. La ville n’est pas mentionnée, mais au vu de ses abords, on pencherait pour Tripoli, Syrte ou Ras-Lanouf, une ville de la côte, dans tous les cas. Au début de l’insurrection, Kadhafi avait bel et bien parlé de la présence d’Al-Qaïda aux côtés des Benghazis, mais l’Otan, comme l’ONU, Paris, Washington et Londres, avaient fait fi des ses mises en garde, du fait que, même si les accusations de Kadhafi étaient réelles, il y avait convergences d’intérêts.
Mois : novembre 2011
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Des vidéos récentes prouvent qu’Aqmi a participé à la guerre en Libye
L’AILE ULTRA DES REBELLES SOUHAITE ÉTENDRE LA SÉDITION À L’ALGÉRIE ET AU MAROCPour ceux qui doutaient, encore, de la présence discrète, mais forte, des éléments d’Aqmi en Libye, il y a des images qui ne trompent pas, parce qu’elles viennent, justement, de Libye et ont été postées sur plusieurs sites djihadistes proches d’Al-Qaïda. Sur la plus nette de ces vidéos, on peut lire le nom du «Bataillon des partisans d’Al- Qaïda au Maghreb»
. La ville n’est pas mentionnée, mais au vu de ses abords, on pencherait pour Tripoli, Syrte ou Ras-Lanouf, une ville de la côte, dans tous les cas. Au début de l’insurrection, Kadhafi avait bel et bien parlé de la présence d’Al-Qaïda aux côtés des Benghazis, mais l’Otan, comme l’ONU, Paris, Washington et Londres, avaient fait fi des ses mises en garde, du fait que, même si les accusations de Kadhafi étaient réelles, il y avait convergences d’intérêts.À plusieurs reprises, Abdelhakim Belhaj, le «Abou Abdellah Es-Sadik» du Groupe islamique combattant libyen, assurait les capitales occidentales que les rangs des rebelles n’étaient constitués d’aucun membre d’Aqmi. Finalement, il s’est appuyé sur tous les djihadistes pro-Qaïda, pro-Aqmi, anciens détenus de Guantanamo, anciens d’Afghanistan et d’Irak, pour faire chuter Kadhafi, prendre les commandes de Tripoli et instaurer la république islamique en Libye.Les vidéos mises en ligne, tout comme les photos prises, lors de la prise des grandes villes côtières ne trompent pas. Elles constituent la preuve, signée par la main des auteurs de la rébellion, que les éléments d’Aqmi ont participé à la guerre en Libye. Cette présence explique, d’ailleurs, la disparition des réserves d’armes des casernes des loyalistes, comme elle explique le convoiement d’un véritable arsenal de guerre vers les fiefs terroristes au Sahel.Fayçal OukaciLe Courrier d’Algérie, 1/11/2011 -
Rébellion à Misrata et Al Qaïda chasse le CNT de Benghazi
Des milices du Conseil national de transition à Misrata ont refusé hier de déposer les armes aux autorités du CNT, après une réunion secrète de ces groupes sur la situation en Libye, annonçant le début d’une rébellion dont les signes commencent à paraître.Selon des informations de sources crédibles, les chefs des groupes de ces formations armées de combattants, auraient tenu avant-hier une réunion secrète pour discuter des possibilités de se déplacer vers la capitale Tripoli et mettre fin au règne du Conseil national de transition (CNT), soutenu par les milices dirigées par Abdelhakim Belhadj, ex émir de l’organisation terroriste « La Djamaâ des combattants libyens).De longues discussions ont eues lieu entre les chefs des brigades de Misrata qui se sont divisés en deux groupes ; le premier pour l’invasion de Tripoli pour remplacer le CNT et l’autre demandant l’autonomie de Misrata et refuser de remettre les armes au CNT, ajoutent les mêmes sources.Bien que les deux courants aient des avis différents, ils se rejoignent sur le même objectif qui de se rebeller contre le nouveau régime du CNT et refuser de remettre les armes avec lesquelles ils ont combattu le régime de Kadhafi.Selon le site d’information « Seven Days News », citant des sources bien informées, les chefs des brigades de combattants de Misrata auraient transmis ; il y a deux jours, une lettre de menace au président du conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil, suite à ses critiques concernant les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi.Par ailleurs, un chef touareg libyen a démenti l’information faisant état de la reddition du fils de Kadhafi, Seif el Islam. Selon ce dernier, Seif aurait fait courir cette rumeur exprès pour pouvoir s’enfuir dans un lieu sur.De leur côté, les pro-Kadhafi ont revendiqué l’attentat à la voiture piégée au centre de la ville de Derna, à l’est de la Libye, connue pour être un des bastions des groupes de Djihadistes libyens d’Al Qaïda. Le Front de libération de la Libye a annoncé dans un communiqué que l’opération de la voiture piégée portait le nom de Bab El Azizia.Yacine AbdelbakiEnnahar, 31/10/2011 -
Fin de la visite du président Touré en Algérie : un bon voisinage confirmé
L’Algérie a décidé d’effacer la dette bilatérale envers notre pays et de l’octroi de 4,3 milliards de Fcfa pour le financement de projets de développement en faveur des régions du nord du pays. La lutte commune contre le terrorisme et les autres formes de crime organisé, va aussi s’accentuer.« De toutes mes visites en Algérie, c’est celle-ci m’a le plus impressionné. Toutes nos attentes ont été comblées. Aucun nuage ne plane sur les relations entre le Mali et l’Algérie. Dans la presse, on a parlé abusivement de divergences de vues sur certaines questions sécuritaires.Je peux vous dire qu’il n’en est rien en réalité. L’Algérie nous a toujours assisté et continue de le faire. Notamment à travers la mise en œuvre du Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement dans le Nord du Mali. Il existe une parfaite identité de vues sur toutes les questions ayant trait à la sécurité dans la bande sahélo-saharienne entre l’Algérie et le Mali sur les questions clefs intéressant les deux pays ».
