Année : 2011

  • STABILITÉ AU MAGHREB : Les choix stratégiques de Washington

    Le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Maghreb a présenté, jeudi, la politique des Etats-Unis dans la région. Pour Raymond Maxwell, il est possible de conjuguer «stabilité» avec «intérêts».

    Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Le ballet des fonctionnaires américains continue. Après le sous-secrétaire d’Etat aux affaires du Moyen- Orient, Jeffrey D. Feltman, c’est au tour de Raymond Maxwell, le sous-secrétaire d’État adjoint américain pour le Maghreb, de faire escale à Alger.
    Fervent admirateur de Frantz Fanon – ses parents lui ont fait lire l’ensemble de son œuvre littéraire – Raymond Maxwell a affirmé, jeudi, lors d’une table ronde avec la presse que l’Algérie est le pays de la région qui doit «retenir la plus grande part de son attention». 
    Selon le responsable du département d’Etat, la priorité des Américains au Maghreb tient en un seul mot : stabilité. Mais ce principe doit, selon lui, répondre aux intérêts de toutes les parties. Raymond Maxwell a présenté un bref aperçu de cette vision en tentant de répondre à une question sur les contrats d’armement de haute technologie passés avec le Maroc. «Ce sont des décisions commerciales et financières qui entrent dans le cadre de nos objectifs politiques. Et si nous pensions que la vente de matériel de haute technologie au Maroc allait porter préjudice à la stabilité dans la région, nous ne l’aurions pas fait. Les Etats-Unis ne sont pas là pour fournir du matériel militaire afin de provoquer une guerre régionale. En fait, ce que nous faisons ce n’est pas une course à l’armement. Notre idée d’appuyer le Maroc, au même titre que celle d’appuyer l’Algérie, entre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme que nous menons ensemble dans la région. Ces efforts visent également à stopper les activités de l’Aqmi dans la région et arrêter le trafic de drogue, d’êtres humains et tout autre type de trafics. Nous le faisons dans l’intérêt de la région et pour nos intérêts», a-t-il souligné. 
    Maxwell a déclaré que les Etats- Unis «cherchaient actuellement les voies et moyens pour vendre des équipements à l’Algérie». Il s’avère que les armes livrées récemment à Rabat, notamment des missiles airair Amraam 120C, n’ont aucune utilité dans la lutte antiterroriste. Ces missiles, qui équipent les 24 F16 de l’armée marocaine, doivent servir à «atténuer» la supériorité de l’aviation algérienne. Néanmoins, le sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Maghreb estime que la nature des relations algéro-marocaines permet, jusqu’à présent, d’assurer une certaine stabilité. «Nous avons de solides relations avec l’Algérie et de solides relations avec le Maroc et il n’y a pas lieu de dire comment doivent être les relations entre vos deux pays. Nous sommes amis des deux pays et il n’est que justice de dire que nous souhaitons que nos deux amis soient amis entre eux. Mais aujourd’hui, j’ai été agréablement surpris d’entendre dire que le Maroc et l’Algérie ne sont pas amis mais plutôt frères. Notre intérêt principal est la stabilité régionale. 
    Dans le cadre de la stabilité régionale, les pays doivent s’entendre entre eux malgré le problème des frontières.» Pour ce qui est de la montée de l’islamisme politique en Tunisie et en Libye, Raymond Maxwell s’est montré plutôt optimiste. «Ce qui nous préoccupe ce n’est pas l’identité religieuse des gouvernements, mais c’est un ensemble de principes essentiels. Il faut que les gouvernements soient démocrates, qu’ils soient inclusifs en comprenant des femmes et des minorités. Qu’ils soient justes et qu’ils donnent satisfaction aux demandes des peuples qu’ils représentent. Si tous ces principes sont satisfaits, nous travaillerons avec les nouveaux gouvernements », a-t-il noté. Et d’après lui, le phénomène de non-séparation entre le politique et le religieux qui caractérise la grande majorité des Etats musulmans est également constaté au sein de certaines institutions politiques des Etats-Unis d’Amérique.
