Mois : octobre 2011

  • Syrte : «Une noix difficile à casser»

    Quand on en est le témoin passif, ce qui est le cas de tous, que l’on soit lecteur, téléspectateur, commentateur ou même correspondant sur place, rien ne paraît plus incompréhensible qu’une bataille. Il faut généralement du temps, des jours, plus souvent des mois, voire des années avant que la réalité de ce qui s’est passé sur le terrain ne soit enfin accessible au grand public. Seuls les états-majors ont une idée plus précise du déroulement des combats, de l’étendue des destructions, des pertes subies et de leur influence sur l’issue de l’affrontement. Encore sont-ils victimes, eux aussi, de ce que l’on appelle le «brouillard de guerre», cette confusion, ce trou noir de l’information qui fait que, même à l’ère de l’électronique, du tout numérique et du renseignement satellitaire, il est toujours aussi mal aisé de comprendre le sens même d’une bataille.

    Le fief des kadhafistes

    Ainsi en va-t-il de Syrte, «fief» des Kadhafistes dont elle est devenue la capitale provisoire après la chute de Tripoli. Depuis le 15 septembre dernier, une seule certitude, on s’y bat. Mais où, comment et pourquoi, nous n’en savons pas vraiment grand-chose. Les rebelles en proclament la prise avec une constance qui n’a d’égale que leur capacité à assurer régulièrement qu’ils ont capturé ou tué tel ou tel fils du dictateur déchu. Ce qui n’empêche pas Syrte de résister. Pour la BBC, «les loyalistes de Kadhafi font [de la ville] une noix difficile à casser».

    «Il y aurait encore des centaines de combattants résolus et bien armés», prêts à se battre jusqu’au bout face à des troupes du CNT qui «ne connaissent pas la ville, ses rues et ses quartiers, contrairement aux hommes de Kadhafi qui sont encore là». Les défenseurs de Syrte se battent avec acharnement, au point de «surprendre» l’OTAN, d’après son porte-parole, le colonel canadien Roland Lavoie.

    Depuis que l’humanité a choisi d’une part de se regrouper en cités et d’autre part de se faire la guerre pour résoudre ses différends réels ou supposés, la ville est un objectif convoité, et redouté. Convoité, car elle recèle toutes les richesses de l’adversaire, ses biens, ses sites sacrés. Centre de communication et de décision, elle est aussi le symbole de l’existence de l’état ennemi. Redouté, car la prise d’une ville nécessite d’énormes efforts en termes humains et logistiques. A lui seul, un siège peut compromettre toute une campagne et déterminer le sort d’un conflit.

    Un assaillant peut être amené à vouloir s’emparer d’une ville pour plusieurs raisons. Il peut s’agir de la capitale, dont la chute ferait du même coup tomber le pays. On songe à Paris, que ce soit en 1814, en 1870, en 1914 ou en 1940. En 1914, Paris a été sauvée, et l’Allemagne a dû se replier, obligeant les armées européennes à s’enterrer pour quatre longues années de carnage dans les tranchées. On songe également à Moscou, en 1941, où la volonté de défendre la capitale a galvanisé les forces soviétiques dans une bataille qui a été la première grande défaite de l’Allemagne nazie. Une ville peut devenir un objectif parce qu’elle occupe une position stratégique, qu’elle est à la fois nœud de communication et atout industriel, située à un carrefour entre grands axes, sur un fleuve, une rade.

    Ce fut, entre autres, le cas de Stalingrad, de Sébastopol à deux reprises (en 1854 et en 1941), d’Anvers en 1914, de Caen et d’Arnhem (Pays-bas) en 1944. On peut aussi vouloir prendre une ville parce qu’on ne peut se permettre de laisser sa garnison intacte, de la contourner sous peine de la voir attaquer les arrières de la force conquérante. Il faut alors la réduire le plus rapidement possible, sans trop épuiser ses moyens. Charles le Téméraire en fit l’amère expérience en 1472 quand il tenta de s’emparer de Beauvais, sur la route de la Normandie. Le siège dura moins d’un mois mais coûta si cher aux Bourguignons qu’ils finirent par lever le camp.

    Une ville peut enfin être prise pour cible parce qu’elle est un symbole. L’entêtement d’Hitler à Stalingrad tient non seulement à son importance stratégique, mais aussi à son nom, hautement symbolique tant pour les nazis que pour les Soviétiques. Symbolique, Leningrad l’était tout autant (même si sa valeur stratégique était indéniable). Point de départ de la révolution bolchevique, capitale des tsars de Pierre le Grand à Nicolas II, sa prise aurait représenté un formidable succès pour les armées allemandes, qui s’y usèrent vainement pendant presque deux ans et demi. En 1991, Vukovar, en Croatie, aurait pu être abandonnée par ses défenseurs (croates) face à l’offensive serbe, ce qui aurait permis aux forces de Zagreb de raccourcir leur front. Mais pour le président croate de l’époque, Franjo Tudjman, la ville s’est transformée en symbole de l’esprit de résistance de sa nation en lutte pour son indépendance, et il a tout fait pour qu’elle tienne le plus longtemps possible. C’est sans doute sous cet angle-là que l’on peut essayer de comprendre l’acharnement des rebelles à prendre Syrte, ville natale de Kadhafi.

