Mois : octobre 2011

  • Enlèvement d’humanitaires d’un camp de réfugiés sahraouis: Le Maroc met son grain de sel

    par Yazid Alilat
    Alors que des efforts intenses sont déployés pour tenter de retrouver les humanitaires sains et saufs, le chef de la diplomatie marocaine Taïeb Fassi Fihri a déclaré, hier, lors de ses entretiens avec la ministre espagnole des Affaires étrangères Trinidad Jimenez, que «il s’agit de la responsabilité d’un Etat et c’est l’Algérie qui en est le premier responsable». «Le Maroc condamne cela d’autant plus qu’il s’agit de citoyens de pays amis», a-t-il précisé. Une déclaration qui donne toute son épaisseur au ressentiment du Maroc vis-à-vis du soutien de l’Algérie à la cause sahraouie, sinon comment interpréter cette sortie intempestive de M. Fassi Fihri ? 
    L’Espagne travaille de façon «intense» avec d’autres gouvernements de la région pour la libération des otages, a indiqué mardi à Rabat la ministre espagnole, précisant que l’Espagne «travaille de façon intense avec d’autres gouvernements de la région (ndlr, du Maghreb et du Sahel) pour la libération des otages». Pour autant, le chef de la diplomatie marocaine semble avoir oublié que les premières victimes de cet enlèvement restent les populations sahraouies réfugiées, qui vivent depuis plus de 30 ans une situation intenable du fait colonial marocain. 
    Le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a bien résumé les effets de cet enlèvement en estimant qu’il porte en premier lieu préjudice au Polisario et à la cause sahraouie. Qui en est responsable? Selon le président sahraoui, l’enlèvement des trois étrangers vise à priver les réfugiés sahraouis de l’aide humanitaire internationale. Dans une lettre au secrétaire général de l’ONU, il écrit notamment que «cette attaque terroriste contre de paisibles camps où vivent des réfugiés sahraouis pacifistes, femmes, enfants, personnes âgées, handicapés, représentants d’organisations internationales et d’ONG travaillant dans le domaine humanitaire, vise à intimider les coopérants étrangers, altérer la solidarité internationale avec la cause de ces réfugiés, mais aussi resserrer l’étau sur eux en les privant de l’aide humanitaire internationale». Il a ainsi appelé la communauté internationale à condamner le rapt, par des terroristes, des trois coopérants humanitaires européens et a réitéré «la position de principe» du Front Polisario du «rejet absolu et de condamnation du terrorisme». Le chef du Polisario a également indiqué que son «gouvernement» a noué des contacts avec les pays voisins pour tout mettre en œuvre afin de «traquer les ravisseurs et libérer les otages». L’attaque du camp sahraoui a été attribuée par le Front Polisario à un groupe d’Aqmi, les ravisseurs étant venus du Mali. 
    Selon des sources sécuritaires mauritaniennes, le groupe de ravisseurs serait dirigé par Mokhtar Belmokhtar, actif entre le Nord-Mali et la Mauritanie. Les trois humanitaires ont été enlevés dans la nuit de dimanche à lundi, et auraient été emmenés vers la frontière malienne, selon des responsables sahraouis.
  • Conférence sur la résistance du peuple sahraoui les 29 et 30 octobre à Alger

    ALGER – La 2ème conférence internationale d’Alger sur le thème « Le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui » se tiendra à Alger les 29 et 30 octobre pour « réaffirmer » le droit du peuple sahraoui à résister à l’occupation marocaine.

    Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, plusieurs personnalités politiques ainsi que des universitaires de différents pays participeront à cette rencontre, a indiqué mercredi à Alger le vice-président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), Said Ayachi.

    Organisée par l’ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et le CNASPS, cette conférence internationale, qui sera sanctionnée par une déclaration finale, a pour objectifs de « lever l’embargo médiatique sur la cause sahraouie et réaffirmer le droit au peuple sahraoui à résister à l’occupation marocaine », a indiqué M. Ayachi dans une conférence de presse.

    La conférence a également pour objectifs d’exiger une « assistance humanitaire efficace et multiforme » au profit des réfugiés sahraouis et une application « rapide » de la part des Nations unies de ses résolutions prévoyant un référendum d’autodétermination « transparent et loyal ».

