Année : 2011

  • «La suggestion du roi Mohammed VI d’ouvrir la frontière émane de l’état-major de l’armée»

    En 1975, trois cent mille Marocains, un Coran et un drapeau à la main, ont été mobilisés pour une marche teinte en vert et planifiée par Hassan II. Opération d’envergure qui avait pour but de réussir à faire passer le message que le Sahara occidental, libéré des Espagnols, devenait par la force marocain. Le Sahara occidental considéré comme un territoire non-autonome par les Nations unies, la problématique coloniale butte entre les avis des partisans de l’expansionnisme marocain et ceux, comme l’Algérie, affiliés à l’autonomie d’un peuple torturé par un frère ennemi. Concernant les sévices et les tortures, des ONG, des pays et des hommes politiques des quatre coins de la planète interpellent souvent les instances onusiennes sur l’escalade dangereuse des violations des droits de l’homme des Sahraouis par le Maroc.

    Au mois de juillet dernier, le président sahraoui a adressé une lettre à Ban Ki-moon où il expose ses craintes suite à ses dépassements de droit. Pour le président sahraoui, l’intervention des instances internationales est urgente dans la mesure où elle sauvera des vies de Sahraouis. Une demande de renforcement des mécanismes de la Minurso (mission de l’ONU pour le référendum au Sahara Occidental), et ce «pour garantir la protection des civils sahraouis de la répression sauvage des forces d’occupation marocaines», a été formulée. Le Haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU avait confirmé que les droits de l’homme étaient piétinés dans les territoires occupés du Sahara Occidental. 


    Mais jamais le Rapport de la délégation du Commissariat de l’ONU n’a été publié, encore moins la mise en œuvre des recommandations prévoyant l’élargissement du mandat de la Minurso afin de surveiller la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. Pis encore, la réponse du régime marocain était l’intervention sanglante de la police et forces auxiliaires… Dans l’entretien qui suit, Khadija Mohsen-Finan, enseignante et chercheur à l’Institut d’études politiques de l’université Paris VIII, revient sur ce conflit et ses répercussions dans la région.

    Le jeune Indépendant : Vous avez travaillé sur le Sahara occidental. Pourquoi, selon vous, les changements intervenus au Maghreb durant l’année 1999, avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat algérien, la brusque disparition de Hassan II et la disgrâce du ministre marocain de l’Intérieur qui avait la haute main sur le dossier du Sahara, ne se sont pas répercutés positivement sur le conflit ?


    Khadija Mohsen-Finan : De nombreux observateurs s’attendaient à des changements importants au niveau de l’évolution du conflit du Sahara. Pour eux, le changement de personnel politique ne pouvait qu’avoir des effets sur ce conflit. Le maintien du conflit dans sa configuration initiale montre qu’il ne s’agit pas là d’un problème de personne mais bien de système politique. Il montre aussi que fondamentalement, nous étions dans la continuité du système marocain initié par Hassan II et du système algérien en vigueur depuis 1962. L’exécutif algérien ne se limite pas à la présidence de la République, il inclut l’état-major de l’armée.
    En outre, une part importante de la légitimité du système se fonde sur son positionnement dans l’affaire du Sahara et la défense du Front Polisario pour la défense de ses «droits à l’autodétermination «. Mais à partir de la fin des années 1990, il y a un changement au niveau de la gestion du conflit. Les Marocains optent pour l’autonomie de ce territoire et écartent le référendum d’autodétermination. Les Marocains avaient jusqu’alors beaucoup tergiversé entre autodétermination et autonomie. Rabat a voulu écarter toute possibilité d’avoir un Etat sahraoui indépendant. Ce faisant, le Maroc adoptait une posture d’opposition à la position algérienne. 

    Vous dites dans une étude publiée récemment que le deuxième enjeu du règlement de ce conflit réside dans l’évolution de la place des militaires au sein de la monarchie ? Pourriez-vous être plus explicite ?
     
