Année : 2011
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Briser le mur de silence autour de la question sahraouie
La deuxième Conférence internationale du «Droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui», s’ouvre, aujourd’hui à Alger, en présence de plus de 300 participants, dont 100 étrangers et 100 Sahraouis. Il s’agit de personnalités politiques de tous bords, d’universitaires, d’intellectuels, de politologues, de juristes, de journalistes, d’artistes, de sportifs et de représentants de la société civile défenseurs de la cause sahraouie. Le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), initiateur de la manifestation, vise deux objectifs majeurs à travers cette conférence internationale : briser l’embargo médiatique imposé sur la cause sahraouie, et prouver à l’opinion internationale, encore une fois, qu’il s’agit d’un problème de décolonisation auquel aspire le peuple sahraoui.En effet, la Conférence internationale d’Alger ambitionne de rassembler des personnalités du monde qui viendront réaffirmer à l’unisson le droit du peuple sahraoui à choisir librement son destin, et exiger de l’ONU l’application rapide des recommandations du Conseil de sécurité qui plaident, notamment, pour l’organisation d’un référendum transparent et loyal sous la supervision des Nations unies. Aussi, l’occasion sera-t-elle pour dénoncer les violations massives et répétées des droits de l’homme dans les territoires du Sahara occidental par l’administration d’occupation marocaine, lesquelles violations furent à maintes reprises constatées par des ONG et autres organismes internationaux à l’instar d’Human Rights Watch, Amnesty international et une commission ad hoc du Parlement européen.Les initiateurs de la Conférence d’Alger visent, également, à dénoncer la «spoliation systématique» des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc, avec la complicité de l’Union européenne et certains pays occidentaux, de même que la position de la France qui «favorise injustement le Maroc» et bloque de la sorte toute issue favorable du conflit. En effet, la France est allée jusqu’à user de son droit de veto concernant le projet visant à confier à la Minurso la protection des droits de l’Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, selon les membres du CNASPS.Il s’agit, en outre, d’exiger une assistance humanitaire efficace et multiforme en ce qui concerne les réfugiés sahraouis, dont l’aide a sensiblement baissé ces dernières années, somme toute une propagande mensongère et une diversion pratiquée par l’occupant marocain. Des communications pertinentes sont prévues durant les deux jours de la Conférence internationale d’Alger, des ateliers et des débats autour de la question sahraouie dans toute sa dimension.Mokrane ChebbineLe Midi Libre, 29/10/2011 -
L’outrecuidance du FMI
Il est toujours là, qui veille, compte et concocte ses recettes. Il n’y a pas besoin de solliciter son concours, il en est fort prolixe. La preuve, c’est de lui qu’il s’agit, le Fonds monétaire international (FMI) se manifeste. Il est vraiment embêté par ce qui se passe en Algérie et il le montre. Comme cela fait un bout de temps qu’on ne l’a pas entendu, cela fait une drôle d’impression. On l’avait presque oublié. Et le voici, plus féroce que jamais et sûr de son bon droit de dicter la politique aux autres. Et il en fait trop. Surtout qu’il ne manque pas d’air et qu’il parle de «rationalisation des dépenses publiques», trouve tout seul qu’il n’y a aucune justification à «l’interdiction du crédit à la consommation» et se dit mécontent de l’incontournable «climat des affaires».Voilà le destructeur d’un grand nombre d’économies et le responsable de la misère de centaines de millions de personnes qui ose, avec l’arrogance que lui confèrent ses parrains, donner des orientations et prodiguer des conseils. On ne sait pas ce que les autorités algériennes lui ont répondu, mais elles devraient lui rappeler les bonnes manières et lui citer ses frasques, très visibles de par le monde. Cela devrait suffire à le rendre plus modeste dans sa prétention à régenter la destinée des gens si, partout, il était renvoyé au bilan de ses interventions.Malheureusement, cela ne se passe pas comme cela. Alors, il persiste dans sa mission. Il doit, obligatoirement, imposer que les Etats ne s’occupent pas des citoyens qu’ils gouvernent, en «rationalisant les dépenses publiques». Il doit aussi faire en sorte que le «marché» ne connaisse aucune contrainte, même s’il faut endetter les gens, grâce à ces «crédits à la consommation», et même si la production nationale n’est pas du tout concernée. Ne nous y trompons pas, le FMI va presser de plus en plus. Il y a péril en la demeure et de l’argent à libérer qui doit aller vers les gouffres qui se creusent là-bas.Avant, il y avait l’argument de la dette qui facilitait la vie et faisait que l’Algérie signait les yeux fermés sa descente aux enfers, aujourd’hui le Fonds ne peut que la menacer d’une possible chute des prix des hydrocarbures. Sauf que l’on sait qu’il n’est que la face soft d’un système aux abois, qui dispose de moyens autrement plus convaincants pour les récalcitrants. C’est ce qui explique pourquoi le FMI peut encore sévir quand il a mené l’Amérique latine à la banqueroute, fait exploser la Yougoslavie et fait s’effondrer tant d’autres pays. Il peut, sans vergogne, faire le VRP avec ses mesures dont on observe les effets dévastateurs sur l’économie mondiale. Il peut vanter ce néolibéralisme, enveloppé dans une sémantique savante, qui est en train de projeter dans la précarité des foules de plus en plus nombreuses.Il suffit, pour se rendre compte de la «rationalisation», d’interroger l’actualité de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, des Etats-Unis, de l’Italie, ces modèles du genre en matière de promotion de la libre-entreprise et aux «climats des affaires» sans pareils ; où il fait de moins en moins bon vivre, où les entreprises ferment ou licencient et où les citoyens sont pressurés pour que les banques soient payées de leurs créances ou renflouées parce qu’elles sont en difficulté. Par Ahmed HalfaouiLes Débats, 29/10/2011 -
Kadhafi, «le roi des rois d’Afrique», pleuré au Mali
Marc-André Boisvert, collaboration spéciale
La Presse(Bamako, Mali)- Au Mali, la mort de Mouammar Kadhafi, la semaine dernière, n’est pas source de réjouissances. Pour ce pays au bas de tous les indicateurs de développement, la chute de celui qui se disait le «roi des rois traditionnels d’Afrique» signifie incertitude économique et désordre sécuritaire.