  • Revoilà Tarzan !, par Ahmed Halfaoui

    Tarzan n’a jamais vraiment été loin. La preuve, il est revenu bien en chair et démultiplié, en autant de Tarzans utiles, remettre de l’ordre chez les indigènes. Il les avait laissés trop longtemps livrés à eux-mêmes et les «bons» parmi les indigènes, ses indigènes à lui, l’appellent à cor et à cri. Tarzan est cette transmutation du personnage d’Edgar Rice Burroughs, apparu en 1912. L’auteur, pourtant, avait un tout autre regard sur les choses. «Ils fuyaient devant les soldats de l’homme blanc qui les harcelaient pour l’ivoire et le caoutchouc qu’ils avaient tenté un jour de reprendre à leurs conquérants en massacrant un officier blanc et ses soldats noirs (…) 
    Cette nuit, les soldats noirs de l’homme blanc se livrèrent à un massacre, et seule une petite troupe de rescapés de ce qui fut autrefois une puissante tribu parvint à se fondre dans la jungle épaisse, vers l’inconnu et la liberté», c’est dans ce style que Burroughs écrit. Plus tard, son héros est mis en scène pour d’autres desseins. Il sera la pointe avancée de la civilisation blanche contre les «mauvais» Africains. Puis, on l’a oublié, un temps. Il faut dire qu’il n’y avait pas matière à faire. Mais, de nouveau, les Tarzans s’agitent plus que jamais et se sont trouvés des «bons» et des «méchants», comme dans le bon vieux temps. 
    Les «bons» indigènes, aussi, y vont de leurs encouragements, tel ce chroniqueur de chez nous qui se demande à haute voix s’il «fallait décoloniser», dans un papier semblant marquer son affliction vis-à-vis de l’anniversaire du déclenchement de la lutte de Libération nationale. Peu lui chaut qu’il a fallu se révolter contre la pire des conditions que l’homme ait pu subir. S’il s’interroge, ce n’est pas pour la forme, parce que l’on ne joue pas gratuitement avec ce genre de sujet. De plus, il ne pose pas d’autre choix que celui-là. Il ne se contente pas de remettre en cause et de dénoncer, comme cela devrait être, le mode de gouvernance du pays, il appelle Tarzan à son secours, en lui faisant part de ses regrets : «Fallait-il décoloniser ?». Le «maître blanc» lui manque, tout à coup, il le préfère à ses semblables indigènes. Car il n’a que cette solution à son problème, se mettre sous la protection qu’il a choisie. Devant des appels aussi pathétiques, les Tarzans ne se gênent plus pour offrir leurs services. 
    En Libye, les «méchants» Libyens viennent d’en apprendre, à leur corps défendant, la signification. Les «bons», ceux qui ont appelé les Tarzans, ont eu leur «victoire» et les Tarzans ont pu pousser leur cri dans un monde qu’ils ont transformé en jungle. Avant d’en arriver à cette ultime issue, il y a toutes les situations intermédiaires. Il y a par exemple ces journalistes qui s’acharnent à traquer «la barbarie» et «les souffrances» et qui en trouvent à la pelle chez les «non blancs». Il y a, à ce titre, une mobilisation générale de tout l’arsenal médiatique pour mettre sous la loupe les «manquements» à ce qui est censé être la norme. Et, comme le hasard fait bien les choses, il n’est plus assez compliqué de trouver des «victimes» à exhiber et des «plaignants» à secourir. Il y a, bien sûr aussi, ces «attardés de l’anti-impérialisme», ces gêneurs en puissance, mais cela est une autre affaire.
    Par Ahmed Halfaoui
    Les Débats, 5/11/2011
  • Calendrier occidental

    L’IRAN NE SUIVRA PAS LES TRACES DU PAKISTAN. IL EN SERA EMPÊCHÉ. UN DEUXIÈME PAYS MUSULMAN À ENTRER DANS LE CLUB NUCLÉAIRE ? JAMAIS. 
    Israël, c’est-à-dire les Etats-Unis, c’est-à-dire la Grande-Bretagne, c’est-à-dire également la France, c’est-à-dire l’Alliance atlantique, ne va pas rater l’occasion d’appliquer le principe américain de la guerre préventive. L’Iran sera une menace future. Israël sait qu’il bénéficiera de l’impunité dans le cas où il lance son aviation et ses missiles à longue portée sur les cibles iraniennes ayant un lien avec le nucléaire. Riposte iranienne sur le territoire israélien ? 
