Mois : janvier 2012

  • Melilla veut que le Maroc « cesse de réclamer ce qui ne lui appartient pas »

    Tanger.- Le gouvernement local de Melilla, dirigé par le Parti populaire (PP), considère que le Maroc doit cesser une bonne fois pour toutes ses « approches annexionnistes » en ce qui concerne Sebta et Melilla, deux villes, dit-il, qui « n’appartiennent pas à ce pays« , le Maroc.
    C’est le porte-parole de l’exécutif local, Daniel Conesa, qui l’a déclaré hier après avoir entendu le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, manifester que « l’avenir fera justice au Maroc » ce qui concerne le Sahara et les terres occupées de Sebta et Melilla.
    « Il faudrait bien qu’un jour le Maroc abandonne cette position parce qu’il sait bien qu’elle ne mène nul part« , a argumenté le porte-parole du gouvernement de Melilla. Selon lui, le gouvernement marocain connait « parfaitement » la position du gouvernement espagnol à ce sujet.
    Maintenant que Mariano Rajoy, qui est le patron de l’exécutif espagnol et du PP, est devenu notre ami, il faudrait lui demander de fermer le bec au gouvernement de Melilla.
    Abdellatif Gueznaya
    Demain, 2/1/2012
  • El Othmani remet à Clinton un compte-rendu sur sa visite à Alger

    • La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a eu un entretien téléphonique avec son homologue marocain,Saad Eddine Othmani,au lendemain de la visite de ce dernier en Algérie, a-t-on appris aujourd’hui auprès de source officielle.
    • « Un entretien téléphonique entre Mme Clinton et M. Othmani a bien eu lieu avant-hier. Cette dernière l’a félicité après sa visite en Algérie », a déclaré le ministre marocain de la Communication, Mustapha Khelfi. M. Othmani a effectué en début de semaine une visite en Algérie, la première d’un chef de la diplomatie marocaine à Alger depuis 2003,pour ouvrir un nouveau chapitre des difficiles relations entre les deux pays. Un haut responsable du ministère marocain des Affaires étrangères a par ailleurs indiqué à l’AFP qu’au cours de cet entretien Clinton avait déclaré à son homologue marocain qu’elle comptait visiter le royaume dans les prochains mois. « L’entretien a porté surtout sur les relations entre les deux voisins. Les Américains tiennent apparemment au renforcement de ces relations », a précisé le responsable marocain.
    • Au cours de sa visite, M. Othmani a également appelé à la relance de l’Union du Maghreb arabe UMA -Algérie-Maroc-Tunisie-Libye-Mauritanie, créée en 1989 mais en panne depuis 1994, et qui doit se réunir vers le 17 février à Rabat.

    Ennahar, 28/1/2012
  • Ouverture frontières Maroc-Algérie : En mai le sésame ?

    La réouverture de la frontière algéro-marocaine fermée depuis 1994 devrait intervenir en mai prochain, nous annonce-t-on au lendemain de la visite du ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Saâd-Eddine El Othmani.

    Le gouvernement de la RADP «a entamé les préparatifs techniques en vue d’une réouverture prochaine de la frontière terrestre avec le Maroc», nous dit TSA citant des sources concordantes. Pour cette fois, M. Amar Belani s’est refusé à tout commentaire sur le sujet. Dire qu’il n’en est rien c’est offrir du grain à moudre aux amis qui veulent notre bien. Dire le contraire c’est… trop sur l’Algérie. Donc il valait mieux faire la carpe : «El foum el mezmoum ma teddoukhlou dhebbana», dit-on. Et puis cela doublerait probablement la satisfaction algéro-marocaine si la réouverture se faisait par exemple la veille d’un 13 mai, au lendemain de la compétition des législatives chez nous. Cela compensera la blague qu’on compte faire en toute sportivité aux cyclistes marocains puisque TSA nous dit qu’on maintiendra fermée la frontière alors que sa réouverture était prévue pour le temps de la compétition cycliste. Un geste amical sur lequel personne ne trouvera à redire. Donc le 1er avril on n’ouvrira pas la frontière à des sportifs comme annoncé mais on compte le faire plus tard sans que cela, soit annoncé. N’est-ce pas désorientant ? Pour argumenter leurs affirmations sur une soi-disant ouverture de la frontière en mai, les «sources concordantes» de TSA font état de préparatifs de la DGSN à cet effet. Mais n’est-il pas plus plausible de penser tout simplement que les préparatifs concernent le passage des cyclistes plutôt qu’une réouverture durable de la frontière, acte dont les ministres des deux pays se disputeraient la primeur de l’annonce ? La malheureuse question de la frontière n’est-elle pas assez sensible, assez importante pour les deux peuples pour qu’on prenne le risque d’en rajouter gratuitement aux illusions algéro-marocaines ? En Algérie comme au Maroc, personne ne veut se précipiter et tous veulent avancer à pas sûrs. Pourquoi emballer le moteur ?

