Année : 2011
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Taïb Fassi-Fihri insinue que le rapt des coopérants européens a été menée avec la complicité des Algériens
Rabat.- Lors de la visite à Rabat de Trinidad Jimenez, la ministre espagnole des affaires étrangères, son homologue marocain, Taïn Fassi Fihri a insinué lors du point de presse commun que des complicités intérieures à l’Etat algérien aurait permis l’opération qui a débouché sur le rapt des trois coopérants européens.« L’Etat algérien a la responsabilité d’assurer la protection de toutes les personnes dans son territoire », a affirmé le ministre en raillant le manque de sécurité dans cette région.De son côté, la ministre espagnole a estimé que la responsabilité d’Al Qaïda dans le rapt, thèse défendue par le Polisario était seulement une « spéculation ».Tout le monde est resté sur sa fin après ce point de presse. Si ce n’est pas Al Qaïda qui a enlevé ces trois coopérants, qui alors ? Des polisariens ?Pourtant, à aucun moment Fassi Fihri, qui a accusé dans le passé le Polisario d’être de mèche avec Al Qaïda (une thèse que les Américains ont réfuté), n’a accusé directement les indépendantistes sahraouis d’être les responsables du rapt.Taïb Fassi Fihri mesure sûrement ses paroles et sa pirouette linguistique cache un petit dilemme. Si finalement il s’avère que c’est Al Qaïda qui a mené l’opération de Rabouni, alors deux conclusions s’imposent. Ni le Polisario ni les Algériens ne contrôlent les camps de réfugiés, devenus des passoires. Ce qui constitue un bon et un mauvais point pour le Maroc.Un bon point parce que cela signifie que les camps de réfugiés sont à l’abandon et que la sécurité est un vain mot. Un mauvais point parce que cela veut dire aussi que ces mêmes camps ne sont pas des centres de « séquestration » comme nous le vend le régime depuis 30 ans.Si tout le monde peut entrer et sortir des camps comme dans un moulin, alors pourquoi les réfugiés ne choisissent pas librement de rentrer au Maroc ?Enfin, si c’est Al Qaïda qui a rapté ces Européens, et on devrait le savoir bientôt, alors tous ces experts étrangers, financés par le Maroc pour pérorer haut et fort que le Polisario a signé une alliance avec AQMI vont devoir opérer un douloureux virage dialectique.Kidnapper des coopérants dans les camps de réfugiés sahraouis c’est pas bien pour le Polisario (drôle de façon de protéger des invités…), mais si c’est Al Qaïda c’est pas non plus bon pour notre propagande officielle.Badr SoundoussDemain, 26/10/2011 -
Dix martyrs du Mouvement du 20 février
Par Ali Fkir, 28/10/2011Liste des martyrs du MVT20FEVRIER( en 9 mois de luttes héroïques du peuple marocain):1. Karim CHAIB, 21 ans, Sefrou, le 20 Février 20112. Imad ALQADI, 18 ans, Al Hoceima, le 20 Février20113. Jawad BENQADDOUR, 25 ans, Al Hoceima, le 20 Février20114. Jamal SALMI, 24 ans, Al Hoceima, le 20 Février 20115.Samir LBOUAZAOUI, 17 ans, Al Hoceima, le 20 Février 20116. Nabil JAAFAR, 19 ans, Al Hoceima, le 20 Février 20117. Fadwa LAAROUI, 20 ans, Souq Sebt, le 21 Février 20118. Kamal AMMARI, 30 ans, Safi, 29 Mai 20119. Mohamed Boudouroua, 38 ans, Safi, 13 Octobre 201110. Kamal Hussaini, Aït Bouayach, 27 Octobre 2011N’OUBLIONS JAMAIS LES MARTYRS MORTS POUR LA DÉMOCRATIE AU MAROCLA LISTE EST LONGUE: de BEN BARKA jusqu’à Kamal Houssaïni en passant par Dahkoune, Zeroual, Saïda….VIVE LA RÉSISTANCE DU PEUPLE MAROCAIN!VIVE LE MVT20FEVRIER!Source : Solidarité Maroc, 28/10/2011 -
SAHARA OCCIDENTAL Ould Salek rappelle à l’ordre Fassi Fihri
Le gouvernement sahraoui prend des mesures de sécurité supplémentaires pour protéger ses invités et rappelle quelques vérités au Maroc.« Plusieurs mesures sécuritaires ont été prises au niveau des territoires libérés et des camps des réfugiés sahraouis, notamment en ce qui a trait à la protection des personnes solidaires avec le peuple sahraoui » affirme Mohamed Abdelaziz, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et Secrétaire général du Front Polisario, précisant que de telles mesures requièrent davantage de vigilance.
« Le combat contre le terrorisme a été imposé aux sahraouis tout comme leur a été imposé le combat pour la libération contre l’ennemi en 1975 » dit-il ajoutant que « le combat se poursuivra jusqu’à l’indépendance ».C’était mardi soir, à l’issue d’une réunion d’urgence d’un conseil des ministres qui a porté sur la situation engendrée par l’enlèvement dans la nuit de samedi à dimanche de trois membres d’ONG européennes dans les camps des réfugiés. Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, M. Mohamed Salem Ould Salek qui a attribué cet enlèvement à l’organisation terroriste Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) n’a pas raté l’occasion pour rappeler à l’ordre le Maroc, qui « oublie » qu’il « pratique, depuis 1975, un terrorisme d’Etat » contre un peuple tout entier.Et pour cause ! Rabat a, toute honte bue, cru bon « d’exploiter politiquement » cet acte terroriste.« Dans une conférence de presse à Rabat, le 25 octobre, M. Fassi Fihri, le ministre marocain, oubliant sans doute que « le terrorisme est un phénomène international n’épargnant aucune région du monde » a profité de l’occasion pour faire passer son message traditionnel, fait de mensonges et d’intox contre la noble cause du peuple sahraoui au lieu de condamner l’abominable enlèvement des trois coopérants européens (Aino Fernadez Coin, membre de l’association des amis du peuple sahraoui d’Estrémadure (Espagne), Enrico Gonyalons, membre de l’ONG espagnole MUNDUBAT, et Rossella Urru, membre de l’ONG italienne CCISPP. Ould Salek a observé que le Maroc « viole au Sahara Occidental les droits les plus fondamentaux de l’homme » où « les disparitions, la torture, les viols et toutes les pratiques dégradantes sont les pivots de la politique de l’occupation et de la colonisation marocaine dans le territoire sahraoui ».