    Une telle riposte sera «exigée» par Israël. Elle justifiera l’entrée en lice des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et peut-être même de quelques pays arabes du côté du Golfe. Intervention des pays du Golfe ? Il y a déjà eu au moins deux précédents. En mars 2003, les pays arabes du Golfe avaient donné la caution régionale arabe à la guerre contre l’Irak bien que le Conseil de sécurité onusien ait refusé de lui donner la caution internationale. Un autre précédent avec la guerre contre la Libye. 
    Le Pakistan a fait «l’erreur» de sa vie. C’est la perception israélo-américaine. Il se sait pays musulman et savait que jamais il ne serait permis à un pays musulman d’accéder au nucléaire. L’Irak avait payé pour son audace. Sans le 11 Septembre, le Pakistan aurait payé pour avoir transgressé cette ligne non écrite. Le péril vert était constitué par l’islamisme. Il l’est aujourd’hui par une nouvelle menace rehaussée : l’islamisme nucléaire. Nouveau rehaussement de la menace. Le terrorisme islamiste nucléaire. Le Pakistan est aujourd’hui pris en tenailles entre les Américains qui l’accusent de «lever le pied» dans la lutte contre les taliban et Al-Qaïda, et ces derniers qui l’accusent de s’aligner sur les Etats-Unis et d’appliquer les ordres américains. Pratiquement, le Pakistan, depuis septembre 2001, vit entre deux feux. Il doit à ces attentats d’être oublié comme cible américaine pour son entrée dans le club nucléaire.
    SOFIANE IDJISSA
  • La zone euro se porterait-elle mieux sans la Grèce ?

    Une sortie de la Grèce serait-elle bénéfique ou catastrophique pour la zone euro ? Les partisans de l’option radicale y voient un moyen de repartir sur des bases plus saines mais pour de nombreux économistes elle risque d’ouvrir les vannes d’une contagion gravissime. 
    Ce scénario s’éloigne à court terme avec l’abandon du référendum en Grèce. Mais il a été à cette occasion pour la première fois mis publiquement sur la table par les responsables européens et peut revenir rapidement sur le devant de la scène compte tenu de l’ampleur de la dette grecque censée représenter au mieux 120% du PIB d’ici 2020. Pour des économistes comme l’Américain Nouriel Roubini, qui avait prédit la crise des supbrime en 2007, et Hans-Werner Sinn, à la tête d’un institut d’études réputé en Allemagne (Ifo), l’Europe a tout à gagner à se séparer de la Grèce. Arguments avancés : Athènes ne représente que 2% du PIB de la zone euro. Son départ ne perturberait pas outre mesure l’équilibre de l’Union monétaire et pourrait même lui éviter une nouvelle récession. Une réthorique récemment reprise par le ministre français des Affaires européennes, Jean Leonetti. «L’euro et l’Europe peuvent survivre » à une sortie de la Grèce, a-t-il assuré, «ce n’est pas parce que la potion est amère qu’il ne faut pas la prendre, parce que le malade est très gravement malade». 
    Une sortie permettrait à Athènes de déprécier sa monnaie nationale retrouvée, la drachme, et donc de renforcer sa compétitivité à l’exportation, tout en faisant tourner la planche à billets de banque centrale nationale pour ses besoins en financement, avancent les partisans de cette option. Cette hypothèse laisse toutefois de côté le lourd tribut que devront payer les ménages et les entreprises grecques, sommés de rembourser des dettes contractées en euros avec une monnaie dévaluée et confrontés à une chute de leur pouvoir d’achat, une probable flambée du chômage et une inflation galopante. Mais, la situation ne serait guère plus rose pour la zone euro, qui risquerait de déclencher le début de son démantèlement plus de dix ans après sa création. «C’est une idée assez allemande qu’on serait mieux sans la Grèce», met en garde Philippe Brossard, directeur de la société d’études économiques Macrorama. «Si tel était le cas, pourquoi aurait-on soutenu les Grecs ? Certainement pas par philanthropie, mais parce qu’il y a une imbrication extraordinaire entre les pays de la zone euro» avec des risques de réaction en chaîne, souligne- t-il. Premier risque, un scénario de contagion au secteur financier comparable au séisme constaté en 2008 après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. 