    On évoque toujours le poids des militaires algériens dans la recherche de sortie de crise et on limite la gestion de ce dossier au palais royal marocain. Cela est inexact. Les militaires marocains sont impliqués dans la gouvernance de ce dossier, même si les décisions finales reviennent au roi. S’il est vrai que lorsque le conflit éclate au milieu des années 1970, Hassan II en profite pour envoyer une grande partie de l’armée marocaine dans le Sahara, l’éloignant de la prise de décision politique, au fil des années, l’armée a été associée à la gestion de ce territoire et l’état-major est très concerné par les rapports entre Rabat et Alger.
    Dans son discours prononcé lors de la fête du trône, la suggestion, sous forme de souhait, du roi Mohammed VI d’ouvrir la frontière entre les deux pays a certainement été pensée par l’exécutif et l’état-major de l’armée. C’est elle qui dispose des renseignements sur la nature des produits qui transitent, sur les risques de contagion en matière de terrorisme ou de trafics d’armes. La volonté d’ouvrir cette frontière ne se limite pas aux aspects économiques et aux principes politiques. Elle est aussi dictée par des considérations d’ordre stratégique et géopolitique.

    Enfin, concernant le Maroc, vous dites aussi, dans une récente communication, que nous sommes dans la continuité de ce que Hasan II a instauré, malgré le vent révolutionnaire qui secoue le monde arabe. Sommes-nous en présence d’un statu quo imposé par l’Occident, notamment la présence française au Maroc. Y aurait-il d’autres raisons ?

    Lorsque je parle de continuité entre Mohammed VI et Hassan II, je n’évoque pas de statut quo. Nous sommes dans la continuité d’un système politique et le roi actuel tire une partie de sa légitimité de la continuité de la politique de son père.
    Par ailleurs, le statut quo n’est pas imposé par l’Occident. La France appuie la politique du Maroc mais n’impose rien. Je crois que nous devons nous défaire de cette impression et de ce sentiment de complot. Nous sommes tout à fait responsables des politiques mises en place dans nos pays. Toutefois, je reconnais que nos classes dirigeantes ont tendance à solliciter la bénédiction des capitales occidentales pour donner plus de poids à leurs décisions. De la même manière que le personnel politique algérien qui pose son pays en victime éternelle de la France et de l’Occident. Cela relève des mêmes pratiques, nous n’avons pas coupé le cordon avec cet Occident que nous sollicitons et que nous accablons de maux divers.

    Concernant l’Algérie, certains vous jugent sévère en pronostiquant l’immobilisme politique lors des mandats de Bouteflika auquel appartient ce relookage de l’image de l’Algérie sur la place internationale. Maintenez-vous votre jugement ?
     
    Je ne suis pas sûre que l’immobilisme caractérise le système politique algérien, je pense que nous sommes davantage dans la continuité en ce qui concerne les grandes lignes, même si la présidence de la République est plus autonome et que l’armée est quelque peu affaiblie en ce qui concerne les décisions d’ordre politique.
    Néanmoins, sur certains dossiers, comme celui des frontières et plus globalement de la relation entre les deux grands pays du Maghreb, la présidence de la République ne peut s’écarter de la ligne de conduite dessinée il y a quelques années par l’état-major. Cette ligne est inhérente au nationalisme algérien tel qu’il a été mis en avant par le personnel politique.

    Lors d’un entretien, Benjamin Stora nous a déclaré que ce qui se passe dans le monde arabe est une sorte de reprise de l’histoire suite à une décolonisation mal assumée. Sur le plan politique, comment l’analysez-vous ?
     
