Mois : mai 2011
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Une «Sainte Alliance» contre qui?
Dans cet environnement régional instable, ces monarchies ont cherché à renforcer leur sécurité collective.Le Conseil de Coopération du Golfe (C.C.G.) fait l’actualité depuis quelque temps. Plus exactement depuis que, devançant la Ligue des Etats arabes et lui indiquant la voie à suivre en la mettant devant le fait accompli, il a demandé l’intervention des puissances occidentales en Libye. Cette organisation économique, sociale, politique et militaire rassemble six monarchies formant une ligne discontinue face à l’Iran, s’étendant d’Oman au, sud, au Koweït, au nord, en passant par les Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et l’Arabie Saoudite qui en est le leader et la locomotive. La charte de cette organisation a été signée le 25 mai 1981, dans un contexte dominé par les guerres du Liban et entre l’Irak et l’Iran, ces deux derniers pays étant considérés porteurs de défis pour les monarchies du Golfe, le premier à travers l’idéologie baathiste et le second à travers sa révolution khomeyniste.Dans cet environnement régional instable, ces monarchies ont cherché à renforcer leur sécurité collective en décidant de considérer toute agression contre l’un d’eux comme une agression contre tous. Le porteur de ce projet fut l’Arabie Saoudite épaulée par les Etats-Unis où le président Reagan venait d’accéder au pouvoir avec l’intention bien arrêtée de faire payer à l’Iran l’outrage qu’a constitué la prise d’otages des diplomates américains par les gardiens de la révolution. Ryadh et Washington, alliés stratégiques depuis la Seconde Guerre mondiale, avaient donc les mêmes intérêts objectifs en ce qui concerne Téhéran – et les ont toujours. Il faut rappeler que, laissé à l’écart du CCG, l’Irak créa une organisation concurrente, le Conseil de coopération arabe, comprenant outre ce pays, la Jordanie, le Yémen et l’Egypte. Le CCA n’a pas survécu à l’invasion du Koweït en 1990.Bouclier de la PéninsuleDès le 11 novembre 1981, les Etats membres du CCG conclurent un accord de coopération économique, lançant ainsi un processus d’intégration devant conduire ultimement à leur unité. Le Marché commun du Golfe, devant déboucher vers la mise en place d’une monnaie commune, connaît aujourd’hui des retards en raison, entre autres des divergences nées entre Ryadh et Abou Dhabi, principalement au sujet du siège de la future Banque centrale. L’entrée en vigueur effective de l’Union douanière est désormais prévue pour 2015, soit 12 ans après son lancement en 2003. Vu les précédents reports, rien n’indique que la nouvelle date annoncée puisse être respectée.Au plan sécuritaire, le premier défi qui se posa au CCG fut la tentative de coup d’Etat à Bahreïn, en décembre 1981. En 1982, les six monarchies signèrent un accord de sécurité intérieure et commencèrent à organiser des manoeuvres militaires conjointes baptisées «Bouclier de la Péninsule».Ce fut le prélude à la constitution, en 1984, d’une force conjointe disposant d’un quartier général à Hafa Al-Batin en Arabie Saoudite, à la frontière avec le Koweït et l’Irak. La Force «Bouclier de la Péninsule» se montra d’une totale inefficacité lors de l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990 et les monarchies du Golfe durent faire appel à une coalition internationale conduite par les Etats-Unis (opération «Bouclier du désert» en 1991). Depuis, la situation de cette Force ne s’est pas améliorée. Elle ne constitue toujours pas un «bouclier» sérieux pour les Etats membres en cas de coup dur.La première intervention effective de la Force «Bouclier de la Péninsule» a eu lieu le 14 mars 2011, à Bahreïn, le ventre mou des pays du Golfe en raison de la composition de la population à grande majorité chiite, dirigée par une monarchie sunnite. Elle a consisté en l’envoi à Manama, d’un millier de soldats saoudiens et d’un demi-millier de policiers émiratis que la population considère comme une «force d’occupation». Les dernières déclarations d’un haut responsable militaire bahreïni font état de la prochaine construction d’une base militaire permanente pour abriter les forces du «Bouclier de la Péninsule» dont la mission est de défendre les sites stratégiques et les frontières de Bahreïn contre les menées déstabilisatrices «des Iraniens, des Syriens et des Libanais». L’intervention à Bahreïn se situe dans un contexte marqué par les soulèvements pour la démocratie qui ont lieu dans plusieurs pays arabes et qui ont déjà causé la chute des présidents Ben Ali de Tunisie et Moubarak d’Egypte, tous deux alliés de l’Arabie Saoudite. Outre Bahreïn, des contestations en cours à Oman et au Koweït pourraient dégénérer sur des mouvements plus sérieux.L’Arabie Saoudite est concernée au premier plan par la situation à Bahreïn en raison de sa proximité avec ce pays auquel elle est liée par un pont, -la chaussée Fahd -, et surtout en raison de la présence d’une importante population chiite dans sa partie orientale où se trouve l’essentiel de ses réserves pétrolières. En raison aussi de la situation au Yémen où son allié, le président Abdallah Salah, risque d’être chassé du pouvoir, ouvrant la voie à une possible partition du pays qui verrait l’installation à proximité de la frontière saoudienne d’un Imamat zaydite (chiite) allié de l’Iran. (Dans les années 60 et 70, les Zaydites étaient appuyés par l’Arabie Saoudite contre les républicains yéménites alliés de Nasser qui était taxé d’antimonarchiste). Le royaume serait ainsi pris en tenaille par des alliés de Téhéran sur deux flancs.L’exemple de Bahreïn et de certains pays arabes n’est pas fait pour rassurer le roi Abdallah qui, dès son retour à Ryadh, a annoncé lui-même à la télévision un programme massif d’aides sociales se chiffrant à 70 milliards de dollars (2500 dollars/habitant) ainsi que d’autres mesures comme l’augmentation des salaires et des primes de chômage (la majorité des chômeurs se recrute dans la tranche d’âge des 19-21 ans) ou la création d’un comité contre la corruption. Après la carotte, le roi a brandi le bâton en annonçant dans le même discours le recrutement de 60.000 agents de sécurité pour faire face à «tous ceux qui envisagent de porter atteinte» au royaume. Au plan extérieur, l’Arabie Saoudite risque de ne plus compter sur l’aide de l’Egypte sans