Les commentaires sont du président de la République, Amadou Toumani Touré à l’issue de la visite d’amitié et de travail qu’il a effectuée la semaine dernière en Algérie. Cette visite s’inscrivait dans le cadre du dialogue et de la coopération traditionnels entre les deux pays. Elle traduit aussi la volonté commune des présidents Touré et Abdelaziz Bouteflika de renforcer et de dynamiser la coopération économique et politique entre les deux pays frères. Au cours de leurs différentes rencontres, les deux chefs d’Etat et les experts qui les accompagnaient ont procédé à une évaluation exhaustive de la coopération bilatérale et examiné les moyens de la renforcer, de la diversifier et de l’adapter aux réalités et priorités des deux pays.A la lumière de ces ambitions, les présidents Touré et Bouteflika ont procédé à un échange de points de vues sur les mutations intervenues dans leur pays respectif, notamment les grandes reformes et chantiers importants en cours de réalisation. Selon le communiqué final publié à la fin de la visite, ils se sont « félicités des progrès considérables que l’Algérie et le Mali accomplissent sur la voie de la modernisation et de la pérennisation de leurs institutions à travers la consolidation de l’Etat de droit, de la démocratie et du développement économique et social ».COOPÉRATION FRONTALIÈRE.Après avoir examiné l’état des relations bilatérales, les deux chefs d’Etat ont réitéré leur volonté d’œuvrer à leur renforcement et à leur diversification. Ils ont appelé les institutions respectives et les opérateurs économiques des deux pays à donner une impulsion nouvelle aux relations économiques, commerciales et culturelles. Ils se sont félicités des résultats de la 11è session de la Grande commission mixte de coopération qui s’est tenue à Alger le 11 septembre passé. Et ont souligné l’importance des recommandations de cette réunion qui a permis de renforcer le cadre juridique de la coopération bilatérale et d’identifier des actions et des projets de partenariat à même de redynamiser les échanges économiques scientifiques et culturels.Une mention particulièrement a été faite par rapport aux progrès réalisés dans le cadre de la coopération bilatérale frontalière, comme l’attestent les résultats de la 11è session du comité bilatéral frontalier tenue à Alger du 11 au 13 juillet 2011. Amadou Toumani Touré et Abdelaziz Bouteflika ont souligné l’importance qu’ils attachent à cette dimension de la coopération qui répond à la volonté des deux pays de renforcer les relations de peuple à peuple, et ont passé en revue tous les secteurs de coopération. Une feuille de route a été adoptée pour la mise en œuvre des décisions prises au cours de cette visite.Le président Touré a remercié Abdelaziz Bouteflika pour la solidarité qu’il a toujours entretenue envers notre pays. Laquelle solidarité s’est manifestée par une contribution permanente à la formation des cadres maliens, l’effacement de la dette bilatérale et l’octroi récemment d’un don de 10 millions de dollars (environ 5 milliards de Fcfa) pour le financement des projets de développement des régions du nord du pays. Le communiqué poursuit que les deux chefs d’Etat se sont également félicités de la coopération sécuritaire tant sur le plan bilatéral qu’au sein des mécanismes mis en place par les pays du voisinage commun pour lutter contre le terrorisme et ses connexions.Ils ont à cet égard « réitéré leur profonde conviction que la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée dans la sous-région sahélo-saharienne passe par le renforcement de la coopération entre les pays du Champ » et se sont « félicités des avancées du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) et de l’unité de fusion et de liaison (UFL). Ils ont salué les résultats de la réunion des pays du Champ tenue à Bamako le 20 mai 2011 et de la conférence internationale de haut niveau sur le partenariat au Sahel tenue à Alger les 7 et 8 septembre 2011.Des réunions qui ont permis de renforcer la stratégie de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Sur le plan international, les présidents Touré et Bouteflika ont plaidé pour le règlement rapide de la crise en Libye conformément aux aspirations du peuple libyen dans le respect de l’unité de l’intégrité et de la souveraineté de ce pays. Ils ont exprimé leur volonté de coopérer avec les nouvelles autorités libyennes dans l’intérêt mutuel des différents peuples et comme contribution au renforcement de la paix de la sécurité et de la stabilité de la sous-région.Ils ont manifesté leur soutien au peuple palestinien, et réitéré leur soutien aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara occidental. Amadou Toumani Touré a invité son homologue Bouteflika à effectuer une visité officielle dans notre pays. L’invitation a évidemment été acceptée et la date sera arrêtée d’un commun accord par voie diplomatique.Envoyé spécial / B. COULIBALYORTM, 31/10/2011
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Tunisie, Egypte et pour le Maroc ? Interview d’un militant de la Voie Démocratique Basiste.
Le discours qui vise à présenter le roi Mohammed VI comme un roi « bon » est un grand classique véhiculé par les médias bourgeois, et en particulier par les médias de France. Selon ce discours – maintenant bien rodé -, avec la mort d’Hassan II et l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, les choses auraient évolué au Maroc.