Horizons, 28/10/2011 -
Le principal syndicat italien condamne l’enlèvement d’humanitaires dans les camps de réfugiés sahraouis
ROME– Le principal syndicat italien, la Confédération générale des travailleurs italiens (CGIL), a condamné l’enlèvement des trois humanitaires européens (deux Espagnols et une Italienne), dans les camps des réfugiés sahraouis, a-t-on appris vendredi auprès de la représentation diplomatique sahraouie à Rome.« Le Conseil de direction de la CGIL exprime sa ferme condamnation de l’enlèvement de trois coopérants internationaux dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf en Algérie, et exprime sa solidarité avec leurs familles », a indiqué le syndicat dans un communiqué.« Il n’est pas encore clair ce que pourrait advenir de cet acte méprisable qui met en danger la sécurité des personnes enlevées, et nous rappelle la dure réalité de la diaspora suite à l’occupation marocaine des territoires du Sahara occidental », a indiqué le syndicat.Le syndicat a rappelé la conférence internationale du 30 septembre dernier, au cours de laquelle a été réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, et qui a exhorté les institutions internationales et l’Union européenne à initier une politique adéquate favorisant le respect des résolutionsde l’ONU dans ce sens.La Confédération a demandé « au gouvernement et au ministère italien des Affaires étrangères de travailler pour parvenir à une issue heureuse et rapide à la question des otages ».Par ailleurs, l’ONG italo-africaine « Vétérinaires Sans Frontières-Africa70″ a joint sa voie aux appels de solidarité avec les familles des trois travailleurs humanitaires enlevés.« Nos organisations qui sont actives dans des camps de réfugiés sahraouis depuis 1997 pour la mise en oeuvre des projets de coopération expriment leur surprise face à cet acte violent contre des humanitaires, et espèrent que les associations d’aide aux réfugiés sahraouis poursuivent leur important travail de coopération, pour atténuer les souffrances d’un peuple durement touché dans un conflit qui traîne maintenant depuis 36 ans ». (APS) -
Les Intrigues autour de Kadhafi : voyou, allié et dictateur!
Hier allié, aujourd’hui voyou, ou les intrigues autour de Kadhafi : les câbles diplomatiques US wikifuités apportent un éclairage utile.La transformation du Président libyen Mouammar Kadhafi de voyou en allié puis en dictateur que selon les besoins du jour l’on bombarde, encense ou met hors jeu au moyen d’une guerre d’agression témoigne des intrigues stratégiques tissées par les USA et leurs alliés. Soutenir et subventionner ou diaboliser et renverser par les armes des États, des gouvernements ou des fractions sociétales relève des opportunités qui s’offrent aux puissances en place. Se servir de régimes répressifs précisément en raison de leur capacité à s’imposer par la force ou les mettre hors-la-loi pour exactement la même raison n’a rien à voir avec des normes telles que liberté, démocratie ou droits humains, qu’on peut à son gré ignorer ou utiliser comme prétexte à sanctions.
« Bien sûr que c’est un salaud —, mais c’est notre salaud ». Ce propos souvent cité est prêté au Président Franklin Delano Roosevelt qui l’aurait dit d’Anastasio Somoza Garcia. En 1933, lorsqu’une troupe de guérilleros sous la conduite d’Augusto César Sandino a chassé les Usaméricains du Nicaragua, ceux-ci ont laissé sur place la sinistre Garde nationale, dont Somoza prit le commandement. Il disposait ainsi d’un moyen assuré de réprimer la résistance politique et fit assassiner traîtreusement Sandino en 1934 à Managua à l’issue de négociations de paix. Deux ans plus tard, il prenait le pouvoir par un putsch, fondant ainsi la dynastie des dictateurs Somoza.
Le terme très utilisé de « salaud », dont on se sert à dessein et précisément en raison de l’absence de scrupules qu’il évoque pour se laver les mains des agressions impérialistes pourrait s’appliquer à tous les dictateurs Latino-Américains et autocrates d’autres régions du monde. Prendre pour cibles ces mêmes « salauds » parce qu’ils ont fait précisément ce qu’on leur a demandé et pour quoi on les a armés n’est que la poursuite logique du même principe dans le sens inverse. L’ignorer délibérément, comme les croisés des droits humains le font depuis les conflits dans les Balkans, ne peut être réduit à une courte mémoire de l’Histoire. Il s’agirait plutôt du calcul infatué de personnages profondément bourgeois, dont l’agressivité débridée a trouvé une occasion légitime de se donner libre cours ainsi qu’une utilisation carriériste. C’est le fait de propagateurs zélés de stéréotypes racistes et culturalistes qui déclarent close la question des systèmes politiques et escamotent les luttes sociales.