Sidi Ndiaye et ses amis parlent avec passion. «Ils ont tué notre ami Kadhafi pour son pétrole. C’était un grand homme qui a beaucoup donné aux Africains,» estime le quadragénaire de la capitale Bamako.
Ici, on aime Kadhafi. Son visage est partout: sur les motos, dans les taxis, sur les murs. Même le nouveau quartier administratif, construit avec des fonds libyens, devait être baptisé en l’honneur de l’ex-leader libyen. On a rayé son nom du complexe peu avant l’inauguration, en septembre dernier.
Pertes économiques
Cette affection pour le colonel déchu n’est pas gratuite. La Libye a investi dans les infrastructures et l’agriculture malienne des sommes difficilement quantifiables, mais qui frôlent le milliard. Au centre-ville, trois énormes hôtels de luxe portent fièrement la bannière Libya Hotels. Nul ne sait ce qu’il adviendra de ces investissements.
La chute de Kadhafi a déjà un coût pour le Mali. L’interruption des importations de carburant libyen a entraîné une hausse du prix à la pompe. Et le retour des travailleurs émigrés prive plusieurs familles d’une aide vitale.
Pendant deux décennies, la croissance libyenne a largement dépendu de la main-d’oeuvre subsaharienne bon marché. La guerre a mis fin à cet échange. L’Association des Maliens expulsés estime que 12 000 Maliens ont été rapatriés par avion au Mali. En réalité, plusieurs milliers d’autres sont revenus par leurs propres moyens.
Ali Abdoulaye Yattara a fui la Libye après 29 ans. «Ici, au Mali, il n’y a pas de travail. En Libye, nous pouvions bien vivre.» Dans la cour de la petite maison qu’il a achetée avec ses économies, il boit le thé avec un collègue d’exil, Taky Mady Keita.
Plusieurs fois emprisonnés, torturés et libérés sans que des accusations ne soient portées; la vie des deux rapatriés était devenue un enfer à Tripoli pendant la guerre. Ils ont fui Tripoli lorsque circulaient des rumeurs clamant que les Subsahariens étaient les mercenaires de Kadhafi et que, une fois le Guide chassé, ils seraient tous massacrés.
Désordre sécuritaire
La fin de l’ère Kadhafi n’est pas qu’une question d’argent pour les Maliens. Les États limitrophes, les représentations étrangères et les ONG s’inquiètent pour la stabilité de la région.
La Libye n’a pas de frontières avec le Mali. Pourtant, les deux pays partagent un désert que nul ne contrôle: le Sahara. La chute de Kadhafi a entraîné la fuite de nombreux combattants lourdement armés. Les pays de la région ont multiplié les opérations au cours des derniers mois pour contrer ces armes qui pourraient se retrouver entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Mais c’est surtout le retour des ex-rebelles touareg qui inquiète la population. En 1980, Kadhafi les a mobilisés pour sécuriser le Sud libyen et contrer les trafiquants, notamment de drogue. Ces Touareg ont peu à peu abandonné le combat pour rejoindre l’armée ou les exploitations pétrolifères libyennes. Lorsque le régime du guide libyen a commencé à trembler, ils ont participé à sa défense et auraient recruté des mercenaires.
Maintenant, des milliers de combattants expérimentés reviennent au Mali et au Niger. S’ils ont perdu leur base et leur financement, leurs revendications autonomistes restent intactes. «Le danger d’une nouvelle révolte touareg est imminent», croit un conseiller militaire malien, qui préfère garder l’anonymat.
Pour le moment, le gouvernement malien ne sait pas sur quel pied danser. Il ne reconnaît pas le Conseil national de transition au pouvoir depuis la chute de Kadhafi, mais laisse son drapeau flotter sur l’ambassade de Libye. La mort de l’ex-dictateur simplifie la donne. Mais les Maliens s’inquiètent tout de même d’avoir perdu un peu plus qu’un ami.