    La rencontre est organisée, en outre, pour dénoncer les « violations massives et répétées des droits de l’homme dans les territoires occupés » du Sahara occidental, constatées par Amnesty International, Human Rigts Watch, une commission ad-hoc du Parlement européen et des juristes.

    Il s’agit, en outre, de dénoncer la « spoliation des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc avec la complicité de l’Union européenne », a ajouté M. Ayachi.

    Il a déploré, à ce propos, « la position de la France qui favorise injustement le Maroc et bloque une solution juste et définitive du conflit en usant de son droit de veto » à l’ONU concernant le projet de confier à la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental) la prérogative de protéger les droits de l’homme dans les territoires sahraoui occupés.

    La conférence, qui réunira quelque 400 participants, se veut aussi une opportunité pour réaffirmer la solidarité de la société civile avec le peuple sahraoui et le soutien à sa juste lutte pour son émancipation, a souligné le vice-président du CNASPS.

    Cette émancipation, a-t-il ajouté, s’inscrit dans le cadre du droit indéniable des peuples à disposer d’eux-mêmes, droit reconnu par la communauté internationale dans la résolution 1514 des Nations unies.

    A l’occasion du déroulement de cette conférence internationale, une semaine d’amitié et de solidarité de la commune d’Alger-centre avec la wilaya d’El Ayoun sera organisée.

    A cet effet, une manifestation citoyenne est prévue au parc Tifariti (Chemin Sfindja, Alger) où sera plantée une kheima sahraouie symbolisant la résistance pacifique et héroïque du peuple sahraoui à Gdeim Izik. (APS)

  • Des bien maigres arguments

    Selon le site gouvernemental français France Diplomatie , « aucun pays ne peut être considéré comme totalement à l’abri du risque terroriste. Le risque terroriste n’épargne aucune destination » pour mettre en garde les touristes français. Donc, Le risque zéro n’existe pas, même dans les pays les plus avancés. Même le paisible royaume scandinave du Norvège a connu son 11 Septembre le 22 juillet 2011.

    « (…) la guerre régionale et internationale contre le terrorisme, une guerre qui ne connaît pas de frontières géographiques, pas plus qu’elle ne s’encombre des scrupules idéologiques ou moraux, une guerre dont l’unique référence réside dans les mystifications obscurantistes et ex-communicatrices, relayées par des réseaux criminels destructeurs, et dédiées à leurs vils desseins de sabotage (…) », disait le roi Mohamed VI dans un message adressé aux services de sécurité marocains, le 4/3/2011.

    Le Maroc n’est pas à l’abri du terrorisme ». « La prolifération d’armes de tous genres dans la région du Maghreb, due notamment au conflit libyen (…) affirmait Le soir Echos du 13 septembre 2011.

     » Les touristes qui se rendent au Maroc et plus particulièrement à Marrakech ont donné le ton en assurant qu’aucun pays n’est à l’abri d’actes terroristes et que la meilleure façon d’y répondre, est de continuer à vivre », lisait-on dans le quotidien marocain Libération du 14 mai 2011.

     » Incontestablement, l’attentat d’Argana montre que le Maroc n’est pas à l’abri du danger terroriste. Cet attentat ayant secoué la ville ocre met le Maroc devant de nouveaux défis sécuritaires », ajoutait Auhoud’hui Le Maroc du 15-07-2011.

    Ce sont les arguments avancés par le souverain marocain et les médias pour justifier un attentat dont la version oficielle a été jugée peu cohérente, défendre le modus operandi des forces de l’ordre au Maroc et vanter une efficacité policiére faite au prix de l’image du pays à l’étranger et au détriment du respect des droits de l’homme.

    Des arguments corroborés, pourtant, par la réalité. Pas loin qu’hier, 25 octobre 2011, deux travailleurs humanitaires étrangers travaillant pour l’ONG Danish Deminin Group (DDG) ont été enlevés par des hommes armés près d’un aéroport dans le centre de la Somalie. D’autres ont été libérés avec le paiement de fortes sommes d’argent aux terroristes. Parmi eux, des espagnols, français, allemands et la liste et longue.

