Année : 2011

  • Capsules, poudre et filières africaines De plus en plus de jeunes addicts à l’héroïne

    Les signaux sont au rouge. La consommation d’héroïne, qui s’était écroulée depuis le milieu des années 2000 en raison du développement des traitements de substitution aux opiacés, serait repartie à la hausse, selon les affaires élucidées ces deux dernières années par les services de sécurité. Début 2010, les autorités et les agences sanitaires ont jugé la situation suffisamment alarmante pour actionner un plan conjoint mettant en garde contre «une augmentation continue de la consommation» de cette drogue et «un manque de connaissance des nouveaux usagers quant aux risques encourus». Fait inquiétant, elle ne touche plus seulement les usagers traditionnels d’opiacés, âgés en général de plus de 30 ans, mais se diffuse dans des populations plus jeunes. 
     
    Deux nouveaux publics sont concernés, souligne l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (l’Onlcdt). Il s’agit, d’une part, des jeunes en bonne situation financière évoluant en milieu résidentiel et, d’autre part, de jeunes relativement intégrés qui expérimentent cette drogue en milieu festif (discothèques, boîtes de nuit, fêtes) de manière occasionnelle. Il est important de souligner qu’un seul gramme d’héroïne coûte une somme de 15 000 dinars. Cela dit, cette drogue dure n’est pas à la portée de tout le monde, toutefois sa consommation prend aujourd’hui de l’ampleur dans les quartiers de la capitale, notamment dans les milieux résidentiels. 
     
    En effet, la Gendarmerie nationale et la police ont éludidé, chacun, cinq affaires relevant de trafic d’héroïne, et ce, en l’espace de quelques semaines seulement. C’est au niveau de certains quartiers de la capitale que cinq réseaux de trafic de drogue dure ont été démantelés. A Bir Mourad Rais, un réseau composé de six personnes, dont deux Algériens et quatre ressortissants africains ont été arrêtés pour vente d’héroïne. Le 21 décembre dernier, la BMPJ de la division Centre d’Alger a reçu des informations très minutieuses sur la présence d’une personne suspecte rodant dans la station des bus de Bir Mourad Rais. Ce dernier sera arrêté en flagrant délit en possession de 4 grammes d’héroïne. Le même jour, un autre réseau est tombé du côté de Douéra. En effet, une jeune personne à bord de son véhicule a été interceptée par les gendarmes, suite à des informations fournies par des citoyens, et prés de 20 grammes d’héroïne ont été découverts par les gendarmes en sa possession.

    Risques de contaminations

    Drogue puissante, synthétisée à partir de la morphine, elle-même issue du coquelicot, l’héroïne peut conduire à une dépendance physique et psychique, s’accompagnant d’une tolérance qui nécessite des doses de plus en plus importantes, mettent en garde les médecins de l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger. Son usage par voie intraveineuse présente un risque de contamination (VIH, virus de l’hépatite B ou C). Enfin, le consommateur n’est pas à l’abri d’une overdose entraînant la mort par dépression respiratoire. En 2006, sur 6 décès survenus par overdose, 21% étaient imputables à l’héroïne seule, selon l’enquête annuelle effectuée par l’Onlcdt. Cette drogue mortelle provient de certains pays voisins, tels que le Mali et le Niger, ou encore le Maroc, mais également d’Europe, notamment de France et d’Espagne. Mais le véritable carrefour de l’héroïne est au Maroc et en Afghanistan. Ces deux pays sont des producteurs, voire des références en matière. Ils produisent annuellement des tonnes d’héroïne tout comme l’Amérique latine. En Afghanistan, la production d’opium, qui alimente le trafic d’héroïne vers l’Europe, a atteint en 2009, pour la deuxième année consécutive, un «niveau record», soulignait le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Depuis 2004, les saisies d’héroïne en Algérie ont connu une progression régulière, passant d’un peu plus de 5 kg à 10 kg en 2007, selon l’Onlcdt. Cette augmentation de la disponibilité du produit a entraîné une baisse sensible des prix, passant de 18 000 dinars le gramme en 2005 à 15 000 dinars en 2007.