    Je ne sais si ce que nous vivons aujourd’hui dans le monde arabe correspond à une décolonisation mal assumée. Pour ma part, j’ai plutôt tendance à y voir une mauvaise gestion du politique, un accaparement du politique par les élites dirigeantes et la mise à l’écart des citoyens. C’est une absence cruciale de démocratie. Les schémas politiques ne se sont pas renouvelés et il n’y a pas eu de renouvellement des élites non plus. Les légitimités se sont effritées et nous avons assisté à une fracture de plus en plus grande entre gouvernants et gouvernés. C’est une faillite des modèles politiques et économiques mis en place au lendemain des indépendances qui sont en cause. Les responsables politiques qui se sont succédé n’ont pas eu l’opportunité d’en prendre la mesure car ils ont méthodiquement écarté toutes formes d’opposition politique. Ils ont été entourés de courtisans qui se sont enrichis ostensiblement. Dans les années 1980, l’introduction de l’économie libérale leur a donné l’occasion de s’enrichir davantage encore, et leur richesse devint visible. Parallèlement, cette élite donnait l’impression, fondée d’ailleurs, d’être dans l’impunité.
    C’est de là qu’est née une crise morale qui s’est additionnée aux effets de la crise économique mondiale. Tout cela a rendu insupportable l’univers des privilèges et la mise à l’écart des citoyens dans la gestion de leurs vies. Les médias et les réseaux sociaux ont rendu possible un cyberespace de protestation malgré l’absence d’espace public dans ces pays.
    Les Arabes ont réalisé que leurs élites politiques les maintenaient en dehors de la modernité politique et de la mondialisation.
    Entretien réalisé par Samir Méhalla
    Le Jeune Indépendant, 14 AOUT 2011
  • Ben Bella va-t-il témoigner dans le documentaire sur Hassan II?

    Par

    «Une vraie rencontre, une rencontre décisive, c’est quelque chose qui ressemble au destin.» Tahar Ben Jelloun – Extrait « de L’Auberge des pauvres »

    Au moment où l’Algérie prépare, en 2012, une série de documentaires sur le 50e anniversaire de l’Indépendance, Al Jazeera fait l’impasse sur le sujet et prépare une série de documentaires sur le Maroc. C’est en tout cas ce qu’a affirmé l’Egyptien Ahmed Mahfoud, directeur général d’Al Jazeera Documentaire au quotidien Al Massa. Al Jazeera prépare deux grands documentaires sur des figures importantes du Maroc, qui seront réalisés au cours de l’année 2012. Un film documentaire sur la vie du roi Hassan II et le second sur son plus célèbre opposant Mehdi Ben Barka. Le documentaire sur Ben Barka revient ainsi sur la vie du leader socialiste, mort en 1965 à Paris, et promet d’éclaircir les zones d’ombre de ce personnage, dont la mort reste toujours un mystère. Mehdi Ben Barka, qui a fait des études de mathématiques à Alger et qui a dénoncé en 1963, le conflit frontalier qui oppose le Maroc et l’Algérie, est considéré comme un ami de l’Algérie et donc il n’est pas exclu que des intervenants algériens soient cités dans le documentaire d’Al Jazeera. Un documentaire a été déjà réalisé sur Ben Barka, par Patrice Barrat et Simone Bitton intitulé L’Equation marocaine et qui n’a pas plu aux responsables marocains. Le film avait recueilli, pour la première fois, les témoignages et les archives qui racontent le parcours exceptionnel d’un enfant de la Medina, passionné de mathématiques et de politique, qui fut l’un des dirigeants de la lutte pour l’Indépendance de son pays, le fondateur de la gauche marocaine, et l’un des dirigeants les plus en vue du mouvement tiers-mondiste des années 1960. En revanche, le documentaire sur Hassan II est beaucoup plus étudié et surtout a bénéficié d’un accord du roi Mohammed VI lui-même. La condition est simple. Le réalisateur doit être Marocain et il doit respecter la mémoire du Roi Hassan II. Et la personne choisie est Mohamed Belhadj, talentueux réalisateur et responsable de la production à Al Jazeera Documentaire. Il avait, notamment réalisé en 2007, le documentaire sur Mustapha El Akkad, qui a rencontré un grand succès sur la chaîne qatarie et a été vendu dans plusieurs pays dans le monde. Il a enchaîné ensuite avec un documentaire exceptionnel sur une figure de la résistance marocaine contre l’occupant espagnol, Abdelkrim Khettabi, Le héros du Rif. Mohamed Belhadj qui a émigré au Canada, avait été formé dans le domaine des effets spéciaux avant de rejoindre, dès sa création Al Jazeera Doc. Pour réaliser son documentaire sur le défunt roi du Maroc, Belhadj doit impérativement évoquer les rapports tumultueux entre Hassan II et Boumediene sur la question du Sahara occidental. Plusieurs personnalités sont prévues pour figurer dans ce documentaire, notamment l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing, mais surtout l’ancien président algérien, Ahmed Ben Bella. Enfin, la chaîne qatarie envisage également de consacrer un autre documentaire sur le groupe musical mythique Nass El Ghiwane et un autre sur le Festival de mariages d’Imilchil. A travers ces documentaires, la chaîne a pour ambition de promouvoir le patrimoine culturel et l’histoire séculaire du Royaume, a déclaré Ahmed Mahfoud dans le quotidien Al Massa.
    L’Expression, 14 AOUT 2011

