Mois : octobre 2011

  • Le démenti de l’Espagne

    Des sources gouvernementales espagnoles ont indiqué qu’il n’y a aucune preuve solide de l’implication « d’éléments sahraouis » dans l’enlèvement des humanitaires occidentaux, survenu le 22 octobre dernier dans les camps de réfugiés du Sahara Occidental de Tindouf, en Algérie, a rapporté vendredi la radio espagnole « Cadena ser » citée par l’agence de presse sahraouie (SPS).
     
    « Des sources gouvernementales (espagnoles) affirment que pour le moment ils n’ont aucun indice solide qui montre la participation d’éléments sahraouis dans l’enlèvement », a-t-on souligné de mêmes sources. 
    Selon l’agence sahraouie, les mêmes sources gouvernementales espagnoles ont confirmé à « Cadena ser » que « plusieurs membres du groupe armé (Katiba) dirigé par Mokhtar Benmokhtar, sont impliqués dans l’enlèvement.
  • Les nouveaux défis de la diplomatie algérienne

    Il va de soi qu’il faut désormais appréhender le Maghreb à la lumière de la nouvelle donne régionale. Ce qui impliquera pour la diplomatie algérienne de nouveaux défis.
    Que signifie l’arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie ? Quel impact aura sur l’Algérie, d’abord, et le Maghreb tout entier ensuite, le conflit sanglant pour le pouvoir qui s’annonce en Libye au lendemain de la chute du régime de Kadhafi et le départ de l’Otan ? Telles sont les questions à l’ordre du jour et dont les réponses définiront la configuration du Maghreb pour la décennie à venir, si ce n’est plus.
    Aujourd’hui, la victoire d’Ennhada aux élections pour l’Assemblée constituante tunisienne est suivie avec une grande attention dans tout le Maghreb, aussi bien par les autorités que par les islamistes. Car voilà enfin un parti islamiste qui est sur le point de réussir en Tunisie là où les islamistes radicaux ont échoué ailleurs. Le fait est inédit, bien qu’il faille le remettre à sa juste dimension qui, elle, peut être différente de ce qui se dit dans les médias.
    Au jour d’aujourd’hui, Ennahda ne gouverne pas. Pas encore. S’il annonce s’ouvrir à d’autres sensibilités pour composer un gouvernement d’union nationale pour une durée d’une année, ce ne sera que pour expédier les affaires courantes en matière économique et mettre en place des réformes politiques sur lesquelles à peu près tout le monde est d’accord. On peut dire aussi que le gros des réformes a déjà été fait par les figures de l’ancien régime resté en place après le départ de Zine El Abidine Ben Ali, puisque l’ancien parti au pouvoir, le RCD, a été dissous, ses anciens cadres exclus de la compétition politique, les anciens détenus politiques relâchés, alors que bon nombre de lois liberticides ont été immédiatement abrogées. C’est logiquement dans cette voie que va continuer le travail de la coalition qui s’exprimera dans le cadre d’un gouvernement dont le Premier ministre sera issu des rangs d’Ennahda. C’est que l’enjeu de cette phase n’est pas dans le programme que compte mettre en place le parti de Rached Ghannouchi, que dans le cadre global qu’il va se donner afin de pouvoir le faire en toute légalité et avec le consentement de tous les Tunisiens.
    Le modèle turc ?