Moubarak. Les contours du nouveau régime qui prendra le pouvoir au Caire sont encore incertains, mais on peut dire que la politique étrangère égyptienne connaîtra des changements. Sa diplomatie a déjà à son actif la réconciliation entre l’Autorité palestinienne et le Hamas qui a provoqué l’ire d’Israël. Il est question d’un rétablissement des relations avec l’Iran, rompues depuis une trentaine d’années. Le ministre des Affaires étrangères égyptien et le vice-ministre des Affaires étrangères iranien ont tenu à rassurer les monarchies du Golfe sur leur sécurité. Mais le ministre iranien de la Défense a dénoncé le «front des dictatures arabes», entendre des monarchies arabes. La domination de la Ligue des Etats arabes par le CCG avec l’aide du Président Moubarak, était de moins en moins acceptée. Son instrumentalisation par le même CCG qui fut le premier à demander l’intervention occidentale en Libye, a laissé des traces et a mis en lumière la complicité de Amr Moussa. Cette situation risque de perdurer en raison de la faiblesse des républiques qui mettront du temps pour faire ou digérer leurs «révolutions». La position de l’Egypte sur cette question sera déterminante dans l’avenir. Comme le sera l’évolution de la situation dans les monarchies. Ce qui précède permet de dire, qu’aux plans économique, militaire, sécuritaire et même diplomatique, le CCG a encore des efforts à faire et des soucis à se faire. Ce qui précède permet aussi de situer dans son contexte l’annonce faite le 10 mai 2011, par le secrétaire général du CCG qui a déclaré que le Sommet qui venait de clore ses travaux à Ryadh pour discuter de la situation économique régionale, de Bahreïn et du Yémen, a donné une suite favorable à la demande d’adhésion de la Jordanie à l’organisation et invité le Maroc à formaliser la sienne.L’annonce concernant le dernier pays cité a surpris au moins l’opinion publique. En effet, géographiquement, la Jordanie est frontalière avec l’Arabie Saoudite qui est le leader du CCG Il y a donc une continuité territoriale entre ce pays et ceux du Golfe. Une partie de la population jordanienne et la dynastie au pouvoir à Amman sont originaires de la péninsule arabique où ils ont des racines plus profondes que celles qui ont poussé dans leur actuelle terre d’accueil. Par ailleurs, la Jordanie n’a aucun port d’attache, elle n’appartient à aucune organisation sous-régionale.Par contre, le Maroc se situe à l’extrémité ouest du Maghreb. Il est très excentré par rapport aux pays du Golfe avec lesquels il n’a aucune continuité géographique. La majorité de sa population – on peut dire la totalité – est berbère et voit son avenir dans un Maghreb des peuples plutôt que dans un Machrek lointain et peu connu. Le Maroc est membre fondateur de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) dont il abrite le siège.Conscient de l’incongruité de sa démarche et de la difficulté à la justifier vis-à-vis de son opinion publique et d’une partie de sa classe politique, Rabat a pris les précautions nécessaires pour que l’invitation à l’adhésion vienne du CCG. Peine perdue car il est difficile d’imaginer qu’elle n’ait pas été préalablement agréée par le palais royal. On ne met pas un pays, de surcroît ami, dans une situation qu’il n’a pas préalablement acceptée. On peut supposer avec raison que l’idée a fait l’objet de consultations entre le roi Mohammed VI et le roi Abdallah lors du séjour de ce dernier pour convalescence à Casablanca, après une intervention chirurgicale à New York. L’arrivée du monarque saoudien au Maroc, en provenance des Etats-Unis, a eu lieu le 22 janvier 2011, en pleine «révolution» tunisienne et une semaine à peine après la fuite de Ben Ali vers l’Arabie Saoudite. Il est impensable que les deux rois n’aient pas échangé leurs points de vue sur ce bouleversement et n’aient pas fait un peu de prospective pour examiner les moyens à mettre en oeuvre et les actions à entreprendre pour préserver leurs trônes de l’ennemi de toujours des monarchies que sont les soulèvements populaires, lesquels ouvrent une brèche dans la digue de la légitimité.Dans un communiqué, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération déclare accueillir avec grand intérêt l’invitation du CCG tout en réitérant «son attachement naturel et irréversible à l’idéal maghrébin et à la construction de l’UMA, choix stratégique fondamental de la nation marocaine». Cette profession de foi aurait pu être convaincante si Rabat n’était pas à l’origine du gel de l’UMA…-Et la question du Sahara n’a rien à y voir puisqu’elle est antérieure à la création de cette organisation. Il suffit de rappeler que Hassan II était présent au Sommet de Zéralda et que l’acte constitutif de l’UMA fut signé à Marrakech-. En fait le Maroc est attiré par le CCG pour plusieurs raisons dont celle d’ordre mercantile qui vient immédiatement à l’esprit: l’espoir de bénéficier d’aides financières conséquentes de la part de pays riches afin de surmonter une situation économique difficile. Plus important encore serait aussi de trouver un havre pour se protéger des turbulences qui secouent le Monde arabe. Si c’est le cas, le meilleur havre est celui qu’offre un peuple à ses dirigeants. Il est plus sage de chercher chez soi au lieu d’aller courir après des chimères à des milliers de kilomètres. Les nouveaux adhérents au CCG devront satisfaire à des obligations économiques, politiques et militaro-sécuritaires, mais aussi bénéficier de tous les avantages. A titre d’exemple, le principe de défense mutuelle jouerait-il en cas de besoin pour la Jordanie et le Maroc comme il a joué pour Bahreïn? Ceci risquerait de les mettre en porte-à-faux avec certains de leurs voisins. Peut-on, par exemple, imaginer les armées des monarchies du Golfe campant à la frontière jordano-syrienne? Ainsi, l’élargissement du CCG pourrait ne pas aller dans le sens d’une plus grande cohésion et stabilité des pays arabes. Il risque même d’exacerber les antagonismes existant entre certains d’entre eux et de déboucher sur de plus grandes cassures.Coalition de monarquesD’autant plus que le régime monarchique est le seul dénominateur commun entre la Jordanie, le Maroc et les six pays du CCG, et c’est le seul paramètre pris en compte par ces derniers pour leur ouvrir la porte de l’organisation dont l’élargissement projeté est donc basé sur l’exclusion. -Sinon, comment expliquer que le CCG demeure fermé à l’Irak où la présence étrangère ne constitue nullement un repoussoir pour les pays de la région, et surtout au Yémen dont l’adhésion aurait pu lui éviter les tourments qu’il vit et pourrait, dans la situation actuelle, constituer une solution à ses problèmes?Le CCG vient de faire un choix politique et stratégique important, mais douteux, pour ne pas dire aventureux: aller vers sa logique ultime, soit devenir une sorte de «Sainte Alliance»(1) rassemblant toutes les monarchies du Machrek et du Maghreb, dans un contexte où les pays arabes sont si divisés que la Turquie a pu s’ériger à moindre frais en «champion» de leur cause principale, la Palestine, et en arbitre de leurs différends. On ne peut interpréter autrement l’annonce faite concernant l’adhésion de la Jordanie et du Maroc au CCG.