    Mais apparemment, ces arguments ne sont pas valables pour Tindouf, où se trouvent les réfugiés du Sahara Occidental ayant fui la répression marocaine.

    La nuit du samedi à dimanche 23 octobre, trois humanitaires européens ont été enlevés à Rabouni, le centre administratif du Front Polisario. La presse officielle marocaine, des déclarations de responsables marocains et des publications de leur lobby connu de tous, prétendent que c’est un « cour dur » pour le Polisario et ses amphitryons et leur mettra dans de « mauvais draps » car « constituent une preuve de son incapabilité de garantir la sécurité dans ses camps » et par conséquent, la sécurité d’un Etat sahraoui indépendant.

    A gros enjeu, bien gros maigres arguments de dernier recours, pourrait-on dire de cette énième campagne dont le timing laisse beaucoup d’interrogations sans réponse.

    Des arguments simplistes pour combler le vide juridique qui entoure les revendications expansionnistes marocaines et détruire l’image des camps de réfugiés sahraouis et ainsi leur priver de l’aide humanitaire dont ils vivent.

    Le groupe terroriste a profité de la liberté et la confiance qui règne dans ces camps, comme témoigné depuis 36 ans par des milliers d’humanitaires et d’amis de la cause sahraouie, pour frapper d’un coup de poignard dans le dos de ces réfugiés pacifiques. Un attentat qui vise a déprestigier la société sahraouie et le Front Polisario et mettre en question l’importante aide que les institutions et la communauté internationale ocrtroient au peuple sahraoui.

    L’ONU, depuis 2007, oblige le Maroc à s’asseoir avec ceux qu’ils qualifient de tous les mots sur la même table pour arriver à une solution « juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ».

    Il est évident que depuis l’échec de la proposition d’autonomie marocaine, les autorités marocaines cherchent par tous les moyens à avorter le processus de négociation conduit sous les auspices de l’Envoyé Spécial Christopher Ross dont la désignation en 2008 a fait rechigner Rabat.

    Avec l’attaque de Gdeym Izik, le Maroc n’a pas réussi à empêcher la délégation du Polisario d’arriver à Manhasset et poursuivre les négociations. Depuis, Rabat mène, à l’aide d’une large équipe de lobbing, une vaste campagne de dénigrement contre le mouvement de libération sahraoui.

    Le timing de cette opération concorde avec la stratégie marocaine visant à salir le nom du Front Polisario. La deuxième partie du plan marocain soutenu par son protecteur français, aura lieu au Conseil de Sécurité, où le Maroc siègera en tant que membre non-permanent.

  • Nota de Prensa de la Delegación del F. POLISARIO EN EUSKADI

    DELEGACIÓN DEL F. POLISARIO EN EUSKADI

    EUSKADIKO F. POLISARIOAEN ORDEZKARITZA

    Vitoria-Gasteiz, 25 octubre 2011

    Tras este breve periodo de silencio impuesto por la prudencia ante el desarrollo de los acontecimientos, la Delegación del Frente POLISARIO en Euskadi, ante el secuestro de Ainhoa Fernández, Rosella Urru y Enrie Gonyalons en los campamentos de población refugiada en Tinduf, quiere manifestar, por encima de todo, nuestro agradecimiento más sincero a todos ellos por su sacrificio y dedicación y transmitir a las organizaciones a las que pertenecen, a sus familias y amistades, con quienes compartimos estos momentos de dolor e indignación por lo sucedido, nuestra solidaridad y cariño más profundo.

    Igualmente, queremos agradecer las gestiones que desde los gobiernos Vasco y Español se están realizando para la resolución del secuestro y reiterar al conjunto de la sociedad vasca que el Frente POLISARIO y esta Delegación no escatimarán esfuerzos para hacer que nuestros compañeros vuelvan cuanto antes sanos y salvos y para que los autores materiales e intelectuales de este grave atentado paguen su culpa.

    A la espera de una reivindicación clara de la autoría, solo podemos decir que este cobarde atentado se ha cometido contra lo mejor de la sociedad vasca e internacional y que se aprovecha de la libertad y la confianza que reina en los campamentos de refugiados, como durante más de 36 años han podido comprobar miles de personas que en calidad de cooperantes o amigos de nuestras familias han venido desde Euskadi. De forma indirecta, este atentado también pretende desprestigiar a la sociedad saharaui y al Frente POLISARIO y poner en cuestión la importante ayuda que las instituciones y la sociedad vasca prestan al Pueblo Saharaui.