  • Le corps de Hamid El Kanouni transporté à Fès, ses amis répondent à la MAP

    Le corps de Hamid El Kanouni, le vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu dimanche dernier à Berkane, quitte la morgue de Casablanca aujourd’hui. La famille et les amis du défunt viennent de régler les dernières formalités pour le transporter vers Fès, sa ville natale, où il sera enterré.

    « On nous a demandé de payer 3500 dirhams pour payer le cercueil et l’ambulance qui le transportera », nous indique Fayçal, un de ses amis, présent à la morgue de Casablanca, ce mercredi 10 août 2011. « Si Hamid possédait une somme pareille (ndlr : 3500 Dhs), il n’aurait pas brûlé son corps », ajoute son ami.

    Selon nos informations, cette somme a été payée par les jeunes du Mouvement du 20 février de Casablanca, qui ont organisé un sit-in devant la morgue en début d’après midi de ce mercredi.

    La MAP défend la police…

    L’agence Maghreb arab press (MAP) a fini par publier une dépêche dans la soirée du mardi 9 août, où elle nie la responsabilité de la police dans ce drame.

    Selon la MAP, les services de police ont été informés, dimanche, d’un échange d’injures suivi d’une réconciliation entre une femme propriétaire d’un four public, sis avenue Mohammed V et un marchand de pain ambulant, à cause d’un litige à caractère civil. « Cette affaire a été consignée dans les registres de ces services après la réconciliation entre les deux parties » précise la MAP qui cite une source policière.

    «Après le départ des intéressés du commissariat de police, Hamid Kanouni, a été surpris de constater que sa marchandise a été détruite par un inconnu, ce qui l’a incité à asperger ses vêtements d’essence et d’y mettre le feu sur l’avenue Achouhada », ajoute la dépêche.

    « C’est faux », réplique Fayçal, qui a accompagné Hamid dans l’ambulance de Berkane à Casablanca. « Quand Hamid a trouvé sa marchandise détruite, il est revenu au commissariat pour se plaindre. Sauf qu’il a été insulté et giflé par un policier. Il est parti acheter cinq litres d’essence, en a aspergé son corps et mis le feu », explique-t-il. « D’ailleurs, il s’est immolé devant le commissariat et non pas sur le boulevard Mohammed V où il travaille », argumente-t-il.

    Photo: Cerceuil de Hamid El Kanouni avant son départ vers la ville de Fès, où il sera enterré.

    fr.Lakom.com, 11 août 2011

  • Présence féminine remarquée lors de la manifestation du 20F à Casablanca

    Le Mouvement du 20F a repris samedi ses protestations, dans des marches organisées dans 40 villes, et qui se sont caractérisées par une augmentation du nombre des manifestants et le retour aux anciens slogans. Ainsi, à Casablanca, la marche a commencé au croisement du 2 mars avec boulevard el Fida, se dirigeant vers Hay el Amal, demandant la fin de la corruption et des mauvaises pratiques, de même que la lutte contre la pauvreté et la marginalisation, mais aussi l’éloignement d’al Himma, Majidi et Abbas el Fassi, revenant au fameux « non à la confusion entre pouvoir et argent ». Les marcheurs étaient estimés à 20.000 personnes.
    Une forte présence policière était sur les lieux et a contribué à séparer les manifestants du 20F et les partisans de la Constitution, au nombre de quelques dizaines, encadrés par des élus communaux, et qui voulaient visiblement en découdre, n’eût été l’interposition des forces de l’ordre. A noter également que les femmes étaient présentes en nombre, au sein d’al Adl wal Ihsane ; les femmes sont sorties avec leurs maris et leurs enfants, dans ce qui rappelait une excursion dominicale ordinaire, les femmes tenant cependant, et pour la première fois, des bougies.
    Panoramaroc, 8 août 2011
  • Rabat et Paris manipulent l’Amazighité : Alger visée par des plans de déstabilisation