    Tel sera l’objet des âpres débats qui s’annoncent au sein de l’Assemblée constituante dont la mission, n’est-ce pas, est d’élaborer la nouvelle Constitution du pays. Si Ennahda était parvenu à disposer d’une majorité absolue au sein de cette assemblée provisoire, la coloration islamiste de la prochaine Constitution n’aurait fait aucun doute. Mais ce n’est pas le cas et Ennahda se doit de négocier article par article la future loi fondamentale et tout dans son discours qui se veut rassurant indique qu’il n’y a pas de volonté d’afficher une hégémonie totale sur la question. Au vrai, Ennahda sait qu’il n’est pas dans son intérêt de provoquer les Tunisiens et surtout pas de se mettre tout de suite en situation d’isolement international à l’heure où il est important pour ce parti de remettre sur pied l’économie du pays. Le parti jouera sur la moralisation de la vie publique, ce qui semble séduire une population révoltée par la corruption de l’ancien régime, et avancera par la bande sur les questions comme l’éducation nationale, la justice et le social. Ces considérations tactiques n’occultent en rien la stratégie du parti islamiste, avec l’objectif à moyen terme de fonder une république islamiste, apparemment sur le modèle turc. Deux différences apparaissent ici, cela dit. Au contraire de l’AKP en Turquie, Ennahda n’a devant elle aucune force politique organisée, y compris l’Armée qui ne veut jouer aucun rôle, qui puisse défendre la laïcité qui a prévalu dans le pays depuis l’indépendance. Cela renvoie à la deuxième différence qui, elle, est une inconnue. Si l’AKP est un parti à traditions, lisible et relativement homogène depuis qu’en son sein la majorité des grandes questions ont été tranchées, Ennahda est un parti dont nous ne connaissons pas grand-chose. Pour être plus précis, nul ne peut dire de quelle influence peuvent se prévaloir les radicaux et les modérés au sein de ce parti et quelle est la portion de chacun dans les décisions prises. Face au vide structurel laissé par le RCD dissous, la tentation est donc grande chez ce parti d’accélérer le démantèlement du modèle laïc. D’ailleurs, cela est pour lui une question de cohérence idéologique, mais aussi une nécessité pour satisfaire la demande de sa base sociale. Dans ce cadre, la pression que les radicaux seront en mesure de mettre sur Rached Ghannouchi sera l’élément le plus déterminant.
    A ces questions, les débats qu’on attend sur la future Constitution donneront des indices probants sur le rythme avec lequel Ennahda compte avancer pour mettre en œuvre un programme sur lequel il n’y a pas de mystère.
    Sur toutes ces données, les islamistes algériens sont parfaitement édifiés, il ne faut pas en douter. L’islamiste étant transnational et une défaite ou une victoire des uns dans un pays ont toujours leurs conséquences sur les autres du même mouvement dans les autres pays de la région. Quant aux relations du futur gouvernement tunisien avec ses pairs maghrébins, il va sans dire que tout message, direct ou indirect, d’Ennahda envers les islamistes voisins sera source de malentendus difficiles à contenir et même de tensions malvenues.
    Confusion en Libye
    Plus à l’Est, la situation est encore plus confuse. Les déclarations du président du CNT sur la chariaa ont provoqué des réactions épidermiques chez des gouvernements comme celui de l’Algérie et du Maroc, lesquels sans avoir commenté le fait, doivent présentement suivre la situation dans ce pays avec une extrême prudence et une vive inquiétude. Le fait n’est pas anodin, mais renvoie bien à deux possibilités qui n’ont rien de contradictoire. D’abord, cela augure d’un projet de fascisation de la société libyenne qu’une partie du nouveau pouvoir en Libye est prête à entreprendre dans l’immédiat. De plus, au vu des règlements de comptes qui se déroulent encore entre anti et pro-Kadhafi et même entre tribus entières, cette politique d’exclusion semble se donner une bonne conscience religieuse, mais menace d’entraîner le pays vers une guerre civile. Ce que l’Otan semble avoir flairé à temps et c’est ce qui explique la célérité avec laquelle l’organisation atlantiste veut se dépêtrer du piège libyen, malgré l’insistance du CNT pour que l’Otan poursuive son travail de sécurisation du pays et de formation d’une armée libyenne.
    Dans le cas tunisien, comme dans celui de la Libye, rien n’est donc joué et le modèle démocratique semble encore loin devant, menacé par un régime islamiste dans le premier et d’un conflit intérieur pour le second. Les conséquences sur la région ne peuvent être occultées et, que cela soit politiquement ou économiquement, les autorités algériennes sont appelées à revoir leur politique régionale. Le premier souci, ici, relève de la sécurité nationale, car il s’agit malgré tout d’éviter que les tensions à venir n’ouvrent davantage le champ aux pressions et interventions étrangères. L’autre défi est de contenir ces tensions pour éviter qu’elles nuisent irrémédiablement aux relations entre les Etats. On a vu, par exemple, à quel point était difficile, car juste, la position algérienne sur le conflit libyen et les différents épisodes qui ont émaillé les échanges entre le CNT et le gouvernement algérien. Alger a tout fait pour que la situation ne se transforme pas en un front dont le pays n’a nul besoin.On concevait jusque-là que l’Algérie était plus proche de ses voisins de l’Est, la Tunisie notamment, et à un degré moindre la Libye, que du Maroc avec les divergences sur le dossier du Sahara occidental et celui de la frontière terrestre. Aujourd’hui, avec les bouleversements que subit la région, Alger et Rabat semblent plus proches que par le passé, avec l’avènement des islamistes au pouvoir aussi bien en Tunisie qu’en Libye. Voilà, par exemple, une des nouvelles donnes dont les traits iront se raffermissant dans l’avenir, car il est évident que les relations entre les différents Etats membre de l’Union du Maghreb Arabe ne seront plus jamais les mêmes. On peut aussi bien penser à un rapprochement inévitable entre la Tunisie bientôt gouvernée par Ennahda de Rached Ghannouchi et la Libye de Mustapha Abdeljalil.