    Mohamed Zaaf
    mohamed_zaaf@yahoo.fr

    Le Jeune Indépendant, 28/1/2012

  • Boko Haram, Aqmi et les armes libyennes : Les craintes de l’Onu

    La guerre civile en Libye aurait permis à des groupes armés africains tels que Boko Haram et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d’accéder à de vastes caches d’armes, selon un rapport de l’Onu publié jeudi.
    Selon ce document, qui analyse l’impact de la guerre civile en Libye sur les pays du Sahel, les autorités de certains pays estiment que la secte islamiste Boko Haram, responsable de la mort de 500 personnes en 2011 et de plus de 250 autres cette année au Nigeria, entretient des liens de plus en plus étroits avec Aqmi. Le Conseil de sécurité de l’Onu discutera jeudi soir du rapport rédigé par une équipe d’évaluation de l’Onu, après enquête auprès des responsables des différents pays. « Les gouvernements des Etats visités estiment que malgré les efforts mis en œuvre pour contrôler leurs frontières, de vastes quantités d’armes et de munitions issues des stocks libyens parviennent à entrer illégalement au Sahel », écrivent les auteurs.
    « Certaines de ces armes pourraient être cachées dans le désert et vendues à des groupes terroristes comme Al Qaïda au Maghreb islamique, Boko Haram ou d’autres organisations criminelles. »

    Boko Haram s’étend hors du Nigeria

    Les armes évoquées par le rapport sont des « lance-grenades, des mitrailleuses avec visée anti-aérienne, des fusils automatiques, des munitions, des grenades, des explosifs, ainsi que de l’artillerie légère anti-aérienne montée sur véhicule ». Certains pays estiment que ces armes ont été livrées clandestinement par d’anciens combattants de Libye, soldats de l’armée et mercenaires à la solde de Mouammar Kadhafi.
    « Le Nigeria n’est pas le seul pays à s’inquiéter des activités de Boko Haram sur son territoire. Des responsables du Niger ont également affirmé à l’équipe onusienne que Boko Haram avait apparemment des liens avec Al Qaïda, qu’elle « répandait déjà ses idées et sa propagande et avait réussi dans certains cas à obtenir la fermeture d’écoles publiques ». « Même si Boko Haram a concentré ses attaques terroristes sur le Nigeria, sept de ses membres ont été arrêtés alors qu’ils se déplaçaient entre le Niger et le Mali en possession de manuels sur la fabrication d’explosifs, de brochures de propagande, ainsi que de contacts de membres d’Aqmi qu’ils devaient prétendument rencontrer », affirme le rapport.

    Nigeria : Un Allemand kidnappé près de Kano

    Un ingénieur allemand a été enlevé près de Kano, deuxième ville du Nigeria à nouveau secouée jeudi par une explosion, moins d’une semaine après une série d’attaques revendiquée par un groupe islamiste qui ont fait 185 morts. Des ravisseurs en voiture ont enlevé dans la matinée Edgar Raupach, ingénieur travaillant pour la société de construction nigériane Dantata et Sawoe, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police, Magaji Majia.
    « Ils l’ont menotté et mis dans le coffre avant de filer à grande vitesse », a-t-il poursuivi. Les ravisseurs, dont il a dit ignorer l’identité, n’ont pas contacté la police, a ajouté le porte-parole. Un responsable de l’ambassade d’Allemagne au Nigeria a déclaré que son équipe était en train de vérifier les déclarations de la police. « Le ministrère des Affaires étrangères et l’ambassade d’Allemagne travaillent très dur » sur cette affaire, a déclaré ce responsable sous couvert d’anonymat.
     
