Année : 2011
-
Coopération antiterroriste
Pourquoi l’Algérie coopère-t-elle si assidûment avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne en matière de terrorisme mais pas avec la France, du moins à un niveau officiel ? La logique aurait voulu que ce soit plutôt avec cette dernière aussi que la coopération se développe. Certes, on voit mal des politiques français venir officiellement féliciter nos dirigeants d’une quelconque efficacité, dans ce domaine ou dans un autre d’ailleurs. Tout comme on voit mal nos politiques solliciter l’expertise française.Pourtant, la réalité impose cette coopération, et elle existe de fait : les services de sécurité des deux pays sont en relations étroites depuis longtemps, les responsables se connaissent et, souvent, le courant semble bien passer en raison de la langue et de la proximité géographique, culturelle ou historique. Contrairement aux deux autres puissances, concernées d’assez loin par la question, la France est souvent directement impliquée par les actes de terrorisme dans une région qui demeure, quoi qu’on dise, sous son influence.C’est au niveau politique que le problème se pose. On pense ici, à tort ou à raison, que le phénomène sécuritaire ne peut être isolé du reste. A l’inverse des relations commerciales ou culturelles, dont l’incidence sur la souveraineté paraît minime pour un pays qui dispose de fortes réserves de devises, les relations qui touchent à la sécurité interpellent des niveaux de sensibilité plus importants. L’Algérie préfèrerait coopérer avec des puissances censées être plus neutres, parce que géographiquement plus éloignées, simple illusion qu’accentue la différence des langues.Mais la France, comment voit-elle cet intérêt accru des Anglo-saxons pour son ancienne colonie ? L’absence de commentaires officiels sur les ballets diplomatiques américains et anglais qui s’organisent régulièrement à Alger, sans que la France y prenne part, traduit-elle une belle indifférence de l’Elysée ou bien serait-ce l’expression d’une réserve inquiète ?L’Algérie entend très clairement jouer le rôle d’une puissance régionale, qui aurait pour support son rôle sécuritaire dans la stabilité régionale, mais les récents événements de Libye contredisent cette prétention. On peut même avancer l’idée d’une « humiliation», les différents propos tenus sur notre pays par Alain Juppé en tout cas l’incarnent parfaitement. Certains experts vont jusqu’à prédire qu’il y aurait vengeance. Autrement dit, l’Algérie se «vengerait», et plus tôt qu’on ne le croit, de l’affront qui lui aurait été fait à l’occasion, par la France. On ne sait quel crédit accorder à ces analyses, mais elles suffisent à attester que tout ne va pas pour le mieux entre les deux pays – du moins dans ce domaine.Les Débats, 26/10/2011 -
La famille Kadhafi bientôt transférée à Pretoria
La trentaine de membres de la famille Kadhafi hébergés par l’Algérie partiront en Afrique du Sud avant la fin du mois, selon une source proche du ministère des Affaires étrangères. «C’est eux qui ont choisi cette destination, et pas une autre», et tous les «réglages ont été faits entre Alger et l’Afrique du Sud, tant au plan politique qu’au plan sécuritaire». Une commission paritaire planche, ces jours-ci, sur le dossier, afin que tout soit fin prêt dans quelques jours, après quoi «le transfert des membres Kadhafi pourra se faire normalement».S’agissant du choix de l’Afrique du Sud, notre source précise que la famille Gadhafi «possède des biens dans ce pays, comme elle possède des biens dans d’autres pays d’Afrique, mais le choix a été fait sur la base de garanties données par les autorités sud-africaines, ainsi que sur la base de la bonne santé démocratique qui caractérise ce pays». L’épouse du colonel Kadhafi, tué par les rebelles libyens lors de la prise de Syrte, ses trois enfants adultes, ainsi que plus d’une vingtaine d’enfants et d’adolescents, sont entrés en