    S. A.
    Le Jour d’Algérie, 3/1/2011
  • Le Conseil de sécurité interpellé

    Le processus des négociations sur le conflit du Sahara Occidental doit être protégé de tout dérapage. Le Front Polisario a, en effet, exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU de le faire. «Il est désormais nécessaire, et plus que jamais, de protéger le processus de négociation, en exerçant des pressions sur le gouvernement marocain et en lui imposant des sanctions pour l’amener à se conformer à la légalité internationale», a indiqué le Front Polisario dans un communiqué à l’issue de la session ordinaire de son secrétariat national, sous la présidence du Secrétaire Général du Front Polisario, président de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), M. Mohamed Abdelaziz.

    Le communiqué, publié samedi par l’Agence de presse sahraouie (SPS), réitère «la disposition du Front Polisario à coopérer pleinement avec le Secrétaire Général de l’ONU, M. Ban Ki Moon et son envoyé personnel dans les efforts visant à permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination». Le Front a imputé en outre «le blocage des négociations au rejet par la partie marocaine de répondre aux appels de l’envoyé personnel à examiner les deux propositions de solution et par les préalables qu’elle a posés». «Toute mesure visant à instaurer la confiance et à garantir un climat à même de faire aboutir le
    processus de négociations exige la libération immédiate de tous les détenus politiques sahraouis et l’arrêt des procès militaires arbitraires contre les activistes sahraouis des droits de l’Homme». «La lumière doit être faite sur le sort des disparus», ajoute le communiqué.

    «En sa qualité juridique de force administrante au Sahara Occidental, l’Espagne assume sa responsabilité juridique, historique et morale dans la décolonisation du Sahara Occidental pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination par l’organisation d’un référendum libre, juste et transparent». Le secrétariat du Front Polisario a également exprimé le souhait que «la France adopte une attitude positive conforme à sa position en tant que membre permanent du conseil international de sécurité et à sa relation historique avec la région pour donner une impulsion au processus de négociation, conformément aux résolutions de l’ONU, tout en veillant au respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental». Il a également appelé l’UE à «jouer son rôle sérieusement » dans la consécration d’une paix durable basée sur une solution juste répondant aux chartes internationales et aux principes fondateurs de l’UE et partant l’«annulation de tout accord avec le Maroc qui touche les eaux, les territoires ou les richesses du territoire occupé du Sahara Occidental».

    Au terme des travaux de cette réunion, le secrétariat national du Front national a décidé de célébrer, le 27 février dans les territoires libérés de Tifariti, le 35e anniversaire de proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le processus des négociations entamé en 2007 bute sur les manoeuvres marocaines pour imposer son projet d’autonomie, refusant d’aborder la question du droit à l’autodétermination que ne cesse de réclamer le peuple sahraoui.
    Ouest Tribune, 3/1/2011
  • 35% des Marocains touchent moins que le SMIG

    Environ 35% des travailleurs marocains du secteur privé, affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), sont payés moins que le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), soit moins de 2.000 DH (1 euro = 11DH), affirme l’hebdomadaire marocain La vie éco. La vie éco souligne que 35 % d’autres actifs perçoivent un salaire compris entre 2.000 et 3.000 DH, alors que dans le régime agricole ils sont 61% de salariés déclarés à toucher moins que le SMAG, c’est-à-dire moins de 1.300 DH. Au total, note le journal, 57 % des actifs déclarés à la CNSS en 2009 ont un salaire mensuel compris entre 1.300 et 3.000 dirhams. 
     
    Au Maroc, le SMIG s’applique à tous les corps professionnels, à l’exception de ceux soumis à un régime spécifique comme le SMAG pour l’agriculture. Le SMIG est fixé par décret par le gouvernement suite à des tractations tripartites entre le gouvernement, les organisations syndicales et le patronat. Le SMIG était, en 2008, fixé à 9,66 dhs/h, soit environ 1800 dhs/mois (brut). En 2009 après de nombreuses négociations entre le gouvernement et différents syndicats, le SMIG s’est élevé à 10,64 dhs/h , soit 2.110 dhs/mois.
    Le Midi Libre, 3/1/2011
  • L’aveu macabre du Maroc