    Agences
  • 3Le Maroc ne veut pas de solution mais fait l’objet de pressions étrangères » (Abdelaziz Rahabi)

    Quels sont les facteurs qui ont poussé à un rapprochement entre l’Algérie et le Maroc ?

    Il y a au moins trois facteurs principaux, premièrement les changements dans la région, sur le plan diplomatique l’Algérie a noté une sorte de déséquilibre régional après la chute des régimes tunisiens et libyens, donc après des frontières fermés avec le Maroc il y a une menace frontalière avec la Libye. Du pont de vue géostratégique l’Algérie est dans une situation peu enviable qu’elle n’a pas vécue depuis l’indépendance, quant au deuxième facteur c’est le changement de gouvernement au Maroc et l’arrivée des islamistes au pouvoir, et la visite d’El Othmani en Algérie est intervenue à leur demande ce qui pourrait ouvrir une nouvelle page dans les relations. Le troisième facteur est les pressions permanentes de la France et des Etats-Unis sur l’Algérie pour un rapprochement avec le Maroc.

    Il était clair dans la visite de Saad-Eddine El Othmani en Algérie l’existence d’un discours mesuré des deux parties, pourquoi ?

    Du coté de l’Algérie il y a une nouvelle approche qui consiste à proposer une solution globale contre une normalisation complète, une solution globale est ce qui fait que les choses sont mesurées, parce que pour l’Algérie cela concerne plusieurs sujets, que le Maroc reconnaisse officiellement les frontières algéro-marocaines parce que l’Algérie à ratifie la convention de 1972 ce que le Maroc n’a à ce jour pas fait, et le dossier d’indemnisation des algériens dont les terres ont été nationalisées par les autorités marocaines en violation d’une convention bilatérales entre les deux pays qui stipule que les des ressortissants algériens en cas de nationalisation sont traités comme les marocains. Je ne vois personnellement aucune volonté chez les marocains de parvenir à une solution, notamment le dossier du Sahara occidental mais il se base sur des pressions françaises et américaines et cela en définitive ne le servira pas en raison de la sensibilité de l’Algérie sur la notion de « souveraineté », et il est connu que la France et les Etats-Unis font pression sur pour une normalisation avec le Maroc lors de tous les rencontres, et le poids de cette pression donne l’impression qu’ils ne sont pas impartiaux.

    Mais les marocains disent le contraire et prétendent que c’est l’Algérie qui ne veut pas de solution ?

    Le problème est que les responsables au Maroc ne communiquent pas aux médias occidentaux et aux partenaires les vraies visions de leurs pays, les élites politiques et économiques au Maroc sont des élites pragmatiques qui cherchent une intégration avec l’occident et un commerce avec l’Algérie, quant aux élites algériennes leur discours est philosophique, historiques et sentimental passé, c’est pour cela que je m’attends toujours à une normalisation lente parce que je ne crois pas aux solutions superficielles en diplomatie, ce qui signifie que tant que les dossiers de discordes fondamentaux continueront les relations resteront instables.

    El Khabar, 27/1/2012

  • Les répercussions du conflit Saharien sur les relations bilatérales sont plus graves que ce qu’imaginent les occidentaux

    Le ministre délégué chargée des affaires maghrébines, M. Abdelkader Messahel, a écarté le fiat que les relations algéro-marocaines soient soumises à des pressions occidentales, à la lumière du rapprochement entre les deux pays. Il a qualifié la volonté de normalisation des relations avec Rabat, et la relance de l’Union Maghrébine, de « question souveraine ». Toutefois, cette déclaration ne peut pas écarter la volonté des occidentaux de parvenir à un rapprochement entre les deux pays.

    Dans ce cadre, il est utile de rappeler la visite du ministre Allemand des affaires étrangères, à Rabat, le mois de mai dernier, où il appelé Alger et Rabat à éviter que les conflits du passé puisse faire obstacle à l’avenir du Maghreb Arabe. Le ministre Allemand des Affaires étrangères a, alors, déclaré que pour Berlin, la plus grande puissance économique en Europe, la réouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc est une question cruciale et basée sur un intérêt économique, considérant l’Algérie et le Maroc un marché représentant plus de 70 millions de consommateurs.