    Fidèle à la tradition qui fut la sienne depuis la lutte pour l’indépendance, la diplomatie algérienne a de tout temps œuvré pour la construction d’une union maghrébine marquée par les idéaux d’indépendance et d’autodétermination de tous ses peuples. C’est l’impossibilité pour Alger de renier de tels principes fondateurs qui lui imposeront une longue patience et un travail de fond afin de contenir les tensions à venir. L’Algérie n’aura d’autre choix, en effet, que d’adopter ses lignes directrices de toujours, le sang froid et la légalité internationale. Plus que jamais, l’Algérie se retrouve dans la situation d’un Etat pivot dans les décisions seront capitales dans le sens de la préservation des chances d’une véritable construction maghrébine.
    Par Nabil Benali
    Les Débats, 31/10/2011
  • France-Algérie : devoir de mémoire. Des partis s’indignent

    A l’approche de la célébration du 57ème anniversaire de la Révolution, des langues se délient et remettent sur la table le douloureux passé colonial français en Algérie.
    Des partis politiques et organisations nationales en effet s’élèvent et réclament la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux en Algérie.
    Après le Secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, et celui de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, voici venu le tour de Bouguerra Soltani du MSP de réclamer à son tour une reconnaissance officielle de la France de ses crimes en Algérie : «il faut présenter des excuses au peuple algérien et l’indemniser pour les crimes, dont il a été victime pendant un siècle et trente-deux ans». Soltani a précisé que «l’invitation officielle de la France» d’aujourd’hui à signer une Charte de coopération et de partenariat avec l’Algérie «est la bienvenue» à condition «qu’elle présente des excuses officielles afin que l’amitié entre les deux pays soit basée sur la souveraineté et la fidélité aux martyrs de l’Algérie».
    Intervenant lors d’un rassemblement d’étudiants à l’occasion du 57ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, le président du MSP a souligné la nécessité de «suivre le chemin des martyrs et les Moudjahidine d’hier».
    Des appels qui surviennent, soulignons-le, dans une conjoncture de réchauffement dans les relations entre Alger et Paris, synonyme d’une volonté commune de «surpasser» le passé, sans pour autant l’occulter, et renforcer les liens de coopération économique entre les deux pays.
    Depuis, un défilé d’officiels et d’hommes d’affaires français s’est succédé en Algérie, en guise de bonne volonté de repartir de bon pied et ré-édifier des relations économiques viables et pragmatiques.
    Cela étant, la page d’histoire tumultueuse entre l’Algérie et la France est loin d’être fermée.
    La célébration des différentes dates phares de la résistance algérienne contre le pirte des colonialismes européens, rouvre les plaies et rappellent à tous, l’atrocité et les exactions commises sur un peuple spolié dans ses droits les plus élémentaires.
    Si du côté officiel, ce sont plutôt la retenue et la tempérance, les Organisations de la société civile et les partis politiques reviennent à chaque occasion à la charge pour rappeler ce triste épisode dans les relations algéro-françaises.
    On ne parle plus de loi criminalisant le colonialisme, côté algérien, et de loi glorifiant le colonialisme côté français certes, mais les mémoires restent vives et les souvenirs ne risquent pas de se dissiper de sitôt.
    Ce faisant, bien que le débat sur la mémoire douloureuse pourrait affecter les relations économiques et politiques entre les deux pays, il n’en demeure pas moins que des crimes contre l’Humanité restent impunis.
    Les irradiés de Reggane et du Grand Sahara subissent toujours les effets néfastes en l’absence d’une indemnisation de la part des fauteurs. La France se doit d’assumer un passé «honteux» et faire en sorte que la mémoire des Algériens tombés sous leur domination ne soit plus ternie davantage.