territoire algérien après la chute de Tripoli.Le ministère algérien des Affaires étrangères avait annoncé le même jour que «l’épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille, Aïcha, ses fils, Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants, sont entrés en Algérie par la frontière algéro-libyenne». Le communiqué des AE précisait en outre : «Cette information a été portée à la connaissance du Secrétaire général des Nations unies, du président du Conseil de sécurité et de Mahmoud Jibril, président du Conseil exécutif du Conseil national de transition libyen».Malgré le contexte difficile, Alger a jeté des canaux de communication avec le CNT et a affirmé que le clan Kadhafi a été accueilli en Algérie «pour des raisons strictement humanitaires». L’Algérie a aussi affirmé observer une position de «stricte neutralité» dans le conflit chez le voisin libyen.Le Courrier d’Algérie, 26/10/2011 -
« Belmokhtar plus fort au Sahel grâce aux armes financées par Paris »
Les services de sécurité identifient l’auteur du rapt des trois humanitaires des camps de TindoufI l n’y a pas fort longtemps, un reporter du New York Times, en couverture en Libye, juste après la chute de Tripoli, et la mainmise des islamistes du Gicl, menés par Abdelhakim Belhadj, sur le pays, rapportait que les rebelles du djebel Nefoussa, pour lesquels Sarkozy avait largué un important parachutage d’armes, n’ont en fait, jamais vu la couleur de cet arsenal de guerre. Des rebelles de Benghazi, Darna, Sehba et Misrata affirmaient ne pas avoir vu une seule arme de l’arsenal promis par Paris, et spéculaient que des marchands d’armes l’auraient certainement acheminé vers le Sud pour les vendre aux Toubous, lesquels l’achemineraient à leur tour vers le Darfour, le Niger, le Mali et le Tchad.
Des sources militaires américaines ont alors spéculé que cet armement, que la Dgse avait largué, sans se rendre compte qu’elle le faisait pour le compte d’islamistes djihadistes, serait arrivé au Darfour, au Tibesti et au Ténérée. Mais aujourd’hui, on ne spécule plus : on sait au moins qu’une bonne quantité de cet armement est tombé entre les mains de Mokhtar Belmokhtar, plus connu sous son nom de guerre «Khaled Abou Al-Abbès», et communément appelé «MBM», l’émir pour la zone Sahel d’Aqmi.Selon les responsables sécuritaires des pays du Sud, le Mali et la Mauritanie, ainsi que les premières investigations de la sécurité du Front Polisario, le rapt spectaculaire des trois humanitaires, en plein centre administratif des camps de réfugiés (du Sahara Occidental, encienne colonie espagnole envahie par le Maroc il ya 36 ans, NDDS) de Tindouf , est «imputable à MBM». C’est lui, selon les indications de Touareg du nord Mali, qui pavoisait avec un imposant arsenal de guerre de fabrication française le long du couloir allant de Kidal à Tessalit, et emprunté généralement par ses hommes.Selon les déclarations d’un membre du groupe MBM capturé récemment, Mokhtar Belmokhtar se trouve en compagnie de l’autre groupe dirigé par «B. M.», alias Lamine, au Mali, dans la région de «Tagherghar», et s’était intéressé aux armes françaises dès l’annonce d’un largage conséquent. Il aurait reçu des informations concordantes de la part des islamistes libyens, affiliés à Al Qaïda, ou de la part des anciens détenus de Guantanamo, libérés depuis quelques mois, et même certains membres du Gicl, proches de Abdelhakim Belhadj. Il était au courant même de l’endroit exact du largage d’armes.Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 26/10/2011 -
Deuxième Conférence Internationale sur la cause sahraouie
La 2e conférence internationale sur la cause sahraouie aura lieu les 29 et 30 octobre à Alger sous le thème «Le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui».Cette conférence sera organisée conjointement par l’ambassade de la RASD à Alger en collaboration avec le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS).