    Contrairement aux Allemands, les français exercent une pression permanente, depuis deux ans, pour parvenir à un rapprochement entre les deux plus grands pays de la région, selon des considérations politiques. La priorité des Français, c’est de régler le conflit du Sahara Occidental, puisqu’ils pensent que le règlement de ce dossier conduira à l’éclosion des relations bilatérales et dégèlera le projet du Maghreb Arabe. Les français come les Marocains, pensent que la vision de l’Algérie de la réouverture des frontières est « mineure ». De leur côté, les européens, à leur tête, les Français, exercent une pression sur les deux pays pour réaliser un projet d’union Maghrébine, qui servira de bloc politique et économique dans la rive sud de la Méditerranée. A l’instar des tentatives de 2010, à travers l’Union pour la Méditerranée, auquel l’instigateur du projet, M. Nicolas Sarkozy, a voulu associer l’Union Maghrébine.

    El Khabar, 2/1/2012

  • UA: un sommet marqué par «l’humiliation» de la crise libyenne

    par Kharroubi Habib 

    Le dossier libyen sera pour deux raisons au menu des travaux du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui débutent à Addis-Abeba. Dans un premier temps, les participants vont devoir tirer les leçons de « l’humiliation » – le mot est du président en exercice de la commission de l’UA, Jean Ping – infligée à l’Union africaine par les grandes puissances sous la forme du rejet du plan de paix qu’elle a proposé en guise de résolution de cette crise libyenne. En deuxième lieu, pour tenter de trouver des réponses aux questions sécuritaires qui se posent à une bonne partie du continent après le pillage des arsenaux du Colonel Kadhafi et la dissémination des armes de guerre dans tous les pays voisins ou pas de la Libye.

    Sur le problème de la crise libyenne et des avanies essuyées par l’UA dans sa tentative avortée de jouer le rôle de médiatrice entre les protagonistes, de chaudes empoignades sont à prévoir à Addis-Abeba. L’humiliation de l’Union africaine a été facilitée parce que, si officiellement son plan de paix avait l’appui de tous ses pays membres, certains d’entre eux l’ont rendu caduc en donnant leur caution à la solution mise en œuvre dans les conditions discutables que l’on sait par ces grandes puissances. Il va falloir que les chefs d’Etat et de gouvernement africains conviennent d’en finir avec le double langage qui caractérise la voix du continent et donc que certains d’entre eux cessent de contredire les positions officielles de l’Union adoptées avec leur accord, en défendant celles émanant de puissances extra continentales. Ce double langage auquel certains Etats africains se livrent s’est vérifié dans d’autres crises ou affaires concernant le continent.

    Il en est de même, par exemple, concernant le conflit sahraoui. Dans celui-ci, officiellement, l’Union africaine reconnaît sans ambiguïté la légitimité de l’Etat sahraoui, représenté par le Polisario, et lui accorde le statut de membre de l’Union. Dans les faits, si le Maroc – qui a pour cette raison quitté l’OUA, ancêtre de l’UA – s’obstine à nier l’existence de cet Etat sahraoui et continue l’occupation de son territoire, c’est en partie parce qu’il bénéficie de la complicité diplomatique d’Etats africains qui appuient sa thèse annexionniste dans les forums et arènes internationaux. Il est temps par conséquent que les Etats africains rompent avec la pratique du double langage, s’ils veulent que leur Union soit prise au sérieux sur la scène internationale et que ses plans et initiatives n’aient pas à subir le discrédit de n’être pas expressifs d’une volonté africaine commune.

    C’est dans ce contexte international et continental – qui a valu à l’Union africaine l’humiliation de se voir signifier son inconsistance et sa faiblesse à s’imposer en tant qu’acteur agissant dans les conflits dont le continent africain est le théâtre -, que le sommet de ses chefs d’Etat et de gouvernement va devoir procéder à l’élection du nouveau président de sa commission exécutive, à choisir entre le sortant Jean Ping, qui brique sa propre succession, et sa compétitrice, la Sud-Africaine Nkhozazana Dlamini Zuma, représentante d’un pays qui a fait feu de tout bois pour faire accepter à la communauté internationale le plan de paix pour la Libye de l’Union africaine.