    L’histoire regorge de sièges héroïques, de cités ravagées et mises à sac. Paris a eu son content d’assaillants, depuis les Vikings au IXe siècle jusqu’aux Prussiens évoqués plus haut, en passant par les cosaques en 1814. Kiev, Moscou, Pékin, Varsovie, Budapest, Madrid, Mexico (Tenochtitlan), Vienne, Constantinople, presque qu’aucune capitale de la planète n’a échappé à ce triste exercice. Même Washington a été incendiée par les Britanniques en 1814.

    La prise d’une ville était une science

    Chez les anciens, la prise d’une ville était une science, qui avait un nom : la poliorcétique. Avec la disparition des fortifications, l’affaire, loin de se simplifier, s’est au contraire compliquée. Les villes modernes sont des étendues tentaculaires hérissées d’obstacles, de postes d’observation, de zones de replis, que les bombardements ne font que rendre encore plus dangereuses. Tout conquérant qui s’y aventure sans préparation ne pourra que s’en mordre les doigts.

    Si certaines villes se transforment effectivement en pièges, grâce à la fois à la prévoyance de leurs défenseurs, à leur sens de l’improvisation et à leur ténacité, d’autres peuvent tomber à l’issue de coups de mains audacieux ou de soulèvements d’une partie de la population. Quelques-unes peuvent même changer de mains à plusieurs reprises au cours d’un conflit, comme Kiev qui, de 1917 à 1920, fut prise et reprise dix fois par cinq armées différentes, ou encore Séoul et Pyongyang, capitales des Corées du Sud et du Nord, conquises et reconquises deux fois en l’espace d’un an à l’occasion de violents combats de rues en 1950 et 1951.

    La théorie veut que l’assiégeant, pour parvenir à ses fins, dispose de forces nettement supérieures en nombre à l’assiégé. Parfois, même cela ne suffit pas à empêcher qu’une ville ne devienne une «noix difficile à casser». A Sébastopol en 1854, les Français, les Anglais et leurs alliés piémontais et turcs avaient déployé plus de 175 000 hommes pour venir à bout d’une garnison de 43 000 soldats et marins russes. A Odessa, en septembre 1941, les Roumains, soutenus par les Allemands, durent aligner près de 340 000 soldats pour vaincre les 34 000 combattants soviétiques qui défendaient cet autre grand port sur la Mer Noire. Il y a bien sûr des exceptions à la règle, mais il est rare qu’un siège soit mené à bien par une armée inférieure en nombre. Si les Tchétchènes ont réussi à «reprendre» Grozny (disons plutôt à s’emparer des points-clés de la ville) en août 1996 alors qu’ils n’avaient que 3 000 hommes face aux 50 000 soldats et policiers de la fédération de Russie, c’est au cours, justement, d’une opération d’infiltration, un coup de main comme nous l’évoquions plus haut. A Varsovie, en août 1944, les résistants polonais échouèrent dans leur tentative d’attaque surprise. De coup de main, la bataille dégénéra en un siège de deux mois qui fit 25 000 morts parmi les combattants (tous camps confondus) et plus de 150 000 dans la population. Quant à Varsovie, elle eut le triste privilège d’être une des villes les plus détruites à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.

    Qu’un assiégeant ne dispose que de moyens limités, et il peut s’efforcer de faire tomber son objectif au prix d’une guerre d’usure, rarement avec succès. Avec seulement 30 000 hommes, jamais les Serbes ne parvinrent à imposer leur domination sur Sarajevo, capitale de la Bosnie qui comptait environ 300 000 habitants.

    Ecraser la ville sous les bombes

    Confronté à la résistance acharnée de l’assiégé, l’assiégeant n’a bien souvent plus qu’une seule solution, surtout à l’époque moderne : il écrase la ville sous les bombes et les obus. C’est le sort qu’a connu Grozny en 2000, jusqu’à la victoire finale des Russes. C’est semble-t-il ce qui attend les derniers défenseurs de Syrte, qui seraient entre 500 et 2 000 (à elle seule, cette incertitude quant à leurs effectifs résume la difficulté de toute l’opération). Les rebelles ont annoncé leur intention de pilonner les positions adverses à l’arme lourde, tandis que les appareils de l’OTAN continuent de frapper ce qui reste des moyens kadhafistes.

    La ville de Syrte a d’ores et déjà payé le prix fort, comme le reconnaît un habitant qui a rejoint les rangs du CNT, cité par le Los Angeles Times :

    «Syrte a été détruite et tant de civils ont été tués … Si on avait su ce qu’ils feraient à nos maisons, peut-être qu’on serait resté avec Kadhafi».

    R. R.

  • La bataille de Syrte : Libye, malheur aux vaincus

    La question est simple et mérite d’être posée. Existe-t-il de bons civils libyens et des mauvais ? Autre interrogation : en quoi le sort d’un habitant de Syrte – ou de Bani Walid est-il différend de celui de Benghazi ? Pourquoi intervenir pour sauver le second et détourner la tête quand les premiers sont sous le feu de l’artillerie lourde et sous la menace de futurs règlements de compte ?

