, notamment à la faveur du coup d’État survenu au Mali, il s’agira d’examiner quelques perspectives de gestion de crise, sinon de ripostes, face à cette « triple géopolitique morbide ».
    A) Des difficultés d’affirmation d’une souveraineté nationale effective : [2]
    Comme le suggère, notamment l’instrumentalisation par les trafiquants ou les salafistes de certains Touaregs et Harratines – ces Noirs arabisés de Mauritanie, d’origine esclave – et d’une jeunesse désœuvrée, les questions de sécurité au Sahel sont indissociables de celles liées à l’ordre social et économique, c’est-à-dire à la gouvernance politique locale.
    La Mauritanie, le Mali et le Niger, en tant que Pays les moins avancés (PMA), ont des difficultés assez semblables à fournir des services de base à une population en rapide croissance et disséminée sur des territoires immenses. Chacun de ces trois États, avec près d’un million de Km2, dont la moitié nord est désertique, pourrait contenir trois fois le territoire de l’Allemagne.
    Or, cette portion septentrionale où opèrent trafiquants, rebelles et terroristes, est précisément celle dont les habitants ont le moins de raisons d’être coopératifs avec leur gouvernement.
    C’est justement ces populations qui ont le plus d’intérêts à tirer profit des opportunités matérielles offertes par les différents concurrents de l’État.
    Parfois, comme au Mali et au Niger, la raison en est le clivage entre sédentaires du Sud et nomades du Nord. Dans la plupart des situations, il s’agit de la mutation de sociétés nomades avec son corollaire d’insatisfaction parmi une jeunesse désœuvrée. Partout, le sentiment de délaissement est palpable, comme le montra de manière anecdotique une levée de drapeaux maliens dans une petite ville des confins mauritaniens en 2007.
  • Sahara occidental : Le Maroc déjugé à nouveau par Ban Ki-moon

    Les fils de Sion ne pourront rien pour le roi
    Après avoir été longtemps chouchouté par certaines démocraties occidentales (C’est le cas notamment de la France et de l’Espagne), le Maroc s’est mis depuis peu à collectionner les camouflets diplomatiques dans le dossier du Sahara occidental. Et le dernier en date lui a été infligé par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.
    Celui-ci ne s’est pas empêché, en effet, d’exprimer ouvertement ses divergences avec le Maroc sur la question. M. Ban Ki-moon n’a ainsi rien trouvé de mieux pour le faire que de réitérer sa confiance à l’américain Christopher Ross, personnalité dont Rabat réclamait justement la tête.
    Ce n’est pas tout. Pour enfoncer le clou, le SG de l’ONU a nommé un allemand à la tête de la Minurso. Et pas n’importe lequel ! Il s’agit du très expérimenté Wolfgang Weisbrod-Weber. Celui-ci remplacera l’Egyptien Hany Abdelaziz dont la mission s’était terminé le 30 avril dernier. Diplomate chevronné, M. Weisbrod-Weber s’était distingué auparavant en dirigeant notamment la mission de l’ONU chargée de l’organisation du référendum qui a donné l’indépendance, en 1999, au Timor oriental. Cette élection historique avait permis de mettre fin à plus de 35 ans d’occupation indonésienne. Le Front Polisario a longtemps plaidé pour une transposition de ce modèle au Sahara.
    La position de M. Ban Ki-moon a été exprimée lors d’un point de presse, vendredi à New-York, par Martin Nesirky, porte-parole du SG des Nations-Unies. Elle a été donnée en réponse à une question sur les critiques du chef de la diplomatie espagnole, José Margallo au travail du médiateur américain. Le jeudi 21 juin à Rabat, José Margallo a estimé qu’« il serait pertinent que l’émissaire spécial sur le dossier (Sahara, ndlr) s’intéresse aux thèmes centraux et non aux thèmes accessoires ».
    Ne partageant nullement cette position, Martin Nesirky a rappelé que «le secrétaire général précise que durant les rounds de négociations informelles, son envoyé a donné diverses opportunités aux parties pour débattre de thèmes centraux mais jusqu’à présent les parties n’ont pas bougé de leurs positions initiales».
    Algérie1, 29/06/2012
  • Selon l’AFP, les algériens sont reconnaissables à leur teint plus clair

    Terrorisme et désinformation 
    La désinformation, voire l’intox fait souvent bon ménage avec le terrorisme, dont elle est souvent même l’une des forces de frappes. Mais là où le bas blesse c’est quand une grande agence d’information se prête à ce jeu malsain et croit voir des «jihadistes algériens» tout frais débarqués hier vendredi à Gao venus en renfort «aux islamistes qui contrôlent la ville après en avoir chassé deux jours plus tôt les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla)». 
    Pour seule source de ce « scoop » repris allégrement et sans le moindre recoupement par des journaux électroniques, la « grande » AFP a recours a viel artifice d’agence de presse et cite de « sources concordantes», pour donner crédibilité et force à son affirmation. Mais là ou la désinformation atteint des sommets c’est lorsque l’agence de presse, porte voie de la France écrit : «Deux témoins ont affirmé avoir vu vendredi à Gao ces jihadistes algériens, reconnaissables à leur peau plus claire que celle des Maliens des communautés arabe ou touareg, et à leur tenue afghane. Ils étaient dans des véhicules pickup quasiment neufs, d’après ces témoins.» 
    Ainsi nous autres algériens serions reconnaissables a notre teint plus clair. Nous sommes des blancs en somme. Mais en quoi un algérien serait-il plus reconnaissable à son teint clair qu’un marocain ou un mauritanien ? C’est dire le peu de sérieux avec lequel l’information en provenance du Sahel et véhiculé par des médias occidentaux autoproclamés «objectifs» et grands professionnels est sciemment orientée. Sciemment orientée contre l’Algérie que l’on veut voir coûte que coûte impliquée militairement dans le bourbier malien. C’est pourquoi il est malheureux et dangereux que des medias nationaux et notamment un site électronique en vogue, a qui il est vrai l’AFP consent des faveurs, se fassent le relais de cette propagande distillée contre Algérie.