    Que ce soit lors du colloque international sur l’amazighité qui s’est tenu récemment à Rabat, qui avait consacré la reconnaissance de Ferhat Mehenni par les participants, dans un geste éminemment politique adressée outrageusement à Alger, ou par le biais des nouveaux prospectus collés sur les médicaments et écrits en langue amazighe au Maroc, ou encore, et de manière plus dangereuse, lors du largage d’armes opéré par Paris sur le djebel Nefoussa, dans l’Ouest libyen, à quasi-dominance berbère, tous les signes étaient étalés, là, devant nos yeux, pour indiquer, d’abord, une complémentarité entre Rabat et Paris, et, ensuite, un plan de déstabilisation visant dans une large mesure l’Algérie. La veille du 15 juillet dernier, et pour donner un aspect pédagogique, voire scientifique au colloque sur l’amazighité, Rabat annonçait avec un fort accent choisi dans la docte terminologie lettrée, où se sentait la pédanterie la plus exécrable, que dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation en matière d’archives, d’histoire et de mémoire, le Conseil national des droits de l’Homme, la ville d’Al-Hoceïma et le Conseil régional Taza-Taouanate-Al- Hoceïma organisaient, sous le haut patronage du roi Mohamed VI, un Colloque international sur le thème: «Patrimoine culturel du Rif: quelle muséographie ?», à Al- Hoceïma, au nord du Maroc, les 15 et 16 juillet 2011. Un colloque qui ne disait même pas son nom, car il était centré sur la question de l’amazighité au Maghreb. Mais au finish, les participants quittaient le colloque avec des recommandations plus politiques que scientifiques, condamnant l’Algérie au passage, pour ses positions vis-à-vis de l’amazighité, et reconnaissant Ferhat Mehenni, renié même chez lui à Tizi Ouzou, comme un représentant da la culture tamazight au Maghreb. Dans les mêmes moments, Sarkozy jetait des armes aux rebelles libyens au djebel Neffoussa. Le choix de la région était soigneusement ciblé : alors que la rébellion avait conquis l’Est du pays, Paris jetait les armes –qui ne sont jamais arrivés entre les mains des rebelles, selon un article récent du New York Times-, à l’Ouest, chez les berbères Neffoussa. Le djebel Nefoussa, est situé dans le nord-ouest de la Libye, à proximité de la Tunisie, et peuplé de berbérophones «Infusen», de religion ibadite, et qui sont, au plan ethnologique, plus proches de l’Algérie que de la Tunisie et la Libye. Habitants d’un pays très majoritairement arabophone et sunnite, les Infusen parlent un dialecte berbère et sont d’obédience ibadite, comme leurs cousins de Ghardaïa, dans le Sud de l’Algérie. L’écrivain et journaliste français Gilles Munier, connu pour son soutien à la résistance irakienne et à la politique arabe héritée du général de Gaulle, et qui revient de Libye, observait récemment : «Les Occidentaux s’attaquent actuellement aux régimes qui ont toujours contesté leur suprématie, comme la Libye et la Syrie. Demain, ils s’en prendront peut-être à l’Algérie. Les livraisons d’armes aux rebelles berbères du Djebel Nefoussa, en Libye, n’ont pas seulement pour objectif secondaire de couper la route Tripoli-Djerba au niveau du port de Zaoura – peuplé en grande partie de Berbères – elles sont aussi un message envoyé à Alger. L’Algérie n’est pas à l’abri des menées déstabilisatrices occidentales, coordonnées ou non avec Israël. Du temps du Président Boumediene, Giscard d’Estaing a livré des armes à des activistes en Kabylie. Cela pourrait bien se reproduire» …
    O.M. 
    Le Courrier d’Algérie, 07/08/2011
  • Ali Amar et J.P. Tuquoi s’attaquent aux relations franco-marocaines


    Ali Amar, auteur de « Mohamed VI, le grand malentendu » et Jean Pierre Tuquoi, auteur du « Dernier roi », préparent tout deux un livre sur les relations troubles entres les élites politico-économiques du Maroc et de la France.