Rappelons que ce même discours a été au départ diffusé par le régime marocain, à l’intérieur du pays et d’une façon subtile,
pour faire croire au peuple marocain que la situation a énormément changé et qu’il y a eu des améliorations considérables depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau roi, « le roi des pauvres ». Parallèlement, a été orchestré aussi tout le discours autour des vagues de limogeage des anciens tortionnaires, fidèles d’Hassan II, avec à leur tête Driss El Basri. Et enfin, cet ensemble s’est aussi nourri d’une autre campagne de désinformation : celle organisée autour de la création de la commission « Equité et réconciliation » et des discours de propagande « Tournons la page du passé ». Depuis, tout cela a donc pris aussi une grande dimension dans les médias bourgeois français. Face à tout cela, nous, les communistes, nous avons une position juste et claire : pour nous, l’avènement de ce roi au pouvoir n’a rien changé à la nature même de ce régime, valet de l’impérialisme – nature qui en fait intrinsèquement un régime anti-populaire, anti-national et anti-démocratique. Tous ces simulacres qui parlent de la nécessité de « tourner la page du passé et mettre fin à ces années de plomb » ne sont que des mensonges qui visent à leurrer le peuple.Et l’exemple frappant qui démontre que la situation n’a aucunement changé mais qu’elle s’est au contraire détériorée, réside dans l’ampleur des grèves et des soulèvements populaires qui ont eu lieu depuis ces dix dernières années. Ainsi, depuis 2000, il n’y a pas eu une année qui se soit écoulée sans qu’il y ait eu des soulèvements du peuple marocain ou du peuple sahraoui : soulèvements au Sahara occidental, à Ifni, à Bouaarfa, à Talsint, soulèvements étudiants chaque année contre la privatisation de l’enseignement public partout au Maroc… Tous ces soulèvements ont été réprimés dans un bain de sang et on ne compte plus aujourd’hui les vagues d’arrestations ni les martyrs.Où en est aujourd’hui le mouvement du 20 février et la mobilisation populaire ? La répression ? Quelles sont les revendications ?L’apparition de ce mouvement au Maroc se comprend à travers deux causes principales :1. L’accentuation des contradictions de classes entre d’une part le peuple marocain et d’autre part les classes dominantes qui s’allient entre elles et qui accroissent leurs attaques contre les classes populaires. Ces dernières, en retour, amplifient et étendent leur résistance. Ces attaques sont aussi le reflet d’une crise profonde que connaissent les pays sous domination impérialiste – parmi lesquels se trouve le régime marocain -, crise qui s’inscrit plus largement dans la crise structurelle de l’impérialisme mondial.
2. L’influence des révoltes des peuples tunisien et égyptien sur la conscience des militantes et des militants, et sur l’ensemble des masses populaires marocaines. Tout cela a accéléré le déclenchement d’une dynamique de lutte.
Le mouvement du 20 février émane donc principalement de la lutte actuelle des classes ; et non pas – comme le prétendent les médias français – d’internet (Facebook, Twitter…). Toute cette propagande de l’impérialisme et des réactionnaires a pour objectif de travestir les causes réelles de cette lutte et de la vider de son sens révolutionnaire.Au début, ce mouvement a subi – afin de la dénaturer – maintes attaques, lancées par l’Etat marocain : « Ce ne sont que des athées, des mercenaires au service des forces étrangères du Polisario, de l’Algérie… ». Aujourd’hui, le mouvement du 20 février se trouve à un stade plus développé qu’à ses débuts, et c’est pour étendre ce développement que les révolutionnaires authentiques travaillent en son sein pour lui donner sa dimension de classe populaire. Ce qui signifie, pour nous : créer les comités de quartiers populaires, créer les comités d’autodéfense populaires, et constituer des organismes générés de luttes ouvrières et paysannes.Que deviennent les camarades de la VDB réprimés par le régime, notamment Zahra Boudkour ?La Voie Démocratique Basiste est considérée comme une école de formation idéologique et politique des militants depuis 1979, après la répression sauvage qu’a subi la gauche marxiste-léniniste à cette époque-là et qui à touché, en particulier, les organisations Ila Amam (En avant) et du 23 mars, ainsi que leurs tendances estudiantines représentées à l’époque par le « front uni des étudiants progressistes ».Cette tendance a subi des attaques aussi bien de la part du régime réactionnaire que d’autres groupes politiques, dont les forces intégristes et les révisionnistes. Et malgré ces coups qui lui ont été portés, cette tendance est restée une tendance de résistance et de combat jusqu’à nos jours. La camarade militante Zahra Boudkour a été emprisonnée durant deux ans. _ Elle a été arrêtée en compagnie de 16 de ses camarades, le 15 mai 2008, suite au soulèvement des étudiants à l’université de Marrakech, dirigé par la VDB. Ce soulèvement a été réprimé si férocement qu’il est difficile de l’imaginer. Cette répression nous a rappelé celle menée par les sionistes contre le peuple palestinien. Lors de cette répression, les camarades ont subi des tortures inhumaines dans le commissariat de Jama Alfana et nombreux sont les témoignages, sortis de prison, de la barbarie subie par ces militants.Quelles sont les perspectives pour les communistes au Maroc ? Que peut-on faire ici en France pour les aider ?Nous, les communistes marocains, nous faisons tout ce qui est dans nos moyens pour constituer et construire le Parti Communiste authentique afin de détruire l’Etat des nouveaux colons et de construire l’Etat démocratique nouveau – à savoir l’Etat national démocratique populaire en tant qu’Etat de la dictature unifiée des classes populaires révolutionnaires, sous la direction du prolétariat.Je vais répéter une citation de Georges Habache : « La meilleure façon d’apporter votre soutien au peuple palestinien, c’est de lutter contre vos Etats réactionnaires ». Et moi, je dis ; la meilleure façon de soutenir les luttes du peuple marocain, c’est de mener la lutte contre l’Etat impérialiste français jusqu’à sa destruction totale. Et ceci ne veut aucunement dire qu’il n’y a pas d’autres formes de solidarité avec ce qui se passe au Maroc. Par exemple, en soutenant la cause des détenus politiques. A mon sens, il serait nécessaire d’organiser une journée de solidarité pour faire connaître leur lutte. Un autre axe serait nécessaire également : démarquer et combattre la propagande de la bourgeoisie et de l’impérialisme français qui vise à faire croire que la situation au Maroc s’améliore. Enfin, nous devons travailler main dans la main dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien.UPAC, 29/10/2011 -
Pour qui a roulé Mokhtar Belmokhtar?