    L’exposition des banques européennes à la dette grecque est connue mais les autres acteurs du secteur financier n’ont pas tous joué le jeu de la transparence, ce qui pourrait entraîner un phénomène de défiance et de nouvelles turbulences sur les marchés. Autre conséquence : la question sur toutes les lèvres sera «qui est le prochain?», résume Sony Kapoor, du centre de réflexion Re- Define. Craignant de nouvelles défections, les marchés risquent d’entrer dans une ère du soupçon en cherchant le prochain maillon faible de la zone euro en matière de dette. L’Italie sera la première dans leur ligne de mire. La troisième économie de la zone euro inquiète déjà au plus haut point. Elle est lestée par une dette de 1 900 milliards d’euros (120% de son PIB) et souffre d’une croissance atone depuis de nombreuses années. Le risque est donc que la prime de risque que doit payer Rome sur les marchés continue d’augmenter, rendant son financement encore plus difficile. «Au-delà de la satisfaction morale de se dire ‘’on s’est débarrassé du problème grec’’, le scénario est coûteux pour tout le monde», résume M. Brossard.
  • Humanitaires à Tindouf : Le renseignement algéro-malien privilégie la piste burkinabée

    «Les trois humanitaires -deux Espagnols et une Italienne- sont en Afrique de l’Ouest, certainement au Burkina Faso», estime une source sécuritaire algérienne de haut rang. Le renseignement malien, lui aussi, est arrivé à la même conclusion, et s’appuyant sur les traditionnels intermédiaires touareg, il pense que les trois humanitaires n’ont pas été acheminés au Mali, « et ne s’y trouvent certainement pas». Les donnes du terrain penchant pour un acheminement «non ordinaire » des otages vers un pays qui a été jusque-là maintenu loin de turbulences liées aux rapts, le Burkina Faso, en l’occurrence. Il y a une semaine, un médiateur malien a affirmé que les trois coopérants européens enlevés le 23 octobre «sont en vie et sont détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)». «les membres de AQMI ont dit qu’ils vont communiquer plus tard leurs revendications. Mais pour le moment, les otages sont bien en vie». Concernant leur acheminement au Malie, un officiel de Bamako a souhaité «encore une fois vigoureusement démentir» la présence des otages dans le désert de son pays. «Quand nous entendons affirmer que les ravisseurs venaient du Mali et qu’il sont retournés au Mali, nous démentons vigoureusement», a-t-il dit. 
    AQMI n’a pas, jusqu’à présent, officiellement revendiqué ces enlèvements. Elle retient en plus, en otage depuis le 15 septembre 2010, quatre ressortissants français enlevés à Arlit, dans le nord du Niger, sur un site d’extraction d’uranium du groupe français Areva. La présence de Abdelkader Massahel au Burkina Faso, à la veille de l’Aïd el-Adha, n’est pas fortuite. Alger souhaite intégrer le Burkina Faso à la prochaine réunion à Alger des pays dits « du champ », c’est-à-dire qui sont directement concernés par la menace du terrorisme. L’Algérie et le Burkina Faso entendent «conjuguer leurs efforts» face aux menaces terroristes qui pèsent sur la zone sahélo-saharienne, ont-ils affirmé au cours de la 7e session de la commission mixte de coopération qui s’est tenue du 3 au 4 novembre 2011 à Ouagadougou. Abdelkader Messahel a affirmé que la région « fait l’objet d’une triple menace: les menaces terroristes avec Al_Qaïda, le crime organisé avec les grands trafics de drogue et une troisième menace qui est la pauvreté», et estime qu’il est de ce fait urgent de « faire face à ces menaces pour peu que nous travaillions ensemble, créer des synergies entre les différentes stratégies de nos pays respectifs mais également avec nos partenaires ouest-africains».