    La ville ocre, point de ralliement des élites franco-marocaines, sera centrale dans l’ouvrage titré « Paris Marrakech, Le Maroc, dernière colonie française ». Sur une présentation du livre qui circule sur internet, on peut lire : « Marrakech, c’est la France. Avec l’affaire DSK et la redécouverte du « pacte de Marrakech », noué entre l’ancien directeur général du Fonds monétaire international et la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, la ville des confins du Sahara est apparue pour ce qu’elle est: une sorte d’enclave française à des milliers de kilomètres de Paris ».


    L’économie ne sera pas en reste. Le livre s’attaquera aussi au milieu franco-marocain des affaires. « Personne n’est dupe. Les principales entreprises marocaines sont détenues par des groupes français. C’est vrai dans les télécommunications, la distribution, le BTP, l’hôtellerie… Paris forme les élites du royaume et porte à bout de bras la diplomatie marocaine. Sans l’appui de la France, il y a longtemps que le Sahara occidental, que se disputent le Polisario et Rabat, aurait acquis son indépendance », lit-on encore sur le même document.

    L’ouvrage sera publié le 26 octobre prochain aux éditions « Calmann-Lévy »


  • Violences à Safi : La Police nie toute responsabilité et arrête le président de l’AMDH

    La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) répond aux accusations de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH). La DGSN vient de démentir les informations selon lesquelles, elle aurait manipulé des individus pour incendier ses locaux administratifs à Safi lors des événements qu’a connus la ville lundi dernier.
    Elaounia Abdelghani, le président du bureau local de l’AMDH a été aussi arrêté dans l’après midi du mercredi 3 août 2011, soit quelques heures après la publication du communiqué de la police nationale par l’Agence officielle (MAP).
    Un communiqué du bureau de l’AMDH de la ville de Safi, publié mardi 2 août 2011, avait accusé des fonctionnaires de police d’être derrière les troubles qu’a connus la ville lundi dernier.
    Dans le même communiqué, l’AMDH accuse ouvertement les autorités de manipuler des individus pour justifier la violence et les arrestations à l’égard des membres de la coordination des diplômés chômeurs. L’AMDH précise aussi que la ville de Safi connaît des manifestations de façon presque permanente.
    L’origine de ces évènements remonte à lundi dernier lorsque des diplômés chômeurs ont occupé les rails ferroviaires du quartier Laqliaa de la ville de Safi. Les forces de l’ordre sont alors intervenues avec violence.
    La Direction de Charqui Draiss annonce dans son communiqué que « 58 éléments de ses troupes ont été blessés » lors des échanges de jets de pierres. Des vidéos enregistrées montrent des policiers et des membres des Forces auxiliaires jetant des pierres contre des manifestants et des habitants du quartier Laqliaa.
    Photo: des forces de l’ordre quelques minutes avant l’intervention contre les chômeurs de la ville de Safi, lundi premier août 2011.
    Source : Lakom, 03/08/2011
  • Le président de la RASD interpelle Ban Ki-moon

    Par Amar Rafa

    La répression marocaine continue de s’abattre sur les Sahraouies, qui manifestent pacifiquement pour dénoncer l’exclusion et la privation exercées contre toutes les catégories du peuple et revendiquer leur droit à l’autodétermination. Mercredi dernier, cinq coordinations de chômeurs sahraouis de la ville occupée ont décidé d’entamer un sit-in ouvert, mais aux environs de 22h00, les protestants ont été surpris par une intervention violente des éléments de l’armée et de la police qui ont matraqué et torturé les citoyens sans défense et procédé à la destruction des tentes. Cette intervention brutale des forces de l’armée marocaine a fait des blessés parmi les manifestants sahraouis, selon l’agence SPS. 