Par Mohamed TOUATILe gouvernement sahraoui fustige le bureau de l’AFP à Bamako qui a rapporté l’information et dont la dépêche cite une source anonyme qui fait état d’une complicité sahraouie.Les trois Européens (2 Espagnols et une ressortissante italienne), qui travaillaient dans le camp de réfugiés sahraouis de Hassi Rabouni, sont en vie et détenus par la branche maghrébine d’Al Qaîda. C’est la seule bonne nouvelle, tant espérée. Les otages sont vivants. L’information est tombée alors qu’une conférence internationale sur le droit du peuple sahraoui à la résistance bat son plein à Alger. Des condamnations en cascade dénoncent la torture subie par les détenus sahraouis dans les géoles marocaines et la répression qui s’abat sur les populations des territoires occupés du Sahara occidental.«Les trois otages européens sont en vie. C’est l’un des ravisseurs, membre d’Aqmi, qui nous a communiqué l’information… Ils (Aqmi) ont dit qu’ils vont communiquer plus tard leurs revendications. Mais pour le moment, les otages sont bien en vie», aurait déclaré un médiateur, anonyme, basé dans un pays d’Afrique de l’Ouest cité par une dépêche de l’AFP datée du 30 octobre. Quant à la manière dont a été planifié leur rapt, les détails fournis par la source à laquelle fait référence l’Agence France Presse sont non seulement sujet à caution mais sentent fort la manipulation. «Les combattants d’Aqmi, qui sont allés dans les camps de réfugiés du Polisario pour participer à l’opération d’enlèvement, n’étaient pas armés. Ils avaient des complices sur place dans les camps, membres et sympathisants d’Aqmi, qui ont fourni les armes et repéré les otages pour leur enlèvement», a confié la même source à l’AFP.«Il n’y a pas d’existence d’Aqmi dans les camps de réfugiés sahraouis et les terroristes qui ont mené l’attaque ont tiré sur les coopérants et les gardiens faisant un blessé parmi les otages et un autre parmi les gardiens. Ils ont ouvert le feu pour couvrir leur fuite par des tirs de rafales, contrairement aux mensonges grossiers des commanditaires du bureau de l’AFP de Bamako», réplique sèchement une source gouvernementale sahraouie citée par SPS. «Depuis son bureau de Bamako, l’AFP n’a cessé de propager, toujours sous couvert de l’anonymat, de l’intox et de fausses informations dans le seul but de discréditer le Front Polisario et lier le combat de libération nationale du peuple sahraoui au terrorisme et au crime organisé», poursuit la dépêche de l’agence de presse sahraouie datée du 31 octobre.Des combattants d’Aqmi qui partent la fleur au fusil pour procéder à un enlèvement d’Européens qui de surcroît, leur sont livrés pieds et poings liés par des éléments du Front Polisario qui eux, sont restés sur place pour être sacrifiés. Il faut être naïf pour croire à un scénario qui flaire le coup fourré. Pour qui ont roulé les hommes de Mokhtar Belmokhtar (émir de l’ex-Gspc qui a prêté allégeance à Al Qaida) à qui a été attribué l’enlèvement des 3 travailleurs humanitaires? La question est posée. Une réponse semble évidente: le Maroc en attend, en tous les cas, des dividendes. Pour preuve: la féroce campagne de diabolisation menée contre le Front Polisario (auquel il essaie de trouver des accointances avec les groupes terroristes d’Al Qaîda) et les conditions de séjour des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, qu’il a provoquée suite à son annexion du Sahara occidental et à la terrible répression exercée dans les territoires occupés, et qu’il évoque, toute honte bue, pour discréditer l’Algérie. «Il s’agit de la responsabilité d’un État et c’est l’Algérie qui en est le premier responsable», a déclaré Taïb Fassi Fihri lors d’un point de presse qu’il a conjointement animé avec son homologue espagnole, Trinidad Jimenez, à l’occasion d’une récente visite effectuée par cette dernière au Maroc. Le gouvernement marocain fait dans la diversion.Des indices sérieux mènent à une opération rondement planifiée. En effet, est-ce un hasard si l’attaque terroriste contre le camp de réfugiés sahraouis qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche (voir L’Expression du 24 octobre), a précédé l’arrivée du secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, à Alger le 23 octobre et celle vingt-quatre heures plus tard, du président malien Amadou Toumani Touré? Des indications qui montrent que le timing a été programmé de façon diabolique. Un groupe terroriste sans foi ni loi qui opère à mains nues. Est-ce bien crédible? Il n’y aura qu’à ceux que cela arrange et qui prennent des vessies pour des lanternes qui y croiront.L’Expression, 01/11/2011 -
Atlantiste ou anti-impérialiste : le piège Kadhafi