Une conférence de presse aura lieu le 26 octobre au siège du CNASPS sur l’événement.Cette conférence est peut-être une riposte à ceux qui croient trouver dans le conflit libyen un moyen de changer la donne au Sahara Occidental, l’ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc il y a 36 ans. -
L’Union européenne condamne le rapt des trois ccopérants dans les camps sahraouis
L’Union européenne (UE) a condamné hier l’enlèvement par des terroristes de trois coopérants humanitaires, dont deux Espagnols et une Italienne, de la résidence des étrangers à Chahid El-Hafed (camps de réfugiés sahraouis), près de Rabouni.La porte-parole de la Commission européenne (CE) pour la politique étrangère, Maja Kocijancic, a déclaré dans une conférence de presse que l’UE «condamne fermement cet incident et lance un appel aux responsables pour libérer immédiatement et sans dommages les trois otages». Elle a révélé que la Commission européenne «est en contact permanent» avec les autorités espagnoles et italiennes pour suivre l’évolution, ajoutant que les deux gouvernements sont «en première ligne» pour résoudre la situation. «Nous travaillons avec toutes les parties pour trouver une solution le plus rapidement possible», a-t-elle souligné.
Pour sa part, le gouvernement sahraoui a indiqué que ses «efforts pour la libération des otages européens, capturés samedi soir dans les camps de réfugiés sahraouis par des terroristes venus du Mali, resteront constants».«Les efforts (du gouvernement sahraoui, NDLR) resteront constants pour la libération des otages, leur retour en toute sécurité dans leur famille, et l’arrestation des terroristes qui se sont infiltrés depuis le nord du Mali et sont retournés d’où ils sont venus», a souligné le communiqué du ministère sahraoui de l’Information.Il a renouvelé «sa ferme condamnation de l’enlèvement criminel» et a appelé la communauté internationale à «poursuivre et à intensifier la coordination et la coopération pour œuvrer ensemble à mettre fin à cette tragédie, dès que possible».Exprimant sa «solidarité» et sa «sympathie avec les victimes et leurs familles», le gouvernement de la RASD a estimé que «cette attaque terroriste n’a pas seulement pour but de terroriser les travailleurs humanitaires, mais de mettre en péril la solidarité internationale avec les réfugiés sahraouis et leur juste cause».Les trois otages, Aino Fernadez Coin, de nationalité espagnole, membre de l’Association des amis du peuple sahraoui en Estrémadure (Espagne), Enrico Gonyalons, de nationalité espagnole, membre de l’ONG espagnole MUNDUBAT, et Rossella Urru, une Italienne, membre de l’ONG italienne CCISPP, travaillaient sur des projets humanitaires dans les camps de réfugiés sahraouis. Ils ont été enlevés par des hommes armés dans la nuit de samedi à dimanche.Les ravisseurs avaient attaqué les sièges des deux ONG et enlevé les trois ressortissants, en utilisant une voiture tout-terrain et des armes à feu. L’un des otages, l’Espagnol Enric Gonyalons, serait blessé, ainsi que l’un des gardes sahraouis, avait précisé le Polisario.Le Jeune Indépendant, 26/10/2011
-
Sahel : Bouteflika et Touré très préoccupés
Le président Bouteflika n’a pas laissé échapper l’occasion pour évoquer, avec son homologue malien, la situation sécuritaire dans la zone frontalière du Sahel.Ainsi, le chef de l’Etat malien a indiqué avoir analysé «de manière assez approfondie» avec le président Bouteflika la situation dans la bande sahélo-saharienne qui, a-t-il souligné, «nous préoccupe de plus en plus».