    Por todo lo anterior reiteramos nuestro agradecimiento a todas las personas y organizaciones que trabajan por la resolución del conflicto al tiempo que hacemos un llamamiento a la prudencia y buen juicio de los medios de comunicación en el tratamiento de esta desgraciada noticia.

    Delegación Saharaui en Euskadi

  • De Arístegui no duda de que Al Qaeda ha raptado a los cooperantes del Sáhara

    El hasta ahora portavoz de Exteriores del PP en el Congreso, Gustavo de Arístegui, ha afirmado hoy que no hay duda de que el secuestro de los cooperantes Enric Gonyalons y Ainhoa Fernández de Rincón en los campamentos saharauis de Tinduf (Argelia) es obra del grupo Al Qaeda en el Magreb Islámico (AQMI). De Arístegui, en declaraciones a Efe, ha argumentado que si bien no hay precedentes de raptos en la zona controlada por el Frente Polisario, los indicios apuntan a AQMI.

    La ministra de Asuntos Exteriores, Trinidad Jiménez, ha reiterado en Rabat que « no quiere especular sobre la autoría » del triple secuestro, ya que, añadió, « mi condición como ministra no me permite hacer afirmaciones sobre quiénes pueden ser los autores. Mi obligación es trabajar para conseguir su liberación ». « Trinidad Jiménez ha pedido prudencia sobre el análisis de quién puede ser el autor. Pero blanco y en botella. Es complicado no decir que puede ser AQMI », ha asegurado el político del PP.

    Gonyalons y Fernández de Rincón fueron raptados por un grupo armado en la noche del pasado sábado en un campamento cercano a Tinduf junto con una voluntaria italiana. Su secuestro se une al de las también cooperantes Blanca Thiebaut y Montserrat Serra, de Médicos sin Fronteras (MSF), capturadas el pasado día 13 en el centro de refugiados de Dadaab (Kenia), a unos 100 kilómetros de Somalia, sin que tampoco se conozca la autoría.

    De Arístegui ha lamentado que los ciudadanos españoles se hayan convertido en objetivo de la piratería y de redes vinculadas a Al Qaeda debido en gran medida a la actuación del Gobierno socialista a la hora de solucionar los raptos que ha habido hasta ahora. « Tengo que ser muy prudente sobre la actuación en el pasado del Gobierno respecto a piratas y terroristas. Pero creo que de aquellos polvos tienen esos lodos », ha opinado.

    No obstante, ha matizado que no quiere « interferir en la necesaria autonomía que tiene que tener el Gobierno en funciones para tratar de resolver esta crisis y traer sanos y salvos a los compatriotas a casa ». De Arístegui ha subrayado que hay que actuar desde « la más absoluta firmeza » ante el terrorismo y el crimen organizado.

    También ha pedido a los cooperantes que sean « prudentes » en el Sahel -la región que cruza África al sur del Sáhara- al no haber « ningún sitio seguro » de la acción del terrorismo yihadista. Ha considerado preciso que el Ejecutivo que salga elegido de los comicios del 20 de noviembre llegue a un pacto de estado con la oposición en la lucha contra el terrorismo internacional y la piratería. « Es una realidad que supone un peligro cierto e inminente para Europa y España », ha advertido.

    AQMI fue la organización que secuestró a los cooperantes catalanes Albert Vilalta, Roque Pasqual y Alicia Gámez en diciembre de 2009. A los dos primeros los retuvo durante casi nueves meses, mientras que Gámez estuvo en cautiverio algo más de dos.

    miércoles, 26 de octubre de 2011

    Atenea Digital, 26/10/2011

  • ATT, entre le marteau français et la pression d’Alger

    La visite de quatre jours du Président malien à Alger, Amadou Toumani Touré, sera-t-elle une occasion pour que, Alger, réitère sa demande auprès de son voisin malien, à respecter les engagements concernant la lutte contre le terrorisme, notamment le paiement des rançons. Une occasion pour dissiper le brouillard ayant marqué les relations algéro-maliennes, après l’erreur « irréparable» de nos voisons maliens, lorsqu’ils ont relâché, en février 2010, quatre dangereux terroristes d’Al Qaïda afin de libérer l’otage français, Pierre Camatte, un espion de la DST française, détenu durant des mois au nord du Mali.