Cyberpresse, 27/10/2011 -
SANS ATTENDRE LE QUART D’HEURE DE PUDEUR
par K. SelimEn Algérie, y compris à travers les colonnes du Quotidien d’Oran, nous avons été, avec nos sensibilités différentes, presque unanimes à suivre dans l’allégresse la chute de Ben Ali et de Moubarak. L’affaire libyenne a cassé cette unanimité. On pourrait dire jusqu’à «la fin». Les guillemets s’imposent car il n’y a jamais de fin.
Et si maintenant le Conseil de sécurité – avec pour les Occidentaux le sentiment d’avoir roulé dans la farine les Russes et les Chinois et chez ces derniers le sentiment d’avoir été des dindons – décrète la fin des opérations militaires de l’Otan, cela ne signifie pas que les choses sont finies. Ni pour les Libyens ni pour nous. Sur Facebook, les plus enthousiastes pour soutenir l’intervention militaire occidentale se sont faits soudain penauds après l’annonce par le président du CNT que la charia allait être la principale source des lois. On les sent d’ailleurs déjà moins enthousiastes pour la Tunisie après qu’elle eut «mal voté». Mais cela est un autre sujet, collatéral.
Restons sur la Libye. Le plus grand malentendu – entretenu souvent avec des mauvais réflexes de propagande – a été de présenter ceux qui ont refusé l’intervention occidentale comme étant des défenseurs du régime de Kadhafi ou de suivistes à l’égard d’un gouvernement algérien clairement dépassé par sa rigidité passive dans l’affaire libyenne. On ne va pas mettre en avant aujourd’hui les «islamistes» pour expliquer que les Occidentaux n’étaient nullement animés d’intentions humanitaires. Pas plus qu’on ne dira que Kadhafi était un dirigeant respectable. Faisons des constats simples. L’Onu se retire de l’affaire libyenne. Ses deux résolutions sur la Libye destinées à la protection des civils ont été détournées pour faire tomber le régime. Certains disent qu’on ne va pas pleurer le régime de Kadhafi. C’est vrai. On ne va pas le pleurer. A condition de ne pas arrêter la réflexion à ce niveau. Le détournement de vocation d’une résolution de l’Onu est reproductible même contre des gouvernements élus. Surtout si ces derniers tentent de remettre en cause des situations acquises. Et, on ne le dira jamais assez, Kadhafi n’a jamais été gênant pour les intérêts occidentaux. Une démocratie les gênera beaucoup plus.
La France, après avoir soutenu Ben Ali jusqu’au décollage de son avion, vient de signifier à la Tunisie, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, qu’elle conditionnera son aide à la question des droits de l’homme. Apparemment, Paris n’a pas attendu le quart d’heure de pudeur pour réagir à la «mal-votation» des Tunisiens. Ghannouchi, avec un don de la répartie assez grinçant, a rappelé que «dans les accords entre Ben Ali et l’Union européenne, figurait le respect des droits de l’homme ; mais l’Europe a fermé les yeux. Nous souhaitons qu’elle les garde désormais bien ouverts…». Gardons-les donc aussi ouverts après la «fin de mission» de l’Otan en Libye.
Le premier constat à faire est que le droit international et les amitiés de réseaux avec les Occidentaux ne sont pas une protection. Kadhafi, après Ben Ali et Moubarak, l’illustre pleinement.
Le second constat est que la Russie et la Chine peuvent se sentir flouées et réagir en empêchant le Conseil de sécurité de voter contre la Syrie, cela ne signifie pas qu’elles assureront indéfiniment la protection des pays «amis». Pas plus que les Occidentaux ne sont des «amis», les Russes et les Chinois savent aussi changer de bord par intérêt.
Le troisième constat, le plus important et le plus déterminant, est que les souverainetés nationales sous des régimes autoritaires ou dictatoriaux ne pèsent pas grand-chose. Pire, ces régimes, par le délire des dirigeants, par le mépris à l’égard des gens, ont créé une disponibilité nouvelle des populations à accepter de s’allier avec les intérêts étrangers. Dans la déliquescence générale des Etats sous régimes dictatoriaux, deux monopoles essentiels se perdent : celui de la violence et celui des « amitiés» avec les intérêts étrangers. De ce troisième constat découle le véritable enseignement de l’affaire libyenne : seuls des gouvernants légitimes et respectés par leur population ont la capacité de se défendre dans un monde où les rapports de force sont disproportionnés.
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La Tunisie à la croisée des chemins
par Kharroubi HabibLa victoire en Tunisie du parti islamiste Ennahdha est officiellement et définitivement confirmée. Avec près de 42% des suffrages qui se sont exprimés en faveur de ses listes, Ennahdha est arrivé en tête du scrutin, devançant de manière très nette ses poursuivants immédiats. Des sources ont prétendu qu’en fait, le score réel de la formation islamiste serait plus écrasant qu’annoncé officiellement et n’aurait été arrêté à 42% qu’après d’âpres transactions entre ses dirigeants, les autorités gouvernementales de la transition et le haut commandement de l’armée. Ennahdha n’ayant pas contesté le score qui lui a été attribué, ce sont donc les taux rendus publics dont il faut tenir compte pour tenter de se faire une idée des rapports de force qui s’instaurent dans la Tunisie post Benali.