    Le gouvernement marocain reconnaît avoir tué, sous la torture, 353 Sahraouis ( du Sahara Occidental occupé par le Maroc depuis 1975, ndds) de la période allant de 1958 à 1992. Cet aveu, bien que rare de la part du régime colonial, a été établi dans le rapport élaboré, récemment, par le Conseil consultatif marocain des droits de l’homme. Le rapport, en question, souligne que les résultats et les listes ne sont, à ce stade, que préliminaires et n’ont pas couvert tous les cas. 
    Ce rapport vient confirmer les chiffres des organisations sahraouis des droits de l’Homme. Celles-ci, rappelons-le, font état de plus de 526 disparus, 151 prisonniers de guerre, sans compter le nombre indéfini encore de victimes des exécutions sommaires. D’autant plus que le rapport du Conseil consultatif marocain des droits de l’Homme ne fait pas mention de plusieurs autres cas de kidnapping de militants sahraouis des droits de l’Homme, et de ceux engagés dans la lutte politique pour la cause sahraouie, depuis le cessez-le-feu proclamé en 1991. En 2005, à titre d’exemple, 15 jeunes Sahraouis ont disparus et leurs familles sont restées sans nouvelles à ce jour.
    Le Midi Libre, 3/1/2011
  • Enlèvement de deux citoyens sahraouis par la gendarmerie royale marocaine à la ville occupée d’El Aaiun

    El Aaiun (Territoires occupés), 02/01/2011 (SPS) Les citoyens sahraouis Rgueibi El Gherdeg et Yahdih Bourhimi ont été enlevés par les services de la gendarmerie royale marocaine pour avoir participé aux évènements de Gdeim Izik et d’El Aaiun occupée suite à l’intervention violente des forces de l’occupation marocaines, a-t-on appris de source judiciaire sahraouie sur place.

    Des éléments relevant de la gendarmerie marocaine ont conduit les deux citoyens sahraouis à la brigade de la gendarmerie à El Aaiun où ils ont subi des interrogatoires pour avoir participé aux manifestations dont cette ville a été le théâtre après l’attaque violente du camp Gdeim Izik par les forces marocaines, a indique la même source.

    Rgueibi El-Gherdeg, 22 ans avait été arrêté samedi soir au quartier El-matar alors que Yahdih Bourhimi avait été arrêté au quartier Smara, a rappelé la même source.

    Yahdih Bourhimi est incarcéré à la prison de carcel negra (prison noire) d’El Aaiun alors que le sort de Rgueibi El-Gherdeg reste inconnu, a encore rappelé la même source. (SPS)

  • Création d’un comité national chargé de la commémoration du 35ème anniversaire de la RASD

    Chahid El Hafed, 02/01/2011 (SPS) Le Président de la République, SG du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz a annoncé dimanche, la création d’un comité national chargé des préparatifs pour la commémoration du 35ème anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique, qui aura lieu le 27 février 2011 à la localité de Tifariti libérée (fait partie des territoires du Sahara Occidental libérés de l’occupation par le Maroc, ndds)

    Le comité présidé par le Premier ministre, Abdel Kader Taleb Omar, est composé des membres de son éguipe gouvernementale, des gouverneurs des wilayas, du bureau du Conseil national et des cadres del’Etat sahraoui.

    Le Comité qui tiendra sa première réunion lundi, aura à preparer et regrouper toutes les conditions nécessaires devant garantir le succès du 35ème anniversaire de la proclamation de la RASD. (SPS)

  • Capsules, poudre et filières africaines De plus en plus de jeunes addicts à l’héroïne

    Les signaux sont au rouge. La consommation d’héroïne, qui s’était écroulée depuis le milieu des années 2000 en raison du développement des traitements de substitution aux opiacés, serait repartie à la hausse, selon les affaires élucidées ces deux dernières années par les services de sécurité. Début 2010, les autorités et les agences sanitaires ont jugé la situation suffisamment alarmante pour actionner un plan conjoint mettant en garde contre «une augmentation continue de la consommation» de cette drogue et «un manque de connaissance des nouveaux usagers quant aux risques encourus». Fait inquiétant, elle ne touche plus seulement les usagers traditionnels d’opiacés, âgés en général de plus de 30 ans, mais se diffuse dans des populations plus jeunes. 
     
    Deux nouveaux publics sont concernés, souligne l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (l’Onlcdt). Il s’agit, d’une part, des jeunes en bonne situation financière évoluant en milieu résidentiel et, d’autre part, de jeunes relativement intégrés qui expérimentent cette drogue en milieu festif (discothèques, boîtes de nuit, fêtes) de manière occasionnelle. Il est important de souligner qu’un seul gramme d’héroïne coûte une somme de 15 000 dinars. Cela dit, cette drogue dure n’est pas à la portée de tout le monde, toutefois sa consommation prend aujourd’hui de l’ampleur dans les quartiers de la capitale, notamment dans les milieux résidentiels. 
     