    A tort où a raison, Jean Ping essuye le reproche formulé contre lui par certains Etats membres d’avoir une part de responsabilité dans « l’affront et l’humiliation » subis par l’Union dans la crise libyenne. C’est dire que sa reconduction va faire débat au sommet, ce qui fait présager aux observateurs que le vote sera en l’occurrence très serré.

    Concernant la position qu’exprimera sur ce sujet l’Algérie, que représente au sommet son Premier ministre, il semble qu’elle sera celle du soutien à Jean Ping pour s’assurer la reconduction de son représentant, Ramtane Lamamra, au poste stratégique de Commissaire à la paix et à la sécurité.

    Le Quotidien d’Oran, 28/1/2012

  • Algerie Maroc: Le droit de savoir

    La normalisation des relations entre l’Algérie et le Maroc est tributaire du courage de se dire toutes les vérités, y compris celles tues pour des raisons d’Etat : c’est le prix pour ce Maghreb fantasmé, uni, durable et fraternel.
    La question de la «normalisation» des relations entre l’Algérie et le Maroc est revenue à la «une» de l’actualité avec la visite du ministre des Affaires étrangères marocain à Alger et, comme à l’habitude, a été habillée par un discours politique cauteleux, mielleux, tartuffard, qu’une bonne partie des médias nationaux des deux pays reprennent parfois en l’amplifiant, alors que quelques jours auparavant, des déclarations officielles et officieuses incendiaires, agressives, voire haineuses des officiels, reprises par ces mêmes médias, fusaient des deux côtés de la frontière. C’en est ainsi depuis plus de 30 ans et même avant la crise du Sahara de 1975 (la «guerre des sables» de 1963, par exemple).
    Alors, en quoi la dernière visite du ministre marocain à Alger peut-elle «réchauffer» la coopération entre les deux pays, sachant pertinemment que les divergences sont si tranchées qu’il est presque illusoire d’espérer retrouver, du moins dans les court et moyen termes, cette «fraternité» si voulue et rêvée par les peuples des deux pays ? Ne tournons pas autour du pot et examinons le pourquoi de cette crispation des relations entre les deux pays.
    Paradoxalement, la question de l’avenir du Sahara Occidental, prétextée comme principal obstacle à une coopération tous azimuts entre les deux pays, ne peut nullement justifier toute l’envergure de la crise. D’abord parce qu’elle est prise en charge par la diplomatie internationale, notamment par l’Onu, et que des résolutions, tant de l’AG que du Conseil de sécurité, accompagnent la négociation entre les deux parties concernées que sont le Polisario et le Maroc. L’Algérie comme la Mauritanie sont, de par leur proximité du conflit, admises comme simples membres observateurs. A titre de comparaison, même l’Europe vit ce genre de «conflit» avec les différends frontaliers entre Chypre et la Turquie ou la Grèce et la Macédoine, sans parler des Balkans, et cela n’empêche pas pour autant la construction européenne. Evidemment, l’Algérie s’en tient à la lettre aux principes contenus dans le droit international et qu’elle a, par ailleurs, appliqué pour décider de son propre avenir lors de sa lutte de libération conte la colonisation française : le référendum populaire du 3 juillet 1962. Cela, le Maroc le sait.
    La réalité est que d’autres divergences, litiges et contentieux opposent les deux pays. C’est le sens qu’il faut donner à la revendication algérienne de proposer la «négociation du contentieux dans sa globalité», c’est-à-dire l’ensemble des différends qui empêchent une vraie et sincère coopération depuis que l’Algérie est indépendante. A commencer par celui du tracé des frontières. Faut-il rappeler que le Maroc est le seul pays frontalier de l’Algérie (sur les sept) qui conteste encore le tracé des frontières communes, malgré leur garantie par le droit international et les Accords d’Ifrane de 1969 et de Tlemcen de 1970 ? La «guerre des sables» de 1963 n’a pas suffi à calmer les ardeurs expansionnistes du voisin marocain. Et puis, l’autre problème dont il faut avoir le courage de parler, celui des citoyens expulsés des deux côtés de la frontière lors de la crise du Sahara Occidental en 1975. Pour le Palais royal, c’est l’Algérie qui a commencé les expulsions des Marocains d’Algérie en décembre 1975. Pourtant, c’est bien le pouvoir marocain de Hassan II qui inaugura cet épisode tragique pour les citoyens des deux pays. Oui, Hassan II avait lancé sa «marche verte» en novembre, soit un mois auparavant, pour occuper le Sahara Occidental et, dans la foulée, des milliers d’Algériens établis au Maroc ont été chassés au cours de ce même mois de novembre 1975 du Maroc. Le pouvoir algérien de l’époque a répliqué en chassant, à son tour, les Marocains établis en Algérie. Faut-il ergoter sur cette tragédie et qui a commencé ? L’honnêteté voudrait que l’on admette que ce fut une erreur historique commise par les deux pouvoirs d’alors et dont les victimes on été des civils des deux pays.
    Le courage politique voudrait qu’aujourd’hui les deux pays regardent en face ce problème et en discutent sans haine ou esprit de vengeance afin que les dizaines de milliers de victimes algériennes et marocaines soient, à défaut de récupérer leurs biens, rétablies dans leur dignité, soit par la voie de la compensation, soit par leur reconnaissance symbolique en tant que victimes par les deux pouvoirs d’alors.
    Et puis, il y a la question de la réouverture des frontières terrestres. Que faire ? Parce qu’elles ne peuvent être maintenues indéfiniment fermées, il est impératif de trouver une «sortie» qui satisfasse les deux pays en ces temps de construction de grands ensembles régionaux. Bien sûr, on connaît la genèse de ce chapitre : la réaction «pavlovienne» de Hassan II attribuant l’attentat terroriste de Marrakech d’août 1994 aux services secrets algériens et sa décision d’instaurer le visa pour les Algériens en visite au Maroc, enfreignant les Accord de Zéralda de juin 1988 et leur ratification à Marrakech en février 1989. L’Algérie avait alors décidé, en réponse, de fermer sa frontière terrestre pour cerner le trafic d’armes et de drogue qui alimentait les groupes terroristes, dont certains utilisaient le Maroc comme terre de repli. Là, faut bien que le Palais royal explique comment des terroristes activant en Algérie peuvent «se griller» en commettant des attentats sur leur base de repli. De quelque angle que l’on prenne les différends entre les deux pays, il nous revient à la face une véritable orchestration politique qui manipule et prend en otage les deux peuples, pourtant si proches. Il est significatif de constater le «mur» qui oppose, de part et d’autre de la frontière, la société civile, y compris les organisations de défense des droits de l’homme, d’intellectuels et d’hommes de culture, alors qu’elles sont censées être du côté de la justice, de la vérité, du droit et des libertés d’expression et d’opinion. Souvent, elles versent dans une attitude honteuse, aux antipodes de leurs missions : elles deviennent plus royalistes que le roi au premier désaccord sur un quelconque avis divergent, en particulier celui ayant trait à la question de l’avenir du Sahara Occidental.
    C’est pourquoi, et en cette conjoncture de bouleversement politique dans le Maghreb et le monde arabe en général, il incombe à la société civile, aux organisations non gouvernementales, aux intellectuels, aux journalistes, aux élites des deux pays de s’impliquer et de mener le combat contre toutes les injustices et atteintes aux libertés, de dénoncer avec courage les attitudes conservatrices et éculées des gouvernants qui s’agrippent au statu quo et méprisent les aspirations des peuples à la dignité et à la liberté. Le Maghreb uni ne peut être un simple slogan politique. Pour être vrai, il doit être consubstantiel du cri du cœur des peuples qui en rêvent.