    M. B.
    Le Courrier d’Algérie, 39/06/2012
  • États-Unis : l’OIT salue la réforme du système de santé, déclarée constitutionnelle

    29 juin 2012 – Aux États-Unis, la loi réformant le système de santé, qui vient d’être déclarée constitutionnelle par la Cour suprême, peut grandement contribuer à étendre la couverture médicale, dont sont privés environ 30 millions de personnes dans ce pays, a estimé vendredi l’Organisation internationale du Travail (OIT).
    « La nouvelle législation peut certainement aider les personnes qui n’ont pas accès à des soins de santé et va complètement dans le sens des efforts que l’OIT déploie pour universaliser la protection sociale », s’est félicitée le Dr Xenia Scheil-Adlung, Coordinatrice des politiques de santé au sein du Département de la sécurité sociale de l’OIT.
    La décision que vient de prendre la Cour suprême des États-Unis pour valider la loi sur l’assurance-maladie du Président Barack Obama a suscité un débat public passionné dans tout le pays.
    «Les États-Unis étaient à la traine par rapport à beaucoup d’autres pays en matière de couverture de santé de sécurité sociale, surtout en cette période où la crise économique n’a fait qu’accroître les besoins», a rappelé le Dr Scheil-Adlung.
    L’assurance santé – qui est tout l’enjeu de cette nouvelle loi américaine – est le premier pilier de ce que l’OIT définit comme le « socle de protection sociale », c’est-à-dire un ensemble de droits fondamentaux que les États doivent garantir dans le domaine de la protection sociale.
    L’OIT a récemment adopté une nouvelle recommandation internationale sur les socles de protection sociale. Le Dr Scheil-Adlung a par ailleurs estimé que la controverse soulevée par la loi sur le système de santé aux États-Unis est réalité une bonne chose.
    « La nouvelle recommandation de l’OIT établit clairement que les besoins en matière de protection sociale doivent être déterminés au niveau national et doivent être discutés avec l’ensemble des parties concernées, y compris la société civile. Le débat actuel qui se déroule aux États-Unis autour de la protection sociale peut être bénéfique à cet égard », a-t-elle précisé.
  • Sahara occidental : continuite ou changement de la politique francaise ?

    En France comme dans de nombreux pays en Europe et dans le monde, le peuple sahraoui bénéficie d’une solidarité active qui s’exprime sous diverses formes : projets de coopération ; accueil d’enfants sahraouis ; parrainage de prisonniers politiques sahraouis ; envoi d’avocats aux procès des militants sahraouis ; missions civiles d’observation ; interventions et délégations ; manifestations de soutien.
    Mais ce travail militant pour la solidarité avec le peuple sahraoui n’a pas eu d’écho suffisant dans les médias et son impact a été trop faible sur les positions du gouvernement français qui constitue actuellement le principal obstacle à une solution au conflit.
    DE GISCARD A SARKOZY
    Quelques semaines après son entrée en fonction, Nicolas Sarkozy avait déclaré à des journalistes : « Il n’y a pas l’ombre d’une brouille avec le Maroc. Sur le fond, il n’y a pas de changement de la position de la France sur le Sahara ». Effectivement, « même s’il n’a pas été un familier du Royaume comme tant d’autres responsables français », d’après un journal marocain, Nicolas Sarkozy a suivi la voie tracée par son prédécesseur Jacques Chirac. Allié inconditionnel du royaume et de son souverain, « Chirac El Alaoui », surnom donné par le journal espagnol « El Pais », avait fait des relations entre la France et le Maroc une affaire de famille comme l’avait souligné le journaliste Jean-Pierre Tuquoi dans son livre « Majesté, je dois beaucoup à votre père… ».
    De façon plus ou moins avouée, les gouvernements français successifs ont toujours soutenu le Maroc. Dans les déclarations publiques, ils affirmaient leur soutien au droit international et leur respect des résolutions des Nations Unies auxquelles la France ne manquait pas de souscrire comme membre permanent du Conseil de sécurité. Mais, en même temps, les autorités françaises agissaient en sous-main comme porte-parole des positions marocaines. Aux Nations Unies, le dossier du Sahara occidental a toujours été sous-traité par la diplomatie française. C’est elle qui a exigé, dès l’accord de cessez-le-feu en 1991, que la solution au conflit ne soit pas imposée aux deux parties mais soit « mutuellement acceptable ». Cette contrainte a laissé la possibilité au Maroc de bloquer toute solution politique qui ne lui plaisait pas. Et il ne s’en est pas privé !
    Pendant sa présidence, Nicolas Sarkozy a voulu faire légitimer le fait accompli de l’occupation marocaine du Sahara occidental en essayant de mettre le projet marocain d’autonomie au cœur des négociations entre le Maroc et le Front Polisario qui ont démarré en juin 2007 sous l’égide des Nations Unies. Ces négociations n’ont toujours pas abouti car le Maroc a multiplié les manœuvres d’obstruction et refusé le référendum d’autodétermination avec le soutien du gouvernement français dont l’Ambassadeur au Maroc avait déclaré : » Pour nous, la proposition marocaine d’autonomie, sérieuse et crédible, est celle qui doit nous permettre d’aboutir à un règlement de cette affaire ». Avec leur projet d’autonomie, les autorités marocaines veulent s’arroger le droit de décider du sort du Sahara occidental en lieu et place du peuple sahraoui.