Le parti de Rached Ghannouchi est désormais la formation politique dominante dans le pays. Sans que pour autant il soit en capacité de décider seul ce que sera le contenu de la nouvelle constitution tunisienne et qui seront les hommes appelés à occuper les fonctions clés des institutions de la République, notamment la Présidence et la chefferie du gouvernement. Il lui faudra en effet composer avec d’autres formations représentées dans l’Assemblée constituante sortie des urnes le 23 octobre. Contraint au jeu des alliances, Ennahdha est forcé de trouver un terrain d’entente avec d’autres acteurs du nouveau passage politique tunisien. Compte tenu du fait que les plus à même d’entre ceux-ci pouvant empêcher le parti de Ghannouchi de faire main basse sur les institutions et de confectionner une constitution sur mesure pour le courant islamiste, sont démocrates et libéraux, il devra nécessairement mettre de «l’eau dans son vin» et leur donner les gages qu’il n’est pas de ses intentions d’instaurer une république théocratique, comme certains l’accusent et dénoncent de vouloir réaliser.
Ghannouchi n’a pas été avare d’assurances allant dans ce sens avant le scrutin et après la confirmation de la victoire de son parti, en faisant tout de même valoir «qu’il est naturel que le parti qui a obtenu la majorité gouverne le pays».
Pour peu qu’Ennahdha donne des gages solides qu’il ne va pas remettre en cause les acquis démocratiques de la «révolution du jasmin» et revenir sur ceux accordés notamment aux femmes tunisiennes par le régime de Bourguiba, il sera mal venu aux autres formations de lui contester les droits que lui donne sa victoire électorale. Celle-ci est en effet nette et ne souffre d’aucune contestation sur le plan démocratique. Le scrutin du 23 octobre a été marqué par une participation massive de l’électorat et a été un exemple de transparence et de régularité. Du témoignage de tous les observateurs tunisiens et internationaux, les quelques irrégularités dont il a été entaché n’ont pas eu d’impacts significatifs sur ses résultats. Nul n’a la légitimité de mettre fin au processus qu’il a ouvert.
Ceux qui, en Occident, font mine de s’inquiéter de la victoire d’un parti islamiste dans une Tunisie qu’il présentait comme peu contaminée par l’idéologie islamiste, rendraient un mauvais service à ce pays en poussant les perdants du scrutin à ne pas reconnaître et admettre la victoire d’Ennahdha. Si même la Tunisie dans le monde arabe en est arrivée à propulser au pouvoir un parti islamiste, c’est pour beaucoup en réaction de rejet des politiques occidentales appliquées à cette région du monde
Les électeurs tunisiens ont accordé leur suffrage majoritaire à Ennahdha avec, à tort ou à raison, la conviction que ce parti est le moins compromis avec ces politiques occidentales qui ont contribué à maintenir les pays arabes dans l’arriération et la dépendance.
Le Quotidien d’Oran, 29/10/2011
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Oran: Un espion égyptien jugé le 27 novembre
par Houari SaaïdiaL’affaire de l’Egyptien suspecté d’être un agent de renseignement pour le compte d’un organisme non déterminé, injecté en juillet 2008, sous le déguisement de travailleur contractuel, dans le complexe pétrochmique d’Arzew, sera devant la justice le 27 novembre. Mohamed Ahmed Mohamed Ibrahim, 27 ans, condamné, le 16 novembre 2009, à 15 ans de réclusion pour «espionnage», sera rejugé par le tribunal criminel d’Oran, aux côtés de sa complice, une Algérienne originaire de Sétif, qui avait écopé, elle, de 10 ans d’emprisonnement pour « trahison». L’affaire retourne devant le tribunal suite à un double pourvoi en cassation formé par les accusés et le parquet général. Le premier procès s’était achevé par la reconnaissance des deux mis en cause comme coupables, preuves matérielles à l’appui, mais, toutefois, avec plusieurs zones d’ombre non dissipées. Parmi les questions restées alors sans réponse, trois sont fondamentalement importantes. Pour qui, quel circuit de renseignement, quelle institution, quel Etat roulait ce présumé espion au scaphandre ? Quelle est la valeur, la pertinence et l’usage projeté des photos -travail d’amateur en somme- prises en sa possession, le corps du délit ? Quelle est la relation excate de ce collecteur d’infos avec sa présumée complice, une mère au foyer résidant à Sétif, et en quoi consistait le rôle de celle-ci ? A l’évidence, ce ne sont pas ces pistes non suffisament éclairées ou carrément inexplorées sur lesquelles s’était basée la défense pour se pourvoir devant la cour de cassation, mais plutôt sur des points de droit, des aspects procéduraux.D’après les faits consignés dans le dossier d’accusation, ce jeune Alexandrin de 24 ans est entré en Algérie le 2 juillet 2008 pour officialiser un contrat de travail avec une entreprise égyptienne, dénommée Sub Sea Petrolio Services, un sous-traitant de la filiale Société de gestion des terminaux d’hydrocarbures (STH), de Sonatrach. Plongeur sous-marin, il est spécialisé dans les manoeuvres de montage, entretien et réparation en milieux poreux et marin. Au niveau de la zone pétrochimique du port d’Arzew, il intervenait notamment sur les pétroliers, les méthaniers et le dock flottant. A peine a-t-il bouclé trois mois dans ce chantier naval et pétrolier qu’il sera dans le point de mire de la sécurité portuaire. Deux faits ont éveillé les soupçons autour de cet étranger. Deux colis postaux qui lui ont été envoyés, portant le nom du destinataire, «Mohamed El-Askandarani El-Ghaouas» (Mohamed l’Alexandrin le plongeur), et une valise qu’il devait recevoir de la part d’une amie. Comme il ne pouvait pas quitter l’enceinte portuaire sauf cas urgent bien précis, il chargeait tel ou tel collègue de travail d’aller lui ramener les colis du bureau de poste de la ville et également un porteur de courrier travaillant comme receveur d’autocar dans la ligne interwilayas Sétif-Oran.