La manière dont l’establishment politique US traite Kadhafi montre à quelle vitesse un allié apprécié peut se muer en paria persécuté. L’an dernier encore le chef de l’État libyen, soutenu par Washington, était un poste avancé en Afrique du Nord dans le cadre de la « lutte contre le terrorisme ». En milieu de semaine dernière, Wikileaks a publié des câbles diplomatiques qui donnent un aperçu de l’étroite collaboration entre politiciens US de haut rang et le dirigeant libyen. Elles ne sauraient offrir plus grand contraste avec le mot d’ordre actuel : pourchasser ce cruel dictateur et le tuer ou mieux : le traduire devant la Cour des vainqueurs de La Haye pour lui faire un procès bidon.
Certes on ne faisait pas entière confiance à Kadhafi sur les moyens employés, mais le but poursuivi ne lui valait que louanges pour sa fiabilité et son efficacité. Le sénateur et ex- candidat républicain à la Maison Blanche, John McCain, a récemment diabolisé Kadhafi, le nommant « l’un des plus sanguinaires dictateurs du monde ». Il y a à peine deux ans il parlait d’un autre ton lors d’une rencontre à Tripoli. En août 2009 les sénateurs/trices John McCain, Lindsey Graham, Susan Collins et Joe Lieberman se sont rendus dans la capitale libyenne pour discuter de questions de sécurité avec Kadhafi et l’un de ses fils, Mouatassim. Selon un câble diplomatique, McCain a affirmé à ses interlocuteurs que les USA étaient prêts à livrer à la Libye tout l’armement nécessaire sous ce rapport. Il a encouragé Mouatassim Kadhafi, alors Conseiller national pour la sécurité, à envisager à long terme une coopération bilatérale en matière de sécurité. Si de petits obstacles venaient à surgir, on les écarterait. McCain a évoqué dans ce cadre l’étroite collaboration militaire entre son pays et la Libye, en particulier la formation d’officiers libyens dans des académies US. (1)
Le câble prête à Liebermann les propos suivants : dix ans plus tôt, on n’aurait pu imaginer qu’un jour on serait à Tripoli pour se voir souhaiter la bienvenue par le fils de Mouammar Kadhafi. La Libye était maintenant un allié de poids dans la « guerre contre le terrorisme » et le sénateur aurait ajouté que parfois des ennemis communs créaient des solides liens d’amitié. Les « ennemis » étaient bien sûr les groupes islamistes qui se concentraient dans l’Est de la Libye. Selon l’ambassade US, le bilan de la rencontre avec les Kadhafi était positif; les liens entre les deux pays en sortaient renforcés.
Ce même McCain qui aujourd’hui hurle, écumant de rage, que Kadhafi a sur les mains du sang américain, avait alors conseillé au chef d’État libyen de traiter avec discrétion la libération imminente d’Abdelbaset Al Megrahi, alors prisonnier en Écosse, car c’était là une question sensible aux USA. On était là pour renforcer les liens bilatéraux, non pour les empêcher. Certes le bouc émissaire de l’attentat de Lockerbie a été fêté en héros par le gouvernement libyen lors de son retour au bercail, mais à Tripoli McCain souligne que le sang américain versé ne posait problème que dans la mesure où la question des commanditaires de l’attentat était relancée et risquait de recevoir une réponse différente.
Dans les câbles livrés au public par WikiLeaks figure aussi une évaluation de la visite historique à Tripoli, en août 2009, de la Secrétaire d’État aux Affaires étrangères d’alors, Condoleezza Rice. On disait alors que la Libye était un partenaire de poids dans la guerre contre le terrorisme, que la collaboration se déroulait parfaitement, et que la coopération en matière de politique sécuritaire était un pilier des relations bilatérales et servait un intérêt stratégique commun.
En février 2009 l’ambassade US met en avant le succès remporté par le gouvernement Kadhafi contre un réseau opérant dans l’Est du pays qui envoyait des combattants en Algérie et en Irak et projetait des attentats contre des objectifs libyens névralgiques au plan sécuritaire. Cette opération avait permis l’arrestation de plus de 100 personnes. En avril 2009, en amont d’une visite de Mouatassim Kadhafi à Washington il a été question de la formation des officiers libyens et de futures livraisons d’armes. L’ambassade décrivait le fils de Kadhafi comme un personnage influent au sein du gouvernement et le possible successeur de son père. Cette visite offrait une occasion de normaliser les relations. Puisque l’appareil sécuritaire libyen était placé sous le contrôle du visiteur, on demandait son soutien en matière de sécurité et d’engagement militaire. Un câble de mai 2009 contient des détails sur une rencontre consensuelle de plusieurs heures entre Mouammar Kadhafi et le chef d’État-major de l’époque du Commandement Afrique des USA (AFRICOM), le général William Ward.
Assez souvent les câbles diplomatiques font état de « mines d’or » pour les firmes pétrolières et du bâtiment US-américaines; les avancées de la privatisation et le projet d’une Bourse à Tripoli sont signalés avec bienveillance. À l’inverse, en 2008 et 2009 on exprime des craintes sur la participation des entreprises US aux « milliards à gagner » : Kadhafi ne finirait-il pas par nationaliser l’industrie pétrolière, pour négocier des contrats plus avantageux pour son pays avec les firmes étrangères?
Une autre cause de méfiance était le rapprochement entre Kadhafi et la Russie, incluant non seulement de gros achats d’armement, mais aussi le projet en commun avec le gouvernement Poutine d’une base navale russe à Benghazi. En octobre 2008 l’ambassade US, de manière cynique, avait intitulé un câble relatif à la visite d’une flottille de guerre russe à Tripoli : « Al-Qadhafi: To Russia, with Love? » Une base navale militaire russe aurait sans doute constitué une assurance-vie pour le régime libyen, ce qui a bien sûr fait sonner le tocsin à l’OTAN.