    En effet, la Gendarmerie nationale et la police ont éludidé, chacun, cinq affaires relevant de trafic d’héroïne, et ce, en l’espace de quelques semaines seulement. C’est au niveau de certains quartiers de la capitale que cinq réseaux de trafic de drogue dure ont été démantelés. A Bir Mourad Rais, un réseau composé de six personnes, dont deux Algériens et quatre ressortissants africains ont été arrêtés pour vente d’héroïne. Le 21 décembre dernier, la BMPJ de la division Centre d’Alger a reçu des informations très minutieuses sur la présence d’une personne suspecte rodant dans la station des bus de Bir Mourad Rais. Ce dernier sera arrêté en flagrant délit en possession de 4 grammes d’héroïne. Le même jour, un autre réseau est tombé du côté de Douéra. En effet, une jeune personne à bord de son véhicule a été interceptée par les gendarmes, suite à des informations fournies par des citoyens, et prés de 20 grammes d’héroïne ont été découverts par les gendarmes en sa possession.

    Risques de contaminations

    Drogue puissante, synthétisée à partir de la morphine, elle-même issue du coquelicot, l’héroïne peut conduire à une dépendance physique et psychique, s’accompagnant d’une tolérance qui nécessite des doses de plus en plus importantes, mettent en garde les médecins de l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger. Son usage par voie intraveineuse présente un risque de contamination (VIH, virus de l’hépatite B ou C). Enfin, le consommateur n’est pas à l’abri d’une overdose entraînant la mort par dépression respiratoire. En 2006, sur 6 décès survenus par overdose, 21% étaient imputables à l’héroïne seule, selon l’enquête annuelle effectuée par l’Onlcdt. Cette drogue mortelle provient de certains pays voisins, tels que le Mali et le Niger, ou encore le Maroc, mais également d’Europe, notamment de France et d’Espagne. Mais le véritable carrefour de l’héroïne est au Maroc et en Afghanistan. Ces deux pays sont des producteurs, voire des références en matière. Ils produisent annuellement des tonnes d’héroïne tout comme l’Amérique latine. En Afghanistan, la production d’opium, qui alimente le trafic d’héroïne vers l’Europe, a atteint en 2009, pour la deuxième année consécutive, un «niveau record», soulignait le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Depuis 2004, les saisies d’héroïne en Algérie ont connu une progression régulière, passant d’un peu plus de 5 kg à 10 kg en 2007, selon l’Onlcdt. Cette augmentation de la disponibilité du produit a entraîné une baisse sensible des prix, passant de 18 000 dinars le gramme en 2005 à 15 000 dinars en 2007.

    S. A.
    Le Jour d’Algérie, 3/1/2011
  • Enlèvement de deux citoyens sahraouis par la gendarmerie royale marocaine à la ville occupée d’El Aaiun

    El Aaiun (Territoires occupés), 02/01/2011 (SPS) Les citoyens sahraouis Rgueibi El Gherdeg et Yahdih Bourhimi ont été enlevés par les services de la gendarmerie royale marocaine pour avoir participé aux évènements de Gdeim Izik et d’El Aaiun occupée suite à l’intervention violente des forces de l’occupation marocaines, a-t-on appris de source judiciaire sahraouie sur place.

    Des éléments relevant de la gendarmerie marocaine ont conduit les deux citoyens sahraouis à la brigade de la gendarmerie à El Aaiun où ils ont subi des interrogatoires pour avoir participé aux manifestations dont cette ville a été le théâtre après l’attaque violente du camp Gdeim Izik par les forces marocaines, a indique la même source.

    Rgueibi El-Gherdeg, 22 ans avait été arrêté samedi soir au quartier El-matar alors que Yahdih Bourhimi avait été arrêté au quartier Smara, a rappelé la même source.

    Yahdih Bourhimi est incarcéré à la prison de carcel negra (prison noire) d’El Aaiun alors que le sort de Rgueibi El-Gherdeg reste inconnu, a encore rappelé la même source. (SPS)

  • Création d’un comité national chargé de la commémoration du 35ème anniversaire de la RASD

    Chahid El Hafed, 02/01/2011 (SPS) Le Président de la République, SG du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz a annoncé dimanche, la création d’un comité national chargé des préparatifs pour la commémoration du 35ème anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique, qui aura lieu le 27 février 2011 à la localité de Tifariti libérée (fait partie des territoires du Sahara Occidental libérés de l’occupation par le Maroc, ndds)

    Le comité présidé par le Premier ministre, Abdel Kader Taleb Omar, est composé des membres de son éguipe gouvernementale, des gouverneurs des wilayas, du bureau du Conseil national et des cadres del’Etat sahraoui.