    A y regarder de près, la situation libyenne n’évolue jamais comme on s’y attend et emprunte toujours d’étranges méandres. Rappelons le fait que les rebelles n’ont pas été capables de renverser par eux-mêmes le régime de Kadhafi et que leur cause est devenue soudainement controversée – dans le monde arabe mais aussi en Occident – dès lors que l’Otan est intervenue pour les soutenir. Or, au risque de se répéter, la mission première de l’alliance était de protéger la population civile de Benghazi et des autres villes insurgées. Pourquoi donc ne pas protéger celle de Syrte ? Parce qu’elle appartient au mauvais camp ? A celui des vaincus ? Autrement dit, vae victis… Malheur aux vaincus !

    La fin des combats toujours repoussée

    Cela fait plusieurs semaines que l’on nous promet la fin des combats en Libye et le retour à un calme qui permettrait à l’ensemble de la population de fêter sa libération. Or, Syrte résiste encore. Les troupes loyales à Kadhafi s’y défendent depuis plusieurs semaines et obligent même les troupes du CNT à reculer. Au beau milieu des affrontements, des civils tentent de survivre. Certains n’ont pas les moyens de quitter la ville tandis que d’autres craignent de le faire par peur de doubles représailles. D’une part, celles des pro-Kadhafi qui ont besoin de boucliers humains et qui verraient dans leur départ une trahison. Et, d’autre part, celles des désormais ex-rebelles mus par un désir de se venger qui se vérifie chaque jour dans les villes libérées. Car la chasse à l’homme et les règlements de compte sont une réalité dans la Libye d’aujourd’hui. Jeudi 13 octobre, Amnesty International (AI) a publié un rapport demandant aux nouvelles autorités libyennes de mettre fin aux détentions arbitraires et à l’usage de la torture pour débusquer les responsables de l’ancien régime. L’ONG va même plus loin puisqu’elle estime que la «nouvelle Libye est ‘’entachée’’ par les atteintes aux droits humains dont sont victimes les prisonniers» ces derniers étant estimés à 2 500 pour Tripoli et Zawiya.

    Arrestations arbitraires et tortures

    Certes, plusieurs membres du CNT ont appelé leurs combattants à respecter les droits de la personne humaine mais le jugement d’Amnesty international reste sévère.

    «Le risque est réel qu’en l’absence de mesures fermes et immédiates, certaines pratiques du passé ne soient remises au goût du jour. Les arrestations arbitraires et la torture ont en effet caractérisé le régime du colonel Kadhafi», relève ainsi un communiqué de l’organisation en citant Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. Et d’ajouter qu’Amnesty international a «bien conscience que les autorités de transition sont confrontées à de nombreux problèmes» tout en estimant que «si elles ne rompent pas clairement avec le passé dès aujourd’hui, elles feront passer le message selon lequel il est toléré dans la nouvelle Libye de traiter les prisonniers de cette manière».

    Responsabilité des grandes puissances

    Cette critique vaut aussi pour les grandes puissances ayant soutenu le CNT. De la France à la Grande-Bretagne en passant par le Qatar et les Etats-Unis, leur responsabilité est clairement engagée vis-à-vis non seulement des prisonniers mais aussi et surtout vis-à-vis du sort des populations civiles de Syrte, de Bani Walid et des autres localités qui refusent l’allégeance au nouveau pouvoir. Qui peut jurer qu’il n’y aura pas de règlements de compte après la chute de ces villes ? Qui peut jurer qu’une épuration violente ne va pas marquer dans le sang l’histoire de la nouvelle Libye, préparant en cela de futures vengeances ?

    Il est étonnant et scandaleux que les capitales occidentales restent muettes à ce sujet. Bien sûr, l’heure est à la course de vitesse pour les futurs contrats puisque les délégations de patrons et d’hommes d’affaires européens se succèdent à Tripoli en un bal obscène qui fleure bon le néocolonialisme. Mais tout de même! On peut faire des affaires et accorder un minimum d’attention au sort de populations civiles qui se retrouvent punies parce qu’elles résident dans la ville favorite de l’ex-Guide. Comment se fait-il qu’aucune initiative diplomatique ne soit apparue pour obtenir une reddition sans effusion de sang ? Pourquoi aucun appel n’a été émis depuis Paris, Londres, Doha ou Washington pour que cessent les combats ?

    «Parce que ce n’est pas la logique de cette guerre et parce que le CNT a besoin d’une victoire totale pour asseoir son pouvoir», confie à SlateAfrique un observateur bien placé.

    Il est vrai que le nouveau pouvoir libyen est déjà contesté par quelques factions armées dont les islamistes. Il est vrai aussi qu’il n’a toujours pas composé son nouveau gouvernement du fait de la menace que fait peser la résistance kadhafiste. Mais ce genre de situation peut vite mener à de sanglants dérapages. Les membres de l’Otan ont aidé le CNT à gagner «sa» guerre. Ils doivent l’aider à construire la paix civile au plus vite voire exiger cela de lui.
    Par Akram Belkaïd 

    Les Débats, 18/10/2011
  • Le phénomène des «indignés»

    Par B.Nadir

    Le mouvement des indignés prend de l’ampleur en touchant les pays riches. Si en Espagne, les indignés s’indignent contre la politique de leur gouvernement et les Grecs s’insurgent contre la politique d’austérité prônée par leur gouvernement après la crise ayant secoué le pays de la Démocratie antique, les Américains s’indigent contre la politique financière, les banques et Wall Street. A Paris comme à Rome, on imite le mouvement du Caire en occupant les places publiques. Si le mouvement de mobilisation a été faible à Paris, Rome a été secouée par les émeutes et des affrontements entre les indignés et la police. 