Sans aucun doute Kadhafi, qui ne faisait pas plus confiance aux USA qu’eux-mêmes à lui, espérait assurer sa sécurité au moyen d’un large éventail de collaborations internationales. Outre ses relations avec divers pays africains, que la Libye soutenait de ses deniers et poussait à coopérer d’autres pays du continent, il avait entretenait aussi des contacts avec les gouvernements d’Amérique latine hostiles à l’impérialisme US et européen.
Mouammar Kadhafi a été dans l’intervalle un allié appréciable pour les Occidentaux dans la « guerre contre le terrorisme », Washington espérait le voir prendre pour lui le contrôle de l’Afrique du Nord dans ce domaine, de même qu’il avait stoppé pour les Européens les flux de réfugiés. Mais les bouleversements survenus dans les pays arabes ont modifié la donne et les USA, comme la plupart des gouvernements européens ont estimé préférable de se débarrasser plus tôt que prévu du facteur potentiel d’insécurité que représentait Kadhafi, de placer la Libye sous protectorat et de continuer à attiser les feux dans cette région .
Source TLAXCALA
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Certains pays se sont accommodés de l’instabilité de l’Algérie dans les années 1990 et alimentent ouvertement la tension au Maghreb
(…) L’embellie économique durable en Algérie est accompagnée, sur le plan diplomatique, par un retour en force du pays sur les scènes régionale et internationale, qui semble déranger certains pays, qui se sont accommodés de l’instabilité qui l’a caractérisé dans les années 1990 et alimentent ouvertement la tension au Maghreb, au sujet du problème du Sahara Occidental, en encourageant notamment le Maroc, miné par ses contradictions internes et la drogue, à persévérer dans sa fuite en avant.
Une reprise des hostilités ente le Front Polisario et le Maroc ou un conflit entre ce dernier et l’Algérie ne profiteront qu’à ces pays.
Terre d’asile traditionnelle, l’Algérie a, conformément à la résolution 1514 de l’ONU, soutenu le droit des peuples colonisés à l’autodétermination et à l’indépendance et a , de tous temps, accueilli généreusement les persécutés et réfugiés venus du monde entier, qui y ont trouvé paix, sécurité et réconfort pour eux et leurs enfants.
C’était notamment, le cas des Juifs, qui s’étaient réfugiés dans la région du Touat, Adrar, Sud-Ouest algérien, après avoir fui la répression de l’Empereur romain Titus en Palestine, à la suite de la destruction du Temple en 70 après J.C. et de ceux qui ont été déportés par l’Empereur romain Trajan, dans la région de Constantine, après leur insurrection,dans les années 100 après J.C. ( Les juifs étaient bien intégrés et leurs religion et droits respectés par la majorité mais, après l’occupation de la Régence d’Alger par la France, en 1830, la très grande majorité d’entre eux avait préféré soutenir l’occupant français et le suivre, à l’indépendance de l’Algérie, en 1962).C’était les cas également des Morisques qui fuyaient l’Inquisition, après la chute du royaume de Grenade, et des Sahraouis, qui ont fui l’occupation et la répression marocaines, en 1975.
Le Droit humanitaire, aujourd’hui à la mode, a été donc depuis longtemps mis en œuvre par l’Algérie, sans aucun tapage médiatique.(…)Source : EL WATAN 2, 28/10/2011 -
Qui tuera la Françafrique ?
Comme d’habitude et même si Paris n’est plus le pôle d’intérêt unique de l’Afrique francophone, l’élection présidentielle française sera suivie avec attention, parfois avec passion, au sud de la Méditerranée. Certes, nul n’en attend un séisme comparable à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981, ni même une répétition de 2007, quand la victoire de Nicolas Sarkozy avait suscité un vif sentiment de curiosité. Vue d’Afrique, la compétition oppose un adversaire socialiste encore peu connu et dont les positions ne sont qu’ébauchées à un président sortant qui, après avoir prôné la rupture en matière de politique africaine puis prononcé l’inacceptable discours de Dakar, a fini par adopter une ligne conservatrice dans le droit fil de son prédécesseur, ponctuée de quelques coups d’éclat à forte teneur médiatique (Côte d’Ivoire, Libye).Dans son interview à Jeune Afrique, fin juillet, unique référence pour l’instant en ce domaine, François Hollande a signifié que l’un de ses premiers actes, s’il est élu, sera de poser « des principes établis entre le nouveau président de la République française et les chefs d’État africains », afin de « clarifier nos rapports ». Fidèle à son image de rassembleur responsable, le candidat du PS évite d’effaroucher quiconque, d’autant que l’Afrique est loin d’être un enjeu de l’élection : « Nous ne chercherons pas, précise-t-il, à déstabiliser des pays et leurs dirigeants. » Nul doute qu’avec Martine Aubry, dont le tropisme africain est nettement plus marqué et qui compte parmi ses proches l’ancien ambassadeur à Dakar, Jean-Christophe Rufin, grand pourfendeur des réseaux, le ton aurait été plus cinglant.
Il n’empêche. Au sud du Sahara, où l’on préfère toujours le diable que l’on connaît à celui qui sort de la boîte, les avis des chefs d’État sont d’ores et déjà tranchés. À l’exception de ceux dont les affinités socialistes sont avérées, comme Mahamadou Issoufou (Niger) et Alpha Condé (Guinée), voire des dirigeants maliens engagés dans un pénible bras de fer avec Claude Guéant sur l’accord de gestion des flux migratoires, tous ou presque « votent » légitimiste, c’est-à-dire Sarkozy.