    Pis, la visite d’ATT, à Alger, est mal tombée, car la veille, trois Occidentaux ont été kidnappés, à Tindouf, par un commando terroriste appartenant à Al Qaïda au Maghreb, ce qui signifie que cet enlèvement a été bien préparé à l’avance et exécuté à un jour de la visite d’ATT en Algérie. Les terroristes d’Al Qaïda ont, par ce nouveau kidnapping, tenté de faire passer un message clair aux deux dirigeants du Sahel, surtout que les deux Présidents algérien et malien vont tenter à Alger, d’adopter une nouvelle stratégie anti-Qaïda, après des années de mésentente stratégique et diplomatique. Il est important de rappeler dans ce sens, l’incident diplomatique qui avait eu lieu, l’année passée, entre Alger et Bamako, après que les autorités maliennes eurent relâché quatre dangereux salafistes Djihadistes dont deux Algériens, faisant l’objet d’une demande d’extradition par leurs homologues algériens dans le cadre de coopération sécuritaire et judiciaire entre les deux pays. Et au lieu de satisfaire la demande algérienne, Bamako avait relâché ce dangereux élément d’Al Qaïda avec trois autres terroristes, dont un Mauritanien et un Malien. Tout ça pour libérer un otage français, Pierre Camatte, qui n’était rien d’autre qu’un espion au service de la DST. Cette grave altitude de nos amis maliens fut la goutte qui avait fait déborder le vase ‘entre Alger et Bamako).Le rappel de l’ambassadeur algérien à Bamako, traduit l’extrême frilosité des rapports entre les deux voisins ; le Mali et l’Algérie sont passés par là en février 2010, lorsque des négociations maliennes avaient abouti à la libération de l’otage français Pierre Camatte.

    L’Algérie s’était fâchée. Et pour cause: les conditions de la libération de l’espion français incluaient le paiement d’une rançon et la relaxation de quatre salafistes détenus par le Mali, dont deux Algériens réclamés par les autorités algériennes. Puis arriva la création des conditions d’un rapprochement, renforcé par la mise en œuvre du CEMOC, basé à Tamanrasset et dirigé par l’Algérie, et l’interaction des pays du champ. Toute chose qui conforta l’idée qu’une action commune était possible.

    La présente visite du Président Amadou Toumani Touré, à la faveur de la détente retrouvée, est perçue à Bamako comme une occasion unique d’améliorer les acquis diplomatiques engrangés, depuis le retour à la normale des relations, de consolider la coopération entre les deux pays. Sans doute, sera-t-elle saisie pour renforcer l’amitié et les relations de bon voisinage entre les deux peuples. Le Mali n’a pas d’autres choix que de s’engager avec l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme, d’autant que 400 combattants maliens sont de retour au Mali, après avoir combattu aux côtés de l’ex-guide libyen.

    ATT, entre le marteau français et les armes libyennes

    Avant son arrivée, donc, d’un jour à Alger, le Président malien, était agacé par la nouvelle prise d’otage de trois coopérants européens, deux Espagnols et une Italienne, dans un camp de réfugiés sahraouis (du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahi par le Maroc en 1975, ndds), près de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, dans une attaque attribuée à la branche maghrébine d’Al Qaïda, Aqmi, d’autant que les terroristes venaient du nord du Mali, et ils se sont introduits en regagnant les frontières maliennes.