     
    Le mouvement des indignés né en Espagne et en s’inspirant du «printemps arabe» confirme la crise financière et l’échec du capitalisme. Ce mouvement des indignés n’est qu’une réaction à l’échec de la mondialisation et aussi au capitalisme qui n’arrive pas à se réformer et/ou à «s’humaniser». Cet échec était tant attendu depuis la chute du mur de Berlin où les défenseurs du capitalisme n’ont pas su «démocratiser» la richesse. 
     
    La Chine a accéléré le processus de la déchéance du capitalisme. Certains prédissent même une guerre pour «sauver» le capitalisme face à la colère des citoyens qui se disent «outrés» de la «cupidité» et de la «spéculation» des milieux financiers au détriment des travailleurs et de la classe moyenne en allant jusqu’à éliminer cette dernière. Pour les spécialistes, ce phénomène va s’étendre à d’autres pays surtout ceux frappés par la crise à l‘image du Portugal et des anciens pays de l’Est. 
     
    L’Allemagne et la France tentent de «sauver» l’Euro et l’UE de la faillite. Déjà en France, on s’insurge contre Sarkozy qui veut sauver la Grèce, l’Irlande et l’Espagne en engageant l’argent des Français. Ce mouvement des indignés nous rappelle le mouvement des syndicats en Europe dans les années 60 et surtout l’après 68 en France comme d’ailleurs les mouvements de libération. Chez nous, on continue à ignorer cette crise et le mouvement des indignés comme si notre pays pourrait échapper à ce qui se passe dans le monde tout en laissant croire que le «printemps arabe» serait un complot de l’occident. Alors comment pourrait-on contre un mouvement des indignés? Chez nous, on continue à «satisfaire» les revendications des mouvements sociaux sans en mesurer les conséquences.
     
    Le Carrefour d’Algérie, 1/10/2011 
  • Soutien du Conseil régional d’Emilie-Romagne en Italie

    Une résolution adoptée à l’unanimité par le Conseil régional d’Emilie-Romagne en Italie soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    La même résolution a également appelé à la protection des droits de l’homme au Sahara occidental occupé par le Maroc et à la cessation du pillage des ressources naturelles sahraouies, et exhorté l’Union européenne de «ne pas signer des accords avec le Maroc, qui incluent aussi les ressources du Sahara occidental, tant que le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui n’est pas tenu». De même qu’elle exige d’»élargir les prérogatives de la Minurso à la surveillance et à la protection des droits de l’homme au Sahara occidental».


    Il convient de souligner que cette résolution a été votée par les neufs membres du conseil issus des partis de la majorité et de l’opposition.

    Le Conseil régional d’Emilie-Romagne a en outre fait part des «inquiétudes quant à la répression exercée par les forces d’occupation marocaines contre les populations sahraouies qui manifestent pour accéder à tous leurs droits nationaux». Il a affiché ses inquiétudes quant à la détérioration de la situation sociale dans les camps des réfugiés sahraouis, appelant le gouvernement italien à débloquer des fonds au profit des associations italiennes de soutien au peuple sahraoui afin qu’elles puissent apporter de l’aide humanitaire aux réfugiés, est-il écrit.

    «Les conditions de vie des réfugiés sahraouis sont extrêmement difficiles et l’aide et la coopération internationale sont indispensables à la survie et au développement du peuple sahraoui», a précisé à cet égard la résolution.

    Cette résolution du Conseil régional d’Emilie-Romagne vient conforter l’appel du Parlement panafricain (PAP) qui a appelé l’Union africaine (UA) et la communauté internationale à «imposer des sanctions économiques au Maroc afin de l’amener à se conformer aux résolutions internationales en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui».

    Le PAP a adopté, au terme la 5e session ordinaire de sa 2e législature, en présence du vice-président du Parlement européen, M. Miguel Angel Moratinos, à l’unanimité une résolution et une recommandation soutenant la «lutte du peuple sahraoui» et appelant l’UA et la communauté internationale à «imposer des sanctions économiques au régime marocain».

    Il a, par ailleurs, demandé au Conseil de sécurité onusien de «protéger les droits de l’homme dans les territoires occupés au Sahara occidental et de soutenir les réfugiés sahraouis dont les souffrances perdurent». Il est à rappeler que les autorités marocaines ont expulsé par la force un jeune Sahraoui, Alyen Mohamed Salem,de son pays, le Sahara occidental, vers la frontière avec la Mauritanie après lui avoir retiré tous ses documents, a rapporté dimanche l’agence de presse sahraouie (SPS) qui cite un communiqué du ministère des Territoires occupés et des Communautés sahraouies à l’étranger.
  • Appel à de nouvelles manifestations au Maroc

    Le Mouvement marocain du «20 Février» a appelé à l’organisation, dimanche prochain, d’une journée nationale de manifestation pacifique dans l’ensemble des villes du Maroc pour réitérer ses revendications de changements démocratiques dans le royaume,
    a-t-on indiqué lundi auprès de ce mouvement contestataire. 