    Le devoir de mémoire reste un os entre les relations algéro-françaises qui vont en dents de scie ; elles varient au gré des conjonctures, le poids du passé pesant lourdement. 
    Par M. Aït Chabane
    Les Débats, 31/10/2011
  • "Où est le référendum promis en 1991, Messieurs de l’ONU ?"

    Les travaux de la 2ème Conférence Internationale sur le « droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui », organisé par le Comité Algérien de Solidarité avec le peuple sahraoui et l’ambassade de la RASD à Alger, à Dar Diaf, Bouchaoui, ont pri fin hier après-midi. 
    Une déclaration finale qui ne souffre aucune ambiguïté a été adoptée par les participants originaires de 34 pays des 5 continents. Comme tous les 22 intervenants qui se sont succédé à la Tribune, dont des activistes sahraouis venus des territoires occupés, le document final a, condamné, fermement, de l’Occupation «illégale, immorale et injuste» du Sahara Occidental par le Maroc, avec la complicité honteuse de la France au Conseil de sécurité, et, réitéré la nécessité de forcer la main à cette instance suprême des Nations unies de tenir la promesse faite aux Sahraouis en… septembre 1991 : l’organisation d’un référendum d’autodétermination en contrepartie d’un cessez-le-feu. 
    Dans l’immédiat, ils réclament avec force l’élargissement des missions de la Minurso à la protection des droits de l’Homme dans les territoires occupés où Rabat tue «à huis clos» et l’adoption par les peuples libres d’un principe : le devoir d’aider les opprimés et les colonisés. «Parler pour faire cesser le calvaire du peuple sahraoui et rappeler que tout délit doit être châtié, c’est bien. Agir pour faire cesser la colonisation et la spoliation des richesses des Sahraouis, c’est mieux», déclare d’emblée Merinda Ines, de l’Association internationale des juristes, avant de condamner les auteurs du rapt des trois humanitaires qui pensent, selon elle, jeter un discrédit sur le Polisario. «Nous n’allons pas céder, nous allons rester dans les camps sahraouis pour apporter toutes notre solidarité. Le terrorisme ne nous fait pas peur», déclare Fabio Campioli, président de l’association italienne de solidarité avec le peuple sahraoui. Acclamation dans la salle. Comme tous ses compatriotes qui prendront après elle la parole, Merinda Ines reconnaîtra que son pays qui continue encore de vendre des armes au Maroc, a laissé au Sahara Occidental une tache de sang en s’en allant. 
    Elle est convaincue comme Jeremy Corbyn, un député britannique, que «le printemps arabe, qui a germé à Gdeim Izik finira par changer les choses dans la région. «C’est inévitable !» déclare, avec insistance, le Britannique avant de dénoncer les tentatives de corruption du Makhzen marocain pour acheter des voix et des… silences à New York et au Parlement européen. 
    Politique, que les élus français, amis de la cause sahraouie qui subissent des attaques des «baltagiyas» des consulats marocains, ont relevée et dénoncée. Selon certains, il serait judicieux que les élus locaux interpellent les députés de la région pour faire pression sur le gouvernement qui ne «fait pas honneur aux valeurs de la république» en tournant le dos à la liberté au Sahara Occidental. 
    Abderahmane Ould Mimi et Nouma Ahmed Megueye, deux députés mauritaniens qui ne sont pas étonnés de voir l’Algérie abriter cette conférence, n’ont pas été par 36 chemins pour saluer le rôle de l’Algérie depuis le marché des dupes de novembre 74 à Madrid. «C’est le pays qui a enfanté l’Emir Abdelkader dont l’épopée berce encore les enfants», disent-ils. 
    «Les Algériens savent mieux que quiconque ce qu’est la lutte pour la liberté», lui rétorque France Weil, la présidente de l’Association «Droits et solidarités France» avant de rappeler aux présents le recensement de plus de 80 Sahraouis qui croupissent dans les geôles marocaines, dont les compagnons d’Aymen Asfari, le défenseur des droits de l’Homme et ce, depuis le 13 avril 2008 à Marrakech. 
    Sans jugement aucun. Selon leur avocate, ces détenus qui sont interdits de tout (visite, courrier, livres) entameront «dans les prochains jours» une grève de la faim. Seront-ils suivis par les «23» qui croupissent dans les prisons militaires et les «25» résistants arrêtés, à Dakhla occupée, après les dernières émeutes ? 