    M’hammedi Bouzina Med 

     
    Le Quotidien d’Oran : 28 – 01 – 2012
  • Le printemps arabe dépoussière le projet de ressusciter le Maghreb Arabe

    Le changement qui a touché plusieurs régimes de la région du nord de l’Afrique a réchauffé les relations entre l’Algérie et le Maroc. Un dialogue a été amorcé entre les dirigeants des deux pays sur la possibilité de normaliser complètement les relations, après une période de gel qui a duré plusieurs années.

    L’Algérie n’a pas laissé passer le message du roi marocain en novembre qui appelait à un rapprochement et a indiqué la volonté du royaume marocain d’une normalisation complète avec le voisin algérien, puisque le président Abdelaziz Bouteflika a répondu qu’ « il était en de bâtir l’union du Maghreb Arabe »,
    faisant allusion à la nécessité de s’adapter aux changements géostratégiques dans la région. Et lorsque le ministre marocain des affaires étrangères annonce la semaine dernière lors de sa visite en Algérie que « nous nous sommes entretenus avec nos frères algériens pour la programmation de cette visite et une réponse favorable n’a pas pris plus de dix minutes », cela est plus qu’un signe que la barrière de « la crainte » entre les deux pays a été brisée et que le premier wagon a été mis sur les rails.