    C’est la huitième journée nationale qu’organise le mouvement depuis sa création, il y a huit mois, pour réclamer des changements politiques profonds au Maroc, notamment une monarchie parlementaire, une constitution démocratique, la justice sociale, la fin de la corruption et de la précarité. 

    Cette journée nationale, qui est organisée chaque mois, depuis le 20 février 2011, intervient quelques jours après la mort (jeudi dernier) d’un diplômé chômeur, Mohamed Boudaroua, militant du mouvement dans la ville de Safi, après une chute du toit d’un immeuble abritant l’Agence nationale pour l’emploi au Maroc (ANAPEC).

    Selon la section du mouvement protestataire à Safi, la victime (38 ans), licencié en littérature arabe et possédant six autres diplômes notamment en mécanique industrielle, a été poussé par un policier qui voulait le faire descendre du toit de cet immeuble occupé par les demandeurs d’emploi et en sit-in durant dix jours. Cette version a été réfutée par la police qui a affirmé que la victime s’est jetée elle-même du toit de l’immeuble après avoir menacé de s’immoler par le feu.

  • Les Sahraouies privées d’une patrie indépendante… les femmes d’Afrique s’en mêlent !

    Conférence de solidarité avec les femmes sahraouies Abuja 27 & 28 septembre 2011

    Elles étaient plus d’une centaine, venues du Sénégal, d’Algérie, du Congo, du Cap Vert, du Cameroun, de RDC, d’Afrique du Sud, du Niger, de Centre Afrique, du Burkina Faso, du Tchad, de Namibie… au total de 26 pays à l’appel des 5 instances régionales de la Fondation WAELE ARCELFA, pour assister les 27 et 28 septembre 2011 à la conférence de solidarité avec les femmes sahraouies. Cette rencontre été saluée par de nombreuses de personnalités nigérianes, ainsi que des institutions et organisations de la société civile nigérianes, dont les Personnels de l’Académie du Nigéria et l’Union des Travailleurs Nigérians. Son Président s’est indigné d’emblé « qu’après les indépendances en Afrique, un état africain s’approprie le pays voisin. » Cette rencontre, forte de ténacité des femmes à faire face aux injustices quels que soient les obstacles à franchir,a été suivie par nombre de journalistes venus de la région et d’Algérie. 

    Nouria Hafis, Vice Présidente de la Fondation pour l’Afrique du Nord raconte l’origine de ce grand mouvement de solidarité féminine qui a pris forme à Abuja et dont les suites concrètes vont très bientôt apparaître. « C’est à l’issue de la visite de Dr Basirat Nhibi, Présidente/fondatrice de WAELE/ARCELFA dans les camps de réfugiés sahraouis à la fin décembre 2010 qu’a été décidé la tenue d’une conférence de solidarité avec les femmes sahraouies à l’échelle du continent africain et dont nous avons annoncé immédiatement la tenue en janvier 2011 à Alger. »

    Les femmes nigérianes avaient donné le ton en allant manifester la veille de la conférence devant l’ambassade du Maroc suscitant une réaction de protestation.

    Au cours des séances mais également dans les moments informels de rencontres, les témoignages des Sahraouies, venues des camps de réfugiés et des territoires occupés du Sahara occidental, ont permis à nombre de participant(e)s de découvrir la réalité du vécu et la résistance des femmes sahraouies depuis 35 ans, tant dans l’organisation de la vie en exil que face à la colonisation étrangère et sa répression. Les délégué(e)s du CNAPS (Comité National Algérien pour le Peuple Sahraoui), des élus, des organisations européennes de France, d’Espagne, de Grande Bretagne et du Portugal, engagés dans la solidarité depuis de nombreuses années, ont fait part des actions conduites dans leurs pays pour dénoncer les violations de la légalité internationale par le Maroc et l’Union Européenne, les atteintes graves aux droits de l’Homme et exiger l’organisation du référendum d’autodétermination prévu dans le Plan de Paix de 1991. Franck Rudy, ancien représentant du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara occidental a fait part de son expérience avec le peuple sahraoui pour lequel il témoigne un profond respect et exprimé la peine qu’il a eue à supporter l’attitude du Maroc.

    Les réactions des Africaines ont été à la mesure de l’émotion suscitée par tant d’injustices et de brutalités, opposées à la dignité et la détermination des Sahraoui(e)s. « J’ai retenu mes larmes, confie Arlette Bakou du Congo, moi qui travaille sur la question du genre et qui participe à nombre de colloques, j’ignorais ce problème qui dure depuis si longtemps ! » Il n’y a pas qu’en France que les médias font l’impasse sur la question.

    A la fin des travaux de la conférence la Présidente de WEALE ARCELFA conclue « Le temps n’a jamais donné raison à l’injustice, nous allons passer des paroles aux actes, l’Afrique a résolu des problèmes plus difficiles : la traite négrière qui a duré 300 ans, la colonisation qui a duré 200 ans, ce problème se règlera également. Nous allons organiser une délégation d’hommes et de femmes de renom pour aller à l’Union Africaine ainsi qu’à l’ONU et exiger la mise en œuvre le référendum d’autodétermination au Sahara occidental. »

    Nul doute que la donne en sera changée si les peuples des anciennes colonies africaines et ceux des anciennes puissances coloniales coopèrent ensemble pour que se règle enfin le dernier conflit de colonisation en Afrique, en conformité avec la légalité internationale.