(*) Ancien ambasadeur(1) L’Acte final du Congrès de Vienne, qui instaura un nouvel ordre en Europe après les guerres napoléoniennes, fut signé le 9 juin 1815. Dans son article 63, les Etats parties s’engagent à se porter mutuellement assistance en cas d’agression. La «Sainte Alliance» fut formée initialement par les vainqueurs de Napoléon, les Empires russe et autrichien et le Royaume de Prusse, à l’initiative d’Alexandre 1er de Russie. Ils furent rejoints par d’autres puissances européennes. La France y adhéra en 1818, après avoir effacé les séquelles des guerres napoléoniennes.La «Sainte Alliance» joua un rôle contre-révolutionnaire dans une Europe secouée par les idées du «siècle des lumières».C’est ainsi qu’en 1923, la France organisa une expédition militaire en Espagne pour restaurer le roi Ferdinand VII sur le trône d’où il a été chassé par un soulèvement populaire dont l’exemple était craint de l’autre côté des Pyrénées. Cette coalition de monarques contre les aspirations des peuples procédait d’une volonté vaine de faire marche arrière à la roue de l’Histoire.Hocine MEGHLAOUI (*) -
Proposition du CCG : Une solidarité royale
Une autre manœuvre du Maroc qui a trouvé une occasion pour relancer le dossier de la réouverture des frontières avec l’Algérie.L’annonce a été pour le moins surprenante. Réunis le 10 mai dernier en sommet à Riyad en Arabie Saoudite, les dirigeants du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), se sont déclarés favorables à une adhésion du Maroc à leur groupement régional. Le CCG réunit l’Arabie Saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar. Et pour bien faire passer la pilule qu’ils veulent faire avaler aux Arabes, ils lancent également l’invitation à la Jordanie.Ce qui est encore plus surprenant a été la réaction en deux temps du Maroc à cette invitation. Dans un premier temps, il décline diplomatiquement la proposition du CCG. Un refus qui avait déjà les relents d’une manipulation à grande échelle. Puisqu’il a a réitéré son «attachement naturel et irréversible» à la construction de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Une autre manoeuvre du voisin marocain qui a trouvé une occasion pour relancer le dossier de la réouverture des frontières avec l’Algérie. Comme quoi vis-à-vis de la communauté internationale, c’est le Maroc qui s’attache à la construction de l’UMA et c’est l’Algérie qui bloque cette construction. Des assertions totalement fausses. Mais c’est de bonne guerre.Dans un second temps, le Maroc se rétracte. Une adhésion du Maroc au Conseil de coopération du Golfe (CCG) «prendra du temps» et devra être «progressive», a estimé le ministre marocain des Affaires étrangères, en tournée dimanche dans la région. Taïeb Fassi, qui se trouvait à Abou Dhabi au lendemain d’une visite à Riyadh, est porteur de messages du roi Mohammed VI «remerciant» les dirigeants du CCG pour leur offre en vue d’une adhésion de son pays à leur club. «Le Maroc a réagi positivement à cette offre, qui doit se concrétiser selon une approche progressive», a dit M.Fassi au quotidien arabe Al-Hayat. «Nous sommes volontaires pour adhérer» au CCG mais cela «prendra du temps», a ajouté le ministre, qui a été reçu avant-hier, à Riyadh, par le roi Abdallah d’Arabie Saoudite et dimanche à Abou Dhabi par le président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane. D’autre part, il convient de se poser la question de savoir «pourquoi le Yémen, qui fait le pied de grue depuis des années devant ce Conseil, n’a-t-il pas bénéficié du même accueil que le Maroc?» Voilà donc les monarques du Golfe se souciant de leur sécurité en ouvrant grandes leurs portes au royaume du Maroc. Tous les observateurs s’accordent à dire que l’un de leurs principaux objectifs consiste à isoler l’Algérie.Tout simplement parce que l’Algérie a toujours servi d’intermédiaire entre les Occidentaux et l’Iran dans le cadre des négociations pour la dénucléarisation. Un rôle de leadership que les monarques contestent à l’Algérie. D’autre part, l’Algérie refuse de s’impliquer dans le conflit libyen. Il faut alors faire feu de tout bois contre l’Algérie allant jusqu’à l’accuser de soutenir le régime d’El Gueddafi. Depuis le déclenchement des révoltes arabes, les potentats du Golfe ont ressenti le besoin d’avoir leurs propres réseaux pour renforcer leur sécurité et protéger et leurs intérêts et leur sécurité. Ils se manifestent alors par des actions spectaculaires exhibant leur forces contre…d’autres Arabes, jamais contre Israël. N’a-t-on pas vu des chars rutilants appartenant aux soi-disant forces du Bouclier de la Péninsule, se déployer en mars dernier pour mater un mouvement de contestation au Bahreïn? Il s’agissant en fait de protéger un roi sunnite dans un pays majoritairement chiite. N’a-t-on pas assisté ahuris, aux déclarations incendiaires du prince qatari contre le régime libyen? Le Qatar s’est impliqué directement dans l’effort international contre le régime d’El Gueddafi en participant aux frappes aériennes. Des avions arabes pour casser de l’Arabe.On n’a pas entendu la moindre contestation de ces mêmes pays, de ce même Conseil lorsque les Israéliens massacraient les populations à Ghaza en 2008. Les incursions de ces pays, notamment au Bahreïn, n’ont pas été du goût de l’Iran qui a violemment contesté cette situation.Entre le groupement régional et Téhéran, les relations n’ont jamais été au top. Elles se sont envenimées depuis l’intervention des troupes de la Force commune du Golfe à Bahreïn. D’ailleurs, lors de la réunion du CCG du 10 mars dernier, le dossier de l’Iran a été largement abordé.Les propos tenus récemment par le chef d’état-major des armées en Iran, le général Hassan Firouzabadi, qui a dénoncé le «front des dictatures arabes» du Golfe, ont suscité l’ire des rois. En général, les monarques arabes quand ils s’énervent, se mordent la queue. C’est ce qui s’appelle une colère royale.Brahim TAKHEROUBTL’Expression, 16/05/2011 -