     
    Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a aussitôt interpellé mardi le secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon sur «l’escalade dangereuse» des violations des droits de l’Homme des Sahraouis par le Maroc et la répression continue du mouvement de protestation pacifique dans les villes d’El Ayoun et Boujdour occupées. Dans une lettre adressée à Ban Ki-moon, le président sahraoui a relevé que «les autorités de l’occupation marocaine au Sahara occidental continuent à exercer les mêmes politiques répressives ayant accompagné son invasion militaire de Saguia El Hamra et Rio de Oro le 31 octobre 1975 ou son attaque militaire contre le camp de Gdeim Izik le 8 novembre 2010», estime l’Agence de Presse Sahraouie (SPS). 
     
    Un jour après son attaque «violente» dans la ville occupée de Boujdour, «les autorités de l’occupation marocaine ont «entamé le Ramadhan, mois de quiétude et de paix, par une autre intervention dans la ville occupée d’El Ayoun» soulignant que cela traduit une escalade «dangereuse» des violations graves des droits de l’Homme par l’Etat marocain». Dans ce sens, M. Abdelaziz a tenu pour responsable l’Etat marocain dans la disparition d’un jeune Sahraoui appelant les Nations unies à «intervenir en urgence en vue de mettre un terme à ces pratiques». 
     
    Cette intervention traduit «les intentions malsaines» des autorités marocaines à poursuivre leur entêtement et son refus d’appliquer les chartes et décisions des Nations unies et les exigences du droit international ainsi que le droit humanitaire international. A cet effet, le président sahraoui a exhorté les Nations unies à «intervenir d’urgence», à exercer des pressions et à prévoir les sanctions nécessaires contre le gouvernement marocain mais aussi à élargir les prérogatives de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) à la protection et la surveillance des droits de l’Homme dans le Sahara occidental. La société civile ne peut rester en marge de ces pratiques, a-t-il dit, soulignant la nécessité d’accélérer l’ouverture des territoires aux observateurs et médias internationaux indépendants. 
     
    En outre, le président sahraoui a appelé à la libération de Yahia Mohamed Elhafed Izaa et l’ensemble des détenus politiques, à mettre la lumière sur le sort des 651 Sahraouis disparus, à éliminer le mur de séparation et à cesser immédiatement la spoliation des richesses du Sahara occidental. Par ailleurs, la lettre est revenue sur «l’intervention violente de la police et forces auxiliaires, le 31 juillet à El-Ayoun, contre une manifestation pacifique organisée par des citoyens et citoyennes sahraouis en signe de protestation contre l’enlèvement du jeune Ghali Bouhella par les forces de sécurité marocaines le 30 juillet». 

    La Tribune d’Algérie, 3/08/2011
  • Musique traditionnelle au Sahara Occidental

    L’héritage culturel d’un pays comprend toutes les traces que l’activité humaine déposées dans l’environnement. Ce sont des sources irremplaçables et inépuisable d’informations sur le mode de vie ancestral et actuel de la population, comme sur l’évolution du savoir-faire artisanal, technique et artistique au cours de l’Histoire. la tradition orale et la musique étant des ressources non renouvelables, leur gestion doit s’appuyer sur une perspective à long terme. Ces aspect concernent au Sahara occidental, pour la majeure partie de la population, un potentiel d’expériences émotionnelles et esthétiques. A ce titre, la préservation et l’exploitation active de ce patrimoine culturel pourrait être d’un grand profit pour les générations futures.

    La musique sahraouie est parfois appellée par certains agents gouvernementaux extérieurs Hassanie et semble être une juxtaposition entre la musique bédouine et la musique africaine. Par ailleurs quelle autre musique qui par ses rythmes peut-elle mieux exprimer les souffrances et l’exploitation du peuple sahraoui? Ne peut-on pas comparer cette musique à un « blues du désert« , étant donné qu’elle puise ses majeures sources d’inspirations du patrimoine culturel du Sahara occidental. Cette musique ne peux être dissociée par son niveau rythmique à la danse qu’on appelle aussi « Arguiss » qui témoigne de toute une expression artistique pratiquée aussi bien par les hommes que les femmes, de tous les âges.