    Que les organisations de femmes africaines aient décidé d’être à l’initiative de l’action, est un gage sérieux de réussite. Cette action commune est essentielle à notre époque pour le respect de la Charte de l’ONU et du droit international.

    Source : http://www.afaspa.com

    Afriques en lutte, 18/10/2011

  • Recommandations et résolution du Parlement Panafricain du 14 ocgobre 2011 sur le Sahara Occidental

     Parlement panafricain / Deuxième législature/Cinquième session ordinaire/3-14 octobre 2011
    Le Parlement panafricain,

    PROFONDÉMENT PRÉOCCUPÉ par la paralysie que connait le processus de décolonisation de la République arabe sahraouie démocratique ;

    RAPPELLANT que le Sahara occidental est actuellement reconnu par plus de soixante-dix pays, il est membre de l’Union africaine et il reste la seule et dernière colonie de l’Union;

    NOTANT la série de résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale des Nations Unies, ainsi que l’avis consultatif émis par la Cour internationale de justice, qui constitue une étape en 1975 et qui a réaffirmé le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination ;

    RAPPELLANT le rapport de sa mission d’information effectuée en République arabe sahraouie démocratique en juillet 2011 et qui est repose sur sa résolution adoptée lors de la Quatrième session ordinaire de la Deuxième Législature, tenue en mai 2011;

    RENDANT HOMMAGE au Gouvernement et au peuple algérien pour leur soutien indéfectible au peuple sahraoui et à son Gouvernement en exil ;

    CONDAMNANT FERMEMENT les violations et les abus commis à l’encontre des droits de l’homme par les autorités marocaines dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, et qui, selon les rapports reçus, se poursuivent sans relâche, ainsi que le silence médiatique complet imposé sur le peuple sahraoui dans ces régions ;

    RECOMMANDE PAR LA PRÉSENTE :

    1. Que l’Union africaine, par le biais de son Conseil de paix et de sécurité, exhorte ses États membres à imposer des sanctions ou à exploiter d’autres moyens appropriés afin de contraindre le régime marocain à respecter les mandats de l’ONU auxquels il avait jusque-là passé outre ;

    2. Que l’Union africaine prenne position en condamnant ouvertement les violations et les abus continus à l’encontre des droits de l’homme, commis sur le peuple sahraoui par les autorités marocaines dans les territoires occupés, y compris la présence des champs de mines antipersonnel, qu’il faut nettoyer ;

    3. Que la communauté internationale s’attaque de toute urgence à la condition humanitaire des personnes déplacées et des réfugiés par des interventions qui mettront fin à leurs souffrances.

    JOHANNESBURG, Afrique du Sud, 18 octobre 2011 / African Press Organization (APO)  
    Afrik.com, 18/10/2011
  • L’Union africaine exige des sanctions contre le Maroc

    Saaleha Bamjee 

    MIDRAND, 10 octobre (IPS) – Le Parlement panafricain (PAP), l’organe législatif de l’Union africaine, a invité les pays africains à prendre des sanctions contre le Maroc. Selon le PAP, le Maroc ne respecte pas le droit à l’autodétermination du Sahara occidental.

    Le Parlement panafricain, qui doit de réunir encore le 14 octobre dans la ville de Midrand en Afrique du Sud, a reçu une série de recommandations suite à l’enquête menée par une commission africaine pendant le mois de juillet au Sahara occidental. La principale recommandation de la commission est d’inviter l’Union Africaine à encourager à travers son Conseil de la paix et de la sécurité les États membres d’adopter des sanctions ou d’autres moyens de pression contre le Royaume du Maroc.

    Le Sahara occidental reste un territoire contesté entre d’une part le gouvernement de la République arabe démocratique du et d’autre part le Royaume du Maroc qui occupe les trois quarts de ce territoire depuis le départ des colonisateurs espagnols en 1976.

    Réfugiés

    « Plus de 100 000 Sahraouis ont été expulsés de leur territoire durant les 35 dernières années. La plupart de ces réfugiés vivent maintenant dans des camps de réfugiés basés à l’ouest de l’Algérie », a déclaré la Rwandaise Juliana Kantengwa, membre du PAP pour le compte duquel elle a mené la commission d’enquête.

    Selon le gouvernement algérien, il y a environ 165.000 réfugiés sahraouis qui vivent actuellement dans les camps près de la ville de Tindouf. Le Parlement panafricain n’a pas de pouvoir coercitif pour faire appliquer ses recommandations. Mais selon Kantengwa, cet organe législatif a une influence considérable au niveau international. « Il s’agit pour le moment d’un conflit silencieux, mais tant que nous maintiendrons ce sujet à l’agenda, la communauté internationale pourra s’intéresser à ce qui se passe dans le Sahara », ajoute-t-elle.