    Le Comité qui tiendra sa première réunion lundi, aura à preparer et regrouper toutes les conditions nécessaires devant garantir le succès du 35ème anniversaire de la proclamation de la RASD. (SPS)

  • Le Maroc, Israel et les Juifs, par Noémie Grynberg

    Quel intérêt peut représenter Israël pour le royaume alaouite ? En fait, dans le monde arabe, le Maroc tient une place particulière vis-à-vis de l’Etat hébreu. Très tôt, le royaume chérifien a souhaité jouer un rôle de médiateur entre le pays juif et ses voisins du Moyen-Orient.
    Hassan II ou le médiateur de la paix

    Dès le sommet arabe de septembre 1965 à Casablanca, le roi Hassan II incite les chefs d’État présents à une « cohabitation paisible » avec Israël sous peine de guerre. Au lendemain de la défaite de la guerre des Six Jours de 1967, le souverain marocain continue à se distinguer par la recherche d’un compromis entre les différentes tendances arabes.

    En 1976, Hassan II poursuit ses efforts et facilite le dialogue ainsi que les rencontres secrètes entre Israéliens et Égyptiens au Maroc. A Fès, Moshé Dayan, ministre des Affaires étrangères et Hassan Touhami, vice-Premier ministre d’Égypte, rapprochent leurs positions en vue des accords de Camp David, précédant de quelques mois la visite historique du président Anouar El-Sadate à Jérusalem.

    Le Roi reçoit le Premier ministre israélien Shimon Pérès à Ifrane, les 21-22 juillet 1986, afin de tenter une relance du processus de paix. Mais l’entrevue se solde par un désaccord qui n’entame cependant pas les liens entre les deux pays.

    En 1994, dans l’euphorie d’après la signature des accords d’Oslo, Hassan II ordonne l’ouverture d’un bureau de liaison marocain à Tel Aviv et d’un bureau de liaison israélien à Rabat. A cette époque, le Maroc est encore parmi les rares pays arabes à avoir des relations formelles et cordiales avec Jérusalem.

    Pour marque la reconnaissance de l’Etat hébreu envers les efforts du royaume chérifien, aux obsèques de Hassan II, le 25 juillet 1999, une forte délégation israélienne, conduite par Ehud Barak récemment élu Premier ministre, assiste aux cérémonies.

    Mais quels intérêts sous-tendent la diplomatie marocaine dans le dossier moyen-oriental ? Selon certains analystes, jusqu’en 1999, le roi du Maroc utilise le conflit israélo-palestinien tant pour briller sur la scène internationale que pour ériger son pays en interlocuteur incontournable dans le processus de paix au Proche-Orient, profondément convaincu semble-t-il qu’une solution politique reste la seule issue.
    Mohamed VI – le changement dans la continuité
     
    En 2000, suite au déclenchement de la seconde Intifada, le Maroc rompt ses relations diplomatiques avec Israël. Mohammed VI, jeune souverain succédant à son père, décide de fermer le bureau de liaison marocain à Tel-Aviv. Toutefois, les liens ne sont pas totalement rompus. Malgré l’effritement ducessez-le-feu, dès 2003, le Maroc cherche à renouer ses relations avec Israël. Des contacts réguliers reprennent au plus haut niveau entre les deux pays. Le Roi Mohamed VI transmet un message aux responsables israéliens leur annonçant sa décision de reprendre des échanges diplomatiques avec l‘Etat hébreu. Une rencontre réunit à Londres le 27 juillet de la même année, les ministres des Affaires étrangères marocain et israélien.