Par Arezki MetrefVisiblement, la fin de Kadhafi a fait bouger des lignes en Algérie tout comme ailleurs. Selon que l’on ait été indigné ou que l’on se soit réjoui de sa fin, on se situe dans un camp ou dans l’autre. Quant à la position mitigée, elle donne lieu aux tirs croisés des deux camps. Cependant, paradoxalement, l’article, pourtant mesuré, paru la semaine sous le titre «Triste et heureux à la mort de Kadhafi», a réveillé la fureur de certaines personnes, parfois des amis, dans un seul camp.Ils y voient une opinion atlantiste, donc impérialiste, plaçant par conséquent l’auteur de l’article dans le camp des méchants, opposé à leur position anti-impérialiste, les situant ipso facto, eux, parmi les bons. Qu’ils taillent à la machette les nuances, c’est regrettable mais attendu. C’est bien connu, quand on est entier, on taille total. Pourtant, si on est de bonne foi et que l’on préfère le dialogue et la compréhension nuancée de la réalité à l’acrimonie idéologique adossé au totalitarisme de la pensée, lequel décrète qu’on est forcément contre si on n’est pas servilement pour, ce raccourci et ce manichéisme devraient légitimement être abandonnés au bout de quelques lignes de lecture de l’article sur la mort de Kadhafi Depuis le début de la crise en Libye, comme beaucoup de confrères et de compatriotes, je n’ai cessé d’écrire et de dire ici et ailleurs que, comme des millions de personnes partout dans le monde, je vis l’inconfort de refuser et la peste de l’ingérence impérialiste et le choléra des dictatures.Ni Sarkozy ni Kadhafi ! Ni Sarkozy ni Kadhafi, d’autant plus qu’il n’y a pas encore longtemps, ils étaient tous les deux en train de conclure cyniquement des affaires, Kadhafi voulant acheter avec l’argent du pétrole des Libyens des armes à Sarkozy soit pour les utiliser contre ces mêmes Libyens soit pour fomenter des troubles dans la région. On ne va pas feindre d’ignorer la façon dont il a géré les richesses des Libyens, ni comment, grâce à ces richesses, il a tenté maintes fois de déstabiliser des pays voisins, notamment l’Algérie, afin d’étancher sa soif de pouvoir.On le sait, Kadhafi s’est toujours vécu comme un trop grand leader pour une si petite Libye, et il disposait des moyens financiers pour prétendre à un plus large costume. J’en viendrai plus loin à la lecture détaillée de mon article pour dire en quoi il pose une question, non pas géostratégique, telle qu’il a été sans doute lu, mais tout simplement affective, émotionnelle. Je réaffirme que je considère Kadhafi comme un dictateur, et ce ne sont pas les milliers de personnes, opposants ou non, supprimées physiquement par les tueurs de sa police politique, ou celles qui ont connu les geôles sordides d’Abou Slim, d’Aïn Zara ou d’ailleurs qui me démentiraient. Libre à qui veut de considérer Kadhafi qui s’est autoproclamé guide comme jadis le Nord-Coréen Kim Il Sung ou Khomeiny dans une autre sphère, concept renvoyant à des notions tout à la fois mystiques et religieuses, comme un militant anti-impérialiste arc-bouté sur les intérêts populaires qu’il défendrait bec et ongles. Quand bien même je suivrais ce raccourci, qu’on m’explique pourquoi, dès les premières attaques de l’Otan et des rebelles appuyés par l’aviation atlantiste, le peuple libyen n’a pas été à ses côtés ? On me dit çà et là qu’il faut défendre Kadhafi parce qu’il est anti-impérialiste.Kadhafi anti-impérialiste ?Peut-être dans le sillage de l’anti-impérialisme charrié par le panarabisme nassérien, Kadhafi l’a-t-il été, du moins au début de sa prise de pouvoir par le coup d’état militaire de 1969. Peut-être faut-il inscrire à l’actif de l’anti- impérialisme la nationalisation des installations pétrolières anglo-saxonnes et de la base aérienne de Wheelus Air Field en juin 1970. Mais très vite, comme en témoigne son Livre Vert publié pour la première fois en 1975, il allait sombrer dans la confusion et une incohérence périlleuse tout d’abord pour la Libye, avec ce mélange mégalomaniaque de populisme dissolvant et de mystique du changement révolutionnaire inédit. La suite a été une longue succession de séquences dans lesquelles on a vu un despote chevauchant ses derricks et jouant avec la puissance que lui octroyait le sous-sol libyen.Doit-on rappeler toutes les alliances, les ruptures, les unions que Kadhafi a entreprises en vue d’élargir l’espace de son pouvoir personnel qu’il a toujours considéré inversement proportionnel à ce qu’il méritait d’être. Quelle boussole permettrait de trouver une cohérence dans ce labyrinthe de positions prises au gré des circonstances, et souvent à titre personnel sans concertation avec quiconque ? Une fois encore, libre à qui veut de trouver dans cette agitation faite de soutien conditionnel et manipulatoire à des causes nobles, une ligne anti-impérialiste.Pour mesurer à quel point sa politique était névrotique, je vous invite, de ce point de vue, non pas à étudier, mais à récapituler simplement, les différents micmacs de Kadhafi vis-à-vis de la cause palestinienne. Le bilan des turpitudes du Guide sont foison. Passe sur l’attentat de Lockerbie. Passe sur celui du vol 772 d’UTA. Passe encore sur l’attentat de la discothèque La Belle, à Berlin, en 1986. Passe enfin sur l’enlèvement au Liban de l’imam Moussa Sadr en 1979. Tout cela procède d’une vision féroce des relations internationales. On doit le condamner au regard des victimes