    Autonomie

    Le Maroc a proposé un plan pour mettre fin au conflit. Selon ce plan, le Sahara occidental obtiendrait un certain degré d’autonomie mais resterait un territoire sous la souveraineté du Maroc. Le Maroc refuse par ailleurs d’organiser un référendum pour savoir si les Sahraouis préfèrent opter pour leur indépendance.

    Ouaddadi Cheikh Ahmed El Haiba-, membre du PAP pour le compte du Sahara occidental, qualifie le plan marocain de « plan de la mort ». « Le peuple sahraoui veut exercer soi-même son droit à l’auto-détermination. Nous ne voulons rien d’autre que l’indépendance. »

    Le Maroc a quitté l’Union africaine en 1984 lorsque cette institution a reconnu le gouvernement du Sahara occidental comme membre à part entière de l’organisation. Les autres Etats membres ont cependant préservé leurs liens diplomatiques avec le Maroc.

    « S’il n’y a pas de sanctions, le Maroc ne risque pas de changer de stratégie au Sahara occidental car il est réconforté dans son rôle par les puissances internationales », conclut El-Haiba.


    IPS, 17/10/2011

  • Sahara Occidentale : La Mauritanie se tient à sa position officielle de stricte neutralité (Ould Abdelaziz) :

    Dans une interview accordée à la Chaine Medi 1 Sat, le Président mauritanien Mohamed Ould AbdelAziz, a exprimé son espoir de voir la construction du Grand Maghreb Arabe auquel aspirent les peuples de la région dans un climat de paix, de sécurité et de prospérité.
    Selon lui ce rêve ne sera réalisé que par les peuples maghrébins eux-mêmes, tout en affirmant son souhait que les changements intervenus en Tunisie et en Libye puissent contribuer au renforcer de l’Union du Maghreb Arabe.
    Dans le dossier du Sahara Occidentale, il a indiqué que la Mauritanie se tient à sa position officielle de stricte neutralité tout en précisant que le pays est présent dans les négociations pour le règlement du conflit du Sahara sous les auspices des Nations Unies.
    Concernant la présence d’un représentant du front Polisario dans la capitale mauritanienne, le Président Aziz a souligné que c’est à travers la presse qu’il a appris cette information.
    Le Président a déclaré que le dialogue politique progresse et que la confiance est revenue entre les différents acteurs politiques du pays. C’est dans ce cadre qu’il a souligné que des efforts ont été déployés afin que les mauritaniens se retrouvent tous autour de la même table et discutent. Il a reconnu que le pays était confronté à quelques difficultés économiques dues notamment au chômage et à la pauvreté, estimant que le gouvernement travaille pour améliorer cette situation. Enfin, il a souligné la nécessité d’adapter les formations aux besoins réels du marché du travail car le pays dispose de ressources halieutiques et minières et cela demande la disponibilité des compétences pour une gestion plus rationnelle de ses ressources naturelles.
    Source : CRIDEM, 17/10/2011
  • La sombra española de Dajla

    Las ruinas del Cine Lumen construido por Espana
    EDUARDO MARÍN (Corresponsal en Rabat)   15-10-2011

    Más de 35 años después de que España abandonara el Sáhara Occidental, ciertos centinelas velan para que el paso del tiempo no borre la huella ibérica en el desierto africano. « Marruecos sabe que un pueblo que no tiene pasado no tiene derecho a ser un Estado; nosotros estamos orgullosos de nuestro pasado como españoles y por eso queremos conservarlo ». Mohamed Fadel, o Bouh « como me llama todo el mundo », nació en Villa Cisneros en 1965. A los tres años de edad sufrió una polio que le postró de por vida sobre una silla de ruedas. Hoy, además de trabajar en el Ayuntamiento de Dajla (antigua Villa Cisneros), es presidente de la Asociación de Discapacitados de esta ciudad. Se encarga también, pese a ser musulmán, de cuidar la iglesia católica de Nuestra Señora del Carmen, construida por los españoles en 1955.

    « La iglesia está intacta desde que se fue España », sostiene, « sólo falta el Cristo grande, que se lo llevaron a Fuerteventura ». El paso del tiempo y los diferentes episodios conflictivos que ha vivido la ciudad hacen necesarias varias reformas. La financiación proviene de El Vaticano y otros grupos católicos. « Tenemos que proteger esto porque es patrimonio saharaui, es un símbolo de la resistencia », defiende. Todos los domingos acuden a la iglesia un grupo de protestantes, portorriqueños e ingleses, que viven en Dajla. Una vez al mes, los padres Marco o Valerio, bajan desde El Aaiún, capital administrativa del Sáhara Occidental, para ofrecer una misa católica. « Pueden acudir cuatro personas, veinte o ninguna », informa Bouh, que añora también el pasado católico de « su » Villa Cisneros. « Celebrábamos una Navidad fantástica », recuerda, « en el fuerte hacían un desfile militar, los Reyes Magos iban tirando caramelos, nos repartían juguetes en los colegios…era muy bonito ».