    Le gouvernement français a laissé piller en toute impunité les ressources naturelles du Sahara occidental occupé. Il a accepté l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Maroc bien qu’il inclue, en toute illégalité, les eaux territoriales sahraouies. C’est en résistant aux pressions des gouvernements français et espagnol que le Parlement européen a rejeté en décembre 2011 la prolongation de cet accord. Bien qu’il se fût engagé comme candidat à « promouvoir les libertés et les droits de l’homme sur la scène internationale », Nicolas Sarkozy a gardé une vision très sélective des droits de l’Homme. La France était si peu soucieuse de défendre les droits de l’Homme au Sahara occidental que, depuis le déclenchement du soulèvement populaire de mai 2005 et même après le démantèlement du camp de Gdeim Izik le 8 novembre 2010, elle a empêché l’extension du mandat de la mission des Nations Unies (Minurso) à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental. Quelles sont les raisons du soutien inconditionnel des gouvernements français successifs ? De nombreux arguments ont été avancés : empêcher la fragilisation de la monarchie marocaine ; faire barrage à l’influence de l’Algérie dans la région ; maintenir le Maroc dans l’orbite de la France pour contrer l’influence grandissante des Etats-Unis en Afrique … Comme ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy était soucieux de défendre les intérêts commerciaux et financiers des firmes installées au Maroc ou exportatrices. Effectivement, la France est le premier partenaire commercial du Maroc, le premier créancier public et le premier investisseur étranger (industrie, banques, immobilier, tourisme). Une grande partie de l’économie marocaine est sous le contrôle de capitaux français, notamment dans l’hôtellerie, l’automobile (avec l’implantation d’une usine de montage à Tanger), les télécommunications, sans oublier les ventes d’armes.
    D’autres pays comparables, comme par exemple la Tunisie de Ben Ali, ont eu ce même type de relations commerciales avec la France. Mais, avec le Maroc, il y a un plus, comme l’a souligné Jean-Pierre Tuquoi : « La défense des intérêts industriels français n’implique pas forcément le traitement de faveur dont bénéficie le Maroc. Ce dernier doit beaucoup aux compromissions individuelles (…) Le Maroc est le pays où les ministres français se rendent le plus fréquemment (…), le royaume est un lieu de pèlerinage obligé pour les membres du gouvernement français quelle que soit la couleur politique ». Les relations entre la France et le Maroc sont plus qu’une affaire de famille mais il faut reconnaître que ce sont des relations vraiment « singulières ».
    LE CHANGEMENT, CE N’EST PAS ENCORE MAINTENANT
    Après une campagne électorale qui a fait l’impasse sur les enjeux internationaux, François Hollande a été élu Président de la République en mettant en avant le slogan « Le changement, c’est maintenant ». Dans son discours d’investiture, il a déclaré : » La France respectera tous les peuples, elle sera partout fidèle à la vocation qui est la sienne, défendre la liberté des peuples, l’honneur des opprimés ». Le peuple sahraoui, opprimé et colonisé, qui défend sa liberté et sa dignité, attend donc un changement de la politique française concernant la question sahraouie. Au vu de la campagne électorale et des positions du Parti socialiste, dont François Hollande a été longtemps premier secrétaire, on est en droit de s’interroger sur la volonté du nouveau président.
    Changera-t-il de cap ou continuera-t-il la même politique que ses prédécesseurs ? La diversité des points de vue au sein du Parti socialiste laisse la porte ouverte aux deux possibilités. L’Internationale socialiste (dont le Front Polisario est membre observateur depuis juin 2008) réaffirme régulièrement « son soutien au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ». Fidèle à cette position, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale (avant de devenir Premier Ministre), écrivait le 8 juin 2010 à une association de soutien à la cause sahraouie : » Le PS soutient les efforts accomplis par le secrétaire général de l’ONU pour organiser un référendum d’autodétermination (…) Ce différend international concerne l’expression du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
    Malheureusement, on entend trop souvent un autre son de cloche chez d’autres responsables socialistes et pas des moindres. Au cours de sa visite au Maroc en mars 2012, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, a déclaré à la télévision marocaine : « Nous avons toujours appuyé l’initiative marocaine d’autonomie et nous continuerons à le faire si on est au pouvoir .Le Conseil de sécurité devrait travailler sur cette proposition pour résoudre la question du Sahara ».
    Conduisant en avril 2012 une délégation de parlementaires européens dans les territoires occupés, le député socialisteGilles Pargneaux a déclaré à l’agence de presse marocaine Map : »Notre visite est l’occasion pour réaffirmer un avis favorable concernant le statut d’autonomie du Sahara ». Le site slateafrique a publié le 10 février 2012 un article d’Ali Amar sous le titre « Comment le Maroc courtise François Hollande » (Ali Amar est l’auteur avec Jean-Pierre Tuquoi du livre »Paris Marrakech : luxe, pouvoirs et réseaux » ). On y apprend que Manuel Valls, directeur de communication du candidat socialiste avant d’être nommé ministre de l’Intérieur, a été décoré par le roi Mohamed VI du Wissam Alaouite, la légion d’honneur marocaine, « une médaille qui vaut caution pour celui qui la porte à son revers ».
    Avec Pierre Moscovici et Najat Vallaud-Belkacem (qui a été longtemps membre du Conseil des Marocains de l’étranger), Manuel Valls défend les thèses marocaines auprès de François Hollande. Ils ont sans doute servi de relais au roi du Maroc qui a réussi à être reçu par François Hollande le 24 mai à l’Elysée. Le clan pro marocain a gagné une première manche puisque le porte-parole du ministre des affaires étrangères a réaffirmé le 18 mai : « La France réitère son appui au plan d’autonomie marocain, qui est la seule proposition réaliste sur la table des négociations et qui constitue la base sérieuse et crédible d’un solution dans le cadre des Nations Unies ». C’est au mot près la déclaration du porte-parole de l’ancien ministre des Affaires étrangères en date du 25 avril… 
    Renseignements pris, le porte-parole est le même sous Juppé et sous Fabius !
    LE CHANGEMENT PASSERA PAR LA MOBILISATION
    Comme on le voit, les résistances à un changement de politique vis-à-vis du Maroc sont très fortes dans l’équipe de François Hollande. Il est donc nécessaire de poursuivre et renforcer la mobilisation auprès du gouvernement et des élus à tous les niveaux. Avec l’objectif d’obtenir du gouvernement français un engagement ferme pour l’application du droit international avec un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, pour la libération des prisonniers politiques sahraouis et la défense des droits de l’Homme au Sahara occidental qui doit être incluse dans le mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara occidental.