En première ligne, bien sûr, deux sarkophiles déclarés, l’Ivoirien Alassane Ouattara (avec qui François Hollande confessait dans J.A. n’avoir « aucune affinité politique ») et le Gabonais Ali Bongo Ondimba. Mais aussi le Rwandais Paul Kagamé, dont le relationnel avec Paris ne tient qu’à l’unique présence de l’hôte actuel de l’Élysée. A contrario, les opposants placent des espoirs pas toujours raisonnés dans l’hypothèse d’un retour de la gauche au pouvoir. D’André Mba Obame à Ahmed Ould Daddah, de Saleh Kebzabo à Martin Ziguélé, de Jean-Pierre Fabre à John Fru Ndi, ils seront quelques-uns à croiser les doigts au soir du 6 mai 2012. À Dakar aussi, on sera très attentif du côté des socialistes sénégalais, particulièrement proches de leurs camarades français, mais dans un contexte fort différent : la présidentielle y aura lieu deux mois avant, fin février
Au Maghreb, le spectre n’est pas de même nature. Moins tranché et plus complexe. Si les Tunisiens, autocentrés sur leur propre processus postrévolutionnaire, ne portent qu’un intérêt distrait aux échéances françaises, il n’en va pas de même des Algériens et des Marocains.
Historiquement, les dirigeants d’Alger se sont toujours sentis plus à l’aise avec une droite issue du gaullisme qu’avec une gauche héritière de la SFIO. Mais les mauvaises relations politiques actuelles avec Paris (qui ne se traduisent pas, il est vrai, sur le plan économique) et les gestes appréciés de François Hollande, qui s’est joint aux commémorations de la répression du 17 octobre 1961 à Paris, pourraient changer la donne. Si le pouvoir n’avait que modérément apprécié les conseils que lui avait dispensés, il y a trois mois dans J.A., le futur candidat socialiste (« faire un double effort de progrès démocratique et de justice démocratique »), l’opinion, elle, n’y avait rien trouvé à redire. Comme avant lui Lionel Jospin ou Claude Cheysson, François Hollande dont le père médecin partagea pourtant les idées de l’OAS a une vraie sensibilité « algérienne ». Deux Français originaires l’un d’Alger et l’autre de Constantine figurent d’ailleurs dans son entourage proche : le député européen Kader Arif et le militant associatif Faouzi Lamdaoui.
Connu en Algérie, donc, le rival de Sarkozy ne l’est guère au Maroc, où l’on est beaucoup plus habitué aux visites, le plus souvent privées, de Ségolène Royal, de Martine Aubry et, évidemment, du couple Strauss-Kahn. Reste que si la tendance traditionnelle du Palais au légitimisme joue en faveur de Nicolas Sarkozy, Rabat ne s’inquiète guère de la perspective inverse. D’Arnaud Montebourg à François Hollande, tous les ténors socialistes français ont salué la nouvelle Constitution, et il ne viendrait à l’esprit d’aucun d’eux de renouveler le très provocateur « Monsieur Hassan II » de Lionel Jospin. Même tranquillité d’esprit à propos du Sahara occidental : lié à l’USFP marocaine, le PS n’a jamais fait siennes les thèses des indépendantistes.
Restent à aborder, pour départager Sarkozy et Hollande, les problèmes de fond : quelles politiques arabe, maghrébine et africaine proposent-ils ? En attendant que le président sortant (re)définisse éventuellement sa position sur ces points, une tribune remarquée de Jean-Christophe Rufin parue récemment dans Le Monde fait office de starting-block. « Mme Aubry nous sortira de la Françafrique », écrivait, peu avant la primaire socialiste, le néo-académicien français, qui fut l’ambassadeur de Nicolas Sarkozy au Sénégal avant de quitter ses fonctions sur injonction du président Wade. Aubry battue, place à Hollande, lequel, toujours dans son entretien avec J.A., paraissait tout aussi déterminé à en finir avec « les réseaux, les connivences, [ ] les rapports de domination, d’influence et d’affairisme pour les amis du pouvoir ». Le problème est que, médiatique et de très mauvaise réputation, la Françafrique est à ce point répulsive que nul, à droite, ne la défend. D’où une certaine confusion. Fustigée dès mai 2006 dans son discours de Cotonou par Nicolas Sarkozy, son acte de décès a même été prononcé par le Premier ministre lors d’un déplacement au Gabon, en juillet dernier. On dira certes que le cadavre bouge encore, comme l’a démontré la persistance du réseau résiduel de l’avocat Robert Bourgi jusqu’à l’arrivée d’Alain Juppé au Quai d’Orsay, mais il s’agit en l’occurrence de l’achever beaucoup plus que de l’abattre.
L’erreur en effet serait de réduire l’objet du débat à cette queue de comète que sont les fameuses mallettes et leurs porteurs en voie de disparition. Ce qui est en cause et qu’il convient de refonder, c’est toute une politique africaine de la France, résiliente depuis le début de la Ve République et qui, telle une poupée russe, juxtapose le soutien aux pouvoirs en place, la gestion de l’outil Agence française de développement, la politique migratoire, la francophonie, les intérêts économiques publics et privés, les bases militaires, etc. Sur la plupart de ces points, l’effort de rénovation de Nicolas Sarkozy, malgré quelques réelles avancées, n’a pas répondu aux attentes. À simple titre d’exemple, était-il nécessaire qu’Alain Juppé, dès le surlendemain de la tenue de l’élection présidentielle camerounaise du 9 octobre et treize jours avant la proclamation des résultats, qualifie d’« acceptable » son déroulement sans qu’aient été examinées, ne serait-ce que pour la forme, les demandes d’invalidation de l’opposition ? Les réflexes anciens ont la vie dure.
De leur côté, les socialistes, dont la gestion des affaires africaines ne différa guère de celle de la droite quand l’un des leurs, François Mitterrand, siégea à l’Élysée pendant quatorze ans, n’ont toujours pas produit un vrai projet global de politique étrangère en particulier africaine. Les condamnations, les imprécations et les effets d’annonce ne suffisent plus. En ce domaine, le poids du passé est tel que les Africains ont appris à être méfiants. En peu de mots : Nicolas Sarkozy a déçu, François Hollande pas encore. C’est pour l’instant toute la différence.