    Fayçal Oukaci
  • Stzbilité de la Libye : Les USA sollicitent l’aide d’Alger

    Raymond Maxwell, secrétaire d’État américain adjoint chargé du Maghreb a estimé qu’il est de l’intérêt des États-Unis d’Amérique de veiller à la stabilité dans la région du Maghreb. Exprimant ses inquiétudes quant à la prolifération des armes provenant de la Libye dans la région sahélo-saharienne, Raymond Maxwell a jugé plus qu’urgent que son pays intensifie les contacts avec les pays voisins de la Libye afin de juguler le phénomène de la circulation des armes dans cette région. Outre la coopération bilatérale entre son pays et l’Algérie, la situation en Libye semble le sujet qui a primé dans ses discussions avec les responsables politiques algériens. 
    Lors d’une conférence de presse qu’il a animée jeudi au siège de l’ambassade US à Alger, Raymond Maxwell a appelé les pays voisins de la Libye à aider les nouvelles autorités libyennes dans le processus de la mise en place d’institutions démocratiques à partir d’une situation fragilisée. A l’issue de sa visite de deux jours en Algérie, le représentant du gouvernement américain a eu des discussions avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel et le Directeur général Amérique au ministère des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum auxquels il a fait part du souhait de son pays de voir Alger et le Conseil national de transition libyen (CNT) améliorer leurs relations. 
    De par sa position géographique, l’Algérie est aujourd’hui incontournable dans la recherche de toute solution visant à stabiliser la Libye. C’est dans ce sens que l’orateur a exprimé son souhait de voir Alger aider le CNT à relever les défis auxquels il fait face. Sollicité pour donner son avis concernant la façon dans laquelle a été capturé et assassiné l’ex-guide libyen, Raymond Maxwell, a dit que son gouvernement «n’est pas du tout satisfait de la fin qu’a connue Mouammar Kadhafi», estimant qu’il était plus judicieux de le capturer et de le juger sur ses actes. 
    Il a tenu également à démentir les informations rapportées par certains titres de la presse française et selon lesquelles le président américain, Barack Obama et son homologue français, Nicolas Sarkozy ont ordonné la liquidation du Mouammar Kadhafi. «Très franchement, je doute qu’un telle accord existe entre Sarkozy et Obama», a-t-il dit. Par ailleurs, en abordant les évènements dans le monde arabe notamment, en Tunisie, l’Égypte et la Libye, trois pays ayant connu de profonds bouleversements avec la chute d’ anciens régimes et l’émergence de courants islamistes comme alternative politique dans ces pays, Raymond Maxwell ne partage pas les inquiétudes de certaines analystes qui mettent en garde contre une prise du pouvoir des islamistes dans ces pays. 
    Pour le secrétaire d’État américain adjoint chargé du Maghreb, ce qui préoccupe son pays n’à rien à avoir avec l’identité religieuse des nouveaux gouvernements de ces pays. Ce qui importe pour les USA c’est de voir les nouvelles autorités de ces pays respecter les principes démocratiques et répondre aux aspirations de leurs peuples. Il conditionne toute coopération de son pays avec ces nouveaux gouvernements par le respect de ces principes. Le responsable américain a fait savoir que ces craintes ont été également exprimées par certains responsables du gouvernement américain. 
    Concernant la victoire du parti islamiste (Ennahda) aux élections pour l’Assemblée constituante en Tunisie, Raymond Maxwell s’est dit optimiste de voir cette formation politique respecter les principes démocratiques. «Nous n’avons pas de comportement paranoïaque à ce sujet», a-t-il résumé la vision de son pays concernant de la recomposition du champ politique dans ces pays. Pour conclure sur ce sujet, le représentant du gouvernement américain a tenu à nier tout pacte avec les partis islamistes dans ces pays, estimant qu’ «aucun d’entre nous ne peut lire dans une boule de cristal ou être prophète pour prédire quoi que ce soit» Pour mieux éclaircir la vision de son pays par apport à cette question, Raymond Maxwell a fait savoir que les États-Unis d’Amérique s’opposent à l’usage de toute forme de violence de quelconque entité politique qu’elle soit pour arriver ou à se maintenir au pouvoir.