    A cette 2e conférence, la cause sahraouie a conquis un autre espace : le MoyenOrient. Selon un représentant de la résistance libanaise : «le combat sahraoui est en tout point de vue similaire à celui des Palestiniens. Tous les deux sont des colonies offertes. La première par l’Espagne au Maroc et la seconde par la Grande-Bretagne à Israël», dit-il avant de reconnaître que le Monde arabe est à la traîne par rapport à la question du Sahara Occidental. «Nous sommes avec la légalité, le droit. Mais où est cette légalité ? Qui est censé appliquer le droit, la légalité» ? s’interroge t-il. 
    Djamel Boukrine
    Horizons, 31/10/2011
  • Du bon usage d’AQMI au Maghreb

    par Kamel Daoud
    Aqmi de qui. Aqmi c’est Al Qaïda du Maghreb selon ses actionnaires. Une filiale devenue automne du holding d’Al Qaïda. Ceci pour la raison sociale. Reste la raison politique. Qui est Aqmi ? C’est selon. Chaque pays de la région ou pays tuteur d’un pays de la région utilise cette association terroriste, selon ses besoins. Et le contraire étant aussi vrai : Aqmi utilise chaque pays selon ses besoins. A la fin, cela devient politiquement très amusant. 
    Exemple : le Marco explique que AQMI a investi le Polisario (avec les trois derniers kidnappings) parce que cela arrange ses ambitions (la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara Occidental, ndds). En Qaïdisant le Polisario, il y a des chances de le voir bombardé, être dissous, devenir infréquentable et donc impossible à soutenir. Et l’Algérie ? Ici, on Qaïdise les rebelles libyens. Par journaux affidés, on explique que AQMI a été vue pendant le siège de Syrte, que Aqmi est le premier bénéficiaire de la révolution libyenne, que c’est le principal client de la contrebande d’armes dans la région. Cela est un peu vrai mais l’usage fait de cette vérité est autre : terroriser, faire peur aux locaux, criminaliser les révoltes et les révolutions, s’attirer les faveurs de l’Occident pour la fameuse coopération anti-terroriste, se rendre utile dans la région aux yeux des puissances et donc avoir de la vie, de la survie, de la rallonge dans l’existence et éviter le putsch international. 
    Aqmi permet aussi au Mali de faire commerce de ses alliances dans la région. Aqmi permet d’acheter des armes, d’obtenir des crédits dans le cadre de la global-war et de régler son compte à la menace de la révolution. Aqmi, c’est utile, ça se vend bien, ça se mange, ça nourrit son homme et son adversaire. Aqmi est aussi le Lawrence El Maghribi (cousin de Lawrence d’Arabie) du Sahel, dit à moitié Us, dit à moitié français, dit un peu anglais. 
    Cela reste donc intellectuellement comique : chacun dans cette région pense et dit que AQMI c’est l’autre. Dans la littérature des analyses politiques internationales, on pense que AQMI c’est la CIA qui pense que AQMI c’est le DRS qui pense que AQMI c’est le Makhzen qui pense que AQMI c’est le Polisario pendant qu’on pense que AQMI c’est un peu le CNT ou la DGSE. 
    Qui est Aqmi, un peu de tout, pour répondre avec précision et banalité. Le Sahel est la nouvelle terre d’Arabie, avec son pétrole, ses espions, ses faux convertis, ses touaregs, ses aventuriers, ses otages, ses déserts qui tuent et bouleversent, ses frontières et ses faux pays qui changent de frontières en une nuit ou avec un coup de feu. On y trouve des mines riches, de l’or, des pauvres, des migrants et des touristes et des complots. Reste que c’est amusant au nord quand on voit à quoi sert désormais El Qaïda tombée dans le domaine public et l’usage domestique des propagandes.
    Le Quotidien d’Oran, 31/10/2011
  • FAUX PROGRESSISTES, VRAIS REACS

    par M. Saadoune
    L’Union européenne demande à la Libye de s’impliquer dans l’Union pour la Méditerranée (UPM), OVNI politique oublié que le président du Parlement européen a soudain rallumé. Kadhafi n’en voulait pas et, avec des arguments fondés, on pressent que les nouveaux dirigeants de la Libye vont devenir ses ardents défenseurs. Pour le représentant européen, la chose est encore plus simple : la Libye «nouvelle» est dans «notre camp».