    Ainsi, dans la continuité diplomatique de son père, le nouveau roi rencontre lui aussi plusieurs officiels israéliens : le grand rabbin d’Israël Yona Metzger, le leader du parti Travailliste Amir Peretz ou encore le ministre des Affaires étrangères Sylvain Shalom qui entame une visite officielle de deux jours au Maroc, la première effectuée par un responsable israélien dans le Royaume depuis septembre 2000. Cette visite a été soigneusement préparée par des réunions secrètes entre les responsables des deux pays. Le chef de la diplomatie israélienne se dit « convaincu que le Maroc est disposé à jouer un rôle central dans le processus de paix ». Il ajoute « qu’il est temps que le Maroc et Israël rétablissent des relations plus étroites. Nous avons entretenu de bonnes relations jusqu’à il y a trois ans et nous devrions continuer à les renforcer ». Sylvain Shalom pense qu’une médiation du royaume alaouite pourrait faciliter la mise en oeuvre de la ‘‘feuille de route » pour le règlement du conflit israélo-palestinien. Mais peu à peu, le Maroc s’éclipse de ce dossier épineux.

    En mars 2005, la télévision publique israélienne affirme qu’un accord de principe est finalement conclu entre Mohammed VI et le vice-Premier ministre de l’époque, Shimon Pérès, à l’issue d’une rencontre lors de la commémoration du premier anniversaire des attentats de Madrid en Espagne. En 2007, le royaume alaouite réitère non officiellement son désir de rétablir ses relations avec l’Etat hébreu. Selon certaines sources, cette offre reposerait sur un échange avec Israël en vue d’un fort lobbying israélien en faveur de la politique de Rabat sur le Sahara Occidental. Lors des discussions entre les deux chefs de la diplomatie, Mohamed Benaïssa et Tzipi Livni, les pourparlers semblent pourtant essentiellement axés sur le conflit israélo-palestinien.
    En septembre 2009, le nouveau ministre des Affaires étrangères du gouvernement Netanyahou, Avigdor Liebermann, rencontre lui aussi en secret à New York son homologue marocain, Taïeb Fassi-Fihri, en marge de l’assemblée générale des Nations Unies.

    Un mois plus tard, Tzipi Livni, la chef de fil du parti d’opposition Kadima, participe à une conférence économique internationale au Maroc. Le pays avait pourtant décidé d’annuler son invitation aux représentants du gouvernement israélien, notamment à la vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Orit Noked, invalidant à la dernière minute son visa, en signe de protestation contre le plan de construction de 900 logements dans le quartier de Guilo, à Jérusalem. En dépit du boycott marocain, au grand damne du Likoud et des Travaillistes, Livni décide tout de même de participer à l’évènement, deux jours seulement après avoir soutenu à la Knesset la question de Guilo. La chef de l’opposition israélienne est reçue au Maroc comme un chef d’Etat, le gouvernement ayant mis à sa disposition vingt gardes du corps et bloqué la circulation pour l’occasion.
    La presse marocaine

    Le Maroc possède une presse apparemment plurielle et dynamique qui fait preuve d’une sorte de liberté de ton rare dans le monde arabe. Elle reste néanmoins corsetée par la censure et surtout l’autocensure.
    Selon les différents instituts de recherches sur la démocratie et la liberté dans le monde, le Maroc est considéré comme un pays partiellement libre. Au niveau de la presse, le paysage semble augurer d’une libéralisation à défaut peut-être d’une réelle démocratisation. Aujourd’hui, le Maroc compte 17 quotidiens et 90 hebdomadaires en français et en arabe ainsi que des journaux spécialisés (économie, informatique, famille) et d’une agence de presse – MAP (Maghreb Arabe Presse). Les quotidiens émanent principalement des partis politiques, ce qui ne joue pas en faveur de leur indépendance. La presse hebdomadaire, surtout économique, est peu tournée vers l’international. Cependant, des sujets inattendus sont traités dans les différentes éditions : le sida, la violence à l’égard des femmes, la violence à l’école côté journaux ; l’image du corps dans l’islam, la politique israélienne, la communauté juive ou le colonialisme côté magazines.

    La presse étrangère est largement disponible au Maroc tant qu’elle reste dans les limites fixées par les lois du pays. Le Ministère de la Communication accrédite plus d’une centaines de journalistes étrangers. Malgré cette liberté apparente, l’autonomie journalistique reste restreinte. Bien que la Constitution garantisse la liberté d’expression, la loi sur la Presse interdit la critique de la monarchie et de l’islam. Ainsi, en octobre 2009, les autorités marocaines ont bloqué la diffusion au royaume du quotidien français Le Monde en raison de caricatures du dessinateur Plantu représentant des membres de la famille royale. La diffamation reste en effet une offense criminelle. De plus, le gouvernement marocain est connu pour émettre des directives et conseiller les publications. Le roi Mohamed VI et le gouvernement exercent un contrôle considérable sur les contenus éditoriaux des médias nationaux. Le gouvernement a le pouvoir de révoquer les licences et de suspendre ou de confisquer les publications. En plus de la censure gouvernementale, il existe une autocensure plus diffuse car les journalistes craignent de fortes amandes, des peines de prison ou des intimidation allant jusqu’à des violence physiques.
     