Connu en Algérie, donc, le rival de Sarkozy ne l’est guère au Maroc, où l’on est beaucoup plus habitué aux visites, le plus souvent privées, de Ségolène Royal, de Martine Aubry et, évidemment, du couple Strauss-Kahn. Reste que si la tendance traditionnelle du Palais au légitimisme joue en faveur de Nicolas Sarkozy, Rabat ne s’inquiète guère de la perspective inverse. D’Arnaud Montebourg à François Hollande, tous les ténors socialistes français ont salué la nouvelle Constitution, et il ne viendrait à l’esprit d’aucun d’eux de renouveler le très provocateur « Monsieur Hassan II » de Lionel Jospin. Même tranquillité d’esprit à propos du Sahara occidental : lié à l’USFP marocaine, le PS n’a jamais fait siennes les thèses des indépendantistes.
Restent à aborder, pour départager Sarkozy et Hollande, les problèmes de fond : quelles politiques arabe, maghrébine et africaine proposent-ils ? En attendant que le président sortant (re)définisse éventuellement sa position sur ces points, une tribune remarquée de Jean-Christophe Rufin parue récemment dans Le Monde fait office de starting-block. « Mme Aubry nous sortira de la Françafrique », écrivait, peu avant la primaire socialiste, le néo-académicien français, qui fut l’ambassadeur de Nicolas Sarkozy au Sénégal avant de quitter ses fonctions sur injonction du président Wade. Aubry battue, place à Hollande, lequel, toujours dans son entretien avec J.A., paraissait tout aussi déterminé à en finir avec « les réseaux, les connivences, [ ] les rapports de domination, d’influence et d’affairisme pour les amis du pouvoir ». Le problème est que, médiatique et de très mauvaise réputation, la Françafrique est à ce point répulsive que nul, à droite, ne la défend. D’où une certaine confusion. Fustigée dès mai 2006 dans son discours de Cotonou par Nicolas Sarkozy, son acte de décès a même été prononcé par le Premier ministre lors d’un déplacement au Gabon, en juillet dernier. On dira certes que le cadavre bouge encore, comme l’a démontré la persistance du réseau résiduel de l’avocat Robert Bourgi jusqu’à l’arrivée d’Alain Juppé au Quai d’Orsay, mais il s’agit en l’occurrence de l’achever beaucoup plus que de l’abattre.
L’erreur en effet serait de réduire l’objet du débat à cette queue de comète que sont les fameuses mallettes et leurs porteurs en voie de disparition. Ce qui est en cause et qu’il convient de refonder, c’est toute une politique africaine de la France, résiliente depuis le début de la Ve République et qui, telle une poupée russe, juxtapose le soutien aux pouvoirs en place, la gestion de l’outil Agence française de développement, la politique migratoire, la francophonie, les intérêts économiques publics et privés, les bases militaires, etc. Sur la plupart de ces points, l’effort de rénovation de Nicolas Sarkozy, malgré quelques réelles avancées, n’a pas répondu aux attentes. À simple titre d’exemple, était-il nécessaire qu’Alain Juppé, dès le surlendemain de la tenue de l’élection présidentielle camerounaise du 9 octobre et treize jours avant la proclamation des résultats, qualifie d’« acceptable » son déroulement sans qu’aient été examinées, ne serait-ce que pour la forme, les demandes d’invalidation de l’opposition ? Les réflexes anciens ont la vie dure.
De leur côté, les socialistes, dont la gestion des affaires africaines ne différa guère de celle de la droite quand l’un des leurs, François Mitterrand, siégea à l’Élysée pendant quatorze ans, n’ont toujours pas produit un vrai projet global de politique étrangère en particulier africaine. Les condamnations, les imprécations et les effets d’annonce ne suffisent plus. En ce domaine, le poids du passé est tel que les Africains ont appris à être méfiants. En peu de mots : Nicolas Sarkozy a déçu, François Hollande pas encore. C’est pour l’instant toute la différence.
Source : Jeune Afrique
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Enlèvement au Sahara et voyage au Maroc de Trinidad Jimenez
L’enlèvement des deux humanitaires espagnols et leur collègue italien a eu lieu dans les camps du Polisario sur le territoire de l’Algérie. Cependant, c’est au Maroc où la ministre Trinidad Jimenez s’est dépêchée pour une visite officielle, mettant trop en exergue l’importance de la collaboration marocaine pour la libération des trois otages.Se pourrait-il que le Maroc ait plus d’informations sur les ravisseurs des travailleurs humanitaires qu’en Algérie ou les camps du Front Polisario?Un autre détail très surprenant: j’ai demandé des précisions au représentant du Polisario en Espagne, Buchraya Beyun sur cette persécution présumée dont TVE a beaucoup parlé lundi et le mardi et il assure que toutes ces informations étaint baséss sur la version de la « opposition » Khat Chahid qui a sauté à la célébrité grâce à ce malheureux événement. La version du Polisario s’est limitée à expliquer l’attaque des agresseurs en accord avec les principes de la «prudence» qui a exigé Trinidad Jimenez en personne. Ils n’ont rien à voir avec le récit de la persécution présumée de militaires du Polisario du Polisario aux trousses des véhicules tout-terrain des ravisseurs ou l’intervention d’hélicoptères algériens en soutien au Polisario.
Selon Buchraya Beyun, le porte-parole du groupe d’opposition présumé s’est limité à filtrer des informations livrées par le Maroc pour arrondir ce qui pour le Polisario était le but principal de l’enlèvement des travailleurs humanitaires : « porter préjudice au peuple sahraoui ». C’est à dire : favoriser l’annexion marocaine.