    Cette nouvelle prise d’otage, à la vielle de la visite d’ATT en Algérie vient de projeter dans l’actualité l’épineuse question des rançons. Le langage de la vérité sur la question de paiement de rançons, devenue une habitude, en vue d’obtenir la libération des otages. Ce sera également un dialogue de vérité sur les conditionnalités des libérations d’otages, des négociations secrètes sur les collines, les dunes de sable ou dans les forêts où, le Mali, est passé expert aux yeux de l’opinion internationale, mais en réalité des enjeux politiques seraient en question. Cette visite sera aussi celle de la vérité sur les acteurs, les intermédiaires, à l’aune de la criminalisation du paiement de rançons aux terroristes. Le Président Amadou Toumani Touré donnera-t-il l’assurance qu’il n’autorisera pas sur son territoire de négociations avec les ravisseurs, dont la finalité est toujours le paiement de sommes faramineuses. Selon les experts, ATT va faire cela, car il est contraint de le faire, d’autant que la conjoncture des armes libyennes, le retour des ex-combattants maliens en Libye vers le Mali, et la montée très inquiétante d’Al Qaïda agacent le Président malien. Une véritable menace qui peut souffler sur la sécurité et la stabilité du Mali, et dont Amadou Touré est très conscient. ATT est d’une part entre le marteau des Occidentaux dont la France, qui mettent la pression (dans le cas de Pierre Camatte on a vu les visites chez ATT de Kouchner et de Sarkozy) pour obtenir la libération des otages européens, et l’enclume de l’interdiction du paiement des rançons. C’est dire que sa visite ne sera pas une promenade, ni d’ailleurs une sinécure mais un travail long et pénible à réaliser dans le but de mettre un terme au terrorisme sinon, aux opérations derapt et de kidnaping au moins

    Par Sofiane Abi

     
    Les Débats, 26/10/2011
  • Libye : le dernier acte de l’Alliance

    La barbarie n’a pas pu se dissimuler trop longtemps. Elle a fini par étaler sa nature. Ces médias stipendiés sont à bout de souffle et n’arrivent plus à dissimuler l’horrible réalité de leurs commanditaires. Les chasseurs de victimes des droits de l’homme, aux abois, n’ont pas pu trouver celles qu’il fallait, qui justifiaient avant même que d’avoir existé le massacre d’un peuple et la destruction d’un pays. Des victimes, par contre, ils ont en trouvé par milliers de l’autre côté, là où les journalistes du mensonge se gardent de filmer ou de rapporter ce qui taraudera leur conscience, s’ils en ont une, jusqu’à la fin de leur vie. 
     
    Maintenant que le travail est considéré être achevé, que l’un des derniers actes de l’ignominie a fait le tour du monde grâce à un vidéaste anonyme, l’heure est aux simagrées sur le sort infligé au «tyran» et à son fils Moutassim. On raconte que la Clinton, que l’on n’a pas vu parader ces derniers temps, a affiché sa plus belle hilarité à l’annonce de ce qui venait d’arriver à un homme, désarmé et blessé, livré à la sauvagerie d’énergumènes autorisés, par leurs maîtres, à l’achever. S’ensuivirent, après la jubilation des barbares, des cris de vierges effarouchées contre leurs créatures récipiendaires de la Libye exsangue et déchirée. 
     
    La perspicacité, de ceux qui ne veulent pas s’en laisser conter, a voulu voir que ces réactions outrées font, elles aussi, partie du plan initial. Celui de faire en sorte que le carnage continue, sans se montrer impliqué. A la «victoire» ne devait pas succéder le moindre soupçon de réconciliation, la moindre base de réunification. Il fallait faire redémarrer les hostilités sur d’autres bases. Il fallait que la haine soit exacerbée et qu’elle atteigne un point de non-retour. Il fallait qu’il ne soit plus uniquement question d’un affrontement entre supplétifs et nationalistes. La guerre va prendre une dimension tribale. 
     
    Le nouveau «Guide» est, comme prévu, affublé du titre évocateur de «Porteur du Sang». La vengeance va se déchaîner entre les tribus touchées dans leur chair et les tribus qui en sont responsables. Il ne s’agira plus de défendre le territoire national contre le colonialisme et la trahison, il faudra en plus se faire réparation. Les Kadhadhfa et les Ouarfala contre les Misratis et leurs alliés. Une guerre totale et sans concession, le sang appelant le sang. C’est la perspective tracée avec la livraison de Mouammar Kadhafi à ses bourreaux. Un acte cyniquement prémédité car les barbares de l’OTAN savent ce qu’ils ont froidement fait. Comme ils savent, depuis toujours, que leur CNT n’avait rien à voir avec la démocratie ou quelque système qui lui ressemble. Cela n’empêche pas qu’ils fassent semblant d’être outrés mais les barbares n’insistent plus tellement sur cette «démocratie» qu’ils étaient venus «sauver» de la dictature. Ils osent juste dire qu’ils vont être vigilants quant aux «valeurs démocratiques», en faisant mine d’ignorer qu’ils ont tué des dizaines de milliers d’innocents pour aider leurs «démocrates» de Benghazi. Un prix dont ils devraient rendre des comptes aujourd’hui. Pour tout dire, la barbarie vient de commettre son dernier crime. Elle ne voulait pas d’élections démocratiques, il n’y en aura probablement pas. 
     