    La télédiffusion demeure elle aussi dominée par l’Etat mais les chaînes satellites étrangères sont captables. Le roi garde l’autorité de nommer les chefs de toutes les stations de radios et de télévisions publiques.

    Internet est accessible à environ 19% de la population. Il n’existe pas de législation officielle régulant son contenu ou son accès pour l’instant mais le gouvernement bloque occasionnellement certains sites et outils en ligne. On peut cependant lire sur certains blogs marocains d’opposition des critiques ouvertes contre le manque de liberté de la presse dans le royaume. Un mal qui semble décidément endémique.
    La diaspora juive marocaine
     
    Elle est estimée aujourd’hui à près d’un million de personnes à travers le monde, principalement regroupées en Israël (750.000), en France (100.000), au Canada (50.000), aux Etats-Unis (20.000), au Brésil (12.000) et au Venezuela (12.000). Cette communauté dispersée s’illustre dans de multiple domaines comme les sciences, les affaires, la politique, le show business, ou l’intelligencia.
    La diaspora juive marocaine est riche de talents variés qui ont marqué de leur emprunte les pays dans lesquels ils se sont intégrés par leur contribution scientifique, économique, académique ou journalistique.
    Tout d’abord, parmi les scientifiques d’origine marocaine travaillant dans la recherche médicale, Lucien Abenhaim, né à Casablanca, est un épidémiologiste reconnu mondialement. De 1985 à 1989, il est chargé de recherche à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Depuis 1999, il enseigne la médecine en France et au Canada. Il a aussi siégé en 2002-2003 au conseil exécutif de l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
    Côté affaires, plusieurs personnalités d’origine marocaine doivent leur réussite éclatante au monde de la mode, aussi bien en prêt à porter qu’en haute couture. Ainsi Charles Abehsera, industriel du textile né à Mekhnès, est le propriétaire de la marque de confection pour femme Morgan. Le succès de la maison se mesure au millier de points de vente repartis dans 50 pays avec un chiffre d´affaires annuel de l´ordre de 140 millions d´euros et emploie plus de 1.000 salariés en Europe. Dans le luxe, après être passé chez Lancel, Sidney Tolédano, né à Casablanca, arrive chez Christian Dior pour rajeunir l’image de la prestigieuse maison tout en conservant l’esprit. En 1998, il devient le Président-directeur Général de Christian Dior Couture. Aujourd’hui Sidney Tolédano est également PDG de John Galliano France et Président de la société Fendi. Il a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur par Jacques Chirac en juillet 2005.