    Les résultats obtenus au Parlement européen avec le rejet en décembre 2011 de la prolongation de l’accord de pêche UE-Maroc et le soutien à l’autodétermination du peuple sahraoui réaffirmé le 18 avril 2012 constituent un encouragement et un point d’appui pour de nouvelles campagnes d’information et de sensibilisation et des actions (délégations, rassemblements…) pour infléchir la position du gouvernement français et briser le silence des principaux médias qui font preuve de bienveillance, pour ne pas dire de complaisance, à l’égard du Maroc.
    Tenant compte de ses liens politiques et commerciaux privilégiés avec le Maroc, la France peut exercer des pressions sur le Maroc pour qu’il respecte ses engagements et accepte le référendum d’autodétermination. Si le gouvernement français continue à empêcher l’application du droit international, il portera la responsabilité de l’utilisation d’autres moyens d’action par le peuple sahraoui comme la reprise de la lutte armée. Le gouvernement français doit s’engager et s’impliquer plus activement dans les instances internationales pour la mise en œuvre du référendum d’autodétermination permettant enfin au peuple sahraoui de décider librement et démocratiquement de son avenir.
    Jean Paul Le Marec 
    juin 2012
    Source : Rouge Midi, 29/06/2012
  • Le roi Mohamed VI, lâché par ses amis occidentaux

    Il semble que le pouvoir marocain fait marche arrière dans sa décision de retirer sa confiance en l’Envoyé Spécial de l’ONU au Sahara Occidental, M. Christopher Ross. C’est la conclusion à tirer de la déclaration du ministre marocain de la communication, Moustapha el Khalfi. 
    Le Maroc insiste sur deux points essentiels: « la nécessité de trouver une solution politique consensuelle à la question du Sahara dans le cadre de l’ONU » et la nécessité pour l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU « de faire preuve de neutralité et d’impartialité », a-t-il dit dans une conférence de presse hier à Rabat. 
    Rabat se trouve loin du discours d’il y a quelques jours, le 13 juin plus précisément. M. Ross « ne réunit plus les conditions nécessaires lui permettant d’assurer le succès des négociations sur le Sahara », avait indiqué Moustapha El Khalfi. « La décision du Maroc de lui retirer sa confiance a été dictée par le devoir de défendre et de préserver sa souveraineté nationale sur ses territoires », a-t-il ajouté. 
    Les Etats-Unis ne dissimulent pas leur état d’âme concernant la décision marocaine de répudier l’Envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental. Un fait reconnu par le ministre des affaires étrangères marocain dans des déclarations relayées par la presse marocaine. 
    La France, malgré la galopade royale du mois de mai dernier, ne s’est pas prononcé contre le diplomate américain. A l’Elysée, la réconciliation avec l’Algérie prédomine dans les discours officiels. Une réconciliation qui n’a aucune chance de se réaliser si Paris maintient ses positions sur le conflit du Sahara Occidental. 
    En Espagne, le Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères espagnol, Gonzalo de Benito, a indiqué mercredi que le gouvernement espagnol « apprécie » le travail accompli par Ross et que les commentaires que le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a fait la semaine dernière au Maroc sur l’émissaire onusien ne doivent pas être interprétés comme une critique de son travail. « Nous ne devons pas prendre les propos du ministre comme une critique de Ross », a-t-il dit en affirmant que le gouvernement espagnol « soutient les efforts » à la fois de Ross et du Secrétaire général Ban Ki-moon. « Ce que nous voulons est une solution pour le Sahara dans le cadre de l’ONU», a souligné De Benito, qui a réitéré la reconnaissance de l’autodétermination du peuple sahraoui. 
    Le Maroc accumule les revers et ne peut plus compter sur ses alliés pour contourner la légalité internationale. Et puis, le Printemps Arabe a fourni la preuve indéniable qu’il ne faut pas trop s’appuyer sur les amis occidentaux pour contourner le droit international ou repousser le choix des peuples. Et l’ONU semble décidée à faire respecter le choix du peuple sahraoui.
  • Dakhla, Sahara occidental ou Maroc saharien ?

    Le conflit du Sahara occidental semble plus que jamais d’actualité lorsque l’on arrive à Dakhla, une des villes des provinces du Sud annexées par le Maroc en 1975. Dynamique et en plein développement, la ville n’a rien des camps de réfugiés de Tindouf.
    «Ici on veut tous être Marocains. Ceux qui ne veulent pas l’être partent pour les camps ». 
    Cette phrase, jetée par Meimouna, accompagnatrice attitrée de la visite de Dakhla habillée du voile sahraoui et chargée de communication, révèle une première vision de la ville de Dakhla, à l’extrême sud du Sahara occidental près de la frontière avec la Mauritanie. Et la question identitaire n’est pas la seule ambiguïté de l’endroit. 
    En approchant de l’aéroport, on peut déjà voir de l’avion les constructions encore naissantes, financées par l’Etat marocain. Dès l’atterrissage, l’accompagnatrice, native de Dakhla, prend en charge l’unique journée prévue pour la visite. Un programme de choc attend : visite du nouveau port de Dakhla, visite du musée Sahraoui et de la médiathèque, visite des serres de tomates cerise, du site de l’océan vagabond, entretien avec le Wali, gouverneur de la ville et même une rencontre avec le tissu associatif local.
    Difficile de caser ne serait-ce qu’une heure de libre dans un programme aussi chargé afin de contacter ceux dont on ne parle pas «les militants revendiquant la libération de ce territoire» ou les membres du POLISARIO. 
    Une voiture mise à disposition attend, l’accompagnatrice est là pour faciliter les visites et les trajets au cours de cette journée. Passée la vue aérienne, Dakhla est une petite ville où alternent les couleurs des bâtiments peints et le gris de ceux encore en construction. 
    Très symétriques, les rues sont le cœur de l’activité nocturne ainsi que la corniche qui borde l’océan Atlantique. Installée dans la péninsule du Rio de Oro, la ville est peuplée d’environ 60 000 habitants Elle a un climat désertique équilibré par le vent et la proximité de l’océan. Les restes de la colonisation espagnole datant du 19ème siècle sont encore visibles dans l’énorme fort militaire à l’entrée de la ville.
    La ville elle, est neuve, portant les traces du développement récent amorcé par le Royaume du Maroc. Et pourtant Dakhla fait partie des territoires du Sahara occidental et non du Maroc au regard du droit international. 