Un agent de sécurité n’a pas hésité à informer ses supérieurs sur le comportement du technicien égyptien. Mis en filature et sous écoute, une souricière lui sera tendue. Le 21 octobre 2008, le porteur de courrier sera arrêté en possession d’un CD qui, après exploration, s’est avéré contenir douze photos de sites stratégiques du complexe pétrochimique et des infrastructures portuaires d’Arzew, interdites à la photographie. Le «messager» qui devait remettre le CD de l’Egyptien à la même femme qui l’avait chargé d’acheminer la valise à l’expéditeur, dit ignorer complètement le contenu et la nature du CD. Selon lui, il n’a fait qu’acheminer un colis d’un client à un client, comme le font beaucoup de chauffeurs de taxi et de receveurs de bus. Grâce au numéro de téléphone, l’expéditrice de la valise a été identifiée puis arrêtée. C’est une femme au foyer, résidant à Sétif, mère d’un enfant d’un an et demi. Les cadeaux alléchants que cette femme envoyait à l’Egyptien, dont des parfums de marque, une valise contenant des habits de luxe pour la dot de la soeur de l’Egyptien, une somme de 1.000 euros pour que ce dernier puisse réhabiliter son appartement à Alexandrie, ont conforté les doutes des enquêteurs.
Le Quotidien d’Oran, 29/10/2011 -
SANS ATTENDRE LE QUART D’HEURE DE PUDEUR
par K. SelimEn Algérie, y compris à travers les colonnes du Quotidien d’Oran, nous avons été, avec nos sensibilités différentes, presque unanimes à suivre dans l’allégresse la chute de Ben Ali et de Moubarak. L’affaire libyenne a cassé cette unanimité. On pourrait dire jusqu’à «la fin». Les guillemets s’imposent car il n’y a jamais de fin.Et si maintenant le Conseil de sécurité – avec pour les Occidentaux le sentiment d’avoir roulé dans la farine les Russes et les Chinois et chez ces derniers le sentiment d’avoir été des dindons – décrète la fin des opérations militaires de l’Otan, cela ne signifie pas que les choses sont finies. Ni pour les Libyens ni pour nous. Sur Facebook, les plus enthousiastes pour soutenir l’intervention militaire occidentale se sont faits soudain penauds après l’annonce par le président du CNT que la charia allait être la principale source des lois. On les sent d’ailleurs déjà moins enthousiastes pour la Tunisie après qu’elle eut «mal voté». Mais cela est un autre sujet, collatéral.
Restons sur la Libye. Le plus grand malentendu – entretenu souvent avec des mauvais réflexes de propagande – a été de présenter ceux qui ont refusé l’intervention occidentale comme étant des défenseurs du régime de Kadhafi ou de suivistes à l’égard d’un gouvernement algérien clairement dépassé par sa rigidité passive dans l’affaire libyenne. On ne va pas mettre en avant aujourd’hui les «islamistes» pour expliquer que les Occidentaux n’étaient nullement animés d’intentions humanitaires. Pas plus qu’on ne dira que Kadhafi était un dirigeant respectable. Faisons des constats simples. L’Onu se retire de l’affaire libyenne. Ses deux résolutions sur la Libye destinées à la protection des civils ont été détournées pour faire tomber le régime. Certains disent qu’on ne va pas pleurer le régime de Kadhafi. C’est vrai. On ne va pas le pleurer. A condition de ne pas arrêter la réflexion à ce niveau. Le détournement de vocation d’une résolution de l’Onu est reproductible même contre des gouvernements élus. Surtout si ces derniers tentent de remettre en cause des situations acquises. Et, on ne le dira jamais assez, Kadhafi n’a jamais été gênant pour les intérêts occidentaux. Une démocratie les gênera beaucoup plus.