    Par Ahmed Halfaoui
     
    Les Débats, 26/10/2011
  • Coopération antiterroriste

    Pourquoi l’Algérie coopère-t-elle si assidûment avec les Etats-Unis et la Grande Bretagne en matière de terrorisme mais pas avec la France, du moins à un niveau officiel ? La logique aurait voulu que ce soit plutôt avec cette dernière aussi que la coopération se développe. Certes, on voit mal des politiques français venir officiellement féliciter nos dirigeants d’une quelconque efficacité, dans ce domaine ou dans un autre d’ailleurs. Tout comme on voit mal nos politiques solliciter l’expertise française. 
     
    Pourtant, la réalité impose cette coopération, et elle existe de fait : les services de sécurité des deux pays sont en relations étroites depuis longtemps, les responsables se connaissent et, souvent, le courant semble bien passer en raison de la langue et de la proximité géographique, culturelle ou historique. Contrairement aux deux autres puissances, concernées d’assez loin par la question, la France est souvent directement impliquée par les actes de terrorisme dans une région qui demeure, quoi qu’on dise, sous son influence. 
     
    C’est au niveau politique que le problème se pose. On pense ici, à tort ou à raison, que le phénomène sécuritaire ne peut être isolé du reste. A l’inverse des relations commerciales ou culturelles, dont l’incidence sur la souveraineté paraît minime pour un pays qui dispose de fortes réserves de devises, les relations qui touchent à la sécurité interpellent des niveaux de sensibilité plus importants. L’Algérie préfèrerait coopérer avec des puissances censées être plus neutres, parce que géographiquement plus éloignées, simple illusion qu’accentue la différence des langues. 
     
    Mais la France, comment voit-elle cet intérêt accru des Anglo-saxons pour son ancienne colonie ? L’absence de commentaires officiels sur les ballets diplomatiques américains et anglais qui s’organisent régulièrement à Alger, sans que la France y prenne part, traduit-elle une belle indifférence de l’Elysée ou bien serait-ce l’expression d’une réserve inquiète ? 
     
    L’Algérie entend très clairement jouer le rôle d’une puissance régionale, qui aurait pour support son rôle sécuritaire dans la stabilité régionale, mais les récents événements de Libye contredisent cette prétention. On peut même avancer l’idée d’une « humiliation», les différents propos tenus sur notre pays par Alain Juppé en tout cas l’incarnent parfaitement. Certains experts vont jusqu’à prédire qu’il y aurait vengeance. Autrement dit, l’Algérie se «vengerait», et plus tôt qu’on ne le croit, de l’affront qui lui aurait été fait à l’occasion, par la France. On ne sait quel crédit accorder à ces analyses, mais elles suffisent à attester que tout ne va pas pour le mieux entre les deux pays – du moins dans ce domaine.
     
    Les Débats, 26/10/2011
  • La famille Kadhafi bientôt transférée à Pretoria

    La trentaine de membres de la famille Kadhafi hébergés par l’Algérie partiront en Afrique du Sud avant la fin du mois, selon une source proche du ministère des Affaires étrangères. «C’est eux qui ont choisi cette destination, et pas une autre», et tous les «réglages ont été faits entre Alger et l’Afrique du Sud, tant au plan politique qu’au plan sécuritaire». Une commission paritaire planche, ces jours-ci, sur le dossier, afin que tout soit fin prêt dans quelques jours, après quoi «le transfert des membres Kadhafi pourra se faire normalement». 
     