    Hacène Nait Amara 
  • Editorial de "Les Débats" : Revoir notre diplomatie

    Avec l’inauguration d’un siège flambant neuf du ministère des Affaires étrangères -inutile de s’apesantir sur les significations éventuelles de son architecture- la diplomatie algérienne a enfin un contenant. Reste le contenu. Lors de cette inauguration, Medelci a clairement avoué qu’il n’était pas diplomate. On peut se demander ce qu’il fait là, mais c’est aussi une façon de rappeler que cette prérogative relève de Bouteflika et qu’en l’occurrence, lui ne conçoit rien et se contente de la mise en œuvre. Contrairement à Bedjaoui, son prédécesseur, dont la forte personnalité et la grande expérience, ne pouvaient le destiner au rôle de simple exécutant que joue avec loyauté Medelci. Bedjaoui n’aurait, sans doute pas, tout cautionné de la politique étrangère de Bouteflika, particulièrement concernant ce dogme sur le primat des rapports entre Etats qui fait passer au second plan la nécessité de nouer directement des rapports avec les peuples. 
    Il y a trois jours, l’Algérie a établi un pont aérien avec le Mali pour aider à la réinsertion des Maliens qui se trouvaient en Libye. Cette aide n’a fait l’objet d’aucune publicité sinon par une déclaration laconique, et en mauvais français, d’un ambassadeur algérien à la télévision de ce pays qui estimait utile de préciser qu’elle provenait de «Son Excellence le Président» et non du peuple algérien au peuple malien. Peut-être qu’une des leçons à tirer des multiples couacs dans l’affaire libyenne serait de confier ce secteur de souveraineté à un homme qui aurait davantage de marge de manœuvres, outre sa compétence, sa personnalité et son expérience. Bouteflika et Bedjaoui auraient été à l’image de Bouteflika et Boumediene, de ce point de vue. Entre un collaborateur rebelle et un collaborateur soumis, il existe toute une gamme de nuances. La question est d’autant plus urgente que la situation est grave. L’Algérie serait en voie d’encerclement par des pays hostiles, et ce n’est sans doute pas le «rapprochement» avec le Mali ou le Niger, encore moins avec le Burkina Faso, qui suffirait à l’empêcher. 
    L’histoire récente nous enseigne qu’une intervention étrangère dans un pays donné est toujours précédée d’un processus d’isolement – L’Irak hier, demain la Syrie ou l’Iran. Plus que de la Libye, dont la souveraineté a disparu pour longtemps, ou des révoltes arabes, le danger pourrait s’amplifier avec l’intégration marocaine dans le Conseil du Golfe. Car cette intégration implique tôt ou tard une solidarité officielle des monarchies moyen-orientales avec le Maroc, notamment sur l’affaire du Sahara occidental. On le sent plus qu’on ne peut l’attester : l’Algérie n’est pas aimée -à tort ou à raison- par les puissances qui l’entourent. Sa volonté de souveraineté aura beau se modérer par des concessions politiques ou économiques, elle dérangera toujours. C’est cela l’échec de notre diplomatie.
    Les Débats, 5/11/2011
  • "A l’ennemi fuyant construisez des ponts"

    Par Mustapha HANTAZ 
    On ne sait plus d’où nous sont parvenues ces paroles de sagesse infinie. En des temps où l’on est beaucoup plus habitué à observer l’édification de murs de haine et d’apartheid: en Israël par exemple ou plus proche de nous au Maghreb, on est alors surpris de la générosité et de la grandeur d’esprit qui prévalaient voilà quelques siècles. Le langage actuel de la guerre et des destructions est plus froid et radical. On parle plus souvent de Droit de suite ou de poursuite, de traque. Plus que de Pardon et de retenue, en une sorte de transcendance de «grand seigneur» des fourvoiements humains. C’est toujours l’image subliminale du yankee, fusil d’assaut en bandoulière, en pleine action de manducation d’un chewing-gum qui revient, jusqu’à l’obsession. 