Elle (Trinidad) a dit à Rabat n’est pasêtre sûre que les auteurs de l’enlèvement soient des Jihadistes d’AQMI. Hier, le Polisario parlait déjà de la participation dans le kidnapping d’éventules « traîtres ».
Arenas Movedizas, 27/10/2011
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L’OTAN mettra fin à ses opérations en Libye le 31 octobre
L’Otan mettra fin à ses opérations en Libye le 31 octobre, a déclaré jeudi à Berlin le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Lors d’une conférence de presse à l’issue de sa réunion avec la chancelière allemande, Angela Merkel, M. Rasmussen a annoncé que l’Otan prendrait une décision formelle concernant la fin de la mission en Libye lors de la réunion vendredi à Bruxelles du Conseil de l’Atlantique Nord, qui est l’organe chargé de la prise de décisions au sein de l’Otan.En réaction aux demandes du Conseil national de transition (CNT) libyen, qui a appelé l’OTAN à prolonger sa mission en Libye jusqu’à la fin de 2011, M. Rasmussen a souligné qu’il ne prévoyait pas un rôle majeur pour l’OTAN durant la période d’après-conflit en Libye.
« Si cela nous est demandé, nous pouvons aider le nouveau gouvernement libyen à mener la transformation vers la démocratie, par exemple avec la réforme des secteurs de la défense et de la sécurité, mais je ne prévois pas de nouvelles tâches en dehors de cela », a-t-il ajouté.
Concernant sa mission en Afghanistan, M. Rasmussen a exprimé sa confiance quant au respect du calendrier prévoyant l’achèvement du transfert de la responsabilité des tâches de sécurité aux autorités afghanes d’ici 2014, et il a fait remarquer qu’un quart de la population afghane était d’ores et déjà protégée par les propres forces de sécurité du pays. Il a toutefois précisé que l’OTAN continuerait à aider l’Afghanistan suite au retrait des troupes étrangères du pays. De son côté, Mme Merkel a promis jeudi que l’Allemagne continuerait à financer la formation des forces de sécurité afghanes au-delà de 2014. L’Allemagne doit accueillir une conférence internationale sur l’avenir de l’Afghanistan à Bonn le 5 décembre prochain
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Rabouni : Quatre scénarios pour une prise d’otages
Après le rapt des trois Européens, deux coopérants espagnols et une Italienne, dimanche à Rabouni, près de Tindouf, des questions restent posées sur la façon dont les preneurs d’otages ont pu opérer dans une zone réputée surveillée. Explications.
– Comment est-il possible de kidnapper des humanitaires dans une zone aussi surveillée ?
«Contrairement à ce qu’on croit, la zone n’est pas très surveillée, explique un humanitaire habitué des lieux. Tindouf, ville de garnison, est quasi interdite aux étrangers mais 20 km séparent tout de même Tindouf du premier camp. Dans ces camps, il n’y a ni gendarmes ni militaires. Il n’existe que deux barrages, le premier de la police sahraouie et le second de l’armée algérienne sur les routes d’accès aux camps.» En arrivant côté désert, les preneurs d’otages n’ont pas été inquiétés. Ils sont donc, d’après des témoins, entrés en voiture dans le patio, ont tiré en l’air et, après des échanges de coups de feu avec les gardes sahraouis, seraient repartis par le même chemin.– Pourquoi personne n’est intervenu lors de l’enlèvement ?
Parce que le rapt a eu lieu à Rabouni. Or, Rabouni n’est pas un camp mais un centre administratif «relativement vide le soir venu, puisque les Sahraouis, qui travaillent dans les différents ministères, rentrent dans les camps une fois la journée terminée», précise l’humanitaire. Par ailleurs, le protocole – bâtiment rudimentaire en briques où sont logés les humanitaires – est excentré près de l’hôpital. «Dans les camps, où les protocoles sont situés en plein milieu, il aurait été impossible pour les terroristes d’arriver jusqu’aux humanitaires sans être vus. Ils n’auraient, en tout cas, pas pu en sortir.»
– Pourquoi personne n’a pu les rattraper ?
Le temps que l’armée du Polisario parte sur leurs traces, ils avaient déjà sans doute passé la frontière avec la Mauritanie. «Car on n’est qu’à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec la Mauritanie et à 150 km environ de celle avec le Mali, poursuit l’humanitaire. La Mauritanie ne dispose pas des mêmes moyens que l’Algérie et il est facile de rejoindre ces zones de non-droit.»
– Les preneurs d’otages avaient-ils des complices à l’intérieur ?
Impossible de le dire pour l’instant. «S’ils étaient entrés dans les camps, ils auraient eu besoin de complicité, mais à Rabouni, ce n’était pas nécessaire», relève un connaisseur de la zone. Mais ils savaient très bien par où passer pour ne pas rencontrer de policiers ni de militaires et où aller pour trouver de manière certaine des humanitaires – le protocole de Rabouni est un point de chute pour ceux qui arrivent d’Alger trois fois par semaine. «D’autre part, si de juillet à septembre, il n’y a quasiment aucun étranger, la période d’octobre à février est celle qui reçoit le plus d’humanitaires, nous explique-t-on. Les grosses chaleurs sont terminées et les programmes ont besoin d’être relancés.»
– Les humanitaires vont-ils être rapatriés ?
En plus des mesures de sécurité renforcées sur place, les organisations dont les sièges se trouvent en Europe pourraient suspendre ou reporter les missions. Qu’en est-il du danger réel sur place ? «Il est passé ! constate un humanitaire. Quoi qu’il en soit, nous ne l’avions pas vu venir. Dans les camps sahraouis, nous sommes tellement bien entourés que nous nous sentons plus en sécurité que dans n’importe quel autre camp dans le monde. Ce qui est arrivé aurait pu arriver n’importe où.»