Voyage au cœur des camps sahraouis de Tindouf
De notre envoyé spécial aux camps des réfugiés de Tindouf
Ali BoukhlefLa route qui mène de la ville de Tindouf au camp du 27 Février est bitumée depuis plusieurs années. Au fur et à mesure qu’on s’approche de ce camp, où les baraques avec des toits en zinc ont pris place des tentes qui faisaient le décor de cet immense bidonville, on aperçoit les efforts accomplis par l’Etat algérien pour aider ces réfugiés chassés de leurs terres par un occupant qui ne leur reconnaît aucun droit. La route goudronnée prend fin à l’entrée du camp. La place est appelée 27 Février, une date qui rappelle aux Sahraouis l’insurrection armée contre l’occupant marocain (le Maroc a envahi le Sahara Occidental en 1975, ndlr). C’est un groupement scolaire éponyme qui regroupe des classes d’école, une caserne de gendarmerie, un dispensaire et un centre culturel qui contient entre autres au cybercafé. Comme dans l’essentiel des habitations du désert, le «complexe», construit à base de terre, est peint en jaune ocre. L’évolution de la vie dans ces territoires, surveillés par des barrages militaires qui n’incommodent personne de voyage ici, est également symbolisée par ces antennes installées par Algérie-Télécom. Elles fournissent du champ téléphonique et de la connexion Internet à ces habitants isolés du monde depuis une trentaine d’années.En plus du téléphone, les habitats de ce camp de réfugiés, tout comme d’autres sites, sont raccordés au réseau électrique qui leur fournit une énergie en continu et bon marché. Les efforts des autorités locales algériennes ne se limitent donc plus au volet humanitaire. Mais vont au-delà.Assise sur un tapis «made in Sahara», Zagharit, la cinquantaine, tisse des objets à la main. Accompagnée d’une autre «collègue», cette grand-mère travaille au sein de la coopérative des femmes sahraouies des camps de réfugiés. Autour d’elle s’entassent dans ce local minuscule construit de pierres et d’argiles toutes sortes d’objets artisanaux. On y trouve des sacs à main, des fanions, des drapeaux et même des fresques murales. Tout est fabriqué par la volonté de ces femmes qui ne connaissent pas ce que le mot «fatigue» veut dire. Dès l’aube, des groupes de femmes, de tout âge, convergent vers cet atelier, le seul que possède la RASD (République arabe sahraouie démocratique). Mais contrairement à Zagharit qui opère manuellement, une dizaine d’autres femmes travaillent, dans un semblant d’atelier à quelques encablures de l’échoppe principale, dans un véritable atelier. «Nous travaillons pour aider nos familles et suppléer les hommes occupés par la guerre», raconte notre hôte, qui continue à tisser un sac à main. «Nous vendons sur place nos produits aux humanitaires européens et algériens qui viennent ici», dit-elle.A l’intérieur de l’atelier, la directrice, Fatma Bent Handou, fait office de la femme à tout faire. En plus de la direction de l’usine, cette quinquagénaire s’occupe également de la vente des produits exposés à l’entrée du hangar qui abrite «les machines». Entre deux réclames de prix à l’adresse des humanitaires espagnols, Fatma nous livre ses impressions. «Nous employons 32 femmes. Tous les trois à quatre mois, nous distribuons, équitablement, les revenus de notre effort», dit-elle fièrement. Tous les trois à quatre mois, donc, chacune des femmes qui travaillent dans la coopérative perçoit 3 000 ou 4 000 DA en guise de salaire. Cela semble dérisoire. Mais dans les dures conditions de vie des camps des réfugiés sahraouis, chaque centime compte. Il faut dire que la chose n’est pas facile. Puisque si les prix proposés sont parfois élevés – un portefeuille cousu main peut aller jusqu’à 6 euros – les produits trouvent difficilement preneur, puisqu’ils ne sont vendus que sur site. La quasi-totalité des habitants des camps des réfugiés de Tindouf vivent de l’aide humanitaire internationale. Il est vrai que, depuis quelques années, des échoppes, généralement faites de bric et de broc, sont construites un peu partout autour des camps. En ce milieu de mois d’avril, on peut s’offrir des yaourts, des biscuits fabriqués en Algérie ou même du pain à des prix abordables. Parfois un peu moins chers que les tarifs pratiqués à Tindouf, leur ville de provenance. Dans «les boutiques» de ce camp de réfugiés, appelées en espagnol «Tinda», point de fruits et légumes, ni de viandes. Seules quelques boutiques en sont pourvues. Pourtant, ces aliments sont plus que vitaux pour le bon fonctionnement de l’organisme. Même disponibles, ces produits ne sont pas à la portée de la bourse dérisoire des Sahraouis. Pour combler le déficit en alimentation, les organisations humanitaires distribuent, au mois de Ramadhan, des fruits et légumes frais. Le reste de l’année, «les organisations humanitaires donnent un kilo de chaque produit par tête d’habitant mensuellement», témoigne Fadili, un jeune militaire qui vit, en dehors de ses heures de mobilisation, de petits boulots. A titre d’exemple, une famille de 4 personnes reçoit un ratio de 4 kg de riz par mois !!!! De quoi tenir juste une semaine. Mais c’est toujours «mieux que rien», soupire notre interlocuteur. Comme beaucoup de ses compatriotes, Fadili vit chez ses parents. A 21 ans, ce jeune militaire a quitté l’école pour aider son père et sa mère à surmonter les difficultés de la vie. Scolarisé à Boussaâda (w. de M’sila), Fadili a dû renoncer à l’école au bout du collège. «Je devais m’engager dans l’armée. Puis, j’ai voulu aider mon père», dit-il, tout en s’occupant à préparer le thé, une véritable passion dans ces contrées désertiques. Sa mère, Mennou, est la maire de la «5e commune» de la wilaya de «27 Février». Entre les tâches ménagères et ses responsabilités à la «mairie», cette quinquagénaire est toujours disponible. Elle ne se plaint presque jamais. Preuve de sa mobilisation, elle n’a pas assisté au Congrès de l’Union des