    Entre aide au développement et exploitation directe, le Maroc joue sur une frontière fragile ; Dakhla est devenue ainsi une région économiquement «marocaine», mais pas juridiquement.
    La pêche, principale richesse
    Dimanche matin, le marathon commence, direction : le nouveau port de Dakhla. Fierté locale, le port de pêche de Dakhla a commencé à être construit en 1998. Depuis, deux extensions sont en cours de construction, l’une notamment pour les bateaux pétroliers. Gagné sur la mer, le terre-plein s’étend sur près de 13 ha. Les principales activités du port concernent la pêche pélagique et côtière ainsi que le trafic d’hydrocarbures.
    Le port est un point d’échange central avec l’Amérique du Sud, mais aussi avec les pays africains. La pêche représente près de 40% de la production nationale marocaine. L’activité bat son plein le dimanche 17 juin, alors que les pêcheurs réparent leurs filets, des centaines de bateaux de pêche créent un effet de congestion. A qui profitent les bénéfices générés par cette activité portuaire ? Au Royaume du Maroc et à l’Europe selon un accord de partenariat de pêche (APP) signé en 1987 entre l’Union européenne et le Maroc et fréquemment renouvelé.
    Le problème posé par cet accord concerne l’espace où les navires européens peuvent pêcher. L’appréciation de cet espace est laissée à la libre interprétation du Maroc, or, Dakhla n’appartient pas juridiquement au Maroc, il est seulement sous «contrôle» marocain. Selon un rapport du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies datant du 22 février 2010 (Le pillage des ressources halieutiques au Sahara occidental), le Maroc n’a jamais été reconnu par les Nations Unies comme une puissance administrante du territoire. 
    C’est pourquoi le rapport stipule bien que d’un point de vue légal, le Maroc n’a pas le droit d’exploiter, vendre ou marchander par le biais de l’octroi de licences les ressources de ce territoire.» L’accord de pêche se baserait sur une violation du droit international, car le Maroc a ouvert la possibilité à ces navires européens de pêcher dans les eaux bordant la zone du Sahara occidental sans déclarer sa juridiction sur les eaux. 119 navires européens de 11 pays membres naviguent ainsi sur ces eaux, reste à savoir s’ils vont jusqu’à utiliser le port de Dakhla comme point d’ancrage. 
    Sur place, pas de drapeau européen à l’horizon. Ces accords de pêche sont sans cesse l’objet de négociations lors de leur reconduction et une manière pour le Maroc d’affirmer à chaque fois la légitimité de sa «souveraineté» sur le territoire. La manière dont le peuple sahraoui profite de ces richesses est plus ambigüe. Un des ingénieurs du port de Dakhla déclare que 10 000 habitants travaillent au port sans donner d’autres détails.
    La culture des tomates cerise, monopole français
    Vient ensuite la visite des fameuses serres de tomates cerises qui s’étendent sur 60 hectares, dans la ferme de Tawarta et dont le principal client est aussi le marché européen. Le secteur de l’agriculture est la deuxième richesse de la ville de Dakhla. 
    Les tomates arrivent en France où elles sont redistribuées dans divers pays européens, avec le label «en provenance du Maroc» ou «sud du Maroc». La société française Azura cultive aussi des tomates cerises sur près de 76 ha du territoire. 
    Selon un rapport de l’ONG Western Sahara Ressource Watch, en 2012 un nouvel accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Maroc libéralise encore plus les échanges entre les deux pays, alors qu’un autre accord commercial entre les Etats-Unis et le Maroc exclut clairement la zone du Sahara occidental. Plus encore, le ministère de l’Agriculture et de la pêche marocain a estimé que près d’un million d’hectares étaient exploitables pour l’agriculture. En 2009, près de deux mille hectares étaient exploités ou équipés dans diverses fermes et des projets d’extension sont prévus d’ici 2013.
    La majorité des récoltes seront destinées à l’exportation. La plupart de ces extensions seront faites sur des zones habitées auparavant par des sahraouis qui sont partis pour les camps de Tindiouf lors de la guerre, selon le rapport de l’ONG Western Sahara Ressource Watch. Parmi les 11 domaines exploités pour l’agriculture autour de Dakhla, tous appartiennent au roi Mohamed VI, à des hommes d’affaires marocains ou à des multinationales françaises. Aucun n’appartient à un sahraoui.
    Dans Dakhla, l’impasse du conflit est ainsi visible dans chaque parcelle du développement de la ville : le Maroc considère bien que le territoire lui appartient et agit donc en toute légalité selon ses officiels. Excepté qu’aux yeux des sahraouis, les choses ne sont pas si simples. 
    L’identité sahraouie en question
    A la radio régionale de Dakhla, le directeur nous accueille en costume traditionnel Sahraoui. Même le dimanche, l’équipe travaille. Créée en 2005, la radio couvre des sujets culturels, politiques et religieux, organise des débats entre les notables et les citoyens. Mais quand il s’agit de la question du Sahara occidental, les sujets sont traités d’une certaine manière. 
    Le directeur dit avoir parlé sur l’antenne des récents évènements comme le retrait de confiance à l’envoyé spécial de l’ONU, Christopher Ross mais quand on lui demande s’il est allé demander le point de vue de ceux qui revendiquant l’indépendance, ce dernier déclare, qu’il n’y a pas à sa connaissance de «sahraouis indépendantistes ou séparatistes» à Dakhla. La journée se terminera par une rencontre avec le «tissu associatif de la ville» composé de nombreuses femmes sahraouies très impliquées.
    Association pour les femmes et le développement, association pour l’enfance, etc. Les problèmes dont parlent ces femmes portent sur le manque d’«espaces verts», ou d’infrastructures pour les écoles.
    Tous revendiquent le fait «d’être des Marocains à part entière », aucun acteur des associations militantes pour l’indépendance n’est présent. Une vieille dame témoigne du calvaire qu’elle a du endurer dans les camps de Tindiouf ayant déjà subi la torture dans les prisons espagnoles. Elle déclare être venue se «rallier» à Dakhla n’en pouvant plus des conditions de vie du camp de Tindiouf. 