civiles. Hélas, la férocité n’est pas uniquement de son fait! Elle est tout autant à l’œuvre dans le camp adverse. Mais comment diantre — dites-le moi — justifier par l’anti-impérialisme ou par tout autre motif, le fait que Kadhafi ait exécuté sans états d’âme des prisonniers mutinés? Qu’il ait traqué de par le monde, sans aucune pitié, ses opposants qu’il qualifiait de «chiens enragés» ? Mais comment diantre — dites-le moi — expliquer, justifier ou simplement comprendre qu’il ait versé 200 millions de dollars au roi du Maroc pour «acheter» en 1984 Omar Almahichi, l’un de ses compagnons de la première heure, entré en dissidence et réfugié à Rabat, pour l’égorger comme un mouton ? Ce dernier, complice de Mouammar Kadhafi lors du coup d’Etat de 1969, membre du Conseil de la révolution, ministre du Plan, était «l’unique intellectuel de l’équipe dirigeante libyenne». Cette histoire scabreuse vient d’être révélée par l’ex-ambassadeur libyen auprès de l’ONU et ex-ministre des affaires étrangères, Mohamed Chalgham, dans ses mémoires. Il a rallié les troupes rebelles.L’anti-impérialiste Kadhafi n’a jamais hésité à faire couler le sang des siens, davantage encore que celui des ses ennemis. Il a constamment bénéficié de l’indulgence de l’opinion arabe en vertu de cette faiblesse qui consiste, comme l’écrit Ghassan Charbel dans le quotidien Al-Hayat, à «excuser les tyrans tantôt parce qu’ils prétendent combattre Israël, tantôt parce qu’ils provoquent les Etats-Unis, ou s’opposent à l’impérialisme». Libre à qui veut encore de trouver un anti-impérialiste en quelqu’un qui a privatisé la Libye, qui s’est enrichi personnellement dans des proportions mirifiques et qui, rappelonsle, continuait à frayer avec l’impérialisme. Son voyage en France était-il un acte anti-impérialiste ? Etait-ce anti-impérialiste d’accepter l’argent de l’Union européenne en 2010 pour stopper et jeter en prison les Africains subsahariens qui, paupérisés par la rapine impérialiste sur les richesses de leurs pays, fuient vers le mirage européen ?Un article du Canard enchaîné (mercredi 26 octobre), qu’on ne peut soupçonner d’atlantisme galopant, révèle que pas plus Barack Obama que Nicolas Sarkozy ne voulaient que Kadhafi s’en sorte vivant. Sa mort était programmée. Un conseiller de l’Elysée, source anonyme citée par le même Canard enchaîné, justifie cette option de l’élimination de Kadhafi par la peur. Devant la Cour pénale internationale, «ce nouvel ami de l’Occident aurait pu rappeler ses excellentes relations avec la CIA ou les services français, l’aide qu’il apportait aux “amis africains de la France”, et les contrats qu’il offrait aux uns et aux autres. Voire plus grave, sait-on jamais ?» Si tel est l’anti-impérialisme, alors, je vous l’accorde, Kadhafi était bien anti-impérialiste. Dans tous les cas, je ne vois pas en Kadhafi l’anti-impérialisme d’un Chavez ou d’un Castro qui, eux, ne seraient jamais allés planter une tente fantasque sur la place d’une capitale occidentale, ni traiter avec des puissances impérialistes pour jeter en taule des hommes chassés de chez eux par la misère. Même si Chavez avait proposé l’asile à Kadhafi au début du conflit, il faut bien avouer qu’ils ne sont pas de la même trempe. Chavez, notamment, a davantage de proximité avec son peuple. Souvenons-nous des manifestations de soutien à son égard des habitants des quartiers pauvres de Caracas lorsqu’il était entré en conflit avec les seigneurs du pétrole. Ce fut loin d’être le cas pour Kadhafi. Son peuple ne l’aimait pas, il le craignait. Les quelques fidèles qui l’ont accompagné dans sa chute ne sont en rien comparables aux foules immenses qui soutiennent Chavez.Kadhafi était-il un dictateur ?En 42 ans d’un règne auquel il avait accédé par la violence un coup d’Etat militaire contre un monarque, jamais l’idée de quitter le pouvoir ou bien d’en déléguer une partie ne lui avait traversé l’esprit. L’ironie veut que le roi Idriss qu’il avait renversé ait été plus attentif au pluralisme de la société libyenne tribale que celui qui prétendait faire la révolution. Démontrer que Kadhafi était un dictateur sanguinaire n’est pas difficile. Trouver en quoi il aurait apporté à son peuple quelque chose de cette liberté par laquelle il prétendait légitimer son coup de force est plus délicat. On me dit que son règne a permis l’élévation du niveau de vie des Libyens. C’est vrai. Mais faut-il exclusivement attribuer ce progrès à un volontarisme révolutionnaire ? Le quidam de Koweït ou d’Arabie Saoudite, qui sont loin d’être des modèles de pays révolutionnaires anti-impérialistes, ont vu leur niveau de vie exploser dans les années 1970. De même qu’aucun habitant d’un pays pétrolier n’est resté au niveau de vie des années 1950, il n’y a aucune raison pour qu’un Libyen ne profite pas lui aussi de la manne pétrolière. Le problème n’est pas de savoir si le niveau de vie des Libyens s’est élevé sous Kadhafi. Il est de savoir s’il est au niveau où il devrait être compte tenu de la richesse du pays, et pourquoi le fossé entre le