«C’était déjà une région faible avec des menaces multiples et beaucoup de difficultés, mais aujourd’hui, il y a une nouvelle donne. On parle beaucoup plus de la présence de groupes organisés et lourdement armés à la suite des derniers événements survenus en Libye», a-t-il observé. «La situation devient donc de plus en plus préoccupante et je pense qu’en tant que pays voisins, nous partageons la même vision sur cette question», a-t-il ajouté. Les deux dirigeants ont dû indubitablement discuter des trois ressortissants européens kidnappés récemment dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf. En effet, la visite du président malien en Algérie est arrivée au mauvais moment, en raison de cet enlèvement qui donnera sans doute à la visite présidentielle des allures d’heure de vérité entre les deux voisins. En février 2010, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur suite au geste jugé trop prématuré du Mali envers les groupes terroristes, lorsque des négociations maliennes avaient abouti à la libération de l’otage français Pierre Camatte.L’Algérie s’était irritée des conditions de la libération du Français, qui incluaient le paiement d’une rançon et la relaxe de quatre prisonniers détenus par le Mali, dont deux Algériens activement recherchés par les autorités de notre pays. Depuis, les choses se sont apaisées avec la mise en œuvre du CEMOC et les visites d’officiels entre les deux pays. Mais la prise d’otages dimanche dernier, à la veille de la visite d’ATT à Alger, vient projeter dans l’actualité l’épineuse question des rançons. Le président Amadou Toumani Touré a-t-il donné l’assurance à son homologue algérien qu’il n’autorisera pas sur son territoire de négociations avec les ravisseurs, dont la finalité est toujours le paiement de rançons ? Le séjour du chef de l’Etat malien se tient au moment où le conseiller du Premier ministre britannique pour la lutte antiterroriste en Afrique du Nord et au Sahel, le général-major Robin Searby, tient la troisième réunion du groupe de contact algéro-britannique sur les «questions de lutte antiterroriste et de l’insécurité dans la bande du Sahel». Durant une journée, ce groupe de contact, qui tiendra ses travaux à huis clos, abordera l’ensemble des questions liées à la lutte contre le terrorisme transnational en vue d’approfondir la coopération bilatérale dans ses dimensions politique, diplomatique, judiciaire, financière, opérationnelle et d’assistance technique. La Grande-Bretagne, qui a appuyé l’Algérie dans sa plaidoirie auprès de l’ONU pour la criminalisation du paiement des rançons aux terroristes, a pratiquement la même approche que notre pays en la matière.
Mahmoud TadjerLe Jeune Indépendant, 26/10/2011 -
Italie : Une ONG condamne l’enlèvement des trois humanitaires européens
Rossella Urru L’Association nationale (italienne) de solidarité avec le peuple du Sahara Occidental (ANSPS) a condamné avec « la plus grande fermeté » l’enlèvement la veille, de trois travailleurs humanitaires européens dans les camps de réfugiés sahraouis près de la ville de Tindouf en Algérie, a indiqué lundi, l’ONG italienne, dans un communiqué, reçu à Rome.Dans la nuit de samedi à dimanche, Rossella Urru, une ressortissante italienne,membre de l’ONG italienne CISP, Aino Fernadez Coin de nationalité espagnole, membre de L’Association des amis du peuple sahraoui en Estrémadure (Espagne), Enrico Gonyalons de nationalité espagnole, membre de l’ONG espagnole MUNUPAT,ont été enlevés par un groupe armé.A cet égard, L’ANSPS a exprimé sa « sympathie » à Rossella Urru, et ses « deux compagnons d’infortune », et s’est déclarée « proche » de leurs familles.L’ONG s’est également, dite « proche » des associations coopérantes, et surtout de la CISP, qui ont « une longue et fructueuse expérience » dans la coopération dans les camps de réfugiés sahraouis et la « sensibilisation » sur la question sahraouie en Italie.