femmes sahraouies qui se tient à quelques mètres de chez elle. «J’ai beaucoup de boulot», justifie-t-elle.Si elle se plaint, c’est juste pour pourfendre le régime marocain, responsable, à ses yeux, des malheurs de son peuple. Elle est fière d’annoncer que Aminatou Haïdar est la cousine de son mari. «Malgré la répression, elle a refusé de prendre le passeport marocain. Ella crié haut et fort qu’elle est sahraouie !», témoigne-t-elle avec fierté.Aminatou Haïdar est une véritable icône pour les Sahraouis. Vivant dans «les territoires occupés», le portrait de cette infatigable militante pour la libération de son peuple est pratiquement dans toutes les maisons des Sahraouis. A côté de ceux de El-Ouali Moustapha Sayed, fondateur du Polisario, et de l’actuel président de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), Mohamed Abdelaziz. La dame, qui vient de recevoir le statut de citoyenne d’honneur en Italie, s’est illustrée l’an dernier par une grève de la faim qui avait duré 32 jours. Elle avait protesté contre les autorités marocaines qui lui avaient refusé l’accès à Laâyoune, sans passeport. Elle avait tout simplement refusé de montrer son passeport marocain. Elle avait, par contre, choisi de porter la mention «sahraouie» sur la case «nationalité» de la fiche de Police de l’aéroport de la ville que les Sahraouis considèrent comme leur capitale.Le système éducatif sahraoui est en construction. En plus des quelques écoles essaimées dans plusieurs endroits dans les camps de réfugiés, il existe quelques crèches, financées par les aides internationales. L’une d’elles est située au camp du 27 Février. Elle est baptisée crèche «Ibrahim Mokhtar», du nom d’un martyr sahraoui. La crèche, qui compte quelques salles et une cour,
dispose de trois sections, dont l’une fait office de l’enseignement préscolaire. «Nous dispensons des cours de langue et d’arithmétiques, en plus du sport», dira N’guia Sidha, directrice adjointe. Elle et ses collègues perçoivent «une aide» de «10 000 DA» tous les trois mois. Cela ne les empêche pas de travailler avec acharnement.Dans les écoles, même topo. Les élèves poursuivent le programme algérien en cycle primaire, exception faite de la deuxième langue qu’est l’espagnol au lieu du français. Après l’examen de passage, les élèves sont orientés dans des collèges et lycées algériens ou espagnols. A l’université, les Sahraouis étudient essentiellement en Algérie et en Espagne. D’autres pays accueillent cependant un nombre limité d’étudiants sahraouis. Il s’agit de la France, de la Libye et de l’Egypte.Aminatou Haïdar, l’icône
Malgré l’adversité, les Sahraouis des camps de réfugiés ne délaissent pas la culture. Au centre culturel Naâja, situé dans le complexe du 27 Février, nous avons rencontré, par hasard, des membres du Théâtre national sahraoui. Composée de plusieurs comédiens, pris en charge par le ministère de la Culture situé à Rabouni (siège provisoire du gouvernement sahraoui en exil situé à 25 km au sud de Tindouf), la troupe théâtrale se veut un accompagnateur du combat libérateur des Sahraouis.«Le théâtre a accompagné la révolution dès le départ», témoigne Najem Hen-Kacem, comédien et auteur. Nous l’avons «surpris» en train de préparer une pièce intitulée Symphonie de départ, jouée à l’occasion de la tenue du 6e Congrès de l’Union des femmes sahraouies. «Au départ, les Sahraouis n’appréciaient pas notre travail. Mais ils ont fini par comprendre que ce que nous faisons est en faveur du combat», dit-il. Malgré le manque de moyens, la troupe du Théâtre national sahraoui a réalisé plusieurs pièces et s’est même produite, en 2009, au Théâtre national algérien à l’occasion de la tenue du Festival panafricain. Le transport de voyageurs est l’une des rares activités qu’exercent les Sahraouis de Tindouf. Souvent propriétaires de véhicules tout-terrain qu’ils achètent de Mauritanie, ces transporteurs traversent, durant plusieurs jours, la frontière qui sépare leur pays de la Mauritanie pour emmener des commerçants à Nouakchott ou Nouadhibou, à des centaines de kilomètres. «Je fais le trajet en 7 jours et 6 nuits», témoigne Mohamed, la cinquantaine. L’homme avoue transporter 8 personnes à l’aller et autant de personnes au retour. Le prix de la place est évalué à 5 000 DA le simple aller. Tous les voyageurs sont des Sahraouis. «Les Algériens ne vont pas là-bas», dit-il.Les voyageurs sahraouis qui se rendent en Mauritanie vont souvent à la recherche de bonnes affaires. Ils y achètent des produits bon marché qu’ils écoulent dans les camps. Ils espèrent ainsi gagner de l’argent et permettre à leurs concitoyens de s’acheter certains articles de maison moins chers que ceux qu’ils achètent en Algérie. Pour justifier leur comportent, les Sahraouis disent que les douaniers mauritaniens sont vulnérables. «Avec 200 DA, tu peux acheter n’importe quel fonctionnaire mauritanien», avouent certains jeunes rencontrés dans le camp du 27 Février. Et le trafic de drogue ? «Jamais ici», tranche un commerçant sahraoui. Selon lui, «il peut y avoir des trafiquants comme partout ailleurs, mais les narcotrafiquants ne peuvent pas pénétrer dans les camps». Les Sahraouis racontent, d’ailleurs, que la situation est devenue très dure pour les contrebandiers et les narcotrafiquants. «L’Algérie ne tolère plus ce genre de commerce. L’armée algérienne utilise désormais l’aviation pour bombarder les caravanes des trafiquants», racontent-ils.Malgré le dénuement, la société sahraouie est très ouverte. Matriarcale par excellence, elle se caractérise par une tolérance sans pareille mesure dans la région. Sans véritable lieux de loisirs, les femmes sahraouies sont pratiquement les égales des hommes. Elles se baladent en toute liberté et sans restriction «machiste» connue dans d’autres sociétés musulmanes. Pourtant, une majorité de Sahraouis sont pratiquants. Mais ils pratiquent un Islam beaucoup plus ouvert et tolérant. La preuve ? La présence quasi permanente des étrangers dans les camps ne dérange jamais les habitants qui s’accrochent pourtant à leurs traditions.L’accès aux camps des réfugiés est minutieusement filtré. Deux barrages, l’un de l’armée