    Ce 31 Octobre a vu l’Otan entériner la décision prise de décréter, assez généreusement au demeurant, «la réussite totale» de l’intervention des armées atlantistes en Libye et par conséquent, la fin d’une présence-absence sur le territoire labouré durablement par les millions de bombes larguées par l’Organisation militaire. On parle de 28.000 raids de l’aviation de l’Otan qui on le suppose, a détruit le gros des infrastructures militaires, «et plus si affinités», de la Libye. Par conséquent inévitablement est ouverte la voie à la conclusion de contrats juteux d’armements et de reconstruction avec les Etats qui ont été aux avant-postes d’une guerre fabriquée de toutes pièces. Mais le titre plus haut entend focaliser sur un point bien précis. Celui qui est rappelé élégamment dans un communiqué officiel du représentant des autorités russes commentant la capture de Kadhafi: «les avions de l’Otan ont attaqué un convoi de véhicules qui ne menaçait personne et qui tentait de fuir». C’est malgré les dénégations et les faux fuyants des officiels de l’Otan, le convoi d’une quarantaine de véhicules où se trouvait Kadhafi et qui a été stoppé par un drone. Fallait trouver! Comment en vouloir à un drone «utile et docile», objet inanimé et têtu, configuré pour accomplir froidement son devoir de tueur? Les chefs de guerre semblent vouloir dire «nous sommes pour si peu dans cet acte, il convenait de s’adresser au drone!»… On sait, bien sûr, ce qui s’est passé par la suite dans un détachement infernal des armées «citoyennes» qui se gargarisent quand cela les arrange de la phraséologie redondante des Droits de l’Homme et de la protection de l’humanité. Cette même humanité a-t-elle reculé depuis les temps où un sage avait indiqué cette préférence, qu’il valait mieux permettre à un ennemi de fuir, de battre en retraite, que de voir une bataille finir dans une débauche de sang et de massacres structurante dans tous les cas de comportements futurs? Et qui plus est, avec des adversaires diminués. Certainement que cette «Humanité» pas encore repue des victimes civiles d’Afghanistan, de Palestine, d’Irak réclame encore sa part de sang et de dévastations. Madame Hanoune du PT encore elle, a raison une fois de plus de vouloir organiser une conférence autour du thème de l’intervention étrangère. Les envahisseurs sont déjà là. Certains les ont même vus…
    Le Carrefour d’Algérie, 5/11/2011
  • Sahara Occidental : Le double standard de l’OTAN dénoncé

    Le gouvernement sahraoui a, hier, dénoncé, ce qu’il a qualifié de «deux poids, deux mesures», la politique menée par la communauté internationale lorsqu’il est question de défense des droits humains au Sahara occidental. C’est par la voix du ministre sahraoui délégué auprès des Affaires étrangères, chargé de l’Amérique latine, Hach Ahmed, qui s’exprimait pour l’agence de presse espagnole Efe, que ces critiques ont été émises. 
    Pour conforter ses reproches à l’endroit de la communauté internationale, Hach Ahmed a rappelé que «la révolte du peuple sahraoui à Gdeim Izi a été réprimée par les autorités d’occupation marocaines en novembre 2010, sans aucune intervention ou soutien de l’OTAN, comme cela a été, par contre, le cas en Libye», soulignant qu’»au Sahara occidental, il n’y a que des chameaux et pas de puits de pétrole». 
    Le diplomate sahraoui a, au passage, exhorté le Maroc qui, selon ses déclarations, tente de convaincre l’opinion publique internationale de la marocanité du Sahara occidental, à «permettre au peuple sahraoui de s’exprimer librement à travers un référendum démocratique». Car selon ce dernier, «dans le XXIe siècle, la communauté internationale est intervenue dans plusieurs parties de la planète au nom de la protection des droits humains, des civils et du respect du droit international», alors que, déplore-t-il, «elle tourne le dos au Sahara occidental». 
    Dans la même perspective, l’eurodéputé Willy Meyer a déclaré que l’Union européenne «ne peut pas assumer la responsabilité dans la question du Sahara occidental tant que l’Etat espagnol n’aura pas assumé ses responsabilités juridique et historique en sa qualité d’ancienne colonie de ce territoire». M. Meyer a ajouté qu’»il est du devoir de chacun de mettre fin à cette situation abominable face à laquelle l’Union européenne se tient à l’écart», dans «le seul cas en suspens de décolonisation en Afrique», soulignant que «l’UE ne peut assumer cette responsabilité tant que l’Etat espagnol ne l’aura pas assumée». Pour rappel, Meyer 
    Willy, eurodéputé et vice-président de la commission des Affaires étrangères au Parlement européen, ainsi que l’avocat José Perez qui l’accompagnait ont été agressés dimanche dernier à l’aéroport de Laâyoune par la police marocaine, selon des sources sahraouies. 