    Mais le climat est-il favorable à une normalisation complète des relations ? Le ministre délégué aux affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel n’a pas tardé à mettre les points sur les i, et ce au vu d’une divergence flagrante de positions des deux pays. Puisque l’Algérie pense que tous les dossiers doivent être mis sur la table, alors que le Maroc pense que le dossier de l’ouverture des frontières fermées depuis l’attentat de Marrakech en 1994 est la solution. Abdelkader Messahel a pour cela annoncé au lendemain de la visite du chef de la diplomatie marocaine, Saad-Eddine El Othmani que « l’ouverture des frontières n’est pas à l’ordre du jour », pour souligner que l’Algérie a d’autres priorités parmi les dossiers à négocier avec Rabat.

    Il semble que les « réserves » dont l’Algérie a déjà fait part soit derrière les propos du ministre marocain des affaire étrangères que « notre approche diplomatie consiste à commencer par ce qui est convenu, suivi par une ouverture progressive des dossiers litigieux, parce qu’une seule visite ne suffit pas », ce qui est une reconnaissance marocaine des demandes de la partie algérienne. Mais les changements de régime en Tunisie et en Libye et la visite de la secrétaire américaine Hilary Clinton dans les pays arabe constitueront d’une manière ou d’une autre une pression sur les parties algériennes et marocaines pour traiter les « accumulations » entre eux ou d’une moins de ne pas retourner aux années de « rupture ».

    Le projet de relancement de l’union du Maghreb Arabe qui connait « gel » depuis plusieurs années est dans ce contexte la solution pour une normalisation entre les cinq pays, particulièrement vu le fait qu’il y a de nouvelles politiques au Maroc et en Algérie qui visent à laisser le dossier du Sahara occidental entre les mains de l’ONU et à ne pas l’utiliser pour freiner les rencontres entre les dirigeants.

    El Khabar, 28/1/2012

  • Les otages de Tindouf sont en territoire malien (Ould Salek)

    Les trois Occidentaux enlevés en octobre 2011 dans les camps de réfugiés sahraouis de la région de Tindouf, en Algérie, seraient en vie et en bonne santé. C’est ce qu’affirme, ce vendredi 27 janvier 2012, le ministre des Affaires étrangères de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) Salem Ould Saleck qui, en marge du sommet de l’Union africaine à Addis Abeba, a aussi donné des détails sur l’avancée de l’enquête.
    « L’attaque visait à prendre des otages pour tenter de les monnayer, estime Salem Ould Saleck mais aussi, affirme-t-il, à atteindre le Front Polisario, en éloignant les humanitaires occidentaux des camps de réfugiés ». Salem Ould Saleck réfute l’idée selon laquelle il y a des complicités sur place avec les terroristes :
    « L’attaque terroriste était menée -nous sommes en train de travailler là-dessus –, par des gens qui sont liés à al-Qaïda. L’armée sahraouie a mené une attaque, et détient des personnes qui ont reconnu leur participation à la préparation de cet acte terroriste. Les personnes qui ont été arrêtées l’ont été lors d’une opération en dehors des frontières du Sahara » (Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envivahie par le Maroc en 1975, ndds).
    Le ministre des Affaires étrangères sahraoui précise qu’il s’agit de ressortissants maliens et qu’ils auraient avoué. On n’en saura pas plus. Mais les Sahraouis n’entendent pas en rester là, et affirment aujourd’hui vouloir tout faire pour libérer les otages :
    « Ils sont en territoire malien. Ils sont localisés pratiquement. Nous avons, jusqu’à maintenant, maintenu la prudence, et nous sommes en contact avec toutes les parties concernées, pour essayer de les libérer sains et saufs. Quand je dis des parties concernées, je parle des gouvernements de la Mauritanie, de l’Algérie, du Mali, du Burkina, du Niger, et surtout, de l’Espagne et de l’Italie ».
    RFI, 27/1/2012