« Nous savons l’intelligence, la compétence et la détermination de Rossella Urru et nous espérons que ces qualités lui serviront dans ces moments difficiles », a ajouté la même source, à propos de l’activiste italienne.Par ailleurs, l’association a indiqué qu’elle comptait sur « la capacité des autorités sahraouies et algériennes, en collaboration avec les pays voisins, à identifier les auteurs de cet acte odieux et à dénouer aussi vite que possible cette crise ».L’ONG qui a appelé à la « libération immédiate » des otages, a affirmé ne pas pouvoir « oublier les raisons de leur présence dans la région, qui sont aussi des raisons d’être de (l’ANSPS) », a invité à cet effet, tout le réseau italien et européen de solidarité avec le peuple sahraoui à » ne pas céder au chantage d’une organisation terroriste dont l’un des objectifs est d’empêcher (que se réalise) cette solidarité ».Elle a dans ce cadre, appelé à « ne pas priver le peuple sahraoui de l’aide et du soutien dont ils a besoin ».L’association qui a rappelé que c’est « la première attaque contre la coopération internationale dans les camps des réfugiés, depuis 36 ans d’exil des réfugiés en Algérie, a affirmé que « le mode opératoire utilisé dans l’attaque conduit à établir que ses auteurs sont liés l’organisation terroriste Al Qaida, ce qui, selon elle, contredit la propagande du Maroc qui a maintes fois, tenté de faire l’amalgame entre cette organisation et le Front Polisario ». -
L’enlèvement des coopérants n’est qu’un nouveau chapître d’un scénario franco-marocain
Le monde entier célèbre le début de l’ère post-Kadhafi, bien que, comme Hillary Clinton l’a dit, sa mort ne signifie pas que le problème de la Libye est résolu. Alors que son auto-immolation ne laisse aucune excuse au Comité National de Transition (CNT) de continuer à retarder ce qui est vraiment important (sa capacité à former un gouvernement de tous les Libyens), le jeu d’échec géopolitique sahélien bouge à haute vitesse ainsi que le sillage de ce changement de pions en Libye. L’enlèvement de trois coopérants dans les camps de réfugiés du Front Polisario – deux Espagnols et une Italienne- en est une bonne preuve.L’enlèvement d’Ainhoa Fernandez Rincón, Enric Gonyalons et Rosella Urru a eu lieu vers minuit et son annonce a mis en deuxième plan la gueule de bois des informations sur comment Kadhafi est mort.La transition entre un scénario et un autre n’a pas laissé le temps pour les analyses sur la voie suivie par le tsunami déclenché des printemps arabes qui semblait s’être coincé avec la résistance du guide libyen. Bien que la situation instable en Syrie, en Jordanie ou au Yémen, fasse supposer que le plus logique est que l’incendie se propage maintenant avec force dans ces scénarios déjà touchés, il y a la possiblité que le tsunami, au lieu continuer vers la Méditerranée orientale, il se dirige vers la rive sud contigue à l’Europe occidentale.La position-même de l’Algérie pendant et face au conflit libyen reflète la façon dont les algériens ont regardé le cours des évènements dans la cour voisine comme un précédent dangereux et possible dont la recette, une fois fini le cas Kadhafi, pourrait également être appliquée pour provoquer un changement d’équilibres chez eux . Ce qui inquiète le gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika n’est pas tant la «perte» d’un Kadhafi à qui l’on n’a jamais fait confiance à Alger et qui a joué contre l’Algérie en s’alliant avec le régime réactionnaire de Hassan II du Maroc (le père de Mohamed VI) , à condition d’imposer son propre jeu pour le leadership africain.Les nuées arrivent dans ce cas-ci d’un mélange explosif: l’agitation d’une population jeune au chômage (28% des plus de 35 millions d’Algériens ont moins de 15 ans), très vulnérable à toute étincelle printanière, et l’ennemitié d’une caste politique française envers une Algérie avec laquelle les relations sont détériorées depuis la brutale guerre qui a conduit à l’indépendance algérienne