algérienne et l’autre, plus loin, des gendarmes sahraouis, sécurisent l’endroit.Les sorties et entrées des Sahraouis sont contrôlées par une simple démarche administrative. Mais jamais de restriction. «Tu peux aller là où tu veux», atteste Fadili qui se félicite que les camps ne sont pas infestés de terroristes. «Les terroristes ne viennent jamais ici», dit-il.En somme, le visiteur aux camps de réfugiés sahraouis –à l’image d’une délégation d’élus français qui ont eu à le vérifier le 22 avril dernier – découvre un peuple assoiffé de liberté. Un peuple digne, qui vit dans la sérénité, en attendant de recouvrer son indépendance.La Tribune d’Algérie, 17/05/2011 -
Paris, Londres et la «Ligne bleue»
Avant-hier, plusieurs dizaines de personnes sorties manifester à l’occasion du 63e anniversaire de la «nekba» furent fauchées par les balles assassines de la soldatesque sioniste. Face à des manifestants désarmés, les soldats n’utilisèrent pas les moyens anti-émeutes classiques : eau chaude, gaz lacrymogène, tirs de sommation, balles en caoutchouc, gourdins, etc. Ils tiraient à balles réelles sur la foule. Non pas en visant les jambes mais pour tuer. Israël ne pouvait se priver de son péché mignon. Alors, il tua avec délectation, tout autour de lui, dans son voisinage. Il tua et les moralistes d’Occident, prompts à clouer au pilori tout dirigeant arabe coupable d’indiscipline, s’aplatirent une nouvelle fois devant l’action sanguinaire de leur monstrueuse créature. La France, qui refuse la protection onusienne aux populations sahraouies dans les territoires occupés du Sahara occidental, mais qui intervient militairement pour, officiellement, protéger les populations civiles en Libye, n’est pas restée silencieuse sur les tueries d’Israël. «La France condamne ces incidents… « et «appelle toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter les provocations «, déclarait lundi Bernard Valero, porte-parole du ministère français des AE. Ainsi, Paris ne condamne pas Israël mais parle d’incidents dont la responsabilité est, à ses yeux, partagée entre le bourreau et ses victimes. Paris dirige même un doigt accusateur sur les manifestants arabes, des provocateurs qu’elle appelle à respecter la ligne aux couleurs d’Israël. Londres, l’autre capitale qui s’occupe sérieusement à «redresser les torts» en Libye, a réagi elle aussi au carnage sioniste. «Nous sommes profondément préoccupés par les violences qui ont eu lieu aujourd’hui et tristes d’apprendre qu’il y a eu des morts», déclarait à ce propos William Hague, le chef de la diplomatie britannique. Pas de condamnation non plus d’Israël. On prend la liberté de bombarder les Arabes, de les tuer, de détruire leurs pays et d’y créer un chaos tel que seul Dieu est capable d’en connaître les retombées sur la région. D’un autre côté, on se fait tout petit face à Israël et lui dire, ne serait-ce qu’une goutte de vérité, est une… ligne bleue qu’on n’oserait franchir.M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.frLe Jeune Indépendant, 17/05/2011 -
Maghnia: 26 affaires de trafic de drogue depuis le début avril
Pas moins de 20 personnes faisant objet de mandats d’arrêt ou d’amener par la justice ont été interpellées lors d’examens de situation ou de contrôle d’identité que les éléments de police judiciaire ont effectués inopinément et régulièrement durant les seuls mois d’avril et mai. L’on dénote parmi cette masse interpellée de recherchés, un qui était condamné à la perpétuité et un autre à 20 années de réclusion criminelle. Le bilan des affaires traitées au cours du mois en cours et d’avril est éloquent à plus d’un titre.En plus du nombre de recherchés par la justice interpellés, les policiers qui ont multiplié les efforts dans la lutte contre l’interdit pour parer à sa recrudescence, 26 affaires dont lesquelles 35 personnes sont incriminées, ont été traitées durant seulement un mois et demi. Les quantités de kif saisies vont du gramme à 15 kg.
C’est sur tous les fronts, diversifiés par la situation géographique de la daïra qui favorise beaucoup l’interdit, que les éléments de la police font face. L’immigration clandestine est un autre volet non moins préoccupant pour les hommes en bleu lesquels ont réussi à présenter à la justice 20 clandestins d’origine subsaharienne et du Maroc. Ce bilan renferme également le phénomène qui fait le plus parler de lui au sein de la société. Il s’agit du port d’armes prohibées lequel est à l’origine de plusieurs cas de blessures, voire de mort, et l’ivresse dans les lieux publics. Respectivement, 9 et 60 personnes ont été dans ce cadre présentées à la justice. Un grand soulagement relatif à la lutte contre l’ivresse dans les lieux publics, résultat de régulières descentes nocturnes, est relevé chez la population laquelle semble estimer à leur juste valeur les efforts consentis par la police pour la protection des biens et des personnes. Celle-ci souhaite une plus grande rigueur quant à l’anarchie créée par le commerce informel principalement autour du marché ainsi qu’au squat de l’espace public par de véreux commerçants pour leurs terrasses et marchandises. La création de lieux de débauche, qui prend de l’ampleur, est un autre souci pour lequel la population espère une plus grande fermeté et dont le bilan compte une affaire dans laquelle 2 hommes et 1 femme ont été interpellés et placés sous mandat de dépôt. Ainsi, pas moins de 26 affaires relatives au trafic de stupéfiants ont été traitées par la police. Les quantités saisies vont de 1 gramme à 12 kg. 35 personnes ont été présentées à la justice dans ce cadre.
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Répression sauvage d’un pique-nique devant le centre de torture de Temara
Par Ali Fkir, 15/5/2011, 12h45A Rabat (capitale du Maroc, ndlr) le dimanche 15 mai 2011: une armada innombrable des diverses forces de répression s’est attaquée sauvagement aux paisibles centaines (sinon des milliers) de citoyen-nes venu-es au quartier Riad pour pique-niquer paisiblement (forme de protestation/dénonciation pacifiste) à côté du sinistre centre secret de détention/torture…de Temara. Le pique-nique est organisé par les jeunes mouvement du 20 févierOn signale:– Plusieurs blessé-es graves– Agression des journalistes, de femmes et hommes âgé-es…– Plusieurs arrestations dont le nombre reste à déterminerEn ce moment (12h20 du 15 mai 2011) des centaines de citoyen-nes affluent au siège de l’AMDH à Rabat pour voir la suite à donner aux évènements de ce matinCONDAMNONS CE NOUVEAU CRIMESolidarité Maroc, 15/05/2011 -
Dégoutée !!!!!!!!