Libyen moyen et les membres du clan Kadhafi est de l’ordre de celui qui sépare les ouvriers du pétrole des patrons des Sept sœurs. On peut aussi s’interroger sur la façon dont se prenait la décision économique en Libye. Quelle était la participation des ouvriers du pétrole ? Y avait-il des syndicats ? Quelles structures syndicales, politiques, citoyennes exprimaient les intérêts des masses laborieuses ? Voilà à mon sens des questions qui mériteraient un examen moins lapidaire.Défendre l’anti-impérialisme ou le dictateur ?A supposer que Kadhafi ait été un véritable anti-impérialiste, n’en aurait-il pas moins été un dictateur? S’il fut l’un et l’autre, dites-moi que j’en prenne acte. Que l’on défende un pays, la Libye attaquée par l’Otan sous prétexte de la «libérer», est une attitude noble, car c’est une façon de montrer sa solidarité avec un peuple soumis à une ingérence étrangère. De ce point de vue, on ne trouvera pas en moi un atlantiste, d’autant qu’il n’échappe à personne que l’objectif de l’Otan n’est pas le bonheur du peuple libyen «libéré» de Kadhafi, mais bien des intérêts plus prosaïquement pétroliers, économiques et géostratégiques.On sait que les Etats-Unis et derrière eux l’Europe ne se seraient pas autant émus de la longévité des dictateurs si l’Afrique et le monde arabe n’avaient commencé à subir l’influence des Chinois. Je ne sais pas d’ailleurs si dans la syntaxe néo-anti-impérialiste on parle d’impérialisme chinois. S’opposer à l’inqualifiable agression atlantiste est une chose, y coller comme un élément concomitant la défense mordicus de l’anti-impérialiste Kadhafi en est une autre. Je m’arrêterai pour ma part au premier terme de cette équation. Le fait de ne pas suivre dans la concomitance aveugle ne fait de personne un atlantiste. Tant qu’on a la facilité de décocher des étiquettes du fond de sa gibecière, il ne faut surtout pas s’en priver ! J’ai certaines raisons de croire que ce qui est défendu, derrière Kadhafi, c’est moins l’anti-impérialisme que l’arabisme forcené, négateur des pluralismes culturels et linguistiques en Libye, vieux pays berbère, de même que le pouvoir autoritaire incarné dans un guide, une entité nationale faite d’islam et de discipline à l’égard des chefs. J’espère me tromper. Kadhafi a été quelque part le substitut arabe islamisé du parti unique poussé jusqu’à l’extrême caricature. Il était une sorte de «Petit père» du peuple, sans l’amour de ce dernier. Y a-t-il quelque chose de noble à défendre dans la prison dans laquelle il avait incarcéré son peuple ? Peut-être… mais quoi ? Que signifie être triste et heureux à la mort de Kadhafi ? A aucun moment dans mon article, ni dans un autre d’ailleurs, je n’ai utilisé l’expression «Libye libérée». Pour la simple raison que je ne crois pas que l’on puisse libérer un peuple en déstructurant son pays. A aucun moment non plus, pour qui sait lire d’un œil apaisé, je n’ai dit que Kadhafi méritait la mort et encore moins ce spectacle ignoble et indigne de l’exhibition de sa dépouille. Cela, la simple compassion suffit à le réprouver. Ce que dit l’article, en revanche, c’est ce sentiment ambigu, informulé qui se niche dans l’expression duelle de la tristesse et du bonheur amalgamés.Nous sommes certainement très nombreux à n’être ni des Kadhafistes anti-impérialistes ni des impérialistes atlantistes effarés par cette image glauque de nous-mêmes que nous renvoie la mort de Kadhafi. Cette fin dans la poussière d’un homme supposé intouchable, tombé de son Olympe, appartient à notre tragédie collective. Au-delà de tout positionnement politique, comme je le spécifie par ailleurs dans l’article, il convient d’interroger émotionnellement cette fatalité. Que la formulation de cette interrogation m’assigne une place dans le camp atlantiste renseigne moins sur le placé que sur les placeurs.Le Soir d’Algérie, 31/10/2011 -
Dans l’enfer des geôles marocaines
Par Tahar FATTANIEnlevés, torturés, «jugés» à huis clos, état de santé en danger, environ 80 Sahraouis vivent encore le calvaire dans les cellules du Royaume.Torturés, violés, agressés et massacrés, les Sahraouis racontent l’enfer vécu dans les geôles marocaines. Devant une armada de juristes internationaux, de journalistes, de politologues et d’universitaires, les anciens détenus sahraouis révèlent les pratiques inhumaines et autres agressions dont ils ont fait l’objet de la part des services marocains. A l’occasion de la deuxième journée des travaux de la 2e Conférence internationale d’Alger sur le thème «Le droit des peuples à la résistance: le cas du peuple sahraoui», d’anciens prisonniers sahraouis sont venus des territoires occupés pour témoigner des conditions d’incarcération aussi bien dans les geôles marocaines que dans les prisons se trouvant dans les territoires occupés telles Laâyoune et Dakhla.El Bachir Ismaïli, étudiant en patrimoine et développement à l’université Ibn Zouhre à Agadir, se souvient, seconde par seconde de ses 18 mois d’emprisonnement. Accusé de «troubles» à l’université, Ismaïli, fervent