en 1962. Une étincelle qui peut maintenant s’enflammer facilement, grâce à la prolifération d’armes qui peuvent s’infiltrer en Algérie à travers ses longues frontières avec la Libye.Ce qui peut soulever des soucis, c’est le changement de rythme avec lequel Sarkozy est passé d’être un grand ami et admirateur de Kadhafi, admirateur voué de ses tentes, à être le parrain du «printemps» libyen, en jouant sans aucune gêne du côté de l’opposition du CNT autant dans le front des reconnaissances diplomatiques comme dans la fourniture d’armes.Avec cela, Sarkozy a remédié la perte de positions que l’hégémonie française en Afrique du Nord a subie avec son soutien, jusqu’à la dernière minute, au dictateur Ben Ali de Tunisie (celui qui invitait les ministres français à passer ses vacances en Tunisie). En plus, en réussissant à justifier l’intervention de l’OTAN du côté de ceux qui prennent les armes au nom de la démocratie, il suffit maintenant de profiter de la moindre manifestation de mécontentement en Algérie pour faire la même chose en faveur de tout groupe qui déclare la guerre au gouvernement de Bouteflika. C’est le tentateur tour que la France pourrait, en effet, jouer pour tenter un changement de situation et faire d’Alger plus sensible à ses intérêts, qu’ils soient économiques ou géopolitiques, y compris la partie du Sahara occidental que Paris joue en faveur du Maroc.Depuis le début de la crise libyenne, les éléments d’une campagne contre l’Algérie étaient visibles. A tort, Alger a été accusée d’envoyer des mercenaires pour soutenir Gadhafi et d’avoir violé la résolution du Conseil de Sécurité qui a permis de liquider Gadhafi.Dans ce contexte, grâce à la propagande française, le Maroc est devenu un « modèle » dans la région. Ainsi sur une chaîne marocaine, un chef d’un parti d’opposition algérien disait qu’il venait d’un «commissariat respirer la liberté au Maroc». Les algériens ont pu aussi lire de la plume d’un écrivain connu que les Algériens voulaient «vivre comme en Tunisie ou au Maroc». Des journalistes ont clairement servi de porte-voix à la diplomatie étrangère, à l’occasion de la prise de Tripoli par l’OTAN.Plus grave encore, une campagne systématique a visé le FLN et l’armée. L’un à travers la personne de Belkhadem et l’autre à travers ce qu’on a appelé « les généraux ».Et pour clôre le tout, un enlèvement de trois coopérants en plein coeur des camps des réfugiés sahraouis sur le territoire algérien.Le timing choisi pour son exécution laisse beaucoup de questions en l’air. Est-il possible que des « terroristes » entreprennent cette opération au résultat incertain, et se risquent dans une région militaire, juste pour enlever des étrangers, au moment où le nord du Mali grouille en cette période d’un grand nombre de touristes étrangers, à l’occasion du lancement de la saison touristique au Sahara ? Ce qui signifie que les exécuteurs de cette opération sont un commando entrainé pour des opérations spéciales et que c’est loin d’être un simple enlèvement visant une rançon.Pour certains observateurs, ces enlèvements seraient des représailles de l’Aqmi à la création d’un commandement unifié des armées du Sahel et du Sahara (d’où le Maroc est exclu) sous la direction de l’Algérie. Un commandement qui a fait ses preuves et qui a désormais le soutien des Etats-Unis et de l’Angleterre, comme le montre l’élimination du terroriste Tayeb ould Sidi Ali, un proche lieutenant de Mokhtar Belmokhtar», l’un des principaux chefs d’AQMI dans la région et qui serait l’artisan de ces enlèvements.Mais c’est possible aussi que ce soit pour convaincre l’Amérique que le Front Polisario ne peut pas garantir la sécurité d’un Etat indépendant. D’ailleurs, la presse marocaine s’en fait déjà écho. Et le Maroc, poussé par son protecteur, la France, siègera au mois de Janvier prochain au Conseil de Sécurité.Sachant que la France, à l’instar du Maroc, joue tout pour le Sahara Occidental, ses vetos contre la protection des droits de l’homme dans ce pays l’ont prouvé, la pression contre les sahraouis risquent d’être forte au sein du Conseil de Sécurité. Ce sera le dernier chapitre du scénario franco-marocain pour s’assurer le contrôle des immenses richesses du Sahara Occidental. -