Notre « respectable » ministre
parle du sit in qui devait être organisé aujourd’hui
niant que Temara (Maroc, ndlr) soit un lieu de torture
mieux :
il dit que le sit in a été dispersé dans la sérénité
et poussant le machiavélisme jusqu’ au bout
il a cherche a chatouiller son public
en parlant d’ extrémistes…
Eh bien j’y étais à ce sit in
et ce que j ai vu
est juste incroyable :
des cmi, des mrouds, des ninjas
et des civils armés de matraques
qui frappaient tout ce qui bouge:
la petite Fayrouz
le petit Iggougane
Ali Aymane
et bien d’ autres…
Je ne peux même plus me souvenir de tous les noms
de ces jeunes de moins 20 ans
tabassés, insultés ,arrêtés
ou emmenés dans des estafettes et frappés
et ce bien avant que les manifestants, très pacifiques ne soient là.
D’abord les jeunes venus d’El Jadida,
puis les salafistes
femmes hommes et enfants,
les journalistes n’ y échappèrent pas …
puis fallait voir
si ce n’était le drame
ça friserait le ridicule
ça courait
ça insultait
ça suivait les jeunes dans les rues
ça suivait les voitures
bref : la terreur
et ça a continué,
tabassage en règle devant le parlement
contre ceux qui y sont arrivés…
L’ après midi
la ville de Temara avait prévu une marche
que nenni
ils ont vidé les « jardins » autour de la place
ils contrôlaient tous ceux qui descendaient du bus à partir de 16h
et tchandil
-je ne peux trouver une traduction-
et non contents d’ avoir interdit
par la terreur une marche pacifique
ils s ‘en prirent aux jeunes
les suivant là où ils fuyaient
le jeune Oussama
fut tiré de la boutique où il a essayé de trouver refuge
tabassé par une horde
qui s ‘en donnaient, je dirai avec plaisir…
ils l’ ont laissé ruisselant dans son sang
et s’en prirent aux autres
Saida une jeune militante
si frêle
et ça n a pas empêché
ces monstres de l’ entourer à 7
et la tabasser…
et d autres
et d autres
ce n est plus une interdiction de marche
ce sont des tentatives de meurtre..
A l’ hôpital de Temara
3 estafettes de police:::!!!!
des flics en civil
cameras à la main
filmant tout ce qui bouge
Oussama délaissé sur un brancard, saignant
évanoui
si ce n’était l’ intervention du docteur @assoub fatima
qui, voyant la situation grave du jeune homme
a secoué les toubibs et les flics
et a fait de sorte
qu’ il soit transporté en urgence à Avicennes
où nous fumes rejoints
par d’autres blessés
tous des jeunes!!!!!
et le Naciri qui ose
le Naciri qui déforme
croyant que les Marocains
ne voient que sa télé!!!!!
c’ est juste scandaleux
c’est juste répugnant
et ça l’ est d’ autant plus
que ce soit un représentant
d’ un parti qui ose parler de socialisme
qui soit porteur de telles infamies … -
Sahara Occidental : Immolation lente
Une fois de plus un accord des Nations unies vient de sceller pour une année supplémentaire le sort des Sahraouis en reconduisant pour la vingtième fois le mandat de la Minurso. Les responsables et les médias s’étonneront encore de n’avoir rien vu venir. On peut craindre cependant que ne finissent par arriver des actes désespérés, bien que jusqu’ici maitrisés par un peuple qui préfère mourir à petit feu dans les négociations plutôt que de recourir au terrorisme.Face à ce peuple oublié, la barbarie peut se réclamer de son pouvoir et de ses richesses, s’affubler des Droits de l’homme, elle n’en demeure pas moins la barbarie, lorsqu’elle met en exergue l’un de ses principes les plus cyniques: « Il n’est pas de problème politique qu’une absence de solution ne finisse par résoudre ! » Car la reconduction du mandat de la Minurso est bien « une absence de solution ». La démission politique, le laisser faire des majorités silencieuses et l’aide humanitaire prennent alors possession de ce désert.Face aux décideurs arbitraires, un peuple. Un peuple séparé en deux par un mur miné de plus de 2500kms de long. Un peuple dont la moitié vit en exil depuis 35 ans, réfugiée dans le Sahara algérien, zone à ce point inhospitalière que même les nomades les plus avertis ne s’y hasardaient pas. L’autre moitié est restée dans son pays, le Sahara Occidental, dernière colonie d’Afrique, classé «non autonome» depuis les années 60 par les Nations unies et à qui l’ONU promettait «un référendum d’autodétermination ». Que l’on soit de part ou d’autre de ce mur de la honte séparant l’exil du colonialisme, la vie y est en danger ; et ne cessera de l’être. Pour combien de temps encore ?Qui expliquera à ces enfants que leur situation n’est pas le choix d’une décision familiale mais la résultante d’une démission internationale ? Face à des intérêts économiques et géopolitiques, que pèsent les générations nées dans les camps, frappées d’anémies chroniques, de retards de croissance harmonieuse, de diabètes, de problèmes de thyroïde …Quels arguments faudra t’il trouver pour mener à bien des missions souvent financées par des filiales humanitaires d’ Organisations ou d’Unions qui leur refusent par ailleurs la possibilité de choisir un retour prôné par des décisions internationales ou de garantir leurs droits élémentaires ? Qui convaincra qu’un mieux vivre dans les camps peut remplacer une terre promise ? Qui peut accepter que des innocents payent les pénalités de ceux qui ne se donnent aucune obligation de résultat depuis vingt ans ?Je pense à tous ces amis sahraouis, prisonniers chez eux ou à ciel ouvert dans les camps à qui l’aide humanitaire est une honte offerte en compensation d’une réparation de justice qui ne viendra pas, d’une restauration de dignité qu’on a choisi d’ignorer, d’une application des Droits de l’Homme à chaque fois rejetée. Chacun sait que les positions défendues par les deux parties sont inconciliables. Le problème est là et pourtant l’Onu dont le rôle est d’organiser un référendum ne mandate pas sa mission pour le faire expressément, préférant geler une situation de rente en des discussions informelles et inutiles.L’heure n’est pas à de nouvelles propositions de moins en moins négociables mais à la mise en œuvre du référendum prévu en 1992 sur lequel chaque partie s’accordait, proposant soit le rattachement au Maroc, soit l’autonomie sous responsabilité marocaine ou, troisième alternative, l’indépendance totale. Le refus reïtéré d’habiliter la seule mission de l’Onu au monde qui n’ait pas ce droit, de l’observation de l’application des Droits de l’Homme, notamment par le pouvoir d’abstention ou de véto d’un état membre du Conseil de sécurité, la France, pose cette seule question : Faut il que les enjeux soient si importants pour brader jusqu’à l’honneur ? Avant même qu’on ne le lise en Une, j’ai entendu des voix sahraouies le dire : « ONU, dégage ! » Il nous faut souhaiter aujourd’hui la violence d’un ultime engagement pacifique afin d’éviter l’engagement d’une violence destructrice.Jean-François DebarguePublié par APSO le 7 mai 2011.SaharaDoc, 16/05/2011 -
L’ouverture des frontières serait-elle une question de temps ?