    Même si elle a «choqué» en annonçant que la charia allait être la principale source du droit. C’est après tout secondaire. 
    Ce qui compte, ce sont les affaires, le pétrole et un comportement «sage» sur la scène internationale. Kadhafi a essayé d’être cela mais il a fini pas être rattrapé par ses «amis». Le Canard Enchaîné affirme que Washington et Paris ne voulaient pas de Gadhafi vivant et trop causant et que sa liquidation a été voulue. La thèse est plausible. Et c’est sans doute ce qui dissuade encore son fils Seif Al-Islam de se rendre à la Cour pénale internationale. Il doit penser – et c’est tout aussi plausible – qu’il n’arrivera pas entier et vivant à La Haye, malgré les promesses du très politicien procureur du TPI, M. Moreno. 
    Mais tout cela relève de la cuisine froide des Etats, des militaires et des services. Ce qu’il faut observer néanmoins dans cette histoire est que la Libye a tourné non seulement la page des lubies de Kadhafi, mais qu’elle rejoint de fait les monarchies arabes. Au sein de la Ligue arabe, les Etats présumés «progressistes» sont en position d’extrême faiblesse, contrairement aux régimes du Golfe qui, eux, ne sont pas présumés «réactionnaires». Le régime syrien est désormais aux abois et les médias du Golfe, Al-Jazira et Al-Arabiya, sont devenus les instruments de dénonciation et de mobilisation. Bachar Al-Assad, sans véritables discours et politique de rechange face à la contestation, en est réduit à lancer des menaces publiques. C’est toujours, on le sait d’expérience, un signe d’extrême faiblesse quand des dirigeants arabes agitent la menace. 
    En face, les monarques «réacs» font les sages et laissent aux télévisions le soin de montrer le vilain visage de l’adversaire. L’«axe progressiste» officiel faisait piètre figure depuis des années. Il n’a désormais plus d’existence. Pas même une vague référence à ce qui fut le «front du refus». Tous les régimes qui le composent sont à des degrés divers en crise, en décomposition ou en état de faiblesse. Le rapport de force était déjà depuis des années en faveur des monarchies du Golfe. Elles ont désormais la mainmise totale sur la Ligue arabe. Elles ont donné le signal initial qui a permis la mise en branle de l’intervention occidentale en Libye. Les «progressistes» ont été contraints de s’aligner ou, dans le meilleur des cas, de s’abstenir. 
    A l’Onu, l’une des explications fournies par les Russes et les Chinois au sujet de l’adoption des résolutions sur la Libye était qu’ils ne pouvaient se permettre d’être en retrait vis-à-vis des «Arabes». Le processus semble se remettre en branle avec la Syrie où, selon un journal koweïtien, la Ligue arabe menace Bachar Al-Assad d’une intervention étrangère. 
    La fin de «l’axe progressiste» officiel est au fond dans l’ordre des choses. C’est la sanction d’un échec politique interne radical. Chez les «républiques progressistes», où l’on ne se prive pas d’organiser des transmissions héréditaires de pouvoir, le discours sur la démocratie «responsable» et la justice sociale relève de la supercherie, du mépris à l’égard des gens. Les monarchies, elles, jouent sur d’autres logiques, le pétrole et l’alliance vassale avec les Occidentaux, saupoudrés d’argumentaires religieux. Cela fonctionne encore. La prise du pouvoir des monarchies au sein de la Ligue arabe est une conséquence de la faillite des présumés progressistes.
  • La déclaration d’Alger adoptée

    Les participants à la conférence internationale sur «Le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui» ont réaffirmé, hier à Alger, dans leur déclaration finale, la légitimité du combat de libération nationale du peuple sahraoui et sa résistance pacifique contre l’occupation marocaine.
    Les 34 délégations venues de cinq continents (Afrique, Europe, Amérique, Asie et Océanie) ont exigé des Nations unies l’application immédiate de ses résolutions sur le Sahara occidental, à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination accepté par les deux parties dont le plan de règlement de 1991, et endossé par le Conseil de sécurité, qui en est le garant, et qui a créé la Munurso à cet effet. Dénonçant les violations répétées des droits de l’homme au Sahara occidental occupé, ils ont appelé l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine, les ONG internationales et tous les militants des droits de l’homme de par le monde «à garantir rapidement, par tous les moyens possibles, le respect des droits de l’homme par le Maroc et à exiger la libération immédiate de tous les prisonniers sahraouis. Dans ce cadre, la conférence internationale interpelle le président et le gouvernement français à adopter une position digne de la France, patrie des droits de l’homme, afin de permettre l’élargissement du mandat de la Minurso à la protection des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental», lit-on encore dans cette déclaration.