    Dans le registre de la publicité, Richard Attias, né à Fès, ingénieur de formation, devient président de Publicis Events Worldwide, un réseau mondial dédié à la communication événementielle et spécialisé dans les conférences internationales, les événements institutionnels et le marketing de grands groupes. Richard Attias a notamment participé à l’organisation du lancement de l’Euro en France en 2000. Il s’est aussi occupé en 2004 du congrès de l’UMP au Bourget lors duquel Nicolas Sarkozy a remporté la présidence du mouvement.
    L’échiquier de la politique israélienne, des travaillistes au Likoud en passant par les formations religieuses, rassemble également plusieurs personnalités et non des moindre, originaires du Maroc. A gauche, Shlomo Ben Ami, né à Tanger, a siégé au parlement de 1996 à 2002. Il a été membre de plusieurs comités : Affaires Etrangères et Défense ; Education et Culture ; Constitution, Loi et Justice. Il a occupé la fonction de Ministre de la Sécurité Intérieure puis des Affaires Etrangères dans le gouvernement d’Ehud Barak. Il a participé aux négociations de Camp David en 2000. Shlomo Ben Ami est l’actuel vice-président du Centre International de la paix de Tolède.
    Quant à Amir Peretz, né à Bejaâd, il commence sa carrière politique en tant que maire de Sdérot en 1983 puis devient député travailliste à la Knesset en 1988. Parallèlement, il est élu à la tête de la centrale syndicale Histadrout. Il devient le leader du parti travailliste israélien lors des primaires du parti fin 2005. Il est ensuite nommé Ministre de la Défense en 2006 sous le gouvernement Kadima d’Ehud Olmert. Après l’échec de la seconde guerre du Liban, il perd la présidence du parti travailliste en mai 2007 puis est démissionné du poste de Ministre de la Défense.
    A droite de l’éventail politique, David Lévy, né à Rabat, a débuté sa carrière comme maire de Beit Shéan de 1964 à 1977. Il est aussi élu président de la centrale syndicale Histadrout. Il a siégé en tant que député sans discontinuer de 1969 à 2006, principalement sous la bannière Likoud. Il crée son propre parti « Guesher » (Pont) en 1995. Au cours de sa carrière politique, il a occupé de nombreuses fonctions : Ministre de l’Immigration et de l’Intégration (1977-79), Ministre du Logement et de la Construction (1979-90; 1981-84), Ministre des Affaires Etrangères et Vice Premier Ministre (1990-92; 1996-98) et Ministre sans portefeuille en 2002.
    Pour sa part, Meir Shitrit, né à Ksar es Souk (aujourd’hui Er Rachidia), est devenu Maire de Yavné de 1974 à 1987. Il a successivement été Ministre des Finances en 1999 et 2003, Ministre de la Justice en 2001 et 2006, Ministre des Transports en 2004. En 2005, il quitte le Likoud pour rejoint le nouveau parti d’Ariel Sharon, Kadima. C’est sous cette étiquette qu’il est nommé Ministre de l’Education, de la Culture & du Sport jusqu’en 2006, puis Ministre de l’Intérieur et Ministre du Logement et de la Construction en 2007.
    Dans le camp religieux, le parti Shass du judaïsme sépharade regroupe un grand nombre de Marocains dont le plus célèbre reste Arié Déri, né à Mekhnès, ancien leader du mouvement.
    Si le monde des beaux-arts ou du classique compte moins de Juifs d’origine marocaine, par contre celui du show Biz en reconnaît bon nombre parmi les animateurs télé (Arthur), les chanteurs, les humoristes (Gad El maleh) ou les DJ (David Guetta).
    Enfin, la sphère intellectuelle ou académique n’est pas en reste. En France, dans l’univers de la presse, Pierre Assouline, né à Casablanca, est écrivain, biographe et journaliste au Monde et au Nouvel Observateur, ainsi que chroniqueur pour plusieurs radios dont France Inter, RTL et France Culture. Il est également chargé de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris. Pierre Assouline est aussi connu comme critique littéraire.
    Robert Assaraf, né à Rabat, est historien et écrivain. En 1996, il crée le Centre International de Recherche sur les Juifs du Maroc et co-fonde l’Union mondiale du judaïsme marocain en 1999. Il est également le président de la station communautaire parisienne Radio Shalom et vice-président du magazine français Marianne.

    Georges Benssoussan, historien, spécialiste d’histoire juive européenne, de l’antisémitisme, de la Shoah, du sionisme et des problèmes de la mémoire, est directeur de publication de la Revue d’histoire de la Shoah du Mémorial de la Shoah. En 2002, il dirige, sous le pseudonyme d’Emmanuel Brenner, la rédaction d’un ouvrage de témoignages ‘’Les territoires perdus de la République : antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire ». Il est le lauréat 2008 du Prix Mémoire de la Shoah, décerné par la Fondation du judaïsme français.

    Pour sa part, Élie Cohen, né à Mekhnès, est un économiste français, partisan d’une régulation de l’économie, proche de la pensée sociale-démocrate. Directeur de recherche au CNRS (centre national de la recherche scientifique), il est aussi connu du grand public pour ses participations à de nombreuses émissions de radio et de télévision.

    Au sein de l’Université, Armand Abecassis, né à Casablanca, docteur en philosophie générale et comparée, enseigne à la faculté de Bordeaux III. Ecrivain, il a publié plusieurs ouvrages sur le judaïsme.

    En Israël, l’université compte une pléiade de professeurs d’origine marocaine, dans toutes les disciplines : sociologie, politique, mathématique, etc. Parmi eux, Robert Elbaz, Professeur de littérature comparée et directeur du Département de langue, littérature et culture françaises à l’Université de Haïfa. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la littérature contemporaine.
    Noémie Grynberg 2010