La France, après avoir soutenu Ben Ali jusqu’au décollage de son avion, vient de signifier à la Tunisie, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, qu’elle conditionnera son aide à la question des droits de l’homme. Apparemment, Paris n’a pas attendu le quart d’heure de pudeur pour réagir à la «mal-votation» des Tunisiens. Ghannouchi, avec un don de la répartie assez grinçant, a rappelé que «dans les accords entre Ben Ali et l’Union européenne, figurait le respect des droits de l’homme ; mais l’Europe a fermé les yeux. Nous souhaitons qu’elle les garde désormais bien ouverts ». Gardons-les donc aussi ouverts après la «fin de mission» de l’Otan en Libye.
Le premier constat à faire est que le droit international et les amitiés de réseaux avec les Occidentaux ne sont pas une protection. Kadhafi, après Ben Ali et Moubarak, l’illustre pleinement.
Le second constat est que la Russie et la Chine peuvent se sentir flouées et réagir en empêchant le Conseil de sécurité de voter contre la Syrie, cela ne signifie pas qu’elles assureront indéfiniment la protection des pays «amis». Pas plus que les Occidentaux ne sont des «amis», les Russes et les Chinois savent aussi changer de bord par intérêt.
Le troisième constat, le plus important et le plus déterminant, est que les souverainetés nationales sous des régimes autoritaires ou dictatoriaux ne pèsent pas grand-chose. Pire, ces régimes, par le délire des dirigeants, par le mépris à l’égard des gens, ont créé une disponibilité nouvelle des populations à accepter de s’allier avec les intérêts étrangers. Dans la déliquescence générale des Etats sous régimes dictatoriaux, deux monopoles essentiels se perdent : celui de la violence et celui des « amitiés» avec les intérêts étrangers. De ce troisième constat découle le véritable enseignement de l’affaire libyenne : seuls des gouvernants légitimes et respectés par leur population ont la capacité de se défendre dans un monde où les rapports de force sont disproportionnés.
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A l’ombre des «révolutions» arabes et de la délicate transition Le défi sécuritaire à l’ordre du jour
Zones déconseillées du Sahel Ce ne sont plus des prévisions de politologues, mais, pour reprendre les propos du ministre algérien des Affaires étrangères, une «réalité délicate» : la carte diplomatique du Maghreb a bel et bien changé et des nouvelles politiques sont à mettre sur pied pour, en premier, écarter la menace terroriste qui pèse lourdement sur la région.Une menace grandissante, soldée par une «libre» circulation d’armes, parfois sophistiquées, à l’instar de ces fameux missiles sol air pouvant frapper des avions de ligne dont l’appropriation par des groupes terroristes n’est pas encore confirmée, mais très probable. Une situation difficilement gérable, notamment quand on sait que les populations en questions ne sont pas les seules à avoir mener ces «révolutions», donc pas les seules à gérer la transition, avec tout ce que cela sous-entend d’ingérence. Appelons les choses par leurs noms : des intérêts purement économiques portant le sobriquet «humanitaires». «Ce ne sont pas simplement les acteurs libyens qui ont fait les évènements, c’est la communauté internationale qui s’est considérée responsable de la solution. Il n’y a pas beaucoup de cas où une révolution a été appropriée par l’Otan», avait déclaré le chef de la diplomatie algérienne dans un entretien qu’il a accordé au magazine français Paris Match. Une déclaration lourde de sens dans la mesure où elle mis à nue les enjeux de ces «révolutions» qui ont changé la donne et accentué l’insécurité dans la région. «Dans les pays du voisinage, les questions de sécurité restent préoccupantes. Aujourd’hui nous travaillons ensemble pour faire front commun. Avec la crise libyenne, le plan de charge de nos pays s’est multiplié par un coefficient très considérable», a encore déclaré le ministre des Affaires étrangères. Ca ne peut être autrement avec une Tunisie et une Egypte fragilisées, un Maroc qui s’est retourné du côté de l’hexagone et un Conseil de transition libyen dont les positions quant à la lutte contre Al Qaïda ne sont toujours pas claires.
Alger/Bamako, une première
A cela s’ajoute la situation socioéconomique des ces pays qui ne sont pas toujours à envier. Donc, au manque de volonté politique à même de rétablir la sécurité dans la région, s’ajoute l’état financier de ces pays qui ne manquera pas de rendre les solutions plus difficiles. D’où d’ailleurs les demandes répétées d’aide adressées à la communauté internationale pour endiguer le phénomène terroriste, le crime organisé ainsi que les différentes formes de trafic.