    Les participants ont, par ailleurs, dénoncé «le pillage systématique des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc, en contradiction flagrante avec les dispositions des résolutions des Nations unies sur la souveraineté permanente des peuples sur leurs ressources naturelles». Ils ont appelé, dans le même contexte, l’ONU à assurer aux réfugiés sahraouis «une aide humanitaire suffisante et multiforme» qui puisse apporter aux Sahraouis le «minimum nécessaire» à bénéficier de soins, d’alimentation, d’éducation, de formation, d’activités culturelles et de bien-être social. Par ailleurs, les participants à la conférence ont «condamné l’attaque terroriste survenue dans les camps de réfugiés dans la nuit du 22 octobre dernier, et exigé la libération immédiate des otages, tout en exprimant leur solidarité avec le peuple sahraoui, en particulier les habitants des campements de réfugiés». 
    Tout en rendant un hommage appuyé à l’Algérie pour la constance de sa position politique «adossée à des principes intangibles et à la légalité internationale», les participants à la conférence ont remercié l’Algérie, le Comité algérien de solidarité avec le peuple sahraoui et l’ambassade de la RASD à Alger pour l’organisation efficace de la conférence. Enfin, les participants à la conférence ont chargé le coorganisateur de cette conférence internationale de saisir les souverains et présidents des Etats du monde, les organisations multilatérales et les ONG internationales «pour user de leur pouvoir afin que cesse le calvaire du peuple sahraoui et qu’il puisse lui être permis de choisir librement son destin». 
    Mohammed Zerrouki
    Le Jeune Indépendant, 31/10/2011
  • Rapts d’humanitaires Les ONG n’envisagent pas de quitter les camps sahraouis

    Les représentants d’institutions et d’ONG étrangères prenant part à une conférence à Alger sur la résistance du peuple sahraoui ont indiqué dimanche qu’ils n’envisageaient pas de quitter les camps sahraouis d’Algérie où avaient été enlevés trois Européens, selon l’agence de presse APS.
    «Nous n’allons pas de céder, nous allons rester dans les camps sahraouis pour apporter toutes notre solidarité. Le terrorisme ne nous fait pas peur», a notamment déclaré le président de l’association italienne de solidarité avec le peuple sahraoui, Fabio Campioli. D’autres participants ont affirmé au dernier jour de cette conférence internationale intitulée «Le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui», qu’il s’agissait d’un «acte de résistance» de leur part à l’occupation «illégale» du du Sahara occidental par le Maroc, a précisé la même source.
    Trois coopérants, deux Espagnols -femme et homme- et une Italienne ont été enlevés dimanche dernier à Rabuni, près de Tindouf (sud-ouest algérien), par la branche maghrébine d’Al-Qaïda (Aqmi) selon le Front Polisario.Ancienne colonie espagnole, le Sahara Occidental a été annexé en 1975 par le Maroc et de nombreux coopérants espagnols travaillent dans les camps sahraouis. 
    La conférence internationale d’Alger a regroupé samedi et dimanche une centaine de représentants d’institutions et d’ONG européennes, américaines, africaines et asiatiques, ainsi que des personnalités politiques, universitaires et des intellectuels.
    Les Débats, 31/10/2011
  • Abdelaziz Belkhadem réaffirme le soutien de l’Algérie à la cause du peuple sahraoui

    Alger, 31 oct 2011- Le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), M. Abdelaziz Belkhadem, a réaffirmé dimanche à Alger le soutien de l’Algérie au peuple sahraoui qui lutte pour son autodétermination et son indépendance.
    « Nous renouvelons et réaffirmons le soutien de l’Algérie pour le droit des peuples à l’autodétermination, à leur tête le peuple sahraoui », a indiqué à la presse M. Belkhadem, en marge de la conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance, qui vient de prendre fin.