    En ce qui concerne les hommes, elle consiste essentiellement en l’affrontement loyal de deux sahraouis sur des rythmes de musique où ils s’adonnent à cœur joie à un jeu de jambes original. Cette danse est appelée « Kiira » et s’anime au moyen des sons des tambours dont l’un d’entre eux possède la forme d’un récipient fermé à son embout par un morceau de peau finement étendu. Le musicien sahraoui, est appelé « Igyou » et exécute sa musique à l’aide d’un instrument de musique appelé « Azouane ». Il arrive que les hommes sahraouis dansent sur les dunes de sables.

    Les femmes, quant à elles, accompagnent les hommes en effectuant des mouvements expressifs qui rajoutent une valeur non négligeable à cette danse. Remarquons également l’ingéniosité des femmes sahraouies dans cette expression artistique quand elle apparaît avec le tambour en exprimant émotions de joie et de bien-être par un gestuel rythmé et sensuel des mains et des doigts verdâtres teints au henné. La danse sahraouie revêt un sens remarquable. A cet égard, les femmes sahraouies expriment leurs danses en toutes occasions notamment lors des festivités ou cérémonies religieuses ou familiales.

    Les Sahraouis sont connus pour être des férus de poésie et manifestent régulièrement leur fièreté par rapport à leur patrimoine culturel, dont la préservation commence à susciter un intérêt au près de plusieurs responsables culturels internationaux.

    Malheureusement, vu la conjoncture de la politique culturelle désastreuse au Maroc, il est à déplorer que peu de poètes disposent par exemple de moyens pour la publication en « diwane » de leurs poésies qui a en outre besoin de soutien pour stimuler l’inspiration, la création où à la créativité.

    Ce qui caractérise davantage la musique sahraouie, c’est surtout son étroite relation avec la poésie. Ils sont indissolublement unis puisque pour être pleinement apprécié, la musique est un moyen privilégié pour diffuser ou de faire entendre et comprendre la poésie, pour mieux l’apprécier. Elle constitue l’une des formes essentielle de la force de la tradition orale qui continue d’animer le quotidien des habitants du Sahara Occidental.

    Cette émergence musicale est l’occasion unique pour développer la poésie vers une phase plus sophistiquée puisque les poètes traditionnel avaient déjà cette contrainte de faire appel aux musiciens pour accompagner leurs paroles par un rythme musical très caractéristique. Comme dans l’ensemble de la création poétique des sahraouis, les mêmes préoccupations et les mêmes inspirations du mode de la culture bédouine.

    L’aspect culturel majeur devrait conserver et valoriser l’expression dialectale dela tradition orale, mais aussi du mode de vie, l’esprit et la mentalité d’une population empreinte par la nature du désert et vivant une oppression sans conteste.
    musique.arabe 31/07/2011 
  • Justice bananière

    Pour ceux qui attendaient que le journaliste Rachid Niny allait être libéré aujourd’hui, à l’occasion de la fête du trône, une déception et quelques précisions.

    Lors de la fête du trône le sultan préfère libérer les assassins, voleurs et autres criminels, de petit ou grand calibre, plutôt que les journalistes, dissidents et autres. C’est une règle immuable de la « Nouvelle ère ».

    « C’est parce que Niny n’a pas été encore jugé en appel », répliqueront certains.

    Certes, mais l’indépendantiste sahraoui Ali Salem Tamek et ses compagnons ont bien bénéficié d’une libération conditionnelle après leur condamnation en première instance et leur procès en appel n’a toujours pas été fixé.

    Ali Salem Tamek et Rachid Niny sont deux personnalités totalement différentes, mais je constate qu’au Maroc de Mohamed VI il vaut mieux être indépendantiste sahraoui (Tamek) que journaliste défenseur du « glorieux trône des alaouites » (Niny).

    A méditer !

    Nota Bene : La militante islamiste Nadia Yassine attend d’être jugé par une cour de première instance pour républicanisme proclamé depuis…. 2005. Justice bananière dirait-on.
    Ali Lemrabet (Facebook), 30/07/2011