Passe d’armes Sarkozy-Cameron à Bruxelles
Le président français Nicolas Sarkozy s’en est pris dimanche au Premier ministre britannique David Cameron lors du sommet européen sur la dette, lui déclarant qu’il «en avait assez de l’entendre dire ce que nous avons à faire», a rapporté la presse britannique. «Nous en avons assez de vous entendre nous critiquer et nous dire ce que nous avons à faire », aurait dit le président français à M. Cameron, selon le Daily Telegraph et The Guardian, citant des sources diplomatiques. «Vous dites détester l’euro, vous n’avez pas voulu le rejoindre et maintenant vous voulez vous ingérer dans nos réunions», aurait ajouté M. Sarkozy.De son côté, le Times de Londres a fait état d’une altercation sans en préciser les détails. La grogne est montée dimanche parmi les dix Etats de l’UE non membres de la zone euro, Grande-Bretagne en tête, qui se plaignent de la volonté croissante des Etats utilisant la monnaie commune de prendre des décisions sans les consulter. «La crise de la zone euro affecte toutes nos économies, y compris celle de la Grande-Bretagne», a martelé M. Cameron.
«Il est dans l’intérêt de la Grande-Bretagne que les pays de la zone euro règlent leurs problèmes. Mais cela devient dangereux -et j’en ai parlé franchement avec eux-, s’ils prennent des décisions vitales pour les autres pays du Marché unique, comme des décisions sur les services financiers qui concernent tout le Marché unique », a-t-il insisté. En conséquence, les Britanniques ont exigé et obtenu qu’un autre sommet réunissant tous les pays de l’UE soit aussi convoqué mercredi à Bruxelles.
Le Quotidien d’Oran, 25/10/2011 -
L’armée algérienne déclenche une opération de grande envergure visant l’arrestation des auteurs
Suite au kidnapping des trois ressortissants européens dans le camp de Rabuni près de TindoufLe Commandant des forces de l’Armée chef d’état-major Ahmed Gaid Salah a supervisé, hier, le lancement d’une opération de grande envergue visant l’arrestation des kidnappeurs des trois ressortissants européens. Des forces aériennes et terrestres prennent part à cette opération. Tous les véhicules suspects traversant les pistes et passages qui mènent vers le nord de la Mauritanie et du Mali seront traqués.
Les unités de l’ANP stationnées le long des frontières sud du pays sont placées en état d’alerte. Le commandant d’état-major le général major Ahmed Gaid Salah a ordonné le déploiement des milliers d’éléments pour poursuivre le groupe qui a enlevé les trois ressortissants européens, dimanche dernier à Tindouf. Pour leur part, les unités de la Gendarmerie relevant des wilayas d’Adrar, de Tamanrasset, de Tindouf, d’El-Bayad et de Ghardaïa ont renforcé le contrôle des véhicules sur les routes reliant entre ces wilayas. Selon une source bien informée, quatre contrebandiers ont été arrêtés dans la région d’Oued Chenachen, à 300 km des frontières mauritaniennes. Les premiers éléments obtenus par les autorités militaires menant cette opération démontrent que le groupe armé qui s’est infiltré dans le territoire algérien, sur une distance de 800km, se déplaçait seulement la nuit, afin d’éviter le contrôle aérien des unités de l’ANP. Plus de 2 mille éléments de l’ANP ont été déployés pour cette opération ainsi que des moyens logistiques importants ont été mobilisés, dont des hélicoptères et des avions de prospection. L’armée mauritanienne est état d’alerte après l’enlèvement des trois ressortissants européens par un groupe d’AQMI, a annoncé une source mauritanienne. Les services de sécurité mauritaniens ont mis en garde contre une opération d’AQMI, selon la presse mauritanienne
El Khabar, 25/10/2011