    « Ce soutien intervient à la veille de la commémoration du 57e anniversaire du déclenchement de la lutte armée en Algérie », a tenu à souligner M. Belkhadem, tout en réaffirmant, à l’occasion, la « solidarité » de l’Algérie avec le peuple du Sahara Occidental dans sa lutte pour « recouvrer sa souveraineté et jouir de tous ses droits de citoyenneté sur l’ensemble de son territoire », a-t-il dit.
    Le secrétaire général du FLN a assisté à la séance de clôture des travaux de la 2e conférence internationale sur le thème: « Le droit des peuples à la résistance: le cas du peuple sahraoui ».
    La conférence qui a été sanctionné par une déclaration finale, a réaffirmé la légitimité du combat de libération nationale du peuple sahraoui et sa résistance pacifique contre l’occupation marocaine, condamnant par ailleurs « l’attaque terroriste » survenue dans les camps de réfugiés, la semaine dernière avec enlèvement de trois humanitaires européens.
    La conférence internationale d’Alger qui a été rehaussée à l’ouverture de ses travaux par la présence du président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, a réuni 34 délégations venues des cinq continents et comprenant des parlementaires, des personnalités politiques éminentes, des universitaires, des juristes, des intellectuels et des représentants d’ONG et de sociétés civiles.
    Le Sahara Occidental est l’ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975. Un cessez-le-feu a été instauré en 1991 sous les auspices de l’ONU.)
  • Situation préoccupante dans la région sahélo-saharienne

    L’Algérie abritera, les 16 et 17 novembre prochain, la première réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste dans la région du Sahel, a annoncé dimanche à Alger M. Kamel Rezzag Bara, conseiller auprès du président de la République. 
    «L’Algérie s’apprête à abriter, en sa qualité de coprésident avec le Canada du groupe de travail sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste dans la région du Sahel, la première réunion du groupe les 16 et 17 novembre prochain », a déclaré M. Bara lors d’une allocution prononcée à l’occasion de la 5ème réunion des points focaux du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT). M. Bara, également coordinateur du groupe interministériel chargé de l’action extérieure dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, a émis le voeu que cette réunion connaisse une participation africaine «active». Il a indiqué, dans ce cadre, que les efforts déployés aujourd’hui par l’Algérie visent la consolidation des conditions de la stabilité, de la sécurité et du développement. 
    «Ces efforts se déclinent également en direction du voisinage immédiat maghrébo-sahélien», a-t-il dit. Il a précisé que l’Algérie s’emploie présentement à renforcer une dynamique sous-régionale mise en oeuvre et dont l’objectif, a-t-il expliqué, est d’»empêcher toute tentative de sanctuarisation des groupes terroristes dans le Sahel africain» et prévenir les prises d’otages. Il s’agit aussi de lutter pour l’élargissement du consensus international pour la prohibition du paiement des rançons aux groupes terroristes et lutter contre les connexions entre le terrorisme et la grande criminalité organisée, tout cela en encourageant le développement économique et social de la sous-région dans le cadre d’un «partenariat rénové avec les acteurs extra-régionaux sans aucune ingérence extérieure». 
    M. Bara a relevé que la région sahélo-saharienne vit une situation sécuritaire préoccupante du fait que des groupes de terroristes, notamment l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), financent désormais une bonne partie de leurs activités par l’argent des rançons et par les revenus générés par des trafics en tous genres, particulièrement la drogue en provenance d’Amérique du Sud. 
    Le conseiller auprès du président de la République a souligné que c’est dans cet esprit qu’il convient d’appréhender les efforts de coordination sous-régionaux qui sont menés à travers la mise en place du comité d’état-major opérationnel mixte de Tamanrasset et de l’Unité de fusion et de liaison pour le partage et l’exploitation du renseignement. 
    Il a rappelé, dans ce contexte, que l’Algérie s’est mobilisée depuis les années 90 dans un combat résolu contre le terrorisme. Il a indiqué que l’Algérie note avec satisfaction que la prise en charge de la question de la menace terroriste au triple niveau mondial, régional et national «procède, aujourd’hui, sinon d’un vision commune, du moins d’une analyse partagée de sa nature, de ses ressorts transnationaux et de ses graves implications sur la sécurité internationale». Il a observé qu’au plan interne et grâce aux mesures politiques et aux moyens opérationnels dont elle s’est dotée, «l’Algérie a limité de manière significative les capacités de nuisance du terrorisme, même si certaines actions, a-t-il ajouté, sont encore enregistrées de manière sporadique dans certaines zones».