militant de la cause sahraouie, raconte son arrestation, son «jugement» et son incarcération. Lui, qui organisait un sit-in, en compagnie de dizaines de ses compatriotes étudiants, n’a jamais pensé que son action, pourtant «juste et légale», allait transformer sa vie en cauchemar. L’idée de la prison ne lui avait jamais traversé l’esprit, même s’il reconnaît que son militantisme porte bien des risques et même de grands risques. «Condamné» en 2009 à quatre années de prison ferme, Ismaïli a vu sa peine réduite après cassation avant qu’il ne recouvre sa «liberté» il y a juste quelques mois.A l’intérieur des prisons, les Sahraouis sont confrontés à toutes sortes d’intimidations et actes racistes de la part des prisonniers marocains qui ne sont pas traités de la même façon que les Sahraouis. «Les prisonniers marocains ne nous considèrent pas comme citoyens marocains mais comme de vrais Sahraouis, du coup ils nous intimident. Les gardiens et autres fonctionnaires de la prison sont chargés de nous tabasser et nous intimider», révèle-t-il, dans une déclaration à L’Expression. Et de témoigner encore: «Les cellules sont surchargées. On partageait la même salle de prison avec les Marocains condamnés pour crimes (meurtre, vol ou agression). Nous n’avions pas de place où dormir. Les sanitaires inexistants. On nous servait une nourriture qu’on ne donnerait même pas à des animaux».«Jugement» à huis closIsmaïli n’est pas le seul à vivre l’horreur dans les prisons marocaines. Le sort des Nasiri Hamadi est pire. Enlevé et condamné à trois reprises, il a passé plus de quatre années dans les différentes prisons de Laâyoune, Rabat et Agadir, dans la prison d’Inezgane-Aït Melloule. Il raconte: «Les conditions de détention sont très difficiles. Cette situation a été étudiée par le Royaume marocain qui cherche à désarmer les Sahraouis et nous faire changer nos convictions politiques», a-t-il lancé. De nature pudique, Nasiri hésite au départ à révéler les pratiques inhumaines que lui et ses concitoyens ont subies dans les prisons. Témoignage pour l’histoire oblige, la victime glisse quelques confidences pour alerter la communauté internationale. «Nous avons subi différentes méthodes de torture, durant et après l’instruction. On nous torturait selon la position appelée avion, on nous violait à l’aide d’objet extérieur ou la méthode chiffon», a-t-il dit. Et d’expliquer: «On nous mettait sous le nez et la bouche un tissu mouillé d’urine, de javel ou d’autres produits chimiques, au point d’étouffer et de s’évanouir», a-t-il révélé. Quant aux conditions du «jugement», les mêmes témoins attestent que les auditions se déroulent à huis clos et que les verdicts sont dictés par Rabat.L’art de la torture«Les «jugements» ont lieu à huis clos. Ma famille et les observateurs, les juristes internationaux et défenseurs des droits de l’homme, sont interdits d’y assister. La salle d’audience est remplie par les services de sécurité. Les familles des victimes et même la défense sont tabassées par la gendarmerie royale», atteste Ismaïli.Pour ce dernier, ni le juge ni le président de la cour, encore moins le procureur du roi, n’ont le pouvoir de prononcer un jugement. «Il ne font qu’attendre le verdict dicté depuis Rabat pour le prononcer en séance.»Aux cris de détresse des prisonniers se joignent les juristes. France Wely, présidente de l’association «Droit et solidarité France», affirme de son côté que les procès ne sont pas équitables et les «jugements» sont prononcés sur la base de procès-verbaux et autres «aveux» sous la torture. «Les Sahraouis arrêtés font l’objet de torture et de viol. Il y a un manque absolu du respect du droit de la défense comme dans un pays «normal». Les avocats sont reçus au dernier moment et l’on ne nous laisse pas présenter des témoins», a-t-elle déploré dans une déclaration à L’Expression.En ce qui concerne les conditions de détention, elle enchaîne en indiquant que «la prison noire» de Laâyoune présente des conditions très lamentables, mais elles sont encore plus difficiles à Rabat et à Agadir. «A Laâyoune, les familles pouvaient parfois rendre visite à leurs proches, mais les grosses affaires nous les avons eues à Rabat et Agadir. Les détenus ne reçoivent pas de courrier. Ils n’ont pas accès à la bibliothèque, donc aux livres. Ils sont privés de soins. A chaque fois qu’ils revendiquent l’exercice d’un droit élémentaire, ils font l’objet de violence à l’intérieur des prisons de la part de l’administration pénitentiaire», dit-elle. Il a été relevé, lors de cette conférence, que près de 80 détenus politiques sahraouis se trouvent dans les prisons marocaines. C’est ce qu’a affirmé le représentant du ministère sahraoui des Territoires occupés, M. Omar Boulsan. Parmi ces prisonniers, 23 relèvent des tribunaux militaires à Salé près de la capitale marocaine, Rabat. Quelques prisonniers décident d’entamer une grève de la faim dans les jours qui viennent pour attirer l’attention de la communauté internationale sur leur situation.L’Expression, 31/10/2011