    Dakhla, la ville où tout le monde se dit «marocain» servirait-elle donc à légitimer l’annexion de ces territoires par le Maroc ? C’est ainsi qu’est présentée l’histoire au petit musée Sahraoui de Dakhla.
    Accompagné d’une médiathèque, le musée commence par les photos des différentes visites du roi Mohamed VI dans les provinces du Sud, puis vient l’histoire en cartes de la colonisation hispano-française. Le saut historique vers le 6 novembre 1975 et le serment de la marche verte organisée par le roi Hassan II semblent être le pivot de l’histoire sahraouie dans ce musée. Les Marocains considèrent cet évènement «pacifique» comme une récupération de leurs territoires historiques contrairement à la Cour internationale de justice. Celle-ci a déclaré, dans un traité du 6 octobre 1975, qu’il existait bien des liens juridiques d’allégeance entre le sultan du Maroc et certaines tribus du Sahara, mais que cela n’était pas suffisant pour établir un lien de souveraineté territoriale entre le Sahara occidental et le Royaume du Maroc.
    Très peu d’allusions au Polisario ou à une autre date historique, celle de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) le 27 février 1976. L’identité culturelle sahraouie, elle, semble être préservée à travers ce musée qui présente le costume traditionnel et son évolution à travers les âges, les techniques de coiffures, la tente bédouine. Mais peu d’éléments sur l’histoire réelle des sahraouis avec par exemple une étude des tribus qui composent le peuple : d’un côté les Ouled Dhims, de l’autre, les Rguibats. Pour Meimouna, c’est la permanence d’une société tribale qui rend impossible l’indépendance «vous savez, même si on avait l’indépendance, ces tribus se battraient chacune de leu côté pour régner. Et je ne suis pas sûre que cela serait souhaitable». 
    Dakhla, eldorado marocain ?
    Pour le wali de la région d’Oued Eddahab Lagouira, Hamid Chabar, le conflit au Sahara occidental est désormais un problème diplomatique, «un conflit idéologique qui l’emporte sur le reste». A Dakhla, son ambition est claire : «faire de la région un pôle de prospérité à la porte de l’Afrique subsaharienne avec un flux d’échanges important» ; il base le dynamisme sur l’énergie éolienne afin de préserver l’écosystème particulier de la région et parle de nombreux projets pour le développement du tourisme. Son avis sur le Sahara Occidental semble partagé par le délégué du ministre des Affaires étrangères à Rabat, Youssef Amrani : «le Maroc attend aujourd’hui les évaluations du secrétariat des Nations Unies et un nouveau médiateur qui puisse nous aider à aller de l’avant.» Pour lui comme pour le gouverneur de Dakhla, c’est le «manque d’implication de l’Algérie» qui empêche le compromis. Quant au plan d’autonomie du Maroc, jugé illégal par un barreau d’avocats à New York (voir encadré) le ministre délégué préfère privilégier l’avis des Nations Unies qui ont jugé le plan «sérieux et crédible».
    Dakhla semble donc bien être une ville «marocaine» aux yeux de tous. Youssef Amrani prend bien soin de préciser que les Marocains n’emploient pas la terminologie Sahara occidental, mais «Maroc Saharien» ou «sud du Maroc» ou encore Sahara».
    Aujourd’hui, en quittant Dakhla, certes bien différente de Tindiouf, une question demeure et génère un malaise, qu’en est-il du peuple sahraoui dans ces consultations internationales ou même dans la manière dont le Maroc gère entièrement la ville ? En arrivant à joindre par mail, quelques sahraouis d’un autre avis que celui présenté lors de la visite à Dakhla, le constat est bien différent. 
    Mohamed El Beikom, un sahraoui, déclare qu’en plus de ne pas pouvoir s’exprimer librement, les revendications d’autodétermination du peuple sahraoui sont sans cesse étouffées. Les cas de violations des Droits de l’homme envers les activistes sahraouis reste encore difficiles à aborder au Maroc. Mais le plus révoltant selon ce sahraoui reste la question du «pillage» des ressources. 
    «Ce n’est pas le peuple sahraoui qui profite de ces richesses, aussi bien au niveau de la pêche, où peu de pêcheurs locaux sont bénéficiaires des ressources engendrées tout comme dans le secteur de l’agriculture.»
    Lui et d’autres sahraouis dénoncent le manque d’emploi pour les locaux. Pour le Wali de la ville, ce manque est plutôt du à un problème de formation pour certains travaux apparus avec l’urbanisation de Dakhla, il déclare «mettre en œuvre un travail de sensibilisation afin de changer les mentalités. Pour certains locaux, les travaux de ferme sont considérés comme dégradants, il faut que nous changions cela.» En attendant, le développement de la ville et l’exploitation des ressources continuent…
    De notre envoyée spéciale à Dakhla Lilia Blaise
    Nous publierons la semaine prochaine un grand reportage sur le Maroc
    Précisions de la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) à propos des médicaments anti-cancéreux
    Dans son numéro 1381 du 14 au 20 juin 2012, la revue “ Réalités” a publié un article intitulé : “médicaments anti-cancéreux : les dessous d’une pénurie” et ce, suite à la conférence de presse ayant eu lieu au siège de la PCT en date du 06/06/2012.
    Le contenu de cet article, nécessite les éclaircissements suivants de la part de la PCT.
    1- En disant «… mais ce qu’elle tait, ce sont les véritables raisons de cette rupture de stock», cela laisse entendre que la PCT a passé sous silence, volontairement ou involontairement, les causes réelles du manque de certains produits anti-cancéreux, alors que la communiqué distribué en séance à tous les journalistes présents, a précisé sans équivoque les causes réelles de ce manque, puisqu’il ne s’agit pas d’une rupture, si non, qu’elles seraient les raisons d’une conférence de presse ?
    2- Le lien établi par l’auteur de l’article entre les laboratoires israéliens “TEVA” et le manque enregistré de ces médicaments n’a aucun fondement.