    Y. M.
    Le Jeune Indépendant, 5/11/2011
  • Des équipements militaires américains pour l’Algérie

    Des discussions sont en cours: Des équipements militaires américains pour l’Algérie
    par Z. Mehdaoui
    La stabilité du Maghreb semble préoccuper les Etats-Unis d’Amérique, en particulier après la «guerre fratricide» qui a eu lieu en Libye et qui a provoqué la chute puis la mort de Kadhafi. 
    La circulation des armes dérobées à l’ancien régime libyen semble également inquiéter les USA dont les intérêts dans la région ne sont pas négligeables. «Nous sommes partenaires avec l’Algérie dans la lutte contre la prolifération de ces armes», a déclaré, jeudi dernier, Raymond Maxwell, l’adjoint du sous-secrétaire d’Etat américain chargé du Maghreb. 
    Qualifiant l’Algérie «d’allié des USA», Raymond Maxwell, qui intervenait lors d’une conférence de presse organisée à l’ambassade américaine à Alger, assure que son pays est engagé avec l’Algérie mais aussi avec les pays voisins pour lutter contre le terrorisme, le trafic d’armes et de drogue ainsi que la criminalité transfrontalière. 
    L’adjoint du sous-secrétaire d’Etat, qui venait de terminer des entretiens avec le ministre délégué chargé des affaires Maghrébines et Africaines, Abdelkader Messahel, soutient que les préoccupations, en ce qui concerne la circulation de ces armes, sont partagées par les deux pays. 
    Mieux, pour la première fois, les USA seraient même sur le point de vendre des équipements militaires à l’Algérie. C’est du moins ce qu’affirme Raymond Maxwell en disant que son pays est en train «d’étudier la possibilité de délivrer des équipements à l’Algérie» et des discussions sont en cours avec les autorités algériennes pour définir les voies et moyens de cette transaction. 
    Le responsable américain souligne en parallèle que les USA voudraient que l’Algérie et les pays voisins soutiennent le Conseil national de transition libyen (CNT) dans la perspective de l’édification d’un «Etat démocratique». 
    Interrogé sur les circonstances dans lesquelles Kadhafi a été tué, le responsable américain dira que «nous ne sommes pas contents de la fin de Kadhafi», en soulignant « qu’on a perdu l’occasion de le juger». Questionné également sur l’appréciation de l’administration américaine pour ce qui est des «révolutions arabes», l’adjoint du sous-secrétaire d’Etat affirme qu’il y a des pays comme l’Egypte, la Tunisie et la Syrie qui ont réagi tardivement avec les conséquences que l’on connaît, et il y a le Maroc et l’Algérie qui ont devancé les événements et engagé des réformes. 
    Raymond Maxwell, qui qualifie l’Algérie de «plus grand pays Africain après la partition du Soudan», salue les réformes décidées dans notre pays qui dispose, ajoute-t-il, d’une «immense liberté de la presse». La prise de pouvoir par les islamistes, en Tunisie et probablement dans d’autres pays arabes, ne fait-elle pas peur à l’administration américaine ? Pour l’adjoint du sous-secrétaire d’Etat américain, peu importe l’idéologie, pourvu que les gouvernants respectent les principes de la démocratie et des droits de l’homme. «Nous nous opposons à l’usage de la violence pour prendre le pouvoir et nous sommes opposés aux gouvernants qui ne répondent pas aux aspirations de leurs peuples», ajoute encore le conférencier qui assure que les USA suivent de très près la situation dans la région et réagiront au moment opportun. 
    «Les USA s’opposent à toute entité politique qui utilise la violence pour prendre le pouvoir », dira pour sa part l’ambassadeur américain en poste à Alger. 
    Enfin questionné sur les armes vendues au Maroc, Raymond Maxwell affirme que son pays n’est pas là pour fournir des armes afin de déclencher une guerre régionale. «Nous avons de solides relations avec l’Algérie et le Maroc et nous voulons aussi que les deux pays soient des amis autant que nous», a fait savoir l’adjoint du sous-secrétaire d’Etat américain qui souligne que « notre intérêt principal c’est la stabilité de la région».