Dans cet état des faits, l’on peut dire sans risque de se tromper, qu’outre les perspectives du développement et le renforcement des relations bilatérales, la question sécuritaire à été au coeur même de la visite de quatre jours en Algérie du Président malien, M. Amadou Toumani Touré, le président malien. D’ailleurs, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, et son homologue malien, ont appelé, avant-hier, à un règlement «rapide» de la crise en Libye, «conformément aux aspirations» du peuple libyen. Ils ont exprimé, à la même occasion, leur «disponibilité à coopérer avec les nouvelles autorités libyennes, dans l’intérêt mutuel de leurs peuples et comme contribution au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité de toute la région». Cela arrive après que les relations algéro-maliennes ont connu plus de bas que de hauts. Il n’est pas inutile de rappeler, dans ce contexte, que des différents de taille ont jalonné les relations entre Alger et Bamako, se rapportant même à la question sécuritaire dans la région. Mais à juger de la visite d’ATT, les deux pays ont bien l’air d’être décidés de surmonter les différents et tenter de prendre les choses en main. Ils ont réitéré leur profonde conviction que la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la région sahélo-saharienne passe par le renforcement de la coopération entre les pays du champ.
Les deux chefs d’Etat se sont félicités également des résultats de la réunion des pays du champ, tenus à Bamako le 20 mai 2011, et de la Conférence internationale de Haut Niveau sur le partenariat au Sahel, tenue à Alger les 7 et 8 septembre 2011, qui ont permis de renforcer la stratégie de lutte antiterroriste, fondée sur l’appropriation individuelle et collective des pays du champ et ouverte à un partenariat qui répond aux besoins identifiés par eux et qui s’inscrit dans une optique de développement.
Notons que depuis les changements survenus dans la région, cet engagement est le plus notable entre deux pays de la région, en attendant que les autres, en majeure partie en transition, rejoignent la lutte antiterroriste qui ne s’est jamais imposée avec autant de consistance.
Par Hamid Fekhart
Les Débats, 29/10/2011 -
Lutte antiterroriste: Le Mali contre toute présence militaire étrangère
par Djamel BelaïfaDans une interview accordée à la télévision nationale, jeudi, le président malien Amadou Toumani a affirmé que le Mali n’acceptera en aucune manière qu’une force militaire étrangère s’installe sur son territoire, même si son objectif s’inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste. «Le Mali tout comme l’Algérie est très jaloux de son indépendance et de sa sécurité», a assuré le président malien. M. Toumani qui a achevé jeudi une visite officielle de quatre jours en Algérie, a estimé «qu’internationaliser une situation qu’ensemble nous pouvons sans doute maîtriser, est exactement la solution qu’il faut éviter».
Le chef de l’Etat malien a, dans ce contexte, souligné que le Mali n’est pas prêt à recevoir une force étrangère sur son territoire pour le seul but de l’aider dans sa lutte antiterroriste. M. Toumani a affirmé dans la foulée que les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) sont entièrement disposés à combattre ensemble ce phénomène.Le chef de l’Etat malien a appelé, en outre, à se pencher davantage sur la situation dans la région sahélo-sahélienne confrontée ces dernières années à diverses menaces transfrontalières comme le trafic d’armes et de drogue et une présence de «plus en plus accrue» de terroristes due à la crise en Libye. «Aujourd’hui, ce sont des armées entières (officiers, sous-officiers et soldats) qui quittent la Libye lourdement armées et qui reviennent vers leurs pays d’origine et le Mali en fait partie», a-t-il dit. Les entretiens entre la partie algérienne et malienne ont porté essentiellement sur cette problématique, notamment l’analyse de cette crise, la coopération en la matière et les solutions envisagées, a-t-il précisé. «Nous avons une vision commune qui nous permet de nous mettre ensemble pour lutter contre le terrorisme et ses connexions », a-t-il rappelé, soulignant que la coopération demeure la réponse la mieux adaptée pour une lutte efficace.
Sur une question liée à la criminalisation du paiement de la rançon, il a indiqué que les résolutions et recommandations algériennes relatives à la criminalisation du paiement de la rançon présentées à l’ONU et à l’Union africaine sont «largement supportées et suivies par le Mali». Sur les relations bilatérales, il a déclaré que la coopération algéro-malienne touche tous les domaines et que «cette fois-ci, elle a été nettement plus concrète», saluant à cette occasion l’apport financier de l’Algérie dans le cadre de son soutien aux populations du Nord du Mali. Le chef de l’Etat malien a précisé que les discussions entre les parties algérienne et malienne ont porté notamment sur les secteurs de l’éducation, de la santé, de la pêche, de l’élevage ainsi que les domaines de l’industrie mécanique et des infrastructures. «Nous avons accepté qu’une société algérienne se chargera, dans les mois à venir, de réaliser le premier forage dans le cadre de la recherche pétrolière au Mali», a-t-il ajouté, rappelant la tenue récente de la commission mixte algéro-malienne sanctionnée par la signature de huit accords de partenariat. Il a indiqué qu’un protocole d’accord algéro-malien va permettre à l’Algérie la fourniture de carburant dans les régions de Kidal et Gao et du gaz dans les zones désertiques.