    A cet effet, la PCT a déjà précisé que son fournisseur habituel a bel est bien fait l’objet d’une acquisition par d’autres laboratoires, mais il ne s’agit pas de “TEVA”. Si c’était le cas, il n’y a aucune raison de ne pas l’annoncer comme auparavant, pour d’autres médicaments.
    Par ailleurs, les laboratoires “TEVA” n’ont jamais fait partie des fournisseurs de la PCT.
    3- Quant à la priorité accordée aux structures hospitalières publiques et à la CNAM (puisqu’il n’y a pas de structures sanitaires ou hospitalières relevant de la CNAM) qualifiée par l’auteur de l’article de “ségrégation de malades” en se posant la question “que va faire le secteur privé pour soigner ses patients”, il est précisé que :
    • Ces médicaments sont classés hospitaliers, et même les structures hospitalières prioritaires, sont celles dotées de services de cancérologie, et qui prennent en charge aussi bien les bénéficiaires des régimes de la gratuité des soins, du ticket modérateur et des assurés sociaux.
    • Les quantités mises à la disposition de la CNAM, sont destinées uniquement aux patients assurés sociaux, qui se soignent aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé, à leur choix. Est-ce qu’il y a lieu d’une ségrégation quelconque ?
    • La priorité n’exclut pas les autres, et cette mesure vise la rationalisation de l’affectation d’un stock limité, et la lutte contre la fuite.
    En outre, il est précisé que la situation s’est rétablie, avec une reconstitution du stock pour le Folinate de Calcium, 5 FU, Carboblatine, Mitoxantrone et l’Aracytine 1g, et qu’en dépit de la perturbation de la production et l’approvisionnement à l’échelle mondiale, il y a lieu d’envisager la fabrication locale des produits stratégiques à forte rotation. 
    Réalités.tn, 28/06/2012
  • Los islamistas marroquies, fusible actual de Palacio

    Los islamistas marroquíes del Partido Justicia y Desarrollo (PJD) no tardaron en descubrir que su acceso al gobierno no fue un regalo. La situación económica del país es preocupante, debilitado por su fuerte dependencia de la zona euro. Aunque sea injusto, estas dificultades, que se añaden al legado de los gobiernos precedentes, van a ser facturadas a su gestión. En el campo diplomático también. Van a tener que afrontar las consecuencias de la imprudente decisión de declarar « personna non grata » al Enviado Especial del Secretario General de la ONU para el Sáhara Occidental, Sr.Christopher Ross. 
    Es evidente que esta decisión fue tomada en Palacio y no fue tomada por el gobierno en solitario. Pero la función de este último es la de servir como fusible. Debido a que Marruecos parece haber confiado demasiado en sus prejuicios sobre la capacidad de sus amigos occidentales a pasarle la píldora al Secretario General, Ban Ki-moon. La reacción de este último fue tajante después de una declaración del ministro español de AE, Manual García-Margallo, estimando que « sería conveniente que el enviado especial se centrara en temas centrales y no a temas accesorios ». A través de su portavoz, reiteró « la confianza y el apoyo total a su enviado personal para el Sahara Occidental ». Y, respondiendo directamente al jefe de la diplomacia española, señaló que « durante las rondas de negociaciones informales, (Christopher Ross) dio varias oportunidades a las partes para discutir los temas centrales, pero hasta ahora las partes no se han movido de su posiciones iniciales. » 
    Esta reafirmación de confianza fue seguida por la designación del alemán Wolfgang Weisbrod-Weber a la cabeza de la MINURSO. Lo cual constituye, según la prensa marroquí, otro motivo de preocupación, ya que este hombre tiene en su mérito el hecho de haber llevado con éxito, en septiembre de 1999, al referéndum sobre la autodeterminación del Timor Oriental que concluyó con la independencia. El ministro marroquí de Exteriores, Saad Eddin El-Othmani intentó una « aperturza » al afirmar que la decisión de retirar la confianza al enviado personal del Secretario General de las Naciones Unidas para el Sahara, Christopher Ross, « no significa que Marruecos se retira de las negociaciones ». Rabat « se adhiere a las resoluciones de la ONU y sigue coordinando estrechamente con el Secretario General de la ONU, los miembros permanentes del Consejo de Seguridad y amigos de Marruecos en la comunidad internacional », dijo. Salvo que el Secretario General de las Naciones Unidas está claramente decidido a mantener su apoyo a Christopher Ross, y si hay negociaciones, deberán realizarse bajo su supervisión. 
    Marruecos se ha puesto claramente en apuros. Algunas fuerzas políticas en Marruecos ya se han preparado para achacar esta situación de callejón sin salida y de conflicto potencial con el Secretario General de las Naciones Unidas al gobierno islamista. Es el caso de Mohamed El-Yazghi, ex ministro y ex secretario general de la USFP, que había criticado una decisión precipitada que podría transformar « el conflicto con Christopher Ross en una crisis con el Secretario General de la ONU, incluso con el Consejo de Seguridad ». La realidad es que el gobierno marroquí, bajo la dirección del Palacio, que es quien decide la política exterior y del asunto del Sáhara, estableció un paralelismo erróneo con el caso Van Walsum. El Frente Polisario ha retirado su confianza en Van Walsum, pero solo después de que este ultimo haya adoptado una posición flagrante contra el principio de autodeterminación. Christopher Ross no está en el mismo caso. Se apega a las decisiones de las Naciones Unidas que, sin excluir la opción autonomica de Marruecos, nunca ha renunciado a la autodeterminación. 
    El caso Van Walsum no era defendible. No es el caso de Christopher Ross, quien, en definitiva, solo se le reprocha que se interesa por los derechos humanos en el Sáhara Occidental. Lo cual constituye una de las misiones fundamentales de la ONU, sea en el Sahara o en otra parte del mundo. Ross se convirtió en un hueso para Marruecos. El PJD debera soportar el revés en lugar del Palacio. 
    Le quotidien d’Oran, 28/06/2012
  • La résistance malgré le chantage

    Lundi, 25 juin 2012, dans le quartier près de Errhaiba à El Aaiun au Sahara Occidental, La famille sahraouie El Mousaoui a organisé une manifestation pour dénoncer la suspension arbitraire par les autorités d’occupationmarocaines des salaires du père de la mère et des 5 fils de la famille. Ils travaillent à la promotion nationale pour un salaire mensuel de 1800 dh chacun (soit environ 160 euros). 