Les quatre scénarios :
– Scénario n°1
Une frappe à l’ouest pour échapper à la pression à l’est :
D’après des sources militaires, les groupes terroristes auraient de grandes difficultés à se déplacer du sud de la Libye jusqu’en Mauritanie. D’une part, suite au renforcement du dispositif de l’armée algérienne qui a décrété la région frontalière Est «zone militaire». D’autre part, suite au renforcement du dispositif au Sud dans le cadre du Comité d’état-major opérationnel conjoint en collaboration avec l’Africom. Mais aussi suite à «la surveillance accrue de l’OTAN et le survol permanent des forces étrangères activant dans la région, notamment celles traquant Seïf El Islam El Gueddafi», nous renseigne un diplomate occidental. Conclusion : ces groupes terroristes seraient obligés de faire un détour en empruntant d’anciennes routes utilisées par les trafiquants et les contrebandiers pour atteindre la Mauritanie puis le nord du Mali, où est installé le QG de Mokhtar Belmokhtar. C’est ainsi que, d’après nos informations, des convois d’armement ont été interceptés dans la région d’Illizi. Dernièrement, à Ouargla aussi, des armes en provenance de Libye auraient été trouvées grâce à des informations obtenues de cinq terroristes capturés par les forces de sécurité algérienne. «Des groupes ont pu s’échapper, munis d’armes acquises en Libye et acheminées soit pour les maquis du Nord, soit pour la Mauritanie, en passant par la région d’Adrar ou bien par le Sahara occidental, où les forces marocaines concentrent leur attention sur la surveillance des Sahraouis. La zone sud du Sahara occidental frontalière avec la Mauritanie reste un no man’s land sans surveillance accrue.» Pour accélérer les achats d’armes en Libye, AQMI aurait besoin d’argent. D’où les kidnappings, puisque des pays continuent de payer des rançons pour la libération de leurs ressortissants.– Scénario n°2
Une instrumentalisation par le Maroc :
Les attentats de Marrakech d’avril dernier ont démontré que des groupes jihadistes affiliés à Al Qaïda peuvent «profiter des troubles dans la région et de la circulation des armes libyennes pour se ressourcer matériellement, nous informe un diplomate étranger. Une aubaine pour toutes les katibate et les groupes qui écument l’Afrique du Nord, qui ont reçu des instructions des chefs d’AQMI de s’armer par tous les moyens». Pour les Algériens, une machination marocaine pour affaiblir la position d’Alger n’est pas à exclure. D’abord parce que «Rabat a été exclu des groupes de travail et de discussions autour de la lutte antiterroriste au Sahel, perdant ainsi les éventuelles aides militaires européennes et particulièrement américaines. Sur ce terrain, l’Algérie a devancé le Maroc et est devenue l’interlocuteur privilégié des Occidentaux», nous explique un diplomate européen. Pour rappel, le Maroc, la Tunisie et la Libye n’ont pas été associés dans les discussions et les négociations sur la création du Comité d’état-major opérationnel conjoint regroupant la Mauritanie, le Mali, le Niger et l’Algérie, installé à Tamanrasset, dans le cadre de la lutte antiterroriste. D’autre part, parce que le Maroc a tout intérêt à convaincre l’opinion et la communauté internationales qu’il existe un lien entre AQMI et le Front Polisario. Enfin, sur le plan interne, à la veille du Mouvement du 20 février pour réclamer plus de démocratie, «le Maroc a également intérêt à détourner l’attention quant aux réformes politiques engagées par le roi Mohammed VI», nous précise un diplomate.– Scénario n°3
L’ouest, une route pour rejoindre la Mauritanie :
Les investigations menées récemment par les services de sécurité sur cinq membres du groupe terroriste de katibat Al Moulatamine, dirigé par le Mauritanien Ould Sidi Ali, auraient révélé qu’un important marché pour l’acquisition des armes a été conclu par ce dernier en Libye et que des attentats étaient planifiés dans la région de Ouargla. Le groupe terroriste serait venu de Tamanrasset avec l’appui des barons du trafic et de la contrebande au sud du pays, mais, en raison du déploiement massif des forces de sécurité, ne pourrait pas y retourner pour rejoindre le nord du Mali. Comme dans le scénario numéro un, la route de sortie passerait par l’ouest. Car la pression sécuritaire concentrée sur les frontières est quasi inexistante dans le désert.– Scénario n°4 Des terroristes en provenance de Mauritanie :
Les terroristes viendraient directement de Mauritanie. Il s’agirait de l’autre aile de katibat Al Moulatamine, bénéficiant de l’appui des groupes jihadistes mauritaniens. Ces groupes entretiendraient des «liens avec des éléments du Polisario, c’est ce qui explique que des terroristes ont pu atteindre les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf sans être inquiétés ni par les Algériens ni par les Sahraouis», explique notre diplomate. Selon un militaire algérien «ces groupes n’auraient jamais pu atteindre les camps des réfugiés sans la complicité des éléments de la sécurité sahraouie et la collaboration des Marocains», révèle-t-il. Une phalange de katibat Al Moulatamine se serait rendue dans la région pour récupérer des armes acheminées de la Libye. Mais au cours de l’opération, ratée, ils auraient «profité de leur présence dans la région pour enlever des ressortissants étrangers et demander des rançons pour leur libération», assure une source sécuritaire. Ce scénario arrange les Marocains, qui pourraient ainsi intégrer le Cemoc et conforter ses thèses sur l’implication du Front Polisario dans le soutien à AQMI.El Watan, 28/10/2011