L’envoyé spécial des Nations unies au Sahara occidental a proposé à l’Algérie et au Maroc un plan pour le rétablissement des bonnes relations entre les deux pays.
Le ministre des affaires étrangères marocain Tayeb El Fassi a déclaré il y a quelques jours que son pays a bien accueilli la proposition de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU. Il faut noter qu’après une période froide, il y a eu plusieurs visites et rencontres entre les deux pays et le Maroc ne rate aucune occasion pour faire de la propagande concernant l’ouverture des frontières.L’Algérie n’a toutefois pas fait de déclaration officielle concernant ce sujet. Un haut responsable du gouvernement ayant requis l’anonymat a affirmé que «bien que les relations entre les deux pays connaissent un réchauffement, l’Algérie n’a pas l’intention d’ouvrir ses frontières avec le Maroc, du moins pour le futur proche».
Il a ajouté que cela serait possible plus tard à condition de relancer les commissions mixtes créées en 2004, c’est-à-dire avant le relâchement des relations entre Alger et Rabat suite à la position de l’Algérie qui a tenu à l’application des résolutions des Nations unies concernant le problème de la RASD et l’annulation de la visite de Ahmed Ouyahia à Rabat.Suite aux affirmations de ce responsable, on comprend que la question de l’ouverture des frontières reste liée à toutes les questions que devaient étudier ces commissions, notamment celle de la drogue qui transite du Maroc vers l’Algérie. Le secrétaire général du FLN avait déclaré que l’Algérie et le Maroc ne peuvent continuer à se tourner le dos éternellement, ce qui veut dire que les relations connaissent un certains réchauffement. Belkhadem a cependant mis en priorité les relations économiques, tout en rappelant le problème de la drogue. Les frontières entre les deux sont fermées depuis 1994 suite à l’attentat contre des touristes dans un hôtel de Marrakech. De son côté, le ministre des affaires étrangères Mourad Medelci avait indiqué qu’il y a une démarche politique des deux côtés pour relancer les relations bilatérales. Cette démarche s’est traduite par la visite de trois ministres ayant mené à la signature de contrats de partenariat afin de donner une nouvelle dynamique aux relations bilatérales dans les domaines stratégiques, notamment l’énergie et l’agriculture.Le Temps d’Algérie, 14/05/2011 -
Les Arabes s’organisent
Ça y est, les pays arabes, les vrais, ceux du Golfe, ont décidé de ne plus s’encombrer des faux-semblants et de cette hypocrisie qui plombaient leur agenda politique. Ils vont construire leur propre organisation régionale, en se débarrassant à terme de cette Ligue polluée par des Arabes peu recommandables pour des monarchies absolues et par des aspirants arabes. Après avoir ouvertement pris fait et cause pour l’intervention en Libye, ils mettent à plat leur projet. Il faut dire, à leur décharge, qu’ils avaient annoncé la couleur, il y a bien longtemps, en créant le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), qui réunit les Emirats, le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar et l’Arabie saoudite et qu’ils sont sur le point de réaliser leur union douanière, annoncée en 2003, et prévue pour le 1er janvier 2015.Nous, les Nord-Africains, nous aurons perdu notre temps à défendre l’arabité, à nier notre Histoire, nos ancêtres et nous-mêmes. Nous n’avons, même plus, la perspective de nous rattraper en érigeant une union à nous. Le Maroc, avec son roi bien sûr, aux côtés de la Jordanie, est en voie d’être adopté et en Tunisie, il paraîtrait que le gouvernement, tout provisoire qu’il est, serait approché pour la même opération. D’après le site webmanagercenter.com, qui cite certaines sources qui rêvent tout haut, l’adhésion au Conseil de Coopération du Golfe pourrait offrir 400 000 emplois aux Tunisiens dans les 6 pays du Golfe et la Tunisie pourrait disposer de fonds énormes et de Mégaprojets.Au-delà de ces plans sur la comète, la reconfiguration du monde dit arabe s’avère être en bonne voie. Une nouvelle réalité est en train de se mettre en place où l’Algérie va être définitivement prise en étau, quand l’Otan aura réussi à placer ses supplétifs au pouvoir en Libye. L’Algérie n’a pas été approchée. A cause de sa berbérité trop visible ? A cause de son peuple trop trublion et trop émeutier ? Comme les Egyptiens, les Yéménites ou les Irakiens? A cause de son Histoire trop anticolonialiste ? Il y a, sûrement, un peu de tout ça et d’autres choses encore. D’autant que le bloc arabe repose sur une obligation de tous ses membres d’intervenir «en cas de nécessité» sur le territoire d’un des leurs pour «rétablir la sécurité et maintenir la stabilité». On dit, à ce sujet, que l’armée marocaine serait bien plus entraînée et plus efficace que les armées du Golfe. Ce qui offrirait une garantie contre la menace d’instabilité qui plane sur les pétromonarchies. Il y aurait, aussi, le fait que les royaumes alaouite et hachémite ont des relations avec Israël et pourraient, ainsi, servir de ponts avec l’Etat sioniste. Seul bémol pour l’intégration du Maroc, les monarques qui doivent ne pas trop apprécier le vent qui souffle sur le royaume, doivent obtenir la contrepartie qu’il ne se transforme pas en tempête. Reste la question du Sahara occidental qui va probablement faire l’objet d’un traitement spécial, par ce que l’on peut, d’ores et déjà, appeler la «Sainte alliance». Mais, cessons d’être alarmistes et concluons que cette nouvelle donne arabe est principalement due à la panique suscitée par les dynamiques en cours à l’intérieur même d’autocraties dépassées par leurs propres contradictions.Par Ahmed HalfaouiLes Débats, 16/05/2011