    Avant la suppression du salaire, du harcèlement avait commencé quand Daida El Mousaoui le père de la famille et ses deux fils sont revenus dans les territoires occupés après leurs participations au 13ème congrès du Front Polisario. Se sont donc 4 foyers sahraouis qui se retrouvent sans moyens de subsistance, la maison du père de famille et celles de 3 de ses fils. Plus de 40 personnes ont manifesté leur solidarité avec la famille, contre l’injustice de ce moyen de pression des autorités coloniales sur les Saharaouis.
    La promotion nationale est une indemnité de subsistance attribuée sur le budget du ministère de la défense. Le budget est géré par un Wali, un délégué de la promotion nationale et un colonel. Les décisions d’attribution sont prises en coordination avec la Wali au ministère de l’intérieur à Rabat. 
    Cette somme est versée sans contrepartie ou en échange de travaux dans les branches de la construction, destravaux publics et des services de nettoyage. L’indemnité est d’un montant variable mais sans barème officiel. Certains bénéficiaires touchent une demi-promotion, d’autres jusque 2000 euros sans raison. 
    L’octroi de cette indemnité peut être coupé du jour au lendemain et sans préavis par les autorités marocaines. Cela constitue un moyen de chantage ou de pression et permet au Royaume d’obliger certains sahraouis à aller acclamer le roi lors de sa venue, ou de participer aux mascarades propagandistes organisées au Sahara pour l’opinion publique, les autorités ou les médias internationaux.
    Ce même jour, d’autres Saharaouis ont organisé une manifestation dans le quartier Erraha pour revendiquer l’autodétermination et l’Indépendance du Sahara Occidental.
    Des affrontements ont éclaté entre la quarantaine de manifestants et les forces d’occupations, qui ont finalement réussi à disperser la manifestation.
    Sans lien avec les événements de la journée, la police a pris d’assaut un coiffeur Saharaoui, Sid Ahmed Biza, du quartier Eraaha. Les policiers ont arrêté et battu Sid Ahmed Biza avant de le libérer.
    EM, El Aaiún, Sahara Occidental occupé
    Le 28 juin 2012
    WSHRW, 28/06/2012
  • Mise au point du MNLA sur la situation à Gao

    Par Khidr Omar 

    Algérie1 vient de recevoir du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) une mise au point sous forme de communiqué dans lequel ce mouvement touareg essaie de rétablir les faits en rendant compte de la situation réelle sur le terrain et particulièrement à Gao, principale ville du nord Mali.
    Mise au point sur la situation à Gao
    Aujourd’hui, l’AFP, repris en boucle par un certain nombre de médias occidentaux, maliens et algériens, annonçait que le « MUJAO avait occupé le QG du MNLA ». Ils annonçaient que le MNLA avait subi une sérieuse défaite face au Mujao et que les combattants du MNLA « ont fui, d’autres ont été tués, d’autres arrêtés ».
    Il convient de préciser que: Le QG du CTEA était occupé par des civils et non des militaires, le QG militaire du MNLA se trouve au camp militaire 1 et non au siège du gouvernorat. Les victimes ne se comptent pas uniquement dans les rangs du MNLA mais nous nous abstiendrons de faire des décomptes macabres. L’avenir proche rétablira les faits.
    Les islamistes du Mujao (photo) ont reçu le renfort de plusieurs unités de l’AQMI dont l’un des chefs a été abattu aujourd’hui par les combattants du MNLA. Nous confirmerons ultérieurement l’identité du terroriste abattu. Les combattants du MNLA qui avaient la charge de protéger le QG ont tenté d’éviter au maximum l’usage des armes lourdes en raison de la localisation en plein centre ville du QG.
    Les combattants du MNLA arrivés du camp militaire 1, zone aéroportuaire ont tenté de déplacer les combats à l’extérieur de la ville mais les djihadistes du Mujao ont ouvert le feu dans les rues, exposant ainsi les populations et poussant le MNLA à se replier dans le camp militaire toujours occupé par les combattants du MNLA, contrairement aux affirmations de l’AFP qui annonçait « la fuite des combattants du MNLA ».
    Par ailleurs, il y a également lieu de préciser que les forces en présence dans l’Azawad ne se limitent pas à la seule présence physique des groupes armés, il y a aussi et surtout tout le soutien logistique, financier et médiatique de certaines puissances étrangères qui appuient sans réserve les groupes islamistes opérant dans notre territoire tout en dénigrant outrageusement le seul mouvement démocratique du pays.
    Où est cette communauté internationale qui n’a eu de cesse d’exiger du MNLA qu’il « précise » sa position vis-à-vis de l’islamisme et pour certain de « mener le combat contre les islamistes » ? Quel soutien apporte-t-elle au MNLA dans cette nouvelle guerre que nous sommes en train de mener contre les narco-terroristes du Mujao? Où est la presse internationale censée promouvoir la liberté et la démocratie ? Où sont donc tous les donneurs de leçons ?
    Avec ou sans l’aide de la communauté internationale, le MNLA combattra jusqu’au bout les ennemis de l’Azawad et n’abandonnera jamais le combat qu’il a entrepris de mener pour la liberté du peuple de l’Azawad.
    En ce moment, une partie des unités du MNLA, stationnées aux frontières de l’Azawad, reviennent à l’intérieur du territoire pour achever de débarrasser la ville de Gao des groupes islamistes du Mujao qui terrorisent la population.
    C’est une nouvelle phase de cette guerre que les ennemis de notre peuple nous imposent. Nous l’affronterons avec courage et détermination et nous appelons l’ensemble des peuples frères et amis à nous soutenir massivement par tous les moyens dont ils disposent.
    Gloire à nos martyrs d’hier et d’aujourd’hui Vive l’Azawad libre et démocratique –
    Mossa Ag Attaher, Chargé de communication, Mouvement National de Libération de l’Azawad
    Algérie1, 28/06/2012