    Casado con una marroquí con la que tiene dos hijos, Bouh afirma ser « en primer lugar saharaui », pero también defiende « sentirse orgulloso de ser español » aunque no tenga la nacionalidad. Entre 1974 y 1981 vivió en Las Palmas. « Cuando volví todo había cambiado y fue muy difícil para mí porque no sabía hablar hassanía (dialecto saharaui del árabe) ». España abandonó la ciudad en febrero de 1976, dándole el relevo a Mauritania, quien ocupó Dajla hasta el 14 de agosto de 1979, día en que Marruecos se anexionó esta localidad. En 1974 Bouh se fue de Villa Cisneros y en 1981 volvió a Dajla. Salió de España y retornó a Marruecos. Se encontró son el barracón de « su » iglesia ocupada por los militares marroquíes, que permanecieron allí hasta 2004. « La gente tenía miedo, por lo que empecé a organizar la resistencia », afirma. « Levantamos la primera pancarta en Dajla que proclamaba el Sáhara Occidental ». Bouh era incómodo para Marruecos. « En el 85 me quitaron el pasaporte y en el 87 obligaron a mi padre a enviarme a El Aaiún, donde viví un año ».

    La iglesia de Nuestra Señora del Carmen se erige en la actualidad en frente de una explanada casi desierta. « Allí estaba el fuerte, que destruyó Marruecos pese a las demandas de la UNESCO para conservarlo », asegura Bouh.

    Un fuerte que « construyó Emilio Bonelli entre 1885 y 1926 », informa Sidahmed Bourhi, abogado e historiador saharaui. « Bonelli fue el primer español que pisó Dajla ». Sidahmed nació también en Villa Cisneros, en 1951. Actualmente es también contable de una empresa pesquera, aunque en tiempos del Sáhara español, trabajó como funcionario en el Registro de Población, Censo y Estadística. Cuando habla de su pasado español, sus ojos denotan la nostalgia de una juventud vivida bajo la sombra de un régimen dictatorial del que solo llegaban los ecos de la Península. « Sé que es muy polémico decir esto », asegura Bourhi, « pero nosotros los saharauis no podemos hablar mal de Franco; respetaba nuestra religión y, quitando los pormenores, aquí se vivía bien con él ».

    Incluso antes de la Guerra Civil, la autoridad presente en el Sáhara era franquista. « Nos hablaban de los rojos como los malos; no sabíamos si eran republicanos o qué ideas políticas tenían; solo que eran los enemigos ».

    El padre de Sidahmed, Brahim Bouhri nació en 1924 y se alistó con 15 años, « para llevar la administración del delegado Núñez », recuerda Sidahmed, « pero no luchó en la Guerra Civil; aunque mi tío sí lo hizo, resultó mutilado y murió hace muchos años ». En Dajla, « sólo queda un superviviente de la Guerra, pero ya no está en sus cabales ».

    La primera ciudad española en Dajla se terminó en 1942 y contaba con una escuela, la mezquita, el mercado, algunas casas para comerciantes y el frig (conjunto de jaimas o tiendas nómadas). En 1955 se terminó de construir la iglesia de Nuestra Señora del Carmen, donde « el primer cura, Tacoronte, que se parecía a Jesucristo, nos ponía, cuando yo era pequeño un cine mudo con películas de caballería ».

    Algunos años después, llegaron las películas sonoras. Se proyectaban en el cine LUMEN, de los propietarios Luján y Méndez. « La primera película que vi en ese cine fue El último tren, todavía lo recuerdo », asegura, sonriendo, Sidahmed. Hoy en día, el cine está abandonado. Tan sólo la ventana de la taquilla, la barra donde se compraban comida y refrescos y carteles de películas emulan las noches culturales que vivió este edificio en el Sáhara español.

    « En los años 50 todavía se iba en camello », cuenta Sidahmed. « Los coches llegaron en los 60, con el famoso Land Rover; mi padre compró uno en el 70 que le costó 270.000 pesetas, una ganga, ¿no? ».

    Medio siglo después, las pesetas han dejado paso a los dírhams (moneda marroquí) en Dajla y en todo el Sáhara Occidental. Tan sólo los más nostálgicos guardan alguna moneda o billete. El tiempo y los diferentes cambios de régimen han borrado su huella. Sin embargo, los recuerdos de Sidahmed y otros muchos saharauis siguen dejando vivo el pasado español de Villa Cisneros en Dajla. « En la época escuchábamos a Manolo Escobar; nos gustaba también Rocío Durcal o las hermanas Pili y Mili, Lola Flores o Fórmula V ».
    Religión, cultura y también deporte

    Sidahmed asegura que un saharaui jugó en el Real Madrid, « un tal Dida Boujama, que en paz descanse », aunque « se retiró por lesión ». Y da más datos. « Es tío del actual embajador marroquí en Madrid, Ahmadou Souilem ».

    Paseando por Dajla, la huella española más visible está reflejada en la arquitectura, en ciertos edificios, como la iglesia de Nuestra Señora del Carmen, el cine LUMEN, una escuela, un instituto o el faro del Arciprés. « Los marroquíes tiraron el centro cultural, el fuerte, el casino y la casa del general, aunque ésta la han vuelto a construir », apunta Sidahmed.

    Con la muerte de Franco, en 1975, en la Península Ibérica nadie tenía claro el futuro del Sáhara Occidental. Sin embargo, los saharauis parecían estar seguros de lo que querían. « Esperábamos que España estuviera con nosotros hasta que estuviésemos preparados para la autonomía », asegura Sidahmed, « pero nos abandonó ». Por ello, « lo mismo puedo quererla que odiarla ».