Le président malien a achevé jeudi sa visite officielle en Algérie. Dans un communiqué commun sanctionnant cette visite, les présidents algérien et malien ont réitéré leur volonté d’œuvrer au renforcement et à la diversification des relations bilatérales. Les deux chefs d’Etat ont par ailleurs appelé à un règlement «rapide» de la crise en Libye, «conformément aux aspirations» du peuple libyen. Ils ont exprimé leur «disponibilité à coopérer avec les nouvelles autorités libyennes, dans l’intérêt mutuel de leurs peuples et comme contribution au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité de toute la région».
D’autre part, s’agissant de la question du Sahara Occidental, les deux dirigeants ont réitéré leur «engagement» à soutenir la mise en oeuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies qui soulignent, toutes, la «nécessité de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental».
Le Quotidien d’Oran, 29/10/2011 -
L’Onu met fin à la mission de l’Otan en Libye: «Cadeaux» explosifs au Maghreb
par Salem FerdiLe Conseil de sécurité a décidé, jeudi, de mettre fin à la zone d’exclusion aérienne et au mandat de protection de civils par la force à compter du 31 octobre prochain. L’Otan devait de son côté annoncer, dans la journée, la fin de ses opérations militaires.L’appel lancé par le Conseil national de transition libyen à un maintien de l’action de l’Otan jusqu’à la fin de l’année n’a pas été entendu. La liquidation physique du colonel Mouammar Kadhafi a été le signal pour les Occidentaux qui voulaient se retirer officiellement des opérations militaires «Pour se consacrer aux affaires», disent les mauvaises langues.
Il est évident que les capacités militaires de l’ancien régime ont été complètement détruites et que s’il reste des éléments qui cherchent à résister cela n’est pas de nature à justifier le maintien l’activité de l’Otan. D’autant que le 23 octobre dernier, trois jours après le lynchage de Kadhafi, le CNT a déclaré la «libération» formelle de la Libye. C’est une «fin de partie» où les Occidentaux gagnent sur toute la ligne. Mais c’est une «victoire» qui risque de peser très lourdement sur les capacités futures du Conseil de sécurité à intervenir dans les situations de conflits internes. Pour la Russie, la Chine, l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Inde et d’autres pays africains, les Occidentaux ont largement détourné la résolution de 1973 du Conseil de sécurité qui d’une mission d’exclusion aérienne et de protection des civils s’est transformée en une opération de changement et de destruction du régime de Kadhafi.
LES SYRIENS, PREMIERES VICTIMES DU PRECEDENT
Ces divergences se sont encore étalées, lors des débats au Conseil de sécurité. Pour l’ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, les deux résolutions du Conseil de sécurité sur la Libye ont été bafouées par les Occidentaux. Il a estimé que «des leçons devront être tirées». En face, l’ambassadrice US, Susan Rice, estime que la résolution «clôt ce que l’histoire jugera comme un chapitre dont le Conseil de sécurité pourra s’enorgueillir». La résolution du Conseil de sécurité évoque le besoin d’une transition «orientée vers l’engagement à la démocratie, la bonne gouvernance, l’exercice de la loi, la réconciliation nationale et le respect des droits de l’homme et les libertés fondamentales du peuple de Libye». Elle évoque implicitement le lynchage de Kadhafi et les informations d’ONG sur des exécutions sommaires de ses partisans, appelant «les autorités libyennes à se garder de toutes représailles, y compris les détentions arbitraires (et) les exécutions extrajudiciaires». Un discours très conventionnel qui ne renseigne pas réellement de l’incidence future du précédent libyen. Du point de vue du droit international, même ceux qui abhorrent Kadhafi et son régime ne peuvent occulter que le droit de protéger des civils a été changé par les Occidentaux en opération de changement de régime. Et même s’ils ne se trouvent pas beaucoup de gens à regretter le régime déchu, ce précédent ouvre la voie à un retour «adapté» à la vieille politique de la canonnière. Le précédent libyen, ce sont les Syriens en révolte contre leur régime qui en ont connu le premier les effets. La Russie, la Chine ont rejeté une résolution condamnant le régime syrien en dépit des «assurances» occidentales qu’ils n’ont aucune intention d’intervenir militairement en Syrie.
20.000 MISSILES SOL-AIR DANS LA NATURE
Dans les couloirs de l’Onu, on a déjà pris acte. Les Russes qui se sont sentis floués et manœuvrés, ont fait savoir que plus jamais ils ne voteront une résolution autorisant l’usage de la force à moins qu’elle ne soit très « précisément encadrée». Les Libyens sont désormais «libérés» de Kadhafi. Il leur reste à renvoyer l’ascenseur, en termes de contrats économiques à leurs nouveaux amis. Il leur restera bien entendu, à créer les conditions d’une vie en commun et cela ne sera pas facile. Et pour les pays de l’ensemble de la région, l’Onu et l’Otan se retirent de Libye en leur laissant des cadeaux explosifs avec quelque 20.000 missiles sol-air, dans la nature. De quoi alimenter de bonnes petites guerres ou faire le sinistre bonheur des djihadistes.
Le Quotidien d’Oran, 29/10/2011