    S’agissant du choix de l’Afrique du Sud, notre source précise que la famille Gadhafi «possède des biens dans ce pays, comme elle possède des biens dans d’autres pays d’Afrique, mais le choix a été fait sur la base de garanties données par les autorités sud-africaines, ainsi que sur la base de la bonne santé démocratique qui caractérise ce pays». L’épouse du colonel Kadhafi, tué par les rebelles libyens lors de la prise de Syrte, ses trois enfants adultes, ainsi que plus d’une vingtaine d’enfants et d’adolescents, sont entrés en territoire algérien après la chute de Tripoli. 
     
    Le ministère algérien des Affaires étrangères avait annoncé le même jour que «l’épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille, Aïcha, ses fils, Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants, sont entrés en Algérie par la frontière algéro-libyenne». Le communiqué des AE précisait en outre : «Cette information a été portée à la connaissance du Secrétaire général des Nations unies, du président du Conseil de sécurité et de Mahmoud Jibril, président du Conseil exécutif du Conseil national de transition libyen». 
     
    Malgré le contexte difficile, Alger a jeté des canaux de communication avec le CNT et a affirmé que le clan Kadhafi a été accueilli en Algérie «pour des raisons strictement humanitaires». L’Algérie a aussi affirmé observer une position de «stricte neutralité» dans le conflit chez le voisin libyen.
     
    Le Courrier d’Algérie, 26/10/2011
  • « Belmokhtar plus fort au Sahel grâce aux armes financées par Paris »

    Les services de sécurité identifient l’auteur du rapt des trois humanitaires des camps de Tindouf

    I l n’y a pas fort longtemps, un reporter du New York Times, en couverture en Libye, juste après la chute de Tripoli, et la mainmise des islamistes du Gicl, menés par Abdelhakim Belhadj, sur le pays, rapportait que les rebelles du djebel Nefoussa, pour lesquels Sarkozy avait largué un important parachutage d’armes, n’ont en fait, jamais vu la couleur de cet arsenal de guerre. Des rebelles de Benghazi, Darna, Sehba et Misrata affirmaient ne pas avoir vu une seule arme de l’arsenal promis par Paris, et spéculaient que des marchands d’armes l’auraient certainement acheminé vers le Sud pour les vendre aux Toubous, lesquels l’achemineraient à leur tour vers le Darfour, le Niger, le Mali et le Tchad. 

     
    Des sources militaires américaines ont alors spéculé que cet armement, que la Dgse avait largué, sans se rendre compte qu’elle le faisait pour le compte d’islamistes djihadistes, serait arrivé au Darfour, au Tibesti et au Ténérée. Mais aujourd’hui, on ne spécule plus : on sait au moins qu’une bonne quantité de cet armement est tombé entre les mains de Mokhtar Belmokhtar, plus connu sous son nom de guerre «Khaled Abou Al-Abbès», et communément appelé «MBM», l’émir pour la zone Sahel d’Aqmi. 
     
    Selon les responsables sécuritaires des pays du Sud, le Mali et la Mauritanie, ainsi que les premières investigations de la sécurité du Front Polisario, le rapt spectaculaire des trois humanitaires, en plein centre administratif des camps de réfugiés (du Sahara Occidental, encienne colonie espagnole envahie par le Maroc il ya 36 ans, NDDS) de Tindouf , est «imputable à MBM». C’est lui, selon les indications de Touareg du nord Mali, qui pavoisait avec un imposant arsenal de guerre de fabrication française le long du couloir allant de Kidal à Tessalit, et emprunté généralement par ses hommes. 
     
    Selon les déclarations d’un membre du groupe MBM capturé récemment, Mokhtar Belmokhtar se trouve en compagnie de l’autre groupe dirigé par «B. M.», alias Lamine, au Mali, dans la région de «Tagherghar», et s’était intéressé aux armes françaises dès l’annonce d’un largage conséquent. Il aurait reçu des informations concordantes de la part des islamistes libyens, affiliés à Al Qaïda, ou de la part des anciens détenus de Guantanamo, libérés depuis quelques mois, et même certains membres du Gicl, proches de Abdelhakim Belhadj. Il était au courant même de l’endroit exact du largage d’armes.

    Fayçal Oukaci

